L'identité française Flashcards
2 approches de la nation
- La conception allemande “objective”
Johann Gottlieb Fichte, Discours à la nation allemande, 1807 : “ce qui parle la même langue, c’est déjà, avant toute apparition de l’art humain, un tout que par avance la pure nature a lié de lignes multiples et invisibles”
Maurice Barrès définit le nationalisme comme “l’acceptation d’un déterminisme”
- La conception française “subjective”
Jules Michelet, Histoire de France : “La France a fait la France, et l’élément fatal de la race m’y semble secondaire. Elle est fille de sa liberté. Dans le progrès humain, la part essentielle est à la force vive qu’on appelle l’homme. L’homme est son propre Prométhée”
Ernst Renan, Qu’est ce qu’une nation ? 1882 : ce n’est pas la race, ni la langue, ni la religion ni les frontières naturelles, ni la communauté des intérêts. Elle est un “plébiscite de tous les jours”.
La France est avant tout le résultat d’une volonté politique
- En France, à la différence de ce qui s’est passé en Allemagne et en Italie par exemple, l’État a précédé la Nation. Autrement dit, la construction politique – le royaume de France – a fini par susciter un fort sentiment d’appartenance parmi les populations, alors que d’autres pays ont suivi le cheminement inverse.
- Le travail d’unification des rois capétiens est repris par la Révolution.
=> Mirabeau, 1790 : C’est par l’AN que les Français, jusqu’alors agrégation inconstituée de peuples désunis, sont véritablement devenus une nation
rôle du christianisme et de la langue : 2 + 4 refs
- L’empreinte du christianisme sur le pays est peu contestable.
- March Bloch, Les rois thaumaturges, 1924 : à la différence des autres monarques, les rois de France étaient réputés opérer des guérisons miraculeuses par le toucher => tendance qui survit avec les bains de foules présidentiels qui permettent de toucher le corps du roi
- Lacordaire : “France, fille ainée de l’Eglise”
- La langue, même si elle est partagée par d’autres peuples, joue dans l’identité un rôle important.
- Fernand Braudel : “la France, c’est la langue française”
- Albert Camus, Carnets : “Ma patrie, c’est la langue française”.
- ordonnance Villers-Coterets 1539 rend obligatoire le français dans les documents officiels
- Article 2C: “La langue de la République est le Français”
Quels sont les 4 éléments permettant de caractériser la mentalité française et d’en faire une exception ?
- L’Etat occupe une place centrale
- poids des réglementations, des PO, des dépenses publiques, forte centralisation
- en même temps, critique permanente de l’Etat et des fonctionnaires alors qu’on en attend tout
- L’égalitarisme est une valeur fondamentale, même s’il se combine paradoxalement avec l’attachement à la propriété et le goût des privilèges.
- la RF en a fait une valeur fondamentale et l’a inscrite à la devise de la République en même temps qu’elle abolissait les privilèges
- décrets Allade et le Chapelier abolissent les corporations et les corps intermédiaires
- Stephan Zwieg, Le monde d’hier, 1942 : souvenir dêtre bien servi avec respect dans un restaurant huppé avec une famille de paysans
- Vis-à-vis des autres pays, la France se sent investie d’une mission universelle.
- pays de l’Universalisme et des droits de l’Homme
=> Mirabeau : “C’est pour le monde entier que vous allez travailler et l’espèce humaine vous comptera au nombre de ses bienfaiteurs”
-1790 : France déclare la paix au monde et n’autorise plus que la guerre défensive => repris dans la C de 1946 : “La France n’emploiera jamais ses forces contres la liberté d’aucun peuple”
- Alain Peyrefite, C’était de Gaulle : “La France, quand elle arrive à développer son influence, le fait dans l’intérêt de tous”
- La culture et le goût pour l’abstraction joue un rôle essentiel dans la vie publique.
- Ernest Robert Curtius (critique littéraire allemand), Essai sur la France, 1930 “La littérature joue un rôle capital dans la conscience que la France prend d’elle-même et de sa civilisation. Aucune autre nation ne lui accorde une place comparable. Il n’y a qu’en France où la nation entière considère la littérature comme l’expression représentative de ses destinées.”
