Populations particulières Flashcards

1
Q

La société accepte-t-elle le fait qu’il existe des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?

A

Comme pour le phénomène des adolescents agresseurs, la société a longtemps nié la possibilité que des enfants puissent avoir des comportements sexuellement agressifs et la Cour, encore aujourd’hui, recommande rarement le traitement ou n’offre aucune assistance aux enfants ayant posé des gestes inadéquats.

Avant 1985, l’identification et le signalement des enfants sexuellement agressifs étaient à peu près inexistants. Pourtant, la réalité des enfants sexuellement agressifs n’est pas nouvelle. Dès la fin des années 80, la problématique des enfants de moins de 12 ans qui exploitent sexuellement d’autres enfants a suscité beaucoup d’intérêt. Toutefois, bien peu d’écrits ont été consacrés à cette problématique. Les gestes sexuellement agressifs posés par les enfants sont un phénomène méconnu, dont l’ampleur semble sous-estimée. Jusqu’à présent, très peu de cliniciens et de chercheurs se sont penchés sur cette réalité alors que de nombreux jeunes présentent des comportements sexuels problématiques tôt dans leur développement.

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2
Q

Pourquoi les gens minimisent-ils les comportements sexuels agressifs des enfants?

A

Dans une société où plusieurs cherchent à nier toute forme de sexualité chez les enfants et qui tente de réprimer les comportements sexuels à l’adolescence, il n’est pas surprenant que les professionnels minimisent les délits de nature sexuelle commis par les enfants. Pour plusieurs d’entre eux, il est très difficile de croire qu’un enfant puisse avoir les habiletés cognitives ou des traits de personnalité lui permettant d’exercer un pouvoir sur les autres. L’agression sexuelle commise par un enfant devient par le fait même un concept difficile à accepter. Toutefois, les histoires d’adolescents et d’adultes, dont les comportements déviants se sont développés au fil des ans et les récentes recherches sur les enfants ont confirmé que les délits sexuels peuvent commencer très tôt dans l’enfance.

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3
Q

Que disent Pithers et Gray au sujet des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?

A

Sachant que la majorité des agresseurs sexuels adultes ont commis leur premier comportement sexuel inapproprié avant l’âge de 18 ans et à un âge aussi jeune que 5 ans pour plusieurs d’entre eux, il est impératif de procéder à une intervention auprès de ces jeunes enfants le plus précocement possible.

En effet, Pithers et Gray (1998) rapportent que 40 % de leur échantillon de 127 jeunes présentant des problèmes de comportements sexuels ont été agressés par une personne de 18 ans et moins et presque la moitié des agresseurs sont âgés de moins de 10 ans.

Ces enfants auteurs d’agression sexuelle, qui ne sont pas encore adolescents, sont trop jeunes pour être traduits en justice, trop à risque pour les foyers d’accueil hébergeant d’autres enfants et ils sont trop inquiétants pour être ignorés.

Identifier les enfants ayant des comportements sexuels problématiques apparaît comme un phénomène de première importance pour lequel des efforts systématiques d’intervention et de prévention s’avèrent essentiels.

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4
Q

Que souligne l’étude de Hunter et coll (1995) au sujet des enfants agresseurs sexuels?

A

Hunter et coll. (1995) soutiennent qu’une agression sexuelle juvénile ne peut être définie seulement à partir du comportement manifeste.

Il est d’abord important de déterminer s’il y a un rapport de force ou de pouvoir lors de l’activité ou dans la relation en général. S’il n’y a pas apparence de l’utilisation de la force ou du pouvoir, il importe d’évaluer si les jeunes personnes étaient consentantes. Finalement, il est également important d’évaluer si l’activité peut être considérée comme une activité normale en lien avec l’âge des enfants impliqués.

Hunter et coll. (1995) insistent sur le fait que s’il y a utilisation de la coercition, de la force ou apparence d’un rapport de force, si une activité est une reproduction de comportements sexuels adultes ou si un ou plusieurs des enfants ressentent de la peur, alors la situation peut être considérée comme abusive. Ainsi, un comportement sexuel agressif ne se limite pas seulement à des contacts physiques entre les deux parties.

Le langage à caractère sexuel, le voyeurisme, l’exhibitionnisme sont des comportements qui peuvent aussi, dans certains cas, être considérés comme agressifs. Certains professionnels ont suggéré que la différence d’âge entre les enfants qui ont des contacts sexuels peut également être utilisée pour évaluer si le comportement est agressif. Le type d’activités peut aussi servir à déterminer si la situation est normale ou abusive. Ce dernier aspect renvoie au développement psychosexuel de l’enfant.

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5
Q

Que mentionnent Ray et coll (1995) au sujet de notre difficulté à réagir face à des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?

A

Ray et coll. (1995) soutiennent que la littérature, à travers son besoin de trouver une terminologie adéquate pour décrire ces enfants, reflète bien la difficulté des professionnels à composer avec le phénomène. On utilise tour à tour les termes « jeunes agresseurs sexuels », « enfants ayant une réaction précoce à la sexualité » ou « enfants ayant des problèmes de comportements sexuels » afin de décrire les enfants aux prises avec de telles difficultés. Dans le cadre du présent cours, nous utiliserons le terme « enfants sexuellement agressifs » (ESA), dans la mesure où c’est celui qui semble graduellement s’imposer dans la littérature spécialisée.

On entend généralement par « enfants sexuellement agressifs »,

tout enfant adoptant des comportements de l’ordre des touchers sexuels, de l’intimidation, de la pénétration ou des comportements inquiétants comme le voyeurisme, l’exhibitionnisme ou l’utilisation d’un langage sexuel inapproprié en regard au niveau de développement

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6
Q

Est-il fréquent que les agresseurs sexuels commencent leur carrière durant l’enfance?

A

Plusieurs travaux ont démontré que ce type de comportements pouvait apparaître très tôt dans le développement. Par exemple, une recherche effectuée en 1986 par l’Oregon report on Juvenile Sex offender indique qu’environ 12 % des délinquants sexuels juvéniles étaient âgées de 11 et 12 ans.

D’autres États ont rapporté qu’entre 10 % et 14 % des jeunes agresseurs sont âgés de 11 et 12 ans. Même si la majorité des délinquants sexuels juvéniles identifiés ou appréhendés sont des adolescents, il est probable que plusieurs d’entre eux ont commencé à s’engager dans des comportements sexuellement agressifs avant le dévoilement des agressions.

Ainsi, parmi les adultes condamnés pour des crimes sexuels, 50 % ont eu des comportements déviants avant l’âge de 18 ans (Hunter et coll. 1995) et 30 % affirment avoir posé leurs premiers gestes agressifs avant l’âge de 9 ans. Dans le même ordre d’idées, le département de la santé et des services sociaux de l’état de Washington a répertorié que 33 % des 691 cas de mineurs ayant posé des gestes sexuels agressifs étaient âgés de moins de 12 ans, confirmant ainsi les observations de Hunter et coll.

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7
Q

Burton et coll. ont fait des études sur les statistiques des enfants agresseurs sexuels. Quelles sont des statistiques intéressantes qui sont ressorties?

A

Une recherche menée en 1997 par Burton, Nesmith et Badten auprès d’un échantillon de 287 enfants âgés de 12 ans ou moins ayant eu des comportements sexuels agressifs, révèle que :

  1. 70 % d’entre eux avaient au moins un des adultes responsables qui présentait un problème de dépendance (drogue, alcool, médication).
  2. 48 % des enfants avaient au moins un de leurs parents qui avait été agressé sexuellement.
  3. 72 % de ces enfants avaient été eux-mêmes agressés sexuellement.
  4. Dans 60 % de ces cas, l’agresseur avait la charge de l’enfant.

Ces auteurs rapportent également que les enfants agressés posent leurs premiers gestes plus tôt que ceux n’ayant pas été agressés. De plus, les enfants de moins de 6 ans perçoivent généralement leurs comportements sexuels agressifs comme étant plus normaux que les enfants plus âgés.

Dans un échantillon composé de 47 garçons et 13 filles, Johnson (1988, 1989); Burton et coll. (1997) identifient que, dans l’ensemble, les gestes posés sont similaires, mais dans des proportions différentes :

  • la pénétration vaginale avec le pénis (8 % des garçons) ou le doigt (3 % des garçons contre 6 % des filles) ou un objet (0 % contre 6 %),
  • la pénétration anale avec le pénis (12 % des garçons) ou le doigt (4 % contre 8 %) ou un objet (2 % des garçons),
  • les comportements bucco-génitaux (10 % contre 12 %),
  • les attouchements (3 % contre 13 %),
  • les attouchements génitaux (2 % contre 19 %),
  • l’exhibitionnisme (2 % des garçons),
  • les simulations de rapports sexuels (3 % contre 11 %).

Les filles posent généralement leurs premiers gestes plus tôt ; soit en moyenne 6 ans et 7 mois, alors que les garçons posent en moyenne leurs premiers gestes à 8 ans et 9 mois. De plus, 100 % de l’échantillon des filles avaient été agressés comparativement à 49 % des garçons.

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8
Q

Quelles sont les principales similitudes et différences entre les enfants agresseurs sexuels et les adolescents agresseurs sexuels?

A

Les enfants sexuellement agressifs présentent un profil quasi identique à celui des adolescents agresseurs sexuels. C’est ainsi qu’ils utilisent le pouvoir, qu’ils ont des intérêts sexuels qui incluent les comportements sexuels agressifs, qu’ils présentent des distorsions cognitives et des déficits quant aux habiletés relationnelles, qu’ils projettent le blâme à l’extérieur, etc.

Donc, mis à part l’âge, les quelques différences entre les enfants sexuellement agressifs et les adolescents agresseurs s’observent au niveau développemental ainsi qu’au niveau du degré de raffinement ou d’habituation.

Dans deux études menées par Freidrich et Luecke (1988); Burton et coll. (1997), 81 % des enfants de leur échantillon avaient été agressés et ils présentaient tous, un trouble de comportement et un trouble d’opposition.

Ces auteurs ajoutent que le besoin de pouvoir et de contrôle est la principale motivation dans la majorité des agressions chez les adultes et ils émettent l’hypothèse que les enfants peuvent avoir des besoins similaires.

Kikuchi (1995) et Hunter (1995) avancent que, de façon générale, les agressions commises par des enfants et des adolescents sont minimisées, rationalisés, ignorés et déniés par la société. Les auteurs émettent l’hypothèse que cette attitude provienne, en bonne partie, de la pensée que certaines activités sexuelles entre enfants sont normales et qu’il n’est pas facile de faire la différence entre ce qu’est un comportement sexuel normal ou anormal entre enfants et adolescents.

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9
Q

Les tx des comportements sexuels agressifs d’enfants ressemblent-ils à ceux des adolescents?

A

Les traitements offerts aux jeunes enfants agressifs sexuellement, bien qu’ils soient souvent jugés imprécis ou qu’ils manquent d’uniformité, sont également inspirés des mêmes modalités thérapeutiques que celles développées auprès des adolescents. Toutefois, ce choix de transposer les grands « thèmes thérapeutiques » utilisés avec les clientèles adultes et adolescentes est discutable.

Il est en effet possible d’adapter le contenu et le matériel en fonction du niveau de développement de l’enfant. Par contre, dans d’autres cas, le contenu et par conséquent la notion en elle-même peuvent s’en trouver « dénaturés ». En guise d’exemple, la notion d’empathie réfère à la capacité de s’imaginer ce qu’un tiers peut éprouver dans telle ou telle situation. Une telle capacité renvoie à des aptitudes cognitives et affectives généralement acquises, dans un développement normal, à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence.

Ainsi, la référence à l’acquisition d’une telle notion par des enfants paraît utopique. Les écrits de Kolberg (1958) sont d’ailleurs clairs à ce sujet. Il ne suffit donc pas d’aborder une notion complexe au moyen d’outils ou de matériels didactiques plus imagés.

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10
Q

Quelle est une des principale différence du tx des comportements sexuels agressifs chez les enfants de celui chez les adolescents?

A

En fait, l’une des seules différences entre le traitement offert aux adolescents et celui destiné aux enfants concerne l’importance accordée à la victimisation de ces enfants. La présence de tels comportements chez des enfants prépubères est en effet souvent associée à un passé d’agression sexuelle ou physique.

Les programmes de traitement sont donc souvent élaborés en tenant compte de leur propre victimisation. Ainsi, selon Cantell (1988) ; Johnson et Berry (1989) ; Ray et coll. (1995) la tendance a donc été de traiter les jeunes sexuellement agressifs comme des victimes. Plus récemment, l’orientation est de mettre plutôt l’emphase sur la responsabilisation, le contrôle des comportements et la restructuration des cognitions sans égard à l’âge de l’enfant.

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11
Q

Comment sont organisés les tx pour les enfants agresseurs sexuels?

