Economie Flashcards
Que peut-on faire face à l’ambition du gouvernement de ramener le déficit public à 2,7% du PIB et la dette publique à 108,3% à l’horizon 2027, alors que le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) émet des réserves sur l’hypothèse de croissance jugée “optimiste” ?
Une stratégie efficace pourrait consister à associer à la fois la maîtrise des dépenses publiques et la stimulation de la croissance économique. En effet, pour atteindre l’objectif d’un déficit public à 2,7% du PIB et une dette publique à 108,3% en 2027, la France pourrait envisager de poursuivre la mise en œuvre de réformes structurelles visant à réduire les dépenses publiques, comme la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage, ainsi qu’une revue annuelle des dépenses.
Parallèlement, pour soutenir une croissance économique suffisante, elle pourrait aussi adopter des politiques visant à stimuler l’investissement et l’innovation, améliorer la compétitivité des entreprises, et développer la formation et les compétences de la population active. En outre, la France pourrait continuer à promouvoir des politiques de soutien aux ménages et aux entreprises dans le contexte d’événements extérieurs, tels que les effets de la guerre en Ukraine et de l’inflation.
Enfin, compte tenu des réserves émises par le HCFP, il serait important pour le gouvernement de communiquer clairement sur les risques associés à ses prévisions et d’élaborer des plans d’urgence pour faire face à des scénarios de croissance moins optimistes.
Sources :
- “Croissance, déficit, dette : les prévisions du gouvernement pour 2027”, La Rédaction, 5 mai 2023
- Programme de stabilité budgétaire (PSTAB) pour la période 2023-2027
- Avis relatif aux prévisions macroéconomiques associées au programme de stabilité pour les années 2023 à 2027 du Haut Conseil des finances publiques (HCFP)
Que peut-on faire face à la nécessité d’accompagner les entreprises innovantes dans leur transition écologique et numérique, dans le contexte de la 5ème phase des pôles de compétitivité pour la période 2023-2026, compte tenu du fait que pour chaque euro public investi, ce sont 3 euros supplémentaires que les PME adhérentes des pôles investissent en R&D ?
Pour accompagner les entreprises innovantes dans leur transition écologique et numérique, une politique publique pourrait se concentrer sur le renforcement des pôles de compétitivité, en les soutenant par des financements publics adaptés. Cela pourrait inclure :
- L’élargissement des marchés et réseaux des PME à travers les actions des pôles au niveau européen.
- La promotion de connexions et collaborations renforcées entre les acteurs des écosystèmes économiques et industriels régionaux, en lien avec les priorités régionales.
- Le soutien aux entreprises dans le cadre du plan France 2030 et des politiques régionales d’innovation, notamment en matière de transition écologique et numérique.
De cette façon, les pôles de compétitivité, qui ont démontré leur efficacité dans la stimulation des investissements en R&D par les PME, pourraient jouer un rôle clé dans l’accompagnement des entreprises pour répondre aux défis du XXIe siècle.
Sources :
- “Pôles de compétitivité : lancement de la phase 5”, La Rédaction, 4 avril 2023.
- Communiqué du ministère de l’Industrie, 27 mars 2023.
Que peut-on faire face au défi de la transition écologique qui, si mal gérée, pourrait provoquer une nouvelle vague de désindustrialisation en France, sachant que la part du secteur manufacturier dans le PIB a déjà chuté de 23% à 10% entre 1970 et 2021 ?
Face au défi de la transition écologique, qui risque de provoquer une nouvelle vague de désindustrialisation en France, il est recommandé de :
- Développer une industrie verte compétitive : cela implique une transformation des modes de production actuels et le développement de nouvelles spécialisations en réponse à la concurrence internationale dans les industries vertes.
- Renforcer les tissus productifs tout en poursuivant la décarbonation : Il est essentiel de mettre en place des politiques publiques qui permettent de concilier ces deux objectifs. Cela pourrait inclure des mesures de soutien à l’innovation dans les technologies vertes, des incitations fiscales pour les industries à faible émission de carbone et une formation ciblée pour les travailleurs afin de les préparer aux emplois dans ces nouvelles industries.
- S’inspirer des politiques déployées ailleurs : le plan industriel du Pacte vert proposé par la Commission européenne le 1er février 2023 pourrait servir de modèle.
Sources :
- “Transition écologique : quels effets sur l’industrie et le marché du travail ?”, La Rédaction, 29 mars 2023.
- Note du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), mars 2023.
Que peut-on faire face à la nécessité de décarboner l’industrie, dans le contexte où les zones portuaires de Dunkerque et Fos-sur-Mer représentent près de la moitié des émissions industrielles de CO2 en France ?
Pour faire face à ce défi, les politiques publiques pourraient envisager d’investir davantage dans la recherche et le développement de technologies de captation et de stockage du CO2, tout en encourageant l’adoption de pratiques plus durables au sein de l’industrie. Une autre option pourrait être de promouvoir des incitatifs financiers pour accélérer la transition vers des méthodes de production moins carbonées. L’établissement de partenariats entre le secteur public et privé, comme dans le cas du programme DKarbonation à Dunkerque, pourrait également permettre de combiner les ressources et les expertises afin de faciliter la transition vers une industrie plus verte.
Sources :
- “Décarbonation de l’industrie : une aide de l’État pour Dunkerque et Fos-sur-Mer”, La Rédaction, 24 janvier 2023.
- Rapport “La décarbonation des entreprises en France”, Conseil general de l’économie, 15 fev 2021.
Que peut-on faire face à la mise en place de l’Inflation Reduction Act (IRA) par les États-Unis, qui alloue environ 370 milliards de dollars pour soutenir l’industrie verte américaine, posant un potentiel problème de compétitivité pour l’industrie européenne ?
Face à cette situation, la réponse européenne pourrait consister en un plan d’action à quatre piliers, à savoir l’aspect réglementaire, les financements, les compétences et le commerce. Ce plan comprendrait notamment des régulations pour une industrie à zéro émission et sur les matières premières critiques, des incitations financières pour les investissements dans les technologies propres, le développement des compétences dans les secteurs clés et la facilitation d’un commerce équitable et ouvert. Il serait également envisageable de mettre en place un fonds de souveraineté pour soutenir la recherche et l’innovation industrielles stratégiques.
Sources :
- “Subventions américaines aux industries vertes : quelle réponse européenne ?”, La Rédaction, 25 janvier 2023.
- Déclaration d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, au Forum économique mondial de Davos, 17 janvier 2023.
Que peut-on faire face à l’inégalité de la répartition du patrimoine en 2021, où la moitié des ménages possède 92% du patrimoine brut total, et les 1% les plus riches détiennent un patrimoine brut supérieur à 2,24 millions d’euros ?
Dans le contexte de ces inégalités patrimoniales, une politique publique pourrait envisager des mesures de redistribution, telles que l’instauration d’une fiscalité progressive sur les grandes fortunes, l’augmentation de l’imposition sur les transmissions de patrimoine pour les bénéficiaires les plus aisés ou le renforcement des dispositifs de soutien à l’accès à la propriété pour les ménages modestes. En outre, des initiatives pour favoriser l’épargne des ménages les moins dotés, par exemple à travers des incitations fiscales ciblées, pourraient contribuer à réduire ces disparités.
Sources :
- “Patrimoine : la moitié des ménages en détient 92% en 2021”, La Rédaction, 2 février 2023.
- Etude sur la répartition des avoirs patrimoniaux en 2021, Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), janvier 2023.
Que peut-on faire dans le contexte de la réforme du marché de l’électricité de l’UE pour assurer la stabilité des prix tout en accélérant l’essor des énergies renouvelables et en protégeant les consommateurs ?
Dans le contexte de cette réforme, une politique publique pourrait viser à encourager l’investissement dans les infrastructures d’énergies renouvelables à travers des incitations financières ou fiscales, tout en mettant en place des mécanismes de protection pour les consommateurs face aux fluctuations des prix. En outre, la promotion d’une meilleure information et éducation des consommateurs sur leurs choix contractuels pourrait aider à accroître l’utilisation d’énergies renouvelables, ainsi que l’autoproduction et la vente d’énergie entre voisins. Enfin, l’instauration d’un fournisseur de dernier recours pourraient garantir la continuité du service en cas de faillite des fournisseurs d’énergie, en particulier pour les consommateurs vulnérables.
Sources :
- “Réforme du marché de l’électricité de l’UE : quels effets pour les consommateurs ?”, La Rédaction, 23 mars 2023.
- Proposition de réforme du marché de l’électricité de l’Union européenne, Commission européenne, 14 mars 2023.
Face à l’enjeu de l’efficacité du Compte Personnel de Formation (CPF) et ses évolutions (31,7 milliards d’euros investis, 19,7 millions de bénéficiaires en 2018), que peut-on faire pour optimiser l’impact de ce dispositif sur l’emploi et la formation des actifs ?
La recommandation de politique publique synthétique pour répondre à cette question serait de continuer à renforcer le CPF en mettant en place des mesures spécifiques :
- Renforcer la régulation des financements : dans cinq ans, la question de l’éparpillement des financements de la formation professionnelle devra être traitée. Les volumes budgétaires devront être plus réduits et concentrés sur des formations éligibles moins nombreuses, régulées annuellement et plus claires pour les citoyens.
- Assurer un lien direct avec l’emploi : si le CPF offre à tous les citoyens un pouvoir d’achat de formation, utilisé en toute liberté, il devra démontrer son utilité par son lien direct avec l’emploi. Les premières analyses disponibles sont encourageantes : en décembre 2021, six mois après une formation financée par CPF, 54,2% des demandeurs d’emploi accèdent à un emploi.
- Améliorer l’information des usagers : l’évolution future reposera sur un système permettant d’améliorer l’information des usagers, de détecter davantage de situations anormales et donc d’intervenir avec efficacité au bénéfice de l’intérêt général.
- Impliquer davantage de financeurs : MCF (Mon Compte formation) permettra d’accueillir une large gamme de financeurs publics et privés de la formation professionnelle qui interviendront en complément des financements publics pour acheter mieux, moins cher et de manière plus coordonnée.
Sources :
- Article “Compte personnel de formation : quel bilan pour le CPF ?” de Laurent Durain publié le 30 mars 2023.
- “Formation professionnelle, Jaunes budgétaires, 18 octobre 2021”.
- Loi du 19 décembre 2022 visant à lutter contre la fraude au compte personnel de formation et à interdire le démarchage de ses titulaires.
Que peut-on faire face au ralentissement du commerce mondial, en particulier dans le contexte où l’OMC prévoit seulement une croissance de 1% pour 2023 ?
