Populations particulières Flashcards
La société accepte-t-elle le fait qu’il existe des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?
Comme pour le phénomène des adolescents agresseurs, la société a longtemps nié la possibilité que des enfants puissent avoir des comportements sexuellement agressifs et la Cour, encore aujourd’hui, recommande rarement le traitement ou n’offre aucune assistance aux enfants ayant posé des gestes inadéquats.
Avant 1985, l’identification et le signalement des enfants sexuellement agressifs étaient à peu près inexistants. Pourtant, la réalité des enfants sexuellement agressifs n’est pas nouvelle. Dès la fin des années 80, la problématique des enfants de moins de 12 ans qui exploitent sexuellement d’autres enfants a suscité beaucoup d’intérêt. Toutefois, bien peu d’écrits ont été consacrés à cette problématique. Les gestes sexuellement agressifs posés par les enfants sont un phénomène méconnu, dont l’ampleur semble sous-estimée. Jusqu’à présent, très peu de cliniciens et de chercheurs se sont penchés sur cette réalité alors que de nombreux jeunes présentent des comportements sexuels problématiques tôt dans leur développement.
Pourquoi les gens minimisent-ils les comportements sexuels agressifs des enfants?
Dans une société où plusieurs cherchent à nier toute forme de sexualité chez les enfants et qui tente de réprimer les comportements sexuels à l’adolescence, il n’est pas surprenant que les professionnels minimisent les délits de nature sexuelle commis par les enfants. Pour plusieurs d’entre eux, il est très difficile de croire qu’un enfant puisse avoir les habiletés cognitives ou des traits de personnalité lui permettant d’exercer un pouvoir sur les autres. L’agression sexuelle commise par un enfant devient par le fait même un concept difficile à accepter. Toutefois, les histoires d’adolescents et d’adultes, dont les comportements déviants se sont développés au fil des ans et les récentes recherches sur les enfants ont confirmé que les délits sexuels peuvent commencer très tôt dans l’enfance.
Que disent Pithers et Gray au sujet des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?
Sachant que la majorité des agresseurs sexuels adultes ont commis leur premier comportement sexuel inapproprié avant l’âge de 18 ans et à un âge aussi jeune que 5 ans pour plusieurs d’entre eux, il est impératif de procéder à une intervention auprès de ces jeunes enfants le plus précocement possible.
En effet, Pithers et Gray (1998) rapportent que 40 % de leur échantillon de 127 jeunes présentant des problèmes de comportements sexuels ont été agressés par une personne de 18 ans et moins et presque la moitié des agresseurs sont âgés de moins de 10 ans.
Ces enfants auteurs d’agression sexuelle, qui ne sont pas encore adolescents, sont trop jeunes pour être traduits en justice, trop à risque pour les foyers d’accueil hébergeant d’autres enfants et ils sont trop inquiétants pour être ignorés.
Identifier les enfants ayant des comportements sexuels problématiques apparaît comme un phénomène de première importance pour lequel des efforts systématiques d’intervention et de prévention s’avèrent essentiels.
Que souligne l’étude de Hunter et coll (1995) au sujet des enfants agresseurs sexuels?
Hunter et coll. (1995) soutiennent qu’une agression sexuelle juvénile ne peut être définie seulement à partir du comportement manifeste.
Il est d’abord important de déterminer s’il y a un rapport de force ou de pouvoir lors de l’activité ou dans la relation en général. S’il n’y a pas apparence de l’utilisation de la force ou du pouvoir, il importe d’évaluer si les jeunes personnes étaient consentantes. Finalement, il est également important d’évaluer si l’activité peut être considérée comme une activité normale en lien avec l’âge des enfants impliqués.
Hunter et coll. (1995) insistent sur le fait que s’il y a utilisation de la coercition, de la force ou apparence d’un rapport de force, si une activité est une reproduction de comportements sexuels adultes ou si un ou plusieurs des enfants ressentent de la peur, alors la situation peut être considérée comme abusive. Ainsi, un comportement sexuel agressif ne se limite pas seulement à des contacts physiques entre les deux parties.
Le langage à caractère sexuel, le voyeurisme, l’exhibitionnisme sont des comportements qui peuvent aussi, dans certains cas, être considérés comme agressifs. Certains professionnels ont suggéré que la différence d’âge entre les enfants qui ont des contacts sexuels peut également être utilisée pour évaluer si le comportement est agressif. Le type d’activités peut aussi servir à déterminer si la situation est normale ou abusive. Ce dernier aspect renvoie au développement psychosexuel de l’enfant.
Que mentionnent Ray et coll (1995) au sujet de notre difficulté à réagir face à des enfants ayant des comportements sexuels agressifs?
Ray et coll. (1995) soutiennent que la littérature, à travers son besoin de trouver une terminologie adéquate pour décrire ces enfants, reflète bien la difficulté des professionnels à composer avec le phénomène. On utilise tour à tour les termes « jeunes agresseurs sexuels », « enfants ayant une réaction précoce à la sexualité » ou « enfants ayant des problèmes de comportements sexuels » afin de décrire les enfants aux prises avec de telles difficultés. Dans le cadre du présent cours, nous utiliserons le terme « enfants sexuellement agressifs » (ESA), dans la mesure où c’est celui qui semble graduellement s’imposer dans la littérature spécialisée.
