Biomécanique du coude Flashcards
Quelle est l’anatomie fonctionnelle du coude?
Le coude est formé par l’articulation de l’humérus avec les deux os de l’avant-bras, soit le radius et l’ulna (cubitus). Sa fonction consiste à positionner la main tout en servant de levier pour l’avant-bras. Même si on se gure le coude comme une seule articulation, dans les faits, il est plutôt composé de trois articulations qui partagent une capsule et une membrane synoviale commune.
Les articulations huméro-cubitale et huméro-radiale permettent les mouvements de flexion/ extension tandis que les articulations huméro-radiale et radio-cubitale assurent la pronation/supination qui sont des mouvements de rotation de l’avant-bras autour de son axe longitudinal, ce qui entraîne des modifications d’orientation de la main.
Le coude possède un léger valgus physiologique de 10 à 15 degrés. Les principaux repères anatomiques osseux sont :
- l’épitrochlée,
- l’épicondyle et
- l’olécrane.
Plusieurs ligaments viennent stabiliser ces os, dont le ligament annulaire du coude qui stabilise l’articulation radio-ulnaire proximale et qui peut être responsable de subluxation chez l’enfant tiré par le bras.
Des bourses s’intercalent également entre les muscles et tendons, dont la bourse olécranienne qui est placée juste en dessous de la peau qui recouvre l’olécrane qui est le site de prédilection de bursite au niveau du coude.
À noter que les extenseurs des doigts s’insèrent au niveau de l’épicondyle, tandis que les fléchisseurs des doigts le font sur l’épitrochlée.
Quelle est la relation entre l’épaule et le coude?
Deux muscles assurent une certaine synergie entre l’épaule et le coude: les longs chefs du biceps et du triceps. L’humérus, pour sa part, assure le lien physique.
Mis à part les structures anatomiques, la stabilité et la mobilité de l’articulation gléno-humérale influencent indirectement les structures du coude. Une diminution de l’amplitude articulaire de l’épaule, augmente le stress passif, tandis qu’une instabilité musculaire augmente la contraction des muscles du coude, créant un processus de surutilisation.
Quelle est la relation entre le coude et le poignet?
Il existe une synergie entre le poignet, la main et le coude. Puisque la majorité des mobilisateurs du poignet ont comme origine le coude, une blessure du poignet entraîne des répercussions proximales au coude.
À titre d’exemple, une entorse du poignet entraîne une surutilisation musculaire du coude. Pour sa part, une fracture du poignet entraîne une ankylose et une diminution de l’amplitude articulaire au coude en pronation et supination. Des mouvements répétitifs du poignet et des doigts entraînent des blessures musculo-tendineuses par surutilisation qu’on appelle communément épicondylites et épitrochléites.
Également, la force de préhension de la main est fortement influencée par la position du coude et de l’épaule.
L’état du coude dépend en grande partie de la condition des structures avoisinantes, en particulier la région cervicale, l’épaule et le poignet. Plusieurs pathologies peuvent engendrer une dysfonction du coude.
En quoi consiste le diagnostic différentiel des conditions pathologiques courantes du coude?
- Bursite olécranienne
- Douleur irradiée (cervicale, myofasciale, V-deltoïdien)
- Tendinopathie du complexe des extenseurs du poignet
- Tendinopathie latérale ou épicondylite
- Tendinopathie du complexe des fléchisseurs du poignet
- Tendinopathie médiale ou épitrochléite
- Tendinopathie du biceps distal
- Syndrome du tunnel radial
Une anamnèse adaptée à un problème du coude devrait comprendre :
- L’âge
- La dominance du patient
- Les activités professionnelles et loisirs
- Les ATCD
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux
Que cherche-t-on au sujet de l’âge?
Un jeune joueur de baseball est plus sujet à l’instabilité médiale ainsi qu’aux blessures traumatiques (fracture, luxation, etc.).
Chez une personne âgée, ce sont les blessures par surutilisation (tendinopathie, etc.) qui sont les plus fréquemment observées.
