La révolution Flashcards
discours sur la réforme et la révolution
François Miterrand, Discours d’Epinay, 1971
“Réforme ou révolution? (…) la lutte de chaque jour pour la réforme catégorique des structures peut être de nature révolutionnaire”
“la révolution, c’est d’abord une rupture. Celui qui n’accepte pas la rupture - la méthode, cela passe ensuite -, celui qui ne consent pas à la rupture avec l’ordre établi, politique, cela va de soi, c’est secondaire…, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste.”
aucun mot n’assume aussi continûment des antinomies aussi graves : destruction- reconstruction ; mort- naissance ; avenir – passé ; espoir – désillusion ; évolution inévitable – intervention brutale ».
Alain Rey, Révolution, histoire d’un mot, 1989
La définition de révolution est ambivalente
- Rupture radicale avec l’ordre établi, contestant jusqu’à détruire les institutions en place
=> innovation et destruction de l’ordre ancien - du latin revolvere (rouler en arrière) : mouvement par lequel l’univers maintient sa continuité et ainsi son ordre
=> passage chaotique qui fait retour au même après s’en être écarté => restauration d’un ordre nécessairement préservé et ainsi renforcé
il y a qd même une grosse notion d’irreversibilité
en comparaison avec celle des US, la révolution FR met en son coeur les idées de souveraineté et de liberté
Hannah ARENDT, Essai sur la Révolution, 1967, :
« C’est la Révolution française et non la Révolution américaine qui mit le feu à la terre entière et, en conséquence, c’est du cours de la Révolution française et non du cours des évènements d’Amérique ou des actes des Pères fondateurs que l’emploi actuel du mot « révolution » tire ses harmoniques, ses associations, pour tous pays, y compris le leur. »
dans une perspective scientifique, la révolution désigne un changement de paradigme + exemples
Thomas Kuhn, Structure des révolutions scientifiques, 1962 : l’évolution des savoirs scientifiques ne se fait pas d’une façon continue, par l’accumulation de résultats, mais d’une façon discontinue marquée par des révolutions générées par l’apport d’une nouvelle théorie (ou d’une nouvelle découverte) permettant de résoudre des énigmes paraissant insolubles jusqu’alors
Exemples : Copernic, Galilée, Newton
// Bertold Brecht, La vie de Galilée, 1939 : « Pourquoi placent-ils la terre au centre de l’univers ? Pour que le trône de Saint-Pierre puisse être au centre de l’univers ! C’est de cela dont il s’agit. »
il compare les révolutions politiques aux révolutions scientifiques
Machiavel, Histoire florentines, 1532 : la révolution politique présuppose la dialectique de l’ordre et du désordre sur fond de permanence des choses
« L’effet le plus ordinaire des révolutions que subissent les empires est de les faire passer de l’ordre au désordre, pour les ramener ensuite à l’ordre. Il n’a pas été donné aux choses humaines de s’arrêter à un point fixe lorsqu’elles sont parvenues à leur plus haute perfection ; ne pouvant plus s’élever, elles descendent ; et pour la même raison, quand elles ont touché au plus bas du désordre, faute de pouvoir tomber plus bas, elles remontent, et vont successivement ainsi du bien au mal et du mal au bien. »
il y a une dimension existentielle à la révolte, notamment lorsqu’on critique un ordre dans on espère pouvoir participer à l’amélioration
Albert CAMUS, L’homme révolté, 1951 :
« Pourquoi se révolter, s’il n’y a rien de permanent à préserver ? »
“Je me révolte, donc nous sommes”.
=> la révolte, même individuelle, est la justification de l’appartenance à un collectif, car elle est un lieu commun qui fonde les hommes sur la première valeur
le fait que l’Europe ne soit plus sûre de commander, ni le reste du monde de vouloir être commandé, provoque une grave démoralisation qui se traduit par une révolte des masses
José Ortega, La révolte des masses, 1930
La révolte intervient lors de moments de crise, lorsque le doute s’installe et que l’autorité vacille
Guglielmo FERRERO, Pouvoir : les génies invisibles de la cité, 1945
“les hommes ont peur du pouvoir qui peut les frapper, le pouvoir a peur des hommes qui pensent se révolter”
// Hobbes: « L’obligation des sujets envers le souverain est censée durer aussi longtemps, mais pas plus, que le pouvoir qui est capable de les protéger, car le droit que les hommes ont par nature de se protéger quand personne ne peut le faire n’est pas un droit dont on peut se dessaisir par convention »
la révolution est un processus dynamique impliquant l’adhésion totale de ses membres en faveur d’une nouvelle définition de la souveraineté et de la liberté
Jean Starobinski, Les emblèmes de la raison, 2006 : Le serment révolutionnaire crée la souveraineté – alors que le monarque la recevait du ciel. La volonté singulière de chaque individu se généralise dans l’instant où tous prononcent la formule du serment.
// Jacques-Louis David, Le serment des horaces, 1787 et Le serment du jeu de paume, 1789 => filiation entre RF et valeurs de la citoyenneté romaine
il tente de faire fi de la période de terreur
Victor Hugo, Les misérables, 1862 : “93 ! J’attendais ce mot-là. Un nuage s’est formé pendant quinze cents ans. Au bout de quinze siècles, il a crevé. Vous faites le procès au coup de tonnerre.”
débat historiographique du 19e siècle pour savoir qui a fait la révolution (4 auteurs)
Jules MICHELET, Histoire de la Révolution française, 1847 : la révolution est faite par le peuple et pour le peuple ; c’est par le processus révolutionnaire que le peuple prend conscience de lui-même et assure les conditions réelles de sa souveraineté
Jean JAURES, Histoire socialiste de la Révolution française, 1901 : “La Révolution a préparé indirectement l’avènement du prolétariat. Elle a réalisé les deux conditions essentielles du socialisme : la démocratie et le capitalisme. Mais elle a été, en son fond, l’avènement politique de la classe bourgeoise”
Adolphe THIERS, Histoire de la Révolution française, 1824 : s’il est vrai que c’est la population des faubourgs qui a été à l’origine de la Révolution, elle ne pouvait que mal tourner ; la révolution populaire est nécessairement vouée à être sanglante
Edgar MORIN, Le Monde de la Révolution française, n°7, 1989 : « Ainsi, l’histoire de la Révolution française est la plus multiple et la plus changeante qui soit, non en ce qui concerne les événements eux-mêmes, mais dans la vision de ces évènements. La Révolution est sans cesse réinterprétée. Son histoire varie en fonction de l’histoire. Ce qui nous suggère que l’histoire de la Révolution n’est pas terminée. Elle sera à nouveau réinterprétée en fonction des expériences du futur. »