Question 9 : la géo d'inspiration marxiste Flashcards
Contexte
On se situe à la fin des années 60, le contexte favorise l’émergence de nouveaux courants en géographie:
¬ Volonté de changer le système.
¬ Guerre du Vietnam.
¬ Décolonisation.
¬ Contestations sociales (Pacifiques, contre le système, écologiste, féministe) qui ont un impact sur les sciences sociales.
¬ Le prestige de la science est en baisse. Catastrophes naturelles. Rapport du club de Rome (groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 52 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.):
♣ Il y a des limites à l’exploitation des ressources naturelles.
♣ Il y a des limites à la croissance économique.
Une inspiration de Marx
C’est avec un siècle de retard que les géographes vont lire les travaux de Marx. Ce dernier fait une critique complexe du capitalisme. Les géographes reprendront les principes suivants:
¬ La société est composée de:
♣ L’infrastructure: base économique, force de production (force de travail, machines, usines, etc..) et organisation des relations de production (propriété collective ou propriété privée). Historiquement : Esclavage – Féodalisme (corvées) – Capitalisme (salariat) – Communisme (propriété collective)
♣ Superstructure: « le reste » (système politique, culture, système religieux, etc.)
♣ Société = Superstructure + Infrastructure (structuralisme).
¬ L’organisation économique de la société (d’où le terme « matérialisme ») conditionne le développement d’ensemble de la vie sociale, politique et culturelle et définit un certain « Mode de production » (tribal, féodal, asiatique, capitaliste, …)
¬ La superstructure est conditionnée par l’infrastructure et est à son service pour permettre son maintien. (La police évite que la partie exploitée de la société ne se révolte contre le système).
¬ L’une des caractéristiques principales de la société capitaliste est l’exploitation par les capitalistes qui possèdent les moyens de production des travailleurs qui ne possèdent que leur force de travail.
¬ L’enjeu du conflit est le surplus (Production = subsistance + surplus). Ce dernier est accaparé par le capitaliste.
¬ Les travailleurs se font nécessairement exploiter car ils sont trop nombreux.
¬ Le surplus du travail permet au capitaliste d’accroître encore son investissement et donc la productivité du travailleur (cercle vicieux).
¬ La fin du processus ? = crise générale de surproduction, chute tendancielle du taux de profit, révolution inévitable !!!
¬ Mais Marx n’avait pas prévu:
♣ La hausse des salaires.
♣ Accélération du consumérisme.
♣ Crédit à la consommation.
♣ Progrès technique.
Le marxisme en géo
Dans les années 60, une série de géographes adoptent une vision marxiste. L’hypothèse de base est que l’espace est le reflet des modes de production. Cette géographie d’inspiration marxiste prend en compte la problématique environnementale.
Les courants de recherche sont multiples:
- (Auto-) critique
- rôle de l’espace dans le capitalisme
- rapports de pouvoirs entre les pays et le développement inégal
- dimension spatiale des rapports de domination et des inégalités
- les minorités et les sous-groupes défavorisés de la société
(Auto-) critique
(Selon Staszac : « (les géographes critiques)… soulignent la responsabilité du chercheur. Être « scientifique », objectif, ne pas prendre position, ne pas juger…, c’est en fait abonder dans le sens du plus puissant. La géographie néopositiviste ne conteste pas la société en place, elle prétend la décrire en en des termes « neutres ». Elle joue ainsi le jeu du plus fort, et fournit même des méthodes et des informations qui permettent aux plus puissants d’exercer ou d’augmenter leur pouvoir. Grâce aux travaux des géographes, grâce aussi à leurs silences, les gouvernements, les grandes firmes exploitent et contrôlent. Les géographes se font les alliés des bourgeois et des colons. »)
Le rôle de l’espace dans le capitalisme (Peet)
L’espace est le reflet de la hiérarchie dans le travail. Donc les inégalités spatiales reflètent des inégalités sociales. De plus, il y a des espaces qui reproduisent les inégalités comme les banlieues qui ne permettent pas d’évolution sociale. L’espace n’est donc par neutre. Spatial Mismatch (marginalisation spatiale).
Les rapports de pouvoirs entre les pays et le développement inégal
On passe de l’échelle des individus à celle des états. Il y a des états dominants et des états dominés. Il y a des pays qui fournissent du travail (délocalisation dans des pays ou les salaires sont bas).
La dimension spatiale des rapports de domination et des inégalités
Yves Lacoste, représentant de la géo marxiste, va produire des études sur des thèmes peu utilisés par les géographes. Comme par exemple les conséquences des bombardements durant la guerre du Vietnam. Il dénonce une action militaire qui a des impacts sur une population. Bill Bunge cartographie les incidents de la route impliquant des jeunes noirs à Détroit.
Les limites de la géo marxiste
- géographie idéologique
- Oubli de l’individu
- Vision simpliste de l’espace
- Proximité paradoxale avec l’analyse spatiale
Géographie idéologique
- postule une certaine idéologie du monde avant l’analyse. L’idéologie est un présupposé qui n’est pas neutre.
- On part d’une idée préconçue incompatible avec une démarche scientifique.
- C’est une conception du monde qui détermine la façon dont on l’appréhende.
- Par définition il y a deux classes:
communistes ou capitalistes. - Idée que l’économie gouverne.
- Idéologie = vision théologique, présence d’une force supérieure qui organise le monde par exemple.
- Caractère historiciste, on tire de grandes lois générales sur l’analyse de longues périodes.
Oubli de l’individu
Pas de place pour la créativité, la subjectivité, l’action des individus. Pas de marge d’action pour eux. Il y a qqch d’extérieur aux individus qui explique leurs comportements.
Vision simpliste de l’espace
L’espace n’est qu’un réceptacle, il ne fait que subir les modes de productions. On analyse comment les modes de productions influences l’espace. (empreinte des modes de production dans l’espace).
Proximité paradoxale avec l’analyse spatiale
Subissent des critiques communes.