On entend généralement par « enfants sexuellement agressifs »,
tout enfant adoptant des comportements de l’ordre des touchers sexuels, de l’intimidation, de la pénétration ou des comportements inquiétants comme le voyeurisme, l’exhibitionnisme ou l’utilisation d’un langage sexuel inapproprié en regard au niveau de développement
Est-il fréquent que les agresseurs sexuels commencent leur carrière durant l’enfance?
Plusieurs travaux ont démontré que ce type de comportements pouvait apparaître très tôt dans le développement. Par exemple, une recherche effectuée en 1986 par l’Oregon report on Juvenile Sex offender indique qu’environ 12 % des délinquants sexuels juvéniles étaient âgées de 11 et 12 ans.
D’autres États ont rapporté qu’entre 10 % et 14 % des jeunes agresseurs sont âgés de 11 et 12 ans. Même si la majorité des délinquants sexuels juvéniles identifiés ou appréhendés sont des adolescents, il est probable que plusieurs d’entre eux ont commencé à s’engager dans des comportements sexuellement agressifs avant le dévoilement des agressions.
Ainsi, parmi les adultes condamnés pour des crimes sexuels, 50 % ont eu des comportements déviants avant l’âge de 18 ans (Hunter et coll. 1995) et 30 % affirment avoir posé leurs premiers gestes agressifs avant l’âge de 9 ans. Dans le même ordre d’idées, le département de la santé et des services sociaux de l’état de Washington a répertorié que 33 % des 691 cas de mineurs ayant posé des gestes sexuels agressifs étaient âgés de moins de 12 ans, confirmant ainsi les observations de Hunter et coll.
Burton et coll. ont fait des études sur les statistiques des enfants agresseurs sexuels. Quelles sont des statistiques intéressantes qui sont ressorties?
Une recherche menée en 1997 par Burton, Nesmith et Badten auprès d’un échantillon de 287 enfants âgés de 12 ans ou moins ayant eu des comportements sexuels agressifs, révèle que :
- 70 % d’entre eux avaient au moins un des adultes responsables qui présentait un problème de dépendance (drogue, alcool, médication).
- 48 % des enfants avaient au moins un de leurs parents qui avait été agressé sexuellement.
- 72 % de ces enfants avaient été eux-mêmes agressés sexuellement.
- Dans 60 % de ces cas, l’agresseur avait la charge de l’enfant.
Ces auteurs rapportent également que les enfants agressés posent leurs premiers gestes plus tôt que ceux n’ayant pas été agressés. De plus, les enfants de moins de 6 ans perçoivent généralement leurs comportements sexuels agressifs comme étant plus normaux que les enfants plus âgés.
Dans un échantillon composé de 47 garçons et 13 filles, Johnson (1988, 1989); Burton et coll. (1997) identifient que, dans l’ensemble, les gestes posés sont similaires, mais dans des proportions différentes :
- la pénétration vaginale avec le pénis (8 % des garçons) ou le doigt (3 % des garçons contre 6 % des filles) ou un objet (0 % contre 6 %),
- la pénétration anale avec le pénis (12 % des garçons) ou le doigt (4 % contre 8 %) ou un objet (2 % des garçons),
- les comportements bucco-génitaux (10 % contre 12 %),
- les attouchements (3 % contre 13 %),
- les attouchements génitaux (2 % contre 19 %),
- l’exhibitionnisme (2 % des garçons),
- les simulations de rapports sexuels (3 % contre 11 %).
Les filles posent généralement leurs premiers gestes plus tôt ; soit en moyenne 6 ans et 7 mois, alors que les garçons posent en moyenne leurs premiers gestes à 8 ans et 9 mois. De plus, 100 % de l’échantillon des filles avaient été agressés comparativement à 49 % des garçons.
Quelles sont les principales similitudes et différences entre les enfants agresseurs sexuels et les adolescents agresseurs sexuels?
Les enfants sexuellement agressifs présentent un profil quasi identique à celui des adolescents agresseurs sexuels. C’est ainsi qu’ils utilisent le pouvoir, qu’ils ont des intérêts sexuels qui incluent les comportements sexuels agressifs, qu’ils présentent des distorsions cognitives et des déficits quant aux habiletés relationnelles, qu’ils projettent le blâme à l’extérieur, etc.
Donc, mis à part l’âge, les quelques différences entre les enfants sexuellement agressifs et les adolescents agresseurs s’observent au niveau développemental ainsi qu’au niveau du degré de raffinement ou d’habituation.
Dans deux études menées par Freidrich et Luecke (1988); Burton et coll. (1997), 81 % des enfants de leur échantillon avaient été agressés et ils présentaient tous, un trouble de comportement et un trouble d’opposition.
Ces auteurs ajoutent que le besoin de pouvoir et de contrôle est la principale motivation dans la majorité des agressions chez les adultes et ils émettent l’hypothèse que les enfants peuvent avoir des besoins similaires.
