Hypersensibilité et allergie cutanéo-muqueuse Flashcards
Urticaire : définition ?
= dermatose inflammatoire fréquente (15% de la population fait une poussée d’urticaire au cours de sa vie), d’évolution aiguë, chronique (> 6 semaines) ou récidivante
Urticaire : physiopathologie ?
= Œdème dermique (urticaire superficiel) ou dermo-hypodermique (urticaire profond ou angio-œdème) : vasodilatation avec augmentation de perméabilité capillaire, liées à la libération par les mastocytes de médiateurs inflammatoires en 3 phases successives : dégranulation avec libération d’histamine, synthèse d’eicosanoïdes (leucotriènes, prostaglandines), sécrétion de cytokines
Mécanisme immunologique
- Hypersensibilité immédiate = anaphylaxie médiée par les IgE ou les IgG4 : présence de récepteurs spécifiques FceRI sur la membrane des mastocytes
- Auto-anticorps de type IgG anti-FceRI fixant le complément
Mécanisme non immunologique
- Apport direct ou libération d’histamine : aliments riches en histamine (fromage…) ou histamino-
libérateurs (crustacés…)
- Défaut d’inhibition de médiateur (α1-antitrypsine, C1 estérase…) : angioedème neurotique par déficit en C1 inhibiteur
- Urticaire cholinergique : libération d’acétylcholine dans certains contextes (effort, émotion…)
- Action pharmacologique de substances exogènes sur le métabolisme de l’acide arachidonique membranaire
Urticaire superficielle ?
= Forme la plus commune, isolée dans 50% des cas, associée à des angiodèmes dans 40% des cas :
- Papules ou plaques érythémateuses ou rosées, ortiées, oedémateuses, à bords nets, sans topographie préférentielle, avec parfois un centre plus clair, restant isolées ou confluant en large plaques à contours géographiques
Urticaire commune (non lié à une vascularite) :
- Fugace : disparition de la lésion en < 24h
- Migratrice
- Prurigineuse
=> Biopsie cutanée indiquée seulement en cas de suspicion d’urticaire par vascularite
Urticaire profonde ?
= Angioedème ou œdème de Quincke : œdème blanc, rosé, hypodermique, touchant la peau ou les muqueuses, isolé dans 10% des cas ou associé à une urticaire superficielle
- Angioedème : tuméfaction ferme, mal limitée, ni érythémateuse ni prurigineuse, avec sensation de
tension douloureuse
- Sièges préférentiels : visage (paupières, lèvres), extrémités des membres, OGE
- Localisation muqueuse au niveau ORL (conditionne le pronostic) : dysphonie, hypersalivation par trouble de la déglutition, avec risque d’asphyxie par œdème de la glotte
=> L’œdème de Quincke peut être le signe inaugural d’un choc anaphylactique
Urticaire : signes associées ?
= surtout dans les formes profuses
- dysphonie, dyspnée, bronchospasme
- tachycardie ou bradycardie, hypotension artérielle
- nausées, vomissements, diarrhées
- céphalées, convulsions
Urticaire : variantes morphologiques ?
- Forme figurée : en anneaux ou arcs de cercle (par guérison centrale et extension centrifuge)
- Forme vésiculo-bulleuse : rare, liée à un œdème très important
- Forme micro-papuleuse : évocatrice d’une origine cholinergique (déclenchée par l’effort, le stress…)
Urticaire aiguë ?
= Généralement épisode unique, rapidement résolutif => aucun bilan nécessaire
- Médicamenteux : β-lactamine, anesthésiques (curare), AINS, aspirine, IEC, produits de contraste iodés, sérums, vaccins
- Alimentaire : poisson, porc, œufs, crustacés, lait, tomate, fraise, chocolat, arachide, noisette, alcool, fruits exotiques, colorants, antioxydants (sulfite)
- Infection virale
- Piqûre d’hyménoptère (abeille, guêpe)
Urticaire chronique : généralités ?
