Insuffisance surrénale Flashcards
Quelles sont les manifestations cliniques et biologiques possibles de l’insuffisance surrénale chronique primaire ?
- État général :
- asthénie physique et psychique constantes (++ en cours de journée et à l’effort) +/- signes dépressifs
- anorexie et amaigrissement constants
- hTA, hTO, tachycardie (signes de DEC)
- Nausées très fréquentes, redouter l’insuffisance surrénale aiguë si vomissements, diarrhées et DA
- Peau et muqueuses :
- hyperpigmentation cutanéomuqueuse = mélanodermie (++ sur les zones exposées au soleil, les zones de frottement, les plis palmaires, les ongles, les mamelons, taches ardoisées sur la muqueuse buccale)
- ictère cholestatique possible chez le nouveau-né
- Hypoglycémie de jeûne : rarement symptomatique chez l’adulte sauf si insuffisance surrénale aiguë, plus fréquente chez le nourrisson/jeune enfant avec possibles convulsions
- Troubles ioniques : hyperK, hypoNa, natriurèse augmentée (perte de sel)
- NFS : anémie modérée, normochrome, normocytaire, leucopénie, hyperéosinophilie
- Maladies ou symptômes associés : MAI associée (hypothyroïdie, vitiligo,…), tuberculose, néoplasie (cancer pulmonaire, digestif, rénal, mammaire, lymphome, mélanome,…), SAPL
Quelles sont les manifestations cliniques et biologiques possibles de l’insuffisance surrénale chronique secondaire (corticotrope) ?
- Asthénie physique et psychique constantes (++ en cours de journée et à l’effort) +/- signes dépressifs, anorexie et amaigrissement constants, baisse tensionnelle et signes digestifs moins marqués que dans l’insuffisance surrénale primaire
- Pâleur cutanéomuqueuse ++ (même en l’absence d’anémie)
- HypoNa de dilution mais pas d’hyperK, Hypoglycémie plus fréquente si insuffisance antéhypophysaire globale (carence en GH associée)
- Maladies ou symptômes associés : signes témoignant du déficit des autres hormones hypophysaires, syndrome tumoral avec signes de compression chiasmatique et céphalées
Quelle est la démarche diagnostique d’exploration de la fonction hypothalamo-hypophysaire en cas de suspicion d’insuffisance surrénale chronique ?
- Cortisol sanguin et ACTH à 8h
- > taux de cortisol bas (< 50 ng/mL) = insuffisance surrénale, primaire si ATCH élevée (> 100 pg/mL), corticotrope si ACTH normale ou basse
- > taux de cortisol élevé (> 180 ng/mL) = pas d’insuffisance surrénale
- > taux de cortisol intermédiaire : 2. - Test de stimulation au Synacthène
- > absence de stimulation (pas d’élévation du cortisol) = insuffisance surrénale primaire ++, ou corticotrope d’installation sur plusieurs mois (atrophie du cortex surrénalien avec réponse insuffisante : pic < 500 nmol/L)
- > stimulation (élévation du cortisol > 180 ng/mL) et faible suspicion clinique d’insuffisance corticotrope = pas d’insuffisance surrénale
- > stimulation (élévation du cortisol > 180 ng/mL) mais forte suspicion clinique d’insuffisance corticotrope (test faussement normal dans le cadre d’une insuffisance corticotrope récente ou partielle) : 3. - Test de stimulation par hypoglycémie insulinique (alternative : test à la Métopirone)
- > absence de stimulation (pas d’élévation du cortisol) = insuffisance corticotrope (cf. supra)
- > stimulation (élévation du cortisol > 200 ng/mL) = pas d’insuffisance corticotrope
NB : le TTT d’une insuffisance surrénale suspectée doit être débuté sans attendre le résultat des dosages hormonaux
Quelles sont les principales étiologies possibles d’insuffisance surrénale chronique ?
