Le juge constitutionnel Flashcards

1
Q

Quand a été introduite la Question prioritaire de constitutionnalité ?

A

Lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008.

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2
Q

Quelle idée développe Hans Kelsen dans un article publié dans le Revue de droit public dès 1928, sous le titre évocateur de « La garantie juridictionnelle de la Constitution » ?

A

L’affirmation de la suprématie de la Constitution sur les autres normes resterait purement théorique si elle n’était accompagnée de mécanisme procéduraux permettant au juge de contrôler et, le cas échéant, de sanctionner le respect des normes constitutionnelles.

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3
Q

Pourquoi doit-on considéré qu’il y a plusieurs juges constitutionnels en France ?

A

Selon l’acte contrôlé, l’interprétation de la constitution peut relever :
- Du juge constitutionnel
- Du juge administratif
- Du juge judiciaire
En effet, les modalités de contrôle varient selon qu’est en cause la constitutionnalité de la loi, d’un acte administratif ou d’un acte de droit privé.

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4
Q

A qui doit-on l’expression selon laquelle le juge est la « bouche de la loi » ?

A

Montesquieu, dans De l’esprit des lois (1748).
Il écrit : « Les juges ne sont que la bouche qui prononce les paroles de la loi ; des êtres inanimés qui ne peuvent en modérer ni la force ni la vigueur ». Cette formule est une incarnation de la tradition légicentriste.

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5
Q

Dans quelle décision le Conseil constitutionnel fonde le dépassement de la contradiction entre tradition légicentriste et constitutionnalité de la loi ?

A

CC, 1985, Evolution de la Nouvelle-Calédonie.

Le Conseil constitutionnel a employé une belle formule pour fonder le dépassement de cette contradiction : « La loi n’exprime la volonté générale que dans le respect de la Constitution. »

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6
Q

Quel est le modèle de justice constitutionnelle américain ? Quel célèbre arrêt le consacre ?

A

Le modèle américain de justice constitutionnelle est celui d’un contrôle diffus : il est exercé par l’ensemble des juridictions.
C’est avec l’arrêt Marbury v. Madison (1803) que la Cour suprême estime que chaque juge a la faculté d’écarter une loi contraire à la Constitution.

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7
Q

Quel juriste propose le modèle d’une justice constitutionnelle spécialisée ? Pourquoi cette justice est-elle alors un « législateur négatif » ?

A

Hans Kelsen (1881 – 1973). La faculté de censurer la loi est apparue suffisamment grave pour devoir être confiée à une juridiction spécialement créée à cet effet.
Comme le montre Hans Kelsen, celle-ci est un organe de nature juridictionnelle, et non politique, puisqu’elle se borne à statuer en droit et ne dispose pas de la même liberté de création que le législateur ; elle exerce toutefois le pouvoir considérable d’annuler la loi et s’apparente ainsi, selon la formule du juriste de Vienne, à un « législateur négatif ».

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8
Q

Quelles sont les trois vagues d’adoption du modèle de justice constitutionnelle spécialisée (contrôle concentré et non-diffus) en Europe ?

A
  • Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il a d’abord été implanté en Italie (1948), puis en Allemagne (1949), dans le dessin clairement affirmé d’empêcher la survenance de toute nouvelle dictature.
  • Le modèle s’est ensuite étendu aux autres pays d’Europe de l’Ouest, en France (1958), au Portugal (1976), en Espagne (1978) ou encore en Belgique (1980).
  • Il s’est enfin développé en Europe de l’Est, au fur et à mesure de l’effondrement des régimes communistes, en Pologne (1985), en Hongrie (1989), en Russie, en Roumanie, en Bulgarie et en Slovénie (1991) ou encore en Ukraine (1996).
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9
Q

Comment évoluent les finalités du contrôle de constitutionnalité des lois en Europe ?