= Evoluant depuis > 6 semaines : chronique (poussées quotidiennes) ou récidivante (intervalle libre entre les poussées)
- Idiopathique : dans la majorité des cas
- Allergique : de contact, médicamenteuse ou alimentaire
- Physique : au froid, à l’effort, urticaire retardée à la pression, par dermographisme, aquagénique (exceptionnel), solaire (exceptionnel)
- Angioedème facial récidivant : foyer infectieux ORL ou dentaire
- Parasitose : hyperéosinophilie, troubles digestifs
- Thyroïdite
- Maladie systémique (arthralgie inflammatoire, arthrite, fièvre…)
- Vascularite : lésions urticariennes peu prurigineuses, fixes pendant plusieurs jours
- Angioedème neurotique héréditaire (angioedème facial récidivant, contexte familial) : déficit en C1 inhibiteur
- Hépatite virale
Urticaire chronique : bilan ?
= Non systématique : seulement en cas d’orientation clinique ou d’échec d’un traitement anti-histaminique pendant 4 à 8 semaines (amélioration < 75%)
Bilan minimal :
- NFS, VS/CRP
- Ac anti-TPO + dosage TSH si taux anormaux
- Electrophorèse des protéines sanguines
Selon le contexte :
- Tests cutanés (prick-test, patch-test), IgE spécifiques
- Tests physiques (au glaçon, à l’effort, à la pression,
frottement par pointe mousse, à l’eau, phototest)
- Examen parasitologique des selles
- Bilan immunologique, biopsie cutanée
- Dosage du complément et du C1 inhibiteur
- Bilan hépatique, sérologie hépatite virale
=> Bilan le plus souvent négatif
Vascularite urticarienne ?
- Lésions urticariennes : de petite taille, peu ou pas prurigineuses, volontiers entourées d’un halo de vasoconstriction, fixes (même place pendant > 24h)
- Purpura associé, avec pigmentation post-lésionnelle transitoire
- Signes associés : fièvre, arthralgies, troubles digestifs, manifestations pulmonaires, rénales, oculaires…
- Bio : augmentation VS/CRP, hypocomplémentémie (syndrome de Mac Duffie)…
=> Biopsie cutanée indiquée : vascularite lymphocytaire, ou plus rarement leucocytoclasique avec nécrose fibrinoïde des petits vaisseaux dermiques, IFD
souvent positive avec dépôts d’IgG, IgM et C3 dans la paroi des vaisseaux
Urticaire : diagnostic différentiel ?
- Eczéma aigu du visage : lésions fixes et suintantes, sans atteinte muqueuse
- Pemphigoïde au stade de placards urticariens
- Erythème polymorphe : confusion entre urticaire annulaire et cocarde (centre foncé)
- Maladie de Still : éruption fébrile à tendance vespérale, maculeuse ou parfois pseudo-urticarienne
Étiologie d’urticaire : urticaire physique généralités ?
= Cause la plus fréquente d’urticaire chronique : urticaire déclenchée par un stimulus physique de la
peau, confirmé par un test physique (après arrêt de tout traitement anti-histaminique pendant 4 jours)
- dermographisme
- urticaire retardée à la pression
- urticaire cholinergique
- urticaire au froid
- …
Urticaire physique : dermographisme ?
= Urticaire immédiate à la pression : stries urticariennes oedémateuses, ortiées, en regard des lésions de grattage, reproduit par le frottement avec une pointe mousse
Urticaire physique : urticaire retardée à la pression ?
- Œdème dermo-hypodermique douloureux, le plus souvent 4 à 8h après une forte pression (plantes des pieds après une longue marche, fesses après station
assise prolongée, paumes des mains après port d’un sac…) - Confirmé par test au poids (port pendant 20 minutes d’un poids > 6 kg sur l’épaule, le bras ou la cuisse), avec lecture tardive
Urticaire physique : urticaire cholinergique ?