- Causes d’insuffisance surrénale primaire = causes surrénaliennes :
- origine auto-immune (80% des cas chez l’adulte, le plus souvent associée à des Ac anti-21-hydroxylase) = rétraction corticale = maladie d’Addison : isolée ou associée à d’autres MAI (Hashimoto, DT1, IOP, gastrite AI +/- Biermer, maladie cœliaque, vitiligo) éventuellement dans le cadre d’une PEAI 1 ou 2 (cf. questions spécifiques)
- tuberculose bilatérale des surrénales suite à une dissémination hématogène du BK (TDM : surrénales augmentées de taille à la phase initiale puis atrophiées et calcifiées)
- au cours de l’infection par le VIH : localisation surrénalienne d’une infection opportuniste ou d’une pathologie maligne, mécanisme iatrogène
- autres causes surrénaliennes : iatrogènes (surrénalectomie bilatérale, anticortisolique de synthèse, nécrose hémorragique), métastases bilatérales, lymphome, causes vasculaires (nécrose suite à un état de choc, thrombose veineuse, hémorragie dans le cadre d’une méningococcémie,…)
- chez l’enfant : bloc enzymatique (hyperplasie congénitale des surrénales) ++ de forme complète ou partielle, adrénoleucodystrophie (insuffisance surrénale associée à des troubles neurologiques d’aggravation progressive) ou adrénomyéloneuropathie chez l’adulte
- Causes d’insuffisance corticotrope = causes hypothalamo-hypophysaires :
- interruption d’une CTC thérapie prolongée ++ : risque élevé si dose supraphysiologique (par exemple > 7,5 mg/j d’équivalent prednisone pendant 3-4 semaines), inhibiteur enzymatique associé (cf. infra) ou patient ayant présenté un syndrome de Cushing iatrogène
/!\ possible également pour une CTC thérapie locale chronique - tumeur de la région hypothalamo-hypophysaire
- au cours de l’infection par le VIH : atteinte de l’hypophyse par un lymphome ou une infection à CMV, prise simultanée d’un CTC anti-inflammatoire (même a faible dose) et du ritonavir (potentialisateur pharmacocinétique par inhibition du CYP3A4)
- autres causes : hypophysite auto-immune, granulomatose (sarcoïdose), traumatisme, chirurgie hypophysaire, radiothérapie, nécrose brutale à l’occasion d’un choc hypovolémique dans le post-partum (syndrome de Sheehan, très rare)
Quelles sont les atteintes les plus fréquemment retrouvées dans la PEAI 1 ?
- Hypoparathyroïdie
- Candidose
- Insuffisance surrénale
- Plus rarement : hépatite, malabsorption, hypogonadisme, hypoplasie de l’émail dentaire, vitiligo, alopécie, maladie de Biermer, hypothyroïdie, diabète, maladie cœliaque,…
NB : aussi appelée syndrome APECED, transmission autosomique récessive, mutation du facteur de transcription AIRE
Quelles sont les atteintes les plus fréquemment retrouvées dans la PEAI 2 ?
- Insuffisance surrénale
- Au moins une autre MAI parmi : thyroïdite de Hashimoto, maladie de Basedow, DT1
- Autres MAI pouvant être associées : myasthénie, vitiligo, gastrite AI, maladie de Biermer, alopécie,…
NB : anciennement nommée syndrome de Schmidt, souvent familiale à transmission autosomique dominante à pénétrance variable
Quels sont les éléments de la prise en charge de l’insuffisance surrénale chronique ?
- TTT substitutif :
- glucoCTC = hydrocortisone 15-25 mg/j en 2-3 prises
- minéraloCTC = fludrocortisone 50-150 microg/j en 1 prise (non nécessaire dans l’insuffisance corticotrope)
- TTT étiologique s’il y a lieu
- Éducation thérapeutique ++ :
- outils de sécurité : carte d’insuffisant surrénalien +/- bracelet ou collier d’alerte, comprimés d’hydrocortisone +/- fludrocortisone, boîte d’hydrocortisone injectable avec matériel pour injection, recommandations d’urgence
- régime normosodé
- laxatifs et diurétiques proscrits
- TTT à vie ou jusqu’à preuve de la récupération de l’axe hypophyso-surrénalien (insuffisance corticotrope post-CTC thérapie ou après exérèse d’un adénome surrénalien ou hypophysaire)
- savoir identifier les situations à risque et les symptômes d’insuffisance surrénale aiguë débutante et savoir adapter le TTT oral glucoCTC
- savoir administrer l’hydrocortisone par voie SC si > 2 vomissements/diarrhées en < 12h ou en cas de troubles de conscience : injection de 100 mg d’hydrocortisone en SC
- savoir adapter le TTT aux situations particulières : chaleur, exercice physique, voyages,…
- utiliser de façon pertinente les ressources du système de soins
- Surveillance :
- adaptation des doses fondée sur les éléments cliniques (asthénie, poids, PA) +/- dosage de la rénine pour adaptation des doses de fludrocortisone (élevée = sous-dosage, indétectable/basse = surdosage)
- recherche de signes de surdosage en hydrocortisone (gonflement et rougeur du visage, prise de poids, HTA, signes osseux, métaboliques, CV,…) et en fludrocortisone (OMI, HTA,…) et de sous-dosage (hTO, fatigue, nausées,…)
- ionogramme sanguin à surveiller
Quelles sont les manifestations cliniques et biologiques possibles de l’insuffisance surrénale aiguë ?