Face au ralentissement du commerce mondial, il serait judicieux d’adopter des politiques publiques qui favorisent une nouvelle forme de mondialisation. Celle-ci devrait maintenir l’ouverture des échanges, tout en tenant compte de nouvelles contraintes et exigences telles que la résilience, la souveraineté économique, la sécurité alimentaire et technologique, la décarbonation et la transition verte. Il serait aussi pertinent d’améliorer les instruments existants de gouvernance et de résolution des conflits commerciaux. Toutefois, la négociation entre les pays partenaires serait nécessaire pour éviter une escalade de mesures protectionnistes et assurer l’équité dans le commerce mondial
Que peut-on faire face aux limites observées du dispositif “Territoires zéro chômeur de longue durée”, notamment concernant son modèle économique fragile, illustré par le fait qu’il ne s’avère pas neutre pour les finances publiques et semble manquer de ciblage précis ?
Face à ces limites, une politique publique pourrait envisager de renforcer et de clarifier le ciblage du dispositif. Cela signifierait engager en priorité les individus qui ont le plus de difficultés à accéder à l’emploi (tels que ceux en fin de carrière, bénéficiaires de minima sociaux). En outre, il serait important d’améliorer la gouvernance du dispositif, en particulier en précisant le rôle et le fonctionnement des Comités Locaux pour l’Emploi (CLE). Une consolidation de la méthode d’évaluation est également nécessaire pour mieux mesurer l’efficacité des mesures prises.
Sources :
- Inspection générale des finances (IGF) et Inspection générale des affaires sociales (Igas), évaluation économique de l’expérimentation “Territoires zéro chômeur de longue durée”, octobre 2019 ;
- Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), bilan de la première expérimentation, avril 2021.
Que peut-on faire face aux défis économiques, sociaux et environnementaux posés par le développement du “quick commerce”, un modèle récent qui promet une réponse immédiate aux besoins des consommateurs, mais qui pourrait faciliter divers types de fraudes et génère des externalités négatives ?
Pour faire face à ces défis, les politiques publiques pourraient se concentrer sur plusieurs axes d’action.
- Premièrement, mettre en place une régulation plus stricte de ce secteur, notamment en ce qui concerne le respect des droits des travailleurs et la gestion des données de géolocalisation.
- Deuxièmement, renforcer le contrôle des normes environnementales, par exemple en faisant appliquer la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020.
- Troisièmement, accroître le niveau d’information des consommateurs pour un meilleur équilibre des rapports commerciaux.
- Enfin, maintenir une surveillance locale de l’implantation des “dark stores” et “dark kitchens”, comme initié par le décret du 24 mars 2023, qui les considère désormais comme des entrepôts et non comme des commerces, permettant ainsi aux maires d’avoir une emprise sur leur installation.
Source :
- Rapport d’information de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, sur le “quick commerce”, 3 mai 2023?
Que peut-on faire face aux lacunes observées dans les évaluations prudentielles du risque de crédit des banques par la Banque centrale européenne (BCE), qui contrôle chaque année plus de 110 banques dans 21 pays de l’Union européenne ?
Pour remédier à ces lacunes, la Cour des comptes européenne (CCE) propose une série de recommandations. La BCE pourrait renforcer les évaluations des risques des banques tout en préservant son indépendance opérationnelle. De plus, l’amélioration du processus de contrôle et d’évaluation prudentiels pourrait se faire en accélérant certaines procédures, comme les phases de dialogue entre la BCE et les banques surveillées. Enfin, l’application de mesures de surveillance permettrait de mieux garantir la bonne gestion et la couverture adéquate des risques par les banques, en améliorant la transparence du processus de surveillance.
Source :
Cour des comptes européenne, Rapport spécial, L’UE et la surveillance du risque de crédit des banques, mai 2023
Que peut-on faire face à la nécessité de renforcer la vigilance sur les investissements étrangers en France, notamment en tenant compte du fait que 65,8% des investisseurs ultimes sont situés hors de l’Union européenne (UE) en 2022 ?
Dans le contexte actuel de tensions internationales et de compétition économique, la France pourrait renforcer le contrôle de ces investissements étrangers. Par exemple, elle pourrait continuer de maintenir un seuil bas pour le déclenchement du contrôle des investissements étrangers dans les sociétés françaises cotées, comme elle l’a fait en passant le seuil de 25% à 10% des droits de vote lors de la crise sanitaire. De plus, elle pourrait élargir la gamme de secteurs soumis à une autorisation préalable pour les investissements étrangers, afin de protéger davantage les technologies et les entreprises essentielles à l’économie nationale.
Source :
DG Trésor, (2023), Rapport annuel sur le contrôle des investissements étrangers en France.
Que peut-on recommander dans le contexte de la nécessité d’évaluer l’efficacité des mesures de réduction ou d’exonération de cotisations ou de contributions sociales, conformément à la loi organique sur les lois de financement de la sécurité sociale du 14 mars 2022 ?
Pour évaluer efficacement les mesures de réduction ou d’exonération de cotisations sociales, il est recommandé de sélectionner les mesures qui présentent les enjeux les plus significatifs, et d’augmenter le nombre de ces mesures évaluées d’environ 40% par rapport à celles du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Pour cela, des comités d’évaluation partenariaux ou d’expertise pourraient être chargés des évaluations approfondies. Pour améliorer l’information du Parlement, une “grille d’analyse” pourrait être créée, rassemblant 26 caractéristiques pour chaque mesure d’exonération. Par ailleurs, la mise en place d’une programmation triennale des évaluations à mener entre juin 2023 et juin 2026 pourrait faciliter ce processus. (Source: Article “Exonération de cotisations sociales : quelles méthodes pour évaluer leur efficacité ?”, publié le 6 juin 2023).
Que faire face à la position dominante de la Chine, qui représente déjà au moins 30% de la production mondiale pour huit minerais différents et plus de 70% pour cinq d’entre eux, dans la production des métaux stratégiques indispensables aux technologies bas-carbone ?
Pour répondre à cette domination chinoise, les économies occidentales peuvent adopter une approche multiforme. D’abord, elles devraient envisager de diversifier leurs sources d’approvisionnement pour ne pas dépendre d’un unique fournisseur (R1). Ensuite, elles peuvent envisager d’investir dans le développement de stocks stratégiques de ces métaux, de façon à garantir leur disponibilité en cas de perturbation du marché (R2). Il est également essentiel de favoriser l’exploitation des ressources sur leur propre territoire, notamment par le biais d’investissements dans la recherche et le développement de nouvelles technologies d’extraction (R3). De plus, le développement des politiques de recyclage pourrait contribuer à réduire la demande pour de nouvelles extractions (R4). Enfin, il serait également judicieux d’augmenter leurs investissements à l’étranger pour sécuriser les sources d’approvisionnement (R5).
Source: CEPII (Bonnet, Grekou, Hache & Mignon), “Métaux stratégiques : la clairvoyance chinoise”, juin 2022.
Que peut-on recommander face à la dépendance accrue de l’industrie pharmaceutique européenne à l’égard de l’Asie émergente pour l’approvisionnement en produits de base, une situation qui fragilise la sécurité de l’approvisionnement et a mené à des pénuries de médicaments plus nombreuses depuis les années 2010 ?
Dans ce contexte de dépendance croissante de l’Europe vis-à-vis de l’Asie émergente, qui représente plus de 20 % du marché des produits pharmaceutiques de base en 2019, il est recommandé d’encourager les politiques publiques à soutenir l’autosuffisance et la diversification des sources d’approvisionnement (R1). Les pouvoirs publics pourraient par exemple investir dans la recherche et le développement pour améliorer les capacités de production en Europe (R2), stimuler la coopération régionale (R3) et faciliter le développement de partenariats stratégiques pour diversifier les fournisseurs (R4). Cela pourrait améliorer la résilience de l’industrie pharmaceutique européenne face aux crises futures.
Source : La Lettre du CEPII, “Industrie pharmaceutique européenne : quand rentabilité rime avec vulnérabilité”, Janvier 2022.
Que peut-on recommander face aux conséquences individuelles et collectives des plans sociaux dans l’industrie, notamment en terme d’emploi et de salaire, dans le contexte d’une transition écologique pressante ?
Face à ces conséquences des plans sociaux, où l’on observe par exemple qu’un salarié ayant été licencié dans le cadre d’un plan social a une probabilité de 21 points inférieure d’être en emploi un an après le licenciement par rapport à un individu non-licencié dans les mêmes conditions, il serait recommandé de développer des politiques publiques favorisant le renforcement des tissus industriels et leur adaptation à la transition écologique (R1). Cela pourrait impliquer un soutien à la formation professionnelle pour le développement de compétences adaptées aux industries vertes (R2), un soutien financier aux entreprises qui s’engagent dans des processus de décarbonation (R3), et la mise en place de politiques de revitalisation des zones d’emploi touchées par la désindustrialisation (R4).
Source : La lettre du CEPII, « Vingt ans de plans sociaux dans l’industrie : quels enseignements pour la transition écologique ? », Mars 2023.
Que peut-on recommander face à l’évolution de la protection douanière qui a diminué de 7,6% en 2001 à 3,9% en 2019, face à la montée de la protection temporaire, notamment dans le contexte géopolitique actuel ?
Dans ce contexte de baisse des droits de douane et de recours accru à la protection temporaire, une recommandation pourrait être d’harmoniser et de réglementer davantage l’utilisation de la protection temporaire au niveau international (R1). Cela permettrait de s’assurer que cet outil soit utilisé de manière appropriée et équitable, sans nuire à la concurrence internationale. Il est également crucial d’intégrer plus fortement les préoccupations géopolitiques dans la politique commerciale, compte tenu de l’importance croissante de ces facteurs dans les relations commerciales internationales (R2). Cela pourrait nécessiter une refonte de certains aspects de l’OMC ou d’autres institutions commerciales internationales pour mieux répondre à ces défis (R3).
Sources : Guimbard, H. et Lefebvre, K. (2022). Protection commerciale : moins de droits de douane, plus de protection temporaire. La Lettre du CEPII, N° 431.
Que peut-on recommander face à la dégradation du solde commercial français, notamment due au tassement de l’excédent des multinationales françaises de près de 2 points de PIB entre 2000 et 2018 ?
Face à ce phénomène, une recommandation de politique publique pourrait être d’encourager une diversification de l’économie française, afin de ne pas trop dépendre des performances des multinationales. Pour ce faire, l’État pourrait mettre en place des mesures incitatives pour favoriser la création et le développement des PME dans des secteurs porteurs et innovants (R1). De plus, une politique industrielle stratégique visant à renforcer la compétitivité des entreprises françaises, y compris les multinationales, pourrait aider à redresser la balance commerciale. Cela pourrait passer par des investissements dans la recherche et le développement, la formation des travailleurs ou encore des réformes structurelles pour améliorer l’environnement des affaires (R2). Il serait également utile d’encourager les entreprises à se préparer et à s’adapter aux évolutions futures, notamment en termes de transitions technologiques et écologiques (R3).
