Culture Flashcards
qu’est ce que l’exception culturelle française ?
alors que dans les pays anglosaxons, les arts et la culture relèvent d’abord de la vie privée et des choix individuels, en France ils font l’objet d’une politique publique spécifique
2 définitions de la culture
- Conception française tirée de Cicéron, Tusculanes, -45 : “Tous les champs que l’on cultive ne portent pas de fruits. De même, tous les esprits qu’on a cultivés ne donnent pas de fruits. Et, pour m’en tenir à la même image, un champ, si fertile qu’il soit, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement. Or la culture de l’âme, c’est la philosophie”
=> la tradition française l’étend à toutes les oeuvres classiques, littéraires ou artistiques, mais toujours dans une perspective de progrès individuel
=> Renan : “élevation de la nature humaine en général” - Conception anglosaxone : tout ce qui est commun à un groupe d’individus, ou tout ce qui le soude, c’est-à‑dire les choses de l’esprit, mais aussi les modes de vie, la cuisine, le folklore
=> Déclaration de Mexico 1982 Unesco : l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social
Pb culture
l’intervention de l’Etat en matière de culture est-elle légitime ? quelles limites lui imposer ? A quoi bon un ministère de la culture alors que la mondialisation s’accélère et que les industries culturelles deviennent toujours plus puissantes ?
les bases de l’Etat culturel français sont posées dès l’Ancien régime, mais c’est à la Renaissance que la vocation culturelle du pouvoir français s’affirme plus nettement
- Ancien régime : Saint-Louis (13e s) appuie la fondation de la Sorbonne, Charles V “le sage” constitue la bibliothèque royale, ce qui diminue le monopole culturel de l’Eglise
- Renaissance
Joachim du Bellay, Poème Regrets : “Le France, mère des arts, des armes et des lois”
François 1er : attire artistes italiens, fait construire chateaux, crée l’imprimerie royale - Monarchie absolue : Louis XIV reste le parangon du mécénat monarchique
La RF consacre le monopole de l’Etat sur l’action culturelle et éducative
- au début, hostilité de la RF aux arts, car considérés comme le passe-temps des privilégiés => académies royales supprimées et artistes ne sont plus subventionnés
- mais ne dure pas longtemps : consécration de la propriété intellectuelle dans le droit français en 1793 par Lakanal, création de l’Institut de France sous le Consulat, décret le Chapelier 1791 organise le monopole de l’Etat sur les tâches de prod du lien social, de constitution, d’unification et de mise en forme de la société et de la nation
C’est surtout à partir de la 5e Rep que la politique culturelle se dote d’instruments puissants
- 4e Rep consacre surtout moyens à l’Etat-providence et l’Education Nationale, c’est NY qui supplante Paris comme capitale mondiale des arts
- Sous la 5e Rep, Malraux transforme l’approche de la culture, qui doit se substituer à la religion : “La culture c’est ce qui permet de fonder l’homme lorsqu’il n’est plus fondé sur Dieu”.
- Double crédits de la culture dans les 60, notamment pour aider les initiatives culturelles locales.
- création de la procédure de “dation” autorisant les artistes ou leurs héritiers à payer leurs impôts en oeuvres d’art, ce qui permet à la France de réunir bcp d’oeuvres
- offre à la France un rayonnement culturel international : oblige Louvres à exposer ses réserves à la Défense et à faire voyager la Joconde et la Vénus de Milo
- J Lang
- loi sur le prix unique du livre
- décentralisation de la politique en donnant du budget et un rôle aux communes
3 différentes conceptions de l’utilité de l’art
- Platon reproche aux poètes de chercher à plaire plus qu’à instruire, à divertir plus qu’à dire le vrai, à flatter plus qu’à former des caractères bien trempés => mythos / logos
- à la RF, opposition entre abbé Grégoire qui aurait voulu que Louis 14 utilise ce budget plutôt pour l’industrie et l’agric, et le député modéré Boissy d’Anglas pour qui la culture est essentielle à l’émancipation des hommes, à la formation des citoyens dont ils adoucissent les moeurs et rendent heureux
- triple utilité publique
- éducative : forme des citoyens plus libres et plus vertueux
- sociale : console les malheureux et adoucit les violents
- économique : contribue à l’excédent de la balance commerciale
3 exemples de l’attachement français à la protection du patrimoine
- Abbé Grégoire crée néologisme de “vandalisme” pour dénoncer les destructions réalisées par les révolutionnaires les plus extrêmes
