Module 2 Flashcards
Qu’est-ce que l’incidence d’agression sexuelle commise par les adolescents?
Elle se définit comme le nombre de nouveaux adolescents reconnus par différentes sources (services policiers, services sociaux, enquêtes) comme ayant commis une ou plusieurs agressions sexuelles sur une période donnée, habituellement une année.
- Soit en nombre par année ex. : 237 mineurs ont commis une agression sexuelle en 2004.
- Soit en taux annuel ex. : 2 jeunes sur 10 000 ont commis une agression dans l’année précédant l’enquête.
Qu’est-ce que la prévalence des agressions sexuelles commises par les adolescents?
La prévalence se définit comme la proportion de personnes dans une population donnée ayant commis une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie ou depuis une certaine période.
Plusieurs facteurs influencent les taux de prévalence et d’incidence. Par exemple :
- La définition du délinquant sexuel juvénile (ex. : comportements sexuels exploratoires versus agression sexuelle).
- La procédure de sélection des sujets (ex. : dossiers LSJPA, dossiers de la protection de la jeunesse).
- Le nombre de questions posées.
- Le contexte dans lequel l’étude ou la sélection est faite (ex. : étude portant sur les troubles de comportements sexuels au sens large ou portant exclusivement sur les délinquants sexuels juvéniles).
- Le mode de cueillette de données (ex. : en face à face, par téléphone).
- Le niveau de confidentialité et de confiance établi.
- Les caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon (ex. : milieu multiethnique ou milieu homogène).
Les taux d’incidence et de prévalence sont statistiquement fort difficiles à établir avec précision puisqu’ils incluent plusieurs variables inconnues. C’est ainsi que la valeur de ces statistiques criminelles est fortement critiquée. D’un côté, l’on parle d’un discours « alarmiste ». En revanche, certains ont affirmé que les statistiques officielles sous-estimaient la réalité.
Plusieurs ont tenté de démontrer que l’agression sexuelle était l’un des crimes les plus sous rapportés et que présentement on ne voit que la pointe de l’iceberg en cette matière. Pourquoi?
- Certains professionnels interprètent les conduites sexuelles déviantes comme une simple exploration sexuelle.
- Étant donné l’âge des AAS, certains hésitent à les étiqueter comme des criminels.
- Enfin, parce que les AAS sont souvent connus de l’entourage de la victime, certains hésitent à les dénoncer, etc.
Ainsi, il est généralement admis que 1 victime sur 5 dénonce son agresseur aux autorités. D’autres études iront même jusqu’à avancer le chiffre que 1 victime sur 10 dénonce l’abus subi.
Quelles sont les statistiques concernant les adolescents agresseurs sexuels aux États-Unis?
- Les mineurs représentent 17 % des arrestations pour agression sexuelle ; environ une à toutes les six arrestations.
- Les garçons âgés de 14 ans commettent le plus grand nombre d’agressions sexuelles.
- Les garçons sont plus enclins à commettre des agressions sexuelles.
- Les filles et les femmes adultes commettent des agressions sexuelles à des taux beaucoup plus faibles que les garçons et les hommes adultes.
- Environ 24 % (1/4) des agressions sexuelles commises contre des enfants âgés de 12 à 17 ans le sont par des mineurs.
- Environ 34 % (1/3) des agressions sexuelles commises contre des enfants âgés entre 7 à 11 ans le sont par des mineurs.
- 40 % (presque 1/2) des agressions sexuelles commises contre des enfants âgés de moins de 6 ans le sont par des mineurs âgés de 7 à 17 ans
- La plupart des agressions sexuelles commises par des adolescents le sont envers les enfants et les adolescents (dans cet ordre), habituellement pas envers les adultes.
- La plupart des agressions sexuelles commises par les adolescents sont à l’endroit des filles (de tous âges).
- La délinquance sexuelle chez les garçons est dirigée principalement vers des enfants de moins de 6 ans et en second lieu contre des enfants de moins de 12 ans.
- La plupart des agressions sexuelles envers des enfants de moins de 6 ans se produisent à l’endroit d’un membre de la famille faisant en sorte que le délinquant sexuel est un frère, une soeur ou un parent proche.
