Module 4 : Continuum des comportements sexuels Flashcards

1
Q

À quoi ressemble le développement sexuel des enfants?

A

Les études les plus récentes, portant sur les enfants (âgés de 0 à 5 ans) ont consisté à ce que les membres du personnel des centres de jour ou les parents recueillent les comportements de nature sexuelle dont ils ont été témoins. D’entrée de jeu, il convient d’avoir en tête que les rapports relatifs aux comportements sexuels des enfants ainsi établis ne sont pas seulement tributaires des enfants, mais de la capacité des personnes qui tiennent le rôle d’observateur.

De façon globale, selon les mères des enfants âgés de 2 à 12 ans – un échantillon de 1114 enfants –, les comportements sexuels manifestés couvrent un large éventail à des niveaux et des fréquences variables, ce qui a permis à Freidrich et ses collaborateurs (1998) d’établir une grille de comportements normatifs. Les comportements les plus fréquents sont les autostimulations, l’exhibitionnisme et le manque de respect des limites personnelles. Les comportements les moins fréquents s’avèrent les plus intrusifs. De plus, les comportements sexuels manifestés diminuent significativement avec l’âge, car les enfants de 5 ans sont plus actifs, alors que la fréquence moyenne des comportements sexuels chute pour le groupe des 7 ans.

Les auteurs soulignent que les comportements sexuels des enfants doivent être interprétés en tenant compte des facteurs familiaux et contextuels. Par exemple, les mères ayant un niveau de scolarité plus élevé sont plus enclines à percevoir comme normaux les sentiments et les comportements de nature sexuelle exprimés par leur enfant, comparativement aux mères ayant un niveau de scolarisation moyen. Or, nous savons que, de façon générale, un niveau de scolarisation plus élevé est associé à des attitudes plus libérales au sujet de la sexualité. D’autres facteurs déterminants de l’environnement familial engendrés par des manifestations de négligence, de violence, de facteurs de stress et un manque de stimulation occasionnent des fréquences significativement plus élevées de comportements sexuels chez les enfants. De plus, le fait de fréquenter un milieu de garde permet éventuellement de rencontrer des enfants ayant un rapport plus libéral avec les comportements sexuels, ce qui peut expliquer l’influence d’un effet d’entraînement.

Les parents et le personnel en garderie rapportent que les enfants se masturbent souvent au moment du coucher ou de la sieste. La fréquence des comportements masturbatoires de l’enfant d’âge préscolaire augmente lors des périodes de stress émotionnel, ce qui leur sert à réduire leurs tensions. Les enfants âgés de 5 à 8 ans se caractérisent par une curiosité accrue pour la grossesse et la naissance des bébés. Une étude de Bernstein et Cowan (1975) a permis de vérifier que la compréhension des enfants concernant la naissance des bébés suit la séquence de stades de développement de l’intelligence (préopérationnelle, opératoire concrète et pensée formelle).

D’autres études ont visé à recueillir des informations sur les manifestations des comportements sexuels de 364 enfants âgés de 2 à 7 ans selon les observations du personnel de 190 centres de garde. Le questionnaire Day-Care Sexuality Questionnaire (DCSQ) comportant 244 items a servi à montrer que les manifestations significatives chez les garçons (37 items du DCSQ) et les filles (31 items) touchent l’autostimulation des organes génitaux, un non-respect des frontières d’autrui et la confusion de genre. L’expression demeure plus comportementale chez les garçons que chez les filles, celles-ci étant plus préoccupées et concernées par le sujet de la sexualité des adultes. De plus, les genres se distinguent en mettant plus en évidence l’usage de propos grossiers chez les garçons de 0 à 4 ans et de l’exhibitionnisme, de même que des comportements sexuels défensifs et intrusifs; les filles manifestent des besoins d’intimité et de tendresse, de même que des comportements plus « masculins » de type affirmatif agressif. L’augmentation de la fréquence de même que celle de l’étendue des comportements sexuels observés sont associées à la présence de divers facteurs : stress négatif, perturbations comportementales et attitudes positives des personnes significatives (enfants et adultes) de leur entourage. L’étude souligne également que les filles et les garçons qui sont aux prises avec des facteurs de stress cherchent à éviter les interactions sociales et les expériences stressantes en étant repliés sur soi et en s’adonnant à des activités plus associées à la masturbation. De plus, les filles se distinguent en révélant une aversion pour les situations de proximité, alors que les garçons présentent une tendance à rechercher la proximité et une certaine confusion de genre. Les garçons aux prises avec des troubles de comportements sexuels (touchers génitaux/masturbation, grossièreté sexuelle/exhibitionnisme, recherche d’intimité/confusion de genre, comportement sexuel défensif/intrusif). Ces résultats reflètent les attitudes et les comportements attendus en fonction des stéréotypes sexuels et des stratégies d’adaptation pour la reproduction.

