Histoire et mémoire Flashcards
il décrit la décolonisation comme un “impossible oubli”
Benjamin Stora, Rapport remis au PR en 2021 sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie
2 conceptions de l’histoire
- avec H majuscule : somme des faits ou évènements passés, choses qui se sont effectivement produites, qu’elles soient transmises ou non à la postérité
- avec un h minuscule : science qui traite du passé, visant à en produire un discours de vérité
2 conceptions de la mémoire
- objectivement : stockage de l’information (ex sur un ordi)
- subjectivement : souvenir individuel, fragile et soumis à altérations
ref mythologique distinguant histoire / mémoire
Clio = muse de l’histoire => fille de Mnémosyne, déesse de la mémoire
l’histoire vise à lutter contre l’oubli qui accompagne le passage du temps, mais aussi à mieux comprendre les évènements passés => 2 refs d’historiens antiques + 2 ref sur l’utilité de l’apprentissage de l’histoire
- Hérodote d’Halicarnasse (-500) : surnomé “père de l’histoire” par Cicéron, il relate les exploits des Grecs et des Barbares pour ne pas qu’ils tombent dans l’oubli
- Thucydide d’Athènes (-400) : cherche la “raison véritable” de la Guerre du Péloponnèse, ses analyses sont encore utilisées aujourd’hui
- Machiavel, Discours sur la décade de Tite-Live : le prince doit lire les livres d’histoire et y considérer les actions des grands hommes, voir comment ils se sont gouvernés à la guerre, examiner les causes de leurs victoires et de leurs défaites, pour pouvoir éviter celles-ci et imiter celles-là ».
- Marc Bloch, L’Etrange défaite, 1940 : “Le passé a beau ne pas commander le présent, sans lui, le présent demeure inintelligible”
2 révolutions historiographiques qui ont transformé l’appréhension du passé
- L’école positiviste, développée par l’Allemand Léopold Van Ranke. L’objectif est de déterminer comment les choses étaient exactement, en constituant le corpus de sources le plus fiable possible. => reste largement tournée vers l’histoire politique et militaire
- L’Ecole des Annales (Lucien Febvre et March Bloch). Double objectif :
- Ecrire une “histoire problème” qui questionne la passé à partir du présent
- Ecrire une “histoire totale” qui s’inscrive dans une longue durée et prenne en compte les faits dans leur ensemble, en s’ouvrant à d’autres disciplines
citation illustrant que l’identité de chacun est toujours un compromis entre mémoire et oubli. Elle évolue au fil du temps en fonction des souvenirs que nous conservons, perdons ou modifions insensiblement.
Paul Valéry, Cahiers : La mémoire est l’avenir du passé
le politique est nécessairement impliqué dans le processus de construction de la mémoire collective : approche anglosax vs FR
- Anglosax : volonté de décoloniser l’espace public en éliminant tous les symboles (statues, noms de rues) liés à l’esclavage et la traite négrière
- FR : approche qui tente plutôt d’ajouter de nouveaux symboles pour rassembler les différentes mémoires coexistant dans la communauté nationale => panthéonisation de J. Baker
une politique mémorielle réussie peut renforcer la cohésion sociale, en particulier dans les périodes de crise
Mona Ouzouf, L’Ecole de la France : Essais sur la Révolution, l’utopie et l’enseignement, 1984 : la RF s’est bcp préoccupée de politique mémorielle
- Transformation de l’église St-Geneviève en “temple de la Patrie” / Panthéon
- multiplication des fêtes civiques destinés à commémorer les évènements fondateurs : fête de la fédération, de la liberté, de la fraternité, de l’Etre suprême
3 exemples de régimes totalitaires qui tentent d’occulter ou réecrire des pans entiers du passé pour créer des continuités ou des ruptures artificielles
- pratique bien connue des retouches photographiques en URSS + plaisanterie “on ne sait jamais de quoi le passé sera fait”
- nazis ont la conviction que les vainqueurs écrivent l’histoire : “Qui se souvient encore du génocide arménien? “ se serait exclamé Hitler
- Georges Orwell, 1984, 1987 : personnage principal Winston Smith travaille au ministère de la vérité pour détruire et réécrire les documents de telle manière à ce qu’ils correspondent à la ligne du Parti
A l’inverse, le devoir de mémoire se définit comme le paiement d’une dette vis-à-vis des victimes des barbaries du 20e s => origine, nécessité et exemples
- expression “devoir de mémoire” forgée par Primo Levi dans un ouvrage d’entretien posthume avec 2 historiens
- René Rémond, L’histoire et la loi, 2006 : “Se souvenir n’est pas seulement souhaitable dans l’ordre de la connaissance, c’est aussi – et plus encore – un impératif d’ordre moral, et c’est y manquer qui est une
faute.” - Exemples :
- Willy Brandt qui s’agenouille devant le Mémorial du Ghetto de Varsovie, assumant les crimes nazis alors qu’il n’y a pas pris part
- Jacques Chirac qui reconnait pour la 1e fois la responsabilité de la France dans la déportation des juifs en 1995
2 citations pour dire que la mémoire sert à faire en sorte que ces crimes ne se reproduisent jamais
- Bertoldt Brecht, La résistible ascension d’Arturo Ui, 1941 (pièce de théâtre) : “Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde”
- Paul Eluard : “Si l’echo de leur voix faiblit, nous périrons”
lois mémorielles en France et à l’étranger + opposition
En France :
- Loi Gayssot 1990 pénalise la négation de la Shoah
- Loi de 2001 reconnait génocide arménien
- Loi Mékachera 2005 : les programmes d’histoire reconnaissent le rôle positif de colonisation et le sacrifice des combattants de ces territoires
Y’en a aussi en Belgique et Esapgne => 2019, dépouille de Franco retirée du Valle de los Caidos pour un cimetierre plus discret
Opposition par le comité Liberté pour l’Histoire parue dans Libération en 2005 après l’affaire Pétré-Grenouillau pour s’opposer à ces lois, car dans un Etat libre, ce n’est ni au P ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique
notre société individualiste a trop tendance à oublier le passé et à se complaire dans un présent perpétuel
François Hartog, Régimes d’historicité, Présentisme et expérience du temps, 2003 : notre société se vit au présent, à la rigueur elle est tournée vers un futur immédiat que l’on espère meilleur et que l’on redoute pire => omniprésence des médias et des industries de divertissement accentuent cette révolution
Les spécificités de l’histoire comme les nécessités de l’action politique interdisent de tirer trop naïvement les leçons du passé : 3 refs
- Churchill, commentant l’échec de Charles 12 de Suède, de Napoléon et de Hitler a conquérir la Russie alors qu’ils ont tous étudié l’histoire et les difficultés : “La seule leçon à tirer de l’histoire est-elle que l’humanité ne peut rien apprendre ?”
- // Hegel, La raison de l’histoire : Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, constitue une situation si individuelle qu’il est difficile de retirer des maximes de l’histoire.
=> MAIS garde vision providentialiste d’un “sens de l’histoire”, en opposition à Macbeth (Shakespeare), qui dit qu’elle n’est “pleine de bruit et de fureur et ne signifie rien”. - // Marx : “Tous les grands événements et personnages de l’histoire du monde se produisent pour ainsi dire deux fois… la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide