Politique économique Flashcards
Qu’est ce qu’une politique économique ?
La politique économique est généralement définie comme le domaine d’intervention des pouvoirs publics dans la régulation de l’économie marchande capitaliste. De façon plus précise, la politique économique est « la branche des théories économiques qui traite des diverses façons dont l’Etat peut intervenir pour infléchir la conjoncture, notamment en ce qui concerne l’évolution de la production et du niveau des prix »
Carré magique
Nicolas Kaldor (1971), le Carré Magique. Il s’agit d’une représentation graphique qu visualise la question de la croissance (il s’agit de stimuler le développement de la production et du revenu national considéré comme le garant d’une amélioration du bien être des individus) ; du plein emploi, (il s’agit d’utiliser au mieux tous les facteurs de production disponibles, ceci ramène souvent au plein emploi du facteur travail, c’est-à-dire à une baisse du chômage) ; de la stabilité des prix (il s’agit de limiter le développement de l’inflation) et de l’équilibre extérieur (il s’agit d’équilibrer les entrées et les sorties de biens, de services, de revenus et de capitaux avec le reste du monde)
Politiques conjoncturelles
Les politiques conjoncturelles sont un ensemble de mesures destinées à minimiser les fluctuations de l’activité économique. Elles chercheraient à maintenir ou à rétablir ce que l’on nomme les grands équilibres (le carré magique) et cela grâce aux politiques de régulation de la demande. Elles s’appuient sur la politique budgétaire (dépenses et recettes de l’Etat) dont les instruments utilisés sont alors les investissements publics, les impôts, les subventions et aides diverses et plus généralement le solde budgétaire (il s’agit surtout d’un déficit) et la politique monétaire (influence l’activité économique par l’intermédiaire du montant et du coût de la monnaie) dont les instruments utilisés sont les taux d’intérêt, l’action de la Banque de France (et de la Banque Centrale Européenne) sur le marché monétaire et la réglementation en vigueur.
On distingue généralement plusieurs types de politique conjoncturelle qui se réfèrent aux phases d’expansion et de récession. On parle alors de politique de relance (expansion) ou de politique de stabilisation. La politique de relance cherche à stimuler la demande afin que les entreprises produisent davantage et embauchent. Une ou plusieurs composantes de la demande sont favorisées (consommation des ménages, investissement des entreprises…). Ainsi en 1981-1982, il s’agissait surtout d’une relance par la consommation (déficit budgétaire, création d’emplois publics). La politique de stabilisation est généralement une politique de lutte contre l’inflation. On réduit la demande intérieure et on cherche à rétablir les équilibres (budget, balance commerciale). Il s’agit d’une politique de rigueur ou d’austérité.
Politiques structurelles
Les politiques structurelles sont un ensemble de dispositions qui visent à influencer durablement la structure et la base de l’économie. On cite parmi les principales politiques structurelles la politique industrielle, la politique de recherche, la politique des transports, la politique agricole ou encore le contexte institutionnel (exemple du cadre juridique : fusions, acquisitions…).
Politique conjoncturelle, politique budgétaire
Le budget de l’Etat représente le principal instrument de l’Etat pour agir sur l’économie. En France, c’est la Loi de Finance, puis la Loi Organique sur les Lois de Finance (LOFL) depuis 2006, préparée par le gouvernement et votée par le parlement chaque automne, qui autorise le gouvernement à percevoir les impôts (ils représentent l’essentiel des recettes budgétaires) et à effectuer les dépenses destinées principalement à faire fonctionner les administrations et à investir (les infrastructures par exemple). La politique budgétaire consiste à agir sur les deux moyens d’actions que sont les dépenses et les recettes. L’action par les dépenses publiques est le résultat d’une volonté d’intervention forte de l’Etat. Elle se traduit par une croissance des dépenses publiques, et au sein de celles-ci, par une prépondérance des dépenses à fort effet d’entraînement sur l’économie (infrastructures, travaux publics des agents vers tel ou tel domaine). L’action par les recettes peut servir à couvrir les dépenses publiques, mais également à atteindre des objectifs économiques et sociaux. La politique fiscale (les impôts) peut être utilisé pour modifier la répartition du revenu national ; pour relancer tel ou tel secteur, pour orienter les dépenses des agents vers tel ou tel domaine.
La différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat forme ce que l’on appelle le solde 1
budgétaire. Un solde négatif correspond à un déficit budgétaire (Dépenses > Recettes). Un déficit budgétaire correspond généralement à un choix de politique économique. Les dépenses publiques cherchent à soutenir la demande (consommation, investissement, exportations) des différents agents économiques (ménages, entreprises). Le déficit budgétaire peut être financé de deux manières : par émission de monnaie (planche à billets, outil de moins en moins utilisé en Europe, notamment depuis la création et le statut d’indépendance de la Banque
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Centrale Européenne) ou par émission de titres ou encore l’emprunt (l’Etat émet des titres
sur le marché financier (emprunt Balladur) afin de financer une intervention de l’Etat sur l’activité économique).
La pensée libérale interdit toute intervention de l’Etat et recherche par là même l’équilibre du budget de l’Etat. Comme le budget ne participe pas à la dynamique économique, la pression fiscale devra être modérée. Pour les keynésiens, une politique de dépenses soutenues contribuerait à rapprocher l’économie nationale du plein emploi et la politique budgétaire serait un puissant levier de dynamisme économique. En relançant l’activité, le budget génère en effet des effets d’entraînement positifs sur l’ensemble de l’économie (on parle d’effet multiplicateur).
Politique conjoncturelle, politique monétaire
La politique monétaire a pour objet de procurer à l’économie la quantité de monnaie nécessaire à la croissance économique et à la réalisation du plein emploi tout en respectant la stabilité de la monnaie au niveau interne (stabilité des prix) et au niveau externe (stabilité du change). A partir des objectifs économiques (taux de croissance de l’activité économique, taux de chômage, équilibre extérieur…) établis par l’Etat, les autorités compétentes (les banques centrales) se fixent des objectifs monétaires dont la réalisation nécessite le recours à un certain nombre d’instruments spécifiques.
Objectifs de la politiques monétaire
- Le contrôle du taux de croissance de la masse monétaire s’effectue depuis 1977 par l’intermédiaire des agrégats monétaires (M1, M2, M3, M4). La fixation des limites à la progression annuelle des agrégats monétaires permet d’éviter des risques de tension sur les prix et d’indiquer aux agents économiques les principaux choix effectués en matière monétaire. M3 est actuellement l’indicateur privilégié par la Banque de France et la plupart des banques centrales européennes.
Les taux d’intérêt sont des instruments qui permettent à la Banque Centrale d’agir directement sur le comportement des agents économiques (l’investissement des entreprises, l’épargne des ménages et son contenu : actifs réels ou monétaires).
Exemple : des taux d’intérêt trop élevés, augmentent le coût du crédit. Une entreprise pourra chercher à financer son investissement par l’intermédiaire du marché financier (grâce notamment à une émission de titres).
- Le change, et plus précisément la position du Franc sur le marché des changes, était étroitement surveillé par la Banque de France. Cette dernière s’attachait à réguler le cours de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères (exemple de la parité Mark/Franc). L’évolution du cours d’une monnaie conditionne la compétitivité d’un pays par rapport à ses concurrents. Durant les années 1980, trois dévaluations rythmèrent la politique économique française.
Depuis l’introduction de l’Euro (monnaie unique) et la création de l’Union Economique et Monétaire, la politique de change est gérée par la Banque Centrale Européenne qui s’est fixée comme principal objectif la stabilité des prix.
Instruments de la politique monétaire
L’action des autorités monétaires sur la création de monnaie peut s’effectuer soit par un contrôle indirect du crédit visant à agir sur la liquidité bancaire, soit par un contrôle direct s’appuyant sur un encadrement du crédit.
→ Le contrôle indirect du crédit revient pour la Banque de France, à agir sur la liquidité bancaire par l’intermédiaire des taux d’intérêt et des réserves obligatoires.
La politique des taux d’intérêt permet de modifier les conditions dans lesquelles la Banque Centrale offre sa monnaie pour le refinancement des banques commerciales. Cette procédure, encore appelée réescompte, s’est pendant longtemps effectué à taux fixe, empêchant du même coup la Banque Centrale d’avoir une action suffisamment souple et rapide pour maîtriser l’octroi de crédit des banques et les mouvements spéculatifs des capitaux.
