Le secret Flashcards
citation sur le pouvoir, le mystère et la société
François GUIZOT, De la peine de mort en matière politique (1822) :
« Le pouvoir n’a plus de mystère pour la société. S’il en est ainsi, ce n’est pas seulement parce qu’il représente la société et doit, à ce titre, lui être transparent. C’est surtout parce que la société elle-même n’a plus de mystères pour le pouvoir. »
Def secret et sources étymologiques
Le secret désigne avant tout notre exclusion d’un certain savoir que nous n’avons pas à connaître. Relevant d’un dessein délibéré, il est construit, occulté et su.
Sources étymologiques
* Secretum, adjectif issu de secretus, participe passé de secerno = séparer, mettre à part.
* Cerno = passer au crible (séparation par le tamis du bon grain de l’ivraie).
* Excrementum = ce qui est rejeté.
élements de pb
- Dans nos sociétés contemporaines où la transparence est érigée au rang d’un absolu et profite d’un arsenal technologique sans précédent censé en assurer la permanence, le secret dérange.
- La dimension politique du secret est-elle une entorse sérieuse à la morale? Un gouvernement vertueux doit-il le bannir ou au contraire le mobiliser pour asseoir son pouvoir ?
- Quelles évolutions à la dimension politique du secret?
Le secret relevant d’un principe de séparation, il rend possible la création de communautés via un ensemble de rituels qui constituent l’initiation
Mircea Eliade, Naissances mystiques, Essai sur quelques types d’initiation (1959) : « L’initiation est la production d’un homme nouveau par des moyens rituels. »
le secret comme tabou, i.e. comme interdiction qui en même temps préserve le sacré et en démontre la faiblesse
Jacques VEDRINNE, Cahiers médicaux, 30 janvier 1978 : « Ainsi, le secret confère un pouvoir sur l’autre, il est le moyen de ce pouvoir, d’autant plus imposant que toute révélation partielle habilement choisie aura donné plus d’importance à ce qui reste caché. Le secret joue un rôle protecteur contre l’agression redoutée de l’autre, préserve de toute blessure narcissique, surtout si le secret est une chose mauvaise, source de honte. »
il distingue 3 types de secrets
Roger Bacon, Secret des secrets, 1280
- Le miraculum, ou secret de nature : procédé connu de certains privilégiés (notamment en alchimie) que la nature a caché mais que certains sages ont pu percer
- La volonté de Dieu : réalités qui restent inconnues au sage, choses occultes
- L’occultation artificielle : tout secret qui relève d’un procédé de dissimulation
reconnait implicitement le secret comme un mode normal de gouvernement
Rabelais, Gargantua : rappelle que la connaissance de la Providence ou du Conseil royal n’est ni possible, ni souhaitable
“Il est bon de receler le secret du roy”
L’action de gouverner requérant elle aussi une confiance particulière, le conseil et plus largement les officiers forment un cercle plus politique associant secret et service de l’État
Richelieu, Discours au Parlement de Paris, 1767 :
« Vous direz peut-être Messieurs que si vous saviez les motifs et la raison des conseils du roi, assurément vous les suivriez. Mais à cela j’ai à répondre que le maître du vaisseau ne rend point de raison de la façon avec laquelle il le conduit ; qu’il y a des affaires dont le succès ne dépend que du secret, et beaucoup de moyens propres à une fin ne le sont plus lorsqu’ils sont divulgués. »
Apprendre le métier de roi consiste à maîtriser l’art du secret ; outil indispensable à la « pratique » du pouvoir.
Formule de Louis XI qui résume ce qu’on attend d’un roi : « Qui nescit dissimulare nescit regnare ». ==> maitriser toutes les subtilité du secret non seulement pour gouverner, mais aussi pour survivre
exemples de création progressive d’un Etat ouvertement secret
Cabinet noir de Richelieu, Cabinet secret sous Louis XV
Assimilé à l’ombre, le secret apparaît comme l’ennemi de l’esprit des Lumières 2 refs
- Art 15 DDHC : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. »
- Jürgen HABERMAS, L’espace public (1962) : le « principe de publicité » désigne l’obligation qu’a l’État de rendre public l’ensemble de ses actes et délibérations, soit directement, soit par ses représentants ou par la presse, afin que les citoyens puissent se forger une opinion raisonnée sur ses actions.
Plus la société s’était complexifiée, plus un partage du secret avait pourtant semblé s’opérer
Georg SIMMEL, Secret et sociétés secrètes (1908, traduction de 1991), p. 49 : « Il semble que plus la civilisation se spécialiste, plus les affaires de la collectivité deviennent publiques et plus celles des individus deviennent secrètes. »
Le secret comme pratique politique / revendication individuelle apparaît désormais comme une notion remise en cause par l’émergence des technologies de l’information dans nos sociétés occidentales
Zuckerberg : Privacy is dead
Assange, créateur de Wikileaks
Jean-Claude Milner, La Politique des choses, , 2011 : il décrit la tyrannie contemporaine de la transparence, fruit de la diffusion massive de l’information en temps réel, notre époque continue donc à s’interroger sur le contrôle et la maîtrise du partage du secret.