Texte 9 - F. Ponge - Le parti pris des choses - "Le pain" Flashcards
Francis Ponge
Poète
20ème siècle
Oeuvre
Refus du lyrisme poétique
Comme les “natures mortes”
Poèmes en prose
Joue avec l’épaisseur du langage pour rendre la profondeur des choses
Poème
“le” : comme un dictionnaire
4 paragraphes
Décrit cet objet de tous les jours comme si c’était un monde en train de se créer
Une cosmogonie (récit légendaire qui raconte et explique la création de l’univers)
Lecture
La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, – sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable…
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
Problématique
Comment le poème nous invite-t-il à nous libérer de la vision traditionnelle des choses du quotidien ?
Plan
De l’extérieur à l’intérieur du pain
I - La croûte du pain : l.1-3
II - La pâte en train de cuire : l.4-7
III - La mie : l.8-11
IV - La chute du poème : l.12-13
I - La croûte du pain : l.1-3
Une vision extérieure
Vu dans sa globalité
“d’abord” -> description ordonnée
Autres connecteurs logiques par la suite
Présent de vérité générale + article défini : pain de façon générale
I - La croûte du pain : l.1-3
Un regard émerveillé
“merveilleuse” : ordinaire -> extraordinaire
Métamorphose en une chose prodigieuse
Ressemble à une œuvre d’art
Champ lexical de la géographie : comparé à des montagnes
Microcosme devient un macrocosme
“panoramique” : impression de grandeur
Jeu de mots : “pain” vient de “panis”, même préfixe que “panorama”
Paradoxe : objet banal que l’on a sous la main devient un paysage extraordinaire et imaginaire
Allitération en “p” : renforce la dimension grandiose
“impression” : polysémique -> sensation, art, imprimerie, impressionnisme
Caractère merveilleux de l’objet
II - La pâte en train de cuire : l.4-7
La fabrication du pain
Décrit la pâte, le four, la cuisson et la croûte
“en train de” + participe présent -> fabrication qui prend du temps
four “stellaire” : étoiles
Champ lexical de la lumière
Dimension cosmique
Rappel de la création de la croûte terrestre
Tournure passive : une figure indéterminée serait le créateur du pain
II - La pâte en train de cuire : l.4-7
Un chaos créateur
Allitérations en “s”, en “m” et en “k”
Chaos sonore comme à la création du monde
Genèse
Métaphorique de la création poétique : c’est le poète qui donne frome à l’informe
III - La mie : l.8-11
La description de la mie et de sa décomposition
Métaphore : assimilée à une cave
Champ lexical de la décomposition : impression tragique
Allitération en “s” -> comme si le pain était en train de s’éroder
Aposiopèse
Points de suspension -> dessin de l’effritement (les miettes)
III - La mie : l.8-11
Une double lecture
Mots utilisés pour décrire la mie renvoient au champ lexical de l’écriture
2 alexandrins : rappel de la poésie
“tissu” -> “texte”
“éponge” -> Ponge
“feuille” -> feuille de papier
“fleurs” -> écriture (fleurs de la rhétorique)
“fleurs siamoises soudées” :> les lettres pour former des mots
Pain devient donc une métaphore du poème lui-même
IV - La chute du poème : l.12-13
Une formule ambigüe et amusante : “Brisons là”
Briser la croûte du pain pour le manger ?
Briser le pain comme le geste sacré du prêtre ?
Briser le discours ?
Humour : Ponge nous demande d’arrêter toutes ces interprétations et d’en revenir aux choses simples -> le pain
IV - La chute du poème : l.12-13
La désacralisation du pain
Choix d’un objet essentiel aux humains
Base de l’alimentation
Symbole dans la religion chrétienne
Désacralisation : le consommer et non le considérer avec “respect”
Il faut prendre le “parti pris des choses” et les considérer pour ce qu’elles sont
Conclusion
Transfiguration du pain par la poésie : objet anodin qui devient extraordinaire
Cosmogonie et une métaphore de l’écriture et du poème
“émancipations créatrices” -> poème novateur (forme, sujet, traitement)