Environnement Flashcards
Rapport Meadows
années, ne sont pas nouveaux. Ils avaient déjà été soulevés au début des années 70, par le Rapport Meadows « Halte à la croissance », commandité par le Club de Rome (1972). Ce rapport tirait la sonnette d’alarme face aux périls que faisait encourir à l’humanité, «le paradigme de la croissance exponentielle ».Face à ces dangers mortels, les auteurs préconisaient une solution simple, celle de la croissance zéro !
Différents débats contemporains
Au niveau politique : montée du courant vert en Europe occidentale
Au niveau économique : mise en place de l’eco-taxe européenne, norme environnementale ISO 14000, produits labellisés écologiques
Au niveau national : création d’un ministère
Au niveau international : Sommet de Rio, protocole de Kyoto
Différents types de ressources
Parmi ces ressources naturelles, on distingue traditionnellement celles qui sont
- renouvelables (et qui comme l’énergie solaire ou les coupes de bois, donnent lieu à des flux toujours disponibles, au moins sous certaines conditions)
et celles qui sont
- non renouvelables, dont les stocks sont globalement limités et diminuent au fur et à mesure des flux de prélèvements (énergie
fossiles, réserves de minerais, …).
Différents types de prélèvements problématiques
- Prélèvements trop importants (surexploitation forestière au-delà du
taux de croissance naturel ou sans replanter ce qui a été prélevé, conduisant alors à unedéforestation massive comme en Inde, en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Amazonie)
ou
- Prélèvement trop rapides (dans le cas d’une ressource non renouvelable, cela ne permet pas de ménager un délai suffisant pour une prise de relais par une nouvelle technologie) .
Qu’est ce qu’un effet externe ou externalité ?
Certaines activités économiques d’un agent peuvent cependant affecter les ressources ou l’environnement des autres agents, c’est-à-dire leur bien être. On dit qu’elles exercent des effets externes ou des externalités sur les autres agents.
L’environnement bien collectif ?
l’environnement entre dans la catégorie des biens collectifs : il est non appropriable, non exclusif, souvent gratuit, et apporte d’emblée un bien être à la collectivité
Effets externes
Le cas d’école généralement choisi par la théorie économique pour mettre en scène les problèmes environnementaux est celui d’une firme A qui utilise un cours d’eau comme vecteur de ses rejets polluants, rendant ainsi impossibles d’autres usages de l’eau pour une entreprise B située en aval de la première.Ainsi l’activité de production de la blanchisserie a des conséquences dommageables pour l’activité de pisciculture (pertes de compétitivité, coûts supplémentaires), et il n’y a pas pour autant versement d’une quelconque compensation financière de la première à la seconde. L’effet externe est révélateur d’une sorte de paradoxe de la concurrence, puisqu’il montre que, dans certaines conditions, si elle est laissée à elle-même, la concurrence peut conduire à mettre à mal, voire à éliminer complètement la concurrence.Les effets externes sont ainsi analysés comme des défaillances par rapport au cadre de la concurrence parfaite tel qu’il est défini par la théorie néoclassique.Ainsi aux yeux des théoriciens néoclassiques, les problèmes environnementaux n’apparaissent que comme des cas particuliers d’externalités parmi d’autres. Ces effets externes qui concernent l’environnement peuvent être positifs (apiculteur qui profite du champ de son voisin arboriculteur), mais en général on associera plutôt environnement et effet externe négatif (fumée d’usine, nuisance des transports, pollution des eaux…).On distingue ainsi les externalités de consommation, provoquées par la consommation de certains biens (tabac, bruit, déchets polluants…) et les externalités de production, provoquées par l’activité productive des entreprises (émission de gaz polluants comme le soufre, pollution par les nitrates des sols et des cours d’eau,…). Les externalités bilatérales sont celles qui résultent de l’action d’un agent sur le bien être d’un seul autre agent
Internalisation des externalités, approche réglementaire ou administrative
L’approche réglementaire ou de type administratif
L’approche réglementaire ou de type administratif recouvre toutes les interdictions, les demandes d’autorisations légales et les normes (qu’elles soient de qualité de l’environnement, d’émission d’effluents, de procédés techniques à adopter ou les produits à fabriquer).
- Des interdictions aux principes de responsabilité et de précaution : Les interdictions et les demandes d’autorisation sont utilisées par l’Autorité publique afin de restreindre l’accès de certains produits au marché dans une optique de protection de l’environnement et de santé publique. Dans les années 80 et 90, elles ont soulevé une large polémique à travers le principe de responsabilité et le principe de précaution (tant évoqué dans les questions de génie génétique : ADN, OGM). Du bon usage de la Nature : Pour une philosophie de l’environnement, Catherine et Raphaël Larrère (1997, p. 235) ont rappelé que « pendant longtemps en France, l’opinion dominante fut qu’en matière d’environnement on n’avait pas besoin d’éthique : le recours à l’expertise suffisait ». On a alors considéré que la nature devait être l’objet d’un souci moral parce que nous en sommes responsables devant les générations futureC’est Hans Jonas (1979), qui a introduit la notion de principe de responsabilité dans son ouvrage Das Prinzip Verantwortung (traduit en français par le titre Le principe de responsabilité, 1990). Conscient du fait que les technologies humaines pouvaient entraîner l’extinction de toute vie sur terre, Hans Jonas considérait qu’une telle éventualité (domaine du possible et non de l’improbable) associée à la peur qu’elle pouvait provoquer, devait permettre de fonder une nouvelle éthique de la protection, invitant l’humanité à empêcher que le pire ne se réalise. Le principe de responsabilité nous invite donc à repousser les limites de l’imputation de l’acte (relation de causalité entre l’acte et ses conséquences) pour nous focaliser sur les devoirs qui nous lient aux générations futures (sorte de responsabilité par anticipation). Si cette réflexion s’inscrit sans aucun doute dans les préoccupations du courant écologique, elle a conduit dans le même temps au renouveau de la pensée éthique contemporaine.
- Réglementation : imposer des normes, qui peuvent être de différentes natures. La norme d’émission consiste en un plafond maximal d’émission qui ne doit pas être dépassé sous peine de sanctions administratives, pénales ou financières.Les normes de procédé imposent aux agents l’usage de certains équipements dépolluants (pots d’échappement catalytiques, stations d’épuration, filtres …). L’apposition d’une pastille verte sur les véhicules automobiles moins polluants (décret n° 98 – 704 du 17 août 1998) en est un bon exemple. Les normes de qualité spécifient les caractéristiques souhaitables du milieu récepteur des émissions polluantes (taux de nitrates dans l’eau potable, taux d’émission de dioxyde et monoxyde de carbone des véhicules automobiles). Enfin les normes de produit imposent des niveaux donnés limites à certaines caractéristiques des produits (taux de phosphate dans les lessives, teneur en soufre des combustibles, caractère recyclable des emballages…). Les normes peuvent être choisies selon deux types de critères :
environnementaux ou économiques. D
ans le premier cas, elles obéissent le plus souvent à des objectifs de protection de la santé et se traduisent alors par la fixation de concentrations ou de doses maximales de polluants tolérables pour la santé (émission de CO2 par les voitures). Dans le second cas, la fixation de la norme devrait permettre d’atteindre le niveau de pollution optimale précédemment défini : l’évaluation correcte des autorités des dommages subis par les victimes de la pollution se révèle alors cruciale.
Les normes de procédé sont généralement préférables aux normes d’émissions car il est plus facile de contrôler l’existence d’un équipement spécifique de dépollution plutôt que de mesurer continûment les émissions polluantes. L’inconvénient des normes est cependant leur incapacité, si elles sont fixées à un niveau optimal, à inciter les agents à augmenter leur effort de dépollution.
