Insuffisance cardiaque de l'adulte Flashcards
Quelle est la définition de l’insuffisance cardiaque d’après la société européenne de cardiologie ?
- Symptômes d’IC : dyspnée, OMI, fatigue,…
+/- Signes d’IC : tachycardie, crépitants, TJ,… - Associés à une anomalie de structure ou de fonction du cœur entraînant un débit cardiaque insuffisant et/ou des pressions intracardiaques augmentées à l’effort ou au repos
Quelle est la prévalence de l’insuffisance cardiaque dans la population générale ?
1-2%
Quels sont les différents mécanismes compensateurs mis en place par l’organisme dans l’insuffisance cardiaque ainsi que leurs effets délétères à long terme ?
- Mécanismes cardiaques :
- remodelage cardiaque : dilatation ventriculaire (en cas d’altération de la FE) -> augmentation de la contrainte pariétale, hypertrophie des parois (pour faire face à une augmentation de pression systolique : HTA, RA) -> augmentation du travail cardiaque et de la rigidité des parois
- augmentation de l’intropie du ventricule en réponse à l’étirement des fibres (augmentation des pressions de remplissage), jusqu’à une certaine limite de dilatation + tachycardie par activation du système sympathique -> augmentation du travail cardiaque et de la consommation en O2 du cœur
- Mécanismes extracardiaques :
- vasoconstriction par activation du système sympathique et du SRAA, inhomogène (épargne la circulation cérébrale et coronaire aux dépens des territoires cutanés, musculaires, de la rate, du rein,…) -> augmentation du travail cardiaque
- rétention hydrosodée par baisse de la perfusion rénale et diminution de l’excrétion sodée par activation du SRAA -> signes congestifs cliniques
- activation neurohormonale : système sympathique et SRAA principalement -> augmentation du travail cardiaque, effets proarythmiques, effets toxiques directs des catécholamines sur les myocytes,…
Quels sont les deux mécanismes principaux d’insuffisance cardiaque ?
- IC à fonction systolique diminuée = IC à FE basse = IC systolique : définie par une FEVG < 50% (parfois 40% ou 45% selon les définitions), défaut de contraction et donc d’éjection du VG, tendance à la dilatation du VG
- IC à fonction systolique préservée = IC à FE préservée = IC diastolique : définie par une FEVG > 50%, problème de remplissage du VG, en général pas de dilatation du VG mais parois souvent épaissies, + fréquent chez le sujet âgé et la femme, + souvent associé à l’HTA
Quelle est la classification la plus utilisée pour évaluer la dyspnée dans l’insuffisance cardiaque ?
Classification NYHA :
- Stade I : absence de dyspnée, palpitations ou fatigue pour les efforts habituels, aucune gêne ressentie dans la vie courante
- Stade II : dyspnée, palpitations ou fatigue pour des efforts importants habituels, tels que la marche rapide ou en côte ou la montée des escaliers (> ou = 2 étages)
- Stade III : dyspnée, palpitations ou fatigue pour des efforts peu intenses de la vie courante, tels que la marche en terrain plat ou la montée des escaliers (< 2 étages)
- Stade IV : dyspnée, palpitations ou fatigue permanente de repos ou pour des efforts minimes (s’habiller par exemple)
Quels sont les signes radiologiques traduisant la stase pulmonaire dans l’insuffisance cardiaque, par ordre croissant de gravité ?
- Tendance à la redistribution vasculaire de la base vers les sommets
- Œdème interstitiel : lignes B de Kerley, aspect flou des gros vaisseaux hilaires et images réticulonodulaires prédominant aux bases
- Œdème alvéolaire : opacités floconneuses à contours flous partant des hiles vers la périphérie (aspect «en ailes de papillon»), le plus souvent bilatérales mais formes unilatérales possibles
- Épanchements pleuraux uni/bilatéraux
Quelles valeurs de BNP ou NT-proBNP contribuent à éliminer ou confirmer le diagnostic d’insuffisance cardiaque ? Quels sont les facteurs pouvant influencer ces valeurs ?
- Bonne valeur prédictive négative : des valeurs normales de BNP (< 100 pg/mL) ou de NT-proBNP (< 300 pg/mL) rendent le diagnostic d’IC très improbable en présence d’une dyspnée aiguë
- Valeurs seuils en faveur d’une origine cardiaque à une dyspnée :
- BNP > 300 pg/mL ou NT-proBNP > 450 pg/mL chez le sujet < 50 ans
- > 900 pg/mL chez le sujet de 50-75 ans
- > 1800 pg/mL chez le sujet > 75 ans
NB : seuils plus bas pour des présentations cliniques non aiguës
/!\ à interpréter toujours en tenant compte des données cliniques +++ - Facteurs augmentant les valeurs de BNP/NT-proBNP : âge, IR
- Facteur diminuant les valeurs de BNP/NT-proBNP : obésité
Quelles sont les valeurs normales du débit cardiaque et de l’index cardiaque ?
- Débit cardiaque : 5 L/min
- Index cardiaque : 3 L/min/m2
Quelles sont les principales étiologies possibles d’insuffisance cardiaque ?