Kikuchi (1995) et Hunter (1995) avancent que, de façon générale, les agressions commises par des enfants et des adolescents sont minimisées, rationalisés, ignorés et déniés par la société. Les auteurs émettent l’hypothèse que cette attitude provienne, en bonne partie, de la pensée que certaines activités sexuelles entre enfants sont normales et qu’il n’est pas facile de faire la différence entre ce qu’est un comportement sexuel normal ou anormal entre enfants et adolescents.
Les tx des comportements sexuels agressifs d’enfants ressemblent-ils à ceux des adolescents?
Les traitements offerts aux jeunes enfants agressifs sexuellement, bien qu’ils soient souvent jugés imprécis ou qu’ils manquent d’uniformité, sont également inspirés des mêmes modalités thérapeutiques que celles développées auprès des adolescents. Toutefois, ce choix de transposer les grands « thèmes thérapeutiques » utilisés avec les clientèles adultes et adolescentes est discutable.
Il est en effet possible d’adapter le contenu et le matériel en fonction du niveau de développement de l’enfant. Par contre, dans d’autres cas, le contenu et par conséquent la notion en elle-même peuvent s’en trouver « dénaturés ». En guise d’exemple, la notion d’empathie réfère à la capacité de s’imaginer ce qu’un tiers peut éprouver dans telle ou telle situation. Une telle capacité renvoie à des aptitudes cognitives et affectives généralement acquises, dans un développement normal, à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence.
Ainsi, la référence à l’acquisition d’une telle notion par des enfants paraît utopique. Les écrits de Kolberg (1958) sont d’ailleurs clairs à ce sujet. Il ne suffit donc pas d’aborder une notion complexe au moyen d’outils ou de matériels didactiques plus imagés.
Quelle est une des principale différence du tx des comportements sexuels agressifs chez les enfants de celui chez les adolescents?
En fait, l’une des seules différences entre le traitement offert aux adolescents et celui destiné aux enfants concerne l’importance accordée à la victimisation de ces enfants. La présence de tels comportements chez des enfants prépubères est en effet souvent associée à un passé d’agression sexuelle ou physique.
Les programmes de traitement sont donc souvent élaborés en tenant compte de leur propre victimisation. Ainsi, selon Cantell (1988) ; Johnson et Berry (1989) ; Ray et coll. (1995) la tendance a donc été de traiter les jeunes sexuellement agressifs comme des victimes. Plus récemment, l’orientation est de mettre plutôt l’emphase sur la responsabilisation, le contrôle des comportements et la restructuration des cognitions sans égard à l’âge de l’enfant.
Comment sont organisés les tx pour les enfants agresseurs sexuels?
Si ces programmes, dans l’énoncé des facteurs étiologiques qui sous-tendent leur approche, font grandement état de l’importance de la victimisation, les modalités thérapeutiques mises en place n’y accordent souvent que peu d’importance. De la même façon, on fait souvent état de l’utilisation d’une approche éclectique (Ray et Lane, 1991 ; Ray et coll. 1995) faisant appel à plusieurs modèles théoriques (psychodynamique, cognitive comportementale, systémique et développementale), mais les modalités d’intervention retenues sont le plus souvent inspirées des approches cognitives et comportementales.
Ainsi, les composantes habituelles de ces programmes de traitement tendent à inclure des objectifs tels que l’acceptation de son comportement, développer de l’empathie pour la victime, comprendre le cycle des comportements agressifs, travailler sa propre victimisation, développer l’estime de soi, améliorer la gestion de la colère et des émotions, travailler avec les membres de la famille, apprendre le fonctionnement sexuel approprié selon l’âge et le développement des habiletés sociales. Finalement, ces programmes incluent généralement une évaluation exhaustive, la thérapie individuelle, la thérapie de groupe et un support pour la famille.
Ainsi, l’élaboration d’un programme d’intervention auprès des ESA implique de s’éloigner des modèles offerts aux adultes et aux adolescents afin de réellement tenir compte du niveau de développement de l’enfant. Une double préoccupation doit sous-tendre la mise sur pied d’un programme pour ESA. En effet, un tel programme doit à la fois être animé par la volonté que de tels comportements cessent chez l’enfant, mais également par le souci de favoriser chez cet enfant la poursuite ou la reprise du développement affectif et sexuel. L’atteinte de ce deuxième objectif passe bien entendu par un souci que l’intervention faite auprès de l’enfant n’a pas pour effet de le stigmatiser.
Quelles sont des considérations à prendre pour qu’un enfant sexuellement agressif cesse ses comportements, mais puisse ultérieurement reprendre un développement affectif et sexuel normal?
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Privilégier une approche systémique en intervenant auprès de la famille.
- Cette intervention devrait dépasser un objectif « éducationnel » souvent rencontré dans les programmes actuels. En effet, la littérature fait abondamment état de l’aspect multi problématique des familles dont l’un des enfants adopte des conduites sexuelles agressives, renvoyant du même coup à l’importance d’une approche résolument thérapeutique
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Modalités thérapeutiques adaptées en fonction de la nature de la problématique et des besoins de l’enfant.