- rentrée littéraire qui fait la une des journaux
- figure de l’intellectuel (Sartre) et tradition de hauts-fonctionnaires/diplomates-écrivains
la culture française est peut-être mal adaptée au capitalisme : 3 points + 1 contrepoint
- Les Français seraient ignorants en économie, adverses au risque, frileux et volontiers protectionnistes.
- Sondage 2006 : seulement 37% considéraient que le capitalisme était une bonne chose, contre 72% des Chinois et 80% des Russes
- Paul Morand, Rien que la terre, 1926 : pour illustrer l’idée que le tour du monde n’est pas qq chose de Français, il prend l’exemple qu’il faut attendre 1714 pour qu’un contrebandier s’y risque afin de frauder le fisc, sur une frégate appelée La boudeuse
- Peu de goût pour la mer et l’aventure contraste avec l’attachement à la terre et à l’agriculture
l’attachement des Français à l’Etat peut se muer en acceptation du despotisme : 3 élements pour décrire et 3 conséquences
- Il s’agit ici du revers du rôle central joué dans notre pays par l’État : comme ce dernier est régi par le principe hiérarchique et tend à se mêler de tout, les Français auraient développé une approche volontiers autoritaire et verticale des problèmes politiques.
- Ils n’auraient pas été habitués à se prendre en charge eux-mêmes et ne feraient guère preuve d’esprit de responsabilité.
- Pire, selon les auteurs libéraux, ils n’auraient pas véritablement de goût pour la liberté (Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe).
- Conséquences :
- La politique fait l’objet d’un véritable culte, au détriment de l’économie et du social.
- Tendance à privilégier les solutions radicales.
- Du mal à concevoir la vie politique sans un chef fort et admiré.
Pendant longtemps, le “roman national” a affirmé le caractère exceptionnel de la France : 3 preuves et 1 moquerie
- Ronsard, La Françiade : équivalent de l’Eneide, avec Francius, fils d’Hector, qui aurait fui Troie en flammes pour venir fonder Paris => permet aux français de se représenter comme un peuple élu, mais aussi uni, descendant d’un même sang
- François Guizot, Cours d’histoire moderne, 1829 : “il est impossible de ne pas reconnaître que la France marche à la tête de
la civilisation européenne.” - Ernest Lavisse (3e Rep), Manuel d’histoire de France, était sans appel : « Tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande. »
- Friedrich Sieburg (journaliste allemand), Dieu est-il français?, 1930 : fait remonter l’universalisme et l’arrogance des français au procès de Jeanne D’Arc : “faire la guerre au roi de France, c’est faire la guerre à Jésus” => se moque de la folle assurance de détenir la vérité
Les Français semblent cacher derrière cette arrogance un perpétuel manque de confiance en eux-même
- Le peu de modestie masque la crainte du déclin qui hante le peuple français depuis 2 siècles
- Aujourd’hui c’est le pessimisme et l’autocritique qui dominent la mentalité française. Les sondages décrivent une population qui n’a plus confiance en son avenir et des jeunes qui ne songent plus qu’à l’expatriation. La France est le plus gros consommateur de psychotropes d’Europe ; la consommation de chocolat et de sucreries ne cesse d’y augmenter.
il importe de mettre l’accent sur les aspects les plus fédérateurs et les plus positifs de l’identité française
- La France doit continuer à briller et peut encore apporter qq chose au monde sur le terrain de l’environnement, de la culture, du respect du DI, à condition de continuer à parler la langue de la raison.
- Elle doit mettre en oeuvre une grande politique d’intégration de ses populations.
=> Jacques Andreani (ancien ambassadeur), Identité française, 2012 : il appelle à puiser dans l’héritage des Lumières les ressources nécessaires à l’assimilation de tous ceux qui se sentent mis au ban de la communauté nationale. - Il est sans doute nécessaire de reproposer un Grand Projet Fédérataeur.
=> Pierre Nora : “La France se sait un futur, mais elle ne se voit pas d’avenir” (Revue Débat, 2010)