Auto-APP 4 Flashcards
Qu’est-ce que le cancer?
Le cancer est un désordre génétique causé par des mutations de l’ADN. Ces altérations génétiques sont héréditaires,
transmises aux cellules filles durant la division cellulaire. Les cellules qui ont ces mutations sont soumises au principe de
sélection darwinien (cellules avec des avantages fonctionnels au niveau de la survie et de la prolifération vont surpasser
leurs voisines).
Caractéristiques du cancer?
L’accumulation de mutations a donné naissance à un ensemble de propriétés qui est appelé « caractéristiques du
cancer » :
- Autosuffisance au niveau des signaux de croissance : autonomie et non régulé par des signaux de croissance
- Peu ou pas de réponse aux signaux inhibiteurs de la croissance : hyperplasie
- Évasion de la cellule morte : survivre dans des conditions qui induisent l’apoptose chez des cellules normales
- Potentiel de réplication illimité
- Angiogenèse : maintenir la croissance des cellules cancéreuses
- Habileté à envahir les tissus locaux et à se propager à des sites distants
- Reprogrammation des voies métaboliques : utilisation de la glycolyse même en cas d’abondance en oxygène
- Habileté à envahir le système immunitaire
NÉOPLASIE
Le terme signifie « processus de nouvelle croissance ». Une cellule néoplasique est transformée parce qu’elle continue à
se répliquer même en présence des signaux de régulations qui contrôlent les cellules normales. Les néoplasmes ont un
certain degré d’autonomie et tendent à augmenter en volume. Néanmoins, leur autonomie n’est pas complète
puisqu’elles ont besoin de support endocrinien (parfois) et d’un apport sanguin et nutritionnel par l’hôte pour survivre.
TUMEUR
Un néoplasme, dans le domaine médical, est désigné par le terme « tumeur ».
TUMEUR BÉNIGNE
§ Caractéristiques microscopique et générales sont considérées innocentes
§ Localisée ce qui donne la possibilité d’un retrait chirurgical, avec survie du patient
§ Nomenclature :
* Suffixe –ome ajouté au type cellulaire duquel la tumeur croît
* Devient plus compliqué pour les cellules épithéliales :
o Adénome : dérivé des glandes ;
o Papillomes : lésion de la peau et des muqueuses, caractérisée par l’hypertrophie des papilles
normales (donc sur toutes les surfaces produisant des frondes ressemblant à des doigts);
o Polype : masse qui projette au-dessus d’une muqueuse (ex. : intestin) pour former une
structure visible macroscopiquement;
o Cystadénome : masses kystiques qui apparaissent habituellement dans les ovaires.
TUMEUR MALIGNE
§ Cancer : adhère obstinément à toutes les parties avec lesquelles il est en contact;
§ Lésion pouvant être invasive et détruire les structures adjacentes, se propager ailleurs (métastases) et causer la
mort;
Nomenclature des malignes?
§ Nomenclature
* Sarcome : tumeur maligne qui croît dans le tissu mésenchymateux « solide »
o Ils sont désignés par le type de cellules qui les composent (ex. : un cancer du tissu fibreux est
appelé fibrosarcome).
- Carcinome : tumeur maligne des cellules épithéliales peu importe le tissu d’origine
o Bref, les tumeurs malignes qui croissent dans l’épithélium du tubule rénal (mésoderme), les
cancers de la peau (ectoderme) et les cancers de l’épithélium de la muqueuse intestinale
(endoderme) sont tous appelés carcinomes.
o Le mésoderme peut donner naissance à des carcinomes (épithélium), des sarcomes
(mésenchyme) et des tumeur hémato-lymphoïdes (leucémie et lymphome).
o Adénocarcinomes : croissent dans un « pattern » glandulaire
o Carcinome épidermoïde : carcinome dérivé d’un épithélium pavimenteux - Exceptions
o Lymphocyte/tissu lymphoïde : lymphome
o Cellules souches hématopoïétiques : leucémie
o Mélanocytes (carcinome des) : mélanome
o Foie (carcinome hépatocellulaire) : hépatome est une tumeur du foie développée aux dépens
des cellules du parenchyme hépatique (hépatocytes)
o Testicules : séminome - Choristome : anomalie congénitale consistant en reste hétérotopiques de cellules.