Source : “Les multinationales françaises, fer de lance du commerce extérieur français, mais aussi de sa dégradation” de Pierre Cotterlaz, Sébastien Jean & Vincent Vicard, La Lettre du CEPII, N° 427 – Mai 2022.
Quelles recommandations pourrait-on faire face à la divergence des politiques macroéconomiques et leurs impacts sur les soldes commerciaux et la compétitivité industrielle des grandes économies de la zone euro ?
En observant les effets divergents des politiques macroéconomiques menées par l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie au cours des années 2000, il est possible de suggérer plusieurs recommandations pour améliorer les soldes commerciaux et la compétitivité industrielle.
R1 : Une coordination plus étroite des politiques macroéconomiques pourrait aider à minimiser les divergences dans les soldes commerciaux et les performances à l’exportation. Les différences dans les politiques menées par ces pays ont conduit à des écarts de demandes internes, affectant à la fois les importations et les exportations.
R2 : Les pays doivent être conscients des conséquences à long terme des politiques de relance ou d’austérité sur leurs industries. Par exemple, une compression de la demande interne peut, à court terme, améliorer la compétitivité des exportations en réduisant l’inflation et en poussant les entreprises à chercher des débouchés à l’extérieur. Cependant, cette stratégie peut aussi avoir des effets néfastes à long terme sur l’économie intérieure.
R3 : Prendre en compte le rôle décisif de la demande interne dans la définition des politiques économiques. Une politique trop orientée vers l’extérieur peut nuire à l’économie domestique, tandis qu’une politique trop axée sur la stimulation de la demande interne peut entraîner une dégradation de la compétitivité à l’exportation. Par conséquent, il est nécessaire d’équilibrer ces deux aspects pour maintenir une économie saine et compétitive.
Source : La lettre du CEPII, N° 426 – Avril 2022, « Déficits commerciaux et désindustrialisation : la faute de la demande ? », Carl Grekou & Thomas Grjebine.
Que peut-on recommander face à l’augmentation significative du nombre de clauses environnementales dans les accords commerciaux, passant de moins de vingt par accord en moyenne jusqu’en 2005, à 111 en moyenne en 2019, et au fait qu’aucun accord n’a été signé sans disposition environnementale depuis 2013 ?
Face à cette évolution, il serait recommandé de poursuivre et renforcer cette tendance positive, notamment en insérant davantage de clauses environnementales dans les accords commerciaux. Ces clauses permettent non seulement aux pays de renforcer librement leurs politiques environnementales, mais elles servent également à maintenir le respect de leurs engagements internationaux (R1). Cependant, pour assurer une efficacité optimale, il serait judicieux d’adopter une approche plus coercitive, notamment en termes de mise en application des dispositions environnementales, à l’image de ce que fait actuellement la Commission européenne (R2). Enfin, l’effort ne doit pas se limiter aux pays à haut revenu. Les pays à faible et moyen revenu, qui ont vu le nombre moyen de dispositions par accord passer de moins d’un en moyenne, sur la période 1985-1989, à trente-quatre, pour les trois accords entrés en vigueur depuis 2015, devraient également être encouragés à intégrer davantage de clauses environnementales dans leurs accords commerciaux (R4).
Sources : Lettre du CEPII, « Quelles clauses environnementales dans les accords commerciaux ? », décembre 2022, Cecilia Bellora & Malte Thie.
Que peut-on recommander face à l’évitement fiscal pratiqué par les multinationales, sachant que la complexité de leur structure de détention des filiales joue un rôle crucial dans ces pratiques, avec un exemple notable où 3% de ces entreprises, détenant plus de 100 filiales, représentaient près des deux tiers de la valeur ajoutée, de l’emploi et des actifs ?
Pour contrer l’évitement fiscal des multinationales, particulièrement celles présentant des structures complexes de détention des filiales, il serait recommandé de promouvoir la transparence et le partage d’informations entre les juridictions fiscales internationales. Cela permettrait d’exposer les stratégies d’évasion fiscale complexes et d’augmenter la responsabilité des multinationales (R1). De plus, une réforme internationale du système de taxation des multinationales, comme celle proposée par l’OCDE en 2021, pourrait être mise en œuvre. Cela consisterait à répartir plus équitablement les droits d’imposition sur les bénéfices des multinationales entre les pays où elles sont actives (R2). Il serait également crucial de renforcer la coopération et l’harmonisation fiscales internationales pour limiter les possibilités de transfert de profits vers les pays à faible imposition (R3).
Source : Lettre du CEPII, « Seules les multinationales suffisamment complexes font de l’évitement fiscal », février 2023, Manon Francois & Vincent Vicard
Que peut-on recommander face à la concentration des emplois en France qui conduit à des inégalités salariales et territoriales, avec un indice de concentration moyen de 0,47 en 2018 ?
Dans le contexte de cette concentration des emplois, conduisant à des disparités territoriales et d’inégalités salariales marquées en France, une recommandation de politique publique pourrait être d’encourager la diversification de l’économie locale dans les régions fortement dépendantes d’un nombre limité de grands employeurs. Cette stratégie pourrait passer par des incitations fiscales et des aides au développement pour les petites et moyennes entreprises, ainsi qu’une attention particulière portée à l’innovation et au développement des compétences (R1). En outre, des politiques de soutien à la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs pourraient également être mises en place afin de permettre aux salariés de s’adapter à un marché du travail en constante évolution (R2).
Source : Arquié, A. et Bertin, J. (août 2021). La concentration des emplois, une source négligée de disparités territoriales et d’inégalités salariales. La Lettre du CEPII, N° 419.
Que peut-on recommander face à l’augmentation substantielle des coûts administratifs liés au commerce international et aux obstacles techniques et sanitaires, considérant l’efficacité observée du programme d’opérateur économique agréé (OEA) qui a permis aux entreprises françaises de voir leurs exportations augmenter jusqu’à 25 % sur certains marchés entre 2009 et 2017 ?
Pour réduire les coûts administratifs et faciliter les échanges internationaux, on peut recommander une adoption plus large et une promotion accrue du programme OEA par les administrations douanières à travers le monde. Compte tenu des résultats obtenus par les entreprises françaises certifiées OEA, cela pourrait potentiellement conduire à une augmentation des exportations (R1). Par ailleurs, une augmentation du nombre d’accords de reconnaissance mutuelle (ARM) entre les pays pourrait également aider à simplifier les processus douaniers pour les entreprises OEA, ce qui permettrait de gagner du temps et de réduire les coûts (R2). En outre, une coopération plus étroite et une meilleure coordination entre les différentes organisations internationales, comme l’Organisation mondiale des douanes et l’Organisation mondiale du commerce, pourraient faciliter l’harmonisation des normes et des procédures douanières (R3). Enfin, il pourrait être bénéfique d’investir davantage dans la modernisation et la digitalisation des processus douaniers pour rendre les procédures plus efficaces et moins coûteuses (R4).
Source : Lettre du CEPII, « Opérateur économique agréé : un pass VIP pour exporter », août 2022, Charlotte Emlinger et Houssein Guimbard.
Que peut-on recommander face à la stagnation de la part du commerce intra-africain dans les exportations totales du continent, se situant à environ 15% ?
Le commerce africain fait face à des obstacles. Il s’agit notamment de la fragmentation des marchés africains, les faibles complémentarités des spécialisations des pays africains, le poids des ressources naturelles dans leurs exportations (45%), les droits de douane élevés (8,8% en moyenne), et les obstacles réglementaires. Des investissements pour améliorer les infrastructures, une harmonisation réglementaire à l’échelle du continent, et des politiques de diversification économique pourraient être des recommandations pertinentes (R1). De plus, une meilleure intégration des accords commerciaux et une diminution des droits de douane intra-africains pourraient stimuler le commerce entre les pays du continent (R2). Il serait également pertinent d’envisager des politiques qui favorisent le commerce formel afin de réduire le volume important du commerce informel, qui peut dépasser la valeur du commerce enregistré par les douanes dans certains secteurs et pays africains (R3).
Source : Lettre du CEPII, « Décollage du commerce intra-africain : l’impératif de croissance économique », mars 2022, Lionel Fontagné, Cristina Mitaritonna & Yu Zheng
Que peut-on recommander face à l’impact négatif de la corruption sur le commerce intra-communautaire de produits agricoles en Afrique de l’Ouest, où elle équivaut en moyenne à une taxe de 9,9% sur l’oignon et 12,7% sur le maïs, contribuant à l’insécurité alimentaire ?
R1 : Améliorer l’information et l’assistance aux frontières pour réduire l’opacité de la réglementation en vigueur, une source majeure de corruption.
R2 : Imposer des sanctions plus strictes pour dissuader les pratiques de corruption, en s’inspirant de l’exemple du Rwanda.
R3 : Faciliter l’accès au crédit pour permettre aux transporteurs de mettre leur flotte de camions aux normes, ce qui réduirait la pression exercée par les fonctionnaires.
R4 : Augmenter les salaires des fonctionnaires pour réduire leur incitation à accepter des pots-de-vin.
R5 : Investir dans les infrastructures routières pour réduire les temps de trajet et faciliter les contrôles.
Source : Lettre du CEPII, « Afrique de l’Ouest : les tracasseries routières aggravent l’insécurité alimentaire », mai 2023, Antoine Bouët, Leysa Maty Sall & Fousseini Traoré.
Que peut-on recommander face à l’augmentation alarmante de la consommation d’énergie mondiale, qui pourrait doubler d’ici 2050 selon les projections actuelles ?
Face à l’évolution inquiétante de la consommation d’énergie, il est recommandé de mettre en œuvre des politiques ambitieuses de décarbonation de nos économies pour rendre soutenables les perspectives de croissance économique. En particulier, il est impératif de favoriser le découplage de la croissance et de la consommation d’énergie, et d’accélérer drastiquement l’efficience énergétique et la transition vers des sources d’énergie renouvelables. Tous les pays, y compris les pays émergents, doivent participer à cet effort de façon coordonnée (R1). Des mécanismes de coopération internationale doivent être trouvés pour éviter que la consommation d’énergie envisagée ne se traduise en une utilisation accrue des énergies fossiles. Cela pourrait prendre la forme de conventions internationales, de la mise en place de taxes carbone transnationales, ou de la coordination des efforts de recherche et développement dans les technologies vertes (R2). Le rapport du GIEC souligne l’urgence de cette transition, en concluant que la limitation du réchauffement à +1,5 °C à l’horizon 2100 nécessite d’atteindre la neutralité carbone peu après 2050 (R3).
