Semaine 9 L’entretien en contexte familial Flashcards

1
Q

Être en mesure de distinguer la demande explicite de la demande implicite

A

Deux niveaux à la demande :
Explicite : la demande qui est explicitement formulée.
Implicite : le véritable besoin de la famille.

 Le niveau explicite, c’est-à-dire la demande explicitement formulée dans la fiche de référence (par exemple, obtenir de l’aide pour gérer l’agressivité de notre fils). Elle fait souvent référence aux difficultés du patient désigné. Il est toutefois possible que la demande explicitement nommée en cache une autre, celle dite implicite.
 Le niveau implicite est le véritable besoin de la famille, la véritable raison de la référence. Par exemple, le besoin de soutien au niveau des pratiques parentales afin d’éviter une séparation parce que les parents s’y prennent différemment afin de gérer l’agressivité de leur fils, ce qui engendre des conflits importants entre eux. Une autre demande implicite pourrait être d’obtenir de l’aide pour éviter l’expulsion de leur fils de l’école. Souvent, nous avons accès à la demande implicite en cours de suivi uniquement, seulement lorsque le lien de confiance s’est établi. Pour nous aider, on peut demander aux parents ou au référent : « pourquoi la demande s’effectue à ce moment précis et non avant? Qu’est-ce qui vous a amené à prendre le téléphone maintenant pour demander de l’aide? » Il est important de ne pas percevoir la demande implicite comme un manque de transparence de la part des parents. La demande implicite est quelque chose de normal.

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Q

Reconnaître les avantages et les désavantages des rencontres à domicile versus au bureau

A
Rencontre au domicile  
•	 Riche en observation
•	 Réduit les risques d’abandon 
•	 Positif pour l’intégration et la généralisation des apprentissages  
•	Enjeux liés à la sécurité 
•	Peut être confrontant et difficile pour
 la famille 
•	 Enjeux de confidentialité
 Rencontre au bureau 
Milieu neutre 
•	 Confidentialité 
•	 Salle adaptée aux rencontres (nombre de places)
•	 Limite l’observation du milieu de vie
•	 Diminue le naturel (inhibition) 

En effet, les rencontres au domicile sont riches en observation puisque c’est un contexte propice aux interactions plus naturelles et plus authentiques entre les membres. De plus, nous pouvons observer concrètement l’organisation du milieu de vie. Les rencontres à domicile sembleraient également diminuer les risques d’abandon de suivi à cause d’un manque de ressources (par exemple, l’accès au transport ou à une gardienne). Un autre avantage réside dans les plus grandes opportunités de généralisation des apprentissages et de modeling. Toutefois, les rencontres à domiciles peuvent comporter de plus grands risques au niveau de la sécurité de l’intervenant. Il est donc important de prendre des dispositions afin de toujours s’assurer de notre sécurité. De plus, il peut être difficile pour certaines familles de nous laisser entrer chez eux, dans leur intimité.

Il est aussi important de se rappeler que les enfants ont des oreilles « bioniques », dans le sens où même s’ils sont dans une autre pièce, il est fort possible qu’ils entendent tout de même ce dont nous discutons avec les parents. Il faut donc rester vigilant à ce niveau.

Pour ce qui est des rencontres au bureau, elles peuvent être intéressantes, surtout dans un contexte où les parents sont séparés. Ainsi, nous leur offrons ainsi un milieu neutre. Le bureau permet aussi une plus grande confidentialité puisque seules les personnes présentes seront au fait des propos échangés faisant ici référence à l’exemple qui vient d’être donné en lien avec les enfants qui sont dans une autre pièce, mais qui peuvent tout de même entendre. Il est important de s’assurer que le local est adapté au nombre de personnes présentes et d’avoir des jouets adaptés à l’âge des enfants (si ces derniers sont présents à la rencontre). En ce qui a trait aux désavantages, nous n’avons pas accès aux sources d’informations que le milieu de vie offre. Parfois, le contexte plus formel va inhiber les personnes présentes, c’est-à-dire qu’elles seront moins spontanées et moins naturelles

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3
Q

Reconnaître les meilleures pratiques quant à la préparation des parents à l’intervention

A

 Méthodes de préparation à l’intervention :
• Clarifier les attentes en lien avec le résultat et les modalités de l’intervention
-> Attentes du parent envers les services, mais aussi les attentes du service envers les parents.
• Aborder les réactions de chacun des membres par rapport à l’intervention.
• Identifier les difficultés personnelles des parents qui peuvent affecter leur implication.
-> Tenter de trouver des solutions pour aborder ses difficultés tout en respectant le mandat

Dès le début de l’intervention, il est important de mettre en place des pratiques qui favoriseront l’adhésion de la famille au suivi offert. Donc, quelles sont les méthodes de préparation à l’intervention reconnue comme étant efficace?