A
  • D’abord conçu comme un contrôle abstrait et objectif de normes, dans le cadre d’un recours direct contre la loi devant la Cour constitutionnelle, il était réservé à certaines autorités politiques et visait à assurer le respect de l’ordonnancement juridique. Il s’est peu à peu orienté vers des recours plus subjectifs, ouverts aux citoyens, permettant de protéger les droits fondamentaux.
  • Aujourd’hui, ces diverses modalités du contrôle se combinent d’une façon variable selon les Etats : abstrait ou concret, a priori ou a posteriori, par voie d’action ou par voie d’exception. […]
  • L’Espagne connait ces divers types de saisine, auxquelles s’ajoute une voie particulière, l’amparo, un recours qui permet à tout citoyen de saisir le Tribunal constitutionnel de tout acte – qu’il soit administratif ou juridictionnel – qui méconnaitrait ses droits fondamentaux.
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10
Q

Avec quel arrêt la CJUE a affirmé que l’Union n’échappe pas à la nécessité d’un contrôle des actes législatifs ?

A

Dans l’arrêt Les Verts du 23 avril 1986. La CJUE y a affirmé que la Communauté européenne est une « communauté de droit en ce que ni ses Etats membres ni ses institutions n’échappent au contrôle de la conformité de leurs actes à la charte constitutionnelle de base qu’est le traité ». Elle en a déduit que les actes du Parlement devaient pouvoir faire l’objet d’un recours en annulation.

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11
Q

Qu’est-ce que l’idée de « jury constitutionnaire » défendue par Sieyès en 1795 ?

A

Le « jury constitutionnaire » est précurseur des juridictions constitutionnelles en Europe : « Une constitution est un corps de lois obligatoires, ou ce n’est rien ; si c’est un corps de lois, on se demandera où sera le gardien, où sera la magistrature de ce code ? ».

Composé de cent huit parlementaires, renouvelable par tiers chaque année, pouvant être saisi par tout citoyen, il serait chargé d’annuler les lois contraires à la Constitution. Le projet de Sieyès prévoit que « les actes déclarés inconstitutionnels par arrêt du jury constitutionnaire sont nuls et comme non avenus ». (« Opinion sur les attributions et l’organisation du jury constitutionnaire », présentée à la Convention nationale en 1795).

Cette proposition suscite un vif débat, finalement emporté par les adversaires de Sieyès, qui demandent « qui gardera le gardien » de la Constitution (dont Antoine Thibaudeau, Le Moniteur, 1795).

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12
Q

Quelle forme prend le contrôle constitutionnel avant la Troisième République ?

A
  • Le Premier et le Second Empire instituent un « Sénat conservateur » chargé de veiller au respect de la Constitution, compétent pour annuler « les actes qui lui sont déférés comme inconstitutionnels par le Tribunat ou par le gouvernement » (article 21 de la Constitution de l’an VIII). Problème : soumis à l’exécutif.
  • Les juges ordinaires en restent écartés. Au début de la monarchie de Juillet, la Cour de cassation juge ainsi « qu’une loi délibérée et promulguée dans les formes constitutionnelles ne peut être attaquée devant les tribunaux pour cause d’inconstitutionnalité » (Cass., 11 mai 1833, Paulin).
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13
Q

Quelle forme prend le contrôle constitutionnel sous la Troisième République ?

A
  • Il y a débat entre modèle spécialisé (Charles Eisenmann) et modèle de contrôle diffus (Maurice Hauriou). D’autres craignent l’émergence d’un « gouvernement des juges » (Edouard Lambert, 1921).
  • Le débat est tranché par le Conseil d’Etat qui, sans fermer la porte à toute possibilité d’évolution, confirme, dans son arrêt Arrighi du 6 décembre 1936, l’incompétence du juge pour statuer sur l’inconstitutionnalité de la loi : « En l’état actuel du droit public français, ce moyen n’est pas de nature à être discuté devant le Conseil d’Etat statuant au contentieux ».
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14
Q

Quelle forme prend le contrôle constitutionnel sous la Quatrième République ?

