Module 1; prologue Flashcards

1
Q

Qu’est-ce que la période de l’adolescence?

A

Stade intermédiaire par lequel l’individu n’est ni un enfant ni un adulte, pendant lequel il n’a pas encore de responsabilités sociales en soi, mais où il peut explorer, s’exercer, expérimenter des rôles (Cloutier, 19961).

En se référant à cette définition, on peut supposer qu’il s’agit d’un temps d’arrêt, d’un délai que la société octroie au jeune afin qu’il puisse choisir une voie, une personnalité, une identité, une carrière, etc.

Toutefois, si l’on considère le nombre de tâches développementales auxquelles les adolescents doivent faire face, depuis l’explosion de croissance physique jusqu’à la personnalité sociale en passant par la maturation et l’identité sexuelle, la notion de stade intermédiaire pourrait aisément être remplacée par la notion de période de « tumulte ».

Bien que les frontières demeurent fluctuantes entre ces deux stades, selon la culture et les époques, principalement en ce qui a trait à la délimitation de l’âge adulte, on situe habituellement l’adolescence entre 12 à 18 ans.

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2
Q

Qu’est-ce que la “délinquance” ?

A

Conduite juvénile, c’est-à-dire conduite dont l’auteur est un mineur au sens de la loi: conduite dérogatoire, puisqu’elle va à l’encontre des prescriptions normatives écrites (manquement au Code criminel); conduite incriminable dont le caractère illégal a été, ou pourrait être validé par une arrestation ou une comparution devant un tribunal et qui est passible d’une décision à caractère judiciaire; conduite sélectionnée puisqu’elle n’englobe qu’un nombre limité d’actes (Fréchette et Leblanc).

Il importe de spécifier que le concept de délinquance est essentiellement normatif, c’est-à-dire qu’il dépend des règles ou des lois qui sont transgressées.

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3
Q

Qu’est-ce qu’un délinquant sexuel juvénile?

A

C’est un jeune de moins de 18 ans qui commet un crime sexuel avec une personne de tout âge, contre la volonté de la victime et sans son consentement ou accompagné de chantage et de menaces (Ryan).

D’après Ryan (1991), lorsque nous évaluons s’il y a présence ou non d’exploitation, il y a trois facteurs primordiaux dont nous devons tenir compte :

  1. Égalité
  2. Consentement
  3. Coercition
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4
Q

En quoi consiste la notion d’égalité dans la délinquance sexuelle juvénile?

A

Cette notion vise les différences physiques et cognitives, le développement émotionnel, le pouvoir, le contrôle et l’autorité.

Pour établir une différence au niveau de l’aspect physique dans un cas d’agression sexuelle, l’évaluation se fait sans problèmes. L’un des deux partenaires peut être plus petit et moins fort que l’autre ; il ne peut alors se défendre craignant l’agresseur.

Par contre, établir des différences sur le plan émotif, cognitif ou développemental s’avère une tâche plus complexe, car ces différences entre les individus sont moins évidentes et dépendent davantage de l’expérience de vie de chacun. La difficulté est aussi grande pour établir avec rigueur s’il y a eu injustice ou rapport de force lorsque le cas exige l’examen des notions de pouvoir et de contrôle, ou celle de la passivité, entendue dans le sens de la soumission, en contraste avec celle de l’expression et de l’affirmation des besoins. Il y a même des cas où l’un des deux partenaires est en rapport d’autorité (ex. : gardiennage).

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5
Q

En quoi consiste la notion de consentement concernant la délinquance sexuelle juvénile?

A

Cela fait référence à un arrangement entre deux personnes incluant tout ce qui suit :

  1. Comprendre la proposition qui est fondée sur l’âge, la maturité, le stade de développement, la capacité fonctionnelle et l’expérience personnelle ;
  2. Avoir une connaissance suffisante des exigences culturelles par rapport à ce qui est proposé ;
  3. Être conscient des conséquences possibles et des alternatives ;
  4. Assumer que l’entente ou le désaccord sera respecté par les deux parties ;
  5. Prendre une décision libre ;
  6. Avoir les compétences intellectuelles pour prendre une décision libre.

Légalement, les jeunes ayant moins de 12 ans n’ont pas cette capacité à consentir lorsque vient le temps de prendre une décision importante.