A

Si ces programmes, dans l’énoncé des facteurs étiologiques qui sous-tendent leur approche, font grandement état de l’importance de la victimisation, les modalités thérapeutiques mises en place n’y accordent souvent que peu d’importance. De la même façon, on fait souvent état de l’utilisation d’une approche éclectique (Ray et Lane, 1991 ; Ray et coll. 1995) faisant appel à plusieurs modèles théoriques (psychodynamique, cognitive comportementale, systémique et développementale), mais les modalités d’intervention retenues sont le plus souvent inspirées des approches cognitives et comportementales.

Ainsi, les composantes habituelles de ces programmes de traitement tendent à inclure des objectifs tels que l’acceptation de son comportement, développer de l’empathie pour la victime, comprendre le cycle des comportements agressifs, travailler sa propre victimisation, développer l’estime de soi, améliorer la gestion de la colère et des émotions, travailler avec les membres de la famille, apprendre le fonctionnement sexuel approprié selon l’âge et le développement des habiletés sociales. Finalement, ces programmes incluent généralement une évaluation exhaustive, la thérapie individuelle, la thérapie de groupe et un support pour la famille.

Ainsi, l’élaboration d’un programme d’intervention auprès des ESA implique de s’éloigner des modèles offerts aux adultes et aux adolescents afin de réellement tenir compte du niveau de développement de l’enfant. Une double préoccupation doit sous-tendre la mise sur pied d’un programme pour ESA. En effet, un tel programme doit à la fois être animé par la volonté que de tels comportements cessent chez l’enfant, mais également par le souci de favoriser chez cet enfant la poursuite ou la reprise du développement affectif et sexuel. L’atteinte de ce deuxième objectif passe bien entendu par un souci que l’intervention faite auprès de l’enfant n’a pas pour effet de le stigmatiser.

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12
Q

Quelles sont des considérations à prendre pour qu’un enfant sexuellement agressif cesse ses comportements, mais puisse ultérieurement reprendre un développement affectif et sexuel normal?

A
  1. Privilégier une approche systémique en intervenant auprès de la famille.
    • Cette intervention devrait dépasser un objectif « éducationnel » souvent rencontré dans les programmes actuels. En effet, la littérature fait abondamment état de l’aspect multi problématique des familles dont l’un des enfants adopte des conduites sexuelles agressives, renvoyant du même coup à l’importance d’une approche résolument thérapeutique
  2. Modalités thérapeutiques adaptées en fonction de la nature de la problématique et des besoins de l’enfant.
    • ​​Ainsi, bien que l’approche de groupe soit largement privilégiée dans les programmes actuels, il apparaît qu’une approche individuelle combinée ou non avec une approche en groupe, permet davantage de tenir compte de la spécificité de la problématique de l’enfant (nature des gestes posés, récurrence, histoire familiale, victimisation, etc.). L’approche individuelle peut permettre de surcroît de diminuer les risques de stigmatisation et le groupe thérapie peut contribuer à réduire l’aspect du « secret » et fournir un lieu aux participants pour explorer leurs problèmes avec un groupe de pairs et partager des sentiments et des expériences similaires.
  3. Développer une approche faisant davantage appel à la fonction symbolique qu’aux aspects intellectuels ou rationnels.
    • Et ce tant en regard aux « outils » qu’aux « cibles » thérapeutiques privilégiées.
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13
Q

Le modèle de Berliner & Rawling (1991) inclut un comportement sexuel normal et trois niveaux de comportement sexuel anormal. Quelles sont les caractéristiques du comportement sexuel normal?

A

Dès la naissance, la capacité de répondre sexuellement est présente. L’éveil à la sexualité devient plus manifeste avec l’apparition de l’intérêt aux fonctions d’élimination et évolue avec l’intérêt pour les parties sexuelles incluant la masturbation à l’âge préscolaire. Par la suite, l’enfant manifeste de la curiosité pour le corps des autres enfants dans les jeux de « docteur » ou pour des mots à caractère sexuel.

Les enfants impliqués dans des jeux sexuels normaux ont sensiblement le même âge et la même taille, et ils y participent volontairement. Ces jeux ne laissent pas l’enfant avec un sentiment profond de colère, de honte, d’injustice ou d’anxiété. Cependant, il peut y avoir de l’embarras ou le sentiment d’être ridicule. Ces jeux peuvent inclure des baisers, des étreintes, des coups d’oeil furtifs, des touchers et des expositions des organes génitaux. Ces comportements tendent à diminuer et cessent si l’enfant se fait prendre par l’adulte et qu’on lui demande d’arrêter. L’enfant manifeste donc une variété de comportements sexuels à une fréquence assez élevée, ceci faisant partie du développement normal.

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14
Q

Parmis les comportements sexuels anormaux de Berliner et Rawling, on voit le comportement sexuel inapproprié, le comportement sexuel précoce et le comportement sexuel coercitif. Quelles sont les caractéristiques du comportement sexuel inapproprié?

A

Les comportements inappropriés peuvent inclure :

  • une masturbation constante en public;
  • toucher les autres ou demander aux autres de toucher leur poitrine ou leurs organes génitaux;
  • manifester un intérêt excessif pour les objets sexuels ou pour les comportements sexuels des autres;
  • sexualiser des situations qui n’ont pas de caractère sexuel;
  • imiter des comportements d’adultes ayant une relation sexuelle;
  • contenu sexuel dans les jeux, dans l’art ou la conversation;
  • montrer ses organes génitaux en public.

Ces enfants ne démontrent pas d’agressivité concernant la sexualité et ne forcent pas les autres enfants à participer à ces comportements sexuels. S’ils s’engagent dans des comportements sexuels avec d’autres enfants, ceux-ci seront généralement à peu près du même âge. Si un enfant présente ce genre de comportement à la maison ou à l’école, ces comportements ne sont pas aussi sérieux que les deux catégories suivantes.

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15
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels précoces de Berliner et Rawling?

A

Certains enfants s’engagent dans des comportements sexuels plus importants avec les autres enfants, tels que la sodomie, la fellation, la pénétration vaginale et anale. Ces comportements sont explicites et intentionnels et peuvent être malsains pour les enfants impliqués. L’agresseur n’utilise habituellement pas la force ou la coercition et les enfants impliqués ont sensiblement le même âge.

Des frères et soeurs peuvent s’engager dans ce genre de comportement sexuel mutuel dans le but de survivre à des agressions sexuelles importantes ou à une famille très dysfonctionnelle. La manifestation de ces comportements indique des besoins importants au plan émotionnel ainsi qu’un manque au niveau des techniques d’adaptation. Les comportements sexuels mutuels entre enfants du même âge sont différents des agressions sexuelles entre frères et soeurs. Ces comportements mutuels sont également fréquents chez les enfants qui vivent en pensionnat, en famille d’accueil ou en centre d’accueil. Les enfants ayant une histoire d’agression sexuelle se retrouvent ou se reconnaissent d’une certaine façon et peuvent commencer des jeux sexuels à l’école.

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16
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels coercitifs de Berliner et Rawling?

A

Ce dernier niveau est de loin le plus sérieux et fait essentiellement l’objet de ce texte. Il implique des comportements sexuels avec les autres au cours desquels la force ou la menace sont utilisées ou encore lorsqu’il y a une différence importante d’âges ou de niveau de développement (taille et poids). Il y a deux formes de comportement sexuel coercitif : le contact sexuel agressif et le contact sexuel socialement coercitif.

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17
Q

Quelles sont les caractéristiques du contact sexuel agressif de Berliner et Rawling?

A

Le contact sexuel agressif peut inclure la force physique : frapper, étrangler, maîtriser, dominer ou utiliser la menace avec une arme. Ce genre d’agression peut être utilisé pour obtenir la soumission ou prévenir la dénonciation. Des blessures physiques peuvent être infligées au cours des contacts sexuels si la personne offre de la résistance.

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18
Q

Quelles sont les caractéristiques du contact sexuel socialement coercitif de Berliner et Rawling?

A

Le contact sexuel socialement coercitif n’inclut pas la force, cependant le consentement est loin d’être mutuel. Dans ce genre de situation, il peut y avoir des menaces directes ou implicites pour faire du tort à l’enfant ou à une autre personne significative. Les menaces peuvent être utilisées afin d’amener l’enfant à se conformer ou pour prévenir la dénonciation. À ce niveau du continuum, ces comportements sont très pathologiques et peuvent être associés à d’autres formes de comportements antisociaux. Ces comportements requièrent une évaluation et une intervention immédiates. Ils doivent toujours être considérés comme sérieux et inacceptables.

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19
Q

Quels peuvent être des facteurs précurseurs possibles ou du moins reliés au développement de comportements sexuels agressifs?

A
  • Traumatismes antérieurs ;
  • Difficultés dans les relations et dans les habiletés sociales ;
  • Problème d’estime de soi ;
  • Impulsivité et provocation ;
  • Manque de structure et de supervision au niveau de la famille.
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20
Q

Quel est le lien entre les traumatismes antérieurs et le développement de comportements sexuels agressifs?

A

De 49 à 100 % des enfants qui molestent d’autres enfants ont eux-mêmes vécu une histoire d’agression sexuelle ; les comportements sexuels agressifs de ces enfants sont souvent la reproduction de leur propre agression sexuelle.

Pourquoi ces enfants agressés agressent-ils à leur tour ? Certains l’expliquent par le fait qu’il s’agit de compulsions afin de reproduire le trauma ; un besoin inconscient de répéter le comportement jusqu’à ce que l’enfant ait le sentiment de contrôle ou de maîtrise.

D’autres décrivent ce comportement de victimisation comme le résultat d’un comportement de victime appris. L’enfant victime d’agression sexuelle est devenu érotisé ; à travers la victimisation, certains enfants ont découvert un plaisir sexuel. Ces enfants ont souvent vécu de multiples stresseurs, ainsi que différentes formes d’agression et de négligence. Le contact sexuel peut être une forme de gratification recherchée dans un environnement hostile. Il y a donc peu de motivation à diminuer le comportement. La victime agressée par une personne proche telle un parent, ou par de multiples personnes, et la victime ayant vécu l’agression de façon répétée sur une longue période, sans support, est plus susceptible de développer des problèmes de comportements sexuels que les autres victimes.

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21
Q

Parmi les enfants ayant été abusés sexuellement et ayant des comportements sexuels agressifs à leur tour, y a-t-il une différence entre les deux sexes?

A

Le sexe de la victime doit être pris en considération. Les filles sont de deux à quatre fois plus souvent victimes d’agression sexuelle que les garçons ; 90 % des agresseurs sont de sexe masculin et seulement 15 à 20 % des enfants qui molestent sont des filles.

Ce ne sont pas tous les agresseurs qui ont une histoire de victime d’agression sexuelle, cependant ils peuvent avoir été agressés d’autres façons. Avant de développer un comportement d’agresseur, un jeune enfant doit avoir été en contact avec des comportements sexuels ; ceci peut impliquer une exposition à de la pornographie ou être témoin d’activités sexuelles. Cette stimulation sexuelle précoce qui s’ajoute à une colère associée à des sévices physiques ou émotionnels ou à tout autre événement traumatisant peut mener à un délit sexuel.

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22
Q

Quel est le lien entre les habiletés sociales et relations sociales et le développement de comportements sexuels agressifs?

A

Une autre caractéristique des enfants ayant des problèmes de comportements sexuels est le déficit des habiletés sociales. Ces enfants ont très peu d’amis, ou même pas du tout, puisqu’ils sont isolés, ils préfèrent la compagnie de jeunes enfants, ce qui favorise la possibilité de relations sexuelles agressives. Les enfants ayant de bonnes habiletés sociales sont moins portés à commettre des délits sexuels, car ils ont habituellement un entourage social plus étendu dont ils peuvent obtenir du support. Ceux n’ayant pas ce genre d’appui peuvent être portés à s’engager dans des comportements sexuels agressifs pour alléger ou soulager les sentiments inconfortables.

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23
Q

Quel est le lien entre l’impulsivité et la provocation et le développement de comportements sexuels agressifs?

A

Les enfants ayant des comportements sexuels agressifs ont souvent un ou plusieurs diagnostics associés, dont celui du trouble de conduite et d’opposition et celui du trouble de l’attention avec hyperactivité. Toutefois, les problèmes de comportements sexuels ne sont pas typiquement liés aux troubles de la conduite, et même si ces facteurs cohabitent, le diagnostic reste distinct.

En plus des comportements sexuels impulsifs, les enfants qui molestent présentent d’autres comportements provocateurs et impulsifs tels : délit de fuite, consommation d’alcool ou de drogue, vol, mettre le feu et autre comportement délictuel. Ces enfants ont souvent des problèmes de comportements délictuels à la maison et à l’école.

