Politique budgétaire Flashcards
Pourquoi dit-on que les économies modernes sont des économies mixtes ?
Car les économies modernes ne sont ni dirigées ni de marchés.
« Une économie de marché est une économie où les individus et les entreprises privées prennent la plupart des grandes décisions concernant la production et la consommation. C’est un système de prix, de marchés, de profits et de pertes, d’incitations et de rémunérations qui détermine quoi, comment et pour qui produire […] Une économie dirigée est une économie où l’Etat prend toutes les décisions importantes concernant la production et la distribution […] Aucune société contemporaine n’entre totalement dans l’une ou l’autre de ces catégories polaires. Toutes les sociétés sont plutôt des économies mixtes, avec des éléments d’une économie de marché et des éléments d’une économie dirigée. » (Nordhaus et Samuelson, Économie, 2000.).
Quelles sont les deux grandes catégories de la dépense publiques ?
La dépense publique peut se décomposer en deux grandes catégories : d’une part, elle sert à payer les services publics, qui sont accessibles gratuitement, mais doivent être payés pour la production qu’ils fournissent, car le service public et les fonctionnaires sont productifs, au sens où ils contribuent à la formation de la richesse nationale. Cette production est mesurée dans le PIB - il s’agit du PIB non marchand, qui s’élève à 17% du PIB, une part stable depuis 35 ans.
L’autre part de dépense publique correspond aux prestations et transferts (subventions, prestations sociales, transferts sociaux), qui soutiennent l’activité privée à hauteur de 720 Md€. Ces dépenses ont un effet multiplicateur sur l’activité qui leur permet de créer plus de richesses que les sommes investies. Par ailleurs, le niveau élevé en comparaison internationale relève de choix collectifs, comme celui de la nature des dépenses de santé ou de retraite.
La France se distingue-t-elle des autres pays de l’OCDE par ses dépenses publiques en santé ?
La France ne se distingue pas particulièrement par ses dépenses publiques de santé, qui atteignent 8,6% du PIB en 2015 selon l’OCDE, contre 8,4% aux États-Unis et 9,4% en Allemagne.
En quoi les dépenses socialisées est un facteur de réduction des inégalités ?
Avant intervention publique, les revenus des 20% les plus riches représentaient 42% de l’ensemble des revenus primaires, contre 5% pour les 20% les plus pauvres. A l’issue des prélèvements obligatoires et des dépenses socialisées, les 20% les plus riches représentent 36% du revenu disponible brut ajusté, contre 11% pour les 20% les plus pauvres.
Les prestations et transferts sociaux bénéficient principalement aux ménages pauvres : ils représentent 42% de leur revenu disponible brut ajusté, contre 9% pour les 20% les plus riches.
La politique budgétaire joue un rôle majeur dans le pilotage du cycle économique dans le cadre du consensus keynésien post Seconde guerre mondiale.
Qu’est-ce qui marque la fin de ce consensus ?
La situation de dominance budgétaire durant la période qui suit la Guerre se termine par le consensus Reagan-Thatcher des années 1980, marqué par un pilotage du cycle par la politique monétaire. La politique budgétaire est réduite à des problématiques de soutenabilité, voire des thématiques microéconomiques, et en dernier recours à une approche de stabilisation.
La fin de ce consensus keynésien marque le passage à la domination monétaire via l’indépendance des banques centrales et les mesures de ciblage de l’inflation.
Quels facteurs historiques sont associés aux forts ratios d’endettement des États ?
Les fortes augmentations des ratios d’endettement public sont souvent associées aux périodes de conflit, comme l’ont souligné Jean-Yves Grenier et al. dans “La dette publique dans l’histoire” (2006). Lors de tels événements, la diminution des recettes fiscales et l’augmentation considérable des dépenses militaires conduisent à une montée des ratios d’endettement.
Dans l’analyse contemporaine de la dette publique, qui se concentre sur ses trois caractéristiques principales (sa nature publique, sa continuité, et la connaissance de cette dette par le public), il est constaté que les conflits majeurs sont souvent à l’origine des fortes augmentations des ratios d’endettement. Par exemple, les monarchies européennes de la fin du XVIIIe siècle ont vu leur endettement exploser en raison de diverses guerres.