 Il y a tout d’abord, la clarification des attentes en lien avec le résultat et les modalités de l’intervention. En effet, les attentes des parents envers le milieu et celles du milieu envers les parents doivent être adressées dès la première rencontre. Le parent doit avoir l’opportunité de poser ses questions. L’intervenant peut alors rassurer les parents, ce qui pourra permettre de favoriser leur confiance envers l’intervention. De plus, l’efficacité de ce type de pratique est expliquée par le postulat que les pensées et les attentes des parents envers l’intervention ont des impacts sur leur engagement au traitement. Selon plusieurs auteurs cités dans Staudt, un parent qui a des attentes réalistes et positives quant à l’efficacité du traitement a plus de chance de s’investir dans l’intervention. Au contraire, si un parent s’attend à un service spécifique et qu’il ne le retrouve pas à travers le programme/l’intervention qui lui est offert, cela peut affecter sa motivation et son engagement. Le même phénomène peut se produire si le parent a des attentes trop grandes envers l’efficacité de l’intervention et que les résultats obtenus ne rejoignent pas ses espérances puisqu’au final ses attentes initiales n’étaient pas réalistes.

 Il est également intéressant d’aborder la réaction de chacun des membres par rapport à l’intervention puisque cela favorise la création du lien avec les différents membres de la famille. C’est donc une méthode à mettre de l’avant pour préparer les parents à l’intervention.

 Il faut porter une attention particulière aux difficultés personnelles des parents qui peuvent affecter leur implication (par exemple, des problèmes de toxicomanie, des problèmes de santé mentale, les coûts relatifs aux transports, etc.). Il est alors important de tenter de trouver des solutions avec le parent bien entendu. Dans les situations où les difficultés personnelles du parent sont trop grandes et que cela affecte significativement sa disponibilité dans le suivi, il est important d’explorer éventuellement la possibilité que le parent puisse entamer un suivi personnel en parallèle au suivi familial. Pour ce faire, une référence devra être adressée au bon service.

Bref, il est important de comprendre que la préparation des parents à l’intervention est une manière de diminuer l’écart entre le PAD et le PEX. En effet, ces types d’interventions visent à réfléchir aux manières d’améliorer le niveau de convenance entre l’intervention et la famille

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4
Q

Être en mesure de reconnaitre la définition de l’alliance thérapeutique et ses enjeux en contexte d’intervention auprès des familles

A

Dans un contexte familial, l’alliance thérapeutique implique la création d’une relation de collaboration basée sur :
 Un fort lien émotionnel
 Une entente commune sur les objectifs de l’intervention ET les tâches à mettre de l’avant pour les atteindre.
 Et cela entre l’intervenant et les différents membres de la famille

« La qualité de l’alliance thérapeutique est reconnue comme étant le facteur le plus fortement associé au changement. » (Pauzé, Touchette et Desautels, 2017)

ENJEUX :
Établir une alliance avec plusieurs membres à la fois
• Éviter les pièges du parti pris
• Considérer l’expérience subjective de tous les membres

Confidentialité :
• S’il y a des rencontres avec des sous-groupes de la famille ou des rencontres individuelles, il peut y avoir des tentatives des membres d’obtenir des informations partagées par les autres.
• Piste de solutions : Importance d’expliquer le cadre dès le départ et de convenir avec chaque membre ce qu’il accepte de partager ou non avec les autres.

