265- Anomalies du bilan du potassium Flashcards
Stockage du potassium :
=> Le potassium est le principal cation des liquides intracellulaires où sa concentration varie de 100 à 150 mEq/L. Le potassium représente chez un homme de 70 kg un stock d’environ 3750 mmol, dont 98 % sont situés dans le compartiment intracellulaire dans la cellule musculaire squelettique +++.
- Le potassium est peu abondant dans le compartiment extracellulaire (moins de 2 % du potassium total) mais sa concentration plasmatique est très finement régulée.
Concentration plasmatique en potassium :
Les valeurs normales plasmatiques se situent entre 3,5 et 5,0 mmol/L
Systèmes de régulations de la kaliémie :
- Les systèmes internes régulant le transfert intracellulaire du potassium via l’activité de la NaK-ATPase sont :
- Les catécholamines stimulent l’entrée cellulaire du K+ (effet b-adrénergique) ;
- L’insuline stimule l’entrée cellulaire du K+ ;
- L’état acido-basique : l’acidose métabolique bloque l’entrée cellulaire du K+ (inhibition de la NaK-ATPase). Elle augmente aussi la fuite passive de potassium vers le secteur extracellulaire.
- Systèmes régulateurs de l’homéostasie externe du potassium : Principalement l’aldostérone.
Toutes les acidoses induisent une augmentation importantes de la kaliémie ?
=> FAUX : L’acidose respiratoire et l’acidose métabolique organique n’induisent peu ou pas d’élévation de la kaliémie car :
– Les acidoses respiratoires n’induisent qu’une augmentation modérée de la kaliémie car l’hypercapnie stimule aussi le système sympathique provoquant la libération de catécholamine hyperactivant la NaK-ATPase et limitant le transfert de potassium vers l’extracellulaire (effet principalement b-adrénergique).
– Les acidoses métaboliques dites « organiques » (acido-cétose, acidose lactique, intoxication à l’éthylène glycol par exemple) n’induisent pas ou peu d’élévation de la kaliémie en raison de la libre diffusion des anions (lactate, acéto-acétate…) vers l’espace intracellulaire limitant la nécessité d’échanger un ion K+ intracellulaire contre un ion H+ extracellulaire.
Définition de l’hyperkaliémie :
= concentration plasmatique du potassium supérieure à 5,0 mmol/L.
=> Une hyperkaliémie de constitution brutale peut mettre rapidement en jeu le pronostic vital et nécessite une conduite diagnostique et thérapeutique rigoureuse et URGENCE.
Causes de fausses hyperkaliémies à rechercher :
= dues à la libération de potassium du compartiment intracellulaire vers le compartiment extracellulaire :
- Hémolyse lors d’un prélèvement laborieux avec un garrot serré ;
- Centrifugation tardive du tube (prélèvement au domicile du patient) ;
- Hyperleucocytose majeure (>100000/mm3) ou thrombocytémie (>1000000/mm3).
Signes cliniques d’une hyperkaliémie :
- Signes cardiques liés à une hypoexcitabilité myocardique => TOUJOURS faire un ECG si suspicion d’hyperkaliémie.
- Signes neuromusculaires : non sépcifique , anomalie de la sensibilité superficielle, paralysie flasque ascendante => peut atteindre les muscules respiratoires dans les formes sévères.
- Signes hémodynamiques : dans les formes sévère avec hypotension artérielle => signe de gravité.
Signes ECG d’une hyperkaliémie :
=> la tête pointue (onde T pointue) du grand-père (allongement du PR) élargit le curé (QRS élargi)
1) Repolarisation accélérée avec une augmentation de l’amplitude des ondes T, pointues et symétriques pouvant dépasser le sommet de l’onde R, bien vues dans les dérivations antérieures (V2 à V4) et postérieures (DII et DIII).
2) Des anomalies de la conduction auriculaire (diminution puis disparition de l’onde P), auriculo-ventriculaire (blocs sino-auriculaires et auriculo-ventricu- laires).
3) Puis des anomalies de la conduction intraventriculaire avec élargissement des complexes QRS.
4) Puis d’une bradycardie à QRS large (dites « sine wave pattern ») précédant l’asystolie.
=> Figure 1 page 45
Les hyperkaliémies peuvent donner des arythmies ventriculaires ?
=> VRAI : Des arythmies ventriculaires (rythme ventriculaire idiopathique, tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire) peuvent survenir si l’hyperkaliémie est associée à une ischémie myocardique, une hypocalcémie sévère, une hypothermie, une acidose sévère, une intoxication aux digitaliques ou une stimulation vagale importante.
Il existe un parallélisme strict entre le niveau de l’hyperkaliémie et la sévérité des manifestations electrocardiographiques ?
