Lupus érythémateux disséminé Flashcards

1
Q

Lupus érythémateux disséminé : généralités ?

A

= lupus systémique : connectivite fréquente, protéiforme et spontanément grave, caractérisée par la production d’Ac anti-nucléaires, particulièrement dirigés contre l’ADN natif

  • Parfois associé à un syndrome des Ac anti-phospholipides (SAPL) : thromboses récidivantes + Ac anti-phospholipides
  • Prévalence = 1/2200 (maladie rare), prédominance féminine (85%), généralement en période d’activité génitale
  • Plus fréquente et plus grave chez les sujets non caucasiens (noire, asiatique), notamment Antillais
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2
Q

Lupus érythémateux disséminé : physiopathologie ?

A

Prédisposition génétique
- Concordance chez des jumeaux : 5% si dizygotes, 25-50% si monozygotes
- Anomalies polygéniques : anomalie des cellules dendritiques, interférons, lymphocytes B et T, de la
transduction du signal, de la transformation des complexes immuns et de l’immunité innée
- Mutation monogénique prédisposant (exceptionnel) : déficit en voie classique du complément (C1q,
C2, C4), surexpression d’interféron α…

Facteur environnemental

  • Rayons UV : favorise l’apoptose des kératinocytes
  • Virus (EBV surtout) : activateurs polyclonaux possédant des Ag proches de protéines du soi (Sm…)
  • Médicaments : minocycline, carbamazépine, interféron, anti-TNFα, β-bloquants
  • Facteurs hormonaux : oestrogènes
  • Silice, tabac

Mécanismes cellulaires en cause
- Défaut de clairance des cellules en apoptoses => accumulation de débris cellulaires, notamment de
corps apoptotiques contenant des Ag majeurs (chromatine et ses constituant : ADN natif, histone,
nucléosome, ribo-nucléoprotéines (Sm, RNP, SSA, SSB), phospholipides membranaires) => captation
par les cellules dendritiques => activation de lymphocytes T auto-réactifs contrôlant la sécrétion d’Ac par des lymphocytes B, dirigés contre ces Ag : production d’auto-Ac anti-nucléaires, détectables
plusieurs années avant l’apparition des 1ère manifestations
- Dépôts d’Ac dans les tissus (directement ou après formation de complexes immuns) : inflammation
locale et lésions tissulaires, entretenant le relargage de débris nucléaires
- Boucles d’amplification : apoptose tissulaire excessive, chute clairance des cellules apoptotiques par les macrophages, hyperactivité des lymphocytes B et T, sécrétion de cytokines (IFN-α, IFN-γ, IL10, BLyS)

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3
Q

Manifestations cutanées du lupus : généralités ?

A

= 80% des cas : peuvent précéder les manifestations systémiques de plusieurs années

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4
Q

Manifestations cutanées du lupus : lésions spécifiques = lupiques ?

A
  • Photosensibilité : prédominante en zones photo-exposées, aggravé par les UV
  • Histologie = lésions de l’interface épiderme-derme : atrophie des corps muqueux, lésions des kératinocytes basaux et infiltrat lymphocytaire péri-vasculaire et/ou péri-annexiel
  • IFD : dépôts d’IgG, IgA ou IgM et/ou de complément (C1q, C3) à la jonction dermo-épidermique = bande
    lupique (bande épaisse et/ou granulaire), retrouvés aussi en peau saine photo-exposée (50%)

Lupus aigu (20-60%)
- Eruption érythémateuse, maculeuse ou maculo-papuleuse, finement squameuse, parfois oedémateuse, à bordure émiettée, non prurigineuse
- Localisé au visage, en vespertilio : symétrique sur le nez et les pommettes, en « ailes de papillon », avec respect du sillon naso-génien et des paupières
- Parfois sur le décolleté, les doigts (face dorsale des zones interarticulaires, pulpite érosive) ou les muqueuses, notamment buccale (d’aspect érosif)
=> Accompagne les poussées de lupus, disparition rapide sans séquelle

Lupus subaigu (10-20%)
= Eruption annulaire ou polycyclique, plus rarement psoriasiforme
- Touchant le décolleté et les membres, respectant habituellement le visage
- Très photosensible
- Evolue vers une dépigmentation séquellaire, généralement définitive
- Associée à la présence d’Ac anti-Ro/SSA

