Durkheim Flashcards
Le Suicide (1897)
Prouver la pertinence de la nouvelle science qui est la sociologie en montrant qu’un acte privé comme le suicide est aussi un fait social qui se prête aux exigences de la méthode sociologique, c’est à dire l’étude technique, spécialisée, positive et objective.
Revenir sur la question centrale du «lien social» (il n’utilise pas ce terme). Il emploie le terme de cohésion sociale avec la question des liens de solidarité qui unissent les individus entre eux. Crise de la cohésion sociale à la fin du XIXe.
Ouvrage qui porte sur la question morale dans un esprit réformateur.
Plan de l’ouvrage :
Introduction : définition du suicide. Précision de l’objet de sa recherche (taux social des suicides). Il s’appuie sur des statistiques mais il n’étudie pas sur le terrain.
Le suicide est définit comme : « Tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle même et qu’elle savait devoir produire ce résultat. »
Le taux de suicide pour une population donnée est relativement constant à travers le temps. Il peut varier du simple au triple d’une société à une autre. Il va tenter d’établir des corrélations et pourquoi pas des causalités ente les circonstances et les variations du taux de suicide. Il va tenter d’expliquer ce phénomène social qui est le suicide en mettant en relation avec des facteurs sociaux.
Déconstruction : critique des facteurs extra-sociaux considérés comme facteurs de développement du suicide.
4 types d’explications par des facteurs extra-sociaux :
Facteur psychopathiques : folie, monomanie, alcoolisme, neurasthénie.
« On doit admettre que dans des circonstances identiques, le dégénéré se tue plus facilement que le sujet sain; mais il ne se tue pas nécessairement en vertu de son état. La virtualité qui est en lui ne peut entrer en acte que sous l’action d’autres facteurs. »
Les états psychologies normaux : races
Cosmiques : climat, température et saisons.
Le suicide croit avec la longueur des jours mais c’est parce que l’acte social est maximum ces jours là.
Imitation (G. TARDE)
Considération de caractère plus générale sur la signification du suicide, son évaluation morale et remèdes possibles.
Après avoir déconstruit ce qu’écrivent les autres, il se propose de classer les suicides à partir de leurs causes et en recherchant comment le taux de suicide varie en fonction de divers facteurs sociaux. Il détermine 4 types sociaux de suicide à partir de corrélations statistiques observées.
Elles peuvent être aussi des relations de causalité mais pas nécessairement.
Le suicide égoïste:
Le suicide altruiste: il provient d’une trop faible individuation. Il existe certes dans quelques groupes de sociétés particulières comme «l’armée qui encadre l’individu et l’empêche de se mouvoir d’un mouvement propre».
Le suicide anomique:
2 grandes formes:
Aigues: dans une conjoncture donnée, on assiste à une montée de l’anomie qui conduit au suicide anomique. C’est ce qu’il appelle les crises de prospérité économique: période de forte croissance économique et crises marquées par une chute d’activité c’est la dépression économique. Dans les périodes de forte croissance, des spéculateurs estiment que tout est possible: ils passent de l’euphorie à l’abattement.
Chroniques: nous sommes dans le long terme. Il y a une nostalgie du passé. A long terme on assiste à un affaiblissement de réglementation dans l’industrie qui en vient à faire éclater les communautés traditionnelles. L’intérêt devient la valeur centrale des sociétés modernes au détriment de la cohésion sociale.
Dans la sphère familiale il constate un affaiblissement de la morale avec les divorces qui font monter le taux de suicide chez les hommes.
Le suicide fataliste: il résulte d’un accès de réglementation, touche peu les sociétés modernes et concerne les époux trop jeunes.
Il s’attarde surtout sur le suicide égoïste et anomique (parce qu’ils sont très présents dans les sociétés modernes alors que les 2 autres sont plus présents dans les sociétés traditionnelles) en prenant un double processus de socialisation que connaissent les individus:
Intégration sociale: l’individu va s’intégrer dans plusieurs groupes sociaux, en interaction avec d’autres individus par la création de passions et de buts communs
Si elle fonctionne mal, les individus se détachent de la collectivité poursuivent leurs propres intérêts, se repliant sur leurs égos. Cela conduit notamment au suicide égoïste.