=> FAUX : Il n’existe pas de parallélisme strict entre le niveau d’hyper- kaliémie et la sévérité des manifestations électrocardiographiques
CAT si pas d’anomalie ECG avec hyperkaliémie > 6mmol.L :
L’absence de toute anomalie électrique pour une kaliémie supérieure à 6 mmol/L doit cependant faire rechercher une fausse hyperkaliémie.
Cause la plus fréquente d’hyperkaliémie :
=> Au total, les causes les plus fréquentes d’hyperkaliémie restent iatrogènes et sont liées à la prise d’IEC ou d’ARA2, le plus souvent chez un patient ayant une hypovolémie efficace (déshydratation extracellulaire, insuffisance cardiaque) ou une insuffisance rénale chronique sous-jacente.
Etiologies d’une hyperkaliémie : (3)
- Excès d’apport : rare sans contexte d’insuffisance rénale
- Transfert exagéré du compartiment intracellulaire vers le compartiment extracellulaire
- Diminution de la capacité d’excrétion rénale
Causes de trasfert exagéré du compartiment intracellulaire vers le compartiment extracellaulaire de potassium : (5)
- Acidose métabolique à trou anionique plasmatique normal => L’augmentation de la kaliémie d’environ 0,5 mmol/L pour chaque baisse de 0,1 du pH
- Catabolisme cellulaire accru : Toutes les causes de lyse cellulaire peuvent être responsables d’une hyperkaliémie :
- Hyperosmolarité,
=> augmentation de la kaliémie 0,3 et 0,6 mEq/L pour chaque augmentation de 10 mOsm/kg (perfusion de mannitol, hyperglycémie).
- Exercice physique intense :
=> libération de potassium par les cellules musculaires, favorisée par la sécrétion de glucagon et l’inhibition de la sécrétion d’insuline induites par l’exercice.
- Causes médicamenteuses et toxiques
Causes médicamenteuses et toxiques de transfert du K+ intracellulaire vers le compartiment extracellulaire : (4)
- Les b-bloquants non sélectifs constituent une cause d’hyperkaliémie, par le blocage du transfert intracellulaire mais aussi par l’induction d’un état d’hypo- réninisme-hypoaldostéronisme ;
-L’intoxication digitalique au cours de laquelle l’inhibition de la pompe NaK-ATPase conduit à une augmentation du potassium extracellulaire et à un effondrement du potassium intracellulaire ;
- Les agonistes a-adrénergiques limitent le passage intra-cellulaire de potassium.
- La succinylcholine est un curare dépolarisant utilisé en anesthésie qui inhibe la repolarisation membranaire des cellules musculaires.
=> Elle peut augmenter de façon brutale la perméabilité membranaire au potassium et être responsable d’hyperkaliémies sévères dans différentes situations cliniques : brûlures, trauma- tismes musculaires, alitements prolongés et neuromyopathie de réanimation…
2 principales causes de réduction de l’excrétion rénale de potassium entrainant des hyperkaliémies :
- Insuffisance rénale :
- Aigue : peu etre très sévère
- Chornique : la kaliémie est maintenue normale longtemps
- Déficits en minéralocorticoides :
Causes de déficits en minéralocorticoides pouvant entrainer une hyperkaliémie : (4)
- Insuffisance surrénalienne au cours de la maladie d’Addison ou de rares déficits enzymatiques.
- Syndrome d’hyporéninisme-hypoaldostéronisme : hyperkaliémie associée à une acidose métabolique hyperchlorémique.
=> Ce syndrome est rencontré au cours de la néphropathie diabétique, de l’infection par le VIH… ;
- Syndrome mimant un déficit congénital en aldostérone (exceptionnel) : pseu- dohypo-aldostéronisme de type I ou II [syndrome de Gordon]).
- Les causes iatrogènes +++ : les plus fréquentes : IEC et ARAII
Causes iatrogènes de déficits en minéralocorticoides : (6)
- AINS (y compris inhibiteurs de COX 2) par inhibition de synthèse des prostaglandines avec hyporéninisme
- ciclosporine, tacrolimus
- Héparine, héparine de bas poids moléculaire, (baisse de la synthèse d’aldostérone)
- Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2), inhibiteur direct de la rénine.
- Antagonistes compétitifs de l’aldostérone (Aldostérone,éplérénone)
- Blocage du canal sodium épithélial : diurétique épargneur de potassium (amiloride), triméthoprime, pentamidine.
Méthodes de correction des troubles de conductions myocardiques :
Injection intraveineuse en 2 à 3 minutes de sels de calcium : une ampoule de 10 ml de gluconate de calcium à 10 % permet une amélioration des anomalies de conduction cardiaque en 1 à 3 minutes (durée d’action maximale de 30 à 60 minutes).
=> Nouvelle injection en cas d’inefficacité après 5 minutes (surveillance ECG).