Lupus chronique (10-20%)

  • Lupus discoïde : plaques bien limitées, associant érythème télangiectasique, squames épaisses et atrophie cicatricielle, sur le visage (en vespertilio), les oreilles, parfois le cuir chevelu (avec alopécie définitive) ou les extrémités
  • Lupus tumidus : papules/nodules érythémateuses, infiltrées du visage
  • Lupus à type d’engelures des extrémités (chilblain lupus)
  • Panniculite lupique : nodule des faces externes des bras et cuisses, laissant une atrophie cicatricielle en dépression cupuliforme ou en “coup de hache”
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5
Q

Manifestations cutanées du lupus : lésions non spécifiques ?

A
  • Lésions vasculaire inflammatoire (vascularite) ou thrombotique (SAPL) : syndrome de Raynaud, livedo
    racemosa, urticaire, purpura infiltré ± nécrotique, érythème violine des paumes, lésions pulpaires
    purpuriques, ulcère de jambe, gangrène distale
  • Chute des cheveux : fréquente lors des poussées, pouvant aboutir à une alopécie
  • Ulcérations buccales, linguales ou génitales lors des poussées
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6
Q

Manifestations rhumatologiques du lupus ?

A

= 80% des cas : souvent inaugurale, polymorphe, accompagnant ou non une poussée viscérale

Poly-arthrite
= Polyarthrite bilatérale symétrique, des petites articulations, migratrice
- Atteintes fréquentes : MCP, IPP, carpes, poignets, genoux, chevilles
- Non déformante
=> Sauf rhumatisme de Jaccoud (subluxation articulaire réductible par atteinte tendineuse)
- Signes évocateurs (≠ polyarthrite rhumatoïde) : non destructrice, caractère migrateur et fugace, discordance entre la douleur et l’intensité des signes cliniques

Autres

  • Arthro-myalgies simples
  • Ténosynovites, rupture tendineuse
  • Ostéonécrose aseptique (même sans corticothérapie)
  • Atteintes musculaires (généralement cortico-induites) : myosite (augmentation CPK), myalgies
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7
Q

Manifestations rénales du lupus : généralités ?

A

= 40% des cas : inaugurale ou au cours de la 1ère année dans 50% des cas, souvent asymptomatique (dépisté à la BU)
- Manifestations : protéinurie glomérulaire (parfois minime), hématurie microscopique, syndrome néphrotique généralement impur, voire glomérulonéphrite rapidement progressive

Ponction-biopsie rénale indiquée si :

  • Protéinurie > 0,5 g/j
  • Hématurie microscopique associée à une protéinurie
  • Syndrome néphrotique
  • Insuffisance rénale
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8
Q

Manifestations rénales du lupus : histologie ?

A

Lésions actives (A) :

  • Prolifération endo-capillaire, croissant cellulaire
  • Corps hématoxyliques de Gross (rares, pathognomoniques) : débris nucléaires dans les zones de prolifération retrouvé dans les formes très prolifératives
  • Dépôts endo-membraneux, avec aspect en fil de fer (wire-loop)
  • Nécrose fibrinoïde, thrombi intra-capillaire

Lésions chroniques (C) = irréversibles : croissant fibreux, glomérulosclérose

Glomérulonéphrite lupique
Stade I (< 2%)
= Glomérulonéphrite mésangiale minime
- Asymptomatique
- Dépôts mésangiaux en IF, sans lésion en MO

Stade II (15%)
= Glomérulonéphrite mésangiale proliférative
- Asymptomatique ou hématurie et/ou protéinurie
- Fonction rénale normale
- Hypercellularité mésangiale avec dépôts mésangiaux

Stade III (30%)
= Glomérulonéphrite proliférative focale
- < 50% des glomérules
- Hématurie, protéinurie ± syndrome néphrotique, HTA, insuffisance rénale
- Prolifération endo-capillaire ± extra-capillaire, typiquement avec dépôts immuns mésangiaux et sous-endothéliaux
- Lésions active (A), chronique (C) ou les 2 (A/C)
- Atteinte segmentaire