Selon Ryan (1991), évaluer s’il y a eu consentement ou non exige plus qu’une définition légale ou un âge arbitraire. Le consentement doit se faire en toute connaissance de cause, d’une façon éclairée avec l’entière liberté de choisir. Il importe également de faire la distinction entre le consentement et la coopération.

Ce dernier concept fait référence à une participation à une activité qui peut se produire sans qu’il y ait consentement. C’est ainsi que la façon soumise d’acquiescer et d’accepter la proposition peut faire en sorte qu’une personne s’engage d’une façon passive, sans résistance, même si ses croyances et ses valeurs sont opposées ou contraire à ses désirs.

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6
Q

En quoi consiste la notion de coercition en lien avec la délinquance sexuelle juvénile?

A

Elle se définit comme les pressions exercées sur la victime, qui empêchent celle-ci de prendre une décision libre.

La coercition est une façon d’insister et de persévérer, sans que la victime ait d’autres choix ou la liberté de choisir. Les moyens coercitifs s’objectivent souvent dans les rapports d’inégalités, l’agresseur se sert de son pouvoir ou de son autorité pour faire participer ou coopérer la victime, ou encore de ses caractéristiques physiques pour forcer la victime à se soumettre et à accepter des faveurs sexuelles.

Une autre façon d’exercer la coercition consiste à mettre en jeu des récompenses et des gains affectifs quelconques avec la possibilité de perdre certains privilèges pour obtenir des faveurs sexuelles. C’est un autre moyen de corrompre la relation que d’offrir en échange son amour, son amitié, des cadeaux, etc.

De façon plus subtile, des faveurs sexuelles sont parfois obtenues après que l’agresseur ait offert des soins à l’enfant qu’il ait donné de l’affection et de l’attention en échange de gratifications sexuelles. Enfin, la coercition peut aller jusqu’aux menaces explicites de violence.

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7
Q

Que sont des comportements d’abus sexuels?

A

Certains comportements sexuels non normatifs chez les adolescents de 12 ans et plus sont considérés comme des abus sexuels et passibles d’un traitement judiciaire étant donné la notion de responsabilité légale que l’on reconnaît aux mineurs ayant atteint cet âge.

Les experts du domaine ont mis en lumière trois éléments-clés permettant de définir les comportements d’abus sexuels :

Il s’agit d’un comportement sexuel qui est fait sans consentement véritable, dans un rapport relationnel inégal sur le plan du pouvoir ou avec une forme de coercition (tromperie, menaces ou intimidation et usage de la force) (National Task Force on Juvenile Sexual Offending, 1993; Rich, 2011).

Un véritable consentement est basé sur divers facteurs permettant d’évaluer si la personne concernée a été en mesure de fournir un consentement éclairé. À ce titre, plusieurs notions sont examinées : l’écart d’âge, en faisant référence au stade développemental de la victime, son fonctionnement, son niveau de maturité et d’expérience, sa conscientisation des normes sociales et des conséquences possibles rattachées au comportement sexuel; la notion volontaire de l’acceptation de la victime et le respect de son désaccord et de ses limites; et la capacité mentale à consentir ou non (par exemple, retard mental, état d’ébriété)

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8
Q

Qu’est-ce qu’une agression sexuelle selon le Code criminel Canadien

A

Selon le Code criminel canadien, les agressions sexuelles sont fondamentalement des voies de fait au sens de l’article 265. (1). Ainsi, commet des voies de fait, ou se livre à une attaque ou à une agression, quiconque, selon le cas :

a. D’une manière intentionnelle, emploie la force, directement ou indirectement, contre une autre personne, sans son consentement;
b. Tente ou menace, par un acte ou un geste, d’employer la force contre une autre personne, s’il est en mesure actuelle ou s’il porte cette personne à croire, pour des motifs raisonnables, qu’il est alors en mesure actuelle d’accomplir son dessein;
c. En portant ouvertement une arme ou une imitation, aborde ou importune une autre personne ou mendie.

L’élément distinctif constituant une agression sexuelle est que les voies de fait doivent avoir été commises dans des circonstances de nature sexuelle, de manière à porter préjudice à l’intégrité sexuelle de la victime.

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9
Q

Comme pour les voies de fait, le Code criminel prévoit trois niveaux d’agression sexuelle. Quels sont ces 3 niveaux?

A
  1. Agression sexuelle simple (art. 271)

Agression sexuelle qui ne cause pas ou presque pas de blessures corporelles à la victime.