Les certificats verts
L’offre verte d’énergie peut prendre deux cas de figure, selon que le fournisseur dispose ou non de son propre parc de production d’électricité verte. Un groupe comme EDF, ayant obtenu la certification ENR pour trois de ses barrages hydrauliques, est habilité à produire de l’électricité verte. En revanche, GDF est contraint de recourir aux certificats verts pour honorer ses engagements environnementaux. Ne disposant pas encore d’installations certifiées, GDF doit acheter l’énergie verte dont il a besoin sous forme de « papier » auprès des producteurs certifiés. Depuis 2003, les états membres de l’UE sont en effet tenus de prouver l’origine renouvelable de l’électricité consommée. Les certificats verts sont des instruments de négoce qui permettent de commercialiser séparément la valeur verte de l’électricité d’origine renouvelable et l’électricité physique. Un certificat vert est une attestation de production d’électricité, d’une valeur financière variable, délivrée à l’exploitant d’une centrale utilisant des énergies renouvelables et assurant la traçabilité de l’électron vert, du producteur au consommateur final.
Internalisation des externalités, approche économique
L’approche économique consiste à utiliser les mécanismes du marché en modifiant un prix relatif et en provoquant un transfert financier. Les instruments économiques s’appuient sur les mécanismes du marché pour encourager producteurs et consommateurs à limiter la pollution et à empêcher la dégradation des ressources naturelles.
- Taxes et redevances : C’est Arthur Cecil Pigou (1920) qui a le premier proposé de mettre en place une taxe pour internaliser les externalités négatives. L’économie du bien être, telle que la conçoit Pigou, est une interrogation sur les liens existant entre la recherche de l’intérêt individuel et la recherche de l’intérêt collectif. Du fait de l’interdépendance non compensées entre les agents, Pigou voit que l’utilité collective ne peut être appréciée en faisant la somme des utilités individuelles. Plus précisément selon Pigou, la présence d’effets externes négatifs pose le problème de la désadéquation entre les coûts privés et le coût collectif (coût social) des activités économiques. En reprenant l’exemple de la firme A qui utilise l’eau d’une rivière pour y rejeter ses effluents, on voit que celle-ci se conduit comme si elle utilisait un facteur de production sans le payer. Son coût de production (qui est un coût privé), est dès lors inférieur à ce qu’il devrait être et diffère du coût social de son activité, du coût qu’elle inflige à l’ensemble de la collectivité. Une telle situation est contraire à la théorie économique pour laquelle le coût social de l’activité doit être couvert par l’ensemble des dépenses qu’elle engage. Au delà du problème de non optimalité des arbitrages des agents économiques, Pigou souligne que l’existence des effets externes pose aussi un problème de justice sociale puisque certains agents ne sont pas rémunérés en fonction de leur contribution exacte à la richesse collective. La solution préconisée par Pigou consiste à répondre à ces deux problèmes avec l’aide d’une intervention de l’Etat, la taxe pigouvienne. Pour que le calcul économique privé de l’entreprise A reflète le véritable coût social de son activité, il faut que celle-ci y comptabilise l’usage de la ressource environnementale. Il faut qu’elle internalise l’effet externe. Cela n’est possible que si on lui envoie un signal prix reflétant la perte de valeur de l’environnement qu’elle inflige à l’ensemble de la collectivité. C’est selon Pigou, l’Etat, qui va jouer ce rôle de donneur de prix en imposant une taxe (dite pigouvienne) au pollueur, égale au dommage social marginal causé par son activité polluante. C’est le principe du pollueur-payeur : l’entreprise polluante est alors correctement informée