Texte 5 - E. Zola - Nana Flashcards
Emile Zola
Naturalisme (chef de file/créateur) : 2ème partie du 19ème
19ème
“l’hérédité à une part importante dans ce qu’on est”
Rougon-Macquart : famille où la folie se transmet
Teinté de scandales : description de la réalité de manière stricte (scientifique) et les mœurs de manière sordide
Nana
Nana : 9/20
Héroïne éponyme
Née dans la misère -> courtisane en vue
Emménage avec Fontan : la bat et lui prend de l’argent
Retombe dans la misère -> prostituée
Crainte d’être arrêté par la police
Texte
Partage des peurs de Nana
Echappe de justesse à une rafle
Proie d’un odieux chantage
Dramatique et pathétique
Solitude et souffrance de Nana
Lecture
Nana écoutait ces choses, prise de frayeurs croissantes. Elle avait toujours tremblé devant la loi, cette puissance inconnue, cette vengeance des hommes qui pouvaient la supprimer, sans que personne au monde la défendît. Saint-Lazare lui apparaissait comme une fosse, un trou noir où l’on enterrait les femmes vivantes, après leur avoir coupé les cheveux. Elle se disait bien qu’il lui aurait suffi de lâcher Fontan pour trouver des protections ; Satin avait beau lui parler de certaines listes de femmes, accompagnées de photographies, que les agents devaient consulter, avec défense de jamais toucher à celles-là : elle n’en gardait pas moins un tremblement, elle se voyait toujours bousculée, traînée, jetée le lendemain à la visite ; et ce fauteuil de la visite l’emplissait d’angoisse et de honte, elle qui avait lancé vingt fois sa chemise par-dessus les moulins.
Justement, vers la fin de septembre, un soir qu’elle se promenait avec Satin sur le boulevard Poissonnière, celle-ci tout d’un coup se mit à galoper. Et, comme elle l’interrogeait :
— Les agents, souffla-t-elle. Hue donc ! hue donc !
Ce fut, au milieu de la cohue, une course folle. Des jupes fuyaient, se déchiraient. Il y eut des coups et des cris. Une femme tomba. La foule regardait avec des rires la brutale agression des agents, qui, rapidement, resserraient leur cercle. Cependant, Nana avait perdu Satin. Les jambes mortes, elle allait sûrement être arrêtée, lorsqu’un homme, l’ayant prise à son bras, l’emmena devant les agents furieux. C’était Prullière, qui venait de la reconnaître. Sans parler, il tourna avec elle dans la rue Rougemont, alors déserte, où elle put souffler, si défaillante, qu’il dut la soutenir. Elle ne le remerciait seulement pas.
— Voyons, dit-il enfin, il faut te remettre… Monte chez moi.
Il logeait à côté, rue Bergère. Mais elle se redressa aussitôt.
— Non, je ne veux pas.
Alors, il devint grossier, reprenant :
— Puisque tout le monde y passe… Hein ? pourquoi ne veux-tu pas ?
— Parce que.
Cela disait tout, dans son idée. Elle aimait trop Fontan pour le trahir avec un ami. Les autres ne comptaient pas, du moment qu’il n’y avait pas de plaisir et que c’était par nécessité. Devant cet entêtement stupide, Prullière commit une lâcheté de joli homme vexé dans son amour-propre.
— Eh bien ! à ton aise, déclara-t-il. Seulement, je ne vais pas de ton côté, ma chère… Tire-toi d’affaire toute seule.
Et il l’abandonna. Son épouvante la reprit, elle fit un détour énorme pour rentrer à Montmartre, filant raide le long des boutiques, pâlissant dès qu’un homme s’approchait d’elle.
Problématique
Comment ce passage d’un réalisme cruel permet-il de montrer et dénoncer la vulnérabilité des femmes prostituées au 19ème siècle ?
