Fraternité Flashcards
Définition fraternité
lien de parenté entre frères et soeurs d’une même famille
par extension, sentiment de proximité unissant les membres d’une communauté quand ils partagent les mêmes convictions, les mêmes luttes. En ce sens, la fraternité exprime le sentiment d’une appartenance commune.
éthymologie fraternité
Régis Debray, Le moment fraternité, 2009 :
« Frater désigne à l’origine le moine lequel, en dépit de l’étymologie (monos=seul), n’est pas celui qui rit à part, en anachorète, mais qui s’unifie intérieurement en lui-même grâce à une vie communautaire. »
est fraternel ce qui tient d’abord ensemble par un lien de nature sacrée, symbolique
Problématisation
- la fraternité définit à la fois l’inclusion dans un groupe, et concomitamment, l’exclusion de ceux qui n’y appartiennent pas
- la fraternité a une dimension assez mythique. peut-on, sur la base d’un sentiment, fonder une organisation sociale ?
Dès lors, peut-on définir la solidarité, comme l’aboutissement d’une lutte politique visant la réalisation concrète de l’idéal de fraternité dans la société ? Ou, à l’inverse, faut-il la considérer comme un argument relevant d’un discours utopique - une figure de l’esprit n’étant réalisée en aucun lieu ni aucun temps -, sans réelle influence sur les réalités sociales ?
Art 1 DDHC
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir envers les autres dans un esprit de fraternité. » => la fraternité implique l’appartenance à un même genre humain
reconnaissance par le CC de la fraternité comme PVC
CC, 2018, Cédric H :
noter que si le CC retient ce principe pour le délit d’hébergement et le délit de circulation (qui n’ont pas pour conséquence de faire naître une situation illicite), il l’exclut pour le délit d’entrée, qui relève du passage d’une frontière
La fraternité notamment chrétienne revendique son éventuelle universalisation en raison d’un père commun à l’humanité
Michel DUJARIER, Aux sources chrétiennes de la fraternité, dans le recueil d’articles Liberté, égalité, oui, mais fraternité ?, 2017, :
« Déjà auparavant, mais plus discrètement, Jésus avait dit : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère ». C’est précisément en commentant ce passage de l’Évangile que, vers l’an 370, un certain Titus, évêque de Bostra, au sud de Damas, conclut son homélie par cette phrase lumineuse : La parenté du Seigneur n’est pas étroite, et son amour pour les humains n’est pas limité à quelques-uns. Il est venu, en effet, pour appeler le monde entier à une fraternité sans limite […] Maintenant, là où est l’Église de Dieu, là où est la Fraternité du Christ. »
La revendication d’une harmonie, comme conséquence d’une origine ou d’une appartenance commune, n’est pas le gage de relations paisibles, mais peut favoriser l’émergence de la plus extrême violence
la jalousie hante la fraternité : Caïn tue Abel, Romulus tue Remus, Seth tue Osiris …
RUBENS, Caïn tuant Abel, 1608, Courtauld Gallery, Londres
l’inégalité est incompatible avec la fraternité
ROUSSEAU, Discours sur l’origine de l’inégalité
citation, serment de fraternité
Gilbert de La FAYETTE, commandant de la garde nationale, la consacre lorsqu’il prête serment : « Nous jurons de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité »
la fraternité révolutionnaire doit faire l’objet d’un rappel régulier
Constitution du 3 septembre 1791, titre I : « Il sera établi des fêtes nationales pour conserver le souvenir de la Révolution française, entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la Constitution, à la patrie, aux lois. »
ROUSSEAU, Lettre à d’Alembert sur les spectacles, 1758 : le spectacle théâtral doit être aboli au profit d’une fête vraiment populaire dans laquelle chacun se reconnaîtrait comme frère et sœur, participant au destin d’une même communauté
les individus d’une société sont complémentaires, les poussant à se rapprocher
Émile DURKHEIM, La Division du travail social, 1893 : la « solidarité mécanique » est une forme de cohésion sociale fondée sur la similitude des comportements des individus et sur le partage de valeurs communes, tandis que la « solidarité organique » résulte de la complémentarité des activités des individus et est assimilable comme une intégration verticale.
La fraternité comme reconnaissance de la vulnérabilité commune, c’est à dire de l’exposition commune au malheur
Emmanuel Lévinas, Totalité et infini : notion de “fraternité inconditionnelle” qui suscite la fragilité de tout être humain
la notion d’égalité n’implique pas nécessairement l’idée d’une appartenance à la même communauté
La Constitution de 1946 inscrit dans les institutions la pratique de la solidarité, en définissant des « droits créances » des individus vis-à-vis de l’États dès son préambule.
CC, 1990 : reconnaissance de l’applicabilité du principe constitutionnel d’égalité aux étrangers en matière de protection sociale.
la prise en charge oppressante de la solidarité par l’Etat peut conduire à l’endormissement de la fraternité entre citoyens
Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1835 : le “doux despote” prend en charge les désirs des individus, jusqu’à “les fixer irrémédiablement en enfance”
La prise en charge de droits de plus en plus différenciés selon les caractéristiques de certaines communautés
et minorités peut, à l’opposé, déliter le caractère rassembleur d’une manière de gouverner avec fraternité.
Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie, 1998 :
La fragmentation de la société en communautés d’intérêts particuliers tend à faire primer « la garantie des droits individuels » sur « l’exercice de la souveraineté dans un même corps », « individualisme de déliaison et de désengagement pour qui l’exigence d’authenticité est antagoniste à l’inscription dans un collectif. »