- Harmatome : malformation tissulaire d’aspect tumoral, composée d’un mélange anormal de tissus
désorganisés (éléments constitutifs) normalement présents dans l’organe dans lequel ils se développent. - Tératome : tumeur complexe, mixte où des tissus multiples se disposent en organes différenciés, pour
rappeler leur développement aux dépens de germes embryonnaires (mésoderme, ectoderme,
endoderme). Un tératome prend origine de cellules germinales totipotentes qui ont la capacité de se
différencier en n’importe quel type de cellules retrouvé dans le corps humain. - Adénome pléomorphe (glandes salivaires) : cellules tumorales qui subissent plusieurs différenciations
différentes ce qui crée des tumeurs « mixtes ». Elles ont des composantes épithéliales, dispersées dans
un stroma fibromyxoïde, avec parfois du cartilage ou de l’os.
COMPOSANTES DES TUMEURS MALIGNES ET BÉNIGNES
§ Parenchyme : cellules clonales néoplasiques ou transformées (prolifératives); le parenchyme englobe tous les
tissus assurant les parties fonctionnelles (vitales), c’est-à-dire les fonctions propres de l’organe.
§ Stroma : non-néoplasique, support du parenchyme (essentiel à la survie et à la division des cellulestumorales)
§ Composé de : tissu conjonctif, vaisseaux sanguins, lymphocytes et macrophages
§ Nécessaire à la survie/division cellulaire, car il apporte le sang et offre un support à la croissance des
cellules parenchymateuses.
Origine tissulaire?
DIFFÉRENCIATION
Évolution aboutissant à la cellule mature, à partir de la cellule-souche : ressemble fonctionnellement et
morphologiquement au tissu d’origine. Elle comporte un 1er stade, la détermination, menant à un précurseur spécifique
d’une seule lignée, puis un 2e stade, la maturation, au cours duquel apparaissent les protéines spécifiques de la lignée
considérée
POLYMORPHISME
État particulier d’un corps inorganique, d’une cellule ou d’un être vivant, pouvant revêtir différentes formes sans
cependant changer de nature : variation dans la taille et la forme.
ANAPLASIE
Processus par lequel certaines cellules perdent une partie de leurs caractères propres : perte de la différenciation
structurelle et fonctionnelle des cellules normales. L’anaplasie est une des caractéristiques des tumeurs malignes.
DYSPLASIE
Trouble dans le développement de tissus, d’organes ou de parties anatomiques survenant avant ou après la naissance et
entraînant des malformations ou des déformations : perte de l’uniformité de la cellule et de l’orientation architecturale.
HYPERCHROMASIE
Nom générique donné à toutes les exagérations de la pigmentation normale de la peau (intensité de couleur inhabituelle).
CAPSULE
Terme désignant de façon générale toutes les enveloppes
ADÉNOPATHIE
Inflammation chronique d’un ganglion lymphatique
KYSTE
Cavité anormale située dans un organe ou dans un tissu (ensemble de cellules du même type) et contenant une substance
soit liquide, soit gazeuse, soit solide (plus rarement). La poche ainsi formée ne communique pas avec l’extérieur et est
délimitée très nettement par une paroi qui lui est propre n’ayant aucun rapport vasculaire avec le contenu.
DIFFÉRENCIATION
La différenciation est la ressemblance morphologique et fonctionnelle entre les cellules parenchymateuses néoplasiques
et les cellules parenchymateuses normales. Meilleure est la différenciation de la cellule transformée, le mieux la cellule
retient les capacités fonctionnelles de la cellule normale.
Ø Tumeur bénigne : En général, elles sont bien différenciées morphologiquement et fonctionnellement : grande
ressemblance avec leurs cellules normales homologues. Les mitoses des cellules néoplasiques sont rares et
normales.
