Rêve / Imaginaire politique Flashcards
Le mythe permet à la communauté politique de se constituer et à surmonter les crises qu’elle traverse
René Girard, La violence et le sacré, 1972 : la fonction première du mythe est d’organiser un « ordre symbolique », permettant de distinguer la violence sacrée (le sacrifice, bouc émissaire) de la violence impie, celle de la vengeance. Sinon, survient la « crise sacrificielle » : cycle de la violence, succession interminable de vendettas, qui détruit peu à peu la société. La symbolique du mythe est peut-être nécessaire pour canaliser la violence inhérente aux sociétés
La naissance du mythe peut donc être interprétée comme le signe d’un dérèglement de la société : en effet, en temps normal, les cérémonies et autres fêtes collectives suffisent à satisfaire l’imaginaire. C’est lorsque les tensions internes croissent que le mythe devient nécessaire, l’imaginaire réagissant contre des changements et un désenchantement au sens weberien, qu’il ressent comme une agression.
quelles sont les 3 fonctions de l’utopie ?
- Divertissement : conte de fées, utopie et a-topos = lieu de nul part
- Norme : société parfaite, eu-topos = lieu du bonheur
=> Francis Bacon, La nouvelle Atlandide, 1627 : 1e utopie scientiste, où la technique règle tout et la nature est entièrement maitrisée par l’homme - Critique sociale : Thomas More, Utopia, 1956
critique des utopies socialistes
Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique, 1880 ; « À l’immaturité de la production capitaliste, à l’immaturité de la situation des classes, répondit l’immaturité des théories. […] Ces nouveaux systèmes sociaux étaient d’avance condamnés à l’utopie. Plus ils étaient élaborés dans le détail, plus ils devaient se perdre dans la fantaisie pure. Cela une fois établi, ne nous arrêtons pas un instant de plus à cet aspect qui appartient maintenant tout entier au passé. Que des regrattiers livresques épluchent solennellement des fantaisies qui ne sont plus aujourd’hui que divertissantes ; laissons-les faire valoir la supériorité de leur esprit posé en face de telles “folies”. Nous préférons nous réjouir des germes d’idées de génie et des idées de génie qui percent partout sous l’enveloppe fantastique et auxquels ces philistins sont aveugles. […] Le socialisme est devenu une science, qu’il s’agit maintenant d’élaborer dans tous ses détails et ses connexions. »
le rêve peut produire le cauchemar
- Goya, Le sommeil de la raison engendre des monstres, 1797 : artiste endormi, monstres apparaissent dans le coin supérieur, contexte dérives sanglantes de la Révolution française
- Aldous Huxley, Le meilleur des mondes (épigraphe”) : Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ? […] Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins parfaite et plus libre. »
Dans les sociétés individualistes et démocratiques, toutes les transcendances sont condamnées au soupçon
2 refs
- Claude Lefort, L’invention démocratique : la démocratie est le « lieu vide du pouvoir » auquel peuvent se succéder, mais seulement pour un temps et au gré des élections, des groupes d’intérêt et d’opinion concurrents. Le pouvoir n’intègre plus aucun projet défini, aucun but, aucun plan ; il n’est qu’un ensemble d’instruments, mis temporairement à la disposition de ceux qui remportent la majorité.
- Gilles Lipovetsky, L’Ère du vide (1984) : confronté au déclin des « grands messages », l’individu se replie sur son bonheur privé. Narcisse est le roi de l’époque. « L’humanité peut-elle se passer de rêves ? Les grandes utopies, scientistes ou politiques, sont épuisées ; nous n’avons plus foi en un avenir qui serait mécaniquement meilleur et plus juste. Il reste pour les individus l’espoir d’un mieux-être, la fête des sens, l’attente des beautés qui nous sortent de la grisaille du quotidien. »
le désenchantement du monde provoque aujourd’hui l’apathie des citoyens
Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905 :
- parle de désenchantement du monde pour désigner
- le recul des croyances religieuses ou magiques comme facteur du monde
- le sentiment diffus de perte de sens, voire déclin des valeurs censées participer à l’unité harmonique du monde des hommes
- utilise la métaphore de la cage de fer pour symboliser la rationalité de la modernité, intériorisant la contrainte, dépérissement de l’imagination, rétrecissement de l’horizon des individus qui ne peuvent plus concevoir des projet transcendant
il défend la réhabilitation partielle et raisonnée de l’utopie, en insistant sur sa fonction de critique sociale
Ernst Bloch, Le Principe espérance (1954-1959) : à ses yeux, l’utopie n’a rien d’une forme d’aliénation, mais permet de repenser l’histoire à l’occasion d’une authentique prise de conscience indisociable de l’espérance enracinée dans la nature humaine
« La catégorie de l’utopie possède donc, à côté de son sens habituel et justement dépréciatif, celui porteur d’espoir du dépassement de la marche naturelle des événements. »
citation sur l’importance des petits progrès qui peuvent être plus grands que ce qu’on pense
Marc-Aurèle, Pensées : « N’espère pas la République de Platon, mais soit content si une petite chose progresse, et réfléchis au fait que ce qui en résulte n’est précisément pas une petite chose. »