- Ainsi, bien que l’approche de groupe soit largement privilégiée dans les programmes actuels, il apparaît qu’une approche individuelle combinée ou non avec une approche en groupe, permet davantage de tenir compte de la spécificité de la problématique de l’enfant (nature des gestes posés, récurrence, histoire familiale, victimisation, etc.). L’approche individuelle peut permettre de surcroît de diminuer les risques de stigmatisation et le groupe thérapie peut contribuer à réduire l’aspect du « secret » et fournir un lieu aux participants pour explorer leurs problèmes avec un groupe de pairs et partager des sentiments et des expériences similaires.
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Développer une approche faisant davantage appel à la fonction symbolique qu’aux aspects intellectuels ou rationnels.
- Et ce tant en regard aux « outils » qu’aux « cibles » thérapeutiques privilégiées.
Le modèle de Berliner & Rawling (1991) inclut un comportement sexuel normal et trois niveaux de comportement sexuel anormal. Quelles sont les caractéristiques du comportement sexuel normal?
Dès la naissance, la capacité de répondre sexuellement est présente. L’éveil à la sexualité devient plus manifeste avec l’apparition de l’intérêt aux fonctions d’élimination et évolue avec l’intérêt pour les parties sexuelles incluant la masturbation à l’âge préscolaire. Par la suite, l’enfant manifeste de la curiosité pour le corps des autres enfants dans les jeux de « docteur » ou pour des mots à caractère sexuel.
Les enfants impliqués dans des jeux sexuels normaux ont sensiblement le même âge et la même taille, et ils y participent volontairement. Ces jeux ne laissent pas l’enfant avec un sentiment profond de colère, de honte, d’injustice ou d’anxiété. Cependant, il peut y avoir de l’embarras ou le sentiment d’être ridicule. Ces jeux peuvent inclure des baisers, des étreintes, des coups d’oeil furtifs, des touchers et des expositions des organes génitaux. Ces comportements tendent à diminuer et cessent si l’enfant se fait prendre par l’adulte et qu’on lui demande d’arrêter. L’enfant manifeste donc une variété de comportements sexuels à une fréquence assez élevée, ceci faisant partie du développement normal.
Parmis les comportements sexuels anormaux de Berliner et Rawling, on voit le comportement sexuel inapproprié, le comportement sexuel précoce et le comportement sexuel coercitif. Quelles sont les caractéristiques du comportement sexuel inapproprié?
Les comportements inappropriés peuvent inclure :
- une masturbation constante en public;
- toucher les autres ou demander aux autres de toucher leur poitrine ou leurs organes génitaux;
- manifester un intérêt excessif pour les objets sexuels ou pour les comportements sexuels des autres;
- sexualiser des situations qui n’ont pas de caractère sexuel;
- imiter des comportements d’adultes ayant une relation sexuelle;
- contenu sexuel dans les jeux, dans l’art ou la conversation;
- montrer ses organes génitaux en public.
Ces enfants ne démontrent pas d’agressivité concernant la sexualité et ne forcent pas les autres enfants à participer à ces comportements sexuels. S’ils s’engagent dans des comportements sexuels avec d’autres enfants, ceux-ci seront généralement à peu près du même âge. Si un enfant présente ce genre de comportement à la maison ou à l’école, ces comportements ne sont pas aussi sérieux que les deux catégories suivantes.
Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels précoces de Berliner et Rawling?
Certains enfants s’engagent dans des comportements sexuels plus importants avec les autres enfants, tels que la sodomie, la fellation, la pénétration vaginale et anale. Ces comportements sont explicites et intentionnels et peuvent être malsains pour les enfants impliqués. L’agresseur n’utilise habituellement pas la force ou la coercition et les enfants impliqués ont sensiblement le même âge.
Des frères et soeurs peuvent s’engager dans ce genre de comportement sexuel mutuel dans le but de survivre à des agressions sexuelles importantes ou à une famille très dysfonctionnelle. La manifestation de ces comportements indique des besoins importants au plan émotionnel ainsi qu’un manque au niveau des techniques d’adaptation. Les comportements sexuels mutuels entre enfants du même âge sont différents des agressions sexuelles entre frères et soeurs. Ces comportements mutuels sont également fréquents chez les enfants qui vivent en pensionnat, en famille d’accueil ou en centre d’accueil. Les enfants ayant une histoire d’agression sexuelle se retrouvent ou se reconnaissent d’une certaine façon et peuvent commencer des jeux sexuels à l’école.
Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels coercitifs de Berliner et Rawling?
Ce dernier niveau est de loin le plus sérieux et fait essentiellement l’objet de ce texte. Il implique des comportements sexuels avec les autres au cours desquels la force ou la menace sont utilisées ou encore lorsqu’il y a une différence importante d’âges ou de niveau de développement (taille et poids). Il y a deux formes de comportement sexuel coercitif : le contact sexuel agressif et le contact sexuel socialement coercitif.
Quelles sont les caractéristiques du contact sexuel agressif de Berliner et Rawling?