Ø Tumeur maligne : Large éventail de différenciation des cellules parenchymateuses allant de bien différenciées à
complètement indifférenciées. Entre ces deux extrêmes, on dit que les tumeurs sont de différenciation modérée.
Le stroma, transportant le sang, est essentiel à la croissance des tumeurs, mais n’aide pas dans la séparation qui
est faite entre malignes et bénignes.
ANAPLASIE
Les tumeurs malignes composées de cellules indifférenciées sont désignées par le nom anaplasique. L’anaplasie est un
processus par lequel certaines cellules perdent une partie de leurs caractères propres : perte de la différenciation
structurelle et fonctionnelle des cellules normales. L’anaplasie est considérée comme une caractéristique de la néoplasie
maligne.
On sait maintenant que certains cancers apparaissent à partir de cellules souches dans les tissus, ainsi l’anaplasie peut
aussi faire référence à une incapacité de différenciation gardant leur apparence immature.
L’anaplasie est souvent associée à d’autres changements morphologiques :
o Pléomorphisme : Variation dans la taille et la forme de la cellule (cellules d’une même tumeur pas uniformes)
o Morphologie nucléaire anormale :
o Taille du noyau largement disproportionnée par rapport au cytoplasme (1 : 1) au lieu de (1 : 4 ou 1 : 6),
o Noyau de forme variable et irrégulière,
o Chromatine agglomérée le long de la membrane nucléaire,
o Hyperchromasie,
o Noyau de coloration foncée,
o Peut présenter de nombreux nucléoles.
o Mitoses : Nombreuses mitoses avec figure atypique (ex. : axes multipolaires)
o Perte de polarité : l’orientation des cellules anaplasiques est hautement perturbée. Les cellules tumorales se
développent de manière anarchique et désorganisée.
o Autres changements :
- Formation de cellules tumorales géantes possédant un gros noyau ou plusieurs petits;
- Nécrose ischémique dans des régions centrales des tumeurs anaplasiques;
- Émergence de fonction non anticipée : plus la tumeur croît rapidement et plus elle est anaplasique, moins
elle a de chance d’avoir une activité fonctionnelle spécialisée.
Dysplasiques et différence avec anaplasique?
N.B. La dysplasie est une prolifération désordonnée, mais non-néoplasique. Elle est souvent rencontrée dans les lésions
épithéliales. Il s’agit d’une perte de l’uniformité des cellules individuelles et de leur orientation architecturale. Les cellules
dysplasiques présentent les caractéristiques suivantes :
- Pléomorphisme
- Hyperchromasie du noyau qui est anormalement large pour la grandeur de la cellule
- Figures mitotiques sont plus abondantes et dans des localisations anormales de l’épithélium
- Anarchie architecturale
Lorsque les modifications dysplasiques sont marquées et touchent toute l’épaisseur de l’épithélium, la lésion est appelée
carcinome in situ, un stade pré-invasif du cancer. Attention ! Le terme dysplasie n’est pas synonyme de cancer. Lorsque
des dysplasies légères n’implique pas toute l’épaisseur de l’épithélium, elles peuvent régresser complètement, surtout si
les facteurs déclencheurs sont retirés.
TAUX DE CROISSANCE
La majorité des tumeurs bénignes croissent lentement, et la majorité des tumeurs malignes ont une croissance beaucoup
plus rapide, se dispersant éventuellement localement et dans des sites distants (métastase) pour causer la mort.
* Il y a plusieurs exceptions à cette généralisation : certaines tumeurs bénignes (léiomyomes [tumeur bénigne des
muscles lisses] dans l’utérus, influencé par les niveaux d’œstrogènes durant la grossesse) ont une croissance plus
rapide que certaines tumeurs malignes.
* D’autres influences (support sanguin adéquat, contraintes de pression) peuvent affecter le taux de croissance
des tumeurs bénignes (ex. : adénomes de la glande pituitaire bloquée dans la selle turcique vont rapetisser
soudainement par un phénomène de nécrose, car lorsqu’elle s’élargit, cela compresse l’acheminent de leur
réserve de sang).
