Les formes en -ING Flashcards

1
Q

La question large porte sur une notion ou une forme linguistique dont le candidat est invité à analyser la délimitation, la valeur et
les réalisations en discours en s’appuyant sur les occurrences présentes dans l’ensemble de l’extrait proposé.

A

Délimitation du phénomène, description de l’opérateur et catégorisation générale des formes en -ing
Par « formes en -ing », on entendra ici les formes qui comportent l’opérateur -ING. Sur le plan de l’analyse linguistique, des mots
morphologiquement simples (c’est-à-dire ni dérivés ni conjugués) tels que ring (l. 44) et anything (ll. 48, 63), dérivé de thing,
n’offrent qu’un intérêt limité, étant seulement des mots terminés par la graphie <ing>. Morning (l. 5) et evening (l. 14 et l. 35) sont
étymologiquement des noms dérivés dans lesquels on retrouve le morphème -ing ou ses précurseurs, mais ils seront exclus
également car les verbes desquels ils dérivent originellement sont devenus opaques. Seul le morphème -ing adjoint à des verbes
transparents offre un véritable intérêt pour qui souhaite analyser les opérations et processus linguistiques qui lui sont liés16. C’est
donc à lui que cette analyse sera consacrée.
Le morphème -ing (parfois représenté en majuscules : -ING) est une forme non autonome, un morphème lié17, qui se manifeste
sous la forme d’une terminaison. Il s’adjoint, en position finale, à une base (un verbe) pour marquer certaines informations d’ordre grammatical ou afin de former certains types de mots. En grammaire traditionnelle, on considère que -ing peut être 1) une
désinence (ou flexion18), ou 2) un suffixe de dérivation. Une désinence sert à marquer le genre, le nombre ou le cas des noms ou
encore le temps, le nombre et la personne des verbes. Les suffixes de dérivation permettent de former, à partir de certains mots,
des unités nouvelles appartenant à une catégorie grammaticale différente.
En tant que désinence, -ing s’adjoint à un verbe pour former le gérondif et le participe présent. En tant que suffixe de dérivation, il
s’adjoint à un verbe pour former un mot appartenant à une autre catégorie lexicale (en l’occurrence un nom ou un adjectif)19. La
portée de -ing diffère selon les cas : il porte sur le mot pour les noms et adjectifs déverbaux, sur l’ensemble du prédicat pour le
gérondif et le participe.</ing>

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2
Q

Problématisation et plan

A

On note que : 1) les formes en -ing peuvent être de nature nominale, adjectivale ou verbale ; 2) le « point de départ » de la
formation de ces mots est toujours le verbe, que l’on ait affaire à des gérondifs, des participes (domaine verbal), des noms ou des
adjectifs. La frontière entre les catégories est parfois floue. Selon le degré de lexicalisation des occurrences ou les spécificités de
leur fonctionnement, il est parfois difficile de déterminer à quel type de forme il s’agit.
Après avoir répertorié les occurrences présentes dans ce passage, nous proposons de les regrouper dans les trois grands
domaines identifiés plus haut : le domaine nominal, le domaine adjectival et le domaine verbal20. Nous fondant sur l’observation
systématique des formes ainsi classées, nous examinerons les spécificités syntaxiques et sémantiques de leur fonctionnement en
contexte et les processus linguistiques qui leurs sont liés. Nous tenterons d’identifier une valeur invariante de -ing, que celle-ci soit sémantique ou identifiable à un degré d’abstraction plus élevé.

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3
Q

I. Le domaine nominal

A
  1. Le substantif lexicalisé (/le nom déverbal)
  2. Le nom verbal
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4
Q

Le substantif lexicalisé (/le nom déverbal)

A

un nom déverbal ou nom déverbatif est un substantif (nom commun) dérivé d’un verbe en retirant le suffixe verbal de l’infinitif (en le suffixe ajoutant -ING)

Le procédé à la base de la formation de ces mots est la dérivation par suffixation. En tant que suffixe nominal déverbal, -ing permet
de créer des noms déverbaux (C’est vrai aussi d’autres suffixes dérivationnels comme -ation (assassinate =>assassination) ou -er (bake => baker), même si les opérations mises en œuvre dans la formation de ces substantifs sont loin d’être aussi complexes que celles dont -ing est la trace.)

Les substantifs lexicalisés sont officiellement répertoriés en tant qu’unités lexicales (c’est-à-dire
qu’on les trouve dans les dictionnaires).

