Allo-immunisation Flashcards
Définir ce qu’est l’allo-immunisation
L’allo-immunisation (ou iso-immunisation – il s’agit là de synonymes) est le procédé au cours duquel le système immunitaire d’un individu se sensibilise à un antigène de surface d’un élément figuré étranger (il peut s’agir d’hématies ou, plus rarement, de plaquettes) et produit, de manière conséquente, des gammaglobulines qu’il dirige contre celui-ci.
Quels sont les 2 grands rôle du clinicien lors du suivi d’une gestante de groupe sanguin Thésus négatif portant un enfant de groupe sanguin Rhésus positif?
D’une part, chez ces mères n’ayant jamais été exposées au facteur Rhésus (donc n’ayant pas, à ce jour, développé d’anticorps dirigés contre les érythrocytes porteurs de cet antigène), il importe de prévenir la survenue d’une éventuelle allo-immunisation comme celle-ci peut avoir des conséquences gravissimes sur la santé foetale au cours d’une grossesse ultérieure. De fait, bien que les circulations sanguines maternelle et foetale ne se mélangent d’ordinaire jamais l’une à l’autre, des hémorragies foeto-maternelles peuvent tout de même survenir au cours de la gestation et de l’accouchement. Or, celles-ci, même modestes, risquent de sensibiliser le système immunitaire de la gestante à l’antigène Rhésus.
D’autre part, chez ces mères dont le système immunitaire a déjà été sensibilisé au facteur Rhésus (donc possédant un arsenal d’anticorps dirigés contre les hématies porteuses de cet antigène), le clinicien doit surveiller de manière étroite la santé et le bien-être du foetus. En effet, les immunoglobulines maternelles peuvent alors traverser la barrière placentaire et provoquer chez celui-ci une maladie hémolytique, condition aux conséquences importantes pouvant, dans certains cas, se solder par une mort intra-utérine.
Définir ce qu’est le système Rhésus
Le système Rhésus, à l’instar du système ABO, est un ensemble de plusieurs antigènes érythrocytaires, dont les plus communs sont les antigènes C, c, D, E et e.
D’un point de vue clinique, cependant, on ne recherche que la présence de l’antigène D, comme il s’agit du plus immunogène d’entre tous. Ainsi, on dira d’un individu dont les globules rouges sont porteurs de l’antigène D qu’il est de groupe sanguin Rhésus positif, sans égard à son phénotype C/c-E/e; inversement, un sujet est de groupe sanguin Rhésus négatif si ses érythrocytes ne présentent pas l’antigène D.
Quelle est la prévalence de l’antigène D ?
Varie selon l’ethnie.
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- On estime que près de 85% des Caucasiens sont de groupe sanguin positif.
- Chez les Africains, cette proportion atteint 96%,
- Chez les Asiatiques et les Amérindiens, elle excède quatre-vingt-dix-neuf pourcent (99%).
Quelle est la pathogénèse de l’allo-immunisation?
Les anticorps dirigés contre les antigènes du système Rhésus n’existent pas de manière innée chez les individus. Un sujet dont les globules rouges sont dépourvus d’un quelconque antigène du groupe Rhésus peut toutefois développer des gammaglobulines dirigées contre celui-ci à la suite d’une exposition à du matériel sanguin qui en est porteur : ce phénomène porte le nom d’allo-immunisation.
Comme les anticorps anti-Rhésus produits à la suite d’un événement allo-immunisant appartiennent principalement à la classe des immunoglobulines G, ils sont capables de traverser la barrière placentaire et, donc, de lyser les érythrocytes foetaux si ceux-ci sont porteurs de l’antigène étranger contre lequel ils sont dirigés.
Nommer 6 éléments allo-immunisants liés à la grossesse
- Hémorragie foeto-maternelle silencieuse
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Même en l’absence d’événements particuliers associés à la survenue d’une hémorragie foeto-maternelle (avortement, intervention diagnostique effractive, contusion abdominale, etc.), de faibles quantités d’hématies foetales peuvent traverser la barrière placentaire et gagner la circulation maternelle à quelque moment de la gestation. Comme la paroi des villosités choriales s’amincit en fin de grossesse, le volume d’érythrocytes foetaux aboutissant dans la circulation maternelle s’accroît. Après la vingt-huitième (28e) semaine de gestation, leur quantité est d’autant plus significative et, en l’absence d’un traitement prophylactique adéquat, ces hémorragies silencieuses présentent un risque notable d’allo-immunisation maternelle
- Accouchement et délivrance
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L’accouchement, qu’on y procède par voie vaginale ou par césarienne, peut être à l’origine d’une hémorragie foeto-maternelle. L’emploi d’une manoeuvre de délivrance artificielle (retrait manuel du placenta) accroit ce risque.
