Addiction à l'alcool Flashcards

1
Q

Addiction à l’alcool : généralités ?

A
  • 1ère substance psychoactive consommée en France = 11 à 12 L d’alcool pur/an/habitant (pour 6L de moyenne mondiale)
  • 2ème cause de mortalité évitable = 49 000 morts/an : cancer (1/3), cardiovasculaire, neurologique, accidents de la route
  • 3ème facteur de risque de morbidité au niveau mondial (après l’HTA et le tabac)
  • Mésusage : 5 millions de personnes avec consommation à risque, dont 1,5 millions de personnes dépendantes
    => 2 sur 3 des consommateurs ayant une consommation à risque n’ont pas de dépendance évidente : la moitié des décès prématurés liés à l’alcool concerne des consommation excessive sans dépendance

Répartition :

  • Alcoolisation plutôt aiguë chez les jeunes et plutôt chronique chez les sujets plus âgés
  • Chez les femmes : prise d’alcool le plus souvent solitaire à domicile, fréquemment associée à une prise de psychotropes, comorbidité dépressive associée dans 2/3 des cas
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2
Q

Addiction à l’alcool : physiopathologie ?

A

Alcool = éthanol : molécule psychoactive, neurotoxique

  • joue un rôle dans les processus addictifs progressifs
  • systèmes perturbés (entre autres) : cholinergique, sérotoninergique, dopaminergique, GABAergique, glutamatergique, opioïdergique
  • joue un rôle sur le système de la récompense : modification de l’activité de certains neurones de l’aire tegmentale ventrale qui libère de la dopamine vers le noyau accumbens et vers le cortex pré-frontal, renforçant le comportement
  • Verre standard = 25 cl de bière, 10 cl de vin, 3 cl d’alcool fort = 10 g d’alcool pur => alcoolémie de 0,2 g/L
  • Calcul : quantité en mL x degré d’alcool x 0,8/100 = quantité (en L) x degré d’alcool x 8
  • Absorption rapide : alcoolémie maximale en 30 à 40 minutes
  • Elimination lente = 0,10 à 0,15 g/L/h : hépatique majoritairement, et pulmonaire, rénale, sudorale
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3
Q

Addiction à l’alcool : seuils de risque ?

A
  • Majorité des consommateurs : consommation conviviale, non dangereuse (usage simple ou consommation modérée), modulée par la présence ou non de situations à risque (conduite de véhicule, prise médicamenteuse, grossesse…)

Usage simple
= Niveau de risque OMS (en dehors de toute situation à risque)
- ≤ 2 verres/jour quelque soit le sexe
- ≤ 10 verres/semaines
- ≤ 4 verres/occasion
- Abstention au moins ≥ 1 jour/semaine
Seuil abaissé
- Situation à risque : conduite de véhicule, travail sur machine dangereuse, poste de sécurité, situation requérant une certaine vigilance et attention…
- Risque individuel : consommation rapide, associée à d’autres produits (psychoactif, médicament), affection organique, âge < 25 ans, faible poids, sexe, grossesse

Mésusage

  • Usage à risque = au-delà des seuils prédéfinis : risque de dommages physiques, psychiques, sociaux
  • Usage nocif = mésusage sans dépendance : complication organique sans critère de dépendance

Dépendance
= Alcoolo-dépendance = addiction : dépendance psychologique et/ou physique
- Signes psychiques : quantité/durée de prise plus importante que prévue, incapacité à contrôler la prise, augmentation du temps passé à se procurer de l’alcool, l’utiliser ou récupérer de ses effets, réduction des activités, poursuite malgré un problème psychologique ou physique en rapport avec l’alcool
- Tolérance : augmentation de la quantité de substance nécessaire pour obtenir l’effet désiré
- Signes de sevrage: syndrome de sevrage ou prise d’autre substance pour l’éviter

Alcoolisation ponctuelle importante
= « Binge drinking » : ≥ 5 verres en 1 occasion
- Surtout chez les adolescents et jeunes adultes : 30% des 15-19 ans
- Association avec des conduites à risque

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4
Q

Addiction à l’alcool : étiologie ?

A

Alcoolisme primaire (70%)

  • Facteurs génétiques de vulnérabilité individuelle (40-60% des dépendances) : influençant le métabolisme de l’alcool, les effets positifs ou négatifs, ou le risque de développer une complication
  • Facteurs socio-culturels : profession à risque, milieu social défavorisé, immigration récente, chômage, incitations fortes (publicité, prix modéré, nombre élevé de débits de boissons, tolérance de l’opinion, intérêt économique…)
  • Facteurs de personnalité : impulsivité, recherche de sensations, immaturité…

Alcoolisme 2ndr = Conduite alcoolique secondaire à un trouble psychiatrique ou un trouble de la personnalité

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5
Q

Addiction à l’alcool : dépistage ?

A

Questionnaire AUDIT-C = Alcohol used disorders
identification test
- Fréquence de consommation : jamais, 1/mois, 2-3/mois, 2-3/semaine ou ≥ 4/semaine
- Nombre de verre lors d’une journée où l’on boit de l’alcool : 1-2, 3-4, 5-6, 7-9 ou ≥ 10
- ≥ 6 verres en une occasion : jamais, < 1/mois, > 1/mois, 1/semaine ou quasi- quotidien
=> Risque de consommation excessive d’alcool : score > 4 (homme) ou > 3 (femme)
=> Consommation excessive ou dépendance : score > 8 (homme) ou 7 (femme)

Questionnaire DETA = Diminuer, Entourage, Trop, Aube
- Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de boissons alcoolisées ?
- Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation ?
- Avez-vous déjà eu l’impression que vous buviez trop ?
- Avez-vous déjà eu besoin d’alcool dès l’aube pour vous sentir en forme ?
=> Trouble de l’utilisation de l’alcool probable si ≥ 2 réponses positives

Questionnaire FACE = 2 premières questions de l’AUDIT-C + 3 dernières questions du DETA

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6
Q

Intoxication alcoolique aiguë : ivresse simple ?

A

= Manifestation comportementale de l’action de l’alcool sur le fonctionnement cérébral (substance réticulée, noyaux vestibulaires, cervelet et cortex)
- Jovialité, hypomanie, propos incohérents, dysarthrie, troubles cérébelleux, vertiges

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7
Q

Intoxication alcoolique aiguë : ivresse pathologique ?

A
  • Excito-motrice : impulsivité, possibles crises clastiques avec auto/hétéro-agressivité
  • Délirante : idée délirante de persécution, de jalousie, de grandeur et/ou hallucinations
  • Dépressive ou hypomaniaque
    => Plus fréquent en présence de troubles de la personnalité, surtout sociopathique, ou d’un trouble
    cérébral organique associé
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8
Q

Intoxication alcoolique aiguë : ivresse convulsivante ?

A

= Par abaissement du seuil épileptogène : généralement crise généralisée unique au cours d’une
intoxication aiguë chez un buveur occasionnel, ne nécessitant pas de traitement

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9
Q

Intoxication alcoolique aiguë : coma éthylique ?

A

= Encéphalopathie (souvent pour une alcoolémie > 3 g/L) : obnubilation, stupeur, jusqu’au coma
- Coma calme, hypotonique, sans signe de focalisation, mydriase bilatérale symétrique
- Signe respiratoire : dépression respiratoire avec risque d’anoxie
- Signes circulatoires : hypotension artérielle, bradycardie, collapsus cardiovasculaire
- Hypothermie
=> Rechercher systématiquement une hypoglycémie, une acidocétose ou une hyponatrémie

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10
Q

Intoxication alcoolique chronique : signes d’imprégnation chronique ?

A
  • Signes cutanéo-muqueux : varicosités faciales, injection conjonctivale, hypersudation
  • Signes cardiovasculaires : HTA systolique, tachycardie
  • Signes neuro-végétatifs : tremblement des extrémités, polynévrite, irritabilité
  • Hépatomégalie, parotidomégalie

Bio

  • augmentation VGM : marqueur tardif, peu sensible (1/3 des patients), normalisation en 3 mois
  • augmentation GGT : peu sensible (1/2), spécificité médiocre, normalisation en 4 à 10 semaines
  • Transferrine désialysée = CDT (carbohydrate deficient transferin) : peu sensible, très spécifique, normalisation en 2 à 5 semaines => utilisé seulement en médico-légal
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11
Q

Intoxication alcoolique chronique : signes psychiques de dépendance ?

A
  • Envie irrépressible d’alcool, perte de contrôle des quantités d’alcool consommées
  • augmentation des doses quotidiennes nécessaires pour obtenir les mêmes effets : tolérance progressive
  • Envie de boire persistante malgré les conséquences négatives de l’alcoolisation pathologique
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12
Q

Intoxication alcoolique chronique : syndrome de sevrage ?

A

= Signe de dépendance physique : lors d’un sevrage total ou partiel, après une consommation importante et prolongée, dans les 12-24h suivant l’arrêt (jusqu’à 1 mois), non systématique (60%)

  • Neuromusculaires : tremblements des mains et de la langue, myalgies, crampes, paresthésies
  • Digestifs : nausées, vomissements, anorexie, diarrhée
  • Neurovégétatifs : sueurs, tachycardie, hypotension orthostatique, hypertension artérielle
  • Psychique : anxiété, humeur dépressive, irritabilité, hyperémotivité, insomnies, cauchemars, hallucinations, syndrome confusionnel
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13
Q

Intoxication alcoolique chronique : accident de sevrage => convulsion ?

A

= Convulsions généralisées tonicocloniques ± récidivante, généralement sans état de mal, chez le sujet jeune ++
- Précoce 1 à 2 jours après sevrage, possiblement sans autre symptôme de sevrage
=> Eliminer systématiquement une autre cause : traumatisme crânien, hématome intracrânien…

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14
Q

Intoxication alcoolique chronique : délirium tremens ?

A
  • Facteurs prédisposant/aggravants : infection, stress, intervention chirurgicale
  • Sujets à risque : consommation ancienne et massive, alcoolo-dépendance sévère, antécédents d’accidents de sevrage, dépendance à d’autres substances psychoactives
  • Survenue brutale ou précédé de signes de sevrage discrets (cauchemar, anxiété, tremblement, sueurs, vomissements…)
  • Grand état d’agitation psychomotrice
  • Troubles de la conscience : syndrome confusionnel, désorientation temporo-spatiale
  • Tremblements intenses généralisés, prédominant aux extrémités et à la langue
  • Hypertonie oppositionnelle
  • Délire onirique avec vécu délirant intense
  • Hallucinations multiples, surtout visuelles avec zoopsies
  • Troubles végétatifs: sueurs profuses, tachycardie, hypertension artérielle
  • Signes digestifs : diarrhée, nausées, vomissements
  • Hyperthermie
  • Déshydratation intracellulaire et extracellulaire
    => Score de Cushman : FC, PAS, FR, tremblements, sueurs, agitation, troubles sensoriels

TTT
=> Transfert en USI souvent nécessaire
- Benzodiazépines IV : 1/h jusqu’à endormissement, puis toutes les 4 heures
- Perfusion hydro-électrolytique abondante en cas d’hypersudation
- Vitaminothérapie B1-B6 IV
- 2nd ligne : corticothérapie IV ou neuroleptique

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15
Q

Addiction à l’alcool : complications ?

A

Système digestif
- Hépatique : hépatite alcoolique aiguë, stéatose
hépatique, cirrhose, cancer hépatique
- Pancréatique : pancréatite aiguë, pancréatite
chronique, cancer du pancréas
- Digestive : diarrhées motrices, oesophagite, gastrite

Néoplasique

  • Cancer des voies aéro-digestives supérieures
  • Cancer du foie, cancer du pancréas
  • Cancer épidermoïde de l’œsophage
  • Cancer colorectal
  • Cancer du sein

Cardio-vasculaire

  • HTA
  • Troubles du rythme
  • Cardiomyopathie dilatée

Métabolique

  • Hypoglycémies
  • Hypertriglycéridémie et hypercholestérolémie
  • Obésité ou dénutrition, hyperuricémie et goutte

Neurologique
- Encéphalopathie : Gayet-Wernicke, encéphalopathie
pellagreuse, encéphalopathie hépatique
- Troubles cognitifs : syndrome de Korsakoff, maladie
de Marchiafava-Bignami, démence alcoolique
- Epilepsie
- Atrophie cérébelleuse
- Neuropathie périphérique : optique, sensitive

