Guerre Flashcards
Définitions Guerre
Emile Littré : “la voie des armes pour régler un différend”
Clausewitz : “la continuation de la politique par d’autres moyens”
Utilisation de la violence dans un cadre normé
Problématisations/Enjeux
Son irruption est-elle de l’ordre du nécessaire ou plutôt de l’accidentel ?
Survient-elle de façon expresse ou bien est-elle un principe qui conditionne toute relation entre Etats ?
Est-elle le propre des Etats ?
Est-elle soumise au droit ou est-elle le triomphe de la violence anomique ?
La société internationale rend-elle caduque la nécessité guerrière ou, au contraire, la manifeste-t-elle en permanence ?
l’usage intelligent de la violence peut conduire à la disparition de l’espèce
Jacques Ruffié, De la biologie à la culture, 1983 : Avec l’arme atomique, l’homme serait désormais capable de provoquer non seulement sa fin en tant qu’individu, mais en tant qu’espèce. Nous sommes la seule espèce qui utilise la violence au-delà de sa survie mais pour réaliser nos désirs.
la guerre assure, par le rejet de l’étranger, la cohésion du groupe dont elle garantit l’indivision et l’indépendance
Pierre Clastres, Archéologie de la violence : la guerre dans les sociétés primitives, 1997
« La permanence de la société primitive passe par la permanence de l’état de guerre, l’application de la politique intérieure (maintenir intact le Nous indivisé et autonome) passe par la mise en oeuvre de la politique extérieure (conclure des alliances pour faire la guerre) : la guerre est au coeur même de l’être social primitif, c’est elle qui constitue le véritable moteur de la vie sociale. »
la guerre est une conséquence nécessaire, donc rationnelle, de la nature humaine
Thomas Hobbes, Le Léviathan : les hommes sont considérés dans l’ordre naturel comme des êtres de désir illimité dans un état de guerre permanente, mus par deux passions que sont le désir de puissance et le désir de domination absolue.
Thomas Hobbes, De cive : la guerre est l’expression d’une mécanique humaine fondamentale de volonté de réaliser leurs désirs
il existe des conflits au sein même des individus, dont l’appareil psychique est divisé
Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation : conflit du ça et du surmoi mène à une tendance à l’agression. Dès lors, la guerre est un élément social qui permet la réalisation des pulsions de mort que nous avons en chacun d’entre nous, permettant d’extérioriser tout ce que la société et l’éducation nous ont contraint à inhiber
c’est par sa capacité à être en guerre qu’un peuple peut, au yeux de l’histoire universelle, révéler sa vivacité et sa vitalité
Hegel, Principes de la philosophie du droit : seuls ces peuples survivent dans l’histoire car ils sont surs de leur unité et de leur unicité
malgré les horreurs de la guerre, l’adhésion de masse d’une population à la nécessité de se battre pour la défense des frontières suscite une forme d’enthousiasme communicatif
Stefan Zweig, Le monde d’hier. Souvenir d’un Européen (1942)
« Je dois à la vérité avouer que dans cette première levée de masses, il y avait quelque chose de grandiose, d’entraînant et même de séduisant, à quoi il était difficile de se soustraire (…) Cette houle se répandit si puissamment, si subitement sur l’humanité que, recouvrant la surface de son écume, elle arracha des ténèbres de l’inconscient, pour les tirer au jour, les tendances obscures, les instincts primitifs de la bête humaine, ce que Freud, avec sa profondeur de vues, appelait « le dégoût de la culture », le besoin de s’évader une bonne fois du monde bourgeois, des lois et des paragraphes et d’assouvir les instincts sanguinaires immémoriaux. »
tableau qui a eu du succès car s’y dévoile une conception antique de l’héroisme qui sera reprise dans le serment révolutionnaire (on accepte de mourir pour le salut de l’Etat)
Jacques-Louis David, Le serment des Horaces, 1787
//Hegel : le consentement au sacrifice prend valeur “d’intégration dans l’universel”
citations sur la vertu du sacrifice
Horace, Odes, Livre III, 2 : « Il est doux, il est beau de mourir pour la patrie (…) La vertu ne connaît par les hontes de l’échec ; la gloire dont elle brille est sans tache. »
Tyrtée (poète officiel de Sparte), Élégies, (VIIème Siècle avant JC) : « Courage, guerriers, vous êtes de la race de l’invincible Hercule, et Jupiter n’a point encore détourné de vous ses regards. »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1885) : « La guerre et le courage ont accompli plus de grandes choses que l’amour du prochain. »
la guerre comme irruption de la violence et source de destructions totales
Voltaire, Candide, 1759 : la guerre n’est pas le lieu de l’héroïsme mais celui de l’ignominie la plus complète
Stendhal, La Chartreuse de Parme : Fabrice del Dongo ne comprend pas ce qui se passe à la bataille de Waterloo ; la guerre n’est pas le lieu d’un affrontement rationnel mais celui du déploiement de l’absurdité de la violence des hommes
Picasso, Guernica
Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932 : les hommes sont imbéciles car ils n’imaginent pas leur trépas, et n’ont donc pas de raison d’arrêter de faire la guerre
La guerre suscité une désillusion qui pèse sur l’Etat, l’individu et la civilisation.
George L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés européennes, 1999
L’État en guerre se permet toutes les violences, exige de ses citoyens le maximum d’obéissance et de sacrifices, s’affranchit de tous les traités. Ce relâchement des rapports moraux entre les États a des répercussions sur la moralité des individus en interne.
quand on parle de guerre, on parle de rapports de force entre structures étatiques qui s’opposent naturellement dès lors qu’elles existent
Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social :
« La guerre n’est donc point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme hommes ni même comme citoyens, mais comme soldats ; non point comme membres de la patrie, mais comme ses défenseurs. »
//Traité de Westphalie de 1648
3 conditions requises pour qu’une guerre soit juste
St-Thomas d’Aquin
- Elle doit être menée par la puissance publique (condamnation des guerres privées).
- Elle doit avoir une cause juste (condamnation de la violence gratuite)
- Elle doit avoir une intention juste (on doit proposer de promouvoir le bien ou d’éviter le mal).
l’élaboration du jus gentium est une tentative de rationnaliser la guerre comme relevant du domaine politique
Francisco de Vitoria, Leçon sur le pouvoir politique, 1528 : « Il n’est permis à aucun État de refuser de se soumettre au droit des gens, car c’est en vertu de l’autorité du monde entier qu’il a été établi ».
Hugo Grotius, Le droit de la guerre et de la paix (1625) : livre fondamental dans ce processus d’élaboration