- Interventions diagnostiques effractives
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- Amniocentèse
- Biopsie choriale
- Cordocentèse
- Saignements de premier trimerstre
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- Menace d’avortement, avortement spontané ou avortement provoqué
- Grossesse ectopique
- Grossesse molaire (môle hydatiforme)
- Saignements de deuxième et troisième trimestres
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- Décollement placentaire
- Placenta praevia
- Traumatisme placentaire potentiel
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- Tout traumatisme pouvant entraîner un mouvement de l’utérus (chute sur les fesses, accident de voiture, coup porté à l’abdomen, etc.)
- Version du foetus par manoeuvre externe
* La môle hydatiforme correspond d’ordinaire à une prolifération néoplasique du tissu placentaire en l’absence de foetus. Il n’y a donc pas, classiquement, production de matériel sanguin foetal, et la vascularisation des villosités choriales du placenta est de surcroît absente ou incomplète. Aussi le risque qu’une allo-immunisation foeto-maternelle survienne en présence d’une môle complète est minime. Toutefois, comme il est difficile d’écarter la présence d’une grossesse molaire partielle (laquelle peut constituer une source d’hémorragie foeto-maternelle) et que le diagnostic de grossesse molaire n’est pas toujours posé avec certitude, l’approche de cette condition médicale se veut similaire à celle de quelque autre événement potentiellement allo-immunisant en grossesse. *
Nommer 1 élément allo-immunisant non-lié à la grossesse
Transfusion sanguine
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Si une femme de groupe sanguin négatif est exposée, par le biais d’une transfusion, à du matériel sanguin porteur de l’antigène Rhésus, il est fort probable qu’elle subisse alors une allo-immunisation.
Quel antigène est en cause des syndromes d’allo-immunisation?
La plupart des syndromes d’allo-immunisation foeto-maternelle n’impliquent que l’antigène D, comme il s’agit du plus immunogène d’entre tous les antigènes du groupe Rhésus.
Des événements allo-immunisants imputables aux antigènes C, c, E et e, quoique plus rares, peuvent également se produire; ils ont toutefois un impact moindre sur la santé du foetus
Quelle est la prévelence du syndrome d’allo-immunisation en grossesse?
Près de 10% des grossesses, chez les Caucasiennes, présentent une incompatibilité sanguine foeto-maternelle.
D’entre celles-ci, 17% seulement mèneront à un syndrome d’allo-immunisation si aucun traitement prophylactique n’est administré
* Un traitement prophylactique adéquat permet de réduire à moins de 1% l’incidence du syndrome d’allo-immunisation foeto-maternelle. *
Nommer 3 facteurs modulant le risque de sensibilisation immune à l’antigène Rhésus D chez une gestante portant un enfant de groupe sanguin positif
Le volume de l’hémorragie foeto-maternelle
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Un dixième de millilitre (0,1 ml) est suffisant pour entraîner une allo-immunisation. Toutefois, plus le saignement est abondant, plus la survenue d’une sensibilisation immune est probable. Aussi la quantité d’immunoglobulines G anti-Rhésus (WinRho) à administrer à la patiente en vue de prévenir une éventuelle allo-immunisation doit-il être fonction de la quantité de sang foetal en cause.
La réactivité du système immunitaire de la gestante
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Une exposition à un même volume de matériel sanguin étranger génère, chez chacune, une réponse immune d’une ampleur différente. Ainsi, près de trente pourcent (30%) des femmes de groupe sanguin négatif ne connaissent pas de sensibilisation à l’antigène D du groupe Rhésus, quelque abondante que soit l’hémorragie foeto-maternelle.
La présence concomitante d’une incompatibilité foeto-maternelle en ce qui a trait au groupe sanguin ABO
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Celle-ci réduit à deux pourcent (2%) l’incidence du syndrome d’allo-immunisation foeto-maternelle, en l’absence d’un traitement prophylactique. De fait, les anticorps dirigés contre les antigènes ABO lysent les érythrocytes foetaux ayant abouti dans la circulation maternelle avant même que le système immunitaire de la gestante ne se sensibilise aux antigènes du groupe Rhésus. Les préparations d’immunoglobulines G anti-Rhésus (WinRho) ont un mécanisme d’action analogue : elles détruisent les antigènes D du groupe Rhésus s’étant retrouvés dans la circulation maternelle avant même qu’ils ne soient reconnus par le système immunitaire de la patiente.