Source : Lettre du CEPII, « Horizon 2050 : où la dynamique actuelle mène-t-elle l’économie mondiale ? », nombre 2021, Lionel Fontagné, Erica Perego & Gianluca Santoni
Que peut-on recommander face à la diversité des régimes de change et leurs fragilités respectives, dans un contexte où les débats théoriques ne tranchent pas sur les mérites des régimes de change fixe et flexible, et où les classifications actuelles (comme celles du FMI, de Levy-Yeyati et Sturzenegger, ou de Reinhart et Rogoff) ne concordent que pour environ 57 % des observations ?
Face à la complexité et à la variabilité des régimes de change, il est recommandé d’adopter une approche contextuelle et dynamique. Il n’existe pas de régime de change unique et universellement efficace ; le choix d’un régime doit donc prendre en compte le contexte économique, financier et institutionnel spécifique de chaque pays (R1). De plus, en raison des mutations profondes des pratiques depuis la fin du système de Bretton Woods, il est important d’améliorer les classifications existantes pour mieux caractériser les différents régimes de change. Cela pourrait impliquer de combiner plusieurs critères issus de classifications différentes, pour obtenir une représentation plus réaliste et nuancée des régimes de change (R2). Enfin, pour minimiser le risque de crise de change, les autorités monétaires devraient être dotées d’outils adéquats pour surveiller les déséquilibres macroéconomiques et intervenir de manière proactive et flexible lorsque nécessaire (R3).
Source : Lettre du CEPII, « Mieux caractériser les régimes de change pour comprendre leurs fragilités », juin 2021, Cécile Couharde & Carl Grekou.
Que peut-on recommander face à la désindustrialisation en France et le déficit commercial (7 % du PIB en 2022) ?
Face à la désindustrialisation en France et son déficit commercial, il peut être recommandé d’adopter une politique de réindustrialisation qui mettrait l’accent sur les secteurs stratégiques, tout en respectant les règles commerciales européennes (R1). Il est également important de favoriser l’attractivité de la France en tant que lieu de production, à travers des mesures telles que la réduction des impôts de production (R2). Cependant, cette stratégie doit être mise en œuvre en cohérence avec une politique d’ajustement macroéconomique au sein de l’Union européenne. En particulier, la réduction des excédents des pays d’Europe du Nord pourrait aider à stabiliser la situation économique de la France (R3). Il est également recommandé de soutenir l’innovation et les régions économiquement défavorisées, pour maximiser les externalités positives de l’industrie (R4).
Source : Lettre du CEPII, « Relocaliser, réindustrialiser : dans quels buts ? », Septembre 2020, Sébastien Jean & Vincent Vicard.
Que peut-on recommander face à l’augmentation de la dépendance de la production française vis-à-vis de l’offre chinoise et du reste du monde hors Union européenne, une dépendance qui a été multipliée par 10 entre 1995 et 2014 (de 0,09 % à 0,85 % de la production) ?
Il serait recommandé de promouvoir la diversification des chaînes d’approvisionnement en encourageant les entreprises à développer des relations commerciales avec une variété de pays. Cela pourrait permettre de réduire la vulnérabilité face à des perturbations dans un seul pays ou une seule région (R1). Par ailleurs, une politique d’investissement dans les industries nationales stratégiques pourrait être envisagée pour renforcer l’autonomie de la France sur certains produits essentiels (R2). Enfin, promouvoir la coopération et l’intégration régionale au sein de l’Union européenne pourrait également constituer un levier pour réduire la dépendance vis-à-vis de pays tiers (R3). Il serait également crucial de renforcer la transparence et le suivi des chaînes d’approvisionnement internationales pour anticiper et gérer plus efficacement les risques de rupture (R4).
Source : Lettre du CEPII, « Chaînes de valeur mondiales et dépendances de la production française », juin 2020.
Que peut-on recommander face au ralentissement des gains de productivité observé dans les pays de l’OCDE, en parallèle de l’augmentation de l’intensité en actifs immatériels, passée de 26% à 40% pour les entreprises américaines depuis les années 1980 ?
Il serait recommandé de mettre en place des politiques publiques visant à faciliter l’accès au financement pour les entreprises qui investissent fortement en actifs immatériels. Étant donné que ces actifs présentent un risque plus élevé pour les prêteurs et investisseurs, il est crucial de trouver des moyens de réduire cette barrière. Ces politiques pourraient inclure des mesures d’incitation pour les institutions financières à prêter à des entreprises axées sur les actifs immatériels, ou des garanties de l’État pour réduire le risque associé à ces prêts (R1). En parallèle, il serait recommandé d’améliorer la comptabilisation des actifs immatériels, afin de mieux refléter leur valeur dans les bilans des entreprises et faciliter leur financement (R2).
Source : Lettre du CEPII, « Economie immatérielle, productivité et développement financier », janvier 2020.
Que peut-on faire face à la persistance potentielle d’une inflation plus élevée que prévu dans la zone euro, avec une inflation globale prévue à 3,5 % au quatrième trimestre de 2023 selon la Commission européenne ?
Face à cette situation, une politique publique clé pourrait consister à renforcer la communication et la transparence de la Banque Centrale Européenne (BCE) concernant sa stratégie monétaire. Cela pourrait aider à ancrer les anticipations d’inflation et à éviter un cercle vicieux où des attentes d’inflation plus élevées se traduisent par une inflation réelle plus élevée. Par ailleurs, la BCE pourrait envisager de poursuivre une politique de taux d’intérêt plus élevés pour limiter l’inflation, tout en surveillant attentivement l’impact sur la croissance économique. Enfin, des politiques structurelles visant à améliorer l’efficacité de l’économie et à promouvoir la concurrence pourraient également être nécessaires pour limiter la hausse des coûts et des prix. Il convient de noter que ces recommandations doivent être adaptées à l’évolution de la situation économique et de l’inflation.
Sources :
- Article “Zone euro : le risque d’une inflation plus persistante que prévu”, publié le 16 mai 2023.
- Projections de la BCE et de la Commission européenne sur l’inflation dans la zone euro.
À quoi peut-on s’attendre face à la montée de l’inflation, ayant atteint un pic de 10% en novembre 2022, dans le contexte des responsabilités élargies de la Banque Centrale Européenne au cours de ses 25 ans d’existence ?
Pour faire face à cette inflation croissante, la Banque Centrale Européenne (BCE), dont le mandat principal est de maintenir la stabilité des prix, pourrait envisager plusieurs actions stratégiques.
Elle pourrait décider de relever ses taux d’intérêt pour atténuer les pressions inflationnistes, même si cette action peut avoir des répercussions sur la croissance économique.
Par ailleurs, la BCE pourrait également travailler en étroite collaboration avec les gouvernements nationaux pour coordonner les politiques fiscales et monétaires, afin de créer un équilibre entre le contrôle de l’inflation et la stimulation de la croissance.
Enfin, compte tenu de ses responsabilités élargies, la BCE pourrait renforcer la surveillance des banques pour assurer leur solidité face aux pressions inflationnistes et pour prévenir les crises financières futures .
(Source : Traités de l’Union Européenne, 1992, 2007; Banque Centrale Européenne, 2023).
Que peut-on faire face à l’augmentation de la précarité alimentaire, qui a touché 16% de la population fin 2022, particulièrement les jeunes, les femmes, les chômeurs et les personnes à faible revenu, en raison de la forte inflation, en particulier sur les produits alimentaires ?
Pour faire face à l’augmentation de la précarité alimentaire, une réponse politique pourrait consister à mettre en place des transferts monétaires ciblés vers les populations les plus touchées. Ce type de mesure permettrait d’offrir un soutien financier direct aux personnes les plus affectées par l’inflation alimentaire, facilitant ainsi leur accès à une nourriture suffisante et de qualité.
De plus, des politiques visant à renforcer le soutien en matière de santé, de logement et de réseaux sociaux pourraient également aider à atténuer l’impact de ces fragilités cumulatives.
Les programmes d’éducation nutritionnelle pourraient également aider à maximiser l’utilisation efficace des ressources disponibles.
Pour mettre en œuvre ces mesures de manière efficace, une collaboration entre différentes branches de la politique sociale serait nécessaire, y compris l’emploi, la santé, le logement et l’éducation (Source : Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), Mai 2023).
Que peut-on faire face à l’organisation éclatée des services publics de l’emploi en France, un phénomène qui rend complexe l’accompagnement des demandeurs d’emploi ?
Dans le contexte de cette organisation éclatée des services publics de l’emploi, où la France compte trois guichets différents (Pôle emploi, service d’insertion des départements, missions locales) et trois échelons institutionnels impliqués (État, départements, communes), une politique publique recommandée serait de rationaliser le système en réduisant le nombre de guichets. Cela pourrait être réalisé en expérimentant des structures communes à Pôle Emploi, aux départements et aux missions locales pour la prise en charge des jeunes et des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA).
Par ailleurs, la transparence entre les différents acteurs du service public de l’emploi devrait être renforcée avec la mise en place de statistiques homogènes et d’objectifs chiffrés.
IGAS, IGF, “Comparaison des services publics de l’emploi de différents pays européens”, février 2023.
Que peut-on faire face à l’évolution du rapport au travail après la crise sanitaire du Covid-19, notamment dans le contexte où l’on a constaté une hausse des démissions atteignant 520 000 par trimestre fin 2021 et début 2022 et un intérêt accru pour le télétravail avec 4 070 accords d’entreprise y relatifs signés en 2021 ?
Pour répondre aux nouveaux défis posés par l’évolution du rapport au travail suite à la crise du Covid-19, les politiques publiques pourraient envisager plusieurs actions. Premièrement, les réglementations du travail pourraient être adaptées pour favoriser davantage de flexibilité, en permettant par exemple un meilleur équilibre entre travail en présentiel et télétravail. Cela pourrait inclure des mesures pour assurer le droit à la déconnexion et limiter la charge de travail excessive. Deuxièmement, pour répondre à la hausse des démissions, les politiques publiques pourraient encourager les entreprises à améliorer les relations entre management et employés, promouvoir l’autonomie des travailleurs et mettre en place des dispositifs de soutien psychologique. Enfin, les initiatives de reconnaissance au travail pourraient être valorisées afin d’augmenter la motivation des employés
(- Dares, La France vit-elle une “Grande démission” ? 11 octobre 2022
- Pôle Emploi, France, 2023)
Que peut-on recommander face à l’inégalité de temps passé à la retraite entre les ouvriers et les cadres, étant donné que les ouvriers passent deux ans de moins à la retraite que les cadres, malgré un départ à la retraite plus précoce ?
