P2 : Recomposition (1815-1865). Chap 2 : La primauté britannique. Flashcards
Empire britannique, état général de 1815 à 1914.
L’empire Britannique au long du XIXe siècle n’a de cesse que de s’étendre dans le monde. Alors qu’il possède au début le Canada, le Cap, l’Inde grâce à l’East India Company (entreprise privée dotée d’une Charte de la Couronne), l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre a pour objectif de faire un couloir entre le Cap et le Caire. A la fin du XIXe, l’empire possède le Pakistan, le Bangladesh, le Népal, le Bhoutan, la Birmanie, Hong-Kong, la Malaisie, le Soudan, le Kenya et le Ghana. L’expansionnisme n’est pas planifié mais c’est un opportunisme découlant des conquêtes privées que l’empire prend sous sa tutelle.
L’Angleterre et la transition vers l’est.
L’Angleterre est la première à orienter son centre gravité vers l’est (océan indien et mer de Chine).
Les causes : la guerre d’indépendance américaine, la multiplication des révoltes d’esclaves, la montée de l’abolitionnisme et le détachement des milieux coloniaux.
Tout ce mouvement est lié à la doctrine Monroe du 2 décembre 1923 où il décrète que la colonisation de l’Amérique est une atteinte au bonheur et à la paix des américains.
En Inde, la guerre de Sept ans et la bataille de Plassey du 23 juin 1757 marque la fondation du Raj Britannique. L’empire est en avance dans la course.
John Darwin
The Empire project : The rise and fall of the British World-System, 1830-1970 (2009). Il montre l’absence de projet à créer ce “système-monde”. Cela résulte d’une expansion plus ou moins cohérente et à moindre cout. la Couronne ne veut pas payer trop cher ses colonies.
Schématisation de l’Empire.
Le noyau de l’empire est Londres et la métropole qui représente le centre du capital, politique, de commandement, diplomatique, financier (la city) et les banques économiques avec les docks. C’est le cœur de la Révolution industrielle sur le coton et la métallurgie.
Le premier cercle se trouve être l’Irlande qui en quelque sorte la première des colonies de la Couronne et qui a nourri un ressentiment lors de la famine de 1845-1851). La Couronne ne fait que les exploiter en échange d’aucune protection contre le mildiou qui fait 1 million de morts et 1 million de migrants.
Le deuxième cercle est composé des colonies blanches de peuplement dans lesquelles les Anglais migrent pour s’installer. On parle aussi de Dominions : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud.
Le troisième cercle est composé des crowns colonies majoritairement peuplés d’indigènes. L’Inde est le joyau de la couronne.
Le quatrième cercle est représenté par les protectorats où les affaires locales sont laissées aux indigènes et la Couronne ne s’occupe que des Affaires étrangères et de la Défense. C’est par exemple l’Afrique centrale en 1891.
Enfin le cinquième cercle reflète les colonies informel où il n’y a aucune administration coloniale mais une exploitation économique comme en Chine ou en Argentine.
Les fondements de la puissance politique britannique.
Après la bataille de Waterloo, les Anglais ont une certaine hégémonie. Ils n’ont jamais été conquis et disposent de la meilleure Navy.
En 1815, le congrès de Vienne a pour commandement le Balance of power qui est le fait qu’aucun Etat ne doit sortir hégémonique. Les Anglais ne cherchent pas l’expansionnisme mais l’acquisition de comptoirs pour appuyer sa Navy. Le Congrès reconstruit une Europe stabilisée.
Les fondements de la puissance économique britannique.
L’empire britannique dispose d’une supériorité industrielle dans les innovations techniques et d’une productivité supérieure dans l’énergie, les machines. Les salaires sont en élévation par ailleurs.
De plus le transport ferroviaire explose en 1830 permettant le plein développement des autres industries et une exportation de la technologie à l’étranger. Des ouvriers vont sur le continent pour transférer le savoir-faire. La monnaie britannique est hégémonique et la Grande-Bretagne exporte avant tout en Europe, puis aux USA et enfin aux colonies.
Tableau de la laideur industrielle : Claude Monnet, La Gare Saint-Lazare (1877).
Fondement de la puissance culturel britannique
L’Angleterre va se faire l’évangile de l’abolition de l’esclavage dès 1833 avec l’Abolition society et le rôle de William Wilberforce. C’est la période d’apprenticeship.
