Item 82 Flashcards
Épidémiologie de la grippe
. Problème de santé publique / morbidité et impact socio-économique +++
. Mortalité: 250-500 000/an dont 5000 décès/an en France (> 65ans à 80%)
. On distingue
- Epidémie: saisonnière (automne-hiver) / incidence = 5-10% / mortalité = 0.1%
- Pandémie: monde entier / mortalité ↑ (3%) / ex: grippe espagnole (1918: 40M)
Définition de la grippe
Infection virale due à Myxovirus influenzae fréquente et potentiellement grave
Physiopathologie de la grippe
. Virus: Myxovirus influenzae / virus à ARN / 3 types distincts (A, B ou C)
. Protéines: hémagglutinine (H) et neuraminidase (N): définissent le sous-type (ex: H1N1)
. Evolution: par glissement antigénique (épidémie) ou cassure antigénique (pandémie)
. Transmission: inter-humaine directe (par gouttelettes) / contagiosité entre -1J et +7J
. Pathogénie: fixation sur cellule épithéliale respiratoire (H) → réaction inflammatoire ++
Quels virus de la grippe connais-tu ?
. H3N2, H1N1: grippe saisonnière
. H1N1v: grippe porcine (mexicaine)
. H5N1: grippe aviaire
Clinique de la grippe
. Interrogatoire
- Terrain: rechercher une pathologie sous-jacente (facteur pronostique ++)
- Anamnèse: contexte épidémique / contage / vaccination / incubation courte : 24-72h
- sujet infecté est contagieux de 1 jour avant à 6 jours après le début des symptômes.
- Phase d’invasion: malaise /fièvre élevée
- Signes fonctionnels = syndrome grippal (3) / phase d’état
* signes généraux: fièvre élevée (> 39°C) avec frissons / asthénie ++
* signes respiratoires: toux sèche / rhinorrhée / irritation laryngée
* syndrome polyalgique: myalgie / céphalées / arthralgies
. Examen physique
!! le plus souvent normal ou pauvre (contraste avec signes fonctionnels)
- Rechercher signes de gravité/complications +++
→ surinfection (crépitants) / déshydratation / décompensation
Formes cliniques de grippe
- Grippe chez l’enfant < 1an
* Asymptomatique ou tableau septique sévère ++- Grippe chez l’enfant de 3-5 ans
- Somnolence ++ / Signes gastro-intestinaux / Fièvre mal tolérée
- Grippe du sujet âgé
- Risque d’hospitalisation et de décès élevés
- Symptomatologie aggravée en cas de décompensation cardiovasculaire, de troubles neuropsychiques.
- Surinfections bactériennes respiratoires fréquentes et graves
- Grippe chez l’enfant de 3-5 ans
Bilan paraclinique d’une grippe
. Pour diagnostic positif
- AUCUN, il est clinique +++ (PMZ)
- TDR (Tests Diagnostiques Rapides), ELISA, IF ou cultures pour études épidémio ou pandémie
. Pour évaluation du retentissement
- Chez le patient immunodéprimé / grippe en collectivité
- En cas de suspicion de surinfection ou tare sous-jacente
-> NFS + radiographie de thorax (normaux le plus souvent)
Diagnostics différentiels de la grippe
. Syndrome grippal
- du à d’autres virus respiratoires (VRS, m. parainfluenzae, etc)
- cliniquement indiscernable / même conduite thérapeutique
. Pneumopathie bactérienne
!! ne pas passer à côté, radio thorax au moindre doute +++
Histoire naturelle de la grippe
- Evolution spontanément favorable sous 1S dans la grande majorité des cas
- Disparition de la fièvre sous 4J / persistance possible de l’asthénie et de la toux 1 à 2S
Complications de la grippe
. sur terrain à risque +++ : âges extrême / co-morbidité / grossesse
. Surinfection bactérienne
- des voies aériennes supérieures
* otite moyenne aiguë
- pneumopathie bactérienne secondaire
!! Germes: pneumocoque / staphylocoque aureus / haemophilus influenza
* Clinique: réascension thermique / crépitants / dyspnée / douleur
* Paraclinique: syndrome alvéolaire à la RTx / NFS-CRP: hyperleucocytose
. Décompensation d’une pathologie chronique sous-jacente
!! Toujours rechercher une tare sous-jacente (PMZ)
- BPCO décompensée → détresse respiratoire aiguë
- IC décompensée → OAP (IC gauche) +/- IC droite
- Cirrhose décompensée → oedème et ascite +/- ILA
. Pneumopathie virale primaire (= « grippe maligne »)
- Tableau de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA)
→ OAP lésionnel (RTx) + HTAP pré-cap. + PaO2/FiO2 < 200
- Rare mais le plus souvent fatal / sur terrain sain / pandémie ++
. Syndrome de Reye
- encéphalopathie + stéatose hépatique secondaire à la prise d’aspirine
→ contre-indication de l’aspirine chez l’enfant avec syndrome viral (PMZ)
. Atteintes extra-pulmonaires
- Myocardite / péricardite / méningite / SGB / hépatite
Prise en charge thérapeutique d’une grippe
. Prise en charge
- Ambulatoire si grippe chez sujet sain sans signe de gravité (+++)
- Hospitalisation si terrain à risque ou complication / isolement (PMZ)
. Education du patient
- Inutilité d’une ABT hors surinfection bactérienne
- Hygiène: lavage des mains / mouchoir jetable / couvrir nez-bouche (PMZ)
. Tt symptomatique (+++)
- Repos: arrêt de travail (évite aussi la transmission)
- Antalgique-antipyrétique: paracétamol 1g x4/j PO
- Hydratation: boisson abondante (1.5 à 2L/J PO)
- Si besoin: décongestionnants / anti-tussifs, etc.