On trouve dans le passage les deux occurrences suivantes :
(1) the visitors began to filter through with their offerings (l. 11)
(2) the half-masked smile of understanding (l. 30)
En (1), offerings a un fonctionnement dénombrable (discret). On pourrait le qualifier par un adjectif (their kind offerings), et il porte la marque du pluriel, ce qui témoigne d’un très haut degré de nominalité.

Il pourrait d’ailleurs être remplacé par gifts. Ce nom
témoigne de la réification d’une activité ;

en termes plus simples, il ne désigne plus l’activité d’offrir ou de comprendre, mais se
réfère à des objets, au produit de l’activité.

En (2), le substantif understanding fonctionne de manière indénombrable. Il est ici complément de préposition dans un syntagme prépositionnel lui-même complément du nom smile. Déterminé par l’article Ø, il pourrait être modifié par un adjectif (the halfmasked smile of Ø implicit understanding). Il renvoie à une activité, même si celle-ci est mentale. Si l’activité exprimée par le verbe
sous-jacent peut être indirectement rattachée à Christine Greenaway par le biais de

her smile,

l’article Ø montre que l’on a ici un renvoi à la notion : aucune occurrence précise de understanding n’est ancrée dans la situation, et la référence est purement
qualitative. L’action de comprendre, à laquelle renvoie le verbe sous-jacent understand est à nouveau réifiée par la substantivation.
Dans le cas de offerings, ce processus était poussé très loin puisque de l’activité on avait glissé vers les objets de celle-ci. Avec understanding, c’est l’activité désignée par le verbe originel qui fait elle-même l’objet de cette réification.

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5
Q

2) Le nom verbal

A

Dans le cas des substantifs lexicalisés, -ing est la trace d’un travail déjà réalisé en amont de l’énonciation. L’énonciateur se
contente d’employer des noms déjà présents dans une réserve de lexique existant. Par contraste, le nom verbal est la marque d’un travail « actif » de l’énonciateur au moment même de l’énonciation. Les noms verbaux sont donc, en principe, non lexicalisés. Une
occurrence de notre corpus nous amène cependant à relativiser le caractère catégorique de cette distinction :

(3) the evening’s ordering (l. 35)

Ordering pourrait être qualifié par un adjectif (the evening’s particular ordering). Comme les substantifs précédemment examinés, cette forme dérive d’un verbe (order) et renvoie à une activité. Elle est ici déterminée par un génitif. On pourrait paraphraser ce
segment par the ordering of the evening

À l’instar de understanding et offering, ordering est répertorié en tant que substantif dans certains dictionnaires
. Toutefois, le
degré de réification et d’autonomie du procès exprimé par le verbe sous-jacent apparaît ici moindre que dans understanding, qui
désigne une notion, et offerings, qui renvoie à des objets. On est plus proche d’un événement, c’est-à-dire un procès ancré dans
une situation donnée (ici, une action). C’est pourquoi on suggère de l’analyser comme un nom verbal
, ou nominalisation
d’action. Ceci illustre la porosité observée à la frontière des catégories.

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6
Q

the ordering of the evening vs the evening’s orderings

A

La construction du syntagme nominal dont elle est le noyau est assez similaire, en surface, à celle de their offerings, où le déterminant est
possessif (cas génitif). Ici, en revanche, on peut parler de procès repéré par rapport à son complément. L’orientation de ce procès est en effet
passive et non pas active (there was a hiatus in the way the evening was ordered). Bien que la validation d’une RP soit présupposée, le sujet du
prédicat sous-jacent n’apparaît pas dans l’énoncé car il ne correspond à aucune réalité extralinguistique (??[Someone] ordered the evening). Avec
des termes différents, la même syntaxe de surface pourrait pourtant permettre d’obtenir un sens actif (Morse’s ordering of the evening was
appreciated by the guests), mais il n’existe ici aucune ambiguïté en raison du sens de l’énoncé initial (celui-ci ne peut pas signifier The evening
ordered something).

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7
Q

nom verbal vs gérondif

A
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8
Q

Dans le domaine nominal, -ING permet d’opérer :

A
  1. la réification des verbes auxquels il est adjoint, et par là-même leur nominalisation. Ce processus peut être plus ou moins avancé.

A l’extrémité de ce que l’on pourrait désigner comme un
continuum de nominalisation, on trouve des occurrences autonomes de substantifs qui désignent des notions ou des objets.

Un peu en retrait sur ce gradient, on trouve des formes apparentées au nom verbal. On aurait envie de poursuivre avec within a
second of his going (l. 56), qui se situe vraisemblablement plus loin encore en direction du pôle verbal. Mais cette occurrence sera analysée ultérieurement, dans la section consacrée au gérondif.