  1. Agression sexuelle armée, menaces à une tierce personne ou infliction de lésions corporelles (art. 272)

Agression sexuelle à laquelle se rattache une ou des circonstances aggravantes soit

  • Porter, utiliser ou menacer d’utiliser une arme ou une imitation d’arme;
  • Menacer d’infliger des lésions corporelles à une autre personne que le plaignant;
  • Infliger des lésions corporelles au plaignant;
  • Participer à l’infraction avec une autre personne.
  1. Agression sexuelle grave (art. 273)

Agression sexuelle qui blesse, mutile ou défigure la victime ou met sa vie en danger.

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10
Q

Quelles sont les autres infractions d’ordre sexuelles du Code criminel canadien?

A

L’expression « autres infractions d’ordre sexuel » comprend des infractions qui visent notamment les cas de violence sexuelle envers les enfants. Voici les infractions prévues au Code criminel qui appartiennent à cette catégorie :

1. Contacts sexuels (art. 151)

Le fait pour une personne de toucher, directement ou indirectement (à des fins sexuelles), avec une partie de son corps ou avec un objet, une partie du corps d’un enfant de moins de 16 ans.

2. Incitation à des contacts sexuels (art. 152)

Le fait pour une personne d’inviter, d’engager ou d’inciter un enfant de moins de 16 ans à toucher, directement ou indirectement (à des fins sexuelles), le corps de toute personne avec une partie de son corps ou avec un objet.

3. Exploitation sexuelle (art. 153)

Le fait pour une personne de commettre les infractions de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels lorsqu’elle est en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis d’un adolescent de 16 à 18 ans ou lorsque l’adolescent est en situation de dépendance par rapport à elle.

4. Inceste (art. 155)

Le fait pour une personne d’avoir des rapports sexuels avec une personne qu’elle sait avoir des liens de sang avec elle.

5. Relations sexuelles anales (art. 159)

Le fait pour une personne d’avoir des relations sexuelles anales à l’exception des actes commis dans l’intimité par les couples mariés ou d’autres personnes de plus de 18 ans, avec leur consentement respectif.

6. Bestialité (art. 160)

Quiconque commet un acte de bestialité ou force une autre personne à en commettre un.

7. Corruption d’enfants (art. 172. (1))

Le fait de mettre en danger les moeurs d’un enfant ou de rendre sa demeure impropre à la présence d’un enfant par une attitude immorale.

8. Leurre d’un enfant au moyen d’un ordinateur (art. 172.1)

Le fait, pour une personne, de communiquer au moyen d’un ordinateur avec un jeune de moins de 18 ans en vue de faciliter la perpétration d’une infraction de nature sexuelle à l’égard de cet enfant ou l’enlèvement de cet enfant.

9. Voyeurisme (art. 162.1)

Le fait pour une personne d’observer subrepticement, par tout moyen, une personne ou à produire un enregistrement visuel de cette personne, dans des circonstances pour lesquelles il existe une attente raisonnable de protection en matière de vie privée, soit dans les cas suivants :

  • La personne est dans un lieu où il est raisonnable de s’attendre à ce qu’une personne soit nue, expose ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale ou se livre à une activité
  • La personne est nue, expose ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale ou se livre à une activité sexuelle explicite, et l’observation ou l’enregistrement est fait dans le dessein d’observer ou d’enregistrer une personne;
  • L’observation ou l’enregistrement est fait dans un but sexuel.

La distribution intentionnelle de matériel obtenu par la perpétration d’un acte de voyeurisme est également interdite.

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11
Q

Qu’est-ce qu’une agression sexuelle selon le gouvernement québécois?

A

Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage.

Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique, et à la sécurité de la personne.

Cette définition s’applique, peu importe :

  • L’âge, le sexe, la culture, l’origine, l’état civil, la religion et l’orientation sexuelle de la victime ou de l’agresseur sexuel ;
  • Le type de geste à caractère sexuel posé ;
  • Le lieu ou encore le milieu de vie dans lequel le geste à caractère sexuel a été posé ;
  • Les liens qui existent entre la victime et l’agresseur sexuel.

On parle d’agression sexuelle lorsque sont utilisées d’autres expressions comme :

  • abus sexuel,
  • infraction sexuelle,
  • contacts sexuels (sans consentement),
  • inceste,
  • prostitution,
  • pornographie juvénile,
  • viol.
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12
Q

Quels sont les facteurs ayant un rôle contributif quant à l’émergence du phénomène des agressions sexuelles chez les adolescents?