Plan
I-Les peurs de Nana : reflet d’une réalité sociale - l.1-9
II-Une scène dramatique révélatrice de la solitude de Nana - l.10-32
I-Les peurs de Nana : reflet d’une réalité sociale - l.1-9
Un paragraphe en focalisation interne
Pensées intimes : focalisation interne
“écoutait”, “se disait”, “se voyait”
Crainte de son arrestation : champ lexical de la peur
Imparfait à valeur itérative : Nana recasse ses pensées angoissantes (Satin lui a répété ces histoires)
Le lecteur entre en empathie : embrasse son point de vue
I-Les peurs de Nana : reflet d’une réalité sociale - l.1-9
L’angoisse de Nana
Peur panique de la police : périphrases effrayantes -> abstraites et déictiques
-> Se sent désarmée et seule : “ces hommes”, pluriel et menaçant
Partage du cauchemar de Nana
“comme” (outil comparatif) : peur qui déforme et amplifie ses craintes
Champ lexical de la disparition : angoisse de mort
Concessions -> toute issue lui semble impossible
Groupement ternaire avec une gradation : violence physique et morale que Nana ne pense pas échapper
“ce fauteuil de la visite” (déictique) -> effraye Nana : viol de l’intimité qu’elle ne pourrait supporter
Paradoxe et empathie : personnage complexe qui mêle pudeur et indécence
I-Les peurs de Nana : reflet d’une réalité sociale - l.1-9
Une réalité sociale
Espace réaliste : toponymes
Documentation sur le monde des prostituées -> vocabulaire spécialisé
Volonté de restituer une part de ma réalité sociale
Discours indirect libre : langue de Nana et des quartiers populaires
II-Une scène dramatique révélatrice de la solitude de Nana - l.10-32
La rafle policière (l.10-15)
Scène dramatique mise en valeur par sa rapidité
“tout à coup” (locution adverbiale) : effet de surprise
Imparfait -> Passé simple : action de premier plan
Intervention de Satin : discours direct elliptique -> imminence du danger de manière réaliste (vocabulaire populaire)
Description : point de vue externe -> objectivité
Asyndète : effet de cohue
Métonymie : violence de la rafle
Phrase minimale : solitude de l’héroïne abandonnée
l.13-14 : regard ironique et sans compassion de la foule
Prostituées : marginales et stigmatisées
Situation qui semble tragique car sans issue
II-Une scène dramatique révélatrice de la solitude de Nana - l.10-32
Le sauvetage (l.15-19)
Subordonnée circonstancielle de temps : une rupture / un rebondissement
Sauveteur qui apparait héroïque : sauvetage in extremis
Semble ramener Nana à la vie
Rebondissement romanesque : semble conclure la pièce
Transformation en piège
II-Une scène dramatique révélatrice de la solitude de Nana - l.10-32
Le retournement de situation (l.19-32)
Dialogue au discours direct : effet de réalisme
Prullière tombe le masque : être grossier et opportuniste
Fausse compassion + proposition douteuse + propos indécents et méprisants
Refus radical -> posture + mots
Formule elliptique : langage populaire mais dignité et insoumission
l.26-27 : focalisation interne : montre le refus -> exigence de loyauté amoureuse mais paradoxale
Moralité relative : Nana -> riche, contradictoire et complexe
Héroïne touchant / Prullière méprisable (souligné par le narrateur)
Violence des hommes -> persécution de Nana (des prostituées)
Dernière réplique : cinglante et ironique et la renvoie à la détresse
Nana est tragiquement seule -> femme traquée dont le cauchemar ne s’arrête pas
Proposition : Précarité, à la merci des violences masculines
Conclusion
Alternation des points de vue
Multiplication des rebondissements
Scène avec une dimension romanesque
Emotion qui domine : femme attachante et complexe, livrée à la violence masculine et de la société
Double intention de Zola :
1. Montrer - sans idéaliser - les prostituées au 19eme
2. Dénoncer la violence sur elles (et sur tous les marginaux et les laissés) par la société