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24
Q

Quel est le lien entre la perception de soi et le développement de comportements sexuels agressifs?

A

Les enfants qui molestent sont décrits comme ayant une image négative d’eux-mêmes. Plusieurs développent une faible estime de soi à la suite de leur victimisation. Le problème d’impulsivité et de manque de contrôle les laisse avec un sentiment encore plus grand de faiblesse. En raison de leurs problèmes de comportements fréquents, l’entourage répond souvent négativement, ce qui renforce leur perception négative.

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25
Q

Quel est le lien entre la structure familiale et le développement de comportements sexuels agressifs?

A

Les familles des enfants qui molestent sont décrites comme étant dysfonctionnelles, comme ayant un niveau de supervision et de discipline inadéquat. L’environnement familial est décrit comme étant violent, chaotique et ayant un style parental autoritaire. On rapporte une histoire d’enfance chaotique et d’abus chez les parents et les grands-parents, et des problèmes de santé mentale tels : dépression, désordre de la personnalité, consommation abusive de drogue ou d’alcool, délinquance, trouble de la conduite et personnalité antisociale. Les parents sont peu présents psychologiquement auprès des enfants en raison de ces difficultés.

On note également l’absence parentale, plus fréquemment le père. Plusieurs enfants proviennent de famille monoparentale et vivent avec leur mère. La relation avec le parent présent est souvent problématique due à un manque de support ou à des blâmes répétés auprès de l’enfant, à des antécédents de bouc émissaire ou de négligence et dans certains cas, d’abandon. On remarque également une atmosphère très sexualisée à la maison où les ébats sexuels sont peu discrets.

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26
Q

Quelles sont les statistiques actuelles concernant les agressions sexuelles commises par des personnes atteintes de déficience intellectuelle?

A

Depuis la dernière décennie, nous avons assisté à une recrudescence de signalements des cas d’agressions sexuelles perpétrées par des personnes présentant une déficience intellectuelle. Toutefois, nous ne pouvons conclure qu’il y en a davantage. Il est possible d’émettre l’hypothèse que cette augmentation est en partie, attribuable au phénomène de désinstitutionnalisation de même qu’à l’intégration des personnes présentant une déficience intellectuelle.

En fait, l’étude de Swanson et Garwick (1990) portant sur les déficients intellectuels indique que 3 % d’entre eux auraient commis des agressions sexuelles. Rappelons qu’il s’agit là d’une proportion qui s’apparente à celle des non-déficients.

Cette observation est confirmée par les travaux de Gilby et coll. (1989) qui démontraient que les adolescents agresseurs sexuels présentant une D.I., n’auraient pas commis plus d’agressions sexuelles que les autres adolescents agresseurs sexuels.

La recherche de Griffiths et coll. (1985) permet de dégager des conclusions similaires à savoir que la prévalence des comportements sexuels déviants chez les personnes présentant une déficience intellectuelle est aussi importante (ni plus ni moins) que chez les individus non déficients. Enfin, il importe de spécifier qu’étant donné que les déficients intellectuels sont souvent très encadrés et que leurs limites cognitives font en sorte qu’il est plus difficile pour eux de camoufler leurs gestes agressifs, nous pouvons plus facilement identifier leurs conduites agressives.

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27
Q

Quelles sont les principales similitudes des agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle de celles commises par les autres adolescents?

A

Une recension des écrits portant sur le traitement des agresseurs sexuels indique qu’il existe davantage de similitudes que de différences dans le traitement des délinquants sexuels vivant avec une déficience intellectuelle comparativement aux délinquants sexuels non déficients. C’est pourquoi la plupart des milieux d’intervention utilisent des modalités thérapeutiques développées à l’intention des agresseurs sexuels non déficients.

En effet, les deux groupes d’agresseurs :

  • présentent des déficits importants sur les plans cognitif et comportemental,
  • ils connaissent des troubles scolaires; des problèmes comportementaux, sociaux et familiaux;
  • ils expriment plusieurs formes de rationalisations;
  • ils sont sans ressource;
  • ils manquent d’affirmation,
  • ils sont intimidés par les pairs;
  • ils ont une faible estime d’eux-mêmes et une prédisposition à l’autocritique négative;
  • ils sont engagés dans un « pattern » de fantasmes déviants récurrents;
  • ils ont peu d’empathie;
  • ils ont peu de contrôle sur leurs impulsions et ceci est d’autant plus vrai en réponse au stress;
  • ils sont incapables d’évaluer et de traiter l’information au niveau des rôles sexuels et de la sexualité en général.

Bref, chez les deux catégories de délinquants sexuels, nous retrouvons un besoin de gratification immédiate, la présence de distorsions cognitives, une faible estime de soi, des déficits sociaux, des comportements d’impulsivité et une progression dans les comportements déviants.

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Q

Quelles sont les principales différences des agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle de celles commises par les autres adolescents?

A

En ce qui concerne les différences observées entre les deux populations, les techniques d’évaluation physiologiques indiquent que les déficients intellectuels discriminent quant à l’âge et au sexe de leur victime, mais le font de façon beaucoup moins importante que les agresseurs non déficients. Toutefois, on constate que certaines personnes présentant une déficience intellectuelle auraient une plus forte propension à agresser des personnes qui leur apparaissent comme étant plus vulnérables qu’elles-mêmes, comme c’est le cas chez les agresseurs non déficients. Par ailleurs, les victimes des adolescents présentant une déficience intellectuelle sont plus souvent de sexes masculins, adultes et non connus de l’agresseur.

On remarque également qu’ils ont davantage de difficultés à contrôler leurs frustrations en raison de divers facteurs reliés à leur fonctionnement cognitif. C’est ainsi que les déficits verbaux et sociaux rendent plus complexe l’expression de la colère d’une manière appropriée. D’autre part, les individus présentant une déficience intellectuelle sont plus enclins à utiliser la violence physique, des comportements sadiques ou une arme au moment du délit en raison de leur manque d’habiletés verbales ne permettant pas de recourir à une quelconque forme de manipulation verbale pour convaincre leur victime. Une faible tolérance à la frustration combinée à une tendance à paniquer dans des situations nouvelles peut également expliquer cette violence manifeste à l’endroit des victimes.

De plus, les recherches indiquent que les personnes présentant une déficience intellectuelle ont fréquemment des activités sexuelles compulsives associées à des fantasmes sexuels déviants; que leurs comportements déviants sont plutôt imprégnés et chroniques, qu’ils sont plutôt influencés par la violence présentée dans les médias en raison de leur faible capacité d’abstraction et de discrimination, qu’elles ont un seuil de tolérance à la frustration plus faible, qu’elles ont souvent de multiples désordres reliés à un ou plusieurs séjours en institution et qu’elles présentent plus fréquemment des comportements d’agressivité et d’impulsivité.

En ce qui concerne la victimisation plus particulièrement, les recherches indiquent que les adolescents présentant une déficience intellectuelle sont plus vulnérables que les personnes non déficientes. C’est ainsi qu’on estime qu’ils sont 4 fois plus agressés sexuellement que les personnes non déficientes (Cowardin, 1986). Enfin, on constate que les adolescents présentant une déficience intellectuelle ont moins de connaissances concernant la sexualité en général et qu’ils ont moins d’occasions pour exprimer leur sexualité sainement.

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29
Q

Quel devrait être le tx des agresseurs sexuels adolescents présentant une déficience intellectuelle?

A

Antérieurement, la problématique des agressions sexuelles commises par les personnes présentant une déficience intellectuelle était minimisée. Plusieurs intervenants estimaient que cette population n’avait pas les capacités intellectuelles pour agresser intentionnellement de quelqu’un d’autre, qu’elle ne faisait pas la différence entre le bien et le mal et que les comportements agressifs étaient le reflet d’une impulsivité et d’un manque d’expérience sexuelle qui caractérisent les personnes présentant une déficience intellectuelle. Lorsque l’agression comportait un niveau de gravité élevé ou encore qu’il survienne fréquemment, la personne présentant une déficience intellectuelle était incarcérée ou institutionnalisée pour protéger la communauté. Dans la très grande majorité des cas, on n’offrait pas de traitement à cette clientèle en prétextant que les déficients intellectuels étaient incapables de comprendre ou d’intégrer les concepts de traitement suffisants pour développer le contrôle de leurs comportements. Fort heureusement, cette perception commence à changer. Il y a maintenant quelques programmes qui tentent de répondre aux besoins de cette population.

À cet égard, le recensement de plusieurs programmes indique que les modalités thérapeutiques développées pour le traitement des agresseurs sexuels se sont avérées efficaces auprès des individus présentant une déficience intellectuelle. C’est ainsi qu’en raison des nombreuses similitudes que nous observons entre les délinquants sexuels ayant une déficience et ceux ne présentant aucune limite intellectuelle, la plupart des milieux d’intervention utilisent des modalités de traitement similaires. Cependant, puisque les individus présentant une déficience intellectuelle ont un style d’apprentissage et un mode de fonctionnement cognitif qui leur sont propres, quelques modifications sont requises pour adapter les programmes de traitement aux caractéristiques spécifiques et aux besoins particuliers de cette clientèle et ceci est d’autant plus vrai en ce qui concerne les modalités qui nécessitent des habiletés intellectuelles et verbales particulières.

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30
Q

Ainsi, comment se distinguent les agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle?

A

La fréquence des conduites sexuelles inadéquates n’est pas plus élevée au sein de la population des déficients intellectuels que de l’ensemble des AAS. Certaines caractéristiques des AAS déficients s’apparentent à celles de l’ensemble des AAS; par contre, les AAS déficients présentent moins de conduites délinquantes, comparativement à l’ensemble des AAS. Les victimes des AAS déficients différeraient de celles de l’ensemble des AAS, étant plus souvent de sexe masculin, d’âge adulte et non connu de l’agresseur.

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31
Q

Pourquoi les agressions sexuelles commises par les adolescentes sont-elles minimisées?

A

Il y a des milliers de filles agressées sexuellement, mais parmi celles-ci, très peu vont devenir agressives sexuellement à leur tour. En fait, l’ampleur réelle des agressions sexuelles commises par les jeunes filles est difficile à évaluer. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette difficulté. Selon Scavo (1989), la structure patriarcale de la société contribue au fait que ce type de délit soit peu considéré, en véhiculant l’image des rôles masculins traditionnellement agressifs et dominants et des rôles féminins passifs et de soumission.

D’autres auteurs affirment que les garçons agressés par les filles sont peu enclins à le dévoiler ; soit parce qu’ils tendent à minimiser l’impact des agressions subies de la part de fille ou de femmes plus âgées ; soit parce qu’ils tentent de considérer ces expériences comme positives pour répondre à une pression sociale importante.

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32
Q

Quelles sont les statistiques des agressions sexuelles commises par des adolescentes?

A

Plusieurs études ont tenté de faire une estimation de la proportion de victimes provenant de diverses populations ayant été agressées sexuellement par un agresseur de sexe féminin, mais ces études ne discriminaient pas les femmes des jeunes filles ayant commis un délit sexuel. Malgré cette difficulté à quantifier les délits sexuels perpétrés par les filles, quelques recherches ont réussi à avancer certains chiffres.

C’est ainsi que de 3 à 10 % des agresseurs sexuels seraient de sexe féminin. Certains auteurs avancent que ces chiffres ne reflèteraient pas l’ampleur réelle de la problématique de la délinquance sexuelle féminine. En effet, dans la recherche de Johnson (1988, 1989) portant sur les enfants sexuellement agressifs, nous retrouvons 21 % des fillettes de l’échantillon ayant posé des gestes sexuellement agressifs. Selon Ray et English (1995), les enfants de sexe féminin sexuellement agressifs sont perçus différemment des garçons ayant les mêmes difficultés. Ainsi, les filles tendent à être perçues davantage comme des « victimes », contrairement aux garçons.

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33
Q

Quelles sont les similitudes entre les agressions sexuelles commises par les filles de celles commises par les garçons?

A

Les comportements agressifs des filles sont comparables à ceux des garçons. Une recherche menée par le Safer Society Press indique que :

  • Chez les moins de 11 ans, les fillettes font des délits avec contact dans 68 % des cas. De plus, elles ont un peu plus de victimes de sexe féminin que de sexe masculin. Enfin, la moitié des victimes font partie de la famille de la jeune fille qui agresse alors que l’autre moitié des victimes sont connues par la fillette qui agresse.
  • Chez les filles âgées de 11 à 17 ans, elles ont plus de victimes de sexe féminin et plus de 75 % d’entre elles, font des délits avec contact.