La fréquence des comportements sociosexuels appris, comme tenir des propos sexuels grossiers et avoir des comportements exhibitionnistes chez les garçons, augmente avec l’âge, alors que la recherche de proximité physique et de confusion de genre diminue avec l’âge, ce qui s’accorde avec les attentes sociales et devient plus marqué vers l’âge de 7 ans.

Les garçons qui manifestent des troubles du comportement sont vus comme ayant une tendance générale à moins contrôler leurs impulsions, ce qui se constate par leurs acting out sexuels. Il faut prendre également en considération qu’un environnement plus permissif puisse amener les jeunes à moins restreindre leurs comportements sexuels, ce qui trancherait avec un milieu inconfortable ou contraignant sur le plan de la sexualité, les observations associées à ce type de milieu seraient possiblement moins enclins à rapporter les comportements sexuels observés en raison du malaise ressenti découlant de leurs sentiments négatifs, de la culpabilité et de la honte.

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2
Q

D’où provient la mentalisation et l’origine des fantasmes?

A

Les désirs, les souhaits et les peurs associés au processus de pensée des enfants en lien avec la sexualité peuvent différer grandement de ce qu’on entend par fantasmes. Néanmoins, la définition de « fantasme » ou « fantaisie » n’est pas équivalente chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte, car la vie sexuelle prend forme et se structure avec un ensemble d’expériences actuelles ou vicariantes.

Le fait pour l’enfant de redonner des mots qui ont été enregistrés dans sa mémoire se limite à de simples pensées, alors que l’élaboration de fantaisies comprend un but et l’anticipation d’une expérience future qui reflètent des intérêts et des désirs. Une attribution extensive du terme « fantasme » à l’enfant a été dérivée de la théorie sur la sexualité infantile de Freud (1905) en oubliant trop souvent que le rôle du fantasme dans le modèle de Freud était joué dans l’inconscient.

Sur le plan de la conscientisation, une manière de faire de meilleures inférences sur la capacité des enfants à imaginer la sexualité consiste à en voir les signes dans le langage parlé. Nous savons que les composantes des expériences antérieures et l’exposition à divers contenus peuvent influencer, produire et structurer les pensées et les expériences sexuelles subséquentes.

Bien qu’il soit difficile de savoir à quel signe on peut reconnaître l’émergence des fantaisies sexuelles chez les enfants, les observations mettent en évidence que l’autostimulation génitale est susceptible de provoquer un état d’admiration et de concentration de soi qui signale la présence d’un élément fantasmatique.

Lorsque les pensées ou les fantaisies surviennent chez une personne inexpérimentée ou un enfant, quel que soit son âge, elles ne sont pas aussi riches dans le contenu ni aussi explicites sexuellement que chez un adulte expérimenté. Dans certains contextes culturels, les enfants sont exposés à des apprentissages et des messages plus explicites en regard de la sexualité, et ce, en bas âge. Au cours des dernières décennies, le rapport à la sexualité s’est modifié et il est possible que les pensées/fantaisies des enfants, non engagés, ni expérimentés présentent néanmoins plus de probabilités d’être sexuellement explicites qu’aux époques où les enfants étaient écartés de toute allusion sexuelle ou de tout stimulus.

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3
Q

Qu’est-ce que l’érotisation problématique et l’hypersexualisation?

A

L’instauration d’un processus d’érotisation précoce peut survenir en l’absence de traumatisme, problème émotionnel ou négligence chez l’enfant. Les manifestations affectueuses d’un enfant qui sont de nature érotique ne sont pas pathologiques en soi. Le potentiel de l’enfant à l’érotisation peut s’avérer adapté ou mésadapté, dépendamment de sa capacité à être flexible et à tenir compte des circonstances. À cet égard, l’apprentissage par observation permet au jeune de reproduire un comportement dont il a été témoin. Cela implique que les comportements appris par ce mode d’apprentissage comprennent des patterns verbalisés de pensées et d’émotions exprimées par la personne qui fait figure de modèle et qui sont soumis à l’interprétation de l’enfant témoin.