Exemple: baisse de la nuptialité, de la fécondité, veuvage et déclin de la religion
Régulation sociale: les comportements des individus seront régulés si on pose des limites sociales à leurs appétits, désirs et aspirations.
Si elle est insuffisante, il se développe chez les individus un sentiment de l’infini, tout est possible et la disparition de règles morales leur donne le sentiment d’un monde sans bornes. Cela peut conduire au suicide anomique.
Remarque: Anomie aussi employée par R. MERTON à propos de la déviance.
Les suicides égoïstes et anomiques révèlent un problème de mésadaptation des individus à la société moderne.
Il observe que les protestants se suicident plus que les catholiques:
Doctrine protestante plus permissive Niveau d’instruction est plus élevé
DURKHEIM avance l’idée d’une différence structurelle entre les deux religions, les croyances traditionnelles et la cohésion sont très fortes chez les catholiques. Chez les protestants, l’encouragement au libre arbitre et l’individualisme favorise l’affaiblissement de la cohésion.
A partir de cette relation, le sociologique parvient à donner une explication générale du suicide:
«Le suicide varie en raison inverse du degré d’intégration des groupes sociauxdont fait partie l’individu.». C’est la désintégration.
Il va s’interroger dans la dernière partie sur la nature d’un phénomène social qu’est le suicide et les tendances collectives. Il s’appui sur une enquête historique: les peuples considèrent le suicide comme immoral.
Comment freiner le développement de ce phénomène?
En France, il atteint des proportions trop importantes, c’est un phénomène pathologique.
Comment combattre le suicide?
L’utilisation de mesures répressives: elles seraient peu efficaces
L’éducation: «ne peut réformer l’état moral de la société parce qu’elle n’en est que le reflet».
Il faut s’attaquer aux phénomènes qui empêchent la cohésion sociale de se mettre en place. C’est-à-dire qu’il faut rendre plus consistant les groupes qui encadrent l’individu. (Religion, famille, l’école, la communauté et le travail)
Les groupes qui encadraient traditionnellement les individus n’offrent plus un cadre social qui leur rendrait la sécurité tout en les soumettant aux exigences de la solidarité. «Le groupe professionnel est le seul en état de remplir cette fonction à condition de constituer un milieu moral». Il se prononce alors pour le développement des corporations.
Holisme
Société et faits sociaux préexistent aux individus
La conscience collective dépasse les consciences individuelles et se situe au dessus d’elle.
Expliquer les faits sociaux par des mutations «du milieu social interne» c’est-à-dire par d’autres faits sociaux. (Un fait social explique un autre) Et non pas de les expliquer à partir «des états de la conscience individuelle».
Il adopte parfois dans les études de certains faits sociaux des positions plus nuancées, BOUDON s’appuie sur la «théorie de la magie» de DURKHEIM qu’il oppose à la «théorie de la religion» qui est construite avec une autre démarche. Son hypothèse (B) est que l’approche de la magie déployée par D relève de la sociologie compréhensive qui relève plus de WEBER et non pas d’une sociologie explicative. Marcel MAUSS a travaillé également sur la religion.
L’appréhension de la religion par D relève de la sociologie explicative comme étant un acte collectif produit pas un groupe social, par une institution, l’Eglise, un culte, un ensemble de symboles d’où la définition qu’il en donne: un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrés. Il en résulte que la morale entretien des liens étroits avec la religion, elle est imprégnée de valeurs relevant du sacré. D’où d’ailleurs, l’affirmation de D, la société est à ses membres, ce que Dieu est à ses fidèles, la religion est une transfiguration de la société. La magie relève d’une sociologie plus compréhensive, pratique individuelle et diffuse, celle du magicien, doté de pouvoirs surnaturels et qui tente à utiliser ces pouvoirs pour obtenir des effets concrets. La magie isole, la religion relie.
Dernier point, lorsque D a donné une conférence en 1914, s’adresse au libre penseur (individu athée qui chercher à se faire l’opinion par soi même) en donnant un conseil au premier, «de se placer en face de la religion dans l’esprit du croyant» et précise, «c’est à cette condition seulement qu’il peut espérer la comprendre».