Psychiatrique

  • Comorbidité addictive : tabac (80%), toxicomanie (5%)…
  • Trouble anxieux : attaque de panique, trouble panique…
  • Trouble de l’humeur : épisode dépressif, trouble bipolaire
  • Risque suicidaire : surtout à l’alcoolisation aiguë et sevrage

Hématologique
- Leucopénie, thrombopénie, anémie : par toxicité directe, hépatopathie et carence nutritionnelle

Ostéo-musculaire

  • Ostéonécrose de la tête fémorale
  • Ostéoporose, ostéomalacie
  • Rhabdomyolyse

Grossesse
- Syndrome d’alcoolisation fœtale : dysmorphie, retard mental
- Exposition fœtale à l’alcool : retard mental, trouble de
l’apprentissage…

Traumatique

  • Traumatisme crânien
  • Hémorragies cérébrales ou méningées

Dermatologique

  • Lipomatose de Launois-Bensaude, rhinophyma
  • Aggravation d’un psoriasis

Néphrologique
- Glomérulonéphrite à IgA

Retentissement social
- Violence, accident, isolement, désinsertion professionnelle

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16
Q

Addiction à l’alcool : critères pour conclure à une complication liée à l’alcool?

A

= 5 critères :
- Mésusage d’alcool prolongé
- Complication connue du mésusage d’alcool
- Tableau évocateur d’une étiologique alcoolique (augmentation prédominante des ASAT…)
- Elimination des autres causes (même chez un buveur très excessif)
± Amélioration à l’arrêt ou à la réduction de l’usage d’alcool : variable selon la complication

17
Q

Addiction à l’alcool : traitement ?

A

Consommation à risque ou usage nocif
=> Intervention brève (5-20 minutes) en 1 ou plusieurs sessions : validé en soins primaires et urgence
- Evaluation de la consommation d’alcool chez tout patient
- Information sur les risques encourus et les avantages à l’arrêt si consommation excessive
=> 30% des consommateurs à risques modifient leur consommation au décours

Alcoolisation aiguë
=> Eliminer une pathologie intercurrente : hypoglycémie, autre intoxication, AVC hémorragique…
- Ivresse simple : repos au calme, apport d’eau, surveillance
- Ivresse pathologique : hospitalisation et surveillance en milieu psychiatrique ± neuroleptiques

Alcoolo-dépendance
= Sevrage :
- En ambulatoire si motivation suffisante, en l’absence de terrain vulnérable, d’isolement, de dépendance sévère ou associée aux benzodiazépines ou d’atcd de sevrage compliqué
- En hospitalier sinon
- Hydratation correcte : 2 à 3 L/jour, si possible orale, avec vitaminothérapie B1-B6-PP orale ou IV
- Benzodiazépine à demi-vie longue jusqu’à disparition des symptômes de sevrage, avec décroissance
progressive, généralement sur 7 à 10 jours : valium (Diazépam®)
=> En cas de contre-indication (insuffisance hépatique) : sevrage hospitalier, benzodiazépine si besoin,
préférer une benzodiazépine métabolisée par conjugaison (plutôt qu’oxydation) comme le lorazépam
- Suites : accompagnement médico-psychosocial multidisciplinaire, coordonnée par un addictologue
=> 1/3 d’abstinence totale, 1/3 de rémission partielle et 1/3 de rechute

Au long cours

  • Acamprosate : réduit le craving « négatif » lié au stress, contre-indiqué si insuffisance rénale
  • Naltrexone : diminue les effets de récompense, CI si IHC sévère ou prise d’opiacés
  • Disulfiram (2nd intention) : antabuse = bouffées de chaleur, nausées, vomissements, tachycardie, malaise
  • Nalméfène : lutte contre le craving, prise à la demande (1/jour), CI si prise d’opiacés
  • Baclofène (AMM depuis 2018) : absence ou réduction de consommation (2nd intention)
  • Mesures associées : psychothérapie individuelle (TCC) et de groupe (AA…)
  • Lieu de PEC : médecin généraliste, psychiatre, addictologue, CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), CMP, SSR d’addictologie, établissement psychiatrique