La présence d’activités sexuelles pendant l’enfance ne constitue donc pas un indicateur d’une pathologie ou d’une victimisation préexistante, voire un signe délétère en soi. Cependant, le risque pour l’enfant de présenter de tels comportements, bien qu’il se situe dans le registre de la normalité peut susciter une mise à l’écart, des réactions anxieuses ou créer des conflits chez certaines familles ou dans l’environnement relationnel. Lors de ces situations, les comportements sexuels de l’enfant peuvent simplement survenir au mauvais moment ou lieu, ou encore être en décalage sur le plan expérientiel ou relativement à son stade de développement.

Toutefois, il demeure que dans nos sociétés contemporaines, les facteurs de stress les plus préoccupants sont la montée de la violence parmi les jeunes et des taux de prévalence d’enfants vulnérables et troublés. Trois facteurs associés qui sont fréquemment rapportés dans les études portant sur les enfants vulnérables recoupent les facteurs associés aux enfants ayant des comportements sexuels problématiques (CSP) et aux AAS :

  1. vivre dans une famille sans figure paternelle,
  2. être pauvre ou victime d’abus,
  3. vivre dans un environnement délétère et à risque.

Les effets négatifs peuvent aussi dépendre des attitudes négatives des adultes envers la sexualité dans l’environnement de l’enfant. Ces adultes laissent voir des réactions réfractaires qui se manifestent par l’une ou l’autre de ces expressions : une absence de communication sur le sujet de la sexualité, des jugements, de l’hostilité, une discipline coercitive, de la brutalité et des situations de tension. De plus, certains jeunes sont moins informés et donc plus enclins à s’adonner à des comportements sexuels à risque, signalant de la sorte qu’ils sont vulnérables.

Dans un autre registre, le problème avec la sexualité chez les jeunes est souvent associé aux attitudes des adultes ou de l’environnement relationnel envers la sexualité, incluant l’exposition à une sexualité explicite. L’environnement familial peut alors manquer de limites en rapport avec la sexualité ou s’avérer fortement sexualisé, ce qui peut inclure de fréquentes expositions à de la pornographie et à des environnements relationnels abusifs. Dans d’autres familles, les parents ou soignants ont des problèmes compromettant leur capacité à remplir leur rôle de parent parce qu’ils sont consommateurs de substances, aux prises avec des dysfonctions parentales ou incapables de contrer les facteurs de l’environnement propices à socialiser les enfants dans des activités sexuellement abusives ou agressives. Les réactions de l’enfant soumis à ce type de contextes sont susceptibles d’amener celui-ci à devoir résoudre un enjeu défensif, parce que les émotions ressenties surpassent sa capacité à les contenir, ou à créer une faille identificatoire, parce qu’il ressent une atteinte à son sentiment de masculinité.

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4
Q

Pourquoi le développement sexuel de l’enfant peut-il être un enjeu défensif?

A

De façon naturelle, l’enfant découvre simplement les sensations que lui procurent le toucher de différentes parties de son corps et le fait que les organes génitaux lui donnent des sensations différentes de plaisir. Selon Johnson et Feldmeth (1993), les motivations sous-jacentes aux comportements sexuels non normatifs chez l’enfant peuvent s’inscrire dans une recherche de réduction de l’anxiété, des réactions à un stress post-traumatique, d’une confusion ou de donner un sens au mésusage de la sexualité ou à la victimisation.

L’effet d’une excitation physiologique provenant d’une surstimulation sexuelle peut s’avérer impossible à réduire et à contenir pour un enfant ; la stimulation sexuelle et l’usage de la sexualité représentent parfois un moyen mal adapté de se faire des amis. Les affects qui sous-tendent les comportements sexuels non normatifs se tiennent dans le registre de la négativité, comme l’anxiété, la honte, la culpabilité, la peur et la confusion.

Dans le contexte de comportements sexuels problématiques, les préjudices que de tels comportements infligent à l’enfant lui-même ou aux autres enfants doivent tenir compte :

  • de l’écart d’âge significatif du développement en regard du type d’actes posés,
  • du degré de mutualité ou de coercition,
  • de la détresse émotionnelle en cause,
  • des répercussions physiques, de même que les effets susceptibles de compromettre le développement.