Stade IV (50%)
= Glomérulonéphrite proliférative diffuse
- > 50% des glomérules
- Hématurie, protéinurie ± syndrome néphrotique, HTA, insuffisance rénale
- Prolifération endo-capillaire ± extra-capillaire, typiquement avec dépôts immuns mésangiaux et sous-endothéliaux
- Lésions active (A), chronique (C) ou les 2 (A/C)
- Atteinte segmentaire (IV-S) ou globale (IV-G)

Stade V (10%)
= Glomérulonéphrite extra-membraneuse
- Asymptomatique ou hématurie, protéinurie, voire syndrome néphrotique (de mauvais pronostic)
- Dépôts immuns granuleux en extra-membraneux
=> Peut être associé à une classe III ou IV : classe III+V ou IV+V

Stade VI (< 5%)
= Sclérose glomérulaire avancée
- Insuffisance rénale terminale
- > 90% de glomérules sclérosés, sans activité résiduelle

Autreslésions = 1% :

  • Néphropathie tubulo-interstitielle : au cours des glomérulonéphrites graves
  • Néphropathie vasculaire : angéite des artérioles rénales avec nécrose fibrinoïde
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9
Q

Manifestations rénales du lupus : évolution ?

A
  • Peut aboutir à une insuffisance rénale terminale (avec chute de l’évolutivité du lupus) : dans 20 à 25% des cas

Pronostic :

  • Excellent si classe I ou II
  • Correct si classe III : 20% d’évolution vers une classe IV
  • Réservé si classe IV : 30% d’IR terminale à 5 ans
  • Bon si classe V sans syndrome néphrotique
  • Réservé si classe V avec syndrome néphrotique persistant : 20% d’IR terminale à 10 ans

Facteurs de mauvais pronostic rénal : début < 15 ans, sujet noir, classe IIIA ou IVA en l’absence de traitement, lésions chroniques inactives à l’histologie, insuffisance rénale initiale, non réponse au traitement, rechute rénale
- Bon taux de survie en hémodialyse, récidive rare après transplantation (< 5%)

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10
Q

Manifestations rénales du lupus : traitement ?

A
  • Abstention thérapeutique : si classe I/II ou classe III/IV sans lésions actives
  • Corticoïdes + immunosuppresseur (traitement d’attaque par cyclophosphamide ou Cellcept®, avec d’entretien par azathioprine ou Cellcept®) : si classe III/IV avec lésions actives ou classe V avec syndrome néphrotique
  • Classe VI : préparation à la dialyse et à la transplantation
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11
Q

Manifestations neurologiques du lupus ?

A

Atteinte focale

  • AVC, essentiellement ischémique (SAPL)
  • Neuropathie crânienne : nerf VI, III, V sensitif, VII, II…
  • Atteinte médullaire (souvent grave) : myélopathie ischémique ou myélite
  • Mouvements anormaux, notamment chorée (parfois révélatrice chez l’enfant)

Atteinte diffuse
- Troubles cognitifs : fréquent, généralement mineurs (rares états démentiels)
- Encéphalopathie : syndrome confusionnel, troubles de conscience
- Trouble psychiatrique (parfois grave, révélateur) : trouble psychotique, trouble de l’humeur grave => bonne réponse aux corticoïdes
- Crise comitiale (surtout si SAPL associé) : généralisée ou partielle
=> Aspect souvent normal en IRM, ou parfois lésions étendues de la substance blanche hémisphérique

Autres (rares)

  • Vascularite cérébrale (rare) : encéphalite aiguë/subaiguë fébrile
  • Migraine fréquente
  • Dysautonomie
  • Méningite lymphocytaire (doit faire rechercher une infection opportuniste)

SNP (rare)

  • Multinévrite ou autre neuropathie périphérique variable
  • Syndrome myasthéniforme ou polyradiculonévrite associée
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12
Q

Manifestations cardiaques du lupus ?

A
  • Péricardite (30%) : parfois révélatrice, fréquemment latente, très cortico-sensible
  • Myocardite (rare) : insuffisance cardiaque congestive, troubles du rythme, trouble conductif
  • Valvulopathie mitrale ou aortique = endocardite de Libman-Sacks : épaississement diffus ou localisé,
    fortement associée à un SAPL, risque de complication = embolie artérielle, notamment cérébrale,
    dégradation hémodynamique, greffe oslérienne
  • Insuffisance coronarienne : par athérosclérose accélérée (corticothérapie) et/ou thrombose (SAPL)
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13
Q

Atteinte vasculaire du lupus ?