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9
Q

Le domaine adjectival

A

En tant que suffixe de dérivation adjectivale, -ing permet de former des adjectifs déverbaux et des adjectifs verbaux. C’est le cas
dans les segments suivants :

(4) a wilting collection of white chrysanthemums (l. 14)
(5) a sombre-looking woman of late-middle age (l. 15)
(6) Mrs G. dragged her long-suffering feet away from Ward 7C (l. 27)
(7) this hiatus in the evening’s ordering was getting… infuriating (l. 35)
(8) a malfunctioning stop-cock (l. 43)

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10
Q

l’adjectif lexicalisé

A

infuriating

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11
Q

adjectif en position épithète ou en position attribut

A

adjectif en position épithète (this infuriating hiatus) ou en position attribut (this hiatus was infurating)

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12
Q

Adjectifs épithètes dérivés des verbes

A

reconstruire une relation prédicative associant une propriété au no, sur lequel ils portent

Les segments (4) et (8) peuvent être analysés ensemble. Les adjectifs épithètes wilting et malfunctioning sont respectivement
dérivés des verbes wilt et malfunction. On pourrait reconstruire une relation prédicative sous-jacente en associant une propriété au
nom sur lequel ils portent au moyen d’une proposition relative : (4) flowers that wilt ; (8) a stop-cock that malfunctions. Dans les
deux cas, les propriétés exprimées sont d’emblée considérées comme acquises du fait de la position épithète des adjectifs. Une
différence existe cependant entre ces occurrences et (7) : wilting et malfunctioning ne sont pas des formes lexicalisées, et les
notions auxquelles elles renvoient sont moins stabilisées que si elles faisaient partie de l’inventaire lexical. S’il semble plus ou
moins possible de remplacer ces formes par des adjectifs (a scabby collection of chrysanthemums ; a nonfunctional stop-cock) on
ne pourrait pas les intensifier par very (*a very wilting collection of chrysanthemums ; a very malfunctioning stop-cock)
27 ou les placer en position d’attribut (
these chrysanthemums look wilting ; *that stop-cock was getting malfunctioning). Sur le plan sémantique, ces formes évoquent davantage des opérations effectuées en discours sur des éléments verbaux pour se référer à
des procès ancrés dans une situation donnée. Sur un axe dont les pôles extrêmes seraient le verbe et l’adjectif, ces adjectifs
participiaux se situent plus près du verbe que infuriating dans (7). Dans le cas présent, on se trouve quelque part entre l’adjectif
prototypique et le participe présent. Il s’agit d’adjectifs verbaux, ou participes présents employés comme adjectifs.

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13
Q

l’adjectif composé

A

sombre-looking

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14
Q

Est-ce que

a sombre-looking woman of late-middle age

se trouve en position épithète ou est-ce que ce terme est un attribut du sujet?

A

l’adjectif composé

sombre-looking

apparaît en position épithète.

-ING y est adjoint à un verbe copulatif juxtaposé à droite d’un adjectif attribut.

La propriété qu’il exprime pourrait en effet être rendue au moyen de la proposition a woman that looks
sombre, dans lequel look serait copule et sombre attribut. La forme est non lexicalisée (merci les tests syntaxiques).

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15
Q

adjectif participial

A

adjectif verbal, participe présent employé comme adjectif

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16
Q

Mrs G. dragged her long-suffering feet away from Ward

A

Il en va de même pour la forme composée qui apparaît en position d’épithète en (6). Le sujet (her feet) du verbe sous-jacent suffer
a un rôle thématique d’expérient. La forme suffering est juxtaposée à droite de long, de nature adverbiale, et l’adjectif composé
attribue une propriété qui pourrait être exprimée par la proposition that had been suffering for a long time. La subtilité de l’emploi de
long-suffering réside dans son ambiguïté : la forme se réfère-t-elle à la douleur éprouvée par les pieds de la visiteuse (d’où la visite
chez le podologue mentionnée l. 26), ou désigne-t-elle, par hypallage, l’endurance de cette dernière au cours d’une visite précédée d’un long trajet comportant deux changements de ligne d’autobus (l. 22) ? Dans le premier cas, elle exprime un procès et marque
une opération effectuée en discours, ce qui l’assimile à une forme non lexicalisée. Dans le second, il s’agit d’un adjectif lexicalisé,
dont le sens est proche de celui de l’adjectif patient28. Ce qui permet ces effets est le jeu sur le degré de lexicalisation de l’adjectif
et sa position sur l’axe qui relie le domaine adjectival au domaine verbal.