Le taux de croissance des tumeurs malignes est inversement corrélé avec leur niveau de différenciation. Les cellules
néoplasiques non différenciées ont tendance à croitre plus rapidement que les différenciées.
Mais, il y a une grande variation dans le taux de croissance :
o Certains croissent lentement pendant des années et entrent ensuite dans une phase de croissance rapide.
o Certains croissent lentement et régulièrement.
o Certains peuvent devenir nécrotiques, ne croissant plus.
Les tumeurs malignes n’apparaissent pas soudainement, la majorité des cancers prennent des années et quelques fois des
décennies pour évoluer en lésion cliniquement visible. Les tumeurs malignes qui croissent très rapidement contiennent
très souvent une aire centrale de nécrose ischémique, car l’approvisionnement en sang de la tumeur échoue à garder le
rythme des besoins en oxygène de la masse de cellules croissante.
INVASION LOCALE
Il s’agit de la caractéristique la plus fiable pour différencier une tumeur maligne d’une tumeur bénigne, après les
métastases.
Ø Tumeur bénigne :
Elle n’a pas la capacité d’infiltrer, d’envahir ou de produire des métastases dans des sites distants du site d’origine.
Les tumeurs bénignes se développent en masse cohésive expansible. À cause de la croissance et de l’expansion
lentes, la tumeur développe une capsule fibreuse qui sépare les cellules tumorales du tissu de l’hôte. Cette capsule
est probablement dérivée du stroma de l’hôte et de la tumeur, alors que les cellules parenchymateuses de l’hôte
s’atrophient sous la pression de la tumeur en expansion. Cette encapsulation n’empêche pas la croissance, mais
prévient l’invasion. Par contre, l’absence d’une capsule fibreuse ne veut pas dire que c’est une tumeur maligne (les
exceptions existent).
Ø Tumeur maligne :
Elle croît en fonction de l’infiltration, de l’invasion et de la destruction progressive des tissus environnants. Elle ne
développe pas de capsules bien définies. Elles sont faiblement démarquées des tissus normaux environnants. Une
capsule fibreuse peut se former autour des tumeurs à croissance lente, mais elle n’est pas imperméable.
MÉTASTASE
Une métastase est une implantation tumorale secondaire qui est discontinue de la tumeur primaire et localisée dans un
tissu à distance. La propriété de métastase marque sans équivoque une tumeur maligne.
Toute tumeur maligne peut métastaser, mais pas tous les cancers ont les mêmes propriétés de métastases (ex. : carcinome
des cellules basales de la peau qui est très invasif localement, mais qui ne se propage pas beaucoup vs sarcome
ostéogénique qui ont habituellement métastasé aux poumons au moment de la découverte initiale). En général, plus la
tumeur est agressive, a une croissance rapide et le néoplasme d’origine est gros, plus il y a de chance qu’il y ait métastase.
Aucun soin ne pourra offrir autant de bénéfices à un patient que la prévention des métastases.
TROIS VOIES DE PROPAGATION (DISSÉMINATION) DES MÉTASTASES
- Ensemencement des surfaces et des cavités corporelles :
- Propagation lymphatique
- Propagation hématogène
- Ensemencement des surfaces et des cavités corporelles
se produit lorsque le néoplasme malin pénètre dans une
cavité naturelle du corps; généralement au niveau de la cavité péritonéale (ex. : cancer de l’ovaire), mais peut aussi
toucher les cavités pleurale, péricardique et subarachnoïdienne et les espaces articulaires
- Propagation lymphatique :
il s’agit de la voie la plus commune pour les carcinomes, cependant puisqu’il existe
beaucoup d’interconnections entre les systèmes lymphatiques et vasculaires, toutes les formes de cancer peuvent
se propager par les deux voies. Les tumeurs ne contiennent pas de vaisseaux lymphatiques et utilisent donc les
vaisseaux en périphérie. L’implication des nœuds lymphatiques dans la propagation de métastases suit les voies
de drainage naturelles et dépend principalement du site de la tumeur maligne primaire.