Face à ce constat, il serait pertinent de recommander une politique de santé publique plus ciblée sur les travailleurs manuels, en vue d’améliorer leur espérance de vie et la qualité de leur vie lors de la retraite.
Cela pourrait passer par une prévention accrue des risques professionnels, une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail dans le calcul de la durée de cotisation, ou encore des programmes spécifiques d’accompagnement à la retraite.
De plus, une politique de lutte contre le chômage et d’accompagnement vers l’emploi pourrait permettre de réduire les périodes d’inactivité qui diminuent le montant de la pension de retraite.
Ces recommandations sont basées sur les données de l’étude de l’Institut National d’Études Démographiques (INED) de mai 2023.
Que peut-on recommander face à l’ampleur du travail illégal en France, en particulier dans des secteurs tels que le transport routier (9%), le bâtiment et les travaux publics (8%), et l’hôtellerie-restauration (6,7%), et compte tenu du fait que cette pratique a représenté un manque à gagner de 5,2 à 6,6 milliards d’euros pour la Sécurité sociale et l’Assurance chômage en 2021 ?
Dans le contexte du travail illégal en France, il est recommandé de renforcer le contrôle et la sanction de ces pratiques. Le nouveau Plan National de Lutte contre le Travail Illégal (PNLTI) 2023-2027 propose des mesures pertinentes, notamment : le ciblage des contrôles sur les secteurs les plus touchés ; l’amélioration de la coordination et le partage d’information entre acteurs pour une meilleure efficacité des contrôles ; le développement de la coopération internationale ; le renforcement de l’efficacité des sanctions ; et l’optimisation du recouvrement des amendes prononcées et des cotisations éludées. En outre, il pourrait être bénéfique d’accroître les efforts de sensibilisation et de prévention, en collaboration avec les partenaires sociaux, pour faire comprendre aux entreprises et aux travailleurs indépendants les risques liés au travail illégal et les avantages du respect de la loi. Ces recommandations sont fondées sur le rapport présenté par le ministre du Travail, Olivier Dussopt, le 22 mai 2023.
Que peut-on faire face à l’insuffisance des règles budgétaires actuelles de l’Union européenne, comme illustré par la proposition de réforme de la Commission européenne en novembre 2022 ?
Face à l’insuffisance des règles budgétaires actuelles de l’UE, une recommandation de politique publique serait de poursuivre la réforme en vue d’instaurer un cadre plus clair, plus transparent et plus efficace pour la gouvernance budgétaire.
En particulier, il serait souhaitable de s’attaquer à des problèmes spécifiques tels que la complexité et la procyclicité des règles actuelles, et de chercher à améliorer leur appropriation par les États membres.
De plus, la proposition de réforme pourrait être complétée par une attention plus explicite à la qualité et à la composition des dépenses publiques au niveau national, ainsi que par un rôle accru pour les comités budgétaires nationaux et le Comité budgétaire européen.
Enfin, il serait utile d’explorer davantage la possibilité d’une “capacité budgétaire” commune au sein de l’UE, malgré les divergences actuelles sur ce sujet entre les États membres.
Le Bulletin de la Banque de France n°246 (juin 2023)
Que peut-on faire face au piège d’une économie contrainte par de faibles gains de productivité et une faible croissance, situation qui peut entraîner une hausse des financements de transferts par l’État atteignant des pourcentages significatifs du montant des salaires?
Face à cette situation, il est recommandé de renouveler les relations de travail en accord avec les objectifs de transition écologique et digitale. Pour cela, une stratégie pourrait consister à favoriser la création de nouveaux emplois qualifiés, soutenir une nouvelle industrialisation et promouvoir des investissements à long terme. Ces mesures pourraient justifier une hausse des salaires, tout en assurant une augmentation de la productivité du travail et la pérennité du financement de la protection sociale. L’adoption de tels engagements par les entreprises pourrait être encouragée en subordonnant les aides publiques à leur mise en œuvre, comme l’illustre la récente législation américaine, l’Inflation Reduction Act.
Que peut-on faire face à la crise du travail en France, où 39% des actifs occupés se trouvent dans un emploi “tendu”, une proportion nettement supérieure à celle observée dans d’autres pays européens tels que le Danemark (22%), les Pays-Bas (22.66%) et l’Allemagne (23.86%) ?
Pour remédier à la crise du travail en France, les recommandations de politique publique pourraient porter sur la redéfinition de l’organisation du travail et l’amélioration de la qualité de l’emploi. Il serait essentiel de donner aux travailleurs plus d’autonomie, de marges de manœuvre, de possibilités de s’exprimer et de participer aux décisions qui concernent leur travail et les organisations dans lesquelles ils travaillent. Cette participation pourrait être directe ou par le biais de leurs représentants. Une autre mesure pourrait être de redonner aux représentants des travailleurs un poids équivalent aux représentants des apporteurs de capital, comme suggéré par Isabelle Ferreras, Julie Battilana et Dominique Méda dans le Manifeste Travail. Démocratiser. Démarchandiser. Dépolluer.
Sources :
- Méda, Bigi, Parent-Thirion, 2023;
- Isabelle Ferreras, Julie Battilana et Dominique Méda dans le Manifeste Travail. Démocratiser. Démarchandiser. Dépolluer.
Que peut-on faire face à la hausse du pourcentage de seniors de 55 à 69 ans en France qui se trouvent ni en emploi ni à la retraite (NER), dont la part a augmenté de 2% depuis 2014, atteignant 16% en 2021 ?
Devant cette évolution de l’augmentation des seniors “ni en emploi ni à la retraite”, une recommandation de politique publique pourrait être de renforcer les programmes d’accompagnement à l’emploi pour les seniors. Cela pourrait inclure des formations adaptées pour les mettre à niveau avec les compétences requises dans le marché du travail actuel, ainsi que des incitations pour les entreprises à embaucher et à conserver les travailleurs âgés. En outre, une attention particulière pourrait être accordée à l’égalité des sexes, étant donné que les femmes représentent 61% des 55-69 ans NER, en proposant des mesures spécifiques pour soutenir leur réintégration sur le marché du travail.
Source :
Insee, Enquête emploi en continu, 11 mai 2023.
Que peut-on faire face à l’augmentation nécessaire de la production de métaux critiques (lithium, cobalt, cuivre, terres rares et nickel) pour la transition énergétique, qui pourrait nécessiter de multiplier leur production annuelle par 2 à 10 d’ici à 2050 ?
Face à cette nécessité, une politique publique recommandée pourrait être de promouvoir le recyclage et la sobriété en matière de consommation de ces métaux. Il est indispensable de mettre en place une économie circulaire pour ces matériaux, en augmentant le recyclage et en améliorant l’efficacité de la collecte en fin d’usage. Par ailleurs, une réduction de la consommation est également nécessaire, par exemple en rendant les véhicules électriques plus légers, en limitant les pertes pendant la fabrication et en favorisant la durabilité et la réparabilité des produits. Selon l’AIE, une réduction de moitié de la consommation de matières du système énergétique au cours des trente prochaines années est envisageable. De plus, la diversification des sources d’approvisionnement en métaux critiques et l’investissement dans la recherche et le développement pour trouver des alternatives à ces métaux sont également nécessaires.
Ces recommandations sont soutenues par l’article de Stéphane His sur le site Alternatives Economiques.
Que peut-on faire face au risque de décrochage industriel dans le contexte de la transition écologique, notamment lorsque l’on considère que l’Union européenne n’a représenté que 2% des méga-investissements industriels mondiaux entre 2016 et 2022 (selon Trendeo) ?
Pour éviter un décrochage industriel en pleine transition écologique, une recommandation serait d’adopter une approche plus volontariste en matière industrielle, en conciliant à la fois les enjeux environnementaux et économiques. Cela implique un soutien plus important aux industries vertes, à la fois en termes d’investissement et de régulation, afin de maintenir l’emploi et la compétitivité de l’UE face à des concurrents internationaux agressifs. La Commission européenne a déjà commencé à prendre des mesures dans cette direction avec son plan industriel annoncé le 1er février et l’arsenal législatif du 16 mars, mais il reste à voir si ces efforts seront suffisants et assez rapides pour faire face à la concurrence.
Source : “L’enjeu de la transition écologique consiste à décarboner nos économies en évitant des effets délétères sur l’emploi”, Le Monde, 11 mai 2023, par Axelle Arquié et Thomas Grjebine.
Que peut-on faire face à la forte hausse de la demande de métaux critiques à la transition (MCT) prévue par les scénarios du Network for Greening the Financial System (NGFS), qui pourrait atteindre 32,8 millions de tonnes (Mt) en 2040, multipliant la demande actuelle par 7, et qui risque de créer des déséquilibres entre offre et demande ?
Pour répondre à ce défi, des politiques publiques doivent être mises en place pour atténuer les déséquilibres potentiels entre l’offre et la demande de MCT. Par exemple :
- Développer des scénarios pour mieux comprendre les contraintes potentielles qui pourraient peser sur l’offre et la demande de MCT, en intégrant des considérations géopolitiques, physiques, sociales et financières (Miller et al., 2023).
- Évaluer les impacts de tels scénarios sur les chaînes de valeur mondiales, afin de mieux comprendre quels États, secteurs et entreprises pourraient être particulièrement vulnérables.
- Étendre l’analyse précédente afin d’évaluer comment cette réorganisation des chaînes de valeur mondiales pourrait affecter la balance des paiements de différents pays, avec des impacts potentiels sur les déséquilibres mondiaux et la soutenabilité de la dette pour certains.
- Étudier comment ces différentes contraintes pourraient entraîner une augmentation de la volatilité des prix (et des vulnérabilités financières qui en découleraient), y compris sur les marchés dérivés de matières premières, ou des pressions inflationnistes.
En outre, encourager le recyclage des MCT et la recherche de substituts pourrait également être une approche viable pour réduire la dépendance à l’égard de ces ressources rares et précieuses (Miller et al., 2023).
Que peut-on faire face au déclin de l’attractivité de la France pour les multinationales, comme illustré par sa part dans le stock mondial des investissements étrangers entrants qui a diminué de 3,8 % du total en 2003 à 2,2 % en 2021?
Pour inverser ce déclin, il semble nécessaire d’adopter une approche plus diversifiée que la seule réduction d’impôts sur les entreprises, qui a prouvé son inefficacité. Trois solutions principales pourraient être envisagées :
- L’approche keynésienne propose de rendre la France un marché solvable, en préservant le pouvoir d’achat des ménages et en soutenant l’innovation et l’esprit entrepreneurial des entreprises françaises, plutôt que de se concentrer uniquement sur les incitations fiscales.
