Nation/frontières/étranger Flashcards
distinction étranger / immigré
- étranger : personne résidant en France et n’ayant pas la nationalité française
- immigré : personne résidant en France, née étrangère dans un pays étranger
tout immigré n’est pas étranger, car un immigré a pu acquérir la nationalité française
distinction assimilation / intégration
- assimilation : implique réduction, puis suppression des différences linguistiques et culturelles, sociales et religieuses
- intégration (politique affichée par la Fr) : possibilité donnée aux étrangers de bénéficier des droits des citoyens en matière d’éducation, de santé, de logement en contrepartie de respecter les valeurs essentielles du pays (laïcité, monogamie)
distinction patrie et nation
Étymologiquement, les 2 termes pointent vers le lieu de l’origine, et incarnent la force du collectif et de la communauté contre l’individu
- Patrie est issue du pater (père)
- Nation vient de natio (naissance ou extraction). Le mot apparait en 1175, mais a un sens différent de celui qu’il prendra pendant la RF. Il désigne en effet une population au sens large, c’est-à‑dire n’importe quel type de regroupement ethnique, culturel ou linguistique, qu’il soit souverain ou non.
quelles sont les différentes mesures d’éloignement existant ?
- reconduite à la frontière : ordonné par le préfet
- refoulement, ou “remise” : dans le cadre des accords de Schengen, l’étranger est raccompagné automatiquement dans le pays par lequel il est rentré dans la zone
- interdiction de territoire : sanction prononcée par la juridiction pénale à l’encontre d’un étranger coupable d’un crime ou d’un délit
avant 1789, qu’est-ce qu’un français et qu’est ce qu’un étranger ? qu’est ce qui change après ?
- Dans les temps “prénationaux”, l’attribution de la qualité de Français (définie comme allégeance au roi de France) a moins d’importance que la foi catholique
- Les véritables étrangers de cette période sont peut-être les juifs et les protestants
- A la RF, la def de la citoyenneté est un vrai enjeu car la souveraineté appartient désormais au peuple, qui l’exerce via les élections => affirmation d’une conception abstraite de la citoyenneté qui ne tient pas compte des origines, opinions et croyances
la RF a une approche très libérale d’octroi de la nationalité
un décret de l’AN législative de 1792 décerne le titre de français “aux hommes qui, par leurs écrits et leur courage, ont servi la cause de la liberté et préparé l’affranchissement des peuples => Thomas Paine, Jeremy Bentham, G Washington
il identifie une faille dans la pensée révolutionnaire qui opposerait l’homme et le citoyen
les principes d’égalité et de fraternité instaurés à l’intérieur de la collectivité d’accompagnement d’inégalités marquées vis-à-vis de l’extérieur
//Rousseau, L’Emile : “Il faut opter entre faire un homme et faire un citoyen. Tout patriote est dur aux étrangers ; ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux.”