Tableau clinique souvent d’emblée très aigu :
- DEC avec pli cutané, hTA (de l’hTO simple au choc hypovolémique +/- réfractaire au remplissage et aux catécholamines)
- Prostration, asthénie intense, confusion, agitation, crises convulsives voire coma secondaires à l’hypoNa et à l’hypoglycémie
- Troubles digestifs : anorexie, nausées, vomissements, DA diffuses parfois pseudo-chirurgicales, diarrhée
- Douleurs diffuses, en particulier douleurs musculaires et céphalées
- Fièvre, à laquelle peut participer une infection ayant précipité la décompensation
+/- signes orientant vers une insuffisance surrénale chronique préexistante
Signes biologiques :
- Hémoconcentration (+/- fausse hyperCa) et IR fonctionnelle (spécifiques de l’insuffisance surrénale primitive)
- HypoNa et hyperK par carence en aldostérone (spécifiques de l’insuffisance surrénale primitive)
- Hypoglycémie
- Acidose métabolique
- Anémie, hyperlymphocytose, hyperéosinophilie
- Natriurèse conservée
- Plus rarement : hyperCa vraie
Quelles sont les principales étiologies possibles d’insuffisance surrénale aiguë ?
- Insuffisance surrénale chronique (connue ou non) décompensée spontanément ou à l’occasion d’une pathologie intercurrente +++ : vomissements, diarrhées, infections, fracture, IDM, intervention chirurgicale, anesthésie, acte diagnostique invasif, effort physique important, stress psychologique intense,…
- Insuffisance surrénale à début aigu :
- bloc enzymatique surrénalien (en 21-hydroxylase ++) complet : révélation dans la période néonatale
- hémorragie bilatérale des surrénales, troubles de la coagulation, nécrose, thrombose veineuse, SAPL
- arrêt brutal d’une CTC thérapie au long cours
- apoplexie hypophysaire (nécrose, saignement), TC, complication post-opératoire
Quels sont les éléments de la prise en charge de l’insuffisance surrénale aiguë ?
Urgence extrême ++
- Au domicile du patient : 100 mg d’hydrocortisone IV ou IM (à défaut SC), transport médicalisé en milieu hospitalier
- A l’hôpital :
- transfert en urgence en réanimation, mesures non spécifiques en cas de coma, fièvre, douleurs, hypoxie
- correction des troubles HD et HE : remplissage par NaCl 0,9% (3-6 L), pas de supplementation potassique, administration de soluté glucosé à 10 voire 30% pour corriger l’hypoglycémie
- hormonothérapie substitutive (dès la suspicion diagnostique) : hémisuccinate d’hydrocortisone, dose initiale de 100-200 mg en bolus IV ou IM (à défaut SC), puis 100-200 mg/24h en IVSE (à défaut 50 mg IV/IM toutes les 6h), réduction de moitié de la posologie à 24h et relais pour atteindre à J5 une dose d’entretien de 30 mg/j PO +/- acétate de désoxycorticostérone si hyperK importante (5-10 mg/j IM selon gravité, puis relais PO par 100 microg/j d’acétate de fludrocortisone)
- surveillance étroite : T°, PA, FC, FR, SpO2, diurèse, glycémie capillaire, GCS, ECG, iono sanguin et urinaire
- TTT du facteur déclenchant