- L’approche institutionnaliste suggère d’investir massivement dans les infrastructures économiques, sociales et numériques utiles, sur le modèle des États-Unis sous l’administration Biden. Ces investissements permettraient d’attirer des multinationales par des gains de productivité et une amélioration de la qualité de vie.
- Finalement, il est important d’aborder le protectionnisme d’une manière nouvelle, axée sur la protection des industries naissantes, notamment celles liées à la décarbonation et aux énergies renouvelables.
L’inflation de la zone euro peut-elle revenir à 2% au début de 2025?
Nous pensons qu’il sera extrêmement difficile de ramener l’inflation de la zone euro à 2% au début de 2025. En effet:
- les gains de productivité restent pour l’instant nuls dans la zone euro;
- le chômage reste bas, avec une croissance de l’emploi plus forte que celle de la population active, ce qui implique une tension persistante sur le marché du travail de la zone euro, et des hausses de salaire restant fortes;
- l’inflation anticipée a augmenté;
- la poursuite de la croissance va probablement empêcher la baisse des marges bénéficiaires des entreprises;
- la politique monétaire reste expansionniste, probablement au moins jusqu’au milieu de 2024.
Si on prend en considération cet ensemble de facteurs, on parvient à une inflation totale et hors énergie et alimentation, sous l’hypothèse de constance à cet horizon des prix de l’énergie et de l’alimentation, de l’ordre de 3 à 3,5% au début de 2025, ce qui posera un problème si l’objectif d’inflation de la BCE est toujours de 2%.
Natixis Flash Economie 15 mai 2023 [n°282]
Que peut-on faire face à l’instabilité croissante de l’écosystème des crypto-actifs et aux faillites en cascade d’entités importantes comme FTX, qui a fait faillite en novembre 2022, illustrant les vulnérabilités inhérentes à cet écosystème ?
Face à l’instabilité croissante de l’écosystème des crypto-actifs, il est recommandé d’adopter un cadre réglementaire et prudentiel strict pour instaurer la confiance. Ceci devrait inclure la mise en œuvre de mesures réglementaires pour couvrir à la fois les risques traditionnels et nouveaux associés au développement de l’écosystème des crypto-actifs, tels que les risques de crédit, de liquidité et de marché, ainsi que les risques spécifiques liés à l’intégrité financière et aux cyber-attaques. Un point d’attention particulier devrait être accordé aux “stablecoins”, en raison de leur faux sentiment de sécurité. Par ailleurs, l’importance de la coordination internationale pour un cadre réglementaire efficace et global est primordiale. Les efforts mondiaux doivent être accélérés pour assurer la cohérence entre les régimes nationaux et éviter tout risque d’arbitrage réglementaire. Les banques centrales ont un rôle majeur à jouer dans l’élaboration de ce cadre et la facilitation d’un cadre convergent et coordonné au niveau international.
Source :
Discours de Denis Beau au World Bank Global Payments Week 2023 : L’avenir des paiements, 18 mai 2023.
Que peut-on faire face à la transmission incertaine et potentiellement tardive de l’impact des relèvements des taux directeurs sur l’économie réelle, en considérant que l’inflation devrait revenir à 2% d’ici 2025 ?
Pour faire face à ce défi, la politique monétaire doit se concentrer sur trois principes.
a. Reconnaître que la transmission de la politique monétaire peut prendre plus de temps que prévu, en envisageant le délai supérieur habituellement présumé d’un à deux ans. En conséquence, les mesures prises doivent prendre en compte cette temporalité prolongée.
b. Comprendre que la persistance est désormais plus importante que la vitesse et que la durée pendant laquelle les taux sont maintenus peut être plus importante que le niveau précis du taux terminal atteint. Cela implique un changement dans l’approche de la politique monétaire, passant d’une concentration sur les niveaux de taux à une concentration sur leur durée.
c. Faire preuve de pragmatisme en basant les décisions sur les données économiques effectives et en évaluant régulièrement les perspectives en ce qui concerne l’inflation totale, la dynamique de l’inflation sous-jacente et la vigueur de la transmission de la politique monétaire.
Néanmoins, la politique monétaire ne peut pas tout faire. Il est essentiel que les politiques budgétaires s’adaptent progressivement, que les négociations salariales et les décisions d’entreprise prennent en compte le ralentissement attendu de l’inflation et que des réformes structurelles soient mises en place pour accroître la capacité et la flexibilité de l’offre.
Source :
Discours de François Villeroy de Galhau. Symposium international 2023, National Association for Business Economics – Paris, 22 mai 2023. Transmission de la politique monétaire : où en sommes-nous ?
Que peut-on faire face à l’émergence de la finance numérique et des Big Techs dans le secteur financier, compte tenu des risques systémiques potentiels liés à la dépendance à leurs services de cloud et aux activités financières non régulées ?
Pour faire face à l’incursion croissante des Big Techs dans le secteur financier, il est nécessaire de renforcer le cadre réglementaire existant. En particulier, un cadre prudentiel doit être introduit ou renforcé au niveau européen en ce qui concerne les services de paiement et les prêts non bancaires sur lesquels les Big Techs se développent. De plus, un nouveau cadre pour les conglomérats non-financiers qui se développent dans le secteur financier est nécessaire, avec la possibilité de regrouper et de ségréger les activités financières et connexes sous une structure spécifique. En cas d’empreinte systémique, le cadre bancaire pourrait être appliqué à ces “sous-groupes financiers”. Ces recommandations s’appuient sur les principes énoncés dans le règlement européen DORA (Digital Operational Resilience Act) et le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets).
Discours
Transformations numériques et turbulences du système financier : quelles leçons pour les régulateurs et les superviseurs ?
Par Denis Beau - Rouen
Publié le 26/05/2023
- La finance classique à l’épreuve du monde numérique : quelles leçons tirer des récentes faillites bancaires
1.1. Le cadre actuel n’a pas été invalidé par la présente crise…
1.2. … mais il doit être déployé et appliqué de manière homogène - La finance numérisée : un impératif de régulation
2.1. Des marchés en plein développement mais des risques accrus
2.2 Rappel du cadre existant – l’Europe à la pointe grâce à DORA et MiCA
Quels sont les principaux résultats de l’enquête sur l’accès des entreprises au financement menée par la Banque centrale européenne (BCE) entre octobre 2022 et mars 2023 ?
Selon l’enquête de la BCE, les entreprises de la zone euro ont signalé une augmentation continue de leur chiffre d’affaires, bien que les coûts plus élevés de la main-d’œuvre, de la production et des intérêts aient pesé sur leur rentabilité. Elles prévoient que leurs prix de vente et leurs coûts salariaux augmenteront en moyenne de 6,1 % et 5,4 % respectivement dans l’année à venir. Cependant, une détérioration continue des conditions de financement a été notée, la plus élevée depuis le début de l’enquête en 2009. De plus, les entreprises signalent une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et une hausse des coûts des intrants comme leurs principales préoccupations. En termes de financement, la disponibilité s’est légèrement détériorée et la demande a diminué par rapport à la précédente enquête, entraînant une légère augmentation de l’écart de financement.
[Pol de croissance]
Samuelson, 1939
La politique contra-cyclique lisse le cycle autour du niveau de croissance potentielle, que les politiques de croissance tentent d’élever.
[Pol de croissance]
Schumpeter, Capitalisme, Socialisme et Démocratie, 1942 :
Le capitalisme est soumis à un processus d’évolution impulsé par l’innovation. Ce processus de mouvement permanent et de créations d’activités se déploie à long terme et transforme de l’intérieur la structure économique « en éliminant les éléments vieillis et en créant continuellement des éléments nouveaux ».
[Pol de croissance]
Hansen, 1939 et Summers, 2013
Concept de stagnation séculaire, qui vient à l’origine du constat fait de la concomitance d’une faible croissance et d’un faible effort de formation brute de capital fixe (investissement). Selon lui, la situation économique fortement dégradée des années 30 n’était pas seulement la conséquence d’une récession, phase basse du cycle économique, mais le fait d’une réalité structurelle. Il explique cette dernière par la fermeture des frontières, le ralentissement de l’innovation technologique et, surtout, une diminution substantielle de la croissance démographique. La théorie pensée dans les années 30 par A. Hansen repose sur l’idée que les économies industrielles souffrent d’un déséquilibre résultant d’une forte propension à épargner et d’une faible propension à investir, d’où un excès d’épargne dans l’économie. Loin des idées malthusiennes, Hansen voit en l’accroissement démographique un moyen d’influer sur la composition de la production à la fois via un canal direct (augmentation de la production et de l’investissement) et un canal indirect (facilitation de l’innovation technologique).
En 2013, faisant suite à la Grande Récession de 2008, l’économiste Lawrence H. Summers fait un constat similaire à celui d’A. Hansen dans les années 30 : la croissance est faible, de même que l’inflation et le niveau d’investissement alors que l’épargne, excessive (qui ne peut donc être absorbée dans sa totalité par l’investissement), tire le taux d’intérêt réel à la baisse. Enfin, la pénurie d’investissement ainsi que la faible croissance de la productivité, caractéristique de la « stagnation séculaire », pourraient s’expliquer par la part croissante des actifs intangibles au sein de l’économie réelle.
Dépôt à vue en F = 507 Md€ en juin 2023
[Pol de croissance]
Maddison (1992)
Dans le temps long, il existe quatre facteurs déterminants de la croissance du PIB par tête : le progrès technique, l’accumulation du capital productif, l’amélioration du savoir-faire et l’intégration des nations par le commerce.
[Pol de croissance]
Fitoussi et al. (2010)
considèrent que la faible croissance est la conséquence de politiques macroéconomiques restrictives plus qu’un refus de réformes structurelles, d’autant plus qu’elles ont été nombreuses.
[Pol de croissance]
Modèle de Solow-Swan (1956)
modélise la productivité globale des facteurs, ou « résidu de Solow ». Il s’agit selon lui de la proportion de croissance économique qui n’est explicable ni par une accumulation du capital ni par une augmentation du facteur travail. L’analyse à postériori de ce résidu créera un nouveau champ théorique qui connaîtra des développements importants pendant 50 ans : la croissance endogène.
[Pol de croissance]
Barro (2001)
une année supplémentaire d’éducation primaire dans les pays en développement élève en moyenne le taux de croissance de long terme de 0,44 point.