sur les véritables coûts sociaux de son activité. Avec cette taxe portant sur chaque unité de pollution émise, son coût de production est désormais plus élevé tandis que son profit l’est moins.L’économiste n’a nul besoin de l’expert en matière environnementale, ni de l’écologiste, la rationalité des agents parfaitement informés et l’optimalité de leurs calculs économiques permettent théoriquement de fixer et l’objectif à atteindre en matière de pollution ; et la façon d’atteindre au moindre coût cet objectif.Les redevances ou les taxes sur les émissions frappent directement la quantité ou la qualité des polluants rejetés. On y recourt dans la plupart des pays de l’OCDE mais à des degrés divers, pour faire face à des problèmes d’environnement, tels que la pollution de l’air (en France, des redevances sont été instaurées sur les émissions d’oxydes de soufre, en Suède, elles visent les émissions d’oxyde d’azote), de l’eau (systèmes de gestion de l’eau en France, en Allemagne, et aux Pays Bas), du bruit (redevances sur le bruit des aéronefs) ou des rejets de déchets (elles ne visent cependant que les déchets industriels). Les redevances d’utilisation couvrent le coût desservices de collecte et de traitement et elles sont souvent utilisées par les collectivités locales pour la collecte et le traitement des déchets solides et des eaux usées. Leur principal objectif est de dégager des recettes. Les redevances ou les taxes sur les produits visent les produits polluants au stade de leur fabrication, de leur consommation ou de leur élimination. Ce sont par exemple les taxes sur les engrais, les pesticides et les piles, les principales étant les écotaxes sur l’énergie (taxes sur la teneur en carbone et en soufre des carburants et combustibles). Ces taxes ont pour objet de modifier les prix relatifs des produits ou de financer des systèmes de collecte et de traitement..
- Permis négociables :Ronald Coase (1960) a pu les proposer et ce que l’on appelle aujourd’hui les systèmes de permis d’émission négociables (désignés également sous le terme de marchés de droits à polluer ou marché des droits de pollution).
Reconsidérant l’analyse de Pigou, Coase va contester l’optimalité sociale de la procédure d’internalisation des externalités qui fait appel à un système de taxation et d’intervention de l’Etat. Coase met l’accent sur le caractère réciproque attaché à l’existence de toute pollution : d’un côté, celle-ci gêne l’agent économique qui en est victime, d’un autre côté, la réduction de la pollution nécessite de diminuer le niveau de la production polluante et contraint l’auteur de la pollution. - Les systèmes de consignation :
Ces systèmes sont largement appliqués dans les pays de l’OCDE, en particulier pour les récipients de boissons. Une certaine somme d’argent (une consigne) est versée lors de l’achat d’un produit contenu dans un certain type d’emballage. Elle est remboursée lorsque l’emballage est rapporté au détaillant ou à un centre de traitement. - Les aides financières et les subventions :
Les aides financières constituent également un instrument économique important qui est utilisé dans de nombreux pays de l’OCDE quoique dans des proportions limitées. Parmi les principales formes d’aides figurent les subventions, les prêts à taux réduits et les amortissements accélérés. Un examen des résultats de 11 d’entre elles a révélé qu’en moyenne, le coût de réalisation d’un objectif environnemental donné est six fois plus élevé si l’on utilise des instruments deminimisation des coûts tels que les taxes sur les émissions et les permis négociables (Tietenberg, 1990). Par conséquent les instruments économiques devraient apporter des réductions considérables de coût.
Objectif du Grenelle de l’environnement en France ?
A la suite du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.
Projet de loi Fillon ?
