Item 235 - Péricardite Aigüe Flashcards
Définition d’une péricardite aiguë
- Inflammation aiguë des feuillets du péricarde
- Accompagnée d’un épanchement péricardique ou non (« péricardite sèche »)
- Si associée à une élévation de la troponine = myo-péricardite
Symptômes et signes cliniques d’une péricardite aiguë
- Signes généraux :
Fièvre modérée, parfois absente ou présente d’emblée, associée à des myalgies, à une asthénie
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Signes fonctionnels :
- Douleur thoracique, rétrosternale ou précordiale gauche, permanente, résistante à la trinitrine, majorée en décubitus dorsal, à l’inspiration profonde et à la toux (impulsive), calmée par la position assise penchée en avant (antéflexion)
- Dyspnée également soulagée par la position assise penchée en avant ou toux sèche
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Signes physiques :
- Frottement péricardique précoce, râpeux, systolo-diastolique, variant dans le temps et les positions, ressemblant à un crissement de cuir neuf ou froissement de soie, inconstant et fugace. Son absence n’élimine pas le diagnostic
- Signes d’épanchement pleural parfois associé : disparition du murmure vésiculaire, matité à la percussion
- La présence d’au moins deux des critères suivants est nécessaire pour confirmer le diagnostic :
- Douleur thoracique évocatrice
- Frottement péricardique
- Epanchement péricardique
- Modifications ECG typiques (Stade I ou sous-PQ)
Connaitre les signes de gravité d’une péricardite aiguë et savoir appeler en urgence pour un drainage de l’épanchement
Electrocardiogramme et péricardite
- Peut être normal, il doit être répété
- Signes précoces : Sous décalage du PQ, Tachycardie sinusale
- Anomalies diffuses non systématisées
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Evolution classique en 4 stades :
- Stade 1 : sus-décalage du segment ST concave vers le haut, diffus, sans miroir, sans onde Q, ondes T positives le 1er jour
- Stade 2 : ondes T plates entre la 24e et la 48e heure
- Stade 3 : ondes T négatives la première semaine
- Stade 4 : normalisation au cours du 1ermois
- Si épanchement abondant :
- Microvoltage (amplitude QRS < 5 mm et < 10 mm respectivement dans les dérivations périphériques et précordiales)
- Alternance électrique (équivalent électrique du swinging heart échographique) : QRS d’amplitude variable
Bilan biologique initial et péricardite
- Marqueurs inflammatoires : NFS, CRP (peut être normale ou hyperleucocytose + SIB)
- Marqueurs de la nécrose myocardique : troponine (augmentée si myocardite associée, à rechercher systématiquement) -> signe de gravité+++++
- Ionogramme sanguin, créatinine (recherche insuffisance rénale avant prescription AINS)
Ponction péricardique
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Drainage péricardique, par voie percutanée ou chirurgicale :
- indiqué en urgence en cas de tamponnade ou à discuter en cas de retentissement hémodynamique à l’écho avec tension artérielle conservée :
- parfois également indiquée en cas d’épanchement abondant chronique sans étiologie évidente
- percutanée ou péricardio-centèse, à privilégier si patient instable, par une ponction sous sternale à l’aiguille écho-guidée
- chirurgicale, à privilégier si suspicion d’épanchement purulent (permet pose d’un drain de plus gros calibre)
- Dans tous les cas, analyse du liquide drainé: bactériologique, virologique, cytologique >>> apporte éléments au bilan étiologique
Radiographie de thorax et péricardite
- Normale le plus souvent
- Rectitude du bord gauche ou « cœur en carafe » quand épanchement abondant
- Epanchement pleural parfois associé
Echo-cardiographie de thorax et péricardite
- Parfois normale (« péricardite sèche »)
- Epanchement péricardique : décollement des deux feuillets péricardiques avec espace clair vide d’échos (noir) entre les deux.