Le contact sexuel agressif peut inclure la force physique : frapper, étrangler, maîtriser, dominer ou utiliser la menace avec une arme. Ce genre d’agression peut être utilisé pour obtenir la soumission ou prévenir la dénonciation. Des blessures physiques peuvent être infligées au cours des contacts sexuels si la personne offre de la résistance.
Quelles sont les caractéristiques du contact sexuel socialement coercitif de Berliner et Rawling?
Le contact sexuel socialement coercitif n’inclut pas la force, cependant le consentement est loin d’être mutuel. Dans ce genre de situation, il peut y avoir des menaces directes ou implicites pour faire du tort à l’enfant ou à une autre personne significative. Les menaces peuvent être utilisées afin d’amener l’enfant à se conformer ou pour prévenir la dénonciation. À ce niveau du continuum, ces comportements sont très pathologiques et peuvent être associés à d’autres formes de comportements antisociaux. Ces comportements requièrent une évaluation et une intervention immédiates. Ils doivent toujours être considérés comme sérieux et inacceptables.
Quels peuvent être des facteurs précurseurs possibles ou du moins reliés au développement de comportements sexuels agressifs?
- Traumatismes antérieurs ;
- Difficultés dans les relations et dans les habiletés sociales ;
- Problème d’estime de soi ;
- Impulsivité et provocation ;
- Manque de structure et de supervision au niveau de la famille.
Quel est le lien entre les traumatismes antérieurs et le développement de comportements sexuels agressifs?
De 49 à 100 % des enfants qui molestent d’autres enfants ont eux-mêmes vécu une histoire d’agression sexuelle ; les comportements sexuels agressifs de ces enfants sont souvent la reproduction de leur propre agression sexuelle.
Pourquoi ces enfants agressés agressent-ils à leur tour ? Certains l’expliquent par le fait qu’il s’agit de compulsions afin de reproduire le trauma ; un besoin inconscient de répéter le comportement jusqu’à ce que l’enfant ait le sentiment de contrôle ou de maîtrise.
D’autres décrivent ce comportement de victimisation comme le résultat d’un comportement de victime appris. L’enfant victime d’agression sexuelle est devenu érotisé ; à travers la victimisation, certains enfants ont découvert un plaisir sexuel. Ces enfants ont souvent vécu de multiples stresseurs, ainsi que différentes formes d’agression et de négligence. Le contact sexuel peut être une forme de gratification recherchée dans un environnement hostile. Il y a donc peu de motivation à diminuer le comportement. La victime agressée par une personne proche telle un parent, ou par de multiples personnes, et la victime ayant vécu l’agression de façon répétée sur une longue période, sans support, est plus susceptible de développer des problèmes de comportements sexuels que les autres victimes.
Parmi les enfants ayant été abusés sexuellement et ayant des comportements sexuels agressifs à leur tour, y a-t-il une différence entre les deux sexes?
Le sexe de la victime doit être pris en considération. Les filles sont de deux à quatre fois plus souvent victimes d’agression sexuelle que les garçons ; 90 % des agresseurs sont de sexe masculin et seulement 15 à 20 % des enfants qui molestent sont des filles.
Ce ne sont pas tous les agresseurs qui ont une histoire de victime d’agression sexuelle, cependant ils peuvent avoir été agressés d’autres façons. Avant de développer un comportement d’agresseur, un jeune enfant doit avoir été en contact avec des comportements sexuels ; ceci peut impliquer une exposition à de la pornographie ou être témoin d’activités sexuelles. Cette stimulation sexuelle précoce qui s’ajoute à une colère associée à des sévices physiques ou émotionnels ou à tout autre événement traumatisant peut mener à un délit sexuel.
Quel est le lien entre les habiletés sociales et relations sociales et le développement de comportements sexuels agressifs?
Une autre caractéristique des enfants ayant des problèmes de comportements sexuels est le déficit des habiletés sociales. Ces enfants ont très peu d’amis, ou même pas du tout, puisqu’ils sont isolés, ils préfèrent la compagnie de jeunes enfants, ce qui favorise la possibilité de relations sexuelles agressives. Les enfants ayant de bonnes habiletés sociales sont moins portés à commettre des délits sexuels, car ils ont habituellement un entourage social plus étendu dont ils peuvent obtenir du support. Ceux n’ayant pas ce genre d’appui peuvent être portés à s’engager dans des comportements sexuels agressifs pour alléger ou soulager les sentiments inconfortables.
Quel est le lien entre l’impulsivité et la provocation et le développement de comportements sexuels agressifs?
Les enfants ayant des comportements sexuels agressifs ont souvent un ou plusieurs diagnostics associés, dont celui du trouble de conduite et d’opposition et celui du trouble de l’attention avec hyperactivité. Toutefois, les problèmes de comportements sexuels ne sont pas typiquement liés aux troubles de la conduite, et même si ces facteurs cohabitent, le diagnostic reste distinct.
En plus des comportements sexuels impulsifs, les enfants qui molestent présentent d’autres comportements provocateurs et impulsifs tels : délit de fuite, consommation d’alcool ou de drogue, vol, mettre le feu et autre comportement délictuel. Ces enfants ont souvent des problèmes de comportements délictuels à la maison et à l’école.