Métastase sautée : un nœud local peut parfois être contourné à cause d’anastomoses veineuse-lymphatique ou
parce que l’inflammation ou les radiations auront oblitéré le canal lymphatique.
Nœud sentinelle : 1er nœud lymphatique dans une région de bassin lymphatique à recevoir le flot lymphatique de
la tumeur primaire.
Par ailleurs, même si l’élargissement d’un nœud lymphatique près d’un néoplasme primaire devrait soulever des
doutes sur la propagation de métastases cela n’implique pas toujours une atteinte cancéreuse. En effet, le
grossissement d’un nœud lymphatique peut être causé par des produits nécrotiques du néoplasme et des
antigènes de la tumeur entrainant une réponse immunologique spécifique du nœud lymphatique :
§ Hyperplasie des follicules lymphoïdes (lymphadénite)
§ Prolifération des macrophages dans les sinus subscapulaires
Il faut donc faire une analyse histopathologique de la tumeur à l’intérieur d’un nœud lymphatique agrandi. Ainsi,
le grossissement des nœuds ne veut pas nécessairement dire qu’il y a eu propagation de métastases.
- Propagation hématogène :
il s’agit de la voie la plus commune pour les sarcomes, cependant puisqu’il existe
beaucoup d’interconnections entre les systèmes lymphatiques et vasculaires, toutes les formes de cancer peuvent
se propager par les deux voies. Les veines sont pénétrées plus souvent et facilement, car leur paroi est plus mince
que celle des artères. Lors de l’invasion veineuse, les cellules tumorales suivent le flot veineux drainant le site du
néoplasme et s’arrêtent généralement dans le premier lit capillaire rencontré.
Les organes les plus fréquemment impliqués comme sites secondaires de propagation hématogène :
* Foie : toute zone de drainage portal se rend au foie
* Poumons : tout drainage des veines caves se rend aux poumons
Certains carcinomes ont une propension à se développer dans les veines, par exemple le carcinome à cellules
rénales envahit souvent la veine rénale pour croître et atteindre la veine cave inférieure, parfois même le côté
droit du cœur.
Enfin, plusieurs observations montrent que la localisation anatomique du néoplasme original et le drainage veineux
n’expliquent pas toujours la propagation systémique des métastases :
* Cancer de la prostate atteint préférablement les os
* Carcinome bronchogénique atteint les glandes surrénales et le cerveau
* Neuroblastome atteint le foie et les os
* Très peu dans les muscles squelettiques et la rate malgré le flot sanguin important (riches en capillaires)
Comparaison tumeurs bénignes et malignes?
DÉCRIRE LES PRINCIPALES ÉTAPES DE L’INVASION ET DE LA MÉTASTASE.
Des millions de cellules tumorales sont libérées dans la circulation en provenance
d’une tumeur primaire, mais seulement quelques métastases sont produites.
2 phases divisent la cascade métastatique :
- Invasion de la matrice extracellulaire
- Dissémination vasculaire, homing des cellules tumorales et colonisation
- Invasion de la matrice extracellulaire
L’organisation structurale et fonctionnelle d’un tissu normal est grandement
déterminée par la MEC. Les membranes basales et le tissu conjonctif interstitiel
constituent les 2 types de MEC. Ces 2 types, organisés différemment, sont
constitués de collagène, de glycoprotéines et de protéoglycanes. Les cellules
tumorales interagissent avec la MEC a plusieurs étapes de la cascade
métastatique. L’invasion de la MEC, un processus actif, débute la cascade
métastatique :
a) Détachement des cellules tumorales : changement des interactions cellulaires
b) Dégradation locale de la membrane basale et du tissu conjonctif
interstitiel
c) Changement dans l’attachement des cellules tumorales aux
protéines de la MEC
d) Migration des cellules tumorales (« locomotion »)
a) Détachement des cellules tumorales : changement des interactions cellulaires
Le détachement des cellules est le résultat d’altérations des molécules
d’adhésion intercellulaire : les cadhérines. La fonction normale des Ecadhérines (colle intercellulaire) dépend de la liaison de leur partie
cytoplasmique avec des β-caténines. Les molécules d’E-cadhérines gardent les
cellules près les unes des autres et peuvent transmettre des signaux inhibiteurs
de croissance en séquestrant les β-caténines.