De plus, selon ces auteurs, ces conflits ont également eu une influence significative sur le développement des structures administratives financières des États. Ils ont stimulé l’implémentation de systèmes de taxation plus efficaces et ont conduit à l’introduction de mesures de répression financière.
Qu’est-ce que le cantonnement de la dette ?
Il s’agit, historiquement, de placer la dette liée à la guerre dans une structure ad hoc et d’affecter une recette à cette structure afin de lui permettre de rembourser progressivement la dette transférée.
En France, la Caisse des dépôts et des consignations a pu remplir cette fonction, de même que la Caisse autonome d’amortissement en 1926. Actuellement, la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) remplit ce rôle pour la dette accumulée par la Sécurité sociale.
Quels sont les facteurs ayant contribué à l’augmentation de l’endettement public mondial depuis le milieu des années 1970 (la “grande accumulation”, B. Eichengreen)?
Ralentissement économique: La baisse de la croissance économique réduit les recettes fiscales et peut augmenter les dépenses en raison des systèmes de filets de sécurité sociale automatiques, ce qui peut contribuer à l’augmentation de la dette.
Niveau élevé des taux d’intérêt : Lorsque Paul Volcker a pris la tête de la Réserve fédérale américaine, il a augmenté les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. Ces taux d’intérêt plus élevés ont augmenté le coût du service de la dette existante, ce qui a entraîné une augmentation de l’endettement public.
Réduction du financement monétaire du déficit : Dans de nombreux pays, il y a eu un mouvement vers une plus grande indépendance des banques centrales et une réduction du financement monétaire des déficits. Cela signifie que les gouvernements ont dû emprunter sur les marchés financiers, où les taux d’intérêt peuvent être plus élevés, pour financer leurs déficits.
Augmentation des dépenses publiques : De nombreux pays ont connu une croissance continue des dépenses publiques pendant cette période, en partie à cause de l’expansion des programmes de protection sociale et des coûts de santé croissants.
Que prévoient les critères de convergence du traité de Maastricht ?
Ils prévoient un maintien du déficit à un niveau inférieur à 3% du PIB et un maintien de la dette à un niveau inférieur à 60% du PIB.
Comment évolue la politique budgétaire agrégée de la zone euro entre 1999 et 2016 ?
- une période acyclique de 1999 à 2007 durant laquelle la politique budgétaire agrégée n’était ni trop restrictive ni trop expansive et n’a d’ailleurs pas permis de constituer des marges de manœuvre pour la crise ;
- la période de 2009-2010 durant laquelle cette politique budgétaire a joué son rôle contra-cyclique avec un déficit important durant un épisode d’écart de production très négatif ;
- puis une période de 2011 à 2016 marquée par une consolidation pro-cyclique, c’est-à-dire un ajustement budgétaire en dépit d’un écart de production toujours très négatif (notamment 2013, proche de -3% du PIB de la zone euro).
Qu’est-ce qui a provoqué la crise de la dette souveraine dans la zone euro à partir de 2012 ? Quel a été l’impact de la consolidation budgétaire sur l’activité économique européenne ? Quelles ont été les réactions des pays de la zone euro face à la crise de la dette ?
La crise de la dette souveraine a été causée par un ensemble de facteurs, notamment le biais pro-cyclique du Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) entre 2011 et 2016 qui a accentué la récession en imposant une consolidation budgétaire. En outre, les “chocs d’austérité” - les politiques de consolidation budgétaire précoces et synchrones - ont provoqué des réductions plus importantes que prévu du PIB et des niveaux d’inflation plus bas.
L’impact de cette phase de consolidation budgétaire intense et hâtive sur l’activité économique européenne a été amplifié par des multiplicateurs budgétaires compris entre 1,4 et 2,1, entraînant une perte de PIB de 5,5 à 8,4 points de pourcentage sur la période, selon Heimberger (2017). Un scénario contrefactuel montre qu’un ajustement plus modéré aurait permis de réduire de manière significative la dépression.
En réponse à la crise, ces pays ont dû entreprendre des efforts budgétaires importants, marqués par des excédents primaires élevés. Par exemple, l’Italie a connu un excédent primaire de 1% dès 2011 et constamment supérieur à ce niveau depuis, la Grèce depuis 2013 et le Portugal à partir de 2016. L’Espagne est une exception en la matière.
L’évolution des ratios d’endettement en zone euro sur la période pré-crise sanitaire est-il homogène ?