A
  • Un Comité constitutionnel est créé par la Constitution en 1946.
  • Composé de treize membres et présidé par le président de la République, il est seulement chargé d’examiner si « les lois votées par l’Assemblée nationale supposent une révision de la Constitution ».
  • Le dispositif est un échec : effacé dans la pratique, ce Comité constitutionnel n’est saisi qu’une seule fois, en 1948, sur une question de procédure.
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15
Q

Avec quelle décision le Conseil constitutionnel lui-même se cantonne-t-il à un rôle limité ?

A

Il se définit, dans les motifs de sa décision Loi référendaire, du 6 novembre 1962, comme un simple « organe régulateur de l’activité des pouvoirs publics ».
Le président du Sénat, Gaston Monnerville, va jusqu’à affirmer que « le Conseil constitutionnel vient de se suicider ».

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16
Q

Quelles sont les trois grandes étapes de l’élargissement des missions du Conseil constitutionnel ?

A
  • 1971 : L’élargissement du contrôle aux droits fondamentaux (décision Liberté d’association du 16 juillet 1971)
  • 1974 : La saisine parlementaire, nouveau droit de l’opposition (révision constitutionnelle du 29 octobre 1974)
  • 2008 : La saisine par les justiciables (révision constitutionnelle du 23 juillet 2008).
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17
Q

Après la révision de 1974, quels sont les exemples qui montrent que l’intervention du Conseil constitutionnelle devient un enjeu du débat politique ?

A

De nombreuses grandes réformes sont portées devant le juge constitutionnel, dont:
- l’interruption volontaire de grossesse (décision du 15 janvier 1975),
- la politique pénale (décision du 20 janvier 1981, Loi sécurité liberté),
- les nationalisations (décision du 26 juin 1986, Privatisations),
- le statut de l’audiovisuel (domaine qui a fait l’objet de nombreuses décisions : 25 juillet 1982, 18 septembre 1986, 17 janvier 1989, puis 3 mars 2009),
- l’immigration (décision du 13 août 1993, Maitrise de l’immigration),
- les lois bioéthique (décision du 27 juillet 1994 affirmant que la dignité de la personne humaine est un principe de valeur constitutionnelle),
- le pacte civil de solidarité (décision du 9 novembre 1999)
- le mariage pour tous (décision du 17 mai 2013)
- la politique fiscale (décision du 29 décembre 2012, Loi de finances pour 2013, censurant le projet de taxation à 75% des hauts revenus).

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18
Q

A partir de quand dit-on que le Conseil constitutionnel remplit les fonctions d’une cour constitutionnelle ? Pourquoi ?

A

A partir de l’introduction question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008.
Il remplit les fonctions d’une cour constitutionnelle car le Conseil constitutionnel peut désormais être saisi par tout justiciable, par l’intermédiaire des juridictions suprêmes. Auparavant chargé d’un contrôle par voie d’action et a priori de la norme, il s’est vu confier l’exercice d’un contrôle par voie d’exception et a posteriori de la loi, au moment de son application.

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19
Q

Comment sont nommés les membres du Conseil constitutionnel ?

A
  • 9 membres nommés par le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, à raison de trois membres chacun (en Europe, le plus souvent, le membres sont nommés au moins en partie par le Parlement).
  • Mandat de 9 ans
  • Conseil est renouvelé par tiers tous les trois ans
  • Le président du Conseil constitutionnel est nommé par le président de la République parmi ses membres
  • Droit de regard parlementaire sur les nominations depuis la révision constitutionnelle de 2008, soumise à l’vis de la commission compétente dans chaque assemblée. Nomination impossible 3/5 d’avis négatifs.
  • Les membres du Conseil constitutionnel ne sont soumis à aucune condition de nomination, contrairement à la plupart des juges des cours constitutionnelles en Europe, où des compétences juridiques sont le plus souvent requises (Autriche, Belgique, Italie, Espagne, Portugal notamment).
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20
Q

Quelles initiatives ont proposé la suppression des membres de droit du Conseil constitutionnel ?