- La plupart des auteurs d’agressions sexuelles envers les enfants plus âgés ou envers les adolescents connaissent leur victime. L’adolescent délinquant sexuel est susceptible d’être un frère, une soeur, un parent proche, un gardien ou un voisin, ou tout autre lien de connaissance avec la victime.
- Les adolescents délinquants sexuels sont plus susceptibles de recourir à la menace, à la force et de la violence lors des agressions sexuelles contre les enfants plus âgés et les adolescents.
- Il est faux de prétendre que chaque enfant ou adolescent qui s’engage dans des comportements agressifs va devenir un adulte agresseur. Cependant, Rich souligne que ces jeunes sont cependant plus à risque de devenir des agresseurs à l’adulte. De là l’importance de les évaluer et de les traiter pour prévenir de telles difficultés dans le futur.
Quelles sont les statistiques concernant les adolescents agresseurs sexuels au Québec?
Les mineurs représentent 22 % des arrestations pour agression sexuelle, soit environ 1 arrestation sur cinq (1/5).
Les données démontrent que 93 % des auteurs présumés d’agression sexuelle ont agi seuls alors que 5 % ont agi avec une autre personne.
2 % ont agi avec plus d’une personne. Les auteurs présumés ayant commis l’infraction avec des complices étaient le plus souvent des femmes dans une proportion de 20 % et les garçons de moins de 18 ans dans une proportion de 15 %. Les données ne permettent cependant pas de déterminer si les infractions commises en groupe sont ou non le fait de gangs de rue.
Quelles sont les statistiques concernant les adolescents agresseurs sexuels au Canada?
Les données sur la victimisation donnent à penser que la plupart des affaires d’agression sexuelle ne sont pas officiellement signalées, moins de 1 agression sur 10 étant portée à l’attention des policiers.
Dans l’ensemble, les auteurs présumés d’une infraction sexuelle ont tendance à être relativement plus âgés que les auteurs présumés d’un autre crime de violence. Ce sont néanmoins les adolescents de 12 à 17 ans qui ont affiché le taux de perpétration d’infractions sexuelles le plus élevé (90 pour 100 000 habitants), suivis des personnes de 18 à 34 ans (55 pour 100 000 habitants) et de celles de 35 à 44 ans (42 pour 100 000 habitants).
- Près de 25 % des agressions sexuelles sont commises par des adolescents.
- Plus de 60 % des agressions sexuelles de groupe déclarées sont commises par des adolescents.
- Les adolescents représentent 17 % des personnes accusées d’agressions sexuelles au Québec. Au Canada, le pourcentage est le même.
À quoi ressemble (environ) le nombre d’agression sexuelle au Québec par année?
Un nombre important de délits sexuels sont commis au Québec chaque année. En fait, les sondages de victimisation permettent d’estimer à 24 430 le nombre d’agressions sexuelles commises annuellement et ce nombre ne comprend que celles commises contre des femmes adultes. Au Québec, parmi toutes les infractions sexuelles rapportées à la police, une proportion importante est commise par des adolescents. En effet, pas moins de 20% des infractions sexuelles contre les femmes adultes et plus de la moitié des infractions sexuelles contre les enfants sont perpétrées par des adolescents.
De tels résultats correspondent sensiblement à ceux observés ailleurs. Par surcroit, plusieurs rappellent que de tels résultats sous-estiment la proportion de délits commis par des adolescents, entre autre parce que les délits commis par ceux-ci font moins souvent l’objet d’une judiciarisation.
D’autre part, selon les données du programme de déclaration uniforme de criminalité de 2007, laquelle recense tous les crimes déclarés aux services de police au Québec, un nombre de 4 246 agressions sexuelles ont été rapportées à la police. De ce nombre, 33,4% seraient le fait d’adolescents.
- 18,61 % des agressions sexuelles présumées seraient commises par des jeunes de 12 ans et plus.
- Jeunes : 337, adultes : 1474 pour un total de 1811
- 24,62 % des autres infractions d’ordre sexuel présumées seraient commises par des adolescents.