- François Guizot crée le Service des monuments historiques pour inventorier les monuments et oeuvrer à leur préservation et leur restauration
- Création des journées du patrimoine en 1991 par le Conseil de l’Europe, sur le modèle des journées portes ouvertes existant déjà en France depuis 1984
la politique culturelle vise aussi à défendre et promouvoir le spectacle vivant : loiéconomique
Loi de Baumol (Performing Arts : the economic dilema) : à la différence des biens industriels, le spectacle vivant doit assumer des coûts du T qu’il est impossible de supprimer, donc pas de gain de Pté possible (l’execution d’un morceau ne peut pas se faire plus vite) => puisque les rémunérations s’alignent sur le reste de l’éco, le prix des billets augmente plus vite que l’inflation => la seule solution réside dans une subvention versée par l’Etat pour ne pas que les spectacles vivants disparaissent
La culture constitue une dimension importante du rayonnement national
Frederic Martel, Mainstream, Enquête sur cette culture qui plait à tout le monde, 2010 : sociologue qui montre comment les US sont devenus “l’usine à rêve du monde” => stratégies de fabrication des oeuvres qui conjuguent marketing de masse et études préalables de marché
==> // opposition des communistes aux accords Blum-Byrnes 1946 ouvrant le marché français du cinéma aux films US en échange d’une aide financière importante des US
Idéalement, la politique culturelle doit diffuser l’amour de la culture : cette dernière sera ensuite recherchée par l’individu en toute liberté, sans encouragement ou incitation de la collectivité
2 refs
- Rousseau, Article “Art” de l’Encyclopédie, 1777 : « Puisque les beaux-arts doivent […] servir de moyens pour accroître et assurer le bonheur des hommes, il est […] nécessaire qu’ils pénètrent jusqu’à l’humble cabane du moindre des citoyens ; il faut que [ce] soit un des objets essentiels de l’administration de l’État ».
- Malraux, discours à l’AN de 1967 où il oppose la mission du MinCult et MinEduc : Il appartient à l’université de faire connaître Racine, mais il appartient seulement à ceux qui jouent ses pièces de les faire aimer. Notre travail, c’est de faire aimer les génies de l’humanité et notamment ceux de la France, ce n’est pas de les faire connaître. La connaissance est à l’université ; l’amour, peut-être,
est à nous ».
la démocratisation culturelle est un échec patent : 3 exemples
- Enquêtes de l’INSEE depuis les 70’ montrent à chaque fois que la 1e pratique culturelle des français reste la télé
- La culture des écrans et des pratiques amateurs triomphent au détriment du spectacle vivant : 70% ne vont jamais au concert
- La lecture est en déclin dans la société : 10% des FR seraient illétrés (difficulté à se servir de la lecture comme un moyen de connaissance), c’est + que sous la 3e Rep, 30% n’ont pas lu un livre en un an
critique le relativisme culturel
Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée, 1987 :
“La barbarie a donc fini par s’emparer de la culture. À l’ombre de ce grand mot, l’intolérance croît, en même temps que l’infantilisme. Quand ce n’est pas l’identité culturelle qui enferme l’individu dans son appartenance et qui, sous peine de haute trahison, lui refuse l’accès au doute, à l’ironie, à la raison, à tout ce qui pourrait le détacher de la matrice collective, c’est l’industrie du loisir qui réduit les oeuvres de l’esprit à l’état de pacotille”
Le fond du problème est sans doute que la politique culturelle, à partir des années 1980, s’est éloignée de ses objectifs premiers pour se consacrer en fait à produire du lien social.
Vincent Dubois, La Politique culturelle, 1999 : « Permettre aux
graffitis ou au rap d’accéder à la dignité artistique, c’est alors faire oeuvre sociale au sens noble du terme, alors que leur refuser cette reconnaissance, c’est avaliser l’ostracisme dont sont victimes les populations des banlieues. » => à défaut de réussir à démocratiser la culture, Lang et ses successeurs auraient choisi de la niveler par le bas et abandonner les exigences éducatives pour se rallier à l’air du temps, déterminé par les médias et la sous-culture de masse
2 actualités sur la restitution des biens culturels
- Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain, 2018 : proposent de modifier code du patrimoine pour faciliter la restitution des oeuvres concernées à leurs pays d’origine
- Après avoir fait procéder à qq restitutions au cas par cas au cours de son mandat, Macron a promis une loi cadre de restitution dont le projet est toujours en suspens