La crise Flashcards
Qu’est-ce que la crise de la culture ?
Hannah Arendt, La crise de la culture, 1972
la crise de la culture est la fin de toute tradition, la crise morale de l’Occident étant la fin d’une culture de l’esprit « qui sait prendre soin, préserver et admirer les choses du monde ». Il s’agit désormais de constater : « l’écroulement d’un pan du monde, de quelque chose de commun à tous. »
problématique
Comme événement, la crise est-elle ponctuelle, accidentelle, ayant vocation à être résorbée par le cours normal des choses, ou est-elle, au contraire, une étape essentielle – donc récurrente -, du cours des choses humaines ?
quelles sont les capacités requises pour dépasser la crise ?
Rôle de la ruse alliée à la sagacité (Métis, océanide fille d’Océan et de Téthys). Voir Homère, L’Odyssée, Chant IX : exemple d’Ulysse déjouant le cyclope Polyphème.
la crise est avant tout une récurrence et obéit à un processus graduel et schématique, c’est même un phénomène normal dans une économie capitaliste
Charles P. Kindleberger, Histoire mondiale de la spéculation financière, 1984
Karl Marx, Le Capital, 1867
Reinhart Kosellek, Crise et critique, 1959
Initialement, la krisis appartient au monde juridico-politique et signifie la possibilité d’émettre un jugement, une capacité critique que tout bon citoyen doit être capable de maîtriser. La crise est au cœur de l’ordre politique et renvoie à la faculté prendre de bonnes décisions pour l’ensemble de la communauté politique.
Dès lors, cette notion a été reprise au discours théologique qui remet le pouvoir décisionnel entre les mains de Dieu ; le Jugement Dernier désignant le moment critique permettant aux Chrétiens d’être sauvés. La signification est donc toujours métaphoriquement la même ; la crise est le moment de la prise de décision : la punition ou la grâce.
La notion de crise relève d’une sorte de transposition analogique de la dimension médicale où elle renvoie à la capacité d’émettre un diagnostic sûr et infaillible
Machiavel, Le Prince et Discours sur la décade de Tite-Live : il développe l’art du diagnostic qui permet d’agir efficacement. La crise est alors ce qui permet d’évoluer et assurer la réalisation de grands desseins politiques.
La crise comme angoisse généralisée de la perte de repères apparaît avec la philosophie des Lumières
Jean-Jacques Rousseau, Introduction de L’Émile, 1762 : « Nous approchons de l’état de crise et du siècle des Révolutions ».
La crise est aussi crainte d’une absence de sens et d’un futur vertigineux
Myriam Revault d’Allonnes, La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps, 2012 : « C’est de la nature même du projet moderne qu’est issue la crise »
le vrai souverain est celui qui décide en dernier ressort, par exemple en cas de situation exceptionnelle
Julien Freund, L’essence du politique, le commandement et l’obéissance, qui reprend la théorie de Carl Schmitt dans Théologie politique : « Par définition, la légalité ignore les situations exceptionnelles, justement parce qu’elle est un système de normes et de règles (…) Il est des situations exceptionnelles et extrêmes qui mettent en cause le régime même ou la constitution, c’est à dire l’autorité qui, selon la constitution, est habilitée à décider en dernier ressort (…) Sera souverain celui qui décidera en dernier ressort non au nom du droit, mais de la force, c’est à dire : est souverain non pas seulement celui qui décide de la situation d’exception, mais en cas de situation exceptionnelle. »