L’innocence des enfants à propos de la sexualité ne signifie pas qu’ils n’ont pas de comportements sexuels, mais plutôt qu’ils n’ont pas de représentations mentales à la sexualité. L’enfant ne peut donc pas associer ses touchers exploratoires à une interaction sexuelle, un adulte peut toutefois interpréter faussement de tels comportements pour servir ses propres intérêts sexuels déviants.

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5
Q

Pourquoi le développement sexuel de l’enfant peut-il être un enjeu identitaire?

A

La question du décalage pubertaire peut susciter plus de préoccupations pour ceux qui se perçoivent en retard comparativement aux pairs du même âge et entraîner une position de retrait, voire à expérimenter la sexualité avec des plus jeunes; d’autres adhèrent plutôt à une vision stéréotypée d’eux-mêmes en adoptant une attitude hypermasculine.

En ce qui a trait à la délinquance en général, on a expliqué qu’une attitude hypermasculine a été corrélée avec la perpétration d’actes de violence envers autrui comme une manière d’affirmer sa masculinité, d’acquérir un statut dans le groupe de pairs et de justifier les manifestations de domination, rudesse et compétitivité. Selon plusieurs auteurs, l’hypermasculinité ne peut être considérée comme un facteur prédicteur d’une problématique de délinquance sexuelle, alors qu’un déficit de traits d’hypermasculin serait en lien avec la commission de délits sexuels.

À l’opposé, sur le plan psychique, certains adolescents confondent désir et besoin, pour ne retenir que la conscientisation du besoin, ce qui souligne une attribution du pouvoir à la partenaire éventuelle et une crainte qu’elle puisse leur infliger une blessure difficile à surmonter ; cela peut en pousser certains à des passages à l’acte violent. D’autres, enfant puis adolescent, sans être confrontés à l’épreuve d’avoir une partenaire et voulant surtout s’en éloigner, peuvent chercher à rejouer sans cesse un fantasme d’omnipotence primitive, ce qui peut maintenir une sexualité égocentrée. Cependant, les AAS se démarquent des adolescents normaux égocentrés, parce qu’ils sont obsessivement égocentrés et préoccupés par la satisfaction de leurs propres besoins sans égard pour les autres. Les intérêts des AAS paraissent plus opportunistes et manipulateurs, tout en s’accompagnant de fantaisies sexuelles inappropriées.

Cependant, le facteur d’hypermasculinité demeure de moins grande importance que la présence d’un trauma ou celle d’une problématique de consommation de substances pour prédire l’émergence d’une problématique de délinquance générale ou sexuelle. Toutefois, il est vraisemblable que l’hypermasculinité soit davantage représentée dans les sous-groupes des AAS ayant des traits antisociaux.

Selon Prentky et ses collaborateurs, l’hypersexualisation représente un indicateur de la force des conduites et des préoccupations sexuelles qui peuvent s’attacher à un ou plusieurs des comportements suivants :

  • exhibitionnisme,
  • fétichisme,
  • masturbation compulsive,
  • usage de pornographie,
  • langage et gestuelle sexualisés,
  • comportements sexuels indifférenciés avec plusieurs partenaires sans lien relationnel.

En ce qui a trait aux résultats sur l’hypersexualisation, Glowacz a montré que 41 % des AAS (N = 47) ayant participé à son étude ont présenté un niveau modéré de comportements sexualisés (32% à plusieurs occasions) et un niveau élevé (9 % à 6 occasions ou plus). De plus, 21 % des AAS présentent des déficits dans la gestion de leurs désirs sexuels et des comportements sexuels inadéquats ; cela reflète que ces AAS aient une inclination à s’adonner à un mode de satisfaction déviante ou plus franchement paraphile.

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6
Q

Comment peut-on différencier un comportement sexuel adéquat d’un comportement sexuel agressif?