[Pol de croissance]
Hanushek, Woessmann (2008)
prouvent l’existence d’une corrélation significative et positive entre croissance du PIB et bonne performance dans les tests PISA, en raison de la qualité du système d’enseignement primaire et secondaire
[Pol de croissance]
Aghion, Cette, Askenazy, 2007
l’éducation constitue le champ d’application privilégié de la théorie de la distance à la frontière technologique. Dans les pays proches comme la France, une augmentation de 1 % de la proportion de diplômés du supérieur dans la population en âge de travailler accroît le taux de croissance de la PGF de 0,1 point de pourcentage à moyen terme. La distance à la frontière technologique oriente les décisions d’investissements publics ; plus l’État en sera loin, plus il concentre son action sur le primaire et le secondaire. Les États à la frontière sont invités à investir plus massivement dans le tertiaire et dans la concurrence sur le marché des biens et services. Soulignent que plus le pays est proche de la frontière technologique, plus il doit investir dans les études supérieures et la concurrence.
[Pol de croissance]
Rochet, Tirole (2004)
théorisent l’économie des plateformes numériques, comme reposant sur des marchés multi/bifaces, ainsi que sur des rendements croissants qui se renforcent à mesure que la taille de ses plateformes augmentent.
[Pol de croissance]
Schumpeter, 1911
Théorise l’innovation et ses mécanismes. Réalise une typologie de l’innovation. Il distingue entre innovation de produits (avec une différenciation horizontale à travers une diversification de la gamme ou avec une différenciation verticale par la qualité), de procédé, de débouché, de matières premières et enfin innovation dans l’organisation des entreprises. Développe aussi le concept de destruction créatrice : une innovation majeure conduit à la disparition de la génération précédente de produits. Selon cette conception, les pouvoirs publics doivent donc éviter de protéger les industries en déclin mais favoriser le renouvellement des activités. Toutefois, le coût social des ajustements est parfois élevé en raison de la mobilité limitée des agents économiques, tant sectorielle que géographique. La réallocation de main-d’œuvre s’accompagne de pertes substantielles de revenus.
[Pol de croissance]
Bartelsman, 2003 (Travaux de l’OCDE)
dans les économies développées, 1/3 des gains de productivité du travail viennent du processus de création et de destruction d’entreprises, et les 2/3 se font à l’intérieur des entreprises existantes. Les entreprises existantes investissent et substituent du capital au travail alors que les nouvelles augmentent la PGF.
Exemple : L’économie américaine teste les nouvelles entreprises et leur permet de grandir très rapidement lorsqu’elles sont porteuses de produits innovants ou de technologies efficaces à la différence de l’Europe. Ainsi, sur les 100 plus grandes entreprises américaines, près de la moitié a moins de vingt ans contre une seule dans le CAC 40.
[Pol de croissance]
Modèle de Aghion, Howitt (1986)
Reprennent plusieurs considérations schumpéteriennes : 1) la croissance de long terme résulte de l’innovation ; 2) l’innovation est endogène ; elle est la conséquence de décisions d’investissement de la part d’entrepreneurs, qui décident d’investir ou non en fonction de la conjoncture économique. Il est donc nécessaire de mener des politiques de croissance pour agir sur ce climat économique, favoriser l’investissement qui stimulera l’innovation et donc donner lieu à de la croissance. Leur contribution principale : théorisation des rentes de monopole à l’innovation. En innovant, les entreprises bénéficient d’un surplus de rentabilité lié à la diminution de la concurrence, ce qui les incite à innover. Donc, lien entre concurrence et innovation, qui est différent en fonction de la situation des entreprises présentes sur le marché. Dans les secteurs où les entreprises sont dominées par une entreprise leader dans l’innovation, une augmentation de la concurrence n’a aucun effet sur l’innovation. En effet, l’entreprise leader n’est pas incitée à innover car elle est déjà en position dominante. Les autres entreprises qui sont loin de la frontière technologique ne sont pas incitées à innover non plus car du fait de leur retard en matière d’innovation sur le leader, elles savent qu’elles ne partageront pas la rente avec lui. Dans les secteurs avec des entreprises sans leader, le cas est plus intéressant. Il permet notamment d’empêcher les entreprises de faire de la collusion. Ici, un renforcement de la concurrence est bénéfique car il diminue les profits perçus et pousse les entreprises, qui sont au coude-à-coude, à innover pour échapper à la concurrence par les prix (effet escape competition).
Ce modèle montre que l’effort d’innovation est plus faible sur les marchés où l’innovation est plus facilement réplicable par les concurrents et quand la concurrence augmente sur les marchés de biens, car cette dernière fait baisser la durée de la rente d’innovation attachée à la mise sur le marché d’un nouveau produit. Il y a donc une tension entre la protection des brevets et la diffusion des innovations : ex ante, les pouvoirs publics sont tentés de garantir des rentes aux innovateurs, mais ex post de les exproprier pour diffuser une innovation porteuse d’externalité.
[Pol de croissance]
Chamberlain, 1927
Théorie de la concurrence monopolistique. Dans ce modèle, les entreprises disposent toutes, sur un marché, du monopole sur un bien spécifique. Montre que dès lors que l’entrée sur le marché est libre et gratuite, l’entrée de nouveaux entrants monopolistiques sur le marché fait chuter les produits à zéro. Ainsi, le prix des produits se rapproche irrémédiablement de leur coût marginal.
[Pol de croissance]
Loi de Hotelling
affirme que sur la plupart des marchés, la concurrence conduit les producteurs à réduire la différence entre leurs produits.
[Pol de croissance]
Krugman (1991)
théorise le modèle coeur-périphérie. Distingue deux territoires et y analyse la répartition des firmes. La dynamique de localisation des activités économiques résulte de plusieurs critères : la taille des marchés, l’existence de rendements croissants, la capacité de différenciation des produits et enfin de l’existence de coûts de transport. La taille (importance de la demande) du marché favorise par exemple l’implantation des activités économiques sur le plus grand marché, et l’exportation vers le second. Le choix d’implantation d’une firme résulte alors d’un arbitrage entre les bénéfices des rendements croissants et des coûts de transport. L’existence de coûts de transports élevés est en revanche un facteur de dispersion. Les rendements croissants constituent une autre force d’agglomération des activités économiques, qui s’auto-entretient. Il en va de même pour la différenciation des produits qui favorise la concentration des activités par l’augmentation d’une demande variée. Il résulte de ces effets deux équilibres : une approche « cœur-périphérie » si les forces d’agglomération dominent et une approche symétrique si les effets de dispersion sont importants, notamment si les coûts de transport sont élevés. L’équilibre dépend donc essentiellement du degré d’ouverture et des coûts de transport au sens large.
[Pol monétaire]
North (1990)
donne une définition du concept d’institution comme « les règles du jeu dans la société, ou plus formellement, les contraintes créées par les hommes qui régissent les interactions entre les hommes ». Souligne que la qualité des institutions a un impact sur les coûts de transaction.
[Pol de croissance]
Banque mondiale, rapport annuel, 2008
définit 5 indicateurs de la qualité des institutions : (i) la qualité de la démocratie représentative, (ii) la stabilité politique, (iii) l’efficacité de l’administration, (iv) la qualité de la réglementation et le respect de l’État de droit et (v) la lutte contre la corruption.
[Pol de croissance]
La Porta et al., 1998
la nature de l’ordre juridique complète l’analyse de North. Il y a un rôle de la tradition juridique dans le fonctionnement économique. Ainsi, le droit civil hérité du droit romain et rendu nécessaire par la tradition séditieuse de la France et le projet centralisateur aurait conduit à un système pesant, rigide, impropre à l’initiative, rendant nécessaire l’intermédiation financière. La Common law anglo-saxonne fondée sur la jurisprudence, plus flexible, protégerait mieux la propriété. Toutefois, il n’existe pas de modèle unique et les institutions bonnes pour les pays développés ne le sont pas nécessairement pour les pays en développement.
[Pol de croissance]
Nicoletti, Scarpetta (2005)
mènent des études empiriques sur l’impact positif sur la croissance de l’élimination des rentes créées par une réglementation trop élevée et des barrières à l’entrée importantes sur les marchés des biens (effet de laurier).
[Pol de croissance]
Griffith, Harrison (2004)
les réformes qui facilitent l’entrée sur les marchés et l’allégement des contraintes administratives réduisent les marges des entreprises, cette diminution des rentes soutenant l’investissement et l’emploi
[Pol de croissance]
Ramey (1995)
coût de l’instabilité économique sur la croissance moyenne. Mènent une étude sur 92 pays et montrent notamment que les politiques de stop and go au Royaume-Uni jusqu’en 1997 ont conduit à une variabilité élevée du taux de croissance du PIB, des taux d’intérêt et du taux de change et ont donc pu ralentir la productivité.
[Pol de croissance]
Commission Stiglitz, 2009
préconise de revoir les modalités de calcul du PIB en incluant d’autres indicateurs comme l’évolution des revenus, la soutenabilité environnementale, ou la consommation de loisirs.
Politique monétaire
politique macroéconomique contra-cyclique, qui traite du financement des agents économiques. Elle peut avoir des objectifs plus structurels comme la bonne allocation du crédit dans l’économie ou la stabilité financière. Son objectif est de maintenir le plus près possible de leur niveau souhaitable les agrégats macroéconomiques fondamentaux tels que l’inflation, la croissance du PIB ou le taux de chômage.
[Pol monétaire]
Friedman, Lucas
proposent un nouveau modèle suite à la remise en cause de l’arbitrage entre chômage et inflation, et pour prendre en compte le phénomène de stagflation. Friedman présente une courbe de Philips augmentée, fondée sur la théorie des anticipations adaptatives. En théorie, il y a, à chaque hausse de l’inflation, un effet d’apprentissage des agents. Il faut donc que l’inflation soit à chaque période successive de plus en plus élevée pour surprendre les salariés et leurs représentants dans les négociations salariales. . Lucas : anticipations rationnelles des agents de la hausse à venir de l’inflation car la transparence de l’information est parfaite. Dans cette perspective, il n’y a aucun effet à court terme sur le chômage d’une hausse de l’inflation.
[Pol monétaire]
Blanchard, 2016
l’aplatissement des courbes de Philips ne remet pas en cause la viabilité et l’utilité des courbes de Philips dans l’élaboration des décisions de politique monétaire.
[Pol monétaire]
BDF, 2018
Banque de France, 2021
montre que la courbe de Philips de la zone euro est devenue « non accélérationniste » = c’est le niveau de l’inflation et non sa variation qui réagit au chômage. Il résulte de cette évolution de la pente de la courbe une inflation durablement sous la cible de la banque centrale en cas de chômage élevé ou large.
les transformations de la structure professionnelle du marché du travail jouent un rôle dans l’aplatissement de la courbe de Philips.