En ce qui concerne les réserves obligatoires, instituées en France dès 1967, elles avaient pour objectif d’obliger les banques commerciales à constituer des dépôts non rémunérés auprès de la Banque de France. Initialement assises sur les dépôts, elles ont été étendues à partir de 1971 aux crédits afin de mieux contrôler la création monétaire. Le système des réserves obligatoires permet ainsi à la Banque Centrale (en modulant le taux de réserves) de modifier le coût global de refinancement des banques commerciales.
→ Le contrôle direct de la progression des crédits passe par la pratique de l’encadrement du crédit. Ce système permet à la Banque Centrale de fixer une limite maximum au volume des crédits accordés par les banques commerciales, par rapport à une période de référence. Présentant de nombreux inconvénients (il figeait les situations bancaires, nuisait à la concurrence bancaire et s’accompagnait d’un volume important de crédits hors encadrement), ce système fût supprimé le 1er janvier 1985.
Politique conjoncturelle, politique keynésienne
Selon Keynes, les économies contemporaines se caractérisent par une rigidité des prix (ajustement imparfait des prix), ne permettant pas de coordonner l’action des différents agents. L’équilibre de sous-emploi (équilibre du marché des biens et chômage sur le marché du travail) requiert ainsi l’intervention de l’Etat. Il revient alors à la politique économique de réguler la conjoncture en relançant la demande en période de récession et en la diminuant en période de surchauffe (politiques du Stop and Go). La régulation de la conjoncture peut s’effectuer au moyen de différents instruments. La politique budgétaire a longtemps été l’instrument privilégié : une relance des dépenses publiques permet d’accroître la demande effective, ce qui conduit sous l’hypothèse de prix fixes, à un accroissement de la production et de l’emploi. En économie fermée, le multiplicateur budgétaire (sans fiscalité, t = 0) équivaut à 1/(1-c). Il est d’autant plus fort que la propension marginale à consommer est élevée. La politique fiscale consiste à baisser les impôts pour permettre une reprise de la consommation des ménages. En économie fermée, le multiplicateur fiscal est égal à 1/1-c(1-t). On peut noter que la relance fiscale est moins efficace que la relance budgétaire (en effet, 1/ 1- c(1- t ) < 1/(1-c)). Ceci provient du fait qu’une baisse des impôts se traduit par une augmentation du revenu disponible, laquelle n’est pas intégralement consommée (l’épargne est une fuite). La politique monétaire doit permettre une détente des taux d’intérêt (offre de monnaie supérieure à la demande de monnaie), favorable à la reprise de l’investissement, cependant son effet sur l’activité est indirect. C’est pourquoi les keynésiens assigne à la politique monétaire un rôle d’accompagnement à la politique budgétaire (policy mix).Si les keynésiens accordent une place de choix à la politique économique conjoncturelle, ils insistent néanmoins sur son efficacité conditionnelle, notamment dans un contexte d’ouverture sur l’extérieur. Ainsi l’efficacité d’une politique de relance budgétaire ou fiscale peut être altérée par plusieurs phénomènes :
- La relance budgétaire se traduit généralement par une augmentation des taux d’intérêt. En
économie fermée, un déséquilibre (besoin de financement > capacité de financement) se
traduit par un effet d’éviction: les emprunts d’état étant les plus recherchés (car plus
rémunérateurs), ce sont les entreprises (et donc les agents privés) qui vont subir la raréfaction
des capitaux disponibles et la hausse des taux d’intérêt. En économie ouverte, la hausse des 3
taux d’intérêt attire les capitaux étrangers qui viennent combler le déséquilibre national et réduire les taux d’intérêt.- Le multiplicateur budgétaire est altéré par l’ouverture de l’économie, et plus spécifiquement par la fuite due aux importations. En effet, la valeur du multiplicateur est d’autant plus faible que la propension marginale à importer est forte.