A
  1. Expériences d’exploration sexuelle durant l’enfance ayant été désapprouvées et punies de façon exagérée. Dans ces conditions :
  • Les enfants ont appris très tôt dans la vie que la sexualité devait être considérée comme un sujet tabou et secret.
  • Les apprentissages sexuels durant l’enfance ont été associés à la culpabilité et se sont faits sans l’appui de sources d’information adéquates.
  • Le secret entourant la commission d’agressions sexuelles fut l’un des seuls éléments que les enfants ont retenus de leurs expériences sexuelles et cela fut cohérent avec le message de la société voulant que la sexualité soit un sujet dont il ne faut pas discuter.
  1. Négation, minimisation et répression de la société à l’égard des besoins sexuels des adolescents. Dans ces conditions :
  • Les comportements de masturbation, d’exploration sexuelle avec les pairs ou d’exploitation sexuelle ont été considérés de la même façon.
  • Les adolescents furent exposés à des réactions similaires de désapprobation, de punition ou de rejet.
  • Les adolescents engagés dans des comportements sexuels déviants ne recevaient pas l’appui dont ils avaient besoin puisque la réponse de la société quant à leurs comportements sexuellement agressifs en était une de minimisation ou même de négation.
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13
Q

Quels sont des facteurs pouvant avoir retardé le développement d’une intervention spécifique à l’endroit des adolescents agresseurs sexuels?

A
  • Gêne ou peur des victimes ayant contribué à limiter la dénonciation.
  • Absence de motivation de la part des adolescents agresseurs sexuels à recevoir un traitement.
  • Déficit par rapport aux connaissances de base du phénomène de la délinquance sexuelle juvénile par les professionnels.
  • Souci de protéger les adolescents agresseurs de la stigmatisation.
  • Professionnels ayant considéré les comportements d’exploitation sexuelle comme étant de simples expérimentations à l’adolescence. (banalisation)
  • Perception par les policiers comme étant un événement isolé, qui ne doit pas se répéter et culminer vers le système de justice. (banalisation)

Plus récemment, les chercheurs dans le domaine de la délinquance sexuelle juvénile en sont arrivés à la conclusion que les gestes d’agression commis par des adolescents ne doivent pas être considérés comme des expérimentations, mais comme un « pattern » de comportements déviants qui a tendance à persister ainsi qu’à augmenter en fréquence et en sévérité. Donc, ces jeunes requièrent une évaluation et un traitement spécialisés.

Voici les principaux facteurs justifiant cette conclusion:

  1. Les études rétrospectives menées auprès des agresseurs sexuels adultes ont permis d’établir qu’une forte proportion d’entre eux ont commis leur premier délit sexuel à l’adolescence. De nombreux auteurs ont établi qu’entre 50 et 60 % des agresseurs sexuels adultes avaient commencé leur carrière criminelle à l’adolescence.
  2. D’autres recherches portant sur les agresseurs sexuels adultes ont démontré que les premiers délits tendent à survenir avant l’adolescence, même à un aussi jeune âge que 8 ou 9 ans. Une recherche effectuée par Abel (1984) indiquait que 50 % des adultes ayant commis des agressions sexuelles ont commencé à agresser à l’adolescence.
  3. De nombreux auteurs ont noté un profil d’aggravation chez plusieurs de leurs sujets, ceux-ci passant d’infractions comme l’exhibitionnisme ou des attouchements à des offenses plus sérieuses et plus violentes. Donc, nous pouvons affirmer que la sévérité des comportements d’agression peut augmenter lorsque les individus ne reçoivent pas de traitement.
  4. Les chercheurs stipulent que, les adolescents agresseurs, représentent un risque alarmant pour la communauté. À titre d’exemple, Abel (1984) estimait qu’un adolescent agresseur de sexe masculin, qui ne serait pas pris en charge, ferait en moyenne 380 victimes au cours de sa vie.
  5. Les recherches ont démontré que les adolescents agresseurs peuvent commettre des délits sexuels plus violents que ceux perpétrés par les adultes.

Plusieurs chercheurs sont parvenus à démontrer que les interventions qui sont effectuées durant l’adolescence ont plus de chances de réussir, car les intérêts sexuel déviants sont moins enracinés que chez les adultes agresseurs sexuels.

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14
Q

Sur quoi portait les recherches de délinquance sexuelle juvénile durant les années 40-50?