17
Q

Conclusion partielle sur le domaine adjectival

A

Comme le substantif verbal ou déverbal, l’adjectif verbal ou déverbal en -ing réifie un procès. Alors que le substantif renvoie à une
notion indépendante, l’adjectif exprime une propriété attribuée à un référent. Si, dans le domaine nominal, il est relativement aisé de concevoir que c’est l’opération de substantivation qui produit cette réification, qu’en est-il de l’expression des propriétés dans le
domaine adjectival ? On suggèrera que adjectivisation est une opération apparentée à la substantivation, car à l’instar de la transition du domaine verbal vers le domaine nominal, le passage de la catégorie verbale à la catégorie adjectivale donne lieu à des formes autonomes, qui ne possèdent pas de sujet et sont dépourvues de toute marque de temps ou de personne. En
grammaire générative, ce passage de la catégorie verbale à la catégorie adjectivale implique d’ailleurs l’adjonction d’un trait
nominal au trait verbal initial. L’adjectif est en effet caractérisé non seulement par un trait verbal {+V}, mais encore par un trait
nominal {+N}. (Le verbe possède les traits {+V, -N} et le nom les traits {+N, -V}. L’adjectif possède les traits {+V, +N}.)

[Note : Ces derniers éléments n’étaient pas exigibles. Il importait avant tout de montrer que pour les adjectifs comme pour les
noms, -ing éloigne du pôle verbal (il n’y a plus de marque de temps ni de personne) et rapproche du pôle nominal.]

18
Q

Conclusion partielle

A
19
Q

le domaine verbal

A

1) Le gérondif
2) Be + -ing
3) Les propositions participiales

Les formes en -ing qui relèvent du domaine verbal sont d’une part les gérondifs et d’autre part les participes présents, au nombre
desquels la grammaire traditionnelle classe les formes rencontrées dans les énoncés en be + -ing.

La question large invite à se
pencher sur le statut des formes en -ing, mais nous verrons cependant que dans le domaine verbal, ’opérateur -ing détermine
l’ensemble de la relation prédicative.

Dans cette section, nous nous pencherons en premier lieu sur les formes en -ing observées dans les propositions gérondives avant d’examiner celles que l’on rencontre dans les énoncés en be + -ing et de finir en nous penchant sur celles que l’on observe dans divers types de propositions participiales.

20
Q

Le gérondif

A

Le gérondif est traditionnellement défini comme une forme verbo-nominale. On observe deux occurrences de gérondifs dans notre
corpus :

(9) this hiatus in the evening’s ordering was getting just about as infuriating as waiting for breakfast in some ‘Fawlty Towers’ hotel
(ll. 35-36)

(10) within a second of his going (l. 56)

21
Q

(9) this hiatus in the evening’s ordering was getting just about as infuriating as waiting for breakfast in some ‘Fawlty Towers’ hotel
(ll. 35-36)

(10) within a second of his going (l. 56)

A

En (10), going est spécifié par un déterminant possessif. Il dérive du verbe go et, comme les formes examinées précédemment,
renvoie à une activité. Going existe en tant que substantif lexicalisé.

Cependant, his going est ici plus vraisemblablement une
proposition gérondive (à forme non-finie) qui remplit la fonction éminemment nominale de complément de la préposition of : il s’agit
d’une reprise de He was gone (l. 56). On pourrait remplacer going par leaving (within a second of his leaving), qui ne peut cette fois
être un substantif lexicalisé. La présence du déterminant de nom his indique que going possède un statut nominal. D’autres
éléments montrent cependant qu’il convient aussi de lui reconnaître un statut en partie verbal.

On pourrait en effet le remplacer par une forme au parfait (within a second of his having gone) ou lui ajouter un complément de verbe, par exemple un circonstant
constituant du syntagme verbal sous-jacent (within a second of his going to the bathroom) 31.

Il est en outre possible de le modifier par un adverbe, surtout si going reçoit un complément (within a second of his rapidly going [to the bathroom]).

Enfin, on ne peut exclure la possibilité de le faire précéder par un pronom personnel au cas accusatif au lieu d’un possessif (cas génitif) : within a second of him going (on se situerait alors plus près du pôle verbal qu’avec his going).

