Polyarthrite rhumatoïde Flashcards
Qu’est-ce que la polyarthrite rhumatoide?
La polyarthrite rhumatoïde (PAR) est une maladie inflammatoire chronique qui touche les articulations. Elle se caractérise cliniquement par des gonflements articulaires symétriques. Elle peut aussi s’accompagner de manifestations extra-articulaires et de complications systémiques.
Quelle est l’épidémiologie de la PAR?
La PAR est l’arthrite inflammatoire la plus fréquente. Elle atteint environ un pourcent (1%) de la population générale, en majorité des femmes, dans une proportion de deux à trois femmes pour un homme.
Quelle est la différence entre une arthrite et une arthralgie?
Afin de mieux comprendre les termes qui vont être utilisés ici, voici quelques définitions préliminaires. Tout d’abord, il faut différencier une arthrite d’une arthralgie.
L’arthrite est le terme utilisé pour décrire un gonflement articulaire qui est le plus souvent douloureux; on peut aussi dire synovite.
Le terme arthralgie englobe toutes les douleurs au niveau des articulations. L’arthralgie peut être d’origine mécanique, suite à des efforts répétés, ou inflammatoire, auquel cas elle est présente dès le lever et est associée à des raideurs musculaires.
Quelles sont les caractéristiques d’une dlr d’origine inflammatoire?
- Douleur prépondérante la nuit et le matin
- Raideur matinale de plus d’une heure
- Amélioré par l’exercice ou «se réchauffe à l’exercice…»
- Gonflement articulaire
- Érythème (goutte, septique) (+/-)
- Fatigue, asthénie
Quelles sont les caractéristiques d’une dlr d’origine mécanique?
- Douleur diurne
- Raideur de moins d’une heure «gelling»
- Douleur prédomine en après-midi ou en soirée
- Peu de gonflement
- Pas d’érythème
- Amélioré par le repos
- Peu d’atteinte de l’état général
Quelles sont d’autres définitions importantes à connaitre au sujet de l’arthrite?
L’atteinte articulaire sera décrite en fonction du nombre d’articulations touchées. Ainsi:
- une atteinte monoarticulaire touche une seule articulation,
- une atteinte oligoarticulaire touche entre deux et quatre articulations,
- une atteinte polyarticulaire touche cinq articulations ou plus.
On dit de l’atteinte qu’elle est symétrique quand une même articulation ou groupe d’articulation (par exemple les articulations interphalangiennes proximales) sont touché de façon bilatérale. Il n’est pas nécessaire que ce soit exactement la même articulation quand elle fait partie d’un groupe articulaire; par exemple, une atteinte de la deuxième et troisième IPP droite et de la quatrième et cinquième IPP gauches est dite symétrique.
La PAR peut se présenter de différentes façons. Les trois modes de présentation typiques sont la présentation polyarticulaire, l’arthrite palindromique et la présentation initiale par une atteinte extra-articulaire. En quoi consiste la présentation polyarticulaire?
Le mode de présentation le plus classique est le mode polyarticulaire symétrique. Typiquement, les patients développent des synovites symétriques de façon insidieuse sur quelques semaines à mois ou encore de façon aiguë, parfois du jour au lendemain.
Les patients présentent souvent une atteinte de l’état général significative avec:
- fatigue,
- diminution de l’appétit,
- perte de poids,
- fièvre.
La présence d’un enraidissement matinal d’au moins une heure est également caractéristique. Plus rarement, une PAR peut débuter par une atteinte mono ou oligoarticulaire, mais évoluera toujours vers une atteinte polyarticulaire avec le temps.
En quoi consiste la présentation palindromique?
La présentation sous forme de palindrome (ou palindromique) se caractérise par des épisodes d’arthrite mono ou oligoarticulaire aigus, d’une durée de quelques heures à quelques jours, entrecoupés d’intervalles asymptomatiques.
L’évolution sera pour ces patients selon la règle des tiers :
- un tiers sera autorésolutif,
- un tiers évoluera en PAR
- un tiers en une autre pathologie (connectivite, vasculites, spondyloarthropathie).
En quoi consiste la présentation extra-articulaire?
La présentation extra-articulaire qui précède l’atteinte articulaire est tout de même rare représentant moins de cinq pourcent (<5%) des cas.
Le plus souvent, ce sera par une péricardite ou un épanchement pleural. Les autres manifestations extra-articulaires seront revues plus loin.
Quelles sont les articulations typiquement touchées par la PAR?
Les articulations typiquement touchées par la PAR sont :
- les MCP (métacarpophalangiennes),
- les IPP (interphalangiennes proximales),
- les poignets,
- les MTP (métatarsophalangiennes).
Les coudes, les épaules, les chevilles, les genoux et les hanches sont aussi fréquemment atteints dans la PAR, mais avec une fréquence moins élevée comparativement aux mains et aux pieds.
Il faut retenir que la PAR épargne les IPD (interphalangiennes distales), le rachis dorso-lombaire et les sacroiliaques. L’atteinte du rachis dans la PAR se limite au rachis cervical, principalement aux premières vertèbres (atlas et l’odontoïde).
En plus des articulations, les gaines tendineuses et les bourses peuvent être atteintes. L’inflammation entraine également une sous-utilisation de certains groupes musculaires avec une atrophie musculaire secondaire.
Éventuellement, les déformations surviennent:
- subluxations,
- contractures en flexion,
- déformation en boutonnière (flexion fixe de l’IPP et hyperextension de l’IPD),
- déformation en col de cygne (hyperextension de l’IPP et flexion de l’IPD)
- déviation cubitale des doigts.
À quoi ressemble une déformation en boutonnière et en col?