Démarche
Le tout n’est pas seulement la somme des parties mais celle-ci en s’agrégeant créée une réalité sociale nouvelle avec des logiques macro-sociales. Les comportements individuels sont largement influencés par le système social. Rôle des déterminations structurelles, des effets de système.
Remarque: La société n’est pas au dessus des phénomènes sociaux et des individus mais elle les influence largement.
Ouvrage majeure: «Les règles de la méthode sociologique» (1895).
DURKHEIM veut imposer la sociologie comme discipline à part entière. Il s’agit de montrer que la sociologie possède un objet et une méthode spécifique. C’est dans ce contexte que s’établit le concept de « fait social». Face à Gabriel TARDE, il va tenter de montrer qu’il faut récuser le primat de l’individu dans la construction des faits sociaux. On ne peut pas partir des individus, de leurs motivations et comportements pour comprendre la construction des phénomènes sociaux.
Pour TARDE, le phénomène social résulte de l’action des individus, notamment des meneurs et des interactions qui se nouent entre individus sur la base de l’imitation des meneurs.
DURKHEIM, va tenter d’affirmer la réalité incontournable des faits sociaux par rapport aux individus et aux sociologues. Les faits sociaux sont des choses et il faut les traiter ainsi. Il faut comprendre que les faits sociaux sont des réalités extérieures aux individus que le sociologue doit analyser objectivement en utilisant des indicateurs précis.
Fait social pour DURKHEIM: «manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu et qui sont doués d’un pouvoir de coercition en vertu duquel il s’impose à lui.»
Les faits sociaux constituent l’objet de la sociologie avec 4 dimensions:
Extériorité
La contrainte qu’il exerce sur l’individu
Généralité
Indépendance par rapport à ses manifestations individuelles
Il va préconiser 5 règles méthodologiques pour analyser les faits sociaux:
Ecarter systématiquement les prénotions: le point de départ de l’analyse sociologique consiste dans l’observation des phénomènes sociaux parmi lesquelles les prénotions. Le point de départ doit se situer dans l’observation des phénomènes sociaux et non pas dans la représentation qu’en a le sociologue. Il doit déconstruire les prénotions.
Les phénomènes sociaux doivent être appréhendés comme des choses c’est-à-dire extérieurement à lui.
Il faut s’intéresser à tous les phénomènes sociaux y compris les phénomènes pathologiques qu’il faut distinguer des phénomènes sociaux mais qui aident à comprendre les phénomènes normaux.
Il faut expliquer les faits sociaux et dégager les causes. Si l’on veut expliquer un phénomène social il faut distinguer et étudier séparément la cause efficiente (explicative) qui la produit d’un coté et la fonction qu’il remplit de l’autre. Bien distinguer la cause et les fonctions qu’il remplit.
La cause d’un fait social doit être recherchée parmi d’autres faits sociaux.
Il faut prouver qu’un fait social est bien la cause d’un autre. C’est la méthode des variations concomitantes. Le suicide mis en relation avec différentes variables: sexe, âge, urbain, ruraux, religion, situation familiale. Il tente de montrer que les causes supposées d’un phénomène varient de façon simultanée et de manière proportionnelle avec ses effets (rapport de causalité).
Dans son ouvrage, il donne plusieurs exemples de faits sociaux: Famille: tâches de frères et d’époux avec des droits et des devoirs Nation: devoirs de citoyen Religion: croyance et pratiques Gestes et langages Façon de s’habiller Monnaie et instrument de crédit Pratiques professionnelles
Tous les faits sociaux existent en dehors des consciences individuelles et s’imposent à elles avec une puissance impérative et coercitive. Une contrainte peut s’exercer contre ceux qui ne les respectent pas. Sanctions symboliques, violentes ou indirectes.
Les faits sociaux se transmettent d’une génération à une autre, les individus héritent d’institutions, de valeurs, de normes qui vont moduler leurs conduites.
Le sociologue subit les mêmes exigences que les autres chercheurs, même si les faits sociaux le concerne directement ou indirectement, il doit aborder les faits sociaux sans a priori, prenant en compte se que pensent les acteurs sociaux de leurs propres pratiques et sans sacraliser les acteurs sociaux de leurs pratiques. Egalement, il s’agit d’éviter de sacraliser ses propres opinons en portant des jugements de valeur.