Saignement utérin anormal Flashcards
Qu’est-ce qu’un saignement utérin normal?
Afin de comprendre ce qu’est un saignement utérin anormal, il faut savoir ce qu’est un saignement menstruel normal.
Lorsque cette définition (photo) n’est pas respectée, une terminologie précise est utilisée pour décrire les saignements atypiques en fonction:
- de leur durée,
- de leur fréquence,
- de leur quantité ainsi que
- de leur régularité.
Quels sont des exemples de saignements utérins anormaux (SUA) ?
On peut aussi parler de:
- Oligoménorrhée : Saignement vaginal dont l’intervalle est supérieur à trente-cinq jours
- Polyménorrhée : Saignement dont l’intervalle est inférieur à vingt-et-un jours
- Ménorragie / hyperménorrhée : Saignement vaginal à intervalle normal, mais dont le volume excède 80 ml et/ou dont la durée est supérieure à sept jours
- Métrorragie : Saignement dont l’intervalle est irrégulier
- Ménométrorragie : Saignement dont l’intervalle est irrégulier ET dont le volume excède 80 ml et/ou dont la durée est supérieure à sept jours
Les SUA peuvent aussi être divisés selon la période à laquelle ils surviennent. Quelles sont ces divisions?
Quelle est la classification utilisée pour déterminer les différentes étiologies des SUA?
Une classification standardisée émise par un groupe de spécialistes internationaux a permis de subdiviser les étiologies à l’origine des saignements utérins anormaux en deux grandes catégories, soit les causes structurelles et les causes non structurelles. Ces étiologies peuvent être mémorisées facilement grâce à l’acronyme PALM-COEIN.
Quel élément clé le clinicien doit-il chercher pour orienter l’étiologie la plus plausible du SUA chez sa patiente?
L’élément clé, qui permet d’orienter le clinicien vers l’étiologie la plus vraisemblable de même que vers des investigations appropriées, consiste en l’identification de la présence ou de l’absence d’ovulation en se basant sur la régularité des cycles.
Dans le cas d’un dysfonctionnement ovulatoire, les cycles menstruels sont imprévisibles.
Au contraire, des saignements utérins anormaux abondants survenant chez une patiente qui présente des cycles menstruels réguliers suggèrent une cause d’origine structurelle comme un léiomyome (fibrome).
Si les saignements sont davantage qualifiés d’intermenstruels, chez une patiente qui maintient un cycle menstruel régulier, la femme est alors plus susceptible d’être atteinte d’une déficience structurelle comme un polype.
Quels sont des exemples de causes structurelles de SUA?
- polype
- adénomyose
- léiomyome
- malignité et hyperplasie
Qu’est-ce qu’un polype utérin?
Il s’agit de tumeurs bénignes localisées qui proviennent de l’endomètre ou encore, des cellules glandulaires (épithélium cylindrique) du col utérin (dans l’endocol). Les polypes qui sont situés à l’intérieur de la cavité utérine ou dans le canal endocervical ne peuvent pas être visualisés à l’examen gynécologique.
Tandis que la plupart de ces proliférations bénignes sont asymptomatiques, certaines peuvent être à l’origine de saignements utérins anormaux en raison de leur structure vasculaire friable.
Les saignements provenant des polypes ne sont généralement pas associés aux menstruations, bien qu’ils puissent contribuer à augmenter le flux menstruel. Le plus souvent ils surviennent entre les règles, spontanément ou lors d’un contact direct comme un rapport sexuel (on les nomme alors saignements post-coïtaux).
Qu’est-ce que l’adénomyose?
Il s’agit d’une anomalie des tissus utérins caractérisée par un envahissement de glandes endométriales et de stroma au niveau du myomètre. Ce tissu pathologique se disperse généralement dans tout le myomètre provoquant une augmentation symétrique du volume utérin (adénomyose diffuse).
Cette entité serait à l’origine de saignements utérins anormaux en raison d’une vascularisation amplifiée et d’une contraction déficiente des vaisseaux sanguins. Il arrive que l’adénomyose se développe à un seul endroit et ressemble à un léiomyome. On parle alors d’adénomyose focale ou adénomyome. Toutefois, le diagnostic de l’adénomyose ne peut être confirmé que rétrospectivement, soit par l’analyse histologique du spécimen utérin suivant l’hystérectomie.
Que sont les léiomyomes?
**Léiomyomes, myomes et fibromes sont des synonymes.
Les léiomyomes utérins sont extrêmement fréquents, ils touchent plus de la moitié des femmes, surtout dans la quarantaine et la cinquantaine. Bien qu’associés aux saignements utérins anormaux, ils sont asymptomatiques la plupart du temps. Ils originent des cellules musculaires du myomètre. Il existe trois types de léiomyomes, selon leur localisation par rapport à la cavité.
- Ceux de type intra-muraux se développent dans la paroi de l’utérus,
- Ceux de type sous-muqueux croissent en direction de la cavité utérine,
- Les sous-séreux croissent vers l’extérieur de l’utérus.