Non, l’évolution des ratios d’endettement en zone euro sur la période pré-crise sanitaire répond de dynamiques profondément différentes entre Etats membres.
Plusieurs pays (Allemagne, Belgique, Italie, Finlande) disposent ainsi, depuis la mise en oeuvre de la zone euro, de niveaux élevés d’excédents structurels qui permettent de limiter (pour l’Italie) ou de réduire les ratios de dettes sur PIB.
D’autres (Autriche, France, Grèce, Irlande ou Portgual) connaissent une situation de déficit structurel constant, voire croissant, qui est compensé par une dynamique favorable de l’effet boule de neige.
La crise de la zone euro et les recapitalisations bancaires nécessaires auront eu des effets importants sur les ratios de dette sur PIB de nombreux pays (Autriche, Allemagne, Finlande, Irlande, etc.).
Quelle a été la tendance de l’endettement public américain entre 2008 et 2020?
La tendance de l’endettement public américain entre 2008 et 2020 a été fortement influencée par la crise financière de 2008 et les politiques fiscales ultérieures visant à stimuler la croissance économique.
La crise de 2008 a initié cette hausse importante de l’endettement. En réaction à la crise, les États-Unis ont mis en place des mesures de relance qui, conjuguées à une reprise économique plus lente que prévu, ont généré un déficit d’environ 5 600 milliards de dollars entre 2009 et 2015. Durant cette période, les États-Unis ont également fait face à plusieurs “précipices budgétaires”.
La mise en place du Tax Cuts and Jobs Act (une réforme fiscale) et du Bipartisan Act (augmentation des dépenses publiques) en décembre 2017 et février 2018 a constitué un stimulus budgétaire substantiel pour l’économie américaine. Selon De la Serve (2018), ces mesures ont permis d’accroître la croissance économique américaine de 0,7 point de pourcentage par an sur une période de deux ans.
Avec la hausse des ratios d’endettement, comment évoluent les coûts de financement ?
Malgré la hausse des ratios d’endettement, les coûts de financement sont en réduction constante depuis les années 1980, en lien avec la baisse structurelle du taux d’intérêt réel.
Par exemple, l’Agence France Trésor (AFT) s’est financée à un taux moyen pondéré de 4,15% sur la période 1998-2008 puis de 1,63% sur la période 2009-2017, et -0,11% en 2020 malgré la crise sanitaire.
En 2022, le taux moyen pondéré sur les émissions de dette d’État à moyen et long terme ressort sur les trois premiers trimestres de l’année à 1,18 %, à comparer à un taux de -0,05 % en 2021.
Quelle forme prend l’endettement public dans les économies avancées pendant la crise sanitaire ?
Les économies avancées mettent en place des plans de soutien afin d’éviter une chute des revenus des ménages et des entreprises. Ils comprennent trois principaux types d’instruments : les dépenses budgétaires, les reports de prélèvements et les garanties de prêts.
En France, le déficit augmente de 230 à 365 Md€ entre la LFI pour 2020 et la quatrième LFR. Le PIB baisse de 10% en 2020, donc le ratio dette/PIB augmente d’autant plus : jusqu’à 118%.
Avec cette crise, la dette publique des économies avancées franchit un nouveau palier, elle augmente de 20 points (de 105% de PIB à 125% entre 2019 et 2020) selon des données du FMI (de 84% du PIB à 100% en zone euro).
Selon John Maynard Keynes, dans son ouvrage “La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie” (1936), quels facteurs peuvent justifier la nécessité d’une relance budgétaire ?
Insuffisance de la demande agrégée : Keynes soutient que les fluctuations économiques sont principalement dues à des variations de la demande agrégée. En période de récession, la demande des consommateurs et des entreprises peut chuter, conduisant à un ralentissement de l’économie. Dans ce contexte, une relance budgétaire peut aider à stimuler la demande.
Rigidités nominales : Les rigidités nominales, notamment la rigidité des salaires et des prix, peuvent empêcher l’économie de revenir rapidement à l’équilibre après un choc négatif. Cela crée une justification pour l’intervention gouvernementale sous forme de relance budgétaire.