À l’époque contemporaine, la France a connu des vagues de xénophobie qui ont trouvé chaque fois leur expression politique
=> 3 exemples d’évènements xenophobes
- 1893, émeutes d’Aigues-mortes à la suite des rixes entre les ouvriers des salines => 150 blessés et 50 morts
- loi de 1934 adoptée sous la pression des médecins et des avocats qui craignent la concu étrangère qui impose à tous ceux qui veulent exercer une profession libérale d’être naturalisé depuis 10 ans, au motif qu’ils exerceraient une forme de service public => application rétroactive contradictoire avec la tradition républicaine
- Vichy et les 2 statuts juifs
- le premier les exclut de toutes les fonctions leur permettant d’exercer une influence : mandats électoraux, fonction publique, cinéma, médias, enseignement
- le second confie leurs entreprises à des administrateurs gérants et les oblige à se faire recenser, ce qui facilitera leur arrestation et leur déportation
un nationalisme intellectuel hostile aux étrangers s’est bruyamment exprimé dans la première moitié du xxe siècle => 2 auteurs
- Maurice Barrès, Le système nerveux central, 1899 : les caractères propres, ethniques et nationaux, nés de variations séculaires, qui différencient le Français de l’étranger, ne sont point des métaphores, mais des phénomènes aussi réels que la matière des éléments anatomiques de nos centres nerveux
=>marqué par le scientisme de l’époque - Charles Maurras : essayiste, poète, académicien, monarchiste et grand homme du journal l’Action française qui a popularisé le slogan FAF et théorisé le “nationalisme intégral”
2 écrivains qui taclent les antisémites
- Albert Cohen : il les décrit comme “des braves gens qui s’aiment de détester ensemble”
- Sartre, Reflexions sur la question juive, 1946 : “l’antisémite est un homme qui a peur, non du juif mais de lui-même (…) l’antisémitisme, c’est la peur devant la condition humaine”
selon lui, la pression migratoire va inéluctablement s’intensifier
Maxime Tandonnet (conseiller Sarko), Immigration, sortir du chaos, 2006 : la pression va augmenter en raison des 3D (développement, démographie, démocratie)
on peut rajouter les effets du CC
parle de l’islamisation des “territoires perdus de la République”
Georges Bensoussan, Les territoires perdus de la République, 2002 : enquête dans les banlieues
2 enquêtes sur l’intégration des immigrés
- Emmanuel Todd, Le Destin des Immigrés, 1994 : compare 4 grands pays occidentaux correspondant à 3 types de structure familiale pour montrer que l’intégration républicaine et égalitaire à la française est plus efficace que le communautarisme différentialiste anglo-saxon.
- Michèle Tribalat, Faire France, 1995 : elle souligne que la minorité la plus rétive à l’immigration, celle qui conclut le moins de mariages mixtes et celle où l’on parle le moins français à la maison est la communauté turque, qui est aussi celle qui compte le moins de délinquants parmi ses membres
le malaise qui entoure l’immigration est aussi la résultante de problèmes sociaux, culturels et géopolitiques bien plus vastes
=> 4 raisons
- Stephane Perrier, La France au miroir de l’immigration, 2017 : “Il ne s’agit pas de soutenir que certaines origines empêcheraient de devenir français, mais l’intégration des immigrés extra-européens est plus difficile pour la simple raison que le fossé culturel à combler et plus large. […] Les immigrés extra-européens viennent pour la plupart de régions du monde où le lien communautaire est bien plus resserré qu’en France.”
- Le transfert de la mémoire coloniale et des conflits qui ont marqué la décolonisation
- Samuel Huttington, Le choc des civilisations : l’opposition entre l’Islam et l’Occident, réactivée après 9/11, suscite un retour du religieux qui met les immigrés musulmans en porte-à-faux avec les valeurs de la République
- Philippe d’Iribarne, L’Etrangeté française, 2006 : la société fr serait plus fermée que celle anglosaxone, prise dans une sorte de symbiose conflictuelle entre loi qui proclame l’égalité et les moeurs qui s’en écartent
la France serait le peuple le plus divers d’Europe
Mirabeau : la France est “un agrégat inconstitué de peuples unis”
=> au fond, rien ne prédisposait toute les communautés de fr à vivre ensemble, il y a plus de différence entre un Basque et un Bourguignon qu’entre un Serbe et un Croate
la société française est aujourd’hui animée par des tendances centrifuges
- Jérôme Fourquet, L’Archipel Français, 2019 : son concept “d’archipelisation” s’est auji imposée dans le débat public
- Eric Maurin, Le Ghetto Français, 2004 : son enquête montre que la ségrégation spatiale est aussi forte en FR qu’aux US. La cause du phénomène est à aller chercher dans les effets non-désirés de la carte scolaire.