Hypersensibilité de la famille face à toute forme de jugement
• Estime d’eux-mêmes bien souvent fragilisée
• Importance de l’empathie envers tous les membres

Tout d’abord, peu importe le contexte d’intervention, l’établissement d’un climat de confiance et l’établissement de l’alliance thérapeutique demeureront des incontournables. Dans un contexte familial, l’alliance thérapeutique implique aussi la création d’une relation de collaboration basée sur un fort lien émotionnel, une entente commune sur les objectifs d’intervention et les tâches à mettre de l’avant pour atteindre ces objectifs. Cette collaboration doit s’établir entre l’intervenant et les différents membres de la famille, ce qui peut augmenter considérablement le défi.

En effet, selon Friedlander et ses collaborateurs (2011), plusieurs alliances doivent s’établir simultanément et ces dernières vont s’interinfluencer en fonction des différents sous-systèmes de la famille. Par exemple, si les parents font confiance au psychoéducateur ou à la psychoéducatrice, il est possible que cela diminue la méfiance des enfants à l’égard de ce dernier et que cela facilite ainsi la création du lien avec eux. Il est possible également lors d’un suivi avec des parents et leur adolescent que ce dernier soit réfractaire au suivi de par les difficultés communicationnelles importantes vécues entre le sous-système parental et celui de l’enfant puisqu’ils n’ont pas la même vision des difficultés. De plus, l’adolescent peut se sentir incompris et croire que les adultes, dont l’intervenant, vont s’allier contre lui. Il est donc crucial de bien expliquer notre rôle et de permettre à ce dernier de s’exprimer et surtout d’accorder du crédit à sa voix.

En effet, plusieurs études ont souligné que l’attitude de l’intervenant et le rôle qu’il accorde aux différents membres de la famille sont des facteurs déterminants dans la relation d’aide et cela indépendamment des outils d’évaluation et des modèles d’intervention privilégiés. Il est donc important de miser sur la création d’un climat de confiance, et ce, dès les premiers contacts.

Enjeux liés à l’établissement de l’alliance :
Comme nous l’avons soulevé brièvement avec l’exemple de l’adolescent et de ses parents, il existe des enjeux liés à l’établissement de l’alliance et cela est d’autant plus vrai lorsqu’elle doit s’établir avec plusieurs personnes à la fois et qui présentent bien souvent des visions et des besoins différents. Donc, comment favoriser l’alliance thérapeutique dans un tel conmtexte?

 Tout d’abord, en évitant de prendre parti pris. Nous devons tenter d’être le plus neutres possible et tenter de saisir le point de vue de chacun. Pour ce faire, il faut être sensible à nos propres résonnances. Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard dans la section des défis de l’intervention.

 Il faut considérer l’expérience subjective de tous les membres également. Pour ce faire, l’intervenant doit reconnaître l’intensité et la nature des émotions qui sont exprimées plus ou moins clairement et être sensible à la dynamique familiale.

 Certains enjeux concernant la confidentialité peuvent également être vécus et nuire à l’établissement de l’alliance. Effectivement, s’il y a des rencontres avec des sous-groupes de la famille (par exemple : une rencontre avec uniquement les parents) ou encore des rencontres individuelles (par exemple : avec l’enfant ou l’adolescent), il est possible que les autres membres de la famille questionnent pour connaître le contenu des informations discutées. En plus de ne pas respecter la confidentialité, cela est dangereux d’entraîner un bris d’alliance. Pour éviter cette situation, il est important d’expliquer le cadre dès le début et de convenir avec chaque membre ce qu’il accepte de partager ou non avec les autres.

 Finalement, certaines familles peuvent être hypersensibles à certaines formes de jugement, ayant bien souvent été critiqué à maintes reprises sur leur contexte familial ou leur réalité personnelle par le passé. Ce sont souvent des parents qui présentent une faible estime d’eux-mêmes et qui ont un faible sentiment de compétence parentale ou encore des enfants ou des adolescents qui sentent qu’ils ne font jamais rien de correct. Lavigueur et ses collaborateurs font l’analogie entre un parent en grande vulnérabilité émotive avec les grands brûlés dont la peau est devenue tellement sensible qu’elle perçoit le moindre courant d’air. Ces parents qui présentent une grande vulnérabilité seront donc très sensibles au moindre jugement de notre part, que ce soit au niveau verbal ou non verbal. Il est alors primordial de démontrer de l’empathie et de ne pas se placer en expert si on veut favoriser l’établissement de l’alliance.