A
  • Phénomène de Raynaud (35%) : parfois inaugural, rarement compliqué
  • HTA (30%) : souvent présente en cas de glomérulopathie grave, de forte corticothérapie, voire de micro-thromboses intra-rénales provoquant une HTA maligne
  • Thromboses veineuses, artérielles et micro-vasculaires : fréquente, parfois révélatrice, fortement
    associée à la présence d’Ac anti-phospholipides, spontanément récidivante
  • Micro-vascularite cutanée, parfois suggestive de périartérite noueuse
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14
Q

Manifestations respiratoires du lupus ?

A
  • Pleurésie (25%) : uni- ou bilatérale, exsudative lymphocytaire, parfois latente, très cortico-sensible
  • Atteinte pulmonaire (15%) : toux, dyspnée, parfois hémoptysies ou anomalies auscultatoires, avec
    infiltrats non systématisés migrateurs ou atélectasie sous-segmentaire à la RP

Plus rarement :

  • Pneumopathie aiguë hypoxémiante
  • Pneumopathie interstitielle diffuse fibrosante
  • Hémorragie intra-alvéolaire
  • Bronchiolite oblitérante
  • HTAP (rare) : primitive ou compliquant des migrations pulmonaires répétées d’emboles
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15
Q

Manifestations générales du lupus ?

A
  • Signes généraux (surtout en poussée) : fièvre, asthénie, amaigrissement, ADP, splénomégalie
  • Douleurs abdominales, de mécanisme varié : péritonite lupique, pancréatite, perforation intestinale,
    thrombose viscérale, insuffisance surrénale, hémorragie sous anticoagulant…
  • Hépatomégalie modérée, plus rarement association avec une hépatite auto-immune de type 1
  • Oculaire : rétinite dysorique aspécifique, neuropathie optique, thromboses de vaisseaux rétiniens
  • Association fréquente à un syndrome de Gougerot-Sjögren
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16
Q

Manifestations biologiques du lupus : non spécifiques ?

A

Bilan inflammatoire
- Lors des poussées : augmentation fibrinogène et orosomucoïde
=> CRP peu élevée, sauf en cas de sérite ou d’infection concomitante
- VS souvent accélérée, d’origine multifactorielle
- Hypergammaglobulinémie persistante, essentiellement à IgG

Anémie

  • Inflammatoire : lors des poussées marquées
  • Hémolytique auto-immune (test de Coombs direct positif à IgG + complément dans 5-10% des cas) : souvent cortico-sensible, parfois révélatrice
  • Autre (plus rare) : carence martiale, insuffisance rénale, érythroblastopénie auto-immune, microangiopathie thrombotique, syndrome d’activation macrophagique
  • Leucopénie fréquente (> 50%), modérée : lymphopénie T ± neutropénie
  • Thrombopénie auto-immune (15 à 25%, lors des poussées) : souvent latente, parfois à l’origine d’un purpura, rarement d’hémorragies viscérales, non toujours cortico-sensible

Hémostase
- Anticoagulant circulant de type lupique : associé dans 25% des cas

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17
Q

Manifestations biologiques du lupus : spécifiques ?

A

Ac anti-nucléaires
= AAN : constant, mais peu spécifique d’un lupus
- Dépistage par IFI sur cellules Hep2 : seuil de positivité = titre ≥ 1/160
- Homogène : plus fréquemment
- Moucheté : anti-Ag nucléaire soluble
- Périphérique : plus spécifique des Ac anti-ADN
- Nucléolaire : sclérodermie surtout

Ac anti-ADN natifs
= Ac anti-ADN bi-caténaire (double brin) : peu sensible, mais très spécifique
- Test ELISA (sensible), test radio-immunologique de Farr (spécifique) ou IF sur Crithidia luciliae
- Retrouvé dans 60% des cas, notamment pendant la phase active
=> Test de Farr : corrélé à l’existence d’une atteinte rénale grave et à l’évolutivité

Ac anti-Ag nucléaires solubles

  • Ac anti-Sm : peu fréquent (20%), très spécifique
  • Ac anti-Ro/SSA ou anti-La/SSB : plus rare, rencontré surtout dans le lupus subaigu et néonatal ou en cas de syndrome de Sjögren associé
  • Ac anti-ribonucléoprotéine (RNP): présent dans 30% des cas, surtout dans les formes bénignes