Le 10 septembre 2010, le gouvernement Fillon a finalement retenu le qualificatif de taxe carbone et le montant de 17€ la tonne de CO2. D’un point de vue pratique, la taxation des combustibles (l’électricité n’étant pas concernée par la mesure) devrait générer l’équivalent de 4.3 milliards d’€ de recettes fiscales (le prix de l’essence et du gazole augmentant respectivement de 4 et 5 centimes). La contribution des entreprises a été évaluée à 2 milliards d’€, elle serait plus que compensée par la suppression de la taxe professionnelle (8 milliards d’€). La contribution des ménages serait proche de 2.3 milliards d’€. La facture avoisinerait les 80€ par foyer en moyenne
Théorème de Coase
Le théorème de Coase stipule qu’en l’absence de coûts de transaction (coordination des activités des firmes), il y a intérêt économique à ce qu’une négociation s’instaure directement entre pollueurs et victimes jusqu’à ce que survienne une entente spontanée sur le niveau de pollution acceptable. Cette procédure s’ordonnera suivant l’obligation ou non de dédommagement de la pollution, autrement dit, suivant la règle juridique en vigueur qui attribue les droits de propriété sur la ressource considérée. Dans le cas d’une firme A (blanchisserie) polluant une rivière et une firme B (pisciculteur) subissant cette pollution. On aura alors les deux cas suivants. (i) Si la firme A détient les droits de propriété sur l’usage de la rivière, c’est l’entreprise B qui doit payer A pour que celle-ci consente à réduire ses effluents. B aura intérêt à le faire tant que le coût que constitue pour elle ce paiement sera inférieur au dommage qu’elle subit du fait de la pollution. De son côté A aura intérêt à accepter le paiement de B tant que le bénéfice ainsi perçu sera supérieur aux coûts correspondant à la mise en place d’un procédé de dépollution. (ii) Si B détient les droits de propriété sur la rivière, c’est l’entreprise A qui doit payer B pour pouvoir utiliser celle-ci. Pour ce faire, A doit comparer le coût que ce paiement induit et le coût qu’elle devrait supporter pour mettre en place un procédé de dépollution. Dans les deux cas, un accord sera trouvé quand les coûts marginaux de réduction de la pollution supportés par le pollueur seront couverts, dans le premier cas, par le consentement marginal à payer de la victime, et dans le second, par son consentement marginal à recevoir.Dans la solution préconisée par Coase, l’attribution des droits de propriété n’importe que dans la mesure où elle est un préalable au démarrage de la négociation entre les deux parties concernées. On peut en effet remarquer que l’on ne peut échanger que ce que l’on possède, que les achats et les ventes effectués ne portent que sur ces droits de propriété. Cette dernière proposition revient à dire – et c’est le point central de la théorie des droits de propriété – que plus que les biens eux-mêmes, ce sont les droits de propriété portant sur ces biens quis’échangent. Dès lors, si les droits de propriété étaient clairement spécifiés et parfaitement exclusifs, tous les avantages et tous les dommages résultant d’une activité concerneraient celui-là seul qui la met en œuvre. Il n’y aurait plus aucun effet externe. Aux yeux des tenants de la théorie des droits de propriété, le problème de la pollution n’est pas un problème de défaillance du marché mais un problème lié au cadre légal sur lequel il s’appuie. Le seul rôle de l’Etat consiste à spécifier correctement ces droits de propriété. Autre implication de cette théorie des droits de propriété, les facteurs de production (capital, travail) doivent être considérés non comme des ressources physiques mais comme des droits d’usage sur ces ressources. Les effets externes peuvent alors être définis comme des autorisations à se nuire, comme des droits de faire quelque chose qui a des effets nuisibles. La logique de la théorie des droits de propriété conduit alors à ce que les externalités, conçues comme des droits d’usage sur les ressources, fassent l’objet d’un échange marchand. John Dales (1968) imagina la création de marchés où s’effectuent l’achat et la vente de permis ou de droits à polluer. Des marchés qui sont aujourd’hui expérimentés pour prendre en compte les effets externes.