. Tt anti-viral
- Indications (!! CC SPILF 05 et SFMU 2010)
* Dans les 48h suivant l’apparition des symptômes
* seulement si sujet à risque de grippe compliquée +++
. âge > 65ans ou enfant sous aspirine (Kawasaki / arthrite juvénile)
. pathologie sous-jacente: BPCO / asthme / diabète / IC / IRC / drépano, etc.
- Modalités
* Inhibiteur de la neuraminidase: oseltamivir (Tamiflu®)
→ 2 gélules (75mg) /jour PO pendant 5 jours
. Tt d’une complication
- Surinfection: ABT (Augmentin®) seulement si documentation (RTx) (PMZ)
- Grippe maligne: hospitalisation en REA / RHE / IOT et ventilation
- Décompensation: Tt d’un OAP (cf item 250) / Tt d’une IRespA (cf item 193)
. Mesures associées
- Vaccination anti-grippale au décours à proposer pour le patient
- Arrêt de travail pour éviter transmission
!! Prophylaxie des sujets contacts à risque (âge > 65ans ou comorbidité) (!! CC SPILF 05)
* Hygiène: éviter contact (isolement respiratoire) et mesures d’hygiène
* Vaccination: systématique si non faite / dès que possible avec l’antiviral
* Antiviral (oseltamivir 7J) indication selon que collectivité ou non +++
. épidémie hors collectivité: personne à risque non vaccinée
. épidémie en collectivité: personne à risque vaccinée ou non
. Surveillance
- Auto-surveillance en cas de grippe simple: consulter si persistance de la fièvre à J5
- En hospitalier: ex. respiratoire / constantes (T) +/- RTx ou NFS si complication
Prévention de la grippe
. Vaccination anti-grippale
- Indications recommandées (5)
* toute personne âgée de ≥ 65ans
* personnels de santé (ou personnel naviguant, guides..)
* pathologie chronique: BPCO / diabète / IC / IRC / VIH
* toute personne séjournant dans un établissement de santé
* enfant sous aspirine au long cours (Kawasaki ou arthrite)
- Modalités
* vaccin vivant inactivé (CI si allergie à l’oeuf) / SC ou IM
* à renouveler 1x/an (à l’automne ++ ou hiver) / remboursé
. Antiviraux en prophylaxie
- Indication
* hors collectivité: personne à risque non vaccinée ayant été exposée à un sujet malade
* en collectivité: personne à risque vaccinée ou non lors d’une épidémie (ex: EHPAD)
- Modalités
* Oseltamivir 1 gélule/J / PO / à débuter < 48h après contact / pendant ≥ 7J
. Règles d’hygiène collectives
- Pour le personnel en contact: port de gants / masque chirurgical / blouse
- Lavage des mains et matériel par SHA ou savon après chaque contact
- Isolement du patient si hospitalisé (chambre seul / port de masque)
. Surveillance épidémiologique
- Réseau sentinelle des médecins généralistes
- Groupe régional d’observation de la grippe (GROG)
- Réseaux de surveillance internationaux (OMS)
Annonce du diagnostic de VIH et mesures associées
. Déclaration obligatoire
- En cas de nouveau diagnostic d’infection par le VIH, notification anonymisée obligatoire :
* Initiée par les biologistes.
* Complétée par les cliniciens.
* Adressée au médecin de l’ARS.
* Puis transmise à l’InVS.
. Annonce
- Traumatisme pour le patient :
* toujours ressenti comme un choc
* parfois aggravé par un sentiment de culpabilité.
* Importance de l’information avant et après le test et de l’écoute longue.
- Consultation pré-test
* La demande d’une sérologie VIH doit toujours être accompagnée d’une information attentive aux questions du patient :
. le motif de la demande : signes d’appel cliniques ou biologiques ; facteurs de risque de contamination
. la signification d’une éventuelle séropositivité et ce qu’elle entraîne :
• possibilités thérapeutiques pour le patient
• mesures prophylactiques pour le(s) partenaire(s) sexuel(s).
* L’absence d’information préalable au test va à l’encontre d’une politique de prévention :
- si test négatif : aucun discours de prévention n’aura été fait et il est trop tard pour qu’il soit entendu quand le résultat est négatif
- si test positif : il est trop tard pour prévenir !