A

La problématique des agressions sexuelles perpétrées par les mineurs n’est certes pas un phénomène récent puisque déjà, au début des années quarante, il était possible de lire plusieurs ouvrages traitant de la question. D’ailleurs, ces recherches constituent une source importante d’inspiration pour les études actuelles portant sur le phénomène des agressions sexuelles perpétrées par les mineurs. Faisons maintenant un bref survol des recherches qui ont été faites sur le sujet depuis les dernières décennies.

Les premières études qui se sont penchées sur la question (Doshay, 1943 ; Apfelberg, Sugar et Pfeffer, 1944; Markey, 1950, Atcheson et Williams, 1954) présentent un intérêt certain dans la mesure où elles reflètent un niveau de préoccupation encore bien actuel. Il s’agit du débat entre la banalisation de ces comportements à l’adolescence et la pertinence d’effectuer une intervention spécifique auprès de ces jeunes dès le début de leur carrière criminelle afin de la contenir et d’en diminuer les conséquences.

Évidemment, la façon dont on perçoit ce genre de comportements influence, par conséquent, le nombre et le type de ressources mises en place pour y répondre. S’ils sont considérés comme un épiphénomène de l’adolescence, comme des comportements d’exploration de la part d’adolescents en voie de maturation, ils peuvent apparaître comme étant voués de toute façon à l’extinction à l’âge adulte. S’ils sont considérés comme un début de carrière, comme une étape dans l’acquisition de modèles d’intérêts sexuels déviants, comme ceux que l’on retrouve chez les agresseurs sexuels adultes, la situation est tout autre. Dans l’ensemble, c’est la clarification de cette dualité qui a sous-tendu les travaux qui ont été réalisés pour décrire cette population. Elle fut au coeur des conclusions de presque tous les auteurs qui se sont penchés sur la question.

L’un des premiers auteurs à avoir publié sur le sujet, Doshay (1943), pourrait être présenté comme un partisan de la banalisation de ces comportements. Dans les conclusions d’une étude effectuée auprès de 256 adolescents agresseurs, il insiste sur le faible taux de récidive des participants. Il explique les conclusions de sa recherche par un mécanisme d’auto guérison induit par la gêne et la culpabilité liées à la dénonciation publique. Par contre, il se contredit lorsqu’il insiste sur la nécessité d’intervenir rapidement et de façon spécialisée auprès de ces jeunes pour éviter d’éventuelles récidives.

Les études d’Apfelberg et coll. (1944), de Markey (1950) ainsi que celle d’Atcheson et Williams (1954) ont fait preuve d’une plus grande rigueur scientifique. Tout comme Doshay, ces auteurs ont mis l’accent sur l’importance d’intervenir rapidement avec ce type de clientèle, et ce, dès le commencement de la carrière criminelle. Aussi, ils en sont arrivés à la conclusion qu’il est impératif de traiter ces jeunes et de mettre au point des modalités thérapeutiques spécifiques à leurs comportements déviants, car la solution à leurs problèmes ne saurait passer uniquement par les méthodes habituellement employées auprès des jeunes en difficulté. Ils furent également unanimes à déclarer que ces délits ne devaient pas être banalisés ni passés sous silence.

Sur le plan étiologique, ils émirent une hypothèse qui fut confirmée par plusieurs autres chercheurs : ces jeunes proviennent de familles dysfonctionnelles qui sont incapables de leur fournir un encadrement et un soutien adéquat. La description qu’ils firent des caractéristiques personnelles de ces jeunes a conduit également à la connaissance de certaines données de base. C’est ainsi qu’ils ont déterminé que les jeunes agresseurs sexuels ne souffrent pas de maladies psychiatriques classiques (ex. : psychose). Ils considèrent plutôt que ces adolescents souffrent de désordres émotionnels et de problèmes d’adaptation.

On parle donc de trouble de comportement sexuel. On ne parle pas encore de paraphilie ou de déviance.

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15
Q

Que découvre-t-on grâce aux recherches faites durant les années 60-70 concernant la délinquance sexuelle juvénile?

A

Même si les auteurs des années 40 et 50 ont contribué à la compréhension du phénomène de la délinquance sexuelle juvénile, il faudra attendre les années 60 pour obtenir des hypothèses plus spécifiques et des descriptions plus élaborées de ces jeunes.