A
  • Le rapport Balladur de 2008,
  • Un projet de loi adopté en conseil des ministres le 14 mars 2013,
  • Le projet de loi constitutionnelle « pour un renouveau de la vie démocratique » adopté en conseil des ministres en août 2019.
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21
Q

Que décide la Conseil constitutionnel le 14 septembre 1961 au sujet de sa compétence ?

A

Avec la décision Recevabilité de la motion de censure, il décide qu’il dispose d’une compétence d’attribution, non pas d’une compétence générale. Il jugeait « que la Constitution a strictement délimité la compétence du Conseil constitutionnel ; que celui-ci ne saurait être appelé à statuer ou à émettre un avis que dans le cas et suivant les modalités qu’elle a fixés ».

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22
Q

Quel article de la Constitution prévoit le contrôle de constitutionnalité ?

A

L’article 61.

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23
Q

Pour quelles catégories d’actes la Constitution prévoit un contrôle de constitutionnalité obligatoire ?

A
  • les lois organiques,
  • les règlements des assemblées parlementaires
  • depuis la révision de 2008, les propositions de loi référendaire, avant qu’elles ne soient soumises au référendum.
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24
Q

Pour quel type de lois de Conseil constitutionnel peut-il être saisi ?

A

Le Conseil constitutionnel peut ensuite être saisi de tout type de lois, ce qui inclut les lois ordinaires, les lois de finances et les lois de financement de la sécurité sociale. Sa saisine, dans ce cadre, est facultative.

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25
Q

Pour le jugement de quels types d’actes le Conseil constitutionnel s’est-il déclaré incompétent ?

A
  • les lois référendaires (CC, 6 novembre 1962, Loi référendaire) car il s’agit de l’ « expression directe de la souveraineté nationale ».
  • les lois constitutionnelles (CC, 26 mars 2003, Révision constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République)
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26
Q

Pourquoi, selon Kelsen, le juge constitutionnel est-il un simple « aiguilleur » ?

A

Le juge constitutionnel est soumis au pouvoir constituant. Le Conseil est ainsi un simple « aiguilleur » du législateur : en censurant une loi ordinaire, il lui indique la voie constitutionnelle à suivre, mais ne dispose pas, par la suite, du pouvoir de censure de la révision constitutionnelle.

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27
Q

Comment la Constitution organise la déclaration d’inconstitutionnalité ?

A

Elle prévoit en son article 62 que les décisions du Conseil constitutionnel « s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles ». S’agissant plus particulièrement des décisions prises dans le cadre du contrôle de constitutionnalité des lois a priori, l’article 62 de la Constitution précise qu’ « une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l’article 61 ne peut être promulguée ni mise en application ».

28
Q

Comment se déroule une censure du Conseil constitutionnel ?

A

La censure peut être totale ou partielle.
Le plus souvent, il ne censure qu’un article, un alinéa, voire seulement quelques mots d’un article.
La loi est alors promulguée sans la disposition déclarée contraire à la Constitution.
Le président peut demander au Parlement un nouvelle délibération de la loi partiellement censurée (article 10). Cela permet d’amender le texte rapidement pour tirer les conséquence de la censure.

29
Q

Qu’est-ce qu’une réserve d’interprétation ?

A

Lorsqu’une disposition législative ambigüe est susceptible de deux interprétations, l’une contraire à la constitution et l’autre conforme, le Conseil constitutionnel n’admet alors sa constitutionnalité que sous la réserve expresse qu’elle soit interprétée dans le sens, conforme à la Constitution, qu’il détermine.
Exemple d’application : CE, 1994, SA La Cinq

30
Q

Donner un exemple de la faculté du Conseil constitutionnel à moduler dans le temps les effets d’une déclaration d’inconstitutionnalité.