- En situation de changes fixes, l’efficacité d’une politique de relance dépend de la mobilité internationale des capitaux (Modèle MUNDELL-FLEMING). Lorsque ces derniers sont immobiles, la relance budgétaire est sans effet sur l’activité réelle .- Enfin, une politique budgétaire financée par emprunt occasionne une augmentation de la dette publique. Ceci est pénalisant pour une économie, surtout lorsque les taux d’intérêt sont supérieurs aux taux de croissance de l’économie.De même, l’efficacité de la politique monétaire est également soumise à certaines conditions :
- L’augmentation de l’offre de monnaie doit avoir une incidence notoire sur les taux d’intérêt (baisse).
- La baisse des taux d’intérêt (le coût du capital) doit se traduire par une relance de l’investissement. Toutefois, ce dernier dépend de nombreuses variables, imprévisibles (efficacité marginale du capital : anticipation de la demande par les entrepreneurs, pessimisme des chefs d’entreprises).
- La relation offre de monnaie – taux d’intérêt n’est pas le seul canal de transmission de la politique monétaire : la politique de crédit (contrôle), l’organisation bancaire (concurrence…) jouent également un rôle important.
- En situation de changes fixes, l’efficacité d’une politique monétaire dépendra de la mobilité internationale des capitaux (modèle MUNDELL – FLEMING). Lorsque les capitaux internationaux sont parfaitement mobiles, une politique monétaire expansive se traduira par une baisse du taux d’intérêt qui entraînera une sortie de capitaux, s’en suivront une dépréciation du taux de change et une intervention de la Banque Centrale (offre de devises et demande de francs : l’offre de monnaie se contracte et l’on revient à la situation initiale).
Modèle ISLM
Le modèle IS-LM a été proposé par John Hicks (1904 – 1981) dans un article paru en avril 1937 dans la revue Econometrica et intitulé « Mr Keynes and the classics : a suggested interpretation», puis complété par les travaux de Hansen (1887 – 1975). Comme le rappelle Bernard Guerrien (2000, p. 264), le but de l’article était « de donner une version synthétique des principales idées contenues dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publiée par Keynes en 1936 ». De ce point de vue, il constitue le socle de la macroéconomie keynésienne.
Le modèle IS-LM comporte trois marchés : celui des biens et des services, celui de la monnaie et celui des titres. Les biens sont soit consommés (on parle de biens de consommation), soit investis (on parle de biens d’équipement). La monnaie sert à la fois de moyen de transaction (l’équation quantitative de la monnaie rappelle que la demande de monnaie augmente en fonction de l’activité économique), de moyen de réserve (pour faire face aux imprévus) et de moyen de spéculation (la monnaie peut être utilisé pour effectuer certains gains). Les titres, généralement rémunérés, constituent une alternative à la détention de monnaie et l’investissement. Le modèle IS-LM se présente sous la forme de deux courbes, l’une représentant l’équilibre sur le marché des biens et services (IS), l’autre représentant l’équilibre sur le marché de la monnaie (LM). Il permet de déterminer simultanément l’équilibre sur ces deux marchés en établissant des relations entre le taux d’intérêt (i) et le niveau d’activité (Y).- Dans le cadre de la courbe IS, il existerait une relation décroissante entre le niveau d’activité (Y) et le taux d’intérêt (i). Si le taux d’intérêt augmente, l’investissement diminue, or l’investissement par le jeu du multiplicateur détermine le niveau de production. Si l’on considère que tous les revenus tirés de la production sont effectivement distribués soit Y = Y), alors on obtient l’équilibre macroéconomique I = S, que l’on peut encore exprimer sous la forme I (i) = S (Y). L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt ; l’épargne est une fonction croissante du revenu.