A
  1. Est-ce que les participants sont des pairs quant à l’âge ou au développement cognitif ?
    • Sinon, c’est un comportement agressif (âge).
  2. Est-ce que l’activité sexuelle est en fonction du développement des enfants ?
    • Un comportement exploratoire prépubère inclut des jeux mutuels, des touchers, des caresses. Le coït ou les tentatives de pénétration sont atypiques chez les enfants d’âge préscolaire et plutôt rares chez les enfants de moins de 12 ans (type d’activités sexuelles).
  3. Est-ce que l’activité est consensuelle ou coercitive ?
    • Si l’activité sexuelle se joue à travers les pressions, la force, le secret, les menaces ou le mensonge, elle est coercitive (consentement).
  4. Est-ce que le contact sexuel est motivé par le plaisir, la curiosité, le goût de découvrir les différences sexuelles ?
    • Si ces motivations ne sont pas présentes, le contact peut être agressif (motivations).
  5. Est-ce que l’activité sexuelle, même entre pairs et non coercitive, est planifiée pour le plaisir d’un plus vieux ?
    • Si oui, l’activité est coercitive (consentement).
  6. Quelles sont les conséquences de l’activité sexuelle ?
    • Si une exploration mutuelle provoque parfois un degré de culpabilité chez les enfants, des réponses fortement négatives comme la colère, la peur, la tristesse sont plutôt symptomatiques d’une situation agressive (affects).
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7
Q

Nous avons vu que les comportements sexuels problématiques chez les adolescents peuvent avoir débuté avant l’âge de 12 ans. Dans ce contexte, il est possible de reconnaître les gestes sexuels des enfants afin de pouvoir les qualifier comme étant normaux et agressif. Il existe en effet un continuum des comportement sexuel. Comment se divise-t-il?

A

Il importe de reconnaître qu’il existe un continuum des comportements sexuels. Le comportement d’un enfant peut se situer de part et d’autre du continuum allant de la sexualisation à l’agression. Il s’avère impératif de soupeser de nombreux facteurs afin de déterminer la nature du comportement et l’intervention adéquate.

Plusieurs termes décrivant les comportements sexuels problématiques des enfants ont été utilisés de façon interchangeable, ce qui peut prêter à confusion si l’on ne les définit pas. Voici quelques-unes de ces définitions :

Les enfants ont des comportements réactionnels à l’agression quand ils ont été victimes d’agression sexuelle et qu’ils font des passages à l’acte en adoptant un comportement sexualisé qu’on s’attendrait à retrouver chez certains enfants victimes d’agression sexuelle. De tels comportements diminuent quand les enfants reçoivent un traitement centré sur la victimisation.

Les enfants ont des comportements sexuels problématiques quand ils adoptent prématurément un comportement sexualisé et, le cas échéant, qu’ils ont reçu un traitement centré sur la victime, ou un autre traitement, qui n’a pas entraîné de diminution du comportement. Ce comportement est agressif, coercitif et répété. Ces comportements peuvent conduire à des dommages physiques ou psychologiques.

Généralement, on s’accorde à reconnaître certaines caractéristiques et dynamiques comportementales typiques des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques.

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8
Q

Quelles sont des caractéristiques qu’on peut retrouver chez des enfants ayant des comportements réactionnels à l’agression?

A
  • Augmentation de la fréquence des comportements sexuels qui peuvent varier de précoces à fréquents;
  • Imitation ou expérimentation à partir d’une information sexuelle de niveau avancé;
  • Reproduction des comportements sexuels observés;
  • Comportement provoqué par un traumatisme et commandé par l’anxiété;
  • Un certain nombre de passage à l’acte au sujet duquel l’enfant ressent généralement de la gêne, de la peur, de la honte ou de l’anxiété lorsqu’il est découvert.
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9
Q

On divise les comportements sexuels problématiques en 2 groupes. Quelles sont des caractéristiques du premier groupe?

A
  • Jeux sexuels réciproques fréquents;
  • Échange de sexe contre de l’affection pour établir une relation avec les gens;
  • Affect restreint (pas d’émotion apparente) relatif au comportement et au plaisir sexuel limité;
  • Absence de lien solide et bénéfique avec un adulte;
  • Recherche d’enfants similaires, souvent la fratrie ou d’autres enfants sous garde;
  • Sentiment de surprise lorsqu’il constate l’inquiétude de l’adulte à la découverte de son comportement.
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10
Q

Quelles sont des caractéristiques du second groupe d’enfant ayant des comportements sexuels problématiques?