Quel est le lien entre la perception de soi et le développement de comportements sexuels agressifs?
Les enfants qui molestent sont décrits comme ayant une image négative d’eux-mêmes. Plusieurs développent une faible estime de soi à la suite de leur victimisation. Le problème d’impulsivité et de manque de contrôle les laisse avec un sentiment encore plus grand de faiblesse. En raison de leurs problèmes de comportements fréquents, l’entourage répond souvent négativement, ce qui renforce leur perception négative.
Quel est le lien entre la structure familiale et le développement de comportements sexuels agressifs?
Les familles des enfants qui molestent sont décrites comme étant dysfonctionnelles, comme ayant un niveau de supervision et de discipline inadéquat. L’environnement familial est décrit comme étant violent, chaotique et ayant un style parental autoritaire. On rapporte une histoire d’enfance chaotique et d’abus chez les parents et les grands-parents, et des problèmes de santé mentale tels : dépression, désordre de la personnalité, consommation abusive de drogue ou d’alcool, délinquance, trouble de la conduite et personnalité antisociale. Les parents sont peu présents psychologiquement auprès des enfants en raison de ces difficultés.
On note également l’absence parentale, plus fréquemment le père. Plusieurs enfants proviennent de famille monoparentale et vivent avec leur mère. La relation avec le parent présent est souvent problématique due à un manque de support ou à des blâmes répétés auprès de l’enfant, à des antécédents de bouc émissaire ou de négligence et dans certains cas, d’abandon. On remarque également une atmosphère très sexualisée à la maison où les ébats sexuels sont peu discrets.
Quelles sont les statistiques actuelles concernant les agressions sexuelles commises par des personnes atteintes de déficience intellectuelle?
Depuis la dernière décennie, nous avons assisté à une recrudescence de signalements des cas d’agressions sexuelles perpétrées par des personnes présentant une déficience intellectuelle. Toutefois, nous ne pouvons conclure qu’il y en a davantage. Il est possible d’émettre l’hypothèse que cette augmentation est en partie, attribuable au phénomène de désinstitutionnalisation de même qu’à l’intégration des personnes présentant une déficience intellectuelle.
En fait, l’étude de Swanson et Garwick (1990) portant sur les déficients intellectuels indique que 3 % d’entre eux auraient commis des agressions sexuelles. Rappelons qu’il s’agit là d’une proportion qui s’apparente à celle des non-déficients.
Cette observation est confirmée par les travaux de Gilby et coll. (1989) qui démontraient que les adolescents agresseurs sexuels présentant une D.I., n’auraient pas commis plus d’agressions sexuelles que les autres adolescents agresseurs sexuels.
La recherche de Griffiths et coll. (1985) permet de dégager des conclusions similaires à savoir que la prévalence des comportements sexuels déviants chez les personnes présentant une déficience intellectuelle est aussi importante (ni plus ni moins) que chez les individus non déficients. Enfin, il importe de spécifier qu’étant donné que les déficients intellectuels sont souvent très encadrés et que leurs limites cognitives font en sorte qu’il est plus difficile pour eux de camoufler leurs gestes agressifs, nous pouvons plus facilement identifier leurs conduites agressives.
Quelles sont les principales similitudes des agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle de celles commises par les autres adolescents?
Une recension des écrits portant sur le traitement des agresseurs sexuels indique qu’il existe davantage de similitudes que de différences dans le traitement des délinquants sexuels vivant avec une déficience intellectuelle comparativement aux délinquants sexuels non déficients. C’est pourquoi la plupart des milieux d’intervention utilisent des modalités thérapeutiques développées à l’intention des agresseurs sexuels non déficients.
En effet, les deux groupes d’agresseurs :
- présentent des déficits importants sur les plans cognitif et comportemental,
- ils connaissent des troubles scolaires; des problèmes comportementaux, sociaux et familiaux;
- ils expriment plusieurs formes de rationalisations;
- ils sont sans ressource;
- ils manquent d’affirmation,
- ils sont intimidés par les pairs;
- ils ont une faible estime d’eux-mêmes et une prédisposition à l’autocritique négative;
- ils sont engagés dans un « pattern » de fantasmes déviants récurrents;
- ils ont peu d’empathie;
- ils ont peu de contrôle sur leurs impulsions et ceci est d’autant plus vrai en réponse au stress;
- ils sont incapables d’évaluer et de traiter l’information au niveau des rôles sexuels et de la sexualité en général.
Bref, chez les deux catégories de délinquants sexuels, nous retrouvons un besoin de gratification immédiate, la présence de distorsions cognitives, une faible estime de soi, des déficits sociaux, des comportements d’impulsivité et une progression dans les comportements déviants.
Quelles sont les principales différences des agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle de celles commises par les autres adolescents?