les français gagneraient à réaffirmer l’identité nationale au travers d’un projet fédérateur pour faciliter l’intégration
Marc Bloch, L’Etrange défaite, 1942 : “Il existe 2 catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France; ceux qui refusent de vibrer au sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. Peu importe l’orientation présente de leurs préférences. Leur imperméabilité aux plus beaux jaillissements de l’enthousiasme collectif suffit à les condamner.”
le regard de l’étranger sur notre modèle de société reste fécond et indispensable
Emil Cioran, La tentation d’exister, 1956 : « Celui qui appartient organiquement à une civilisation ne saurait identifier la nature du mal qui la mine. Son diagnostic ne compte guère ; le jugement qu’il porte sur elle le concerne ; il la ménage par égoïsme. Plus dégagé, plus libre, le nouveau venu l’examine sans calcul et en saisit mieux les défaillances. »
citation d’un écrivain qui clashe les patriotes
Paul Léautaud, Passe temps, 1929 : “L’amour fait des fous, le mariage des cocus et le patriotisme des imbéciles malfaisants.”
l’amour de la patrie est attesté dès l’antiquité
3 refs
- Homère, Illiade : le Grec Pandare affirme au Troyen Enée qu’il ne renoncera pas au combat, quelque forte soit sa nostalgie pour sa terre natale
- Platon, Criton : il montre Socrate restant fidèle à Athènes et préférant mourir plutôt que fuir la cité qui l’a injustement condamné
- Horace (antiquité grecque), Odes : “Il est doux et glorieux de mourir pour la patrie/La mort rejoint aussi le lâche dans sa fuite.”
=> inscrit sur de nombreux monuments aux morts
comment le sentiment patriotique émerge en France ?
Après la chute de l’Empire romain, toute l’organisation politique est à repenser en Occident. Sur le territoire de la France actuelle, un Etat se recrée peu à peu autour de la dynastie des Capétiens, qui travaillent à l’assimilation des populations qui l’habitent. En France, l’Etat précède la nation (vs Allemagne et Italie).
Quand les Français ont-ils eu conscience d’appartenir à un même ensemble qu’ils pouvaient investir de leurs affects ? Controverse historique avec 4 refs
- 9e siècle? Chanson de Roland parle de “douce France”
- Eugen Weber, La fin des terroirs, 1976 : pays n’a vrm été unifié qu’avec les chemins de fer et par l’école de la 3e Rep qui a fait disparaitre les patois
- Julien Benda, Esquisse d’une histoire des Français dans leur volonté d’être une nation, 1932 : pour lui, c’est qu’au moment de la déclaration de guerre du 2 aout 1914
- Colette Beaune, Naissance de la nation France, 1984 : c’est vers le milieu du 15e s que le sentiment national est désormais bien conscient et que la nation a acquis une figure propre => guerre de 100 ans a accéléré le process
citation théâtre qui ravive le thème du sacrifice patriotique
Corneille, Le Cid : “Mourir pour la patrie n’est pas un triste sort/C’est s’immortaliser par une belle mort”
A la fin du siècle des lumières (18e), les concepts de nation et de patriotisme sont invoqués pour penser l’affranchissement des individus face à la monarchie de droit divin
1 ref et 2 points
- Sieyès, Qu’est-ce que le tiers-Etat, 1789 : la nation est le peuple à l’Etat de nature, antérieurement à toute organisation politique. Elle est la seule détentrice de la souveraineté et doit donc pouvoir décider de son organisation.
- Art 3 DDHC, décrets d’Allade et loi Le Chapelier 1791 suppriment les corportations
- jusqu’au 19e, l’exaltation de la nation reste du fait de la gauche qui entretient un culte de l’armée et le souvenir de la gloire napoléonienne
=> Ernest Lavisse (historien républicain), Histoire de France,1900, « si l’écolier ne devient pas un citoyen pénétré de ses devoirs et un soldat qui aime son fusil, l’instituteur aura perdu son temps. Il achemine nos soldats de demain vers le drapeau d’un pas allègre et gai ».