A l’équilibre sur le marché des biens des services, il existerait donc une relation inverse entre i et Y. La courbe IS serait décroissante. - Dans le cadre de la courbe LM, il existerait une relation croissante entre le niveau du taux d’intérêt (i) et le niveau d’activité (Y). Plus le niveau d’activité est élevée, plus la demande de monnaie pour transaction (équation quantitative de la monnaie : M.v = p. Y) est importante. Comme l’offre de monnaie est fixée, le taux d’intérêt (qui est le prix de la monnaie) doit diminuer (la demande est supérieure à l’offre de monnaie). Ceci peut être démontré en se référant aux deux équations suivantes :
L = L1 (Y ) + L2 (i) représente la demande de monnaie pour transactions ( L1 (Y ) ) et la demande de monnaie pour spéculation ( L2 (i) ). La demande de monnaie pour transaction est une fonction
croissante du niveau d’activité. La demande de monnaie pour spéculation est une fonction décroissante du taux d’intérêt. Plus le taux d’intérêt (prix de la monnaie) augmente, moins il y a d’intérêt à conserver de la monnaie (et plus les perspectives de placer son épargne sont intéressantes). M = M représente l’offre de monnaie exogène (déterminée par l’Etat ou la Banque Centrale). L’équilibre sur le marché de la monnaie (offre = demande) fera apparaître l’équation suivante : M = L1 (Y ) + L2 (i)
A l’équilibre sur le marché de la monnaie, la relation entre i et Y serait croissante. La pente de la courbe LM est également déterminante pour comprendre les effets d’une modification des taux d’intérêt et/ou du niveau d’activité. Lorsque la courbe LM est peu pentue, une variation de l’activité économique a peu d’effet sur le taux d’intérêt. A l’inverse, quand la pente est forte, une faible variation de l’activité peut occasionner une forte variation du taux d’intérêt.La forme de la courbe LM dépendra de celle de la fonction de la demande de monnaie pour transaction (l’équation quantitative de la monnaie introduit également la vitesse de circulation de la monnaie) et de celle de la fonction de la demande de monnaie pour spéculation. La courbe LM peut être ainsi illustrée par trois phases (Généreux, 2000, p. 78). Dans la phase 1, la hausse du niveau d’activité n’a aucun effet sur le taux d’intérêt. Cela correspond à la trappe à liquidité.Dans la phase 2, la demande de monnaie est imparfaitement élastique au taux d’intérêt, il faut une augmentation de i pour réduire les encaisses spéculatives et financer le développement de l’activité économique. Dans la phase 3, la demande de monnaie est parfaitement inélastique au taux d’intérêt, les encaisses spéculatives sont nulles. Une hausse de i ne peut pas dégager les encaisses qui seraient nécessaires au financement de l’activité économique.
- L’équilibre du modèle IS-LM repose donc sur un couple (i,Y) qui vérifie à la fois l’équilibre sur le marché des biens et services (courbe IS) et l’équilibre sur le marché de la monnaie (courbe LM). Ce couple est donné graphiquement par l’intersection des courbes IS et LM.Si l’économie nationale se situe à gauche de la courbe IS, cela signifie que l’offre globale est inférieure à la demande globale, et que le marché des biens et services est déséquilibré. On a une demande excédentaire de biens qui va exercer une pression sur Y. Dans le cas inverse, l’offre globale est supérieure à la demande globale, l’offre excédentaire exercera une pression à la baisse sur Y. Si maintenant l’économie nationale se situe à gauche de LM, le taux d’intérêt sera trop élevé et la demande de monnaie trop faible pour assurer l’équilibre du marché de la monnaie, l’offre excédentaire de monnaie exercera une pression à la baisse du taux d’intérêt. Dans le cas inverse, un taux d’intérêt trop faible engendrera une demande de monnaie trop importante. La demande excédentaire de monnaie exercera une pression à la hausse du taux d’intérêt. Au final, les valeurs d’équilibre de i et de Y (i, Y) dépendent de la forme des courbes IS et LM (comportements des agents économiques) mais également des dépenses publiques de l’Etat et de la masse monétaire mise en circulation. Ces dernières sont des instruments d’action dont les autorités publiques peuvent se servir dans le cadre de la politique économique.
Le modèle IS-LM et la politique économique : politique budgétaire expansionniste
Le modèle IS-LM permet de mettre en évidence les différentes variantes de la politique économique et d’analyser l’efficacité d’une politique budgétaire, d’une politique monétaire ou d’un policy mix.
- Une politique budgétaire expansionniste consiste à augmenter les dépenses publiques de manière à exercer un effet multiplicateur sur la production et l’activité économique, ceci à masse monétaire échangée. L’ampleur des effets est mesurée par le déplacement de IS vers la droite. Une variation des dépenses publiques affecte à la fois le niveau de production (revenu) et le taux d’intérêt d’équilibre.