Quelles sont les articulations atteintes dans la PAR comparément à dans l’arthrose?
Que sont les nodules rhumatoïdes?
Les nodules rhumatoïdes sont des nodules sous-cutanés que l’on retrouve surtout aux points de friction: proéminences osseuses et surface des tendons extenseurs. Ils peuvent également se développer dans plusieurs organes comme les yeux, les poumons, le coeur, les valves cardiaques, le cerveau et la plèvre. Entre 20 et 35% des patients PAR en ont, le plus souvent palpables.
Il sera important de toujours y penser dans l’investigation d’un nodule, par exemple pulmonaire ou cérébral, chez un patient PAR.
En histologie, le nodule rhumatoïde est un granulome: une zone de nécrose fibrinoïde entourée d’histiocytes en palissade, le tout entouré d’une capsule de collagène, de lymphocytes et de fibroblastes.
Quels sont les critères de classification de la PAR?
Afin de mieux pouvoir étudier la PAR, des critères de classification ont été établis par l’ACR (American College of Rheumatology) en 1987. Ces critères ont été modifiés en 2010 conjointement entre l’ACR et EULAR (European League Against Rheumatism). Il y a maintenant quatre catégories qui permettent de calculer un score.
Le score total est obtenu en additionnant le score de chacune des quatre souscatégories. Un total de six et plus est nécessaire pour porter le diagnostic de PAR. Les nouveaux critères rendent possible de diagnostiquer la PAR avant six semaines et incluent l’anti-CCP, la vitesse de sédimentation et la protéine C réactive dans les critères diagnostics.
Comme nous savons que le traitement précoce aide à prévenir les déformations et érosions irréversibles, porter le diagnostic de façon plus précoce permettra d’amorcer un traitement agressif rapidement. Dans la même idée, la présence d’érosions à la radiographie n’est plus un critère de classification puisque c’est une manifestation relativement tardive de la maladie.
Quel est le ddx d’une PAR?
Le diagnostic différentiel d’une polyarthrite aiguë (de moins de six semaines) est assez large, couvrant des causes infectieuses, inflammatoires, métaboliques et d’autres causes plus rares.
Les causes infectieuses peuvent être bactériennes (gonocoque, méningocoque) ou encore dans le cadre d’un rhumatisme articulaire aigu (RAA) après une infection à streptocoque ß-hémolytique du groupe A; également les arthrites réactives après des infections gastro-intestinales ou génito-urinaires (salmonelle, shigelle, campylobacter, chlamydia). Des causes virales sont aussi possibles : hépatite B, rubéole, parvovirus B19 sont les trois plus fréquents, mais aussi adénovirus, coxsackievirus, EBV, CMV, oreillons, rétrovirus.
Les causes inflammatoires d’un diagnostic différentiel d’une polyarthrite qui s’installe sur une période de quelques semaines incluent la PAR, le LED (lupus érythémateux disséminé), les spondyloarthrites (psoriasis) et certaines vasculites comme la polymyalgia rheumatica et les vasculites des petits vaisseaux.
Les causes métaboliques sont la goutte et la pseudogoutte et les causes plus rares sont l’endocardite bactérienne subaiguë et la sarcoïdose.
Quels sont les indices cliniques pour une collagénose?
- Photosensibilité
- Rash malaire ou discoïde
- Alopécie
- Télangiectasies
- Phénomène de Raynaud
- Avortements spontanés
- Pleuropéricardite
- Ulcères buccaux
- Xérostomie et xérophtalmie
- Thromboses artérielles ou veineuses
- Myopathie
- Manifestations neuropsychiatriques
Quelles sont les manifestations extra-articulaires de la PAR?
Les manifestations extra-articulaires de la PAR sont multiples. Nous avons déjà mentionné les nodules rhumatoïdes. Il peut y avoir également des atteintes:
- de l’oeil,
- des poumons,
- du coeur,
- du système nerveux,
- une vasculite rhumatoïde
- des complications systémiques.
Toutes ces manifestations sont plus fréquentes chez les patients avec un facteur rhumatoïde sérique positif (qu’on dit «séropositifs»), chez qui environ 40% des patients ont des manifestations extra-articulaires.
À quoi ressemble une atteinte de l’oeil par la PAR?
L’atteinte de l’oeil peut être :
- une kératoconjonctivite sèche (Sjögren dans 15% des patients, le plus gros sx oculaire des pts PAR),
- une sclérite ou une épisclérite,
- une scléromalacie perforante,
- une sclérite antérieure ou nodulaire.
Quelles sont les atteintes pulmonaires causées par la PAR?
L’atteinte pulmonaire peut également être de plusieurs ordres :
- épanchement pleural (pleurésie, + fréquent) (exsudat avec élévation des protéines et baisse du glucose),
- nodules pulmonaires,
- fibrose pulmonaire (seule complication qui a pas diminué avec le temps),
- pneumopathie organisée cryptogénique (COP en anglais, anciennement BOOP),
- hypertension pulmonaire
- pneumoconiose rhumatoïde (syndrome de Caplan, silicose).
Quelles sont les atteintes cardiaques de la PAR?
L’atteinte cardiaque peut être sous forme :
- de péricardite,
- de myocardite ou
- de trouble de conduction ou dysfonction valvulaire secondaire à un nodule dans le myocarde.
Quelles sont les atteintes neurologiques de la PAR?
Les atteintes neurologiques peuvent être par:
- neuropathie de compression,
- neuropathie périphérique,
- mononévrite multiple (dans le cadre d’une vasculite rhumatoïde)
- myélopathie par subluxation cervicale (subluxation des niveaux C1-C2 de moins en moins fréquent).