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5
Q

Être en mesure de départager les différentes stratégies d’intervention selon les différentes composantes

A

stratégies d’intervention auprès de la famille selon différentes composantes

(A) La composante cognitive
réfère aux stratégies qui favorise la compréhension de la situation, trouver un sens aux difficultés (Lavigueur, Coutu et Dubeau, 2001).
Types d’interventions associés :
 Normaliser le vécu, les comportements
 Donner des informations justes
• Sur le développement normal de l’enfant
• Sur les enjeux, réalités, défis d’une problématique X (ex : TDAH, TAC, TSA, etc.)
Buts :
 Permet d’ajuster les attentes des parents afin qu’elles soient réalistes
 Permet de diminuer les perceptions erronées quant au comportement
 Permet de diminuer le sentiment de culpabilité chez le parent et le rassure sur ses compétences

(B) Les composantes affectives et comportementales
réfèrent aux stratégies qui permettent de maintenir une relation de qualité avec l’enfant et d’assurer son encadrement éducatif. (Lavigueur, Coutu et Dubeau, 2001)

Types d’interventions associés :
 Miser sur les objectifs relationnels
 Miser sur les moments de plaisir partagés en mettant l’accent sur les échanges positifs
 Encourager le parent à prendre soin de soi de lui
 Soutenir le parent dans l’exercice de son rôle parental :
• « La question pour l’intervenant est : Comment aider les parents à augmenter l’efficacité de leur approche éducative et à améliorer leurs stratégies de résolution de problème ? »
 Doit offrir des solutions à partir de ce que le parent est prêt à mettre en place.

(C) Les composantes systémiques et communautaires (Lavigueur, Coutu et Dubeau, 2001)
réfèrent aux stratégies qui permettent d’utiliser les ressources et le soutien du conjoint ou de la conjointe, de la famille proche et élargie, du réseau social et de toute la communauté.

 Ne pas se contenter d’informer le parent des ressources, mais au besoin encadrer et accompagner d’assez près la démarche de la famille.
• Identifier des défis concrets et faire le suivi des résultats.

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6
Q

Être en mesure de reconnaître les différents défis de l’intervenant débutant en contexte familial

A
  1. Hyper interventionnisme
    Sur empressement à vouloir aider ce qui peut amener l’intervenant à poser plusieurs questions, à donner des conseils trop rapidement
    Impacts négatifs possibles :
    ¬ Peut pousser la famille au silence
    ¬ L’empêcher de développer ses propres stratégies de résolution de problèmes
    ¬ L’inhibe et diminue ainsi leurs différentes prises d’initiative
    ¬ Préférable de laisser de l’espace aux membres de la famille, car :
    ¬ 1) Permet des observations concrètes pour illustrer les modes de communication utilisés dans la famille.
    ¬ 2) Permet de mieux comprendre le système.
    ¬ 3) Aide à respecter le rythme de la famille.

2. Identification à un membre de la famille

À l’enfant : Risque d’éprouver de la colère envers le parent et être moins sensible au vécu de ce dernier.
• L’intervenant peut alors intervenir trop vite ou le disqualifier dans ses interventions
Aux parents : L’intervenant risque d’éprouver de la colère ou de rejeter l’enfant.
• Risque de voir le patient désigné (ici l’enfant) comme étant le problème.
À un des parents : Le parent qui se sent exclu risque de faire échouer les interventions
3. Ignorer les interventions précédentes
• Les consultations passées de la famille ou d’un des membres avec d’autres intervenants sont aussi à considérer.
• Importance de valider ce qui a été fait, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas été concluant
4. La famille qui refuse d’entrer en conflit ouvert
• Tendance à amoindrir le malaise, car peur de créer un débordement émotif et d’être incapable de composer avec la charge émotive
5. Manque de direction : la difficulté d’établir et de maintenir un cadre
 Certaines familles peuvent chercher à nous « tester » (lutte pour le contrôle, mettre en échec)
• Danger : entrer dans la justification
 En situation de conflit, l’intervenant doit garder le contrôle des rencontres.
6. La pré-structuration de l’entretien : cadre (trop) rigide
 Si l’entretien est structuré trop rigidement, l’entretien risque d’être inhibé émotionnellement.
1. Hyper interventionnisme
Cela réfère au surempressement à vouloir aider, ce qui peut amener l’intervenant à poser plusieurs questions et à donner des conseils trop rapidement. C’est l’intervenant qui s’investit trop et qui au final, veut plus que la famille elle-même. Cela découle souvent d’un besoin de se sentir utile, un besoin de se prouver à soi-même et aux autres également. Il est donc important de se rappeler que le changement dépend principalement de la contribution de la famille, de ce qu’elle désire et ce qu’elle est prête à faire.