Une étude de Fehrenbach et Monastersky (1988) indique que, contrairement aux femmes adultes qui commettent fréquemment leur délit en compagnie d’un homme, les adolescentes s’apparentent plutôt aux garçons dans la mesure où elles agissent seules dans la plupart des cas (81 % des cas selon Hunter et coll., 1993) et s’attaquent particulièrement aux jeunes victimes (âge moyen de 5,2 ans), de sexe féminin, dans un contexte de gardiennage. De plus, la progression du cycle délictuel des filles ayant commis des agressions sexuelles est similaire à celle des adolescents agresseurs.

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34
Q

Quelles sont les principales différences entre les filles et les garçons auteurs d’agressions sexuelles?

A

Même si peu d’études ont été effectuées concernant les adolescentes ayant commis des délits sexuels, tous en arrivent à la même conclusion, à savoir, que la proportion de victimisation sexuelle chez cette population est beaucoup plus élevée que chez les adolescents agresseurs sexuels. Toutefois, nous ne savons pas si le fait de rapporter une victimisation plus importante est le reflet d’une plus grande vulnérabilité ou encore, si ce facteur contribue différemment du garçon dans la dynamique délictuelle de la fille qui agresse.

Certains cliniciens rapportent que les jeunes filles qui agressent diffèrent de façon considérable des garçons agresseurs. Cependant, les différences s’observent plus chez les femmes adultes. Pour ce qui est des données objectives concernant les adolescentes qui agressent, on constate qu’il n’y a que très peu de différences. Cependant, il faut admettre qu’actuellement, le nombre d’adolescentes recevant un traitement est trop limité pour déterminer si les quelques différences observées sont le reflet d’une variété de caractéristiques communes aux délinquants sexuels juvéniles indépendamment du sexe ou encore, si c’est indicatif d’une dynamique qui leur est propre.

D’autre part, les jeunes filles qui agressent semblent avoir plus d’empathie pour leur victime que les garçons. Toutefois, pour ce qui est des filles et des garçons agresseurs ayant été victimes d’agression sexuelle, les deux populations semblent démontrer plus d’empathie à l’égard de leur victime. De plus, les filles auraient tendance à utiliser plutôt la persuasion que la force, quoique Hunter et coll. (1993) soutiennent qu’elles pourraient avoir recours dans certains cas à la force et aux menaces.

Enfin, l’intensité des préférences sexuelles déviantes n’est pas connue puisque l’utilisation de mesures physiologiques est très limitée avec les filles et que les recherches concernant cette population ne font que commencer.

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35
Q

Quel devrait être le tx des filles ayant commis des agressions sexuelles?

A

Les filles ayant commis des agressions sexuelles semblent avoir besoin des mêmes spécificités thérapeutiques que les garçons. Par contre, étant donné qu’elles ont plus connu la victimisation sexuelle, une attention particulière devrait être portée sur le cycle de victimisation/agression.

Matthews (1987), quant à lui, considère qu’il existe un besoin réel de créer des programmes de traitement spécifiques pour les adolescentes qui agressent sexuellement. Il souligne l’importance de développer des modalités thérapeutiques qui touchent aux questions développementales, culturelles en plus d’aborder les rôles et les stéréotypes sexuels concernant les filles. Le traitement devrait inclure l’importance pour les adolescentes ayant commis des agressions sexuelles d’expérimenter leur sexualité et leur identité sexuelle qu’elles ont niées entre autres, pour se protéger elles-mêmes de la victimisation par les hommes.

En conclusion, les services offerts aux adolescentes ayant commis des agressions sexuelles doivent converger vers les besoins spécifiques de cette clientèle et être disponibles pour celles-ci. L’amélioration du processus d’identification des filles qui agressent sexuellement et l’adaptation d’un traitement spécifique à leurs besoins sont supportées par leur droit d’apprendre à contrôler leurs comportements.

36
Q

Ainsi, comment se distinguent les agressions sexuelles commises par des adolescentes?

A

De 3 % à 10 % environ, des AAS seraient de sexe féminin. Les AAS de sexe féminin pourraient être impliquées dans diverses formes de gestes sexuels agressifs, et ce, auprès de victimes des deux sexes.

37
Q

Qu’est-ce que la violence dans les fréquentations?

A

La violence dans les fréquentations désigne tout mauvais traitement ou acte de violence commis par une personne à l’égard de la personne qu’elle fréquente. Elle survient lorsque deux personnes ont ou pourraient éventuellement avoir une relation intime. Bien qu’une personne puisse en être victime à tout âge, la plus grande partie des recherches dans le domaine ont porté principalement sur les jeunes, notamment les adolescents et les étudiants des niveaux collégial et universitaire.

L’âge et le développement des jeunes influent sur le sens à donner à l’expression « violence dans les fréquentations ». Par exemple, le contexte des fréquentations et les comportements qui y sont adoptés peuvent varier considérablement avec l’âge et le sexe et les modèles de fréquentations peuvent être très différents chez les jeunes hommes et chez les jeunes femmes, ou chez les jeunes de 12 ou 13 ans, comparativement à ce qu’ils sont chez les adolescents de 16 ou 17 ans ou chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans.

La violence peut survenir autant dans les fréquentations hétérosexuelles qu’homosexuelles. Elle peut être commise à tout moment — lors de la première rencontre, lorsque les deux personnes concernées commencent à s’intéresser l’une à l’autre, lors de leur premier rendez-vous, pendant leur relation, après avoir eu leur première relation sexuelle ou après leur séparation.

La violence dans les fréquentations peut prendre la forme d’un seul acte de violence — une agression sexuelle (« viol commis par un ami »), par exemple — ou d’actes violents ou de mauvais traitements qui sont répétés — et qui souvent s’intensifient — au fil du temps. Les agresseurs peuvent employer différentes tactiques pour essayer d’exercer un pouvoir et un contrôle sur leurs victimes. La violence physique, sexuelle ou psychologique peut être commise par un agresseur qui agit seul ou avec d’autres personnes.

38
Q

Qu’est-ce que la violence physique?

A

La violence physique inclut tout usage de la force, et parfois d’une arme à feu, qui cause ou non des blessures. Une personne commet de la violence physique si elle :

  • limite les mouvements d’une personne;
  • la secoue,
  • la pousse
  • lance un objet avec force dans sa direction,
  • lui donne des coups de pied,
  • la frappe,
  • la tire par les cheveux,
  • la mord,
  • l’étrangle,
  • lui cause des brûlures,
  • lui donne des coups de poing.
39
Q

La violence sexuelle inclut toutes les formes de harcèlement sexuel, de contrainte sexuelle et d’agression sexuelle.

Qu’est-ce que le harcèlement sexuel?

A

Le harcèlement sexuel englobe les actes, les paroles et les comportements sexuels non désirés, par exemple :

  • faire des remarques ou des gestes obscènes pour embarrasser une autre personne
  • tous les autres comportements, actes et paroles qui :
    • sont de nature sexuelle
    • sont susceptibles d’offenser ou d’humilier
    • concernent le sexe, la sexualité ou des parties du corps d’une personne
    • sont répétés même après que l’on a dit à la personne d’arrêter.
40
Q

Qu’est-ce que la contrainte sexuelle?

A

On entend par contrainte sexuelle la manipulation injuste d’une personne ou d’une situation à des fins sexuelles, par exemple :

  • forcer une personne à participer à des activités sexuelles en faisant des railleries à son égard, en la dépréciant, en la ridiculisant ou en la harcelant
  • mentir ou menacer de mentir à son sujet (p. ex. pour entacher sa réputation),
  • l’exploiter sexuellement ou en tirer un avantage sexuel, notamment dans le cas d’une personne plus jeune ou intoxiquée (en utilisant Internet ou des drogues du viol) pour en faire sa victime à des fins sexuelles).
41
Q

Qu’est-ce que l’agression sexuelle?

A

L’agression sexuelle englobe toute forme d’activité sexuelle commise sans le consentement d’une personne. Par exemple:

  • embrasser, caresser ou toucher une personne sans son consentement ou avoir des rapports sexuels ou un contact sexuel oral avec elle sans son consentement
  • ne pas mettre fin au contact sexuel lorsque la personne le demande
  • forcer une personne à avoir des rapports sexuels ou à commettre un autre type d’acte sexuel.
42
Q

Qu’est-ce que la violence psychologique?

A

La violence psychologique comporte l’utilisation de mots ou de gestes pour contrôler, isoler ou intimider une personne ou pour porter atteinte à sa confiance en soi ou à son intégrité. Elle peut prendre les formes suivantes :

  • être cruel, déloyal ou manipulateur,
  • ridiculiser ou insulter une personne ou proférer des injures
  • critiquer constamment une personne
  • être excessivement jaloux et possessif et ne pas lui permettre d’avoir des amis, d’être avec d’autres personnes ou de parler à d’autres personnes
  • menacer de s’en prendre à quelqu’un, aux personnes qui lui sont chères ou à ses biens s’il n’obéit pas
  • harceler une personne après la fin d’une relation en lui téléphonant sans cesse, en la surveillant et en proférant des menaces
  • blasphémer, proférer des injures, briser des objets, vandaliser des biens ou lancer des rumeurs au sujet d’une personne.
43
Q

À quoi peut ressembler la violence dans les fréquentations des élèves du primaire?

A

Un échantillon de 3 142 étudiants d’universités et de collèges au Canada (1 835 femmes et 1 307 hommes) ont participé à la Canadian National Survey de 1993 (l’enquête nationale). Ces étudiants ont été interrogés au sujet des expériences de violence vécues à l’école primaire (de la première à la huitième année) avec leurs amis. Les hommes devaient parler de la violence qu’ils avaient commise et les femmes, de celle dont elles avaient été victimes.

Parmi les hommes qui ont répondu à la question, 2 % avaient menacé d’employer la force pour contraindre une camarade à participer à des activités sexuelles; 2 % avaient employé la force pour contraindre une amie à avoir des activités sexuelles; 19 % ont indiqué avoir usé de violence psychologique; 4 % avaient été violents physiquement.

Du côté des femmes, 3 % ont signalé que des amis avaient menacé d’employer la force pour les contraindre à participer à des activités sexuelles; 4 % ont indiqué qu’elles avaient été contraintes par la force à participer à des activités sexuelles; 24 % ont dit que leurs partenaires leur avaient causé un tort psychologique; 7,2 % ont mentionné qu’elles avaient subi des blessures.

44
Q

À quoi peut ressembler la violence dans les fréquentations des élèves du secondaire?

A

Dans le cadre de l’enquête nationale, on a aussi interrogé des étudiants collégiaux et universitaires au sujet de leur expérience de violence dans les fréquentations pendant leurs études secondaires. Les hommes devaient parler de leurs comportements violents et les femmes, de la violence exercée contre elles.

Parmi les hommes qui ont répondu à la question, 1 % avait menacé d’employer la force physique pour contraindre leurs partenaires à participer à des activités sexuelles; 2 % avaient employé la force pour contraindre une femme à avoir des activités sexuelles; 33 % avaient causé un tort psychologique à leurs partenaires; 1 % leur avait causé des blessures.

Du côté des femmes, 8 % ont signalé que leurs partenaires avaient menacé d’employer la force pour les contraindre à participer à des activités sexuelles; 14 % ont indiqué qu’elles avaient été contraintes par la force à participer à des activités sexuelles; 50 % ont dit que leurs partenaires leur avaient causé un tort psychologique; 9 % ont mentionné que des hommes qu’elles fréquentaient leur avaient causé des blessures.

45
Q

À quoi peut ressembler la violence dans les fréquentations des adolescents?

A

Selon une étude menée à Ottawa en 2000 auprès de 90 adolescents âgés de 13 à 17 ans, deux tiers d’entre eux (67 %) ont dit avoir maltraité leur petite amie : environ le tiers (34 %) ont exercé de la violence psychologique, physique et sexuelle; près du quart (22 %), de la violence psychologique et physique; le dixième (10 %), de la violence psychologique et sexuelle.

Les 30 jeunes hommes marginaux et violents qui ont fait l’objet d’interviews en profondeur ont indiqué qu’ils avaient tous, seuls et avec d’autres, maltraité leur petite amie à plusieurs reprises.

Une étude menée au Québec en 1995 auprès d’adolescents de 15 à 19 ans a révélé que 54 % des jeunes femmes et 13 % des jeunes hommes avaient déjà été forcés de participer à des activités sexuelles contre leur gré par la personne qu’ils fréquentaient.

46
Q

Quels sont les facteurs qui jouent un rôle dans la violence dans les fréquentations?

A

Des recherches semblent indiquer que différents facteurs peuvent jouer un rôle dans la violence dans les fréquentations. En voici quelques-uns :

  • les antécédents de violence d’une personne,
  • ses croyances et ses attitudes,
  • sa connaissance des relations et sa capacité de les gérer,
  • la consommation de drogues et d’alcool,
  • le caractère sérieux de la relation,
  • l’influence des pairs
  • la pornographie.

