Risque et conduite suicidaire Flashcards
Suicide : définitions des différents termes ?
Conduite suicidaire = suicide, tentative de suicide, idées de suicide ou équivalent suicidaire
- Suicide = acte délibéré d’en finir avec sa propre vie, entraînant le décès de l’individu
- Tentative de suicide = acte délibéré visant à accomplir un geste de violence sur sa propre personne avec intention de mourir, sans issue fatale : avérée (effectuée), interrompue (stoppée par un tiers) ou avortée (stoppée par l’individu lui-même)
=> Exclut les conduites addictives, les automutilations répétées (scarification) et les refus de s’alimenter et refus de soins
- Idée suicidaire = pensée de se donner la mort, élaboration consciente d’un désir de mort, qu’il soit actif ou passif
- Menace suicidaire = expression des idées suicidaires
- Equivalent suicidaire = conduite à risque mettant en jeu la vie du sujet sans qu’il en ait réellement conscience
- Suicidant (individu survivant à une tentative de suicide) ≠ suicidé (décédé) ≠ suicidaire (individu ayant des idées suicidaires)
Idées suicidaires : épidémiologie ?
- 6% des garçons et 12% des filles entre 15 et 19 ans ont déclarés avoir eu des idées suicidaires
- Prévalence vie entière = 13% en population générale > 18 ans
- FdR de passage à l’acte : chronicité des idées suicidaires et élaboration d’un plan suicidaire
Tentatives de suicide : épidémiologie ?
= Evaluée à partir des causes d’hospitalisation, d’enquêtes et par le réseau sentinelle
- Prévalence = 5,5% de la population de 15 à 85 ans, 150 000 à 200 000/an soit toutes les 4 mins en France
- Prédominant chez les femmes (4/1) et chez les sujets jeunes (20-25 ans chez la femme, 15-19 ans chez l’homme), puis diminue avec l’âge
- Principaux modes utilisés : intoxication médicamenteuse volontaire, phlébotomie
- 1/3 de récidives (22% des hommes, 35% des femmes): 40% de récidive, dont 50% dans l’année suivante
- Réitération suicidaire = mortalité par suicide après une 1ère TS : 1% dans l’année, 10% au cours de la vie
Suicide : épidémiologie ?
= Evalué à partir des certificats de décès : sous-estimé (incertitude sur l’intentionnalité de l’acte)
- 10 000 décès/an en France soit toutes les 40 mins en France, avec une prédominance masculine (3/1), et surtout chez l’homme âgé
- Nombre de suicide plus élevé chez l’homme entre 35-45 ans et chez le sujet âgé > 85 ans
- 2ème cause de mortalité chez les 15-25 ans et 1ère
cause de mortalité chez les 25-35 ans
- Terrain à risque : veuf, et à moindre niveau personne divorcée
- Mode : pendaison (homme ++), armes à feu, intoxication médicamenteuse volontaire (femme ++)
- Autopsie psychologique : 90% des suicidés présentent au moins un trouble mental lors du décès
Crise suicidaire : généralités ?
= Crise psychique dans un contexte de vulnérabilité, avec l’expression d’idées et d’intentions suicidaires
- Risque majeur = tentative de suicide et suicide aboutit (décès par suicide)
- Dépassement des ressources d’adaptation du sujet, avec sensation d’être dans l’impasse et majoration des idées suicidaires, qui va progressivement apparaître comme l’unique solution permettant au sujet de sortir de l’état de crise
- Etat réversible et temporaire, généralement progressif sur 6 à 8 semaines
Crise suicidaire : clinique ?
1er temps
- Symptômes dépressifs et/ou anxieux non spécifiques
- Appétence alcoolique, tabagique et substances illicites
- Prise de risque inconsidérés
- Retrait par rapport aux marques d’affection et au contact physique
- Isolement
2nd temps
- Sentiment de désespoir
- Souffrance psychique intense
- Réduction du sens des valeurs
- Cynisme, goût pour le morbide
- Recherche soudaine d’armes à feu, de moyens létaux
- Possible accalmie lors de l’évolution : craindre un syndrome de Ringel ou un comportement de départ
(rédaction de lettres, dispositions testamentaires, dons…)
Crise suicidaire : syndrome de Ringel ?
= Envahissement fantasmatique par des idéations suicidaires : à très haut risque
- Calme apparent, attitude de retrait, diminution de la réactivité émotionnelle, de la réactivité affective, de l’agressivité et des échanges interpersonnels
Repérage de la crise suicidaire : généralités ?
= Repérage de la crise suicidaire selon 3 axes principaux :
- Expression d’idéations suicidaires ou d’intention suicidaire
- Manifestations d’une situation de crise psychique
- Contexte de vulnérabilité
Repérage de la crise suicidaire : chez l’enfant ?