- Petites papules urticariennes de 1-5 mm de diamètre, souvent entourées d’un halo de vasoconstriction, siégeant principalement au tronc
- Déclenchées par la chaleur, la sudation, les émotions ou les efforts
- Durée généralement < 30 minutes
- Confirmé par test d’effort musculaire en atmosphère chaude
Urticaire physique : urticaire au froid ?
- Urticaire typiquement des mains et du visage, déclenché à l’eau ou l’air froid, la pluie, la neige ou la baignade
- Confirmé par le test au glaçon, ou l’immersion du bras dans l’eau glacée sous surveillance hospitalière
- Généralement idiopathique, ou parfois liée à une virose, une dysglobulinémie, une cryoglobulinémie, une cryofibrinogénémie ou des agglutinines froides
=> Protection contre le froid, éviter les aliments glacés
=> Précaution lors des baignades (risque de malaise)
Urticaire physique : causes rares ?
- Urticaire aquagénique : lésions identiques à l’urticaire cholinergique, déclenché au contact de l’eau, reproduite par l’application d’une compression mouillée à 37° pendant 30 minutes
- Urticaire solaire : survenant dans les 1ère minutes d’exposition des zones habituellement couvertes, confirmée par des photo-test qui précisent la dose urticairienne minimale et les longueurs d’onde responsable (visible, UVA, UVB)
- Autres causes (exceptionnelles) : urticaire au chaud, urticaire vibratoire
Etiologie d’urticaire : urticaire de contact ?
- Immunologique (IgE-dépendant) : allergie au latex, alimentaire, médicamenteuse, animal…
=> Apparition rapide (< 30 minutes) après contact, possible généralisation en choc anaphylactique - Non immunologique : orties, méduse, chenilles processionnaires…
=> confirmée par test cutanés ouverts, prick test et dosage des IgE spécifiques
Etiologie d’urticaire : urticaire alimentaire ?
- « Pseudo-allergie » alimentaire (dans l’urticaire chronique surtout) : aliments histamino-libérateurs,
riches en histamine ou en tyramine, consommés en grandes quantités (crustacés, thon, fromages
fermentés, thé, café…) - Allergie vraie, IgE dépendante (dans l’urticaire aiguë surtout) : rapidement après ingestion (quelques
minutes à 2h), IgE spécifiques augmentée, prick-test positif, test d’éviction-réintroduction
Etiologie d’urticaire : urticaire médicamenteuse ?
= Cause fréquente d’urticaire aiguë, plus rarement d’urticaire chronique
- Allergique (< 10%) : délai entre la prise et le début des symptômes < 45 mins, durée des symptômes < 24h, sévérité des manifestations ( > grade II)
Non allergique :
- Angioedème aux IEC : lésions plusieurs jours, voire semaines, après la prise
- Pharmacologique
- Histamino-libération non spécifique : codéine…
- Accumulation de métabolites pro-inflammatoires : aspirine, AINS…
=> Tout médicament peut être responsable d’une urticaire (quelle que soit la voie d’administration)
=> confirmation par les test cutanées (prick test, IDR) et dosage des IgE spécifiques et si nécessaire test de réintroduction orale ou parentérale
Etiologie d’urticaire : urticaire infectieuse ?
- Virose = hépatite B, EBV, CMV… : cause classique d’urticaire, généralement aiguë
- Parasitose = giardiose, ascaridiose, toxocarose… : généralement chronique, avec hyperéosinophilie et
symptomatologie évocatrice - Foyer infectieux ORL ou dentaire (granulome apical, sinusite chronique…) : angioedèmes cervico-
faciaux récidivants
Etiologie d’urticaire : angiodème neurotique généralités ?