La vulnérabilité à la violence dans les fréquentations peut aussi être accrue par de nombreux autres facteurs qui touchent et marginalisent les personnes et les collectivités, notamment la discrimination, le vieillissement, le racisme, l’homophobie, l’invalidité et le manque d’accès à de l’information, à du soutien et à des services, notamment au système de justice pénale. Bon nombre de ces facteurs peuvent aussi aggraver les effets de la violence et faire en sorte que celle-ci soit moins souvent dénoncée.

47
Q

Comment les ATCD d’une personne peuvent-ils influencer la violence conjugale?

A

Le fait d’avoir été maltraité dans son enfance (notamment par ses frères et soeurs) est un facteur très important de la violence dans les fréquentations.

48
Q

Comment les croyances et attitudes peuvent-ils influencer la violence conjugale?

A

Les croyances et les attitudes d’une personne ont une grande influence sur la manière dont elle agit et qu’elle juge la conduite des autres. Par exemple, certaines personnes peuvent penser qu’il est acceptable de forcer une autre personne à participer à des activités sexuelles si celle-ci :

  • fait de l’auto-stop
  • est considéré comme un allumeur (une allumeuse) ou une personne facile
  • se livre à des caresses
  • s’enivre
  • va chez l’agresseur
  • séduit quelqu’un
  • ne porte pas de soutien-gorge ou s’habille d’une façon qui est considérée comme sexy ou provocante
  • excite quelqu’un
  • invite un homme à sortir
  • se laisse acheter des choses.

L’enquête nationale a révélé que les hommes qui ont des croyances et des attitudes patriarcales (c.-à-d. qu’ils croient qu’un homme a le droit de décider si sa conjointe ou sa partenaire devrait sortir avec des amis le soir ou travailler à l’extérieur de la maison, qu’il doit parfois montrer à sa conjointe ou à sa partenaire que c’est lui le chef, qu’il a le droit d’avoir des activités sexuelles avec sa conjointe ou sa partenaire quand il le veut, même si celle-ci ne le veut pas) sont plus susceptibles d’employer la violence sexuelle, physique et psychologique à l’égard des femmes qu’ils fréquentent.

49
Q

Comment le manque de connaissance des fréquentations et l’incapacité de les gérer peuvent-ils influencer la violence conjugale?

A

Les stratégies de prévention de la violence dans les fréquentations ont tendance à être basées sur l’idée que le manque de connaissances et de compétences au sujet des communications, de la résolution de problèmes, de la gestion des émotions et des relations saines peut aussi être un facteur important. Pour les adolescents, les fréquentations constituent une période d’expérimentation, et la manière dont ils assument ces nouveaux rôles et traitent ces attentes peut traduire les modèles de comportement (appropriés ou non) qu’ils ont adoptés et les leçons qu’ils ont apprises au sujet de la résolution de conflits.

50
Q

Comment la violence conjugale peut-elle être influencée par la consommation de drogues et d’alcool par des personnes qui se fréquentent.

A

L’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes dans les collèges et les universités confirme que la violence dans les fréquentations est souvent liée à une consommation d’alcool. Plus les hommes et les femmes boivent, et plus ils le font en compagnie de la personne qu’ils fréquentent, plus ils sont susceptibles de commettre des actes de violence à l’égard de cette personne ou d’en être victimes.

Les hommes qui consomment fréquemment de l’alcool et qui le font souvent avec la personne qu’ils fréquentent font partie de ceux qui sont les plus susceptibles de s’en prendre à leur partenaire. Les femmes qui consomment fréquemment de l’alcool et qui le font souvent avec la personne qu’elles fréquentent risquent davantage que les autres d’être victimes de violence. On a aussi appris qu’il existait, chez les jeunes adolescents, un lien étroit entre les agressions sexuelles commises dans le cadre des fréquentations et la consommation abusive d’alcool et d’autres drogues.

51
Q

Comment le caractère sérieux de la relation influence-t-il la violence conjugale?

A

L’enquête nationale a aussi révélé que les hommes sont plus susceptibles d’agresser physiquement et sexuellement la personne qu’ils fréquentent lorsque la relation est sérieuse. Bien que d’autres recherches sur la question soient nécessaires, un tel phénomène peut s’expliquer par le fait que les hommes qui vivent une relation intime peuvent être plus dépendants de leur partenaire sur le plan émotif que les hommes qui vivent des relations plus occasionnelles. Un homme peut être violent à l’égard de sa partenaire dans le but d’établir ou de maintenir l’engagement ou la dépendance de celle-ci envers lui.

52
Q

Quelle peut être l’influence des pairs sur la violence conjugale?

A

L’influence des pairs est un facteur qui influe sur la violence dans les fréquentations chez les jeunes hommes. On a découvert que les associations d’étudiants, par exemple, constituent un milieu propice aux comportements sexuels coercitifs dénués de violence physique. Des liens ont aussi été faits entre la violence dans les fréquentations et d’autres formes de soutien par les pairs masculins. L’enquête nationale a révélé que, si les hommes ont des pairs qui les guident et leur conseillent d’employer la violence sexuelle, physique et psychologique à l’égard de leurs partenaires, cela aura une grande influence sur leur comportement. De plus, les hommes qui ont des amis qui commettent des actes de violence physique, sexuelle ou psychologique à l’égard de la personne qu’ils fréquentent sont plus susceptibles d’adopter un comportement identique.

53
Q

Comment la pornographie influence-t-elle la violence conjugale?

A

L’industrie de la pornographie — ainsi que les autres médias — tend à normaliser et à promouvoir la violence et les comportements violents et peut créer de mauvaises perceptions au sujet des relations et du comportement sexuel. Par exemple, l’enquête nationale a révélé que la pornographie joue un rôle majeur dans la violence sexuelle et physique commise à l’égard de femmes qui fréquentent un camarade de collège ou d’université.

Ces influences extérieures peuvent amener les jeunes, en particulier, à ne pas bien comprendre les relations et la sexualité ou à se créer des attentes inacceptables à cet égard. Ces jeunes peuvent avoir de la difficulté à faire la différence entre certains signes de violence, comme une jalousie excessive, et l’ « amour ».

54
Q

Quels sont des signes qui permettent de croire qu’une personne commet des actes de violence dans une relation?

A
  1. faible estime ou image de soi,
  2. faible tolérance à la frustration,
  3. changements d’humeur
  4. irritabilité et caractère coléreux (tendance à exprimer sa crainte ou son anxiété sous forme de colère, ou refus de parler de ses sentiments, suivi d’une violente colère, jalousie extrême),
  5. possessivité excessive.
55
Q

Quels sont des comportements que peuvent avoir les personnes violentes?

A

Une personne violente peut :

  • devenir trop sérieuse trop rapidement
  • avoir l’impression qu’elle doit prendre toutes les décisions
  • manipuler et contrôler les relations de l’autre personne avec ses amis et sa famille ainsi que ses activités à l’extérieur de la maison, et l’empêcher de voir et de parler à ses amis et à sa famille
  • critiquer les idées, les amis, la famille ou l’apparence de l’autre personne
  • imposer ses stéréotypes concernant les relations homme femme (les hommes contrôlent, les femmes doivent être soumises, etc.)
  • proférer des menaces,
  • faire des reproches,
  • faire appel au sentiment de culpabilité : (si tu m’aimes…)
  • accuser de malhonnêteté ou de mauvaise foi,
  • faire des appels téléphoniques répétés et surveiller constamment l’autre personne,
  • suivre et épier l’autre personne (harcèlement criminel)
  • chercher à savoir où se trouve l’autre personne à tout moment
  • ne pas accepter une réponse négative (ce qui peut inclure ne pas accepter la rupture).
56
Q

Quels sont des signes qu’une personne pourrait devenir violente?

A

Une personne peut devenir violente aussi si :

  • elle se vante d’avoir intimidé d’autres personnes ou de s’en être prise à elles,
  • elle conduit trop vite ou commet d’autres actes dangereux,
  • elle consomme de l’alcool ou des drogues (et se met en colère ou devient violente),
  • elle commet des actes cruels à l’égard des animaux.
57
Q

Quels sont des signes qui indiquent qu’une personne est victime de violence?

A
  • faible estime de soi,
  • repli sur soi-même,
  • dépression,
  • nervosité,
  • blessures, ecchymoses, éraflures, brûlures ou marques de morsure inexpliquées.
58
Q

Quels sont des comportements que peuvent avoir les personnes victimes de violence?

A

Une personne qui est l’objet de violence peut :

  1. cesser de participer à des activités qu’elle aime,
  2. s’intéresser peu ou pas du tout aux activités familiales,
  3. avoir de la difficulté à dormir,
  4. être incapable de se concentrer,
  5. avoir des troubles de mémoire,
  6. commencer à manquer l’école
  7. voir ses notes scolaires baisser.
59
Q

Quelle est l’ampleur de la pornographie sur le net?

A

Sur Internet et dans les médias, le sexe est envahissant et la sollicitation sexuelle permanente. En somme un « vacarme sexuel » assourdissant et une banalisation de la pornographie et du sexe-marchandise. Ainsi selon les estimations de Jerry Ropelato, 12 % des sites Web sont à caractère pornographique, 25 % des requêtes et 35 % des téléchargements concernent la pornographie. Les données montrent que sans conteste Internet a participé à la croissance exponentielle de l’industrie pornographique.

La pornographie a envahi la sphère publique. Dans les magazines, dans la publicité, à la télévision abondent des images sexuelles explicites nombreuses et récurrentes. Cette publicisation de la pornographie n’est pas pour rien dans l’universalisation de sa consommation « la pornographie a envahi la sphère publique et s’est imposée à tout un chacun; les personnes qui ne désirent pas en consommer finissent quand même par en consommer […] 34 % des internautes ont été exposés, contre leur volonté, à de la pornographie »

60
Q

Quels ont été les constats différents chercheurs sur l’ampleur de la pornographie dans la sexualité des jeunes?

A

Selon Bisaillon et Maher (2009), l’âge moyen auquel un enfant verra une image pornographique pour la première fois est de 11 ans. Bisaillon et Maher (2009) rapportent que plus de la moitié des jeunes Canadiens affirment être déjà tombés par hasard sur des sites pornographiques. Ces mêmes auteurs mentionnent qu’une étude américaine fait ressortir que 79 % des jeunes ont été exposés accidentellement à de la pornographie alors qu’ils naviguaient sur le Web chez eux. Plus du tiers ont également affirmé dans cette étude avoir vu des actes sexuels qu’ils ne voulaient pas visionner.

Selon les données de l’enquête de Poulin (2009), l’âge moyen de la première consommation est de 12 ans pour les garçons et 13 ans pour les filles. 57 % ont vu leurs premières images pornographiques entre l’âge de 8 et 13 ans.

Selon l’enquête de Marzano et de Rozier, qui ont interrogé 300 adolescents (es) français (es), 58 % des garçons et 45 % des filles ont vu leurs premières images pornographiques entre l’âge de 8 et 13 ans. Se dégage donc bien à la lumière de ces enquêtes une tendance de fond au rajeunissement de l’âge des consommateurs.

Les enfants sont des êtres sexués, leur curiosité sexuelle est tout à fait saine et normale. Mais Internet a considérablement modifié l’offre d’informations disponibles, ce qui peut aisément faire de la pornographie leur premier contact avec la sexualité. La prolifération de sites pornographiques gratuits et sur lesquels on atterrit de façon imprévisible nous force à nous questionner. Et si cette accessibilité nouvelle nuisait à leur développement…

61
Q

Le Kinsey Institute a fait une enquête en 2004 sur l’impact de la pornographie sur la sexualité en développement. Quels étaient les résultats?

A

Selon une enquête menée par le Kinsey Institute en 2004, pour une majorité de personnes, la pornographie est la source principale d’éducation sexuelle. Ce sondage révèle que 86 % des répondants croient que la pornographie peut éduquer les gens, et 68 % pensent qu’elle permet une attitude plus ouverte envers la sexualité, y compris la leur. Plusieurs hommes, particulièrement les plus jeunes, ont l’impression que la pornographie permet de savoir ce que les femmes désirent et espèrent d’un rapport sexuel.

62
Q

Bisaillon et Maher ont également voulu savoir quel pouvait être l’impact de la pornographie sur la sexualité en développement. Qu’ont-ils trouvé?

A

Bisaillon et Maher soulignent que certains experts et sexologues sonnent l’alarme : l’éducation sexuelle par la pornographie est une catastrophe. Ces images XXX marquent la psyché des jeunes. Non seulement ces bouleversements se répercutent sur leurs pratiques sexuelles, mais, dans certains cas, les jeunes vivent des problèmes plus complexes à traiter. C’est ainsi que ces auteurs diront qu’après quelques années de ce régime porno, des jeunes pratiquement adultes affirment avoir de grandes difficultés à vivre une vie intime et affective. Certains développent une compulsion et ne peuvent en décrocher; ils délaissent leur vie sociale, leur travail ou ils sèchent leur cours. Dans certains cas extrêmes, des jeunes qui depuis tôt dans l’enfance se sont gavés de pornographie en viennent à poser des gestes criminels.