La fonction des E-cadhérine est perdue dans presque tous les cancers
épithéliaux, soit par une mutation qui inactive les gènes d’E-cadhérine, soit par
une activation des gènes de β-caténines, soit par une expression inappropriée
des facteurs de transcription SNAIL et TWIST, qui suppriment l’expression d’Ecadhérine.
b) Dégradation locale de la membrane basale et du tissu conjonctif
interstitiel
Les cellules tumorales sécrètent des enzymes protéolytiques ou
induisent l’élaboration de protéases par les cellules du stroma
(fibroblastes et cellules inflammatoires).
Les protéases impliquées dans l’invasion des cellules tumorales:
- Cathépsine D
- u-PA (urokinase plasminogen activator)
- Métalloprotéinases matricielles (MMPs) : remodelage des
composants insolubles de la MEC et libération de facteurs
de croissance séquestrés par la MEC.
D’ailleurs, les produits de la dégradation du collagène et des
protéoglycanes ont des effets chimiotactique, angiogénique en
plus de promouvoir la croissance.
- Par exemple, MMP-9 est une gélatinase qui clive le
collagène de type IV des membranes basales de
l’épithélium et des parois vasculaires. Il stimule aussi la
relâche de VEGF1 (qui était séquestré dans la MEC).
La surexpression des MPPs et d’autres protéases a été observée
dans le cas de plusieurs tumeurs.
N.B. Un second mode d’invasion existe, soit la migration amiboïde
par déformation à travers les espaces de la matrice (sans
dégradation). Plus rapide, les cellules tumorales utiliseraient les
fibres de collagène comme des trains pour leur voyage
c) Changement dans l’attachement des cellules tumorales aux
protéines de la MEC
Les cellules épithéliales normales ont des récepteurs
(intégrines), pour les laminines et le collagène de type IV de la
membrane basale. Ces récepteurs aident à maintenir les cellules
dans un état différencié et de repos. La perte d’adhésion dans les cellules normales mène à l’apoptose. Les cellules
tumorales sont résistantes à cette forme de mort cellulaire. De plus, la matrice est elle-même modifiée de sorte à
promouvoir l’invasion et la métastase :
o Par exemple, un clivage des protéines de la membrane basale, du collagène de type IV et de la laminine par
les MMP-2 et MMP-9 génère des nouveaux sites qui peuvent se lier aux récepteurs sur les cellules tumorales
et stimuler la migration.
d) Migration des cellules tumorales (« locomotion »)
Dernière étape de l’invasion de la MEC, propulsant les cellules tumorales à travers la membrane basale dégradée
et les zones de protéolyse de la MEC. Les cellules s’attachent à la matrice par leur extrémité en tête, se détachent
de la matrice à l’extrémité postérieure et contractent leur cytosquelette d’actine pour se propulser vers l’avant :
* Chimiotactisme par des facteurs de croissance (ex. : IGF-I et IGF-II) et des produits du clivage de la matrice
(ex. : laminine et collagène de type IV);
* Facteurs de motilité autocrine (cytokines dérivées des cellules tumorales) potentialisent et dirigent le
mouvement de migration;
* Production d’effecteurs paracrines de la motilité cellulaire (ex. : hepatocyte growth factor/scatter factor
(HGF/SCF)) par les cellules du stroma se liant à des récepteurs à la surface des cellules tumorales.
Le stroma et la MEC ne sont pas des barrières efficaces contre les cellules tumorales, mais plutôt des environnements
variés dans lesquels des signaux réciproques entre les cellules tumorales et les cellules stromales peuvent promouvoir ou
prévenir la tumorigénèse et/ou la progression tumorale.