Autres auto- anticorps
- Ac anti-nucléosome (récent) : très spécifique, meilleure sensibilité que les Ac anti-ADN double
brin, détectable en dehors des poussées, aussi corrélés à la gravité de l’atteinte rénale
=> A rechercher en cas de suspicion de lupus sans Ac anti-ADN ou d’emblée
- Ac anti-histone : fréquent (80% des cas), notamment en cas de lupus induit (95% des cas)
- Cryoglobulinémie : souvent de type III (polyclonale)
- Souvent rencontrés : FR (20%), Ac anti-hématies, anti-plaquettes, anti-lymphocytes, anti-polynucléaires, anti-phospholipides

Dosage du complément
= Hypocomplémentémie fréquente, prédictive d’atteintes viscérales graves (rénale, vascularite)
- Consommation par les complexes immuns circulants ou tissulaires : chute CH50, C3, et C4
- Déficit constitutionnel prédisposant : chute C2, C4, C1q, C1r, C1s

18
Q

Lupus érythémateux disséminé : formes cliniques ?

A

Lupus induit
= Secondaire à l’administration prolongée d’un médicament :
- Principalement : isionazide, phénothiazine, quinidine, anticonvulsivants, β-bloquants, minocycline, interféron-α, anti-TNFα, antithyroïdien de synthèse, α-méthyldopa, procaïnamide
- Manifestations articulaires, pleuro-pulmonaires et/ou péricardiques avec signes généraux variables
- Généralement sans atteinte cutanée, rénale, neurologique, Ac anti-ADN natif et hypocomplémentémie
- Oestroprogestatifs : souvent responsable de poussées lupiques et/ou de thromboses
=> A évoquer surtout chez l’homme ou le sujet âgé > 50 ans

Formes intriquées
- Coexistence fréquente avec un syndrome de Gougerot-Sjögren
- Association simultanée ou successive d’un lupus et d’une autre connectivite : syndrome de Sharp
(phénomène de Raynaud, doigts boudinés, polyarthrite, myalgies, titre élevé d’AAN mouchetés anti-U1-
RNP), pouvant évoluer vers une connectivite définie (lupus, sclérodermie, PR, dermatomyosite)

Grossesse
- Risque de poussée lupique important si : maladie évolutive au début de grossesse ou néphropathie
- Grossesse autorisée si : rémission > 6 mois et fonction rénale normale ou peu altérée
Risques fœtaux :
- Présence d’anticoagulant maternel : avortements itératifs, mort fœtale
- Lupus néo-natal (lié à la présence d’Ac anti-Ro/SSA passant la barrière placentaire) : BAV complet, éruption cutanée néonatale transitoire, hépatite, thrombopénie
- Risques de prématurité, de retard de croissance et mortinatalité accrus

19
Q

Lupus érythémateux disséminé : diagnostic = critères de l’ACR ?

A

Diagnostic si 4 critères simultanés ou successifs (Se et Sp = 95%) : non utilisé en pratique courante

  • Rash malaire
  • Arthrite non érosive touchant ≥ 2 articulations périphériques
  • Lupus discoïde
  • Pleurésie ou péricardite
  • Photosensibilité
  • Protéinurie > 0,5 g/j ou cylindrurie
  • Ulcérations orales ou nasopharyngées
  • Convulsions ou psychose
  • NFS : anémie hémolytique, leucopénie, lymphopénie ou thrombopénie
  • Bilan immun : Ac anti-ADN natif, anti-Sm, anticoagulant circulant type lupique ou anti-cardiolipine, ou sérologie syphilitique dissocié
  • Titre anormal d’Ac anti-nucléaires en l’absence de drogues inductrices
20
Q

Lupus érythémateux disséminé : évolution et suivi ?