Coase note que l’absence de coûts transaction (condition essentielle à l’existence du théorème) est une hypothèse irréaliste. Coase s’est ainsi attaché à montrer que l’utilisation du système des prix par les agents économiques comporte des coûts de transaction tels que les coûts de recherche dans la comparaison des prix, des coûts de négociations, des coûts de rédaction, conclusion et contrôle des contrats… Afin de les éviter, il peut être plus rentable de traiter certaines opérations en dehors du marché. Ainsi, il faut considérer les organisations (firmes ou institutions) comme un mode de régulation alternatif au marché. Le choix du mode d’organisation sociale adapté au traitement de la pollution doit se faire en comparant les coûts de transaction, coûts d’organisation interne des firmes et des mesures gouvernementales. Quatre situations sont possibles : (i) si les coûts de transaction sont inférieurs aux coûts d’organisation interne des firmes et de l’administration, il faut laisser faire le marché ; (ii) si les coûts d’organisation internes des firmes sont inférieurs aux coûts de transaction, l’internalisation des effets externes se fera alors par une réorganisation des firmes sous la forme d’une absorption ou d’une fusion ; (iii) si les coûts d’organisation de l’administration sont inférieurs aux coûts d’organisation interne des firmes, il faudra que l’Etat intervienne sous forme réglementaire ; (iv) si aucune augmentation du produit social ne peut être attendue par une modification des conditions de production, quel que soit le niveau d’intervention considéré, la solution consiste à ne pas intervenir.
Les travaux de Coase ont été réutilisés dans les années 80 afin de mettre en place un système de permis d’émission négociables. Les permis négociables offrent aux pollueurs une souplesse accrue pour répartir leurs efforts de lutte contre la pollution entre différentes sources, tout en permettant aux pouvoirs publics de maintenir un plafond fixe d’émissions polluantes. L’augmentation des émissions d’une source doit être compensée par la réduction d’une quantité au moins équivalente d‘émissions provenant d’autres sources. Si par exemple, un plafond réglementaire de pollution est fixé pour une zone donnée, une entreprise polluante ne peut s’y installer ou y étendre son activité qu’à condition de ne pas accroître la charge de pollution totale. Il faut donc que l’entreprise achète des droits à polluer ou permis à polluer à d’autres entreprises situées dans la même zone réglementée, celles-ci étant alors tenues de réduire leurs émissions dans des proportions équivalentes (c’est ce que l’on appelle aussi les échanges de droits d’émissions). Cette stratégie a un double objectif : d’une part, mettre en œuvre des solutions peu coûteuses (en encourageant les entreprises, pour lesquelles la réduction des émissions serait très coûteuse, à acheter des droits de polluer à d’autres entreprises pour lesquelles la réduction le serait moins) ; d’autre part, concilier développement économique et protection de l’environnement en permettant à de nouvelles activités de s’implanter dans une zone réglementée sans accroître la quantité totale d’émissions dans cette zone. Afin d’anticiper les échanges de permis d’émissions entre États prévus par le protocole
er
de Kyoto, l’Europe a choisi de mettre en œuvre le 1 janvier 2005 un système européen
d’échange de quotas (ETS) qui couvre environ 45 % des émissions de CO2 en provenance principalement des secteurs de l’énergie et des industries grosses consommatrices d’énergie. Il ne concerne pas, en revanche, l’agriculture, l’habitat et les transports. Ce marché a conduit à faire émerger un prix du CO2 de 20 à 25 euros la tonne sur la période récente (Quinet, 2009).
Qui imagina la création de marchés où s’effectuent l’achat et la vente de permis ou de droits à polluer ?
John Dales
Règle d’Hotelling ?