Par ailleurs, les intervenants auprès des adolescents notent que l’un des impacts troublants du phénomène est la banalisation de la pornographie. La pression est forte pour que les jeunes perçoivent ces contenus illicites comme une tendance cool et incontournable. Progressivement et insidieusement, la pornographie est passée de taboue à branchée. Les auteurs rapportent que de plus en plus de jeunes dans le début de la vingtaine se présentent dans les cabinets des sexologues aux prises de difficultés érectiles. En fait, il ne s’agirait pas d’un problème physiologique, mais d’un problème psychique qui trouve sa source dans la difficulté du jeune homme à désirer une personne réelle. De plus, comme le rappellent ces auteurs, ils sont angoissés par la performance sexuelle qu’ils croient devoir livrer à l’image de ce que la pornographie propose.

Bisaillon et Maher mettent également en lumière le fait que l’accessibilité à la pornographie sur le Web est illimitée. Il est déconcertant de constater avec quelle facilité un enfant peut avoir accès à du matériel destiné aux adultes sans devoir s’identifier ni dévoiler son âge réel. Comme le rappelle Ryan (2003), la relation entre l’exposition à la pornographie et les agressions sexuelles commises par les enfants et les adolescents n’est pas encore connue. Cependant, plusieurs recherches démontrent que l’exposition à la violence est en corrélation avec l’acceptation de la violence sur autrui, tout en préservant une perception exagérée de violence dans la société.

Frau-Meigs reprise dans Bisaillon et Mayer (2009) explique qu’avant l’âge de 10-12 ans, voir un acte pornographique est stressant. L’enfant n’est pas outillé pour cela. Il n’a aucun mécanisme sexué en marche et cette expérience est perçue comme un traumatisme violent (pénétration, cris…), il n’a pas le développement nécessaire pour comprendre. Les images provoquent un choc visuel, il sait qu’il a transgressé, il n’en parle pas avec ses parents, il va transporter ce choc latent dans sa vie adulte. L’auteure ajoute que vers 14-15 ans, les gamins changent physiquement, autant les garçons que les filles. La pornographie leur présentera alors le modèle de relation sexuelle. Cela crée une pression énorme au moment où les jeunes se posent des questions sur l’amour et leurs sentiments. La pornographie les fragilise et crée un désarroi chez ces jeunes. Vers 16-18 ans, la logique est un peu différente. À cet âge, on est à la recherche d’apprentissage, on prend des risques, on s’inquiète de la réaction du partenaire.

63
Q

Quels sont les constats de l’enquête de Poulin (2009) sur l’impact de la pornographie dans la sexualité en développement?

A

L’enquête de Poulin (2009) révèle que la pornographie est une source d’inspiration pour les rapports sexuels des jeunes : plus d’un répondant sur quatre déclare avoir déjà demandé à sa partenaire d’effectuer un acte vu dans la pornographie. La pornographie semble posséder un caractère prescriptif anxiogène chez les jeunes. À travers les images pornographiques, les jeunes recherchent une confirmation de la normalité de leurs comportements : 40,8 % des jeunes interrogés puisent dans la pornographie des idées, 25,8 % en tirent un modèle de rapport sexuel auquel se conformer. Les désirs et fantasmes des hommes sont chez 3 jeunes sur 4 influencés par la pornographie.

La consommation de pornographie influence également notablement les transformations du corps des jeunes : dans l’enquête menée par Richard Poulin, il apparaît que 97,8 % des jeunes qui souhaitent modifier leur corps ont consommé de la pornographie. Les pratiques épilatoires nouvelles, en particulier celles intégrales du pubis chez les femmes et les hommes, semble découler « directement du porno et [montre] son influence sur les pratiques sociales et intimes. »

64
Q

La pornographie pourrait-elle avoir un impact assez gros pour changer les comportements des jeunes?

A

Bien qu’il n’existe pas d’études sur l’exposition à du matériel sexuel sur Internet et résultant à des changements de comportement, une étude nationale sur les adolescents plus âgés illumine nos préoccupations au sujet des changements dans les attitudes et les croyances des jeunes. Plus de la moitié (59 %) des répondants croient que la consommation de pornographie sur Internet peut encourager les jeunes à avoir des rapports sexuels plus tôt. Près d’un répondant sur deux (49 %) indique que la pornographie sur Internet favorise les attitudes négatives envers les femmes, avec un pourcentage similaire (49 %) indiquant que les images peuvent favoriser la perception que les relations sexuelles non protégées sont « OK ».

Au-delà des perceptions et des croyances, aucune information n’est disponible quant aux résultats réels ou les liens pouvant exister entre l’exposition délibérée à la pornographie sur Internet et les enjeux développementaux et psychologiques.

65
Q

De quelle façon la confrontation à des images pornographiques avant la puberté peut-elle être traumatisante pour certains enfants (Jean-Yves Hayez)?

A

Sont surtout concernés les enfants les plus jeunes, les plus sensibles ou les plus ignorants et les plus inexpérimentés dans le domaine sexuel. Lorsqu’ils sont confrontés par hasard, à des images violentes… parce qu’un grand les y a entraînés, ils peuvent ressentir une angoisse soudaine, intense et durable : peur qu’une possible agression contre eux, peur de ces masses de corps qui partouzent, de leurs transformations et de ce qui en sort, et ce, jusqu’à la peur que leurs propres parents et leur entourage deviennent monstrueux eux aussi : en même temps que l’effroi, il peut s’installer un doute profond sur les intentions, les capacités protectrices et les valeurs véhiculées par ces adultes, tellement à même devenir des animaux sauvages quand ils sont tout nu…

On voit alors s’installer un syndrome de stress post-traumatique caractérisé par l’exacerbation d’angoisses variées et par des conduites d’évitement. Les effets sur la sexualité et plus largement sur le corps sexué de l’enfant sont le plus souvent marqués par la peur (par exemple, pudeurs nouvelles et excessives); plus rarement, il y a « reviviscence sexuelle traumatique ». Elle se produit souvent exclusivement dans l’imagination de l’enfant; parfois néanmoins, pour se libérer de sa charge émotionnelle et pour dominer à nouveau la vie, l’enfant en brutalise un autre, souvent un plus petit, un peu comme il s’est senti brutalisé par l’image; il peut encore y avoir des vérifications anxieuses de son intégrité sexuelle à lui (par exemple masturbations ostensibles et compulsives).

66
Q

La confrontation à du matériel pornographique en jeune âge peut aussi avoir un effet d’invitation à l’amplification d’expériences érotiques. Comment cela peut-il avoir cette influence sur l’enfant?

A

Pour une minorité d’enfants, souvent plus âgés et à la basse déjà intéressés par les plaisirs de la consommation, c’est l’inverse qui se produit : les pratiques vues sur image constituent des invitations à ce que leur propre quête d’expériences et de sensations érotiques s’amplifie secrètement ou ostensiblement (pour cette dernière éventualité, c’est surtout si leur famille est déjà laxiste).

Cette amplification s’accompagne souvent de prosélytisme (recruter des adeptes) : ils entraînent d’autres enfants dans l’aventure de « l’éclat sexuel », qui prend parfois les formes très adultes (il ne s’agit plus seulement de se toucher, ni de jouer au docteur, mais d’expérimenter à nouveau ce qu’on a vu à l’écran). S’ils trouvent souvent des partenaires consentants et de leur tranche d’âge, il peut néanmoins arriver qu’ils abusent des autres, et même des plus petits, surtout si l’ensemble de leur éducation ne les imprègne pas beaucoup de la valeur « sociabilité ».

L’une ou l’autre fois c’est même une pratique carrément perverse qui se précipite et se fixe à partir de ce qui a été vu d’identique ou d’analogue sur l’écran (tel ce jeune adulte tellement malheureux de me raconter en thérapie ses pratiques secrètes de masturbation anale avec des objets divers, initiées depuis l’âge de neuf ans, parce qu’il avait été fasciné par l’image d’une femme nue occupée en faire autant dans un magazine).

67
Q

Quel est l’effet d’une confrontation à des images pornographiques avant la puberté chez la majorité des enfants?

A

Néanmoins pour la majorité des enfants, l’effet traumatisant ou pervertissant est plus léger ou plus fugace, si pas nul : ceux-ci ne s’attachent pas vraiment à ce qu’ils ont vu ou n’y reviennent que très occasionnellement. C’est parfois le hasard qui les a confrontés à la pornographie, c’est plus souvent la curiosité, le désir de pénétrer dans le monde des grands et de défier les règles, seul ou entre amis. Une fois « l’exploit » réalisé, une fois que l’enfant a constaté qu’il a la capacité de « faire ça », il passe à d’autres conquêtes… il range dans un coin de sa mémoire les sales images qu’il a vues, parmi les tonnes d’autres images violentes dont il est abreuvé… maintenant qu’il sait, cela ne l’intéresse plus trop, même pas pour alimenter centralement ses activités érotiques naissantes.

Alors, n’y a-t-il vraiment aucun effet néfaste sur lui ? Difficile à dire ! Ce qu’il a vu pèse tout de même d’un certain poids sur l’élaboration de ses idées et de son image du monde : on lui a confirmé en quelque sorte que toute pulsion, tout appel du corps peuvent être satisfaits à bon compte… que tout est consommable, même l’être humain, si ça peut faire plaisir.

L’expérience faite contribue donc, parmi tant d’autres, à un émoussement de sa sensibilité aux valeurs :

  • convictions plus incertaines sur ce qui est vraiment bien et mal;
  • manque de rigueur, de courage et de capacité de se démarquer de la masse pour rechercher ce qui est bien;
  • l’invitation au mal et à l’égocentrisme est tellement abondante, partagée par tant d’autres qu’ils y cèdent et dévient la source d’une telle indifférence de la part des soi-disant voix parentales, que l’enfant lui-même se mithridatise (se soulage) de ses petits malaises, banalise et considère comme normal qu’existe le marché de la pornographie : s’il fait une faute, c’est seulement d’aller regarder alors qu’il est trop petit!

Quoi qu’il en soit, le réalisme de l’enfant augmente, et il ne faut plus trop lui raconter de « salades » sur ce que sont les autres — pas toujours de bons parents angéliques! ― sur ce qu’est la sexualité — c’est aussi la « baise » et pas seulement la forme ultime de l’amour de papa et maman ―, et sur ce qu’est le plaisir… Disons qu’il en sort un peu vieilli, un rien cynique, lucide, matérialiste, bien plus vite que ce que voudraient beaucoup de parents.

68
Q

Les effets d’hyperérotisation existent aussi chez une minorité d’adolescents, mais dans deux directions quasi opposées. Dans un sens, la sexualité abondante peut privilégier le plaisir; comment?

A

La première issue est identique à ce que nous avons esquissé chez l’enfant : l’expression crue, à ciel ouvert, d’une sexualité abondante, plus souvent avec partenaire (s) que solitaire, où le plaisir est privilégié par rapport à la relation. S’il le faut, l’adolescent sait s’imposer pour arriver à ses fins, par exemple en faisant une pression morale sur son frère ou sa soeur, d’un an ou deux plus jeune, et, plus rarement, par la violence physique (l’exposition à la pornographie constitue probablement pour certains jeunes un facteur précipitant de sinistres « tournantes » qui sont une des modes du moment : viol collectif… jusqu’à saturation des violeurs).

Que l’on ne se méprenne pas : nous ne nous sommes pas occupés à dire que la pornographie n’est la cause unique, ni même la plus importante de ces passages à l’acte : il s’agirait alors d’un pur phénomène d’imitation, qui n’existe vraisemblablement à lui seul que de très loin! Plus souvent, l’exposition à la pornographie constitue comme un coup de pouce, qui désinhibe encore un peu plus l’action chez des jeunes à la personnalité peu structurée (e. a. impulsifs), peu socialisés de l’intérieur et peu contenus de l’extérieur (Félix écrit : « en particulier dans les milieux populaires, beaucoup d’adolescents prennent la pornographie violente comme modèle… l’inceste, la pédophilie, le viol… sont devenus des notions très élastiques dans l’imagerie de ces adolescents nourris d’images ». Nous ne contestons pas la constatation de l’auteur, mais nous nous en tenons plus à l’idée du « coup de pouce » qu’à celle de « franc modèle simplement imité »).

69
Q

L’hyperérotisation chez les adolescents peut aussi avoir un effet de fixation voyeuriste, dépendance et isolement. Comment?