A
  • Evolution par poussées entrecoupées de périodes de rémission
  • Facteur de mauvais pronostic : début pédiatrique, sexe masculin ou sujet à peau noire
  • Atténuation de l’activité de la maladie après la ménopause

Suivi
- Au diagnostic : bilan complet dont sérologie VIH, VHC, parvovirus B19, recherche d’APL et ETT
- Surveillance biologique : VS/CRP, NFS, iono, créat, C3, C4, CH50, anti-ADN natif, glycémie, bilan lipidique
- Recherche régulière de protéinurie, hématurie et leucocyturie
=> Nouvelles recommandations : NFS, créatininémie, BU (au moins tous les 3 mois), bilan hépatique, Ac
anti-ADN natif, complément (C3, C4), taux sanguin de Plaquenil® + glycémie et bilan lipidique 1 fois/an
- En cas de réapparition d’anomalies immunologiques après une période de normalisation : risque
d’exacerbation clinique => surveillance rapprochée, sans modification thérapeutique

21
Q

Lupus érythémateux disséminé : traitement à court/moyen terme ?

A
  • Forme cutanée limitée (lupus subaiguë ou lupus discoïde) : dermocorticoïdes
  • Forme cutanéo-articulaire : Hydroxychloroquine + AINS ± Faible corticothérapie dans les formes articulaires => Forme résistante : méthotrexate, voire belimumab (Ac anti-BAFF)
  • Forme viscérale : corticothérapie
  • Poussée grave : Bolus de corticoïdes : méthylprednisolone 0,5 à 1g, IV, sur 90 min pendant 3 jours ± Immunosuppresseur

Corticothérapie
= Prednisone (Cortancyl®) : corticoïde de référence
- TTT d’attaque = 3 à 6 semaines: 1 mg/kg/j dans les formes graves (glomérulonéphrite proliférative diffuse, thrombopénie ou anémie auto-immune), 0,5 mg/kg/j dans les sérites
- Diminution progressive de 10% tous les 10 à 15 jours
- TTT d’entretien = 0,10 à 0,20 mg/kg/j : souvent maintenu plusieurs années

Mesures d’accompagnement

  • Régime hyposodé, restriction glucidique et calorique
  • Supplémentation potassique en cas de fortes doses
  • Supplémentation en vitamine D ± calcium ± biphosphonates
  • Dépistage et traitement des foyers infectieux latents
  • Prophylaxie d’anguillulose selon contexte

Immunosuppresseur
= Limité au formes viscérales graves (atteinte rénales à type de glomérulonéphrite proliférative
ou forme neurologique sévère) ou cortico-dépendantes
- Cyclophosphamide en IV discontinue
- Puis : Azathioprine et Mycophénolate mofétil
- Durée totale minimale > 2 ans

Biothérapie
= Dans les formes réfractaires ou cortico-dépendantes : en dernière intention :
- Sans atteinte rénale, neurologique ou cytopénie auto-immune : belimumab
- Avec atteinte rénale, neurologique et/ou cytopénie auto-immune : rituximab, thalidomide

22
Q

Lupus érythémateux disséminé : traitement à long terme ?

A

Hydroxychloroquine Plaquenil®
= Antipaludéen de synthèse: indispensable, indication systématique (sauf contre-indication)
- Posologie : 400 mg/j si fonction rénale normale
- Risque de toxicité rétinienne après traitement prolongé, imposant l’arrêt du traitement
- Surveillance ophtalmologique après instauration puis 1/an si FdR ou > 5 ans d’exposition : examen ophtalmologique avec FO et champ visuel central automatisé, vision des couleurs et un examen entre électrorétinogramme multifocal, FO en auto-fluorescence ou OCT spectrale

Mesures associées

  • ALD 30, PEC à 100%
  • Photo-protection efficace : port de vêtement et écran solaire d’indice élevé
  • Auto-surveillance par bandelettes urinaires
  • Arrêt du tabac (aggrave un lupus cutané)
  • Contrôle des FdRCV
  • Programme vaccinal : mise à jour du calendrier vaccinal + vaccin anti-pneumocoque et antigrippal en cas de traitement corticoïde ou immunosuppresseur
23
Q

Lupus érythémateux disséminé : PEC en cas de thrombopénie périphérique ?

A

= En cas de thrombopénie sévère cortico-résistante :

  • Immunoglobulines IV à fortes doses en situation d’urgence
  • Rituximab ou splénectomie
24
Q

Lupus érythémateux disséminé : PEC en cas de grossesse ?