Défaillances de marché : Keynes a identifié deux types de défaillances de marché qui pourraient perturber l’ajustement automatique de l’économie : les contraintes de liquidité (où les acteurs sont limités dans leur capacité à dépenser en raison de contraintes financières) et le paradoxe de l’épargne (où l’épargne accrue de tous les acteurs économiques conduit à une diminution de la consommation et de l’investissement globaux, entravant la croissance économique). Ces défaillances de marché peuvent justifier une relance budgétaire pour stimuler la demande et soutenir l’économie.
Selon les théoriciens de la croissance endogène, quel est l’effet de la politique budgétaire sur la croissance potentielle ?
Selon les théoriciens de la croissance endogène, tels que Barro, Romer et Lucas, la politique budgétaire peut avoir un effet significatif sur la croissance potentielle. Ces économistes mettent l’accent sur le rôle des dépenses publiques dans l’amélioration de la qualité des services publics, des infrastructure, de l’innovation et de l’éducation.
Pourquoi politiques budgétaire et monétaire doivent-elle être coordonnées ?
La coordination des politiques budgétaire et monétaire est cruciale pour éviter une prédominance de l’une sur l’autre, ce qui peut avoir des effets indésirables sur l’économie.
Effets contradictoires des politiques : Si, par exemple, la politique monétaire est expansionniste (baisse des taux d’intérêt pour stimuler l’économie) tandis que la politique budgétaire est contractionniste (augmentation des impôts ou réduction des dépenses pour freiner l’économie), les deux peuvent se neutraliser mutuellement, réduisant ainsi l’efficacité globale de la gestion économique.
Risque de déflation ou d’inflation : Un resserrement simultané des politiques budgétaires sans marge de manœuvre monétaire peut affaiblir la demande, voire provoquer une déflation. D’un autre côté, un financement monétaire excessif du déficit budgétaire peut entraîner une inflation élevée.
Cependant, dans des circonstances exceptionnelles, comme lorsque les taux directeurs sont proches de zéro, le financement monétaire du déficit budgétaire peut être une option puissante qui stimule l’économie sans augmenter les ratios d’endettement, selon Gali (2019).
Qu’est-ce que le modèle de Mundell-Fleming et que permet-il ?
Le modèle de Mundell-Fleming, également connu sous le nom de modèle IS-LM-BP, est une extension du modèle IS-LM à l’économie ouverte, développé par les économistes Robert Mundell et Marcus Fleming dans les années 1962-1963.
Ce modèle intègre la balance des paiements (BP) et permet d’analyser l’interaction entre la politique monétaire, la politique budgétaire et le taux de change dans une économie ouverte.
Selon le degré d’ouverture de l’économie (c’est-à-dire la mobilité des capitaux) et le régime de change (fixe ou flottant), l’efficacité des instruments de politique économique (politiques monétaire et budgétaire) peut varier. En effet, ces outils peuvent avoir un impact sur la balance des paiements du pays, qui à son tour, peut influencer l’économie du pays de diverses manières.
Pourquoi le modèle Mundell-Fleming suggère-t-il que la politique budgétaire est moins efficace dans une économie ouverte avec des taux de change flexibles ?
Selon le modèle Mundell-Fleming, en économie ouverte avec une mobilité parfaite des capitaux et des taux de change flexibles (comme c’est le cas pour l’Union économique et monétaire face au reste du monde), la politique budgétaire pourrait être moins efficace en raison de l’éviction par le taux de change.
Lorsqu’un gouvernement augmente les dépenses publiques, cela stimule l’économie et peut entraîner une hausse du revenu national. Cette hausse du revenu nécessite un rééquilibrage sur le marché monétaire, souvent par une hausse des taux d’intérêt. Cependant, un taux d’intérêt plus élevé attire les capitaux étrangers, ce qui peut provoquer une appréciation de la monnaie. Une monnaie plus forte rend les exportations plus coûteuses et peut réduire les exportations nettes, diminuant ainsi le revenu global de l’économie.
En conséquence, le revenu peut revenir à son niveau initial, ce qui implique une éviction complète des dépenses publiques par l’appréciation de la monnaie (éviction monétaire).
Cependant, cette théorie de l’éviction complète a des limites. Si on suit cette logique à l’inverse, cela signifierait que les chocs négatifs de demande n’auraient aucun impact sur la production, car ils seraient entièrement compensés par une dépréciation du taux de change. Or, en pratique, ce n’est pas toujours le cas.