En ce qui concerne les différences observées entre les deux populations, les techniques d’évaluation physiologiques indiquent que les déficients intellectuels discriminent quant à l’âge et au sexe de leur victime, mais le font de façon beaucoup moins importante que les agresseurs non déficients. Toutefois, on constate que certaines personnes présentant une déficience intellectuelle auraient une plus forte propension à agresser des personnes qui leur apparaissent comme étant plus vulnérables qu’elles-mêmes, comme c’est le cas chez les agresseurs non déficients. Par ailleurs, les victimes des adolescents présentant une déficience intellectuelle sont plus souvent de sexes masculins, adultes et non connus de l’agresseur.
On remarque également qu’ils ont davantage de difficultés à contrôler leurs frustrations en raison de divers facteurs reliés à leur fonctionnement cognitif. C’est ainsi que les déficits verbaux et sociaux rendent plus complexe l’expression de la colère d’une manière appropriée. D’autre part, les individus présentant une déficience intellectuelle sont plus enclins à utiliser la violence physique, des comportements sadiques ou une arme au moment du délit en raison de leur manque d’habiletés verbales ne permettant pas de recourir à une quelconque forme de manipulation verbale pour convaincre leur victime. Une faible tolérance à la frustration combinée à une tendance à paniquer dans des situations nouvelles peut également expliquer cette violence manifeste à l’endroit des victimes.
De plus, les recherches indiquent que les personnes présentant une déficience intellectuelle ont fréquemment des activités sexuelles compulsives associées à des fantasmes sexuels déviants; que leurs comportements déviants sont plutôt imprégnés et chroniques, qu’ils sont plutôt influencés par la violence présentée dans les médias en raison de leur faible capacité d’abstraction et de discrimination, qu’elles ont un seuil de tolérance à la frustration plus faible, qu’elles ont souvent de multiples désordres reliés à un ou plusieurs séjours en institution et qu’elles présentent plus fréquemment des comportements d’agressivité et d’impulsivité.
En ce qui concerne la victimisation plus particulièrement, les recherches indiquent que les adolescents présentant une déficience intellectuelle sont plus vulnérables que les personnes non déficientes. C’est ainsi qu’on estime qu’ils sont 4 fois plus agressés sexuellement que les personnes non déficientes (Cowardin, 1986). Enfin, on constate que les adolescents présentant une déficience intellectuelle ont moins de connaissances concernant la sexualité en général et qu’ils ont moins d’occasions pour exprimer leur sexualité sainement.
Quel devrait être le tx des agresseurs sexuels adolescents présentant une déficience intellectuelle?
Antérieurement, la problématique des agressions sexuelles commises par les personnes présentant une déficience intellectuelle était minimisée. Plusieurs intervenants estimaient que cette population n’avait pas les capacités intellectuelles pour agresser intentionnellement de quelqu’un d’autre, qu’elle ne faisait pas la différence entre le bien et le mal et que les comportements agressifs étaient le reflet d’une impulsivité et d’un manque d’expérience sexuelle qui caractérisent les personnes présentant une déficience intellectuelle. Lorsque l’agression comportait un niveau de gravité élevé ou encore qu’il survienne fréquemment, la personne présentant une déficience intellectuelle était incarcérée ou institutionnalisée pour protéger la communauté. Dans la très grande majorité des cas, on n’offrait pas de traitement à cette clientèle en prétextant que les déficients intellectuels étaient incapables de comprendre ou d’intégrer les concepts de traitement suffisants pour développer le contrôle de leurs comportements. Fort heureusement, cette perception commence à changer. Il y a maintenant quelques programmes qui tentent de répondre aux besoins de cette population.
À cet égard, le recensement de plusieurs programmes indique que les modalités thérapeutiques développées pour le traitement des agresseurs sexuels se sont avérées efficaces auprès des individus présentant une déficience intellectuelle. C’est ainsi qu’en raison des nombreuses similitudes que nous observons entre les délinquants sexuels ayant une déficience et ceux ne présentant aucune limite intellectuelle, la plupart des milieux d’intervention utilisent des modalités de traitement similaires. Cependant, puisque les individus présentant une déficience intellectuelle ont un style d’apprentissage et un mode de fonctionnement cognitif qui leur sont propres, quelques modifications sont requises pour adapter les programmes de traitement aux caractéristiques spécifiques et aux besoins particuliers de cette clientèle et ceci est d’autant plus vrai en ce qui concerne les modalités qui nécessitent des habiletés intellectuelles et verbales particulières.
Ainsi, comment se distinguent les agressions sexuelles commises par des adolescents atteints de déficience intellectuelle?
La fréquence des conduites sexuelles inadéquates n’est pas plus élevée au sein de la population des déficients intellectuels que de l’ensemble des AAS. Certaines caractéristiques des AAS déficients s’apparentent à celles de l’ensemble des AAS; par contre, les AAS déficients présentent moins de conduites délinquantes, comparativement à l’ensemble des AAS. Les victimes des AAS déficients différeraient de celles de l’ensemble des AAS, étant plus souvent de sexe masculin, d’âge adulte et non connu de l’agresseur.
Pourquoi les agressions sexuelles commises par les adolescentes sont-elles minimisées?