C’est également la fondation du British West Africa Scadron à Sierra Leone en activité jusqu’en 1860 : c’est un outil militarp-diplomatique qui aborde les navires transportant des esclaves. Cela entraine le Grand Trek des Boers qui remonte du Cap pour créer la République de Natalia. Les Voortrekkers autorisent l’esclavagisme de nouveau.
“Expansion sans effort” (1815-1850)
L’expansion sans effort est une expression issue de l’œuvre de l’historien Trevor Owen Lloyd dans The British Empire 1558-1995 (1997). Il pose la question suivante : Comment l’Angleterre sans ambition ni projet a pu conquérir des territoires?
La poursuite de l’expansion dans le Pacifique.
La création de la colonie de l’Australie est née de l’ambition d’une colonie pénitentiaire. Trois groupes sociaux y sont présents : les bagnards, les anciens bagnards et les colons.
De l’Australie nait la conquête de la Nouvelle-Zélande. Les populations locales résistent et obligent la métropole à intervenir pour annexer l’île avec le traité du 6 février 1840 de Waitangi. Entre 1843-1848, les maoris sont expropriés afin de bénéficier d’une production de coton élevée.
Le cas d’école indien.
Jusqu’à la révolte des Cipayes, les conquêtes sont menés par l’EIC qui rencontre dans sa progression des résistances faibles.. Il y a l’espoir notamment des gouverneurs que l’Inde puisse parvenir à un gouvernement responsable. William Bentinck diffuse l’anglais (au détriment des dialectes) et interdit des pratiques coutumières comme le sati (immoler les veuves). L’Occidentalisation passe beaucoup par l’éducation et la presse.
Lord Dalhousie lui développe les chemins de fer, le service postal, la télégraphie qui permet une transmission rapide entre le Royaume-Uni et l’Australie. L’inde est en quelque sorte un laboratoire de la modernisation.
L’impérialisme informel en Chine, Amérique latine.
La domination industrielle anglaise permet la domination d’empires informels. En Chine, l’empire était fermé au commerce extérieur. Comme la balance commerciale du Royaume-Uni était négative, il décide d’exporter contre son gré l’opium indien ce qui provoque la première guerre de l’opium (1839-1842) et aboutit avec le traité de Nankin de 1842 à l’ouverture des ports chinois ainsi que la rétrocession de Hong-Kong. L’Angleterre veut ensuite aller plus loin par la diplomatie du gunboat (realpolitik) qui provoque la deuxième guerre de l’opium (1856-1860) qui se clôture par l’ouverture du Yangtze River avec le traité de Tianjin en 1858.
Le palais d’été de Pékin est pillé par les Français et Anglais en 1860 et V. Hugo dénoncera ces actions en les désignant comme “deux bandits”. C’est le symbole de l’humiliation chinoise et l’historiographie communiste parlera de siècle des oubliés.
Les traités inégaux qui octroient à l’Angleterre les ports, l’abaissement de 5% des droits de douanes et la possibilité d’entrer au commerce intérieur de la Chine.
La grande mutinerie de 1857-1858 : l’ordre impérial ébranlé.
La Grande mutinerie est l’aboutissement de décennies de tensions contenues liées à la modernité à marche fermée.
Lord Bentham : “Ce sont des indiens par le sang et la couleur, mais des anglais par la langue, la culture et l’éducation”. La hiérarchie coloniale ne les rend pas heureux. Il fantasme la période précoloniale.
Il y a une pause dans les conquêtes et l’aspiration à l’ascension hiérarchique est plus complexe (beaucoup de soldats indiens). L’armée autochtone composée des Cipayes est particulièrement mécontente puisque une rumeur tourne comme quoi les cartouches contiennent de la graisse animal (contraire à la religion).
Le 10 mai 1857, la garnison de Meerut dans le nord de l’Inde désobéit et se mutine. Le Royaume-Uni perd jusqu’à 1/6e du territoire. Le Royaume-Uni retire la charte à l’EIC et un secrétaire d’Etat à l’Inde est créé que l’on appelle vice-roi avec la création d’un conseil exécutif et législatif : Government of India Act du 2 aout 1858. C’est l’abandon de la doctrine du Lapse qui faisait naitre beaucoup de mécontentement (réquisition des Etats princiers sans successeur) en 1860.
C’est la fin de l’optimisme libéral qui est la perspective d’occidentalisation de l’Inde. Le fossé est trop grand entre les peuples.
C’est aussi le début de l’indirect rule : association des Indiens aux affaires courantes.
L’empire hiérarchise les races avec en haut de la pyramide les “races guerrières” qui ont aidé les Britanniques pendant la mutinerie : Gurkhes, Pendjabis, Sikhs.