[Pol monétaire]
L’indépendance permet de crédibiliser l’action des banques centrales.
Un engagement en termes d’inflation cible, des banquiers centraux conservateurs (Rogoff, 1985), des mandats longs, des contrats incitatifs (Walsh, 1995) et une transparence multidimensionnelle (Eijffinger, Geraats, 2006) sont d’autres facteurs de crédibilité des banques sur leur détermination pour atteinte l’objectif d’inflation.
Alesina, Tabellinni (2007) justifient l’indépendance pour d’autres raisons : caractère technique de la PM, rendant la décision technocratique, existence de préférences sociales stables en faveur d’une inflation modérée au sein des populations, et souci d’éviter que la PM fasse l’objet de pressions de groupes d’intérêts.
[Pol monétaire]
Barro (1996)
chiffre entre 0,3 et 0,4 points de PIB la perte de croissance induite par un supplément d’inflation de 10 points. Ceci s’explique par les coûts liés à l’inflation : coûts de menus, coûts « d’usure de semelle » (inconfort généré par les efforts qu’il faut réaliser pour minimiser la détention d’avoirs liquides, et taxe d’inflation liée à l’ajustement avec retard des barèmes fiscaux.
[Pol monétaire]
Akerloff, 1996
l’inflation facilite l’ajustement des salaires réels. Une faible inflation peut alors poser problème même en l’absence de déflation, par la rigidité des prix et des salaires nominaux à la baisse
[Pol monétaire]
Règle de Taylor, 1993
règle de politique monétaire, selon laquelle la banque centrale doit fixer ses taux d’intérêt en fonction de l’écart entre l’inflation désirée et l’inflation effective. Elle relie le taux d’intérêt décidé par la banque centrale au taux d’inflation de l’économie et à l’écart entre le niveau du PIB et son niveau potentiel.
[Pol monétaire]
Keynes, 1936
la macroéconomie des prix visqueux permet de comprendre les rigidités nominales. Ces rigidités sont la raison pour laquelle la politique monétaire est un instrument privilégié de la politique contra-cyclique. Selon lui, dans une économie en sous-emploi, s’il y a une hausse de la quantité de monnaie en circulation, les prix et les salaires nominaux ne s’ajustent qu’imparfaitement. La valeur réelle des encaisses monétaires des agents est donc augmentée = diminution des taux d’intérêt et augmentation de la consommation. Certes, l’écart entre croissance monétaire et inflation ne dure pas. Toutefois, les effets d’hystérèses liés à la cyclicité de l’économie ont pu être évités (destruction de capital physique et de capital humain). Il y a donc un gain net pour l’économie par une telle action contra-cyclique.
[Pol monétaire]
Phelps et Taylor (1977)
les salaires sont fixés pour une période donnée et renégociés de manière échelonnée. Cela explique le rattrapage tardif des salaires aux chocs de demande.
[Pol monétaire]
Akerlof, Mankiw, 1985
expliquent la rigidité des prix par l’existence de coûts de menus (coût dans l’impression de nouveaux prix, de les rendre publics, voire impose à la firme de redéfinir des contrats avec ses clients/fournisseurs).
[Pol monétaire]
Tobin (1980)
montre que la déflation n’augmente pas la demande globale. Avec la baisse du niveau général des prix, on a un transfert de richesse au profit des créanciers, qui profitent de leurs gains de pouvoir d’achat pour dépenser (effet Pigou), mais l’alourdissement du poids de la dette pousse les emprunteurs à réduire leurs dépenses (effet Fisher). Or, ces derniers ont une plus forte propension à consommer que les créanciers. La chute de la demande globale entraîne alors une nouvelle baisse des prix = phénomène auto-entretenu. La flexibilité des prix et des salaires pourrait approfondir la contraction économique, par le biais de la déflation.
[Pol monétaire]
Fischer, 1933
La déflation par la dette se produit lors d’une crise financière. Les agents, pour faire face à leurs échéances de remboursement de dettes, sont contraints de procéder, en détresse, à des ventes d’actifs et de produits (fire sales). Nouvelle baisse des prix des actifs financiers et des biens et services.
[Pol monétaire]
Borio, Zhu, 2008, Canal de la prise de risque
il s’agit d’un des canaux de transmission de la politique monétaire à l’économie réelle. Le canal de la prise de risque joue un rôle dans le façonnement des conditions financières et des prises de risque au cours du cycle.
[Pol budgétaire]
Keynes, La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936
L’approche keynésienne de la relance budgétaire souligne son effet positif sur la demande agrégée. Les rigidités nominales à court terme peuvent mener à une insuffisance de demande et à deux défaillances de marché qui perturbent le retour spontané à l’équilibre et justifient la relance budgétaire : 1) Les contraintes de liquidité : les agents économiques ne peuvent pas toujours s’endetter au taux du marché sur la base de leurs revenus futurs anticipés pour compenser une baisse transitoire de revenu. Leur consommation est donc contrainte par le niveau de leur revenu courant. L’État ne subissant pas de contrainte de liquidité, il peut s’endetter en phase de récession à des taux peu élevés dans la mesure où la politique monétaire est par ailleurs assouplie. 2) Un défaut de coordination entre agents économiques privés peut entraîner des effets pervers si tous les agents économiques réagissent individuellement à une récession en augmentant leur épargne de précaution, le cumul de ces comportements aggrave la récession (paradoxe de la richesse). L’État peut alors résoudre le problème d’action collective et compenser par ses déficits l’augmentation du taux d’épargne privée.
[Pol budgétaire]
Barro, Romer, Lucas (théoriciens de la croissance endogène
estiment que la contribution des finances publiques à l’innovation et au stock de compétences augmente la croissance potentielle de l’économie à terme.
[Pol budgétaire]
Kydland, Prescott, 1977
mettent en lumière le phénomène d’incohérence temporelle à travers le temps des politiques publiques. Selon eux, la dimension intertemporelle des politiques doit être prise en compte en ce qu’une décision qui semble optimale à court terme peut ne pas l’être à long terme. Ils soutiennent que pour éviter un tel problème, il convient de restreindre l’intervention de la puissance publique à travers des règles. Les politiques discrétionnaires, décidées conjoncturellement, seraient ainsi à proscrire. En effet, les politiques discrétionnaires relèvent de choix d’optimisation continue, incrémentale, et donc sont difficilement anticipables. La politique économique doit s’attacher à suivre des règles établies à l’avance, et les choix des différents arbitrages doivent plutôt se faire entre règles différentes.
[Pol budgétaire]
Modèle IS-LM-BP
théorisé par Mundell et Flemming en 1963, il étend le modèle IS-LM en économie ouverte. Il permet de modéliser l’influence de la contrainte extérieure sur les deux instruments contra-cycliques (PM et PB). En fonction du degré d’ouverture de l’économie (mobilité ou non des capitaux) et du régime de change (flottant ou fixe), les instruments contra-cycliques sont plus ou moins efficaces en raison de leur impact sur la balance des paiements. En économie ouverte (mobilité parfaite des capitaux), en situation de taux de change flexibles (situation de l’UEM vis-à-vis du reste du monde), la politique budgétaire est peu efficace en raison d’une éviction par l’ajustement endogène du taux de change (hausse des taux) et d’une éviction de l’investissement. En effet, le gouvernement augmente les dépenses publiques ce qui accroît le revenu national : cette hausse nécessite une hausse du taux d’intérêt sur le marché de la monnaie pour le rééquilibrer. La hausse du taux d’intérêt attirant les capitaux, le change s’apprécie et réduit les exportations nettes et donc le revenu global de l’économie. La baisse du revenu réduit la demande de monnaie ce qui ramène le taux d’intérêt à sa valeur initiale. Il y a donc un effet d’éviction complet par le biais de la hausse du taux de change. L’idée d’une éviction complète présente toutefois des limites empiriques qui apparaissent clairement dans un raisonnement a contrario. En effet, la contrepartie de cette thèse serait que les chocs négatifs de demande n’auraient aucun impact sur la production puisqu’ils seraient compensés intégralement par une baisse du taux de change. Dans le cas de l’Union économique et monétaire, caractérisée par un système de change fixe en interne et flexible par rapport à l’extérieur, ainsi que par d’importants flux de capitaux, la PB est un, instrument utile face à un choc asymétrique, mais un instrument de second rang face à un choc global.
[Pol budgétaire]
Elekdag, Huir, 2014
la prise en compte de la situation globale dans la zone par chaque membre est une nécessité. Les effets de contagion, s’ils peuvent être négatifs, peuvent également être positifs. Selon les auteurs, ceteris paribus, une augmentation des investissements publics dans certains EM à surplus budgétaires et en ligne avec les règles européennes (All et Pays-Bas principalement) aurait des effets positifs sur l’ensemble de l’UEM : un stimulus d’un niveau de 1 % du PIB pendant 2 ans en Allemagne provoquerait une hausse de 0,2 % à 0,3 % du PIB de la zone euro.
[Pol budgétaire]
Krugman, 2010
Lorsque la politique monétaire est confrontée à la borne basse des taux d’intérêt, la politique budgétaire retrouve toute sa pertinence en raison du niveau élevé des multiplicateurs. Dans une telle situation, une action budgétaire discrétionnaire est nécessaire pour soutenir l’économie et préserver le secteur financier d’une situation de trappe à liquidités, dans laquelle la transmission de la politique monétaire par le canal des taux d’intérêt ne fonctionne plus.
[Pol budgétaire]
Fatas, Summers, 2016
la lutte contre les effets d’hystérèse, qui impactent durablement le volet offre de l’économie (par exemple en dégradant l’employabilité du capital humain) justifie la mobilisation de la politique budgétaire
[Pol budgétaire]
Equivalence ricardienne (aussi appelé effet Ricardo-Barro, 1974 et 1989)
théorème selon lequel lorsque l’Etat s’endette pour effectuer une relance budgétaire, les agents économiques sont capables d’anticiper rationnellement une future hausse des impôts et ainsi réduisent leur consommation. Cette théorie conclue à l’inefficacité des politiques budgétaires sur la croissance économique.
[Pol budgétaire]
Blanchard, 1985
contredit l’équivalence ricardienne en supposant l’espérance de vie finie et aléatoire : il montre qu’il n’y a pas d’équivalence ricardienne mais plutôt des effets ricardiens. De Mello et al. (2004) trouvent par exemple que la hausse de l’épargne privée dans les pays de l’OCDE se substitue pour un tiers seulement à la hausse du déficit public. Dans ce contexte, les modèles keynésiens à effet de seuil sont plus réalistes (Blanchard, 1991 et Sutherland, 1997) car ils prennent en compte des non-linéarités à partir de fondements keynésiens.