Il y a des milliers de filles agressées sexuellement, mais parmi celles-ci, très peu vont devenir agressives sexuellement à leur tour. En fait, l’ampleur réelle des agressions sexuelles commises par les jeunes filles est difficile à évaluer. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette difficulté. Selon Scavo (1989), la structure patriarcale de la société contribue au fait que ce type de délit soit peu considéré, en véhiculant l’image des rôles masculins traditionnellement agressifs et dominants et des rôles féminins passifs et de soumission.
D’autres auteurs affirment que les garçons agressés par les filles sont peu enclins à le dévoiler ; soit parce qu’ils tendent à minimiser l’impact des agressions subies de la part de fille ou de femmes plus âgées ; soit parce qu’ils tentent de considérer ces expériences comme positives pour répondre à une pression sociale importante.
Quelles sont les statistiques des agressions sexuelles commises par des adolescentes?
Plusieurs études ont tenté de faire une estimation de la proportion de victimes provenant de diverses populations ayant été agressées sexuellement par un agresseur de sexe féminin, mais ces études ne discriminaient pas les femmes des jeunes filles ayant commis un délit sexuel. Malgré cette difficulté à quantifier les délits sexuels perpétrés par les filles, quelques recherches ont réussi à avancer certains chiffres.
C’est ainsi que de 3 à 10 % des agresseurs sexuels seraient de sexe féminin. Certains auteurs avancent que ces chiffres ne reflèteraient pas l’ampleur réelle de la problématique de la délinquance sexuelle féminine. En effet, dans la recherche de Johnson (1988, 1989) portant sur les enfants sexuellement agressifs, nous retrouvons 21 % des fillettes de l’échantillon ayant posé des gestes sexuellement agressifs. Selon Ray et English (1995), les enfants de sexe féminin sexuellement agressifs sont perçus différemment des garçons ayant les mêmes difficultés. Ainsi, les filles tendent à être perçues davantage comme des « victimes », contrairement aux garçons.
Quelles sont les similitudes entre les agressions sexuelles commises par les filles de celles commises par les garçons?
Les comportements agressifs des filles sont comparables à ceux des garçons. Une recherche menée par le Safer Society Press indique que :
- Chez les moins de 11 ans, les fillettes font des délits avec contact dans 68 % des cas. De plus, elles ont un peu plus de victimes de sexe féminin que de sexe masculin. Enfin, la moitié des victimes font partie de la famille de la jeune fille qui agresse alors que l’autre moitié des victimes sont connues par la fillette qui agresse.
- Chez les filles âgées de 11 à 17 ans, elles ont plus de victimes de sexe féminin et plus de 75 % d’entre elles, font des délits avec contact.
Une étude de Fehrenbach et Monastersky (1988) indique que, contrairement aux femmes adultes qui commettent fréquemment leur délit en compagnie d’un homme, les adolescentes s’apparentent plutôt aux garçons dans la mesure où elles agissent seules dans la plupart des cas (81 % des cas selon Hunter et coll., 1993) et s’attaquent particulièrement aux jeunes victimes (âge moyen de 5,2 ans), de sexe féminin, dans un contexte de gardiennage. De plus, la progression du cycle délictuel des filles ayant commis des agressions sexuelles est similaire à celle des adolescents agresseurs.
Quelles sont les principales différences entre les filles et les garçons auteurs d’agressions sexuelles?
Même si peu d’études ont été effectuées concernant les adolescentes ayant commis des délits sexuels, tous en arrivent à la même conclusion, à savoir, que la proportion de victimisation sexuelle chez cette population est beaucoup plus élevée que chez les adolescents agresseurs sexuels. Toutefois, nous ne savons pas si le fait de rapporter une victimisation plus importante est le reflet d’une plus grande vulnérabilité ou encore, si ce facteur contribue différemment du garçon dans la dynamique délictuelle de la fille qui agresse.
Certains cliniciens rapportent que les jeunes filles qui agressent diffèrent de façon considérable des garçons agresseurs. Cependant, les différences s’observent plus chez les femmes adultes. Pour ce qui est des données objectives concernant les adolescentes qui agressent, on constate qu’il n’y a que très peu de différences. Cependant, il faut admettre qu’actuellement, le nombre d’adolescentes recevant un traitement est trop limité pour déterminer si les quelques différences observées sont le reflet d’une variété de caractéristiques communes aux délinquants sexuels juvéniles indépendamment du sexe ou encore, si c’est indicatif d’une dynamique qui leur est propre.
D’autre part, les jeunes filles qui agressent semblent avoir plus d’empathie pour leur victime que les garçons. Toutefois, pour ce qui est des filles et des garçons agresseurs ayant été victimes d’agression sexuelle, les deux populations semblent démontrer plus d’empathie à l’égard de leur victime. De plus, les filles auraient tendance à utiliser plutôt la persuasion que la force, quoique Hunter et coll. (1993) soutiennent qu’elles pourraient avoir recours dans certains cas à la force et aux menaces.
Enfin, l’intensité des préférences sexuelles déviantes n’est pas connue puisque l’utilisation de mesures physiologiques est très limitée avec les filles et que les recherches concernant cette population ne font que commencer.