A

Dans sa décision Loi relative aux organismes génétiquement modifiés, rendue le 19 juin 2008, après avoir constaté l’inconstitutionnalité d’une disposition, il reporte au 1er janvier 2009 la date d’effet de la déclaration d’inconstitutionnalité et ce, « afin de permettre au législateur de procéder à la correction » du vice constaté.

31
Q

Le Conseil constitutionnel peut-il choisir de ne pas sanctionner une méconnaissance de la Constitution ?

A

Oui. Tel est le cas s’agissant de la répartition des compétences entre la loi et le règlement prévue par les articles 34 et 37 de la Constitution : un empiètement de la loi sur le domaine réglementaire n’est pas « frappé d’inconstitutionnalité” (CC, 1982, Blocage des prix et des revenus).

Autre exemple : cas d’un vice de procédure affectant la loi organique d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 (DC du 26 mars 2020). On suppose que les circonstances exceptionnelles liées à la crise de la Covid-19 expliquent cette solution particulière.

32
Q

Quand a été introduite la Question prioritaire de constitutionnalité ?

A

Lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008.

33
Q

De quelle jurisprudence est issue la théorie de la loi-écran ?

A

CE, Arrighi, 1936
La théorie de la loi-écran interdit au juge de contrôler la constitutionnalité.

34
Q

Par quel arrêt le Conseil d’Etat confirme la théorie de la loi-écran, issue de la jurisprudence Arrighi de 1936 ?

A

CE, Mlle Deprez et Baillard, du 5 janvier 2005.
Se fondant sur la Constitution de 1958 et ses travaux préparatoires : « Considérant que l’article 61 de la Constitution du 4 octobre 1958 a confié au Conseil constitutionnel le soin d’apprécier la conformité d’une loi à la Constitution ; que ce contrôle est susceptible de s’exercer après le vote de la loi et avant sa promulgation ; qu’il ressort des débats tant du Comité consultatif constitutionnel que du Conseil d’Etat lors de l’élaboration de la Constitution que les modalités ainsi adoptées excluent un contrôle de constitutionnalité de la loi au stade de son application ».

35
Q

Quels projets de révision constitutionnelle instituant l’exception d’inconstitutionnalité ont échoué ?

A

Les projets de 1990 et 1993, pourtant soutenus par le président de la République et adoptés en conseil des ministres, ont échoué devant le Sénat.

36
Q

Après quel arrêt le contrôle de conventionnalité des lois par le juge ordinaire se développe ?

A

CE, Nicolo, 1989.

37
Q

Qu’édicte l’article 61-1 de la Constitution ?

A

Lorsque, à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d’Etat ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé.

38
Q

A quoi est limitée la QPC au sein des normes constitutionnelles de référence ?

A

La QPC est limitée aux droits et libertés.
En effet, « le justiciable n’a pas vocation à s’ériger en gardien de la procédure législative ou du respect des compétences respectives du législateur et du pouvoir réglementaire » (Rapport Balladur, 2008).
Mais « la méconnaissance par le législateur de sa propre compétence ne peut être invoquée à l’appui d’une question prioritaire de constitutionnalité que dans le cas où est affecté un droit ou une liberté que la Constitution garantit »

39
Q

Quels types de normes sont contrôlées dans le cadre de la QPC ?

A

Les « dispositions législatives ». Cela exclut bien entendu le contrôle de constitutionnalité des actes administratifs, qui relève exclusivement du juge administratif, ou celui des actes de droit privé, qui appartient au juge judiciaire.

40
Q

Est-il possible de former une QPC contre une loi référendaire ?

A

Non. « Au regard de l’équilibre des pouvoirs établi par la Constitution », il n’est pas possible de former une QPC contre une loi référendaire, celle-ci constituant « l’expression directe de la souveraineté nationale » (CC, Province Sud de Nouvelle-Calédonie, 2014).

41
Q

Dans quel cas une loi antérieur à la Constitution ne peut pas faire l’objet d’une QPC ?