A
  • Planification : rémission > 6 mois, sans atteinte rénale (ou minime)
  • Poursuite de l’hydroxychloroquine ± faible corticothérapie (5-10 mg/j)
  • En cas d’immunosuppresseur : seul l’azathioprine ou la ciclosporine sont autorisés
  • Traitement associé si SAPL : aspirine à dose antiagrégant, HBPM préventive
  • Surveillance multidisciplinaire mensuelle
25
Q

Lupus érythémateux disséminé : PEC en cas de contraception ?

A
  • Eviter les oestrogènes, surtout en cas d’antécédent de thrombose
  • Alternative : microprogestatif, acétate de chlormadinone), acétate de cyprotérone, DIU
26
Q

Lupus érythémateux disséminé : pronostic ?

A

=> Polymorphisme évolutif extrême

  • Survie à 10 ans = 80-90%
  • FdR de mauvais pronostic : début dans l’enfance/adolescence, néphropathie grave, atteinte neurologique centrale
  • Cause de décès : infection opportuniste, accident neurologique, insuffisance coronarienne, IRC
  • Risque augmenté de néoplasie, notamment de lymphome
27
Q

Syndrome des anti-phospholipides : généralités ?

A

SAPL = association de manifestations thrombotiques ou obstétricales, et de la présence durable d’un Ac anti-phospholipide

  • Ac anti-phospholipide : interaction avec les phospholipides membranaires plaquettaires et les cellules endothéliales => activation de la coagulation
  • Epidémiologie mal connue : prévalence = 1/2200, surtout chez la femme jeune (4/1), 1ère cause de thrombophilie acquise
  • Primaire ou associé à une connectivite, essentiellement un lupus systémique (prévalence de 20 à 30% au cours du lupus)
28
Q

Syndrome des anti-phospholipides : thrombose ?

A

Evocateur :
- Thrombose veineuse périphérique récidivante
- De topographie inhabituelle (veine cave, membres supérieurs)
- Embolies pulmonaires
- Association de thromboses veineuses et artérielles (30%)
=> Les récidives surviennent volontiers dans le même type de vaisseaux (veineux ou artériel)

29
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations neurologiques ?

A
  • AVC/AIT : par thrombose artérielle ou migration d’embole cardiaque, volontiers corticaux ou sous-corticaux, multiple, récidivant
  • Démence vasculaire avec atrophie corticale
  • Thrombophlébite des sinus veineux cérébraux : céphalées, HTIC
  • Myélopathie vasculaire
  • Association avec chorée et/ou comitialité
    => Syndrome de Sneddon = AVC récidivant + livedo : > 50% associé à un SAPL
30
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestation cardiaque ?

A
  • Valvulopathie mitrale ou aortique = endocardite de Libman-Sacks : risque d’embolie artérielle
    ou greffe oslérienne, rare évolution vers l’insuffisance cardiaque
  • Thrombose coronaire : infarctus du sujet jeune
  • Cardiopathie ischémique
31
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations cutanées ?

A
  • Livedo racemosa : coloration bleue-violacée de la peau, en forme de maille, à filets larges, irrégulières, ouvertes
  • Ulcères cutanés artériels
  • Orteils violacés, thromboses et nécroses cutanées
  • Hémorragie sous-unguéale en flammèche
  • Perforation de la cloison nasale
32
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations rénales ?

A
  • Néphropathie glomérulaire : HTA, protéinurie, voire insuffisance rénale, parfois asymptomatique
  • Infarctus rénal ou sténose des artères rénales
  • Microangiopathie thrombotique
33
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations pulmonaire ?

A
  • Embolies pulmonaires
  • Hémorragies intra-alvéolaires (capillarite par thrombose des artérioles alvéolaires)
  • HTAP post-embolique ou par thrombose in situ
34
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations digestive ?

A
  • Hépatique : syndrome de Budd-Chiari

- Ischémie intestinale aiguë ou angor mésentérique

35
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestations surrénalienne ?

A
  • Nécrose hémorragique des surrénales, souvent bilatérale, secondaire à une thrombose des
    veines surrénaliennes = syndrome d’Acherson : douleur abdominale, hypotension
36
Q

Syndrome des anti-phospholipides : manifestation oculaire ?

A
  • Atteinte ophtalmique vasculaire : amaurose, OACR, NOIAA, OVCR
37
Q

Syndrome des anti-phospholipides : biologie ?