- Dissémination vasculaire, homing des cellules tumorales et colonisation
Une fois dans la circulation, les cellules tumorales sont particulièrement vulnérables aux défenses immunitaires innées et
acquises. Dans la circulation sanguine, quelques cellules tumorales forment un embole en s’agglutinant et en adhérant
aux leucocytes circulants, particulièrement les plaquettes :
- Améliore la survie et l’implantation de la cellule tumorale : protection contre les cellules effectrices hôtes
antitumorales
- Cellules tumorales peuvent aussi se lier et activer des facteurs de coagulation pour former un embole
Par ailleurs, la plupart des cellules tumorales circulent librement en tant que cellules individuelles.
- Arrêt et extravasation des cellules tumorales individuelles ou de l’embole dans les sites distants implique
l’adhésion à l’endothélium et la sortie de la membrane basale vers le parenchyme de l’organe cible;
- Une fois que les cellules tumorales ont atteint leur cible de métastase, elles doivent être capables de coloniser le
site (par des facteurs qui régulent la colonisation). Les cellules tumorales sont dépendantes d’un stroma réceptif
pour la croissance et certaines fois le tissu cible est défavorable à la croissance des cellules tumorales (ex. : muscles
squelettiques).
Le site d’extravasation et la distribution des métastases dans l’organe dépend de la localisation de la tumeur primaire ainsi
que de son drainage lymphatique et/ou vasculaire :
- Plusieurs tumeurs créent des métastases dans l’organe qui présente le premier lit capillaire disponible après avoir
traversé dans la circulation;
- Or, il existe tout de même plusieurs exceptions :
* Les cellules tumorales ont des molécules d’adhésions dont les ligands sont exprimés préférentiellement sur
l’endothélium d’organes cibles;
* Récepteurs à chimiokines exprimés principalement dans certains tissus;
Un exemple typique du 2e point se déroule dans les métastases des cellules tumorales du cancer du sein :
- Les cellules tumorales du cancer du sein expriment les récepteurs à chimiokines CXCR4 et CCR7;
- Les ligands de ces récepteurs (ex. : chimiokines CXCL12 et CL21) sont fortement exprimés dans les tissus
où le cancer du sein produit des métastases.
Ce qu’il faut retenir au final c’est que les cellules tumorales sécrètent des cytokines, des facteurs de croissance et des
protéases qui agissent sur les cellules stromales de l’organe cible rendant en retour le site métastatique favorable à
l’implantation des cellules cancéreuses.
Bénin :
très différencié, taux de croissance généralement faible, peu invasif, aucun potentiel métastatique
Malin :
peu à moyennement différencié, taux de croissance de lent à rapide, invasif, fort potentiel métastatique
Un jeune homme de 16 ans présente une masse douloureuse de l’extrémité proximale du tibia droit. Une radiographie de la région atteinte montre une destruction de l’os cortical métaphysaire et une masse dans les tissus mous. Une biopsie met en évidence des cellules anaplasiques et une production de matrice osseuse. Il y a dans cette masse plusieurs mitoses atypiques. Quel terme utiliseriez-vous pour désigner cette lésion?
Ostéosarcome (Syn. : Sarcome ostéogénique). Est-ce votre réponse? En face d’une tumeur (entendre ici toute tuméfaction ou gonflement), on doit d’abord s’assurer qu’il s’agit d’un néoplasme c’est-à-dire d’une tumeur composée de cellules capables de proliférer. En d’autres mots, un hématome ou un abcès ne sont pas des néoplasmes bien qu’ils forment tous deux des masses. On doit ensuite déterminer si les cellules qui prolifèrent sont de nature épithéliale ou mésenchymateuse. Une tumeur épithéliale forme des glandes, des cordons ou des tapis de cellules. Une tumeur mésenchymateuse ne forme pas de telles structures. Dans le cas présent, on a affaire à un néoplasme d’origine mésenchymateuse puisqu’il y a production d’os et qu’il n’y a ni glandes ni cordons. Enfin, on doit répondre à la question suivante : cette tumeur est-elle bénigne ou maligne? Puisque cette lésion est infiltrante et qu’elle se compose de cellules anaplasiques, on peut affirmer ici son caractère malin. Simple n’est-ce pas?