A

Lorsque ses effets ont été définitivement produits avant l’entrée en vigueur de cette Constitution (décision du CE, 6 mai 2016).

42
Q

Qu’est-ce que le « double filtrage » de la QPC ?

A

Premier filtrage : une QPC peut d’abord être soulevée devant toute juridiction ordinaire, y compris le juge d’instruction ou le juge des référés. Seul en est exclue la cour d’assises.
Second filtrage : si les conditions sont réunies, le premier juge la transmet, selon les cas, au Conseil d’Etat ou à la Cour de cassation, seuls à détenir la compétence de renvoi au Conseil constitutionnel.

43
Q

Quelles jurisprudences soulignent la compatibilité de la QPC avec la question préjudicielle à la CJUE ?

A

CJUE, Melki, 2010
DC du 12 mai 2012 sur la loi « jeu en ligne »
CE, Rujovic, 2010
En outre, la QPC ne prive pas les juridictions de leur compétence de faire prévaloir le droit de l’Union.

44
Q

Que prévoit l’arrêt CJUE, Melki, 2010 concernant les lois de transposition des directives ?

A

Si une loi reprenant le contenu d’une directive est contestée, le juge national doit « interroger la Cour de justice sur la validité de cette directive » avant d’effectuer son contrôle.

45
Q

Quelle est la conséquence de la QPC Kamel D. (2010) sur le contrôle constitutionnel des lois de transposition des directives ?

A

Le Conseil constitutionnel, dans sa décision QPC Kamel D., du 17 décembre 2010, a jugé que, sauf le cas où serait en cause une règle ou un principe inhérent à l’identité constitutionnelle de le France, il n’est pas compétent pour contrôler la conformité à la Constitution de dispositions législatives qui se bornent à tirer les conséquences nécessaires des dispositions inconditionnelles et précises d’une directive : lorsqu’il est saisi d’une telle loi, il prononce un non-lieu à statuer.

46
Q

Donner un exemple d’une question préjudicielle du Conseil constitutionnel à la CJUE concernant l’interprétation d’un acte de l’Union.

A
  • En 2013, une disposition législative excluait tout recours contre les décisions de la chambre de l’instruction étendant les effets d’un mandat d’arrêt européen, méconnaissant ainsi le principe constitutionnel du droit à un recours juridictionnel effectif.
  • Dans sa décision du 4 avril 2013, le Conseil constitutionnel a posé à la CJUE la question de savoir si cette absence de recours découlait nécessairement des actes de l’Union relatifs au mandat d’arrêt européen.
  • La CJUE a répondu par la négative dans un arrêt du 30 mai 2013, permettant au Conseil constitutionnel de rendre sa décision définitive le 14 juin 2013, censurant la disposition législative en cause.
47
Q

Quels sont les critères de la transmission d’une QPC du premier juge au juridictions suprêmes ?

A
    1. La disposition contestée est applicable au litige ;
    1. Elle n’a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement de circonstances ;
    1. La question n’est pas dépourvue de caractère sérieux

(Article 23-2 de l’ordonnance organique du 7 novembre 1958 telle que modifiée par la loi organique du 10 décembre 2009).

48
Q

Combien de décisions QPC ont été rendues au 31 décembre 2019 ?

A
  • le Conseil constitutionnel a rendu 730 décisions QPC (50% du contrôle de constitutionnalité depuis 1958)
  • 2023 pour le Conseil d’Etat
  • 3432 pour la Cour de cassation
    [A actualiser]
49
Q

Quel est le taux de censure du Conseil constitutionnel ?

A

Environ 25%, ce qui témoigne de la largeur du filtre, puisque le Conseil constitutionnel a le plus souvent jugé que la loi était conforme à la Constitution.

50
Q

En 2015, quels sont les domaines du droit qui ont suscité le plus d’abrogations par le Conseil constitutionnel ?