Hausse des dépenses publiques Hausse de la demande de monnaie de transaction Effet multiplicateur sur Y Hausse du taux d’intérêt Baisse de l’investissement
L’efficacité de la politique budgétaire est ainsi conditionnée par le multiplicateur (il faut une propension à consommer) ; une demande de monnaie peu élastique au revenu (Y ne doit pas générer une forte demande de monnaie, ce qui est possible si la vitesse de circulation de la monnaie est importante) ; une demande de monnaie fortement élastique au taux d’intérêt (une faible hausse de i suffirait à réduire la demande de monnaie pour motif de spéculation et à satisfaire la demande de monnaie pour transaction) ; une faible élasticité de l’investissement au taux d’intérêt (afin que I soit peu déprimé par la hausse de i) ; des capacités de production inutilisées et une offre de biens et services élastique à court terme.
Le modèle IS-LM et la politique économique : politique monétaire expansionniste
Une politique monétaire expansionniste se traduit par une augmentation de l’offre de monnaie et donc un déplacement de LM vers la droite
Hausse de l’offre de monnaie
Baisse du taux d’intérêt
Hausse de l’investissement
Effet multiplicateur sur le niveau d’activité
L’efficacité de la politique monétaire est alors conditionnée par une demande de monnaie peu élastique au taux d’intérêt (une forte baisse de i sera nécessaire pour que les agents acceptent d’absorber la monnaie nouvellement créée) ; une forte élasticité de l’investissement au taux d’intérêt (l’investissement sera ainsi fortement stimulé par une baisse du taux d’intérêt) ; un multiplicateur élevé (propension à consommer forte) ; des capacités de production inutilisées et une offre de biens et services élastique à court terme.
Policy mix
- La combinaison des deux politiques (policy mix) est une autre manière d’atteindre l’objectif de plein emploi sur un marché des biens et services et un marché de la monnaie équilibrés. C’est le cas lorsque le déficit public occasionné par la politique budgétaire est financé par une émission de monnaie. La politique budgétaire engendre un déplacement de IS vers la droite et la politique monétaire se traduit par un déplacement de LM également vers la droite. Dès lors, l’effet pervers de la politique budgétaire (hausse du taux d’intérêt et baisse de l’investissement) peut être neutralisé par la politique monétaire qui maintiendra le taux d’intérêt constant. Ainsi, au fur et à mesure que la relance de l’activité économique par la dépense publique entraîne une hausse de la demande de monnaie, la banque centrale alimente le marché monétaire (offre de monnaie à un taux d’intérêt inchangé).On le voit, la politique économique renvoie à un ajustement du couple (i, Y), lequel traduit à la fois un équilibre sur le marché des biens et services (courbe IS) et un équilibre sur le marché de la monnaie (LM). L’objectif de plein emploi est alors possible si et seulement si la fonction de consommation (propension à consommer) et la fonction de demande (demande pour transaction et spéculation, vitesse de circulation de la monnaie…) sont connues et estimables.
Limites ISLM
Premièrement, tous les ajustements se font sans variation du niveau général des prix. L’analyse keynésienne fait l’hypothèse que les prix sont fixes à court terme et que ce sont les quantités qui s’ajustent. Le plein emploi est atteint par une hausse de la demande globale.
Deuxièmement, la création de monnaie est considérée comme exogène. En d’autres termes, les autorités ont la possibilité de faire varier l’offre de monnaie à leur guise. Cette hypothèse est largement remise en cause par la politique monétaire des banques centrales. Ces dernières préfèrent jouer sur le taux d’intérêt plutôt que sur la quantité de monnaie en circulation.
Troisièmement, malgré leur place dans l’œuvre de Keynes, aucun rôle n’est donné aux anticipations. Or ces dernières ont des conséquences importantes en matière d’investissement. C’est en effet la demande anticipée (efficacité marginale du capitale) qui va conditionner l’investissement et occasionner un effet multiplicateur sur l’activité économique.