A
  • Coercition, manipulation ou agression pour obtenir un contact sexuel;
  • Utilisation de tous les moyens possibles pour atteindre ses buts sexuels;
  • Planification continue;
  • Absence d’empathie;
  • Comportement impulsif et compulsif;
  • Comportements parallèles possibles : incendiaire, incontinence;
  • Maintien ou augmentation des comportements sexuels problématiques avec le temps;
  • Adoption possible de formes déviantes d’excitation sexuelle;
  • Déni ou transfert du blâme lorsqu’on découvre son comportement.
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11
Q

Les comportements sexualisés (groupe 1) et les comportements sexuels agressifs (groupe 2) manifestés par les enfants ont généralement 4 caractéristiques communes. Que sont-elles?

A
  1. Persistance :
    • Malgré les efforts soutenus et manifestes des adultes pour mettre fin au comportement, l’enfant persiste, même si ces derniers veulent que l’enfant arrête de se comporter ainsi.
  2. Préoccupation :
    • Pensées à caractère sexuel : l’imagination et la planification des activités sexuelles et le sentiment de culpabilité qui s’ensuit occupent principalement les pensées de l’enfant.
  3. Interruption des tâches développementales :
    • L’existence de ce problème fait obstacle à l’habileté de l’enfant à trouver le temps, l’énergie ou l’occasion de poursuivre les tâches habituelles de l’enfance. Cela se manifeste surtout dans la rupture de ses rapports avec les pairs et l’interruption du développement de la sociabilité.
  4. Stigmatisation :
    • ​​La nature de ce problème et nos réactions vis-à-vis de l’enfant entraînent généralement l’isolement de ce dernier, une catégorisation négative et l’intériorisation du sentiment d’être mauvais.
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12
Q

Dans quelles circonstances devrions nous nous inquiéter lorsqu’un enfant de moins de 12 ans manifeste des comportements sexuels problématiques?

A

Si ce sont des comportements sexuels problématiques :

  • Dans lesquels interviennent des enfants d’âge et de niveau de développement différent;
  • Qui démontrent que leurs connaissances en matière sexuelle dépassent de beaucoup celles de leurs pairs;
  • Dans lesquels interviennent des enfants qui ne se connaissent pas ou qui ne sont pas en relation;
  • Qui sont préjudiciables sur le plan physique ou émotif, à l’enfant visé par le comportement ou à d’autres personnes;
  • Qui relèvent une préoccupation par rapport aux questions d’ordre sexuel;
  • Qui contiennent des éléments de coercition, de subversion, de force ou d’agression;
  • Qui stigmatisent l’enfant;
  • Qui entravent ses tâches développementales normales.

En conclusion, ce qu’il importe de retenir c’est que même s’il est clair que la victimisation sexuelle peut mener aux problèmes de comportements sexuels chez l’enfant ou encore l’adolescent, son rôle dans l’étiologie des délinquants sexuels juvéniles est loin d’être clair.

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13
Q

Quelle est une conséquence possible de l’agression sexuelle?

A

L’une des conséquences possibles de l’agression sexuelle est de placer la victime en situation de devenir elle-même un agresseur. Selon le stade du développement psychosexuel de la victime et sa vulnérabilité lors de l’assimilation et de l’intégration d’une expérience sexuelle, cela peut avoir pour effet de créer un apprentissage.

C’est ainsi que le terme d’enfant réactif à une agression sexuelle fait référence à un enfant qui, pendant ou après la période où il a lui-même été agressé sexuellement, adopte des comportements sexuels inadéquats envers un autre enfant. Comme c’est le cas pour tout type d’agressions, habituellement, la victime est quelqu’un que l’enfant connaît très bien ou encore, quelqu’un qui lui est facilement accessible. Le comportement déviant apparaît alors comme un moyen de surmonter les sentiments de peur, d’impuissance et de confusion par rapport à l’identité sexuelle.

L’enfant réactif aux agressions subies est un terme qui ne peut être utilisé que si, et seulement si, l’agression perpétrée est unique ou encore, qu’il ne dure pas dans le temps et que celui qui pose les gestes ne semble pas s’enraciner dans une problématique déviante plus structurée, caractérisée par un cycle délictuel. Généralement, ces jeunes montrent de la culpabilité et sont capables de ressentir ce que la victime a vécu comme expérience traumatique, ses blessures et ses souffrances (empathie). Finalement, très souvent, l’expérience de l’agression est décrite comme non satisfaisante.

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14
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels de groupe 1 chez l’enfant, soit les jeux sexuels?