A

La seconde direction est plus typique de l’adolescence : il s’agit d’une fixation à l’imagerie pornographique elle-même, fixation voyeuriste allant parfois jusqu’à une grave dépendance (Internet addiction disorder) décrit par les Nord-Américains et centré ici sur le surfing porno (ce surfing navigue alors entre les sex-shops virtuels, certains forums qui sont de simples collections d’images pornos, la visite de sites « perso » sexuels, ou les chats publics ou privés centrés sur la « baise » ou des perversions plus précises).

Cette fixation, qui consomme plus ou moins de temps et d’énergie, s’accompagne souvent d’isolement des autres, voire d’un désinvestissement des tâches de la vie quotidienne. Elle est principalement le fait d’adolescents plus âgés (à partir de 16-17 ans). Il est difficile de statuer si la coupure avec les autres, précède des problèmes affectifs préalables (angoisses excessives, dépression, faible estime de soi…) ou si, au contraire, c’est — un peu par hasard ― l’intensité subjective des plaisirs procurés par l’image qui crée la dépendance, fait basculer l’adolescent dans le retrait, et entraîne ensuite la mise en place d’une médiocre image de soi… vite anesthésiée via de nouveaux étourdissements dans la boue des images.

70
Q

Enfin, l’hyperérotisation chez les adolescents peut avoir un effet de fixation et de dépendances perverses. Que veut-on dire?

A

Dans ce qui précède, on était en droit de penser que l’adolescent se centrait encore sur la sexualité génitale, type « partouzant », entre partenaires à tout le moins postpubères. C’est parfois pire encore : certaines des fixations et dépendances dont nous venons de parler sont franchement perverses. Au rang de celles-ci et parmi les plus inquiétantes, il y a la pédophilie (pour mémoire, quand le réseau « pédo-nécro », russo-italien, au nom suffisamment évocateur, a été bloqué à l’automne 2000, on a constaté que 1 % des clients, à qui on livrait des vidéocassettes, étaient des mineurs d’âge!). Les images pédophiles abondent sur le net et entretiennent l’exploitation sexuelle de centaines de milliers d’enfants dans le monde. Cette fixation est particulièrement tentante pour des adolescents peu sûrs d’eux, à la recherche de dominations illusoires, d’amours consolateurs, et nostalgiques de leur enfance perdue.

71
Q

Qu’est-ce que le phénomène des enfants ayant des comportements sexuels problématiques?

A

Bien que le phénomène des enfants qui manifestent des CSP interpelle de plus en plus les chercheurs, il n’existe à ce jour aucun consensus sur une définition des CSP. Le groupe de travail de l’Association for Treatment of Sexual Abusers (ATSA) sur les enfants manifestant des CSP propose de définir les CSP comme « des comportements impliquant des parties sexuelles du corps, qui sontinitiés par des enfants de 12 ans et moinset qui sontinappropriés d’un point de vue développemental ou qui sont potentiellement néfastes pour l’enfant lui-même ou pour les autres ».

Cette définition implique donc que les comportements sexuels peuvent être dirigés vers l’enfant lui-même ou vers d’autres enfants. Tel que souligné par Silovsky et Bonner (2003), bien que le terme « sexuel » soit utilisé, les intentions et les motivations sous-jacentes à ces comportements peuvent être liées ou non à un besoin de gratification ou de stimulation sexuelle.

Les comportements sexuels des enfants peuvent être motivés par la curiosité, l’anxiété, l’imitation, la recherche d’attention, l’apaisement ou par d’autres éléments.

72
Q

Quelle est la prévalence et l’incidence des enfants ayant des CSP?

A

À ce jour, il demeure difficile de déterminer la prévalence exacte d’enfants ayant des CSP puisqu’une proportion importante de ces comportements se produit à l’insu des parents et n’est pas nécessairement rapportée aux autorités. De plus, il n’existe aucune étude populationnelle de prévalence ou d’incidence portant sur les CSP chez les enfants.

Il est toutefois possible de dresser un portrait partiel de l’ampleur du phénomène en se référant aux cas identifiés parmi la clientèle des services de protection de l’enfance. Ainsi, Gray et al. (1997) rapportent qu’en 1994, dans l’État du Vermont, plus de 125 enfants ont été agressés sexuellement par un enfant âgé de moins de 14 ans, dont un tiers d’entre eux étaient âgés de moins de 10 ans. À une échelle plus étendue, Pithers, Gray, Busconi et Houchens (1998) relatent qu’aux États-Unis, près de 40 % des agressions sexuelles posées à l’endroit d’enfants sont commises par des jeunes de moins de 20 ans, dont 13 à 18 % seraient le fait d’enfants de 6 à 12 ans.

Au Québec, la prévalence d’enfants ayant des CSP semble également préoccupante. Ainsi, Gagnon (2003) rapporte que, d’après une étude menée par la Direction de la protection de la jeunesse de Montréal portant sur l’incidence de l’agression sexuelle par des mineurs, 11 % des jeunes ayant posé des gestes sexuels de nature agressive étaient âgés de 8 à 11 ans.

73
Q

Quels sont les facteurs associés aux CSP chez les enfants?

A

Jusqu’à maintenant, l’origine des CSP chez les enfants n’est pas clairement comprise. Les premières théories ont mis l’accent sur l’agression sexuelle comme étant la cause prédominante de la présence des CSP chez les enfants. Les enfants qui ont été victimes d’agression sexuelle manifesteraient davantage de CSP que les enfants qui n’ont pas vécu de victimisation sexuelle. Une histoire d’agression sexuelle serait présente chez un pourcentage élevé d’enfants ayant des CSP. Toutefois, selon des recherches récentes, plusieurs enfants qui manifestent des CSP ne présentent pas d’histoire d’agression sexuelle.

Les théories actuelles précisent que l’origine et le maintien des CSP dans l’enfance sont associés à des facteurs familiaux, sociaux, environnementaux et développementaux. L’agression sexuelle semble être un facteur qui contribue à l’apparition de ces manifestations, au même titre que la violence physique, les pratiques parentales dysfonctionnelles, la détresse psychologique du parent, les mauvais traitements dans l’enfance du parent, l’exposition à de la sexualité explicite, le fait de vivre dans un environnement hautement sexualisé et l’exposition à de la violence familiale.

Enfin, tel que souligné par certains auteurs, les CSP peuvent ne représenter qu’une partie d’un portrait plus large de troubles de comportement chez un enfant. En effet, les auteurs se sont également intéressés aux variables personnelles des enfants. Ainsi, la majorité des études démontrent que la présence de troubles du comportement extériorisés ou intériorisés est fortement corrélée avec la manifestation de CSP ou avec une fréquence plus élevée de comportements sexuels.

74
Q

Que devrait-on évaluer au niveau du profil psychosocial des enfants présentant des CSP?

A

L’évaluation individuelle doit jouer un rôle fondamental dans les décisions d’intervention et les actions prises auprès des enfants ayant des CSP. Le contenu de l’évaluation clinique peut varier selon l’enfant, c’est-à dire que la complexité et la durée de l’évaluation sont variables. Selon les experts du groupe de travail de l’ATSA (2006), il n’est pas toujours nécessaire ni souhaitable de réaliser une évaluation échelonnée sur plusieurs rencontres. Il est plutôt suggéré de recueillir certaines informations à la lecture des notes et des rapports disponibles, d’obtenir du parent une description de l’histoire comportementale de l’enfant et de son fonctionnement psychologique, de réaliser une brève entrevue avec l’enfant et d’administrer quelques instruments d’évaluation standardisés à l’enfant et au parent. Il s’avère important de recueillir de l’information auprès de sources multiples, telles que les parents, le professeur, la fratrie, etc.

Par ailleurs, dans les cas plus complexes où l’enfant présente plusieurs diagnostics, il est pertinent de réaliser une évaluation plus approfondie. Selon différentes études consultées et le groupe de travail de l’ATSA (2006), deux grandes sphères devraient être prises en considération dans l’évaluation d’enfants présentant des CSP, soit l’environnement social et familial de l’enfant ainsi que son profil psychologique et comportemental.

75
Q

Que doit-on évaluer au niveau de l’environnement social et familial de l’enfant présentant des CSP?

A

Le contexte environnemental de l’enfant peut grandement influencer le développement et le maintien de ses CSP. Ainsi, l’évaluation devrait viser à recueillir de l’information sur les éléments suivants :

  1. la qualité de la relation parent-enfant,
  2. la capacité du parent à superviser les comportements de son enfant (dont les limites et les conséquences imposées à l’enfant),
  3. le soutien parental,
  4. la présence positive ou négative de modèles (adultes et pairs) dans l’environnement de l’enfant,
  5. les pratiques parentales (dont la constance des interventions),
  6. les frontières émotionnelles, physiques et sexuelles dans la maison,
  7. les occasions offertes à l’enfant de poser des comportements inappropriés,
  8. le niveau de stimulation sexuelle ou de violence dans l’environnement passé et présent de l’enfant,
  9. l’exposition à des situations potentiellement traumatiques,
  10. les facteurs de protection dans le milieu de vie (dont les ressources de la famille) ainsi que les valeurs culturelles de la famille et de la communauté concernant la sexualité.

L’évaluation de l’environnement social et familial s’avère cruciale afin de déterminer les objectifs ou les stratégies qui seront poursuivis avec les adultes impliqués dans la vie de l’enfant. Elle vise non seulement à identifier les éléments plus problématiques, mais également les forces et les ressources du milieu pouvant être mobilisées afin de venir en aide à l’enfant.

76
Q

Que doit-on évaluer au niveau du profil psychologique et comportemental de l’enfant présentant des CSP?

A

Tel que précisé par le groupe d’experts, une évaluation exhaustive des enfants présentant des CSP inclut une appréciation du fonctionnement psychologique et comportemental de l’enfant ainsi qu’une mesure spécifique des CSP. Dans certains cas, la manifestation des CSP peut s’avérer le problème prioritaire alors que, dans d’autres situations, les CSP sont secondaires par rapport à un problème plus alarmant comme des troubles du comportement ou des séquelles sévères d’agression sexuelle.

Ainsi, la combinaison d’une évaluation du fonctionnement général de l’enfant à une évaluation spécifique des CSP permet de prioriser les difficultés que présente l’enfant et ainsi d’ajuster les objectifs d’intervention. Un nombre important de problèmes non sexuels chez les enfants ayant des CSP ont été décrits dans la littérature et doivent être documentés lors de l’évaluation, à savoir:

  1. la présence de troubles de comportement extériorisés (trouble d’attention avec hyperactivité, comportements d’opposition, agressivité),
  2. de troubles de comportement intériorisés (dépression, anxiété, difficultés relationnelles),
  3. de problèmes d’apprentissage,
  4. de symptômes de stress posttraumatique.

De plus, selon le cas, il peut s’avérer pertinent d’évaluer d’autres sphères du fonctionnement de l’enfant, notamment le développement intellectuel. Enfin, une histoire de victimisation sexuelle, de violence physique ou psychologique ainsi que de négligence sont des variables qui semblent liées à l’apparition et au maintien des CSP et qui devraient être abordées lors de l’évaluation. Tel que précisé par le groupe de travail de l’ATSA (2006), puisqu’une proportion importante d’enfants a vécu une agression sexuelle, il est pertinent d’évaluer les symptômes en lien avec l’événement traumatique.

77
Q

Est-il important d’avoir un bon portrait du comportement problématique de l’enfant?

A

L’obtention d’une description précise et détaillée des comportements sexuels de l’enfant s’avère prioritaire dans l’évaluation (durée, fréquence, type de comportements, progression, coercition, circonstances, etc.). Il est souvent fort pertinent de faire l’histoire chronologique des CSP et de juxtaposer ces comportements à des événements clés survenus dans la vie de l’enfant. Il est recommandé de se référer à des sources d’information multiples afin de créer un portrait le plus complet possible des CSP, incluant les renseignements provenant du parent, de l’enfant, des professeurs et des autres enfants impliqués dans les CSP.

Le groupe de travail de l’ATSA (2006) souligne l’importance d’évaluer comment les CSP ont été initiés et dans quels contextes. Ces facteurs permettent de statuer sur les besoins de restriction et de supervision de l’enfant instigateur dans le but de protéger les autres enfants. L’évaluation des CSP devrait également prendre en considération les interventions mises en place par les parents afin de faire cesser ces comportements. Par ailleurs, une évaluation complète devrait tenter d’identifier les situations ou les circonstances dans lesquelles les CSP semblent se produire. À titre d’exemples, certains enfants s’engagent dans des CSP lorsqu’ils vivent une situation de stress ou lorsqu’ils se sentent déprimés ou anxieux alors que d’autres agissent lorsqu’ils ont des souvenirs de leur histoire de victimisation sexuelle et qu’ils se sentent impuissants ou en colère.