A

NFS
- Thrombopénie (20% des cas, généralement modérée) et/ou anémie auto-immune

Ac anti-phospholipide
ELISA (IgG ou IgM) :
- Anticardiolipine : spécifique, peu sensible
- Anti-β2-glycoprotéine 1 : plus sensible

  • Dissociation de la sérologie syphilis (VDRL+/TPHA-) liée à l’Ac anticardiolipine
    Anticoagulant circulant :
  • Allongement isolé du TCA et du temps de reptilase
  • Non corrigé par le plasma témoin
  • Corrigé par un excès de phospholipides
    => En présence d’un anticoagulant circulant, on ne peut pas utiliser le TCA pour adapter l’HNF, mais uniquement une héparinémie (activité anti-Xa)
38
Q

Syndrome des anti-phospholipides : diagnostic différentiel ?

A

= Circonstances associées à la présence d’Ac anti-phospholipide (sans risque thrombotique) :
- Néoplasie (risque thrombotique lié au cancer)
- Médicament inducteur d’Ac antiphospholipides (≈ médicaments inducteurs de lupus) : phénothiazine,
phénytoïne, quinidine/quinine, interféron α, oestrogènes, β-bloquant, anti-TNFα, éthosuccimide,
chlorothiazide, hydralazine, procaïnamide
- Insuffisance rénale chronique
- Maladie auto-immune : sarcoïdose, artérite à cellules géantes, périartérite noueuse, MICI
- Hépatopathie
- Infection VIH, infection VHC

39
Q

Syndrome des anti-phospholipides : critères diagnostiques ?

A

=> Diagnostic si ≥ 1 critère clinique + ≥ 1 critère biologique

Critère clinique
- Thrombose vasculaire : ≥ 1 épisode thrombotique artériel, veineux ou micro-vasculaire
Morbidité obstétricale :
- ≥ 1 mort fœtale inexpliquée après 10 SA
- ≥ 1 naissance prématurée < 34 SA par éclampsie/prééclampsie
- ≥ 3 fausses couches consécutives < 10 SA inexpliquées

Critère biologique
= Retrouvé à 2 reprises à 12 semaines d’intervalles :
- Anticoagulant circulant type lupique
- Ac anticardiolipide (IgG et/ou IgM) à titre intermédiaire ou élevé (> 40)
- Ac anti-β2-GP1 (IgG ou IgM) à titre élevé

40
Q

Syndrome des anti-phospholipides : formes cliniques ?

A

Syndrome obstétrical pur
- Evénement obstétrical associé à des antiphospholipides
- Sans thrombose authentifiée
=> Risque ultérieur d’événement thrombotique, surtout artériel

Syndrome catastrophique des Ac anti-phospholipides
= Orage thrombotique = microangiopathie thrombotique : rare (1% des SAPL), inaugural dans
50% des cas, mortalité élevée = 35%
- Défaille multiviscérale dans un temps limité (≤ 7 jours), sans sepsis ni fièvre, avec thrombopénie
- Thromboses multiples : insuffisance cardiaque par cardiopathie, insuffisance rénale par atteinte
vasculaire diffuse, encéphalopathie, détresse respiratoire, hypotension
- Nécessité d’une preuve histologique

Facteur déclenchant :

  • Arrêt intempestif de l’anticoagulation
  • Stimulation de l’endothélium : chirurgie, geste artériel invasif
  • TTT en urgence : anticoagulation, corticoïdes et échanges plasmatiques
41
Q

Syndrome des anti-phospholipides : traitement ?

A
  1. SAPL prouvé
    Thrombose
    - TTT curatif : héparine
    - AVK à vie : objectif d’INR à 2,5 (veineux) ou 3 (artériel)
    - Si récidive sous AVK : ajout d’aspirine à dose antiagrégant ou augmenter objectif d’INR à 3,5

Obstétrical
- Aspirine à vie

  1. Prévention
    = Anti-phospholipide durable sans manifestation thrombotique ou obstétricale
    - Associé à un lupus : aspirine à vie
    - Sans contexte de lupus : aspirine à discuter
  2. Grossesse
    - Si SAPL biologique : aspirine jusqu’au 8e mois
    - Si SAPL thrombotique : héparine curative ± aspirine
    - Si SAPL obstétrical ou discuté si SAPL biologique triple positif : héparine préventive + aspirine