= expression des idées et des intentions suicidaires à partir de 5-6 ans chez l’enfant
- TS : principalement par pendaison, strangulation et défenestration
- Signes de crise psychique : plainte somatique mal étiquetée, repli, isolement, troubles de communication, trouble des apprentissages, hyperactivité, énurésie, encoprésie, blessures à répétition, préoccupations exagérées pour la mort, tendance à être le souffre-douleur des autres
- Facteurs de vulnérabilité: isolement affectif, bouleversements familiaux, entrée au collège, maltraitance
Repérage de la crise suicidaire : chez l’adolescent ?
- Idées et intentions suicidaires : fréquemment évoquées, parfois motif suffisant d’intervention
- Signes de crise psychique : baisse des résultats scolaires, hyperactivité, attirance pour la marginalité,
conduites excessives ou déviantes, conduites ordaliques (remet sa survie au hasard), anorexie ou
boulimie, prises de risque inconsidérées (sexuelles…), violence sur soi ou sur autrui, fugue - Facteurs de vulnérabilité : isolement affectif, rupture sentimentale, échec (notamment scolaire), conflits d’autorité, maladie chronique ou handicap
Repérage de la crise suicidaire : chez l’adulte ?
- Idées et intentions suicidaires : peu fréquemment exprimées, en dehors de la relation avec le médecin
ou de façon très manifeste dans la famille - Signes de crise psychique : ennui, sentiment de perte de rôle, d’échec, d’injustice, d’être en décalage, perte d’investissement au travail, difficultés relationnelles, difficultés conjugales, incapacité à supporter une hiérarchie, arrêts de travail à répétition ou au contraire surinvestissement au travail, consultations répétées pour des symptômes aspécifiques (douleur, asthénie…)
- Facteurs de vulnérabilité : statut conjugal, social et professionnel précaire, ambiance délétère au
travail (± harcèlement), toxicomanie, situation de violence, atteinte narcissique, émigration, maladie
Repérage de la crise suicidaire : chez le sujet âgé ?
- Idées et intentions suicidaires : rarement exprimées
- Signes de crise psychique : repli sur soi, refus de s’alimenter, manque de communication, perte d’intérêt pour les activités, refus de soin
- Facteurs de vulnérabilité : état dépressif caractérisé, affection médicale générale potentiellement handicapante ou douloureuse, conflits, changement d’environnement, veuvage, isolement
Repérage de la crise suicidaire : chez le patient psychiatrique ?
- Idées et intentions suicidaires : expression très variable d’un sujet à l’autre, facile ou dissimulée
- Signes d’augmentation du risque : isolement avec décision de rupture de contact (visite de l’infirmier
de secteur…), réduction et abandon des activités, exacerbation des différents signes de la maladie
=> La maladie est en soi un facteur de vulnérabilité
Evaluation de la crise suicidaire : risque ?
- Echelle d’évaluation du risque suicidaire (peu utilisé) : échelle de désespoir de Beck…
Eléments individuels
- Antécédents personnels de tentative de suicide ++
- Diagnostic de trouble mental : anorexie mentale, trouble de l’humeur, anxieux, de la personnalité (cluster B surtout), psychotique, addiction (alcool ++, drogue)…
- Estime de soi : faible ou fortement ébranlée
- Tempérament et style cognitif : impulsivité, rigidité de la pensée, colère, agressivité
- Expression d’idées suicidaires
- Santé physique : problème de santé physique handicapant ou douloureux
Eléments familiaux
- Antécédents suicidaires familiaux (suicides et tentatives de suicide)
- Antécédents personnels de violence, ou d’abus physique, psychologique ou sexuel
Evénement de vie
- Elément déclencheur : élément récent amenant le sujet en état de crise
- Situation économique : difficulté économique
- Isolement social : réseau social pauvre ou inexistant, problèmes d’intégration
- Séparation ou perte récente
- Difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles, placement durant l’enfance/adolescence en foyer d’accueil, détention…
- « Imitation » suite au suicide d’un proche
- Difficultés légales : infractions, délits
- Pertes, échecs ou événements humiliants
Facteur de protection
- Résilience = capacité à fonctionner de manière adaptée en présence d’évènements stressants et de faire face à l’adversité
- Soutien familial et social, avoir des enfants, des amis, croyance religieuse
Evaluation de la crise suicidaire : urgence ?
- Niveau de souffrance élevé : désarroi, repli sur soi, isolement relationnel, sentiment de dévalorisation, d’impuissance ou de culpabilité
- Degré élevé d’intentionnalité : scénario suicidaire envisagé, dispositions préparées (matériel…), aucune autre alternative envisagée que le suicide (idées envahissantes, ruminations anxieuses, recherche d’aide et attitudes par rapport aux soins), intention communiquée à un tiers
- Impulsivité : tension psychique, instabilité comportementale, agitation, attaque de panique,
antécédents de passage à l’acte, de fugue ou d’actes violents - Manque de soutien familial