Une anamnèse adaptée à un problème du coude devrait comprendre :
- L’âge
- La dominance du patient
- Les activités professionnelles et loisirs
- Les ATCD
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux
Que cherche-t-on au sujet de la dominance du patient?
Une douleur au coude qui se manifeste du côté dominant peut nous orienter vers un processus de surutilisation. Par contre, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives et garder un large éventail de diagnostics précoces.
Concernant le côté non dominant, en absence d’un mécanisme de blessure traumatique, il faudra davantage considérer la possibilité d’une douleur référée. Les douleurs référées au coude sont surtout d’origine cervicale ou myofasciale.
Une anamnèse adaptée à un problème du coude devrait comprendre :
- L’âge
- La dominance du patient
- Les activités professionnelles et loisirs
- Les ATCD
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux
Que cherche-t-on au sujet des activités professionnelles et loisirs?
Un adepte de sport de contact (football, hockey) est plus à risque de subir des entorses, des fractures ou des luxations.
Les amateurs de sports de lancer produisent un mouvement qui génère une tension considérable sur les ligaments stabilisateurs du coude. L’exemple classique est celui du lanceur au baseball. Observez bien son mouvement. Durant la phase d’accélération, un stress en valgus important est imposé au coude. En particulier au niveau du tendon commun des échisseurs et sur le ligament collatéral interne (LCI). Les mouvements répétitifs de valgus extrêmes prédisposent l’athlète à une blessure du ligament collatéral interne. Pas surprenant que plusieurs lanceurs de baseball subissent la chirurgie de «Tommy John» visant à reconstruire le LCI.
Pour sa part, le golfeur produira, lors de ses élans, des stress en varus au niveau du coude lors de l’impact. Ces contraintes répétées pourront être à l’origine d’élongations musculaires et entorse des ligaments du coude.
Un employé de bureau qui effectue des travaux répétés à l’ordinateur en utilisant principalement les extenseurs des doigts présentera une tendinopathie des extenseurs courts du poignet (communément appelée épicondylite ou tennis elbow). Il peut aussi présenter des radiculopathies d’origine cervicale qui irradient en direction du coude.
Une anamnèse adaptée à un problème du coude devrait comprendre :
- L’âge
- La dominance du patient
- Les activités professionnelles et loisirs
- Les ATCD
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux
Que cherche-t-on au sujet des ATCD?
Tout antécédent de blessure (fracture, tendinopathie, etc.) au coude prédispose le patient à une possibilité de rechute ou à de nouvelles blessures.
Une ancienne lésion cervicale peut prédisposer le patient à des douleurs référées ou à un syndrome du tunnel radial.
Une anamnèse adaptée à un problème du coude devrait comprendre :
- L’âge
- La dominance du patient
- Les activités professionnelles et loisirs
- Les ATCD
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux
Que cherche-t-on au sujet des facteurs psychosociaux et environnementaux?
Tout comme pour l’épaule, il est essentiel de ques- tionner le patient sur son environnement de travail et les contraintes qui lui sont associées. L’ergonomie du poste de travail est alors primordiale car elle peut constituer un réel facteur de prédisposition à la chronicité (la mauvaise posture résulte en une irritation continue des structures lésées).
L’anxiété, l’atmosphère de travail et la kinésiphobie (peur du mouvement) influencent également le pronostic de guérison des pathologies du coude.
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant au mode d’apparition de la dlr?
Lors de traumatisme important avec œdème et perte de fonction, il faut penser à la possibilité d’une luxation (surtout chez les jeunes enfants), d’une fracture, ou encore d’une rupture du biceps distal.
Un contexte de surutilisation, soit un phénomène d’apparition insidieuse et progressive, nous guide davantage vers une condition chronique comme l’épitrochléite ou l’épicondylite.
La tendinopathie des fléchisseurs et du rond pronateur (l’épitrochléite) se présente à la suite de mouvements répétés de flexion du poignet avec pronation (ex. : visser une vis).