- Apprécie l’abondance (minime < 10 mm, modéré : 10-20 mm, abondant > 20 mm), la localisation et le retentissement hémodynamique (compression des cavités cardiaques ou signes de constriction) de l’épanchement
- Epaississement péricardique
- Masse péricardique (étiologie tumorale)
ECG d’une péricardite
Sus décalage de ST, diffus, non systématisé, concave vers le haut, sans miroir ni onde Q ET sous décalage PQ
Evaluation des risques de complications nécessitant une hospitalisation
- Tableau clinique orientant vers une étiologie spécifique
- Patient hyper-algique malgré première dose AINS
- Présence de facteurs prédictifs de tamponnade :
- fièvre > 38°C
- symptômes présents depuis plusieurs semaines
- patient immuno-déprimé
- patient sous anticoagulant oral
- après un traumatisme thoracique
- Myocardite associée (= élévation troponine)
- Épanchement péricardique abondant (> 20mm)
- Tamponnade
- Résistance au traitement anti-inflammatoire (aspirine ou AINS) bien conduit depuis 7 jours
Forme clinique usuelle
Forme clinique usuelle = la péricardite virale aiguë
Péricardite aiguë
- Etiologie virale
- Bénigne dans 90% des cas
- Correspond généralement à un épanchement lympocytaire non purulent
- Tableau clinique typique :
- épisode pseudo grippal récent
- Jeune adulte, homme, sans antécédent cardiologique notable
- Récidive ou rechute fréquentes (30 à 50%)
- Tamponnade rare
- Le bilan étiologique viral et auto-immun n’est pas nécessaire dans les formes simples :
- Virologie le plus souvent négative : sérologies doivent être répétées à 15jours d’intervalle en cas de doute (en pratique non réalisées)
- Virus impliqués : entérovirus (coxsackies A et B), échovirus, adénovirus, cytomégalovirus, parvovirus B19, Epstein-Barr, herpès, VIH, hépatite C, influenza, coronavirus (COVID-19)… etc
- PCR sur liquide de l’épanchement ou biopsie péricardique permet le diagnostic de certitude : rarement réalisé compte-tenu d’une part du caractère invasif de l’examen (ponction péricardique) et de l’absence d’implication thérapeutique dans une forme bénigne
Péricardite au cours d’un IDM
- Péricardite précoce (J3 – J5) :
- au décours d’un infarctus transmural -> hémopéricarde, par effusion.
- Evolution le plus souvent favorable si minime,
- Chirurgie en urgence en cas de rupture myocardique
- Péricardite tardive (2–16e semaine)= syndrome de Dressler :
- Associe classiquement un tableau avec fièvre, pleurésie, arthralgies, AEG, syndrome inflammatoire important, allongement de l’espace QT à l’ECG.
- Rare de nos jours
Formes cliniques moins fréquentes de péricardite
(FC éclaire)
- péricardite purulente
- tuberculeuse
- néoplasique
- auto-immune
- au cours de l’insuffisance rénale chronique
- post-péricardotomie
Formes cliniques moins fréquentes de péricardite
(FC détaillée)
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Péricardite bactérienne = purulente :
- Plus rare mais plus grave
- Forte fièvre >39°
- Germes : staphylocoques, pneumocoques, streptocoques, bacilles Gram négatif, champignons
- Sujets immunodéprimés ou porteurs d’infection sévère (septicémie, infection pleuro-pulmonaire, ou après chirurgie cardiaque ou thoracique)
- Pronostic sévère : évolution fréquente vers la tamponnade ou la constriction péricardique
- Traitement antibiothérapie adaptée au germe retrouvé dans le liquide péricardique lors de la ponction péricardique
- Drainage chirurgical souvent nécessaire
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Péricardite tuberculeuse :
- Subaiguë
- liquidienne avec AEG et fièvre modérée persistante
- Contexte : Tuberculose, contage, immunodépression
- Anomalies pulmonaires associées
- Rechercher BK
- Calcifications péricardiques
- Evolution fréquente vers tamponnade et constriction péricardique
- Traitement antituberculeux +/- corticoïdes
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Péricardite néoplasique :
- Liquide souvent hémorragique
- Contexte, AEG
- Le plus souvent liée à une location secondaire (tous les cancers mais plus fréquemment cancer primitif pulmonaire, lymphomes), plus rarement cancer primitif péricardique (mésothéliome)
- Evolution fréquente vers tamponnade et récidive
- Drainage chirurgicale +/- fenêtre péricardique
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Péricardite des maladies de système / auto-immunes :
- Contexte évocateur, + /- associée à pleurésie (lupus +++)
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Péricardite radique :
- Post radiothérapie médiastinale ou sein gauche
- Risque d’évolution vers péricardite chronique constrictive
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Autres étiologies rares :
- hypothyroïdie, médicamenteuses, amylose cardiaque, dissection aortique (signe de gravité), insuffisance cardiaque, hypertension pulmonaire, traumatique, insuffisance rénale chronique terminale, congénital (agénésie partielle ou complète, kystes)
TT d’une péricardite aiguë bénigne
(FC éclaire)
Repos (arrêt du sport) + AINS + colchicine + protection gastrique
PAS DE CORTICOÏDES EN 1ÈRE INTENTION
Soit un double traitement anti-inflammatoire