Les biens qui sont stockables, mais non reproductibles, sont qualifiés de «ressources épuisables » (exemple du charbon, pétrole, gaz, minerais…). L’impossibilité de reproduire ces biens (à part lors d’une découverte de nouveaux gisements) amène deux remarques: d’une part les stocks (plus précisément les réserves) sont considérés comme donnés, d’autre part, il existerait un lien étroit entre le taux d’extraction et les ventes de ressources naturelles. En effet, si le taux d’extraction peut être assimilé aux ventes, comme la substitution de productions est impossible, l’entreprise chargée d’exploiter une mine de charbon ou un puits de pétrole, pourra chercher soit à accélérer l’extraction (c’est-à-dire substituer des ventes présentes à des ventes futures), soit à la ralentir (substituer des ventes futures à des ventes présentes). Une entreprise serait ainsi capable d’influencer le prix des ressources naturelles en faisant varier ses ventes via le taux d’extraction. La relation prix - taux d’extraction d’une ressource naturelle a été introduite par Hotelling Dans un premier temps, Hotelling s’attaquait à la philosophie du mouvement conservationniste américain qui prônait un ralentissement, voire un arrêt de l’extraction des ressources naturelles au moyen d’une augmentation de leurs prix – y compris par le biais de taxes imposées par l’Etat. Ce mouvement remettait en cause le productivisme et le consumérisme de la société américaine, et entendait défendre d’autres valeurs. Il appelait au développement d’une éthique environnementale. Les conservationnistes soulignaient la spécificité des ressources naturelles qui réside, selon eux, dans le fait qu’elles sont essentielles à la société industrielle, épuisables et très difficiles à remplacer de manière satisfaisante. Les habituels critères économiques (prix, procédure de maximisation de la valeur présente) ne seraient pas capables de répondre de manière satisfaisante aux exigences des ressources naturelles. Dans un second temps, Hotelling s’attaquait aux situations de monopoles afin de montrer la supériorité en matière de gestion des ressources naturelles de la concurrence réputée pure et parfaite.Pour répondre à ce double objectif, Hotelling va bâtir une théorie de l’entreprise minière exploitant une ressource non renouvelable, en reprenant les outils et les éléments de la théorie microéconomique du producteur. La ressource apparaît pour le propriétaire de la mine commeun stocks de biens qui diminue au fur et à mesure de son extraction. Gérer de façon optimale ce stock revient à déterminer quel flux de ressource lui apportera le plus de revenu sur l’ensemble de la période d’exploitation de la mine. Le propriétaire de la mine est à la recherche du profit maximal qu’il calcule en comparant ses recettes et ses coûts. Hotelling part du principe que les propriétaires d’une ressource naturelle souhaitent toujours maximiser la valeur actuelle de leurs profits futurs.
- En concurrence parfaite, les propriétaires d’une mine sont indifférents entre recevoir maintenant un prix (po) pour une unité de son produit ou recevoir un prix (pt) après un temps t. Dès lors, on peut s’attendre à ce que le prix pt soit une fonction du temps. Hotelling assimile le prix (pt) au prix net, une fois payé le coût d’extraction et placé le bien sur le marché. Dans ces conditions, si les taux d’intérêt varient parmi les propriétaires de mines, ceci affectera également le taux d’extraction. Lorsque le prix (pt) est fixé, les différentes unités de la ressource auront la même valeur (actualisée) en tout point du temps et le propriétaire de la mine ne cherchera pas à jouer sur le taux d’extraction d’une période à l’autre. La valeur de (po) dépendra de la demande et de la quantité totale disponible de la ressource. Dès lors, le prix net évoluera en fonction des variations du taux d’intérêt, dont les déterminants sont indépendants du produit en question, de l’industrie concernée, et des variations de la production de la mine. De là, la rente de l’entreprise devrait augmenter avec le taux d’intérêt (en d’autres termes, la valeur actuelle du prix net est une fonction croissante du taux d’intérêt). Ainsi la condition d’équilibre, baptisée, règle de Hotelling, stipule que le prix de la ressource naturelle et donc la rente qui lui est attachée, doit croître à un taux égal à celui du taux d’actualisation (taux d’intérêt).
- Dans le cas du monopole, Hotelling avance qu’une entreprise peut influencer le prix en faisant varier son taux d’extraction (c’est-à-dire ses ventes). Cette dernière cherchera à maximiser la valeur présente de ses profits futurs. C’est ici le profit marginal de la ressource naturelle (à mettre en rapport avec la recette marginale) et non le prix qui doit croître en fonction du taux d’intérêt. Le prix diminuera plus ou moins rapidement en fonction de la relation prix-recette marginale.
Au total, la démonstration fût faite qu’à un rythme optimal d’évolution du prix d’une ressource naturelle, est associé un sentier optimal d’épuisement de cette ressource.