22
Q

analyse de

his going (dans “within a second of his going”)

comme un gérondif:

A

His going

a été ici analysé comme un gérondif, c’est-à-dire comme une nominalisation factive (on désigne alors le fait que le personnage s’en soit allé). En l’absence de complémentation, on pourrait cependant aussi envisager qu’il s’agisse d’une
nominalisation d’action (nom verbal), par laquelle going désignerait l’action de partir (on se situerait alors davantage dans le domaine nominal). Ceci peut être démontré par la possible adjonction d’un adjectif au lieu d’un adverbe avant la forme en -ing (within a second of his rapid going)

Bien que la présence de He was gone dans le contexte avant (l. 56) fasse indiscutablement pencher la balance en faveur du gérondif, cette possible ambiguïté met à nouveau en lumière la porosité des frontières catégorielles et signale l’existence d’un continuum entre domaine verbal et domaine nominal.

23
Q

Marque du dans est portée par quel constituant dans la proposition suivante :

this hiatus in the evening’s ordering was getting just about as infuriating as waiting for breakfast in some ‘Fawlty Towers’ hotel

A

En (9), on note que la marque du temps est portée uniquement par l’auxiliaire du syntagme verbal de la principale33 dont dépend la
proposition enchâssée waiting for breakfast in some ‘Fawlty Towers’ hotel. Ceci montre que -ing constitue dans ce type de proposition un marqueur de dépendance syntaxique.

Cette proposition gérondive est ici encore nominalisée : elle occupe la même place et remplit la même fonction qu’un syntagme nominal. On pourrait la remplacer par something (This hiatus…was getting as infuriating as [something]). On trouve après waiting un complément d’objet indirect (for breakfast). Alors que cela était moins évident en (9), où going n’était suivi d’aucun complément, il est manifeste que c’est l’ensemble du prédicat, waiting for breakfast in some Fawlty Towers hotel, qui est nominalisé par -ing.

La nominalisation est donc plus partielle que lorsque l’on a affaire à des
noms ou à des adjectifs.

24
Q

Pour conclure sur la sous-partie sur le gérondif

A

Dans ce passage au discours indirect libre, l’énoncé peut aisément être interprété comme émanant du personnage principal. Il ne
fait quoi qu’il en soit aucun doute que son contenu s’applique avant tout à la situation de celui-ci. Dans la proposition gérondive
waiting for breakfast in some ‘Fawlty Towers’ hotel, la relation prédicative sous-jacente n’a pourtant vraisemblablement pas Morse pour sujet implicite. Cette proposition étant ici le terme repère d’une structure comparative, il est plus vraisemblable que le sujet
sous-entendu soit générique. Pour que le repère soit efficace, la référence à la comédie de situation Fawlty Towers doit en effet
être stabilisée et identifiable par tout lecteur indépendamment du contexte. Le procès possède ainsi une valeur qualitative et non une valeur quantitative d’occurrence spécifique.

25
Q

Be + -ing

A

Dans les énoncés en be + -ing, un sujet grammatical est mis en relation avec un participe présent par le moyen de l’auxiliaire be,
qui porte le temps grammatical. Notre passage contient six occurrences de ce type :

(11) All mortals, Morse knew, were ever treading that narrow way by Tophet flare to Judgement Day (ll. 5-6)

(12) as earlier and darkly rumoured, Nessie was going to be on the night-shift (ll. 9-10)

(13) The clock behind Sister’s desk… was showing 7.30 when the visitors began to filter through (ll. 9-10)

(14) this hiatus in the evening’s ordering was getting…infuriating (l. 35)

(15) Morse knew, within a second of his going, that he would not be forgiving himself easily for such monumental ingratitude (ll. 56-57)

(16) the nurses were starting out on yet another circuit (ll. 75-76)

26
Q

La valeur de BE + -ING

A

La valeur de be + -ing est parfois décrite comme aspectuelle.

On parle alors d’aspect duratif, imperfectif, inaccompli, progressif, ou
de procès perçus « en cours de déroulement ».

On pourrait ainsi analyser (14) And for Morse, this hiatus in the evening’s ordering was getting …infuriating

comme permettant d’insister sur le développement graduel, l’intensification progressive du caractère
irritant de la situation.

Le verbe “get” exprimant un mouvement, un passage d’un état à un autre, ce processus est alors décrit comme inaccompli ou en déroulement.