Dans quel contexte la politique budgétaire peut-elle jouer un rôle contra-cyclique prééminent en zone euro ? Par quel mécanisme ? Pour quels pays est-ce vrai en particulier ? Comment prévenir les effets de contagion négatifs ?
La politique budgétaire peut servir de puissant instrument contra-cyclique au sein de la zone euro, en particulier lorsqu’un choc asymétrique frappe un État membre. Ce phénomène s’explique par le fait que l’effet d’éviction est dilué dans l’ensemble de la zone.
Quand un État membre implémente une politique budgétaire expansionniste, cela génère une externalité de demande positive pour les autres membres de la zone euro. Ce phénomène se produit via le canal de l’interdépendance commerciale, où une augmentation de la demande dans un pays profite aux pays voisins exportateurs, leur permettant ainsi d’augmenter leur production.
Cette observation est particulièrement pertinente pour les pays ayant un excédent budgétaire, et qui respectent les règles européennes. Par exemple, un stimulus budgétaire de 1% du PIB pendant deux ans en Allemagne pourrait entraîner une augmentation de 0,3% du PIB de l’ensemble de la zone euro (Elekdag, 2014).
La prise en compte de la situation globale de la zone euro par chaque membre est essentielle pour prévenir des effets de contagion négatifs, comme ceux observés en 2011-2012. Un stimulus budgétaire est particulièrement efficace dans un contexte de taux d’intérêt proche de zéro (In’t Veld, 2016), et il est d’abord et avant tout bénéfique pour l’État membre qui le met en œuvre (Kollman, 2015).
A quel rôle la relance budgétaire est-elle cantonnée durant la Grande modération ?
Durant l’épisode de Grande modération (1990 – 2008), le stimulus budgétaire a été cantonné à un rôle supplétif dans le cadre du consensus macroéconomique né dans les années 1980. La politique monétaire était le levier contra-cyclique dominant, tandis que le stimulus budgétaire était réservé à des situations d’importantes récessions.
Dans ce cas, le stimulus répondait de trois caractéristiques principales selon le FMI, à savoir:
- son caractère temporaire (et non structurel),
- ciblé (sur les agents aux plus fortes propensions à consommer ou investir)
- et sa capacité à intervenir au bon moment (et non avec un retard).
Pourquoi la politique budgétaire est-elle aujourd’hui perçue comme un complément crucial à la politique monétaire ?
- Limites de la politique monétaire : a démontré ses limites pour stimuler la croissance économique et l’inflation, comme en témoignent les expériences du Japon au cours des deux dernières décennies et de l’Europe ces dernières années. En effet, lorsque les taux d’intérêt sont déjà proches de zéro, l’efficacité des mesures de politique monétaire traditionnelles s’amenuise.
- stimuler la demande globale : La politique budgétaire, à travers la dépense publique et la politique fiscale, peut contribuer à stimuler la demande globale, rapprochant ainsi la croissance effective de son potentiel.
- augmenter la croissance potentielle : Par ailleurs, en ciblant judicieusement l’investissement public, la politique budgétaire peut augmenter le potentiel de croissance lui-même.
- réduire les inégalités : En répartissant de manière plus équitable les ressources et les charges de l’économie. C’est un outil politique puissant pour soutenir la cohésion sociale.
- renforcer la stabilité financière : en mettant fin à une ère de taux d’intérêt extrêmement bas, qui a alimenté la prise de risques excessifs et la formation de bulles d’actifs.
Ainsi, comme l’a souligné Ubide (2019), la politique budgétaire est redevenue un complément essentiel à la politique monétaire pour promouvoir une croissance économique durable et inclusive.
Quels sont les facteurs qui renforcent la pertinence de l’intervention budgétaire ?
Niveau élevé d’hystérèse : Lorsque l’écart de production (output gap) est persistant, l’intervention budgétaire peut aider à stimuler l’activité économique et à ramener l’économie à son niveau potentiel.
Crises financières, bancaires ou immobilières : Dans ces situations, l’intervention budgétaire peut aider à stabiliser le système financier et à prévenir un effondrement plus général de l’économie.
Surendettement privé : Lorsque le secteur privé est fortement endetté, il est susceptible de réduire sa consommation et son investissement, ce qui peut entraîner une contraction de l’économie. L’intervention budgétaire peut compenser cette contraction en augmentant la dépense publique.
inefficacité de la pol monétaire : Dans les situations où les taux d’intérêt sont proches de zéro et où la politique monétaire devient moins efficace, l’intervention budgétaire peut jouer un rôle crucial en fournissant un stimulus direct à l’économie.