A
  • le droit pénal et la procédure pénale (42 décisions),
  • le droit processuel (11 décisions),
  • le droit de l’environnement (10 décision),
  • le droit fiscal (10 décisions)
  • la santé publique (7 décisions).

Avec l’introduction de la QPC, de grandes lois qui posaient des problèmes majeurs de constitutionnalité ont été rapidement identifiées par les justiciables et soumises au juge constitutionnel.

51
Q

Quel exemple démontre l’efficacité de la QPC en situation d’urgence ?

A

A l’occasion de la campagne présidentielle de 2017, saisi par une ordonnance du juge des référés du Conseil d’Etat en date du 29 mai 2017, le Conseil constitutionnel a statué dès le 31 mai 2017.
Faisant droit à la requête de l’association En Marche !, il a jugé que la répartition du temps d’antenne entre les candidats à l’élection présidentielle, en octroyant une forte part aux partis déjà représentés à l’Assemblée nationale, affectait l’égalité devant le suffrage dans une mesure disproportionnée.

52
Q

Quelles sont les procédures d’examen d’un engagement international par le Conseil constitutionnel ?

A
  • La procédure dédiée : examen du traité lui-même (article 54 de la Constitution)
  • La procédure indirecte : examen de la loi autorisant la ratification (article 61).
    Dans les deux cas : contrôle a priori.
53
Q

Pourquoi le Conseil constitutionnel refuse de contrôler les traités déjà introduits dans l’ordre interne (avant 1958) ?

A

Il estime en effet qu’un tel contrôle serait contraire à la règle du droit international public, pacta sunt servanda, qui implique que tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi, règle qui a, en France, une valeur constitutionnelle en vertu du Préambule de 1946.

54
Q

Donner un exemple d’un accord international jugé contraire à la Constitution.

A

CC, 15 juin 1999, Charte des langues régionales et minoritaires.
Le Conseil constitutionnel a jugé cette Charte contraire à l’article 1er (indivisibilité de la République, égalité devant la loi et unicité du peuple français) et à l’article 2 (usage français comme langue de la République) de la Constitution.

55
Q

Quand une révision constitutionnelle est-elle nécessaire avant la ratification d’un traité ?

A

Lorsque les stipulations de celui-ci « contiennent une clause contraire à la Constitution, remettent en cause les droits et libertés constitutionnellement garantis ou portent atteinte aux conditions essentielle d’exercice de la souveraineté nationale ».
CC, 19 novembre 2004, Traité établissant une constitution pour l’Europe
CC, 20 décembre 2007, Traité de Lisbonne

56
Q

De quelle jurisprudence découle le critère d’atteinte aux « conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale » ?

A

CC, 22 mai 1985, Protocole sur la peine de mort.
Si des atteintes à des éléments non essentiels sont admises, en revanche, un traité ne saurait mettre en cause des conditions « essentielles » de la souveraineté.

57
Q

Quels transferts de compétence prévus au profit de l’UE mettent en cause les conditions essentielles de la souveraineté nationale ?

A

Dans certaines matières régaliennes, tels que la politique monétaire commune ou la politique de visas externes commune (CC, 9 avril 1992, Maastricht) ou encore la politique commune en matière d’asile, d’immigration et de franchissement des frontières (CC, 31 décembre 1997, Traité d’Amsterdam).

58
Q

Quelles règles de la CPI portent atteinte aux conditions essentielles de la souveraineté nationale ?

A

Les règles de la Cour pénale internationale qui pourraient imposer à la France d’arrêter et de remettre à la Cour une personne à raison de faits couverts, selon la loi française, par l’amnistie ou la prescription (CC, 22 janvier 1999, Cour pénale internationale)

59
Q

En matière de droit fondamentaux, le Conseil constitutionnel considère-t-il qu’il puisse avoir atteinte aux conditions essentielles de la souveraineté nationale ?