= Déficit quantitatif (généralement) ou qualitatif en inhibiteur de C1 estérase
- Episodes récidivants d’angioedème sans urticaire superficielle, respectant les paupières, prédominant
aux extrémités et aux OGE, avec risque d’atteinte laryngée
- Durée > 24h, antihistaminique, corticoïdes et adrénaline inefficaces
- Atteinte digestive (fréquente, trompeuse) : douleurs abdominales, syndrome pseudo-occlusif
- Facteurs déclenchant : traumatisme (chirurgie, endoscopie), médicaments (oestrogènes…)
- Héréditaire dans la majorité des cas : transmission autosomique dominante
- Secondaire (rare) : néoplasie (lymphome), MAI, infection
- Diagnostic : chute C1 inhibiteur, C2 et C4, C3 normal
Etiologie d’urticaire : angiodème neurotique traitement ?
Préventif = Indiqué si ≥ 1 crise/mois
- Androgène = danazol : augmente la synthèse hépatique de C1 inhibiteur
- Acide tranexamique en 2nd intention : inhibe la consommation de C1
Curatif = Traitement de crise
- Acide tranexamique si crise peu importante
- En cas de crise grave : hospitalisation, perfusion de C1 inhibiteur purifié ou injection d’icatibant et/ou corticothérapie forte dose
Etiologie d’urticaire : idiopathique, psychogène et piqures d’insectes ?
- Urticaire idiopathique : majorité des urticaires chroniques (50 à 80%), prédominance féminine
- Urticaire psychogène : rôle du stress et de l’anxiété
- Urticaire par piqûres d’insectes : isolée ou associée à des manifestations d’anaphylaxie, confirmée par des prick-test et surtout IDR et dosage des IgE spécifiques
Urticaire : mesures associées au traitement ?
- Eviction d’un médicament, aliment ou agents contact
- Suppression du facteur physique déclenchant
- Traitement d’une infection ou d’une maladie systémique
- Kit d’adrénaline auto-injectable en cas de risque de réaction anaphylactique grave
Traitement de l’urticaire : anti-histaminique H1 ?
De 1ère génération
= Dexchlorphéniramine Polaramine®, hydroxyzine Atarax®, méquitazine
- EI : anticholinergique, sédatif
- CI : glaucome, adénome prostatique, association IMAO et méquitazine
Indication :
- Urticaire avec composante anxiogène
- En 2nd intention associé aux anti-H1 de 2nd génération
De 2nd génération
= Bilastine, desloratadine (Aerius®), lévocétirizine, cétirizine, ébastine, fexofénadine, loratadine,
mizolastine, oxatomide
- EI : effet sédatif beaucoup moins marqué, prise de poids
- Indication : en 1ère intention
- Enfant < 2 ans : méquitazine, oxatomide
- Enfant > 2 ans : + cétirizine, loratadine
- Grossesse 2 premiers trimestres : dexchlorphéniramine
- Grossesse 2 derniers trimestres : cétirizine
=> Association d’antihistaminiques possible, en évitant d’associer des molécules avec action myocardique (allongement du QT, sans action myocardique : cétirizine, féxofénadine)
Traitement de l’urticaire : anti-histaminique H2 ?
= Cimétidine, famotidine, nizatidine, ranitidine : aucun effet en monothérapie
- Associé aux antihistaminiques H1 en cas d’urticaire chronique rebelle
Traitement de l’urticaire : médicament bloquant la dégranulation mastocytaire ?
= Efficacité moindre, utilisés en 2nd intention
- Kétotifène : association aux anti-H1 dans certains urticaires cholinergiques
- Anti-leucotriène = montélukast : efficacité modérée, hors AMM
- Psychotrope (en cas de retentissement psychique important) : antidépresseur tricyclique
(doxépine), benzodiazépine, anti-sérotoninergique
Traitement de l’urticaire : corticoïdes ?
= En association aux anti-H1, sur une courte durée (3 à 5 jours)
Indication :
- IV associé à l’adrénaline en cas d’œdème de Quincke
- Formes profuses (avec risque de rebond à l’arrêt), à éviter
=> Jamais utilisé au long cours dans la prise en charge de l’urticaire