Donner un exemple de phénomène d’économie politique qui a pour effet de réduire l’efficacité de la relance budgétaire.
L’Insee constate à ce titre l’existence d’un cycle municipal de la dépense locale, liée aux enjeux électoraux. Les dépenses publiques locales ont ainsi tendance à augmenter en amont des élections, puis à diminuer après le vote.
Cette observation est soutenue par l’école du choix public, qui, avec des économistes tels que Friedrich Hayek (1944) et James Buchanan (1962), suggère les dépenses publiques peuvent être influencée par des motivations politiques et ne conduit pas nécessairement à une allocation optimale des ressources.
L’endettement actuel est-il une contrainte pour les générations futures ?
Les générations futures héritent certes de la dette, mais aussi des actifs et des avantages des investissements financés par cette dette. En 2018, par exemple, le patrimoine net des administrations publiques françaises s’élevait à 15% du PIB, selon l’Insee.
Quel exemple illustre que le niveau élevé d’endettement public n’implique pas nécessairement une insoutenabilité de la dette ?
L’exemple post-crise sanitaire de l’Italie en 2020 est particulièrement éclairant. Suite à la crise, l’économie italienne a connu un ratio dette/PIB de 160%, contre 135% avant la crise. Toutefois, cette dette devrait rester soutenable, principalement grâce aux excédents primaires conséquents de l’Italie. Les excédents primaires permettent de couvrir les intérêts de la dette.
Il convient de souligner qu’il est difficile de déterminer précisément à partir de quel niveau d’endettement une dette devient insoutenable, c’est-à-dire à quel moment le marché de la dette publique cesse de fonctionner efficacement. Cette insoutenabilité peut dépendre de divers facteurs, dont les perspectives de croissance, la capacité de l’État à lever l’impôt, et même, selon Tabellini (1994), le niveau d’inégalité au sein de la société.
Quels sont les risques associés à un niveau de dette élevé ? Existe-t-il un niveau de dette “trop élevé” ?
Un niveau de dette élevé peut compromettre la résilience d’une économie face aux chocs financiers et économiques. En effet, une dette excessive peut réduire la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour répondre à ces chocs.
Une dette élevée se traduit par une augmentation du risque de défaut de l’Etat. Ce risque peut fragiliser les banques, en particulier si elles détiennent une part importante de la dette publique dans leurs bilans.
Cependant, le niveau de dette qui peut être considéré comme “trop élevé” fait l’objet d’un débat parmi les économistes. Contrairement à l’étude de Reinhart et Rogoff (2010), qui suggérait l’existence d’un seuil critique de dette publique, Blanchard (2018) a affirmé qu’il n’existe pas de seuil au-delà duquel la dette devient dangereuse. Selon lui, il n’est pas nécessaire de maintenir un excédent budgétaire primaire pour stabiliser le ratio dette/PIB, toutes choses égales par ailleurs.
Blanchard préconise plutôt de privilégier des investissements publics de qualité et des réductions d’impôts ciblées sur le long terme, ce qui peut stimuler la croissance économique et, par conséquent, contribuer à la soutenabilité de la dette.
Quels sont les bénéfices attendus pour justifier l’endettement public?
L’amélioration du patrimoine net des administrations publiques : Cela peut être réalisé par des investissements dans des infrastructures ou d’autres actifs qui génèrent des rendements à long terme. Par exemple, en 2020, la dette publique brute de la France s’élevait à 116% du PIB, tandis que le patrimoine net des administrations publiques était de 14% du PIB en 2019, selon l’Insee.
L’augmentation du potentiel de croissance économique future: Par exemple, l’investissement dans l’éducation et la santé peut améliorer le capital humain, ce qui, à son tour, peut augmenter la productivité et les revenus futurs.
La stimulation de l’activité économique : en augmentant la demande envers le secteur privé. Cela peut entraîner des effets multiplicateurs qui stimulent l’emploi et la croissance économique. Par exemple, les dépenses publiques en infrastructure peuvent créer des emplois, augmenter la demande pour les entreprises du secteur privé et stimuler la croissance économique.