- Jeunes : 145, adultes : 444 pour un total de 589
- Chez les adolescents, 98,3 % des agressions sexuelles présumées et 93,8 % des autres infractions d’ordre sexuel présumées seraient commises par des garçons;
- Ainsi, 1,7 % des agressions sexuelles et 6,2 % des autres infractions d’ordre sexuel présumées seraient commises par des filles
- 6,6 % des agressions sexuelles présumées commises avant l’âge de 18 ans, le seraient par des enfants de moins de 12 ans. 20 % des autres infractions d’ordre sexuel présumées commises avant l’âge de 18 ans le seraient par les enfants de moins de 12 ans.
- 1,2 % de toutes les agressions sexuelles (auteurs de tout âge) et 4,9 % de toutes les autres infractions d’ordre sexuel rapportées aux divers services de police seraient commises par des jeunes de moins de 12 ans.
- On entend par autres infractions sexuelles des comportements tels que l’exhibitionnisme, le voyeurisme, possession de matériel pornographique, etc.
À quand date les bonnes études sur les adolescents agresseurs sexuels?
Bien qu’une proportion non négligeable des délits sexuels soient commis par des délinquants juvéniles, les travaux de recherche sur cette clientèle sont pour le moins récents. En effet, jusqu’aux années 1980, les travaux de recherche sont épars et peu systématiques. Les travaux visant à mieux comprendre le développement de la délinquance sexuelle juvénile étaient généralement athéoriques et comportaient d’importantes lacunes méthodologiques.
À titre d’exemples, Barbaree, Hudson et Seto (1993) notent que moins d’une dizaine d’articles scientifiques ont été publiés et 28 de 1981 à 1985. Une exploration des bases de données de publication comme PsychInfo, NCJRS ou Medline sur les adolescents abuseurs sexuels donne désormais accès à des centaines d’articles scientifiques et de manuels sur l’évaluation des adolescents abuseurs sexuels, leurs caractéristiques personnelles et familiales, les facteurs de risques, les modèles étiologiques, les stratégies d’interventions.
Pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps pour débuter les recherches sur les agresseurs sexuels juvéniles?
Les raisons pour lesquelles les chercheurs ne se sont pas penchés sur l’étude des adolescents abuseurs sont nombreuses. Parmi les plus importante, on trouve le fait que, pour plusieurs, les conduites sexuelles problématiques s’inséraient dans un développement sexuel plus ou moins normal. Plusieurs remettent tout simplement en cause la pertinence de s’intéresser à la délinquance sexuelle juvénile parce qu’elle est perçue comme une expérimentation de la sexualité, ou tout simplement de la curiosité. À cet égard, plusieurs perçoivent donc qu’une telle sexualité est exploratoire, situationnelle et fait partie de la maturation sexuelle.
Qu’a-t-on découvert avec les plus récentes recherches sur les agresseurs sexuels juvéniles?
Néanmoins, les premiers travaux plus systématiques auprès des adolescents abuseurs sexuels, notamment les travaux de Becker et ses collègues, indiquent clairement que si l’usage d’un certain niveau de coercition et de violence peut parfois caractériser le développement sexuel, certains auteurs de telles infractions sont bien plus que de simples explorateurs.
Du coup, on constate rapidement qu’une proportion non négligeable de délinquants sexuels adultes avait commencé à avoir des comportements sexuels déviants à l’adolescence.
De plus, puisque les statistiques officielles sous-estiment le nombre de délits réellement commis, certains se sont intéressées aux délits non officiels. Par exemple, les travaux de Knight et Prentky (1993) indiquent que, chez les délinquants adultes, 33 % des délinquants sexuels sans antécédents juvéniles avaient en fait commis des délits de nature sexuelle pour lesquels ils n’avaient pas fait l’objet d’une judiciarisation.
En somme, les premiers travaux plus systématiques ont permis de comprendre que certains auteurs de délits sexuels commis à l’adolescence vont au-delà de la simple exploration de leur sexualité, ils constituent une proportion non négligeable des auteurs d’infractions sexuelles et certains d’entre eux continueront d’accomplir de tels actes une fois devenus adultes. Il devenait donc pertinent de s’y intéresser davantage et de mieux comprendre ce qui allait amener certains d’entre eux à s’ancrer dans un mode de vie déviant.