27
Q

BE + -ING dans le segment

(16) the nurses were starting out on yet another circuit

A

Il est moins facile de recourir à ce type d’explication pour (16) the nurses were starting out on yet another circuit, car l’aspect sémantique de start oblige à concevoir le procès comme limité en durée. Certains parlent alors d’un effet sémantique d’« arrêt sur image » produit par la mise en relation du sujet avec V-ing au moyen de l’auxiliaire BE. On est toujours proche de l’« aspect
imperfectif », de la valeur de déroulement.

28
Q

BE + -ING dans le segment

(13) The clock behind Sister’s desk… was showing 7.30 when the visitors began to filter through (ll. 9-10)

A

En (13), The clock behind Sister’s desk…was showing 7.30 when the visitors began to filter through, show n’est pas un verbe
d’action. L’horloge n’accomplit aucun geste. L’énoncé décrit uniquement les indications qui s’offrent au regard de Morse lorsque
celui-ci se tourne vers la pendule. Si la valeur sémantique d’« arrêt sur image » peut toujours sembler pertinente, il faut alors recourir à des valeurs métaphoriques du déroulement pour adopter cette perspective. Certains évoquent par exemple une
« dilatation » du procès pour dire que celui-ci fournit un cadre temporel à la relation prédicative introduite par la subordonnée inversée when the visitors began to filter through. Certains préféreront considérer que les procès sont simplement concomitants et se contenter de parler d’ancrage du procès exprimé par show dans la situation, cet ancrage étant effectué par le temps de l’auxiliaire BE.

29
Q

Valeur d’occurrence :

(11) All mortals, Morse knew, were ever treading that narrow way by Tophet flare to Judgement Day.

A

À moins d’étendre la valeur métaphorique du « déroulement », il semble plus difficile d’adopter ce type d’approche pour
appréhender ce segment.

On a affaire à
l’énoncé d’une vérité générale.

Pour rendre compte de la valeur de cette occurrence, on suggère que l’opération dont be + -ing est la trace est plus abstraite qu’un marquage aspectuel. Le sujet, ostensiblement mis en relation par l’énonciateur (au moyen de be) avec un prédicat déterminé par -ing, devient objet de discours et n’est plus envisagé comme
agentif.

Quant à la forme en -ing, elle signale, comme dans les propositions gérondives, un figement qui s’étend à l’ensemble du prédicat.

Le procès n’est plus envisagé comme dynamique, mais l’énonciateur recourt à be + -ing pour se référer à une situation, souvent pour la commenter, l’expliciter ou justifier certaines de ses composantes. Lorsque be est au présent, cette situation est la situation d’énonciation.

Quand il est au prétérit, comme ici, les procès sont présentés comme en rupture avec elle.

Dans ce passage au discours indirect libre, le prétérit permet un ancrage dans la situation du personnage central. En produisant l’énoncé All mortals …were ever treading that narrow way by Tophet flare to Judgement Day, l’énonciateur n’informe pas le lecteur que les hommes sont des agents qui se dirigent vers leur destin. Les ruminations de Morse s’appuient sur un fait déjà établi.

Le figement du prédicat déterminé par -ing constitue déjà une réification que l’on peut considérer comme l’essence d’une nominalisation. Be + - ing sert à construire, à partir de la reprise d’une relation prédicative préconstruite dont la validation est présentée comme acquise,
une qualité stable dépourvue de tout repère spécifique.

Le procès est alors rapporté à un sujet dans une nouvelle relation prédicative par le biais de be, qui porte la marque du temps. On pourrait d’ailleurs évoquer la parenté de

(11) avec Man keeps treading that narrow way by Tophet flare to Judgement Day

où l’imbriquée en -ing serait clairement une proposition gérondive.

(L’analyse proposée peut aussi être appliquée aux énoncés précédents : this hiatus in the evening’s ordering was getting…infuriating ; the nurses were starting out on yet another circuit ; The clock behind Sister’s desk…was showing 7.30. Dans l’intégralité de ce passage au discours indirect libre, l’opérateur be + -ing permet de signaler ostensiblement la présence du personnage central, observateur du monde sensible. Les personnages et autres composantes de la situation d’énonciation fictive
deviennent objets de discours. Leur présence et leurs agissements sont relayés par la perception de Morse. La narration repose en permanence sur l’anaphore situationnelle.)

30
Q

Analyse du segment 15

Morse knew…that he would not be forgiving himself easily for such monumental
ingratitude

A

On peut également appréhender de la sorte (15) Morse knew…that he would not be forgiving himself easily for such monumental
ingratitude. Le modal will au prétérit de translation marque une projection dans l’avenir. Le sujet grammatical de

he would not be
forgiving himself

n’est pas présenté ici comme agentif, comme cela aurait été le cas dans

Morse knew that he would never forgive his colleagues.
En (15),

Morse

s’envisage et se décrit lui-même comme un simple objet de discours, se projetant non pas dans
l’accomplissement d’un acte qu’il réaliserait volontairement, mais dans une situation dans laquelle son remords le placerait plus
tard du fait de son ingratitude.