Une étude descriptive menée par Shoor, Speed et Bartelt (1966), fait état de l’importance d’éviter de banaliser ce genre de comportements. Mais ce qui est plus intéressant dans cette recherche, c’est la description qu’ils ont faite de ces jeunes. C’est ainsi qu’ils sont dépeints comme des individus solitaires ayant très peu de relations avec les jeunes de leur âge. Ils recherchent et préfèrent la présence d’enfants plus jeunes, ce qui traduit une immaturité sociale et sexuelle. Cette méfiance à l’égard de leurs pairs, combinée à une idéalisation du monde des enfants est aujourd’hui considérée comme une caractéristique fondamentale des pédophiles adultes (Finkelhor et Araji, 1986). La possibilité que ces jeunes se fixent dans des modèles de préférences sexuelles déviantes est donc évoquée implicitement et se reflète dans les recommandations de Shoor et coll. (1966) pour que ces jeunes fassent l’objet d’une évaluation et d’un traitement spécialisés.

Curieusement, malgré l’intérêt de ces travaux, on remarque que les recherches publiées sont relativement rares durant les années 60 et 70. Ce sont les écrits de Reiss (1960, 1964) qui semblent les plus représentatifs de cette époque. La parution d’un livre intitulé : Sex offenses : The marginal status of the adolescence, illustre bien comment ces comportements, d’un point de vue légal, sont marginalisés. Cet auteur a insisté surtout sur le fait que le statut particulier de l’adolescent qui n’est plus un enfant et pas encore un adulte comprend la définition d’un cadre légal qui lui est propre, pour être en mesure de rendre justice à ces jeunes et répondre à leurs besoins spécifiques. Cette observation est à la base de la création de la Loi sur les jeunes délinquants qui fut ensuite remplacée par la Loi sur les jeunes contrevenants et plus récemment, par la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents.

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16
Q

Qu’a-t-on découvert vers la fin des années 70 au sujet de la délinquance sexuelle juvénile?

A

La fin des années 70 fut marquée par la parution de nombreux ouvrages importants sur la question. En effet, on remarque qu’au cours des deux dernières décennies, le phénomène des agressions sexuelles commises par des adolescents a acquis une forte visibilité.

Aux États-Unis, les programmes de traitement spécialisés ont été multipliés afin d’accueillir cette clientèle dont on a longtemps méconnu les comportements. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette émergence des publications scientifiques :

  • Poussée du mouvement féministe qui a proposé une intervention plus radicale à l’égard des adolescents agresseurs sexuels, notamment en ce qui concerne les droits des victimes et les obligations de la société qui se résument principalement à l’élaboration de stratégies de prévention.
  • Les études rétrospectives (Groth et Longo et McFadin, 1982 ; Longo et Groth, 1983 ; Abel, Mittelman et Becker, 1985 ; Tingle, Barnard et Newman, 1986) menées auprès d’agresseurs sexuels adultes ont permis également de tirer certaines conclusions en ce qui concerne les adolescents agresseurs sexuels. C’est ainsi qu’on a démontré, entre autres, qu’une proportion importante d’entre eux commencent leur carrière criminelle à l’adolescence.
  • Aux États-Unis, nous avons assisté à l’élaboration de plusieurs programmes de traitement destinés spécifiquement à cette clientèle durant cette période de prolifération. C’est ainsi qu’entre 1977 et 1982, il s’est créé près de 211 programmes de traitement pour les jeunes agresseurs sexuels (Knopp, 1982).

Une recherche effectuée en 1995 a permis de dénombrer plus de 750 programmes de traitement offerts pour les délinquants sexuels juvéniles. Malheureusement, au Canada et plus particulièrement au Québec, nous sommes loin d’en arriver à des conclusions similaires. L’ampleur de la problématique des agressions sexuelles perpétrées par les adolescents et la pertinence de développer des stratégies d’intervention sont deux concepts qui ne font pas encore l’unanimité. Comme le souligne un groupe de chercheurs, qui s’est penché sur la question : « La planification de l’intervention repose plus sur des déductions faites à partir d’études réalisées aux États-Unis ou en Ontario que sur une observation systématique de cas concrets en provenance de programmes québécois d’intervention » (Boisvert, Dozois, Lafortune et Maisonneuve, 1993). Abondant dans le même sens, McKibben et Jacob (1993) soulignent que les préoccupations et les initiatives récentes ne se sont pas encore traduites sous forme de politiques d’intervention. On note aussi une certaine insuffisance de ressources spécialisées pour évaluer et prendre en charge ces jeunes.