Le danger ici avec l’hyper interventionnisme est de ne pas respecter le rythme de la famille et de vouloir aller trop rapidement. Cela peut avoir comme effet d’amener la famille au silence. En effet, plus quelqu’un parle et plus les autres ont tendance à se taire. Pour les nouveaux intervenants, il peut parfois être difficile de composer avec les silences et ces derniers vont chercher à combler ces moments pour diminuer leur propre malaise alors que les silences sont souvent très utiles en intervention. On remarque également que cela peut avoir comme effet d’inhiber les différents membres de la famille dans leur prise d’initiative durant la rencontre puisqu’ils savent de toute manière que l’intervenant le fera, ce qui leur empêche d’ailleurs de développer leur propre stratégie de résolution de problème. Le danger est donc d’entretenir un état de dépendance. Il est donc préférable de laisser de l’espace aux membres de la famille et de faire confiance à leur potentiel de changement, car cela permet des observations concrètes pour illustrer les modes de communication utiliser dans la famille parce qu’on leur laisse plus d’espace pour échanger. Ensuite, cela nous permet de mieux comprendre le système. Finalement, cela nous aide à respecter, bien entendu, le rythme de la famille.

  1. Un autre défi est la suridentification à un membre de la famille
    Selon le membre auquel on s’identifie, il peut y avoir des risques différents. Tout d’abord, si l’intervenant s’identifie à l’enfant, il y a un risque d’éprouver de la colère ou différentes émotions négatives envers le parent et ainsi être moins sensible à son vécu et surtout à sa propre souffrance.
     Pourquoi s’identifie-t-on à l’enfant? Il peut y avoir plusieurs raisons. Peut-être parce que l’on reconnaît notre propre vécu en tant qu’enfant ou encore parce que l’on a des jugements de valeur envers le parent, ce qui peut nous amener à vivre de la sympathie envers l’enfant. Par exemple, dans un contexte de négligence. Cela peut amener, d’ailleurs le professionnel à vouloir intervenir trop rapidement, car il ne fait pas confiance au parent et à ses capacités ou encore l’amener à le disqualifier dans ses interventions.

 Si l’intervenant s’identifie plutôt aux parents, cela risque de l’amener à ressentir de la colère envers l’enfant et ultimement, a peu le considérer dans l’intervention. Cette suridentification peut amener l’intervenant à percevoir l’enfant comme étant le problème de la famille autre dit comme étant le symptôme.

 Si l’intervenant s’identifie à seulement un des parents, le risque est que l’autre parent se sente exclu et cela peut l’amener à remettre en question soit nos interventions ou tout simplement de se retirer de l’intervention.

 Finalement, il est possible de vivre une suridentification à la famille en entier. Nous allons alors avoir tendance à adopter un niveau d’affects semblable à celui de la famille. Par exemple, entrer dans l’urgence d’agir.

Pour diminuer les risques de la suridentification, il est important de distinguer ce qui appartient à notre propre vécu et d’avoir une pratique réflexive. De plus, la supervision est bien souvent aidante à ce niveau.