* Le consentement du patient, à recueillir systématiquement, doit lui permettre :
- de choisir le moment et le lieu où sera pratiqué le test (par exemple Centre de Dépistage Anonyme Gratuit)
- de comprendre les conséquences d’une éventuelle séropositivité, pour lui-même et son entourage
- d’adopter des mesures de prévention (préservatif…) dans l’attente des résultats du test
- Consultation post-test
* Le rendu du résultat du test doit être fait par le médecin qui a prescrit le test (le cas échéant), lors d’une consultation dédiée.
* Un test négatif doit faire idéalement l’objet d’un rendu médicalisé, l’occasion d’un dialogue et d’une information sur les conduites de prévention.
* Le résultat d’un premier test positif doit être donné sous réserve de sa vérification sur un deuxième prélèvement.
* Le deuxième test permet :
- d’éviter d’éventuelles (mais rares) erreurs
- de revoir le patient après quelques jours pour :
• délivrer des messages qui doivent être personnalisés
• répondre aux questions du patient.
* L’annonce doit être franche et sincère, sans brutalité ni “moralisme”.
* Aborder diverses questions portant sur :
- la situation du patient dans l’histoire naturelle de l’infection
- le suivi, les perspectives de traitement, le pronostic sans et sous traitement
- la transmission, les mesures de prévention
- les éventuelles conséquences dans la vie familiale, professionnelle, les projets de procréation…
- à qui et comment annoncer le résultat du test ?
- le dépistage de l’entourage.
* Identifier les différentes personnes-ressources, selon les cas :
- médecin référent
- médecin spécialisé dans la prise en charge de l’infection VIH
- assistante sociale
- psychologue (ou psychiatre)
- diététicienne
- consultant en éducation thérapeutique
- personne de confiance.
* Ne pas prétendre à l’exhaustivité “en un temps” mais plutôt proposer de revoir le patient autant de fois que nécessaire.
* Assurer la confidentialité.
* Ne jamais délivrer de première ordonnance d’antirétroviraux tant que le patient n’y est pas préparé.
- Spécificités en pédiatrie
* Annonce du diagnostic à l’enfant après une phase d’accompagnement de toute la famille pendant plusieurs années , avec l’accord et en présence des parents
* Mots adaptés au dvpt de l’enfant
* Reformuler l’annonce au cours de l’évolution de l’enfant et de l’adolescent
* Sexualité et Prévention doivent être abordés
* Soutien psychologique
Bilan initial clinique et paraclinique après diagnostic de VIH
. Examen clinique
- Interrogatoire
* Contexte de vie : historique de la contamination, vie familiale et relationnelle, statut virologique du(des) partenaire(s), désir d’enfant, activité professionnelle, conditions de ressources et de logement, couverture sociale.
* Antécédents médicaux (en particulier événements potentiellement liés au VIH, infections sexuellement transmissibles) et chirurgicaux.
* Facteurs de risques cardiovasculaires, alcool, substances illicites, traitements de substitution…
* Statut vaccinal.
- Examen physique complet
. Examens paracliniques
- Recommandé
* Typage lymphocytaire CD4/CD8.
* ARN VIH plasmatique quantitatif (charge virale).
* Génotypage VIH (mutations de résistance, sous-type viral).
* Hémogramme avec plaquettes.
* Transaminases, g-GT, phosphatases alcalines.
* Créatininémie.
* Glycémie à jeun.
* Bilan lipidique : cholestérol total, HDL, LDL, triglycérides à jeun.
* Marqueurs de l’hépatite virale B : Ag HBs, anticorps anti-HBs et anti-HBc.
* Sérologie de l’hépatite virale C
* Sérologie de l’hépatite virale A.
* Sérologie de la syphilis (TPHA, VDRL).
* Sérologie de la toxoplasmose.
* Sérologie CMV.
* Dosage 25 (OH) vitamine D3
* IDR à la tuberculine et quantiféron
* Recherche d’une protéinurie (bandelette urinaire).
- Selon les cas
* Radiographie thoracique en cas d’antécédents respiratoires ou d’exposition tuberculeuse et/ou si taux de lymphocytes CD4 est inférieur à 200/mm3
* Électrocardiogramme si facteurs de risque cardiovasculaire
* Ostéodensitométrie en présence de facteurs de risque d’ostéoporose.
* Consultation gynécologique avec réalisation d’un frottis cervico-vaginal en l’absence de bilan récent.
* Examen proctologique chez les personnes ayant des antécédents de condylomes ou des pratiques sexuelles anales.
* Explorations complémentaires spécifiques des co-infections ou d’une immunodépression profonde le cas échéant
. Consultations le cas échéant
- Assistant(e) social(e)
- Psychologue
- Diététicien(ne)
Ordre d’urgence de la prise en charge thérapeutique d’un sujet VIH+
. Par ordre d’urgence
- Le traitement curatif des infections opportunistes, en cas d’infection(s) opportuniste(s) évolutive(s).
- Le traitement préventif/prophylactique primaire des infections opportunistes, en cas de risque réel de survenue de certaines infections opportunistes.
- Le traitement antirétroviral, en cas de sida et/ou d’immunodépression profonde, ou de risque d’évolution rapide vers une immunodépression significative, ou de comorbidité.
- Les vaccinations, pour tous les patients, de préférence lorsque la charge virale VIH est indétectable et si possible quand les CD4 > 200/mm3.