31
Q

Dans (12), as earlier and darkly rumoured, Nessie was going to be on the night-shift, c’est l’opérateur be going to qui est employé
pour se référer à une situation à venir

A

Le verbe go y revêt une valeur métaphorique, y désignant un mouvement temporel vers
l’actualisation d’une relation prédicative qui va se dévirtualiser (c’est ce qu’indique l’opérateur to). Conjugué à be + -ing, il permet de décrire la situation d’énonciation (fictive) comme renfermant des éléments à venir37. La structure exprime en cela une prédiction plus certaine que will ou shall, la référence à l’avenir se basant sur des éléments déjà actuels. La situation de Morse est décrite comme déjà assombrie à ses yeux par la perspective du tour de garde de Nessie, infirmière peu amène.

32
Q

Conclusion partielle du BE + ING

A

Dans les énoncés en be + -ing, le sujet est mis en relation par le biais de be avec un prédicat nominalisé par -ing. La validation du
procès y est présentée comme acquise. L’opération signalée par -ing, assimilable à une réification, met en lumière la parenté du rôle de -ing dans les énoncés en be + -ing et les propositions gérondives, où il est la trace d’une opération apparentée.
Ceci s’accorde avec les origines diachroniques de la structure, be + -ing étant issu d’une construction qui localisait métaphoriquement le sujet à l’intérieur d’un procès réifié exprimé par un nom verbal au moyen de be et de la préposition on38. [Ces connaissances
n’étaient pas exigibles. Elles sont fournies ici à titre indicatif dans la mesure où elles éclairent la situation qui prévaut en anglais
contemporain.]

33
Q

3) Les propositions
participiales

A

Le participe présent est la tête d’une proposition subordonnée participiale qui a souvent une fonction de circonstant par rapport au
procès dénoté par la principale. C’est pourquoi de telles propositions sont fréquemment analysées comme des participiales
adverbiales.

34
Q

(16) Bearing a… collection of white chrysanthemums, a… woman… proceeded to commandeer the sole chair set at his bedside
(ll. 14-16),

A

On trouve dans (16) une proposition subordonnée participiale détachée (c’est-à-dire séparée de la principale, ici par une virgule) que n’introduit aucun subordonnant. Comme la plupart des circonstants, cette proposition participiale pourrait être supprimée, car
elle exprime un commentaire accessoire et non indispensable. Elle est mobile : ici antéposée, elle pourrait également être postposée ou incise. Le sujet de la proposition n’est pas fourni explicitement, mais il peut être récupéré dans la principale (a woman). C’est le cas pour toute subordonnée participiale en -ing au sujet non exprimé. Ce type de proposition peut entretenir
divers types de relations sémantiques avec la principale et exprimer le moyen, la manière, une relation de cause à effet ou la
concomitance. C’est cette dernière valeur qui est présente ici

35
Q

(17) And soon he was deeply and happily engrossed – his temporary despondency departing on the instant (ll. 79-80)

A

En (17), le sujet de la subordonnée participiale détachée

his temporary despondency departing on the instant

diffère de celui de la principale et doit par conséquent être exprimé.

La place de la proposition apparaît plus contrainte que dans (16).

Une incise paraît difficilement envisageable, et l’antéposition induirait un rapport sémantique absent de l’énoncé initial, qui exprime, comme en (16),
la concomitance.

Notons que la participiale n’est pas issue d’un énoncé en be + -ing, mais de his temporary despondency departed on the instant.

Dans les participiales, à forme non finie comme les gérondives, -ing marque la dépendance syntaxique.

La prédication sous-jacente apparaît de ce fait repoussée au deuxième plan. Dans les participiales, -ing est également un opérateur
de nominalisation dans le sens où il éloigne le terme auquel il s’adjoint du pôle verbal : celui-ci ne porte plus de marque de temps
et n’a pas nécessairement de sujet exprimé.

36
Q

(18) he found himself consciously willing her to get up and go (ll. 22-23)

A

Dans (18), la nature copulative du verbe

find

employé dans une tournure réfléchie montre que l’on a affaire à une construction
transitive complexe dans laquelle la participiale remplit la fonction d’attribut de l’objet himself (à l’instar de l’adjectif complémenté

ready

dans

he found himself ready to get up and go.