  1. Ignorer les interventions précédentes
    Un autre défi est de ne pas considérer les interventions précédentes. En fait, il est important de savoir ce qui a été réalisé et travaillé dans les suivis précédents puisque cela nous permet de cibler ce qui a bien fonctionné pour continuer à miser sur ces éléments gagnants, mais aussi de savoir ce qui n’a pas bien fonctionné. D’ailleurs, il faut se souvenir que certaines familles vont avoir tendance à nous comparer à leurs autres intervenants. En disant par exemple « Joanie faisait telle chose, Joanie elle, elle disait que… ». En étant un jeune intervenant, cela peut venir ébranler notre confiance en soi. Il est important de ne pas le prendre personnel et de tenter de voir plus loin. Par exemple : « J’ai l’impression que Joanie vous manque et qu’elle vous a grandement aidé. Comment moi je peux maintenant vous aider à partir du travail que vous avez débuté avec elle? » Vous pouvez également tenter de vous mettre à la place de la famille et réaliser que ce n’est pas facile de recommencer avec une nouvelle personne. C’est peut-être ce que les membres de la famille tentent de dire lorsqu’ils vous comparent. Vous pouvez donc normaliser leur senti et les rassurer quant au fait qu’ils n’auront pas à recommencer à zéro. De plus, il est important de ne pas se sous-estimer en tant qu’intervenant en ce comparant soi-même avec l’ancien intervenant. Pour aider à cela, rappelez-vous qu’un œil nouveau est toujours bénéfique puisqu’il amène de nouvelles perspectives.
  2. Un autre défi est la famille qui refuse d’entrer en conflit ouvert et qui maintient que tout va bien. En étant nouvellement intervenant, il est alors possible que je contribue à maintenir cette façade de peur de devoir composer avec un débordement émotif ou un conflit avec lequel je ne me sens pas assez solide pour composer avec. Pourtant, c’est justement notre rôle d’ouvrir sur un malaise perçu et offrir un espace sécurisant pour y faire face. Nos habiletés communicationnelles et relationnelles ainsi que notre distance professionnelle sont des atouts dans un tel contexte.
  3. Le défi suivant est le manque de direction dans la rencontre, voire dans le suivi. Cela fait référence à la difficulté d’établir et de maintenir un cadre, ce qui amène certaines familles à chercher à nous tester, à nous déstabiliser, voire à nous mettre en échec dès le départ. Lorsqu’on est un intervenant qui débute, bien souvent notre confiance est à consolider et on va alors tomber dans la justification puisque nous-mêmes on peut douter de nos compétences. Toutefois, les parents ont besoin de savoir que nous sommes en mesure de guider l’intervention et que nous sommes en contrôle. De plus, pour certains intervenants ou intervenantes, il peut être difficile de mettre des limites puisqu’on désire se faire apprécier de la famille. Il est alors dangereux de perdre de vue les objectifs de la rencontre et d’avoir des rencontres qui s’éternisent. Il est toutefois important d’établir un cadre puisque cela est sécurisant et que cela permet de nous y référer lorsque nécessaire. De plus, avec certains profils de famille et avec certains profils de parents, l’établissement de limites claires est encore plus important. Par exemple, avec des parents qui présentent un trouble de la personnalité limite, l’utilisation du vouvoiement, le respect du temps alloué à la rencontre devient d’autant plus important à respecter. Sinon, il y a des risques que le parent aille tendance à empiéter de plus en plus.
  4. Mettre un cadre trop rigide
    Finalement le dernier défi à être abordé est l’opposé du manque de direction parce qu’ici l’intervenant cherche à mettre un cadre trop rigide. En effet, la recherche de contrôle est un moyen pour plusieurs lorsque nous sommes stressés ou qu’on manque de confiance. On en vient donc à trop structurer le déroulement de la rencontre et on laisse ainsi peu ou pas d’espace à l’émergence des émotions. En fait, trop absorbé à suivre le plan de notre rencontre que nous avons en tête, nous manquons de disponibilité pour accueillir ce qui se présenterait naturellement à nous. En conclusion, il faut être en mesure d’offrir un cadre, mais qui est souple.

Les défis que nous venons de voir sont normaux. Il faut, en tant qu’intervenant qu’on soit nouveau ou expérimenté, être en mesure de bien se connaître, de développer notre pratique réflexive et surtout de faire preuve d’indulgence envers soi-même.

Pour conclure, il est important de garder en tête que l’approche auprès des familles se doit d’être multimodale considérant la complexité du système familial. L’objectif est de disposer d’un éventail de moyen d’action suffisamment varié pour être en mesure d’ajuster son intervention selon les besoins, les ressources et le potentiel adaptatif de la famille et de ses membres qui la composent. Toutefois, il faut se donner le droit de ne pas tout savoir

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