L’épicondylite se présente plutôt à la suite de mouvements répétés d’extension du poignet, tel un revers au tennis ou taper sur un clavier d’ordinateur.
Les portions distales du biceps et du triceps peuvent aussi être source de douleur ( flexion ou extension à répétition). Le mécanisme de ces blessures est souvent lié à la surutilisation, mais peut aussi être un état de chronicité à la suite d’un ancien traumatisme.
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant à la provocation et palliation des symptômes ?
Une douleur au coude déclenchée après un travail répétitif prolongé peut nous guider vers une blessure de surutilisation. Il faut toujours garder en tête que cette dernière peut être d’origine cervicale irradiée, en particulier si elle est diminuée avec un changement de position (exemple : se lever debout).
La plupart des douleurs vont répondre à un traitement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou à la prise d’analgésiques. Si le patient répond à une physiothérapie de renforcement des muscles extenseurs du coude, nous pouvons statuer sur une blessure d’une structure musculo-tendineuse (tendinopathie). Si, toutefois, la réponse au traitement est obtenue seulement à la suite d’une mobilisation neurale, il faudra conclure à une condition neurale, comme un syndrome du tunnel radial.
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant à la quantité et qualité des symptômes ?
Une douleur sourde, chronique et bien localisée (en médial ou en latéral) à la palpation de l’épicondyle nous oriente vers une tendinopathie.
Une sensation de brûlure aiguë plus distale et moins bien délimitée nous oriente vers un syndrome du tunnel radial (latéral) ou même à une douleur référée d’origine cervicale.
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant à la région et irradiation des symptômes ?
Une douleur latérale située directement au niveau de l’épicondyle, ou à une distance d’un doigt proximale ou distale à celle-ci, nous oriente vers le complexe des extenseurs (souvent le court extenseur radial du carpe). Une synovite radio-humérale est aussi à exclure dans ce cas.
Une douleur latérale un peu plus distale peut nous indiquer une blessure au niveau du nerf radial. Une douleur qui irradie à l’avant-bras peut aussi être d’ori- gine cervicale.
En antérieur, certains symptômes peuvent résulter d’une tendinopathie du rond pronateur ou de l’insertion distale du biceps. Tandis qu’une douleur en postérieur serait éventuellement causée par une tendinopathie de l’insertion du triceps ou d’une bursite olécranienne.
Du côté médian, nous retrouvons les entorses du ligament collatéral interne (ex. : lanceur de balles) et des tendinopathies / élongations musculaires du complexe des fléchisseurs qui incluent le rond pronateur (la douleur peut irradier en antérieur si ce muscle est atteint). Il ne faut pas écarter non plus l’éventualité d’une blessure du nerf cubital, soit par subluxation (craquement avec le mouvement de exion/extension), soit par compression (trauma direct).
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant aux symptômes associés à la douleur ?
- La douleur au coude est-elle accompagnée d’en- gourdissement des trois premiers doigts ou des deux derniers ou de toute la main ?
- Sommes-nous en présence d’une fatigabilité accentuée? Dans ces cas, il faut penser à une lésion d’origine neurologique, comme lors d’une atteinte du nerf radial ou d’une radiculopathie de la racine C6.
Le questionnaire relatif à la dlr devrait investiguer:
- Le mode d’apparition
- P: Provocation et palliation des symptômes
- Q: Quantité et qualité des symptômes
- R: Région et irradiation des symptômes
- S: Symptômes associés à la douleur
- T: Temps et chronologie des symptômes
Que cherche-t-on quant au temps et à la chronologie des symptômes?
Les symptômes persistants depuis plusieurs semaines ou mois et qui sont aggravés par la position de travail doivent faire penser à des pathologies d’évolution lente, comme les tendinopathies.
Les symptômes aigus suggèrent une fracture traumatique, une rupture du tendon distal du biceps (mouvement brusque et rapide de exion du coude) ou une élongation musculaire par traction du poignet.