De façon plus contemporaine, l’organisme Safety Society Foundation a publié dans un rapport datant de 2003 (Mc Grath, Cumming & Burchard, 2003). Ce rapport contient des informations provenant des membres de l’ATSA et du NAPN qui précisent les chiffres suivants concernant les programmes de traitement offerts selon l’âge des individus ayant posé des gestes sexuels agressifs. Ce tableau démontre une augmentation de 37 % entre 1986 et 2002 du nombre de programmes existants pour la population des adolescents.

17
Q

Quels sont des aspects historiques et épidémiologiques de la délinquance sexuelle juvénile?

A

Historiquement, la prise de conscience de la nécessité d’intervenir précocement auprès des auteurs d’agression sexuelle afin de lutter contre la récidive a été liée à la découverte que près de 50 % des agresseurs adultes ont commis leur première agression au cours de l’adolescence (Abel, Mittelman et Becker, 1985 ; Groth, Longo et McFadin, 1982).

Depuis lors, et après trois décennies de recherche, la connaissance scientifique des adolescents agresseurs sexuels a progressé. Les études épidémiologiques ont notamment mis en évidence l’ampleur du phénomène puisqu’on estime qu’un tiers des violences sexuelles seraient commises par des adolescents (Graham et coll. 1998 ; Grubin, 1998 ; Van Ousterm et coll., 2006). On estime à 20 % la part des viols et à 50 % la part des agressions commises sur des enfants par les adolescents (Oxman et Vess, 2006 ; Truscott, 1993).

Plus de 50 % des garçons et 20 % à 30 % des filles victimes d’agression sexuelle l’ont été par un adolescent plus âgé (Cawson et coll., 2000 ; Gail, 1999). En outre, les auteurs estiment que ces données peuvent être sous-estimées compte tenu du fait que de nombreuses victimes, jeunes et souvent proches de leur agresseur, n’osent pas parler des faits.

On sait aussi que la plupart des adolescents récidivent peu après le signalement, à l’exception d’une minorité de sujets présentant des troubles psychiatriques (Varker et coll., 2008).

Enfin des études prospectives estiment entre 10 % et 15 % le pourcentage d’adolescents poursuivant ce comportement à l’âge adulte (Coombes, 2003 ; Rasmussen, 1999)

18
Q

Quelles sont les lois concernant les enfants?

A

Les adolescents sont d’ailleurs régis par deux lois alors que les personnes majeures ne le sont que par une.

En effet, en plus de la LSJPA (Loi sur le système de justice pénale pour adolescents), ils sont sous la juridiction de la Loi de la Protection de la Jeunesse (LPJ).

La LPJ a pour objectif d’assurer la protection des enfants dont la sécurité ou le développement est compromis. C’est par ailleurs la mission du directeur de la protection de la jeunesse que de faire respecter cette loi.

19
Q

À quel âge un jeune est-il apte à consentir pour une relation sexuelle?

A

Tous les gestes ou formes d’agressions sexuelles sur des personnes de moins de 16 ans sont considérés comme étant « sans consentement » et donc criminels.

Le Code criminel prévoit une exception pour la personne de 14 ou 15 ans. Une personne de cet âge peut offrir un consentement valable à condition toutefois que son partenaire :

  • soit de moins de cinq ans son aîné,
  • ne soit pas en situation d’autorité ou de confiance par rapport à elle,
  • ne soit pas une personne par rapport à laquelle elle est en situation de dépendance,
  • ne soit pas dans une situation où il l’exploite.

La personne de 12 ou 13 ans pourra consentir si son partenaire est de moins de deux ans son aîné et si les conditions précédentes sont remplies.

20
Q

La plupart des adolescents qui commettent des abus, cherchent seulement à faire de l’exploration sexuelle. V ou F?

A

FAUX

L’exploration sexuelle pratiquée par les adolescents diffère des abus sexuels puisqu’elle implique le consentement des pairs qui y participent. Les abus sexuels ne peuvent être considérés comme des expérimentations parce qu’ils n’impliquent pas le consentement, ne sont pas motivés exclusivement par des désirs sexuels et impliquent souvent des contacts avec des enfants qui sont significativement plus jeunes que l’abuseur.

21
Q

Tous les AAS sont de sexe masculin. V ou F?