Les léiomyomes qui font protrusion à l’intérieur de la cavité (sous-muqueux ou certains intramuraux) causent souvent des saignements utérins anormaux par inhibition de l’hémostase locale et par expansion de la surface endométriale. Le saignement provient surtout de l’endomètre sous-jacent et non du myome lui-même. Par ailleurs, les léiomyomes endocavitaires sont souvent impossibles à palper à l’examen bi-manuel. De ce fait, même si un utérus est normal à l’examen, le saignement utérin anormal peut tout de même être causé par myome de type endocavitaire, qui même petit, peut être symptomatique.
En contrepartie, un léiomyome palpé à l’examen physique n’est pas nécessairement la cause d’un saignement utérin anormal, particulièrement si celui-ci n’implique pas la cavité utérine (sous-séreux ou certains intramuraux).
Comment une malignité ou une hyperplasie peuvent-ils être une cause structurelle de SUA?
L’estrogène stimule la croissance de l’endomètre. La progestérone, qui est sécrétée par le corps jaune suite à une ovulation, stabilise l’endomètre si bien que la disparition de la progestérone au bout de 14 jours provoque l’évacuation des couches superficielles de l’endomètre soit la menstruation. Ce mécanisme veille au maintien d’un endomètre sain.
L’absence de progestérone en présence d’estrogènes mène à la croissance anarchique de l’endomètre et peut induire un épaississement pré-cancéreux (hyperplasie) ou un cancer de l’endomètre, le cancer gynécologique le plus fréquent.
L’absence d’ovulation ou la prise d’estrogène sans progestérone favorise la survenue de cette pathologie. La présence d’atypies cellulaires au sein de l’hyperplasie augmente le risque de cancer.
Quels sont des exemples de causes non-structurelles de SUA?
Atteintes organiques systémiques
- Coagulopathie
- Cause inflammatoire
Saignement utérin dysfonctionnel
- Ovulatoire
- Anovulatoire
- Grossesse
Quelles coagulopathies peuvent provoquer un SUA?
Les désordres de l’hémostase, qu’ils soient congénitaux ou acquis, représentent une étiologie importante à considérer en présence d’un saignement utérin anormal particulièrement lorsque celui-ci survient dès la ménarche. Ils sont retrouvés chez environ 12 à 33 % des adolescentes consultant pour des ménorragies.
Quelles sont les causes inflammatoires pouvant mener à un SUA?
Lorsque les cellules des surfaces endométriale et cervicale sont inflammatoires, un saignement utérin anormal peut en résulter. Cette inflammation peut être d’origine infectieuse (infecion transmise sexuellement comme chlamydia ou gonorrhée ou par contamination par la flore vaginale normale lors d’une procédure comme une insertion de stérilet par exemple), iatrogénique ou idiopathique.
Une analyse par PCR des sécrétions vaginales et de l’endocol permet de détecter la présence d’ITSS. Le stérilet en cuivre constitue un exemple de cause iatrogénique. Il peut augmenter le flux menstruel et causer des saignements inter-menstruels. Le mécanisme derrière ce type saignement est probablement une combinaison entre des réactions inflammatoires locales et une augmentation de l’activité fibrinolytique endométriale induite par la présence d’un corps étranger.
Qu’est-ce qu’un saignement utérin dysfonctionnel de type ovulatoire?
Le saignement utérin dysfonctionnel de type ovulatoire est un saignement excessif, associé au retrait de la progestérone, habituellement régulier.
Il survient au moment prévu des menstruations. La diminution de l’hémostase endométriale locale est en cause dans le saignement utérin dysfonctionnel ovulatoire. Les femmes souffrant de ce trouble présentent des menstruations régulières, prédictibles, des symptômes témoignant de l’ovulation comme une douleur à mi-cycle, de la dysménorrhée et des symptômes prémenstruels comme la mastalgie, l’irritabilité, la sensation de ballonnement, etc. Aucune cause organique n’est identifiable.
Qu’est-ce qu’un saignement utérin dysfonctionnel de type anovulatoire?
Le saignement utérin de type anovulatoire se produit en l’absence de production cyclique de progestérone et conséquemment, il est de nature erratique, résultant d’un mélange d’aménorrhée et de saignements irréguliers en quantité. En l’absence d’ovulation, l’influence progestative pour la préparation de l’endomètre à la menstruation est supprimée. Les mécanismes d’hémostase locale sont déficients secondairement à l’absence de progestérone. Par ailleurs, l’anovulation crée un état d’estrogénisme non opposé par la progestérone qui prédispose à l’hyperplasie et à l’adénocarcinome de l’endomètre.
Cet endomètre de mauvaise qualité est fragile et se brise facilement, provoquant un « saignement d’échappement » (breakthrough bleeding). Il est souvent difficile de déterminer la cause de l’anovulation chez la femme. Voici les principales étiologies (voir photo).
Comment la grossesse peut-elle donner un SUA?
Pour terminer, soulignons l’importance de toujours éliminer une potentielle grossesse chez toutes les femmes présentant des saignements utérins anormaux qui sont en âge de procréer car une grossesse ectopique, un avortement spontané (fausse couche) ou une môle peuvent se présenter initialement par un saignement anormal.