Quatrièmement, le modèle IS-LM est généralement présenté en économie fermée. Or l’économie ouverte nécessite d’introduire le commerce international (importations, exportations), le régime de taux de change (fixe ou flexible) et le degré de mobilité des capitaux. On fait alors référence au modèle de Mundell-Flemming. Dès lors, une variation des taux d’intérêt engendre une entrée ou une sortie de capitaux, donc une balance des capitaux excédentaire ou déficitaire.- En régime de change fixe, la politique monétaire perd de son efficacité alors que la politique budgétaire garde une certaine légitimité. La politique budgétaire engendre une hausse de l’activité nationale (hausse de la production grâce à l’effet multiplicateur) ; une dégradation des échanges extérieursUne politique monétaire expansive (hausse de l’offre
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de monnaie) engendre une baisse des taux d’intérêt, ce qui provoque une sortie des capitaux et une hausse des importations. Il en résulte un déficit de la balance des transactions courantes et une dégradation du taux de change. La Banque centrale va puiser dans ses réserves de change pour remédier à cette situation, ce qui est contraire à l’effet recherché. L’effet de relance des deux politiques dépend du degré de mobilité des capitaux. Si les capitaux sont mobiles, ils sont attirés par le taux d’intérêt et viennent augmenter la masse monétaire, entraînant une baisse du taux d’intérêt (l’effet de relance est renforcé). Si les capitaux sont peut mobiles, le taux d’intérêt sera élevé.
- En régime de change flexible, l’influence de la politique budgétaire diminue avec la mobilité des capitaux. La politique monétaire devient efficace. Une relance budgétaire est partiellement inefficace suite à l’éviction par le taux de change. Une politique budgétaire expansionniste entraîne deux effets opposés sur le taux de change. Elle tend d’une part à provoquer une hausse des taux d’intérêt et favorise une entrée de capitaux qui doivent se traduire par une appréciation du taux de change. Elle tend d’autre part à générer une hausse des importations qui conduit à une dépréciation du change. Le résultat de ces deux effets dépend du degré de mobilité des capitaux. Si la mobilité des capitaux est forte, le change s’apprécie à la suite de l’entrée des capitaux, et diminue la compétitivité prix des produits nationaux. L’effet de la relance de la politique budgétaire est donc neutralisé. Si la mobilité des capitaux est faible, l’accroissement des importations provoque une dégradation de la balance des transactions courantes, et une dépréciation du taux de change qui conduira à une hausse des exportations. La politique budgétaire est à nouveau efficace. Une politique monétaire expansionniste entraîne quant à elle une diminution du taux d’intérêt et une dépréciation du change (hausse des importations combinée à une sortie de capitaux). L’amélioration de la compétitivité prix renforce les effets d’une relance monétaire.
Critique de Friedman ?
- La critique de la politique budgétaire s’appuie sur deux arguments : la remise en cause de la stabilité de la fonction de consommation et le financement du déficit public par émission de titres. D’un côté, Friedman a remis en cause la fonction de consommation keynésienne en introduisant sa théorie du revenu permanent. Il souligne que la consommation ne dépend pas du revenu courant, mais bien de la richesse, ou en première approximation, du revenu permanent (c’est-à-dire des revenus passés et futurs de l’individu). Il n’y aurait dès lors plus de relation stable entre le revenu courant de la période et la consommation de cette même période, donc plus de stabilité de la fonction de consommation, de la propension à consommer ni du multiplicateur. La politique budgétaire serait donc inefficace à court terme et déstabilisante à moyen terme. D’un autre côté, le financement des dépenses publiques par émission de titres engendrerait un effet d’éviction. Pour Friedman, les dépenses gouvernementales financées par l’emprunt public ne font que remplacer un volume approximativement égal de dépenses privées (notamment l’investissement). De nombreux arguments ont été avancés pour appuyer cette thèse. D’une part, l’accroissement de l’intervention de l’Etat accroîtrait la méfiance des investisseurs privés, modifierait leurs anticipations et diminueraient l’efficacité marginale du capital. L’investissement public supplémentaire serait ainsi contrebalancé par la diminution de l’investissement privé. D’autre part, l’accroissement de l’intervention de l’Etat pose un problème de financement que l’on peut régler en procédant soit par l’impôt (une hausse de l’impôt diminue cependant le revenu disponible, donc la consommation des agents économiques), soit par emprunt. Dans ce dernier cas, l’Etat risque d’engendrer des tensions sur le marché financier. Il lui faudra effectivement proposer une rémunération attractive (un taux d’intérêt élevé) pour attirer les épargnants. Cette hausse des taux d’intérêt sera de nature à diminuer l’investissement privé. Enfin, la condamnation de la politique budgétaire ne doit pas faire oublier que les monétaristes considèrent que le marché est le mécanisme d’allocation optimale des ressources. L’augmentation des dépenses publiques pourrait donc à terme générer une extension du poids de l’Etat, du secteur public au détriment du secteur privé.