Un des constats les plus répandus à propos des adolescents abuseurs sexuels est le fait qu’ils forment un groupe pour le moins hétérogène. Les adolescents abuseurs sexuels montrent effectivement beaucoup de diversité, tant dans leur historique de victimisation, leur famille d’origine, leur personnalité que dans la nature des délits qu’ils commettent et des victimes auxquelles ils s’en prennent. Cette grande hétérogénéité en a amené plusieurs à croire que différentes trajectoires développementales sous-tendaient une telle variété et qu’il fallait donc arrimer les stratégies d’intervention en conséquence.
Qui sont les victimes des AAS?
Les garçons agressés semblent, en grande partie, victimes d’agresseurs adolescents. Une recherche aux États-Unis a démontré que 56 % des garçons victimes ont rapporté avoir été agressés par un adolescent comparativement à 28 % des filles victimes.
Plus du tiers des adolescents agresseurs ont été agressés sexuellement, ce qui est supérieur à ce que l’on peut observer dans la population masculine générale qui se situe autour de 15 %.
Qui sont les auteurs présumés d’infractions sexuelles âgés entre 12-17 ans?
L’analyse des données policières révèle que c’est parmi le groupe des 12 à 17 ans que le nombre d’auteurs présumés par 100 000 habitants est le plus élevé, et ce, particulièrement pour les auteurs de sexe masculin. Ce constat n’est pas unique au Québec ; à l’échelle canadienne, la situation est similaire.
Les recherches menées sur l’incidence des agressions sexuelles commises par les adolescents en arrivent aux mêmes conclusions : les délits perpétrés par les adolescents constituent une proportion importante de l’ensemble des délits sexuels, les adolescents étant surreprésentés parmi les agresseurs sexuels. Cette situation serait attribuable au fait que « … chez les jeunes sujets masculins, le comportement violent semble corrélé avec cette période spécifique de la vie ».
La surreprésentation des 12 à 17 ans parmi les auteurs d’infractions sexuelles n’est pas nouvelle en soi. Toutefois, ce n’est qu’au cours des dernières années que les intervenants, les chercheurs, les policiers et les responsables des services correctionnels ont commencé s’attarder à la gravité de ce problème. En effet, alors que ces délits ont longtemps été expliqués par un désir « normal » d’exploration à l’adolescence, ils sont de plus en plus pris au sérieux par les intervenants mieux informés qu’ils l’étaient et sont moins hésitants à donner suite à l’affaire.
Les données du programme DUC 2 montrent d’ailleurs que le nombre d’auteurs présumés par 100 000 habitants a davantage augmenté parmi les adolescents de 12 à 17 ans que parmi les autres groupes d’âge, phénomène qui pourrait s’expliquer par une hausse des signalements.
À cet égard, au Québec, la Politique gouvernementale en matière d’agression sexuelle de 2001 ainsi que la mise en oeuvre des différentes mesures visant à lutter contre les agressions sexuelles ont sans doute contribué à cette plus forte hausse des signalements. Outre la protection des victimes, la politique visait à améliorer le dépistage des jeunes agresseurs sexuels et à développer des programmes visant à mieux répondre aux besoins réels de ces jeunes.
Mentionnons que ces actions sont d’autant plus importantes que plusieurs des jeunes qui commettent des agressions sexuelles au cours de l’adolescence pourraient, s’ils ne reçoivent pas l’aide appropriée, répéter ces comportements délictuels à l’âge adulte.
Quelles sont les victimes qui dénoncent leur agresseur le plus tard?
Nous observons que les victimes mineures portent plainte plus d’un an après le délit dans une plus grande proportion que les victimes adultes (24,3 % contre 10,3 % respectivement)
Quels sont des exemples d’autres infractions sexuelles que l’agression sexuelle?
Qui sont les principales victimes d’agression sexuelle?
De façon générale, les mineurs sont le plus souvent victimes d’infractions sexuelles. En 2013, le taux d’infractions sexuelles par 100 000 habitants pour les personnes de moins de 18 ans est de 231,9, soit plus de trois fois celui de la population générale.
Quant aux adultes, ce taux se situe à 26,9. Les deux tiers des victimes ont moins de 18 ans et 78,1 % sont des filles. Les femmes adultes constituent 30,8 % des victimes d’infractions sexuelles en 2013.