ICG :
- Cardiopathies ischémiques ++ : conséquence d’un ou plusieurs IDM, ischémie chronique provoquée par une coronaropathie
- HTA : développement d’une hypertrophie cardiaque associée à une fibrose, développement d’une maladie coronaire, altération de la FEVG par augmentation de la postcharge
- Cardiomyopathies (diagnostic d’élimination) :
- cardiomyopathies dilatées (CMD) : familiale monogénique (25%), toxique (alcool, cocaïne,…), myocardite (infectieuse, AI), endocrine (dysthyroïdie), nutritionnelle (carence en B1), grossesse/post-partum, médicaments/chimiothérapie (anthracycline, herceptine)
- cardiomyopathies hypertrophiques (CMH) : CMH obstructive souvent familiale monogénique, glycogénoses (maladie de Fabry)
- cardiomyopathies restrictives (+ rares) : amylose cardiaque
- Valvulopathies gauches
- Troubles du rythme ventriculaire ou supraventriculaire ou de conduction
- Causes péricardiques : épanchement abondant, tamponnade, péricardite chronique constrictive
ICD :
- ICG ++ -> IC globale
- ICD isolée :
- pathologies pulmonaires = cœur pulmonaire : aigu dans l’EP aiguë, chronique dans les séquelles d’EP grave
- HTAP primitive ou secondaire à certaines connectivites (sclérodermie)
- cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
- pathologies tricuspidiennes isolées : IT post-traumatique, post-endocarditique (toxicomane), syndromes carcinoïdes
- infarctus du VD
- péricardite chronique constrictive
IC à débit augmenté : anémies chroniques, FAV, hyperthyroïdie, carence en B1 (béribéri)
Que doit-on évoquer devant un œdème pulmonaire chez un sujet jeune migrant, en particulier s’il s’associe à une fibrillation atriale ?
Valvulopathie rhumatismale, en particulier mitrale
Quels sont les principaux facteurs déclenchants possibles d’une insuffisance cardiaque aiguë ?
- Rupture ou compliance imparfaite au TTT
- Écarts de régime (régime sans sel)
- Surinfection bronchique
- Troubles du rythme (FA)
- Anémie
- EP
- Dysthyroïdie (patient sous amiodarone)
- Causes iatrogènes : AAR déprimant la fonction cardiaque, bêtabloquants, AINS, inhibiteurs calciques, diminution trop importante de la précharge (diuretiques, vasodilatateurs)
- Poussée hypertensive
Quelles sont les principales complications évolutives de l’insuffisance cardiaque ?
- Décès : mortalité de 50% à 5 ans, jusqu’à 40-50% à 1 an dans l’IC grave (NYHA IV), par mort subite (troubles du rythme ventriculaire) ou IC réfractaire au TTT
- Episodes d’IC aiguë nécessitant une hospitalisation pour diurétiques IV ou inotropes (1ère cause d’hospitalisation après 65 ans)
- Troubles du rythme ventriculaire (ESV, TV non soutenues ou soutenues) ou supraventriculaire (FA)
- Complications thromboemboliques : embolies systémiques (AVC) par formation de thrombus dans les cavités gauches favorisée par le bas débit, EP notamment lors des épisodes d’alitement ou d’hospitalisation
- Troubles HE : hypoK, hyperK, hypoNa, IR favorisée par le bas débit et les TTT
- Anémie, carence martiale, SAS
Quels sont les principaux facteurs pronostiques à prendre en compte dans l’insuffisance cardiaque ?
- Clinique : classe NYHA (III ou IV versus I ou II), hospitalisations répétées
- HD : FE basse, débit cardiaque diminué, pressions pulmonaires augmentées
- ECG : BBG
- Bio : hypoNa, augmentation du BNP
- Diminution du pic de consommation en O2 lors de l’épreuve d’effort métabolique
Quelles sont les mesures hygiénodiététiques à mettre en place chez tous les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ?
- Régime pauvre en sel (maximum 5-6 g/j), augmentation ponctuelle des diurétiques en cas d’écart
- Surveillance du poids (consultation rapide si + 2-3 kg en 2-3 jours) et des symptômes (aggravation de la dyspnée, orthopnée, OMI, météorisme abdominal)
- Réduction voire arrêt de la consommation d’alcool, arrêt du tabac ++
- Activité physique régulière et prolongée à un rythme adapté à la dyspnée et en dehors des épisodes de décompensation
- Activité professionnelle : proscrite dans l’IC avérée si elle nécessite des efforts physiques importants, s’il s’agit d’emplois à risque ou si elle implique des horaires décalés, demande d’invalidité envisagée dans les cas les plus graves
- Vaccinations antigrippale et antipneumococcique
- Contraception efficace (contraceptifs minidosés en œstrogènes, DIU)
Quelles sont les différentes étapes de la stratégie thérapeutique dans l’insuffisance cardiaque à FE basse ?
- Étape 1 :
- diurétiques si signes congestifs : diurétiques de l’anse ++ à dose minimale efficace, association aux thiazidiques dans l’IC sévère
- IEC en titration jusqu’à dose maximale tolérée (ARA2 si intolérance)
- bêtabloquants en titration jusqu’à dose maximale tolérée (carvédilol, métoprolol, bisoprolol ou nébivolol)
- antialdostérone (spironolactone ou éplérénone) si persistance d’une symptomatologie NYHA II à IV
- DAI si FEVG < ou = 35% malgré TTT optimal ou si TV symptomatique ou FV (si rythme sinusal)
- Étape 2 (persistance NYHA II à IV et FEVG < ou = 35%) :
- sacubitril/valsartan en remplacement des IEC
- ivabradine (uniquement si rythme sinusal > ou = 70 bpm malgré dose maximale tolérée de bêtabloquant ou si CI/intolérance aux bêtabloquants)
- resynchronisation par stimulation biventriculaire si rythme sinusal et QRS > 130 ms (+/- DAI : stimulateur triple chambre)
- Étape 3 (persistance d’une symptomatologie NYHA II à IV et FE < 35%) :
- envisager digoxine (notamment si FA) ou dérivés nitrés
- assistance ou transplantation en cas d’IC avancée
/!\ Rares cas d’association IEC + ARA2 MAIS CI à l’association IEC + ARA2 + antialdostérone. CI au diltiazem et au vérapamil dans l’IC systolique. CI aux autres AAR (classe I notamment)