A

Non, le Conseil constitutionnel a considéré à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas d’atteinte aux conditions essentielles de la souveraineté nationale. Il a ainsi admis la conformité à la Constitution du protocole prohibant la peine de mort et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

60
Q

Quelles attributions du Conseil constitutionnel traduisent son rôle de gardien de la répartition des compétences entre le législateur et le pouvoir réglementaire ?

A
  • (Article 41). La procédure d’irrecevabilité permet au gouvernement ou au président de l’assemblée concernée d’opposer une fin de non-recevoir à une proposition de loi ou à un amendement qui ne serait pas du domaine de la loi. En cas de désaccord entre eux, l’un ou l’autre peut saisir le Conseil constitutionnel.
  • (Article 37). Au titre de la procédure de déclassement, les dispositions législatives intervenues dans le domaine réglementaire peuvent être modifiées par décret en Conseil d’Etat, à la condition, pour celles qui ont été édictées postérieurement à 1958, que le Conseil constitutionnel ait confirmé leur caractère réglementaire.
61
Q

Pourquoi, depuis 2008, le Conseil constitutionnel contrôle la durée de mise en œuvre de l’article 16 ?

A

Ce nouveau dispositif vise à éviter la situation connue en 1961, où le général de Gaulle avait maintenu l’article 16 en vigueur pendant cent cinquante-neuf jours, alors qu’il n’en avait fallu que trois pour mettre fin au putsh des généraux d’Alger.

62
Q

Sous quelle attribution le Conseil constitutionnel rend-il le plus grand nombre de décision ?

A

En tant que juge électoral (3235 en tout, en 2017).

63
Q

Quels articles de la Constitution donnent au Conseil constitutionnel l’attribution de juge électoral ?

A
  • Article 58 (Juge du contentieux des élections présidentielles),
  • Article 59 (Juge du contentieux des élections parlementaires),
  • Article 60 (veille à la régularité des référendums nationaux).
64
Q

Quel est le rôle du Conseil constitutionnel dans l’élection présidentielle ?

A

Procédure :
Il vérifie la recevabilité des candidatures et les publie au JO, veille à la régularité des opérations électorales, statue sur les réclamations, puis proclame les résultats.

Organisation :
Il peut décider du report de l’élection dans le cas d’un décès/empêchement d’un candidat pendant l’élection (article 7).

Litiges :
Il peut être saisi de recours contre les décisions de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques par le candidat concerné.

65
Q

Pourquoi le contrôle des élections parlementaire par le Conseil constitutionnel représente une innovation et un progrès de l’Etat de droit en 1958 ?

A

Jusqu’à cette date, le contentieux des élections nationales était jugé par les parlementaires eux-mêmes, en l’occurrence la majorité nouvellement élue, qui exerçait un contrôle parfois critiqué pour son manque d’impartialité.
Désormais, le Conseil est le juge de l’élection : il peut être saisi, par les candidats ou les électeurs, de recours contestant la régularité des élections

66
Q

Quel rôle détient le Conseil constitutionnel dans les consultations référendaires ?

A

Le Conseil est chargé de veiller à la « régularité des opérations de référendum » (article 60).
Il contrôle le bon déroulement de la campagne et des opérations de vote, examine les réclamations portées devant lui et proclame les résultats.
Il est compétent pour statuer sur les requêtes dirigées contre les actes préparatoires au référendum (CC, 2000, Hauchemaille).

67
Q

Quelles sont les conditions à réunir pour organiser un référendum d’initiative partagée ? Quelles modifications veut y apporter le projet de révision constitutionnelle « pour un renouveau de la vie démocratique » ?

A

Ce dernier type de référendum peut être organisé, en vertu du troisième alinéa de l’article 11 de la Constitution, à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenu par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales.
Dans la suite des revendications formulées par le mouvement des « gilets jaunes », le projet de révision constitutionnel « pour un renouveau de la vie démocratique » présenté en 2019 envisage une profonde modification de la procédure de référendum d’initiative partagée, avec, en particulier, un abaissement des seuils de déclenchement à un dixième des parlementaires et à un millions d’électeurs.