Après plusieurs mois d’abondants saignements menstruels, une femme de 44 ans subit une hystérectomie (excision chirurgicale de l’utérus). L’examen de l’utérus montre un organe irrégulièrement augmenté de volume. Il y a dans la paroi de l’utérus plusieurs nodules bien délimités, fermes, grisâtres. L’examen histo-pathologique indique que cette tumeur est faite de faisceaux entrelacés de fibres musculaires lisses bien différenciées et en tout point semblables à celles normalement retrouvées dans le myomètre. Quel terme allez-vous utiliser pour désigner cette tumeur?
Léiomyome utérin. Très fréquent chez la femme, ce néoplasme est d’origine musculaire lisse. L’énoncé souligne que les cellules sont semblables à des cellules musculaires lisses normales; il n’y a pas de perte de différenciation. De plus, la lésion refoule plutôt que d’infiltrer. Bref, il s’agit d’une tumeur musculaire lisse bénigne encore appelée léiomyome utérin. Dans la langue populaire on emploie le mot “Fibrome”. Attention! on ne doit pas être dérouté par le caractère irrégulier de l’utérus; l’utérus est certes bosselé mais les nodules demeurent réguliers.
Un enfant de 6 mois présente au visage une plaque rougeâtre aux contours irréguliers. Cette lésion n’est pas encapsulée. Elle se compose essentiellement de vaisseaux sanguins bien différenciés ayant la taille de capillaires et dont les lumières vasculaires contiennent des hématies. Comment nommez-vous cette lésion?
Hémangiome capillaire. Quoique plus fréquents chez l’adulte, les néoplasmes surviennent également chez l’enfant. Il s’agit ici d’une lésion d’origine vasculaire c’est-à-dire d’origine mésenchymateuse. Elle ne possède aucune caractéristique d’une lésion maligne. Le caractère mal délimité de la lésion ne constitue pas un critère fiable pour affirmer la malignité d’une tumeur. Il ne faut pas trop se fier non plus à l’encapsulation pour faire la différence entre les lésions bénignes et malignes. Le meilleur critère, c’est la présence ou l’absence de métastases. D’ailleurs, les tumeurs malignes peuvent parfois être très bien circonscrites. Enfin, puisqu’il y a des hématies dans les lumières vasculaires, on peut affirmer qu’il s’agit d’un hémangiome et non d’un lymphagiome. Bref, si l’on exclut la métastase, il n’y a pas de critère pathognomique pour la malignité.
Il s’agit d’un chauffeur de taxi de 62 ans. Depuis l’adolescence, il fume 2 paquets de cigarettes par jour. Il se présente pour une toux persistante et une perte de poids de 10 kilos durant les six derniers mois. La radiographie pulmonaire objective un nodule mal délimité du lobe inférieur du poumon droit. Cette lésion se compose de cordons de cellules épithéliales incomplètement différenciées envahissant la bronche lobaire inférieure droite. Les cellules qui prolifèrent ont un cytoplasme acidophile, forment des tourbillons de kératine et sont munies de filaments d’union (desmosomes) semblables à ceux que l’on retrouve dans l’épiderme. Votre diagnostique est :
Carcinome épidermoïde des bronches. (Syn : épithélioma malpighien). Le contexte clinique nous oriente ici vers une lésion néoplasique maligne en raison du facteur de risque (tabagisme) et de la perte pondérale. On nous indique qu’il s’agit d’une lésion épithéliale. De plus, on souligne que les cellules infiltrent la bronche. Il s’agit donc d’une lésion épithéliale maligne encore appelée “carcinome” ou “épithélioma”. On nous fournit en outre des indications suffisantes à l’effet que la différenciation est celle normalement retrouvée dans la peau d’où l’appellation de carcinome épidermoïde. Comparez. La figure intitulée « Precursor lesions of squamous cell carcinomas that may antedate the appearance of invasive tumor by years » dans la section « Lung Tumors » du chapitre « Lung » vous montrent l’aspect histologique de cette tumeur.