A
  1. Planification
    • Spontanés/planifiés
  2. Famille
    • Tous les types de famille
  3. Après la découverte
    • Enfants timides, gênés
  4. Niveau de fonctionnement
    • Cognitif/émotionnel
  5. Excitation sexuelle
    • Excitation sexuelle ou non
  6. Motivation
    • Curiosité/exploration
    • Stimulation sexuelle
  7. Comportement sexuel
    • Comportements naturels et sains
  8. Affect relatif à la sexualité
    • Comportement bête
    • Ris sottement
    • D’humeur enjouée
  9. Fréquence
    • Intermittent
    • À des fréquences et des âges différents
  10. Coercition
    • Exige/aguiche
    • Non coercitif
  11. Secret
    • Secrets
  12. Avec qui
    • Ami(e)s
  13. Frères soeurs
    • Jeux sexuels entre frères et soeurs
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15
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels de groupe 2 chez l’enfant, soit les comportements sexuels réactionnels?

A
  1. Planification
    • Spontanés / impulsifs
  2. Famille
    • De répressive à sexuelle
  3. Après la découverte
    • Peuvent être surpris ou bouleversés et confus ou craintifs
  4. Niveau de fonctionnement
    • Émotionnel/neurophysiologique
  5. Excitation sexuelle
    • Excitation sexuelle ou non
  6. Motivation
    • Diminution de l’anxiété
    • Stress post-traumatique
    • Pour réduire la confusion
    • Pour donner un sens au mauvais usage sexuel ou à la victimisation
    • Répétition la stimulation sexuelle antérieure
    • Stimulation sexuelle
  7. Comportement sexuel
    • Comportements sexuels inadéquats
  8. Affect relatif à la sexualité
    • Anxiété
    • Honte
    • Sentiment de culpabilité
    • Peur
    • Confusion
  9. Fréquence
    • Varient d’intermittent à fréquent
  10. Coercition
    • En général, pas de discussion avant la manifestation du comportement. Lorsqu’il y a discussion, il n’y a pas de coercition, donc pas coercitif.
  11. Secret
    • Il peut y avoir des témoins
  12. Avec qui
    • Personnes accessibles, adulte abordable
  13. Frères soeurs
    • Touchers entre frères et soeurs
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16
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels de groupe 3 chez l’enfant, soit les comportements sexuels mutuels courants?

A
  1. Planification
    • planifiés
  2. Famille
    • de répressive à sexuelle
  3. Après la découverte
    • nie la réalité ou blâme un autre enfant, ou ne considère pas que le comportement soit problématique
  4. Niveau de fonctionnement
    • émotionnel / cognitif / neurophysiologique
  5. Excitation sexuelle
    • excitation sexuelle ou non
  6. Motivation
    • mécanisme d’adaptation pour réduire le sentiment d’isolement, de solitude, de dépendance
    • diminution de l’ennuie
    • stimulation sexuelle
  7. Comportement sexuel
    • comportements sexuels inquiétants, demandant l’aide de professionnels
  8. Affect relatif à la sexualité
    • dépendance confusion,
    • rusé
    • je-m’en-foutisme
  9. Fréquence
    • continu
  10. Coercition
    • consentement conscient ou inconscient
    • non coercitif
  11. Secret
    • secret
  12. Avec qui
    • enfants consentants
    • le sexe peut devenir un aspect stable de leur relation
  13. Frères soeurs
    • inceste réciproque entre frère et soeur
17
Q

Quelles sont les caractéristiques des comportements sexuels de groupe 4 chez l’enfant, soit les enfants qui portent atteinte à la pudeur?

A
  1. Planification
    • planifiés / explosifs
  2. Famille
    • de sexuelle, à sexuelle agressive
  3. Après la découverte
    • blâme avec agressivité et colère un autre enfant et/ou la personne qui l’a surpris ou nie la réalité
  4. Niveau de fonctionnement
    • cognitif / émotionnel / neurophysiologique
  5. Excitation sexuelle
    • excitation sexuelle ou non
  6. Motivation
    • diminution de l’anxiété, de la peur, de la solitude, de la colère ou d’autres sensations fortes désagréables internes
    • blesser les autres
    • représailles
    • stress post-traumatique
    • répétition de la stimulation sexuelle antérieure
    • stimulation sexuelle
  7. Comportement sexuel
    • demandant l’aide de professionnels
  8. Affect relatif à la sexualité
    • anxiété, colère, agressivité, rage
  9. Fréquence
    • continue et va en augmentant
  10. Coercition
    • menace, corruption, supertricheries
    • coercitif
  11. Secret
    • secret
  12. Avec qui
    • enfants vulnérables (plus jeunes ou plus vieux)
    • peuvent viser les adultes
  13. Frères soeurs
    • inceste sous contrainte entre frères et soeurs
18
Q

D’où vient l’émergence des intérêts sexuels déviants?