Comment se fait la transmission héréditaire de l’antigène D du groupe Rhésus?
L’allèle Rhésus D, responsable de l’expression de l’antigène D à la surface des érythrocytes, se transmet selon un mode autosomal dominant.
Ainsi, les individus homozygotes (lesquels possèdent deux allèles Rhésus D) au même titre que les individus hétérozygotes (lesquels ne possèdent qu’un seul allèle Rhésus D) sont de groupe sanguin Rhésus positif. Les sujets dont les deux allèles Rhésus D sont inactifs, pour leur part, ne possèdent pas d’antigène D à la surface de leurs érythrocytes et sont donc de groupe sanguin Rhésus négatif.
Déterminer le groupe Rhésus de l’enfant porté par une femme de groupe sanguin négatif
- Si la paternité est attribuable, de manière certaine, à un homme de groupe sanguin négatif, alors l’enfant est nécessairement de groupe sanguin négatif. Il n’y a aucun risque d’allo-immunisation foeto-maternelle et l’administration d’immunoglobulines anti-Rhésus (WinRho) peut être omise.
- Si la paternité est attribuable à un homme de groupe sanguin positif, il n’est pas possible de déduire le groupe sanguin du foetus. De fait, celui-ci dépend du génotype paternel, lequel est d’ordinaire inconnu. Si le père possède deux allèles Rhésus D (homozygotie), l’enfant est, de manière certaine, de groupe sanguin positif. Par contre, si le père ne possède qu’un seul allèle Rhésus D (hétérozygotie), l’enfant n’a alors que 50% des chances d’être de groupe sanguin Rhésus positif.
Comment détermine-t-on le groupe sanguin de la gestante?
On procède de manière systématique à la détermination des groupes sanguins ABO et Rhésus lors de la première rencontre de suivi obstétrical, entre la 8e et 10e semaine de grossesse.
Les gestantes de groupe sanguin Rhésus négatif (c’est-à-dire non-porteuses de l’antigène D) sont à risque de développer une allo-immunisation en cours de grossesse et doivent, conséquemment, recevoir une prophylaxie adéquate.
D’autres types d’allo-immunisation existent (en réaction, notamment, aux antigènes C, c, E et e), mais elles sont beaucoup plus rares et dépassent largement les objectifs de ce module. Jusqu’à ce jour, aucune prophylaxie n’est disponible contre ces types moins communs d’allo-immunisation.
Qu’est-ce que le test de Coombs
Le test de Coombs permet de mettre en évidence, dans le sérum du sujet, la présence d’anticorps dirigés contre un quelconque antigène érythrocytaire.
Bien qu’il ne soit question, dans le présent module, que d’immunoglobulines G anti-Rhésus, il pourrait tout autant s’agir d’un autre type d’anticorps.
Quels sont les 2 différents tests de Coombs et quelle est leur utilité respective?
Test de Coombs direct
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Le test de Coombs direct, lorsque positif, révèle la présence d’anticorps d’origine endogène ou exogène liés aux érythrocytes de l’individu testé. Cet examen s’avère contributoire au diagnostic d’une anémie hémolytique surtout si elle résulte d’un processus d’auto-immunisation, de production d’auto-anticorps.
Le test de Coombs direct ne revêt aucune utilité dans un contexte de suivi obstétrical normal, comme il ne permet pas de déterminer si la gestante a été ou non sensibilisée à l’antigène Rhésus.
Test de Coombs indirect
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Le test de Coombs indirect, lorsque positif, révèle quant à lui la présence d’anticorps circulant seuls dans le sérum du sujet (ils ne sont pas liés à quelque globule rouge). Ces immunoglobulines sont dirigées contre un antigène érythrocytaire étranger (en l’occurrence, un antigène du groupe Rhésus), et résultent d’une allo-immunisation antérieure : l’individu a donc déjà été exposé à du matériel sanguin étranger (exogène) avec lequel il était immunitairement incompatible, secondairement à quoi il a développé des anticorps (immunoglobulines) aptes à lyser ces érythrocytes étrangers dans l’éventualité où il y serait exposé de nouveau.