- La critique de la politique monétaire renvoie quant à elle à deux affirmations. D’une part, la monnaie est toute puissante. D’autre part, la politique monétaire est impuissante. D’après les monétaristes, la monnaie joue un rôle important dans l’économie, elle est notamment une source de fluctuations de l’activité économique. Un dérèglement de l’émission monétaire entraînerait donc des crises. Dans leur « Histoire monétaire des Etats-Unis » (1963), Milton Friedman et Anna Schwartz vont chercher à renverser l’analyse traditionnelle keynésienne en
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s’appuyant sur les préceptes de la théorie quantitative de la monnaie ( Mv = p T). Constant
que le stock de monnaie avait diminué d’un tiers au cours de la crise de 1929, ils font de cette
contraction la cause principale de la crise économique. De la même manière, les hyper-
inflations allemande (1922-1923), hongroise (1945-1946) et grecque (1943-1944) durant
lesquelles la masse monétaire fût multipliée par plusieurs milliards illustreraient les cas de
dérèglement du système économique par des dérèglements dans l’émission de monnaie
(Abraham-Frois, 1991). C’est donc par la réhabilitation de la théorie quantitative de la
monnaie que Milton Friedman entend répondre à la théorie keynésienne. Il oppose la stabilité
de la demande de monnaie à l’instabilité de la consommation et du multiplicateur keynésien.
La politique monétaire apparaît dès lors inefficace pour deux raisons. (1) Tout d’abord, en
vertu de la dichotomie entre la sphère réelle et la sphère monétaire, un accroissement de
monnaie ne peut pas faire diminuer le taux d’intérêt. L’effet de liquidité serait en effet
compensé par un effet revenu et un effet prix. La hausse de la quantité de monnaie en
circulation engendre une hausse des revenus nominaux, ce qui entraîne un accroissement des
encaisses désirées et de la demande de monnaie qui compense l’effet initial de liquidité. Par
ailleurs, la hausse de la création monétaire entraîne une hausse des prix et des anticipations à
la hausse. L’aggravation de ces dernières se traduit nécessairement par un relèvement des taux
nominaux d’intérêt que les prêteurs exigent et que les emprunteurs acceptent de payer. (2)
Ensuite la politique monétaire ne peut pas agir sur le taux de chômage sauf pour des
périodes très brèves. Milton Friedman reviendra ici sur ce que l’on appelle la courbe de 5
Phillips . Cette dernière traduit l’existence d’une relation inverse entre une variable réelle (le
taux de chômage) et une variable monétaire (le niveau général des prix). Pour diminuer le
taux chômage, il faudrait ainsi accepter une hausse de l’inflation (et vice versa). Cette relation
va à l’encontre des préceptes monétaristes selon lesquels il existerait une dichotomie entre les
sphères réelles et monétaires. La réponse de Friedman va se faire en deux temps. Dans un
premier temps, il explique le phénomène décrit par la courbe de Phillips par des erreurs
d’anticipation de la part des agents économiques, qui n’arrivent pas à distinguer entre une
hausse des prix relatifs et une hausse du niveau général des prix (erreurs dues aux variations
inopinées de l’offre de monnaie). Friedman suppose que l’existence d’anticipations
tout en s’amortissant progressivement (à moins que les autorités monétaires ne maintiennent les agents dans l’erreur en provoquant une accélération de la hausse des prix, via la création monétaire). Dans un second temps, il existerait un taux de chômage qui correspond au plein emploi, le taux de chômage naturel, influencé exclusivement par des facteurs réels. Dans ces conditions, la politique monétaire ne peut diminuer le niveau de chômage. La manipulation de l’offre de monnaie serait sans effets sur une variable réelle telle que le chômage.