Bien que la proposition remplisse une fonction attributive,

willing

n’est cependant pas un adjectif verbal (l’énoncé est très différent de

He found himself willing to let her go,

où willing serait cette fois de nature adjectivale). Non seulement le sens de la forme en -ing

willing

est ici distinct de celui de l’adjectif (Morse n’est pas disposé à faire quelque chose, mais désire positivement que quelque chose se produise), mais le participe présent admet un argument complément et un autre attribut. Une telle construction serait impossible avec un adjectif

(*He found himself desirous [of] her to get up and go).

La forme observée en (18) est résolument située dans le domaine verbal.

À l’instar de ce qui se produit avec le gérondif et les énoncés en be + -ing, la structure de départ du prédicat dynamique sous-jacent (Verbe-Objet-Attribut) est préservée, ce qui montre une fois encore que l’opération effectuée par -ing porte sur l’ensemble du prédicat et non uniquement sur le verbe.

Le degré de nominalisation est donc faible. Le phénomène de figement observé dans (18) est pourtant caractéristique de la réification d’un procès.

37
Q

(19) We’ve got some librarians coming from California

A

En (19), coming from California est une proposition subordonnée participiale qui reprend la relation prédicative sous-jacente <some librarians / come from California>.

Have got

remplit dans l’énoncé une fonction analogue à celle qu’aurait eu have et permet la thématisation (rethématisation) du sujet we

(We have some librarians coming from California).

On est proche des tournures
existentielles.

Le sens de l’énoncé pourrait d’ailleurs être rendu par There are/will be some librarians coming from California.

En (19), la proposition participiale présente une deuxième prédication à partir de la première : We have some librarians that are/will be coming from California.

Il s’agit d’une proposition relative elliptique, c’est-à-dire d’une participiale adjectivale. Le participe coming
étant suivi du circonstant obligatoire from California (constituant du syntagme verbal), on est clairement dans le domaine verbal,
mais cette participiale nous entraîne déjà en direction du domaine adjectival.

On perçoit la parenté de cet énoncé avec un exemple
comme

The nurses were busy making space for the coming guests

38
Q

Conclusion finale

A

En remontant des formes les plus lexicalisées vers les formes les plus verbales, dans lesquelles -ing constitue la trace d’opérations
linguistiques effectuées en discours, nous avons observé le fonctionnement de l’opérateur à proximité des trois pôles qui délimitent
la palette de ses occurrences : le pôle nominal, le pôle adjectival et le pôle verbal, ce dernier constituant le point de départ de toute
la structure.

Plus on se rapproche du pôle verbal, plus les formes en -ing expriment des événements, c’est-à-dire des procès ancrés dans une situation d’énonciation.

En remontant vers le pôle nominal, on observe des formes désignant des procès réifiés qui ne sont repérés par rapport à aucun sujet ou situation précise (on est alors proche de la notion) voire des objets matériels indépendants.

Vers le pôle adjectival, on rencontre des formes susceptibles de renvoyer jusqu’à la notion adjectivale, exprimant alors des propriétés stabilisées.

Dans tous les cas, à des degrés divers, la présence de -ing signale un éloignement du pôle verbal et une réification de l’élément qu’il détermine.

L’examen des formes du passage révèle également l’absence d’étanchéité des catégories. Il existe ainsi des chevauchements entre les domaines verbal et nominal, les contours de catégories telles que le nom déverbal, le nom verbal et le gérondif étant parfois brouillés.

En direction du pôle adjectival, le même phénomène est observé en lien avec les adjectifs et les participes présents.

Il est alors pertinent de parler de continuums. A proximité du pôle verbal, on s’aperçoit que l’opération dont -ing est la trace porte sur des prédicats tout entiers et que ce phénomène, observé dans les propositions gérondives, l’est aussi dans les énoncés en be + -ing ainsi que dans les propositions participiales.

Dans tous les cas, le morphème -ing est la trace d’une opération
invariante : la nominalisation, que nous définissons sémantiquement comme l’autonomisation et la réification décrites plus haut,
mais aussi comme l’introduction d’un trait {+N} dans les énoncés construits autour des formes auxquelles il s’adjoint.

L’absence de complémentation (ou le fait que celle-ci soit sous-entendue) alliée à la fréquence d’usage de certaines formes conduit
éventuellement à la lexicalisation de celles-ci, d’où leur présence dans les dictionnaires en tant qu’unités lexicales attestées.