D’autres enfants peuvent s’engager dans des CSP lorsqu’ils sont confrontés à des facteurs familiaux ou environnementaux, tels que l’exposition à du matériel sexuel explicite. Un des principes soulevés par le groupe de l’ATSA (2006) est que les facteurs présents et récents, tant émotionnels qu’environnementaux, qui favorisent le maintien des CSP chez l’enfant sont souvent plus importants que des facteurs plus lointains ou passés. De même, il n’est pas nécessairement prioritaire de comprendre ou de déterminer l’origine des CSP pour offrir des interventions de qualité.

78
Q

Quels sont des outils qui peuvent nous aider dans l’évaluation des CSP chez les enfants?

A

Seuls quelques questionnaires permettent d’évaluer, de manière quoique partielle, les CSP de l’enfant. Deux outils de mesure sont plus connus et utilisés, le Child Sexual Behavior Inventory (CSBI ; Friedrich, 1997) et le Child Sexual Behavior Checklist (CSBCL -2e révision; Johnson et Friend, 1995).

Le premier s’adresse aux enfants âgés de 2 à 12 ans et mesure la fréquence des comportements sexuels sains et inappropriés. Bien que l’instrument possède des normes permettant de discriminer entre des comportements sexuels typiques et des comportements atypiques selon l’âge et le sexe, il ne détermine aucun seuil à partir duquel des comportements sexuels pourraient être considérés comme problématiques chez un enfant.

Le second instrument, le CSBCL, s’adresse aussi aux enfants de moins de 12 ans. Le questionnaire comprend une liste d’items en lien avec la sexualité chez les enfants et recueille de l’information sur l’environnement familial et les CSP de l’enfant. De plus, cette mesure fournit une liste de 26 caractéristiques de comportements sexuels inappropriés. Cela dit, cet instrument n’a pas été validé empiriquement et aucune norme n’est disponible afin de statuer si l’enfant a oui ou non des CSP.

79
Q

Quels sont les principaux objectifs des traitements offerts pour les enfants ayant des CSP?

A

À ce jour, un certain nombre de programmes de traitement spécialisés s’adressant aux enfants présentant des CSP ont été développés. En 1993, Johnson a estimé que seulement 12 programmes de traitement spécialisés existaient aux États-Unis, en Angleterre et au Canada. Des écrits plus récents suggèrent qu’il existe en plus une dizaine de programmes de traitement pour les enfants qui présentent des CSP. Malheureusement, peu de ces programmes, implantés en majorité aux États-Unis, ont été documentés et évalués.

Dans l’ensemble, les programmes de traitement conçus pour les enfants ayant des CSP énoncent les objectifs suivants :

  1. favoriser l’expression des émotions;
  2. encourager l’enfant à reconnaître ses CSP;
  3. enseigner à l’enfant des habiletés afin de l’aider à diminuer la fréquence de ses CSP ou à les arrêter;
  4. développer une sexualité saine conforme à l’âge développemental de l’enfant
  5. soutenir les parents et les habiliter à superviser efficacement leurs enfants afin de minimiser la récurrence des CSP.

Enfin, les traitements visent également le maintien des changements de comportement dans le temps . Les traitements s’adressent autant aux filles qu’aux garçons. Toutefois, la proportion de garçons est plus élevée dans les échantillons des groupes de traitement étudiés. Les traitements décrits sont, pour la plupart, destinés aux enfants âgés de 6 à 12 ans et à leurs parents.

80
Q

Qu’a conclut l’étude de Bonner et coll. sur les traitements des CSP chez les enfants?

A

L’étude de Bonner et ses collègues (1999) a comparé l’efficacité d’un traitement cognitivo-comportemental (TCC) ayant une composante psycho-éducative à celle d’une thérapie par le jeu.

Les sujets, âgés de six à douze ans, étaient assignés aléatoirement à l’une des deux conditions et participaient à 12 rencontres de groupe. L’évaluation du comportement des enfants par les mères démontre, à court terme (un an et deux ans après la participation au traitement), une réduction considérable des CSP et des autres problèmes de comportement non sexuels pour les deux groupes d’enfants (TCC et thérapie par le jeu). Par ailleurs, dix ans après la participation au traitement, les enfants du groupe TCC montrent moins d’arrestations pour agressions sexuelles que les enfants du groupe de thérapie par le jeu (respectivement 2 % et 10 %).

Toutefois, sur la période de dix ans, aucune différence significative n’est rapportée entre les deux groupes en ce qui concerne les arrestations pour des délits de nature non sexuelle. Ces résultats suggèrent qu’un traitement approprié de courte durée peut réduire le risque de commettre des offenses sexuelles dans l’avenir.

81
Q

Qu’ont conclu les travaux de Pithers et coll au sujet des tx des ESA?

A

Les travaux de Pithers et ses collègues (1998) ont comparé, à l’aide d’un devis expérimental, l’efficacité d’un traitement de groupe basé sur un modèle de prévention de la récidive à une thérapie de groupe expressive.

L’échantillon, composé de 115 enfants âgés de 6 à 12 ans et leur famille, a été assigné aléatoirement aux deux groupes. Les deux programmes de traitement incluaient 32 rencontres, étaient structurés et présentaient des notions psychoéducatives. Le modèle de prévention de la récidive, adapté à partir des traitements pour adultes agresseurs sexuels, mettait l’accent sur l’identification de facteurs de récidive et d’un plan de prévention alors que la thérapie expressive se limitait à donner de l’information sur les CSP, les frontières personnelles, la gestion des émotions, la compréhension des effets de l’agression sexuelle et à enseigner des techniques de résolution des conflits et d’habiletés sociales.

Après 16 rencontres de traitement, les enfants des deux groupes s’étaient améliorés. Toutefois, on note une diminution plus grande des symptômes de stress post-traumatique chez les enfants du programme de prévention de la récidive comparativement aux enfants ayant participé au groupe de thérapie expressive. À la fin des 32 rencontres du traitement, les deux groupes d’enfants s’étaient améliorés, mais aucune différence significative n’était observée entre les deux groupes.

82
Q

Silovsky, Niec, Bard et Hecht (2007) ont utilisé un groupe de contrôle (liste d’attente) et un groupe expérimental afin d’évaluer l’effet d’un TCC de groupe de 12 rencontres pour des enfants d’âge préscolaire ayant des CSP. Qu’ont-ils conclu?

A

Des mesures auprès des participants étaient prises toutes les semaines. Avec le temps, les résultats ont démontré une réduction des CSP chez les enfants des deux groupes. Toutefois, les CSP chez les enfants qui avaient initialement une fréquence plus élevée de comportements sexuels tendaient à s’améliorer plus rapidement lorsqu’ils participaient au groupe de TCC.

Certaines conclusions générales peuvent être tirées de ces résultats. D’abord, il semble que les CSP s’améliorent avec le passage du temps, du moins en présence d’une certaine forme d’intervention de la part d’un adulte (parent, intervenant social, etc.). Ensuite, il apparaît que les traitements spécifiques fonctionnent et, tout particulièrement les TCC structurés qui insistent sur les CSP et sur l’implication du parent. Aussi, il semblerait que les TCC qui mettent l’accent sur les symptômes de stress post-traumatique et les CSP peuvent s’avérer efficaces pour réduire les deux types de problèmes lorsqu’ils sont présents. Enfin, le groupe d’experts (ATSA, 2006) souligne que, bien que le TCC à court terme puisse ne pas être la meilleure option pour tous les enfants présentant des CSP, les résultats suggèrent que, combiné à l’implication du parent, il peut s’avérer un excellent choix et contribuer à l’obtention de résultats durables dans la majorité des cas. Ainsi, le TCC devrait être considéré comme le traitement de première ligne pour les enfants ayant des CSP, sauf dans des cas d’une sévérité inhabituelle.

83
Q

À quoi s’attend-t-on par rapport à l’implication des parents dans le tx des CSP chez les enfants?

A

Tant dans les écrits cliniques que scientifiques, l’accent est mis sur l’importance d’impliquer les parents ou un adulte responsable de l’enfant dans le traitement. Le groupe de travail de l’ATSA (2006) précise que le terme « parent » fait autant référence aux parents biologiques qu’aux parents d’accueil ou à tous les autres adultes qui prennent soin de l’enfant. Dans certains cas, l’environnement familial contribue activement au développement et au maintien des CSP de l’enfant. Ainsi, dans le but d’intervenir efficacement, l’environnement familial doit soutenir le développement sexuel sain de l’enfant et chercher à réduire les facteurs associés aux CSP.

Dans d’autres situations, l’environnement familial peut ne pas être problématique, mais l’implication des parents (ou d’adultes significatifs) dans le traitement s’avère un atout crucial afin de fournir du soutien à l’enfant et l’aider à généraliser les acquis en dehors du contexte thérapeutique. Les traitements prometteurs auprès des enfants présentant des CSP incluent des interventions directes auprès des parents ou d’autres adultes importants dans la vie de l’enfant.

84
Q

Que peuvent être des modalités de tx pour les CSP chez les enfants?

A

Le groupe de travail de l’ATSA (2006) fait une mise en garde en soulignant que, bien que le traitement de groupe soit populaire auprès de diverses instances, on ne peut prétendre actuellement qu’il s’agisse de la meilleure ou de l’unique approche. À titre d’exemple, les études contrôlées précédemment discutées font ressortir des effets bénéfiques issus à la fois des modalités de traitement de groupe et de traitement individuel du TCC.

Certes, le traitement de groupe offre des avantages uniques tout en posant des défis particuliers. Un des avantages de l’approche de groupe est le coût moindre engendré par le service. Les forces cliniques incluent la possibilité d’un apprentissage par imitation et observation, la réduction du sentiment d’isolement et l’occasion de développer des habiletés sociales au sein du groupe. De plus, le groupe permet des discussions plus actives.

Toutefois, un traitement de groupe implique de tenir compte de la question de la confidentialité qui doit être bien gérée par les thérapeutes. L’utilisation de stratégies de gestion des comportements par le thérapeute de groupe est également essentielle au succès du traitement. En effet, un groupe mal géré peut favoriser l’apparition de problèmes de comportement, créer des modèles sociaux négatifs et encourager les renforcements négatifs par les pairs. Ensuite, la modalité de groupe peut ne pas s’avérer être la meilleure approche pour les enfants qui présentent des troubles de comportement sérieux ou des problèmes de comorbidité sévères. Enfin, dans certains cas, des rencontres supplémentaires familiales ou individuelles peuvent s’avérer nécessaires afin d’intervenir sur certains problèmes de comorbidité.

85
Q

En quoi consiste le programme d’intervention À la croisée des chemins?

A

Le programme comprend deux volets parallèles, enfants et parents, qui s’échelonnent sur 20 semaines, à raison d’une rencontre hebdomadaire d’une durée de 1 heure et 45 minutes. Le nombre maximal de participants par groupe est de 8 pour le groupe d’enfants et de 14 pour le groupe de parents. Les enfants sont répartis dans les groupes selon leur âge (6 à 9 ans et 10 à 12 ans) alors que les parents sont regroupés au sein d’un même groupe. Pour le même enfant, deux adultes peuvent participer au groupe (par exemple, les deux parents biologiques ou un parent et un éducateur de résidence de groupe). Lorsque le parent ne peut participer à ces rencontres et que l’enfant est placé, le parent substitut ou l’éducateur du milieu de vie peut accompagner l’enfant et s’intégrer au groupe de parents. L’existence d’un lien d’attachement et d’un rôle parental est tout aussi significatif et nécessite soutien et éducation, et ce, tout particulièrement lorsque l’enfant est séparé de son milieu familial d’origine et vit en milieu substitut (famille d’accueil, résidence de groupe, etc.).

Le programme, composé d’un ensemble d’activités, s’insère dans un cadre théorique fortement inspiré des approches cognitivo-comportementales. Ces activités permettent à l’enfant de :

  1. reconnaître son comportement sexuel problématique,
  2. cerner les mécanismes déclencheurs et les conséquences du comportement sexuel problématique,
  3. apprendre des connaissances en matière de sexualité saine,
  4. prendre conscience de ses limites personnelles et de celles d’autrui,
  5. parfaire ses habiletés sociales,
  6. développer des habiletés favorisant le contrôle de soi et
  7. renforcer son estime de soi.

Parallèlement, pour l’ensemble des parents, les cibles d’intervention visent :

  1. la reconnaissance des comportements sexuels problématiques de leur enfant,
  2. la compréhension des mécanismes déclencheurs menant aux comportements sexuels inadéquats,
  3. l’établissement d’une supervision adéquate, limitant ainsi les activités qui placent l’enfant dans une situation propice aux activités sexuelles inappropriées,
  4. l’apprentissage de connaissances et d‘habiletés dans l’éducation à la sexualité de leur enfant et
  5. le développement d’habiletés parentales par l’apprentissage d’une communication ouverte, d’une attention positive et le renforcement de l’estime de soi de l’enfant.