A

FAUX

Les adolescents agresseurs peuvent être de sexe masculin ou féminin. La société a traditionnellement renforcé la croyance à l’effet que ce sont seulement les garçons ou les hommes qui peuvent initier un geste d’abus sexuel. Ce qui conduit souvent que les délits sexuels commis par les filles ou les femmes ne sont pas dénoncés.

22
Q

Les adolescents de race blanche, de classe moyenne, avec des habiletés intellectuelles moyennes ou au-dessus de la moyenne peuvent commettre des délits sexuels. V ou F?

A

VRAI

Les AAS sont de toutes races, proviennent de toutes les classes socio-économiques et de tous les niveaux intellectuels. Toutefois, la majorité d’entre eux proviennent de familles ayant un niveau socio-économique bas ou moyen.

23
Q

La plupart des adolescents agresseurs ne connaissent pas leur victime. V ou F?

A

FAUX

Dans la très grande majorité des cas, les agresseurs sexuels connaissent leur victime et ils représentent aux yeux de celle-ci une personne de confiance. Il peut s’agir d’un membre de la famille, d’un voisin, d’un gardien, etc.

24
Q

Les comportements d’abus sexuels perpétrés par les adolescents ne disparaissent pas de façon systématique avec l’acquisition de la maturité. V ou F?

A

VRAI

L’exemple des adultes agresseurs confirme cette affirmation. Entre 50 et 80% des adultes agresseurs commencent leur carrière à l’adolescence et dans plusieurs cas, la sévérité du « pattern » augmente avec la maturité.

25
Q

Si un adolescent est arrêté et étiqueté comme un agresseur sexuel, cela suffit à le prédisposer à récidiver. V ou F?

A

FAUX

Un agresseur qui a débuté sa carrière à l’adolescence peut faire en moyenne 380 victimes au cours de sa vie s’il n’est pas arrêté. Si l’on refuse de dénoncer un AAS de peur de l’étiqueter, on l’empêche de recevoir un traitement approprié.

26
Q

La perpétration de délits sexuels par les adolescents est exclusivement motivée par la satisfaction de besoins sexuels. V ou F?

A

FAUX

Les délits sexuels ne sont pas motivés principalement par la satisfaction des besoins sexuels. Habituellement, il s’agit de comportements motivés par la recherche de contrôle ou de pouvoir sur quelqu’un d’autre.

27
Q

Les abus sexuels ne sont pas nécessairement le résultat de pulsions soudaines et incontrôlables. V ou F?

A

VRAI

Les abus sexuels sont des actions planifiées. Les agresseurs choisissent leur victime et les circonstances de l’abus. Dans la plupart des cas, les adolescents agresseurs ne se ruent pas aveuglément sur leur victime, mais agissent d’une façon rationnelle, en respectant leurs intérêts sexuels déviants.

28
Q

Pour la victime, une agression perpétrée par un adolescent peut être aussi traumatisante qu’une agression perpétrée par un adulte. V ou F?

A

VRAI

Tous les types d’abus sont traumatisants parce qu’ils représentent une violation de l’intimité de la victime quelque soit l’âge de l’agresseur.

29
Q

Le 1er crime sexuel pour lequel un adolescent est appréhendé correspond généralement à son 1er délit sexuel. V ou F?

A

FAUX

Plus de la moitié des AAS ont commis un ou plusieurs délits sexuels avant celui pour lequel ils ont été référés aux autorités judiciaires.

30
Q

Les comportements sexuels déviants peuvent être traités uniquement par le biais du traitement de d’autres problématiques. V ou F?

A

FAUX

Comme pour les adultes agresseurs, les adolescents ont besoin d’un traitement spécifique des comportements déviants qui met l’accent sur les distorsions cognitives, les intérêts sexuels déviants, etc. Toutefois, les adolescents agresseurs doivent aussi bénéficier de modalités thérapeutiques complémentaires (ex: entraînement aux habiletés sociales et à l’affirmation de soi).

31
Q

Tous les adolescents agresseurs ont été victimes d’abus sexuels. V ou F?

A

FAUX

Plusieurs auteurs soutiennent que contrairement à la croyance populaire, ils n’observent pas de prévalence significative de victimisation chez les adolescents agresseurs. Selon les principales recherches portant sur la question, la fréquence de victimisation sexuelle chez les adolescents varie entre 30 et 70% alors que chez les agresseurs adultes, elle se situe entre 20 et 30%.