A

Les résultats des études auprès des AAS montrent qu’ils présentent des intérêts sexuels déviants. Plusieurs auteurs soulignent que des garçons seraient affectés de façon différenciée par les abus sexuels qu’ils ont subis en ayant associé certains éléments de leur propre victimisation aux comportements sexuels d’abus qu’ils commettent. Des auteurs ont suggéré qu’un enfant ayant une sexualité précoce pourrait être plus vulnérable à être victimisé sexuellement et, par la suite, à commettre des abus sexuels, en raison de leur puberté précoce. Il est intéressant de souligner que les effets de la victimisation sexuelle pendant l’enfance chez les victimes féminines sont de l’ordre d’une montée de préoccupations sexuelles, une initiation précoce à la première relation sexuelle et une grossesse précoce.

À l’âge adulte, les agresseurs sexuels qui ont récidivé situent l’émergence de leurs intérêts sexuels déviants à un âge précoce ; ils rapportent avoir fantasmé des scripts sexuels déviants à l’adolescence pendant leurs activités masturbatoires et l’atteinte de l’orgasme. L’émergence des fantasmes sexuels survient en moyenne entre l’âge de 11 et 13 ans. Plusieurs études ont mis en lumière qu’une problématique sexuelle de comportements sexuels déviants se structure avant la fin de l’adolescence et revêt un caractère persistant. Les résultats d’une méta-analyse montrent que les AAS ont rapporté significativement plus de fantaisies sexuelles atypiques, de comportements ou d’intérêts de même nature, ou sont plus souvent diagnostiqués comme étant aux prises avec une paraphilie que les délinquants non sexuels.

Toutefois, les excitations et les intérêts sexuels de ces jeunes paraissent moins fixés que ceux des adultes et des agresseurs sexuels adultes, ce qui suggère que le caractère prédominant de la composante est transgressif plutôt que sexuel, ou encore une dimension très réactive de l’excitation sexuelle de l’adolescence. En effet, l’étude de Daleiden et ses collaborateurs, auprès d’AAS et de délinquants non sexuels en centres fermés (âgés de 16 à 20 ans) et d’AAS et d’étudiants (âgés de 10 à 15 ans) en milieu ouvert, a mis en lumière que les AAS (centres fermés et milieu ouvert) rapportent plus d’expériences sexuelles non consentantes, moins d’expériences sexuelles consentantes, ainsi que des intérêts sexuels déviants plus marqués en nombre et en fréquence, sans toutefois être en mesure de préciser des fantasmes spécifiques. Les études ayant porté sur l’identification des facteurs de risque à la récidive auprès d’AAS (centres fermés et milieu ouvert) rapportent plus d’expériences sexuelles et une excitation déviante, une hypersexualité, des préoccupations sexuelles et la récidive sexuelle. Les fantaisies sexuelles déviantes qui ont cours pendant la phase précrime constituent aussi un facteur prédictif du recours à la force lors de l’agression sexuelle chez les AAS d’enfants.

Des auteurs ont suggéré que la consommation de pornographie a pu engendrer l’élaboration de fantaisies sexuellement agressives chez des adolescents victimisés et non victimisés qui sont devenus sexuellement abusifs. De surcroît, les fantaisies masturbatoires stimulées par la pornographie sont susceptibles de générer des distorsions cognitives qui peuvent avoir un effet anticipatoire ou permissif.

Le matériel le plus souvent cité comme source d’excitation sexuelle par les AAS englobe des magazines (35-43 %), des enregistrements vidéo (26 %), la télévision (15 %) et des livres (3 %). De plus, alors que 74 % des adolescents accusés d’avoir commis des délits sexuels admettent avoir eu recours à la pornographie pour accroître leur excitation, 23 % signalent que la pornographie n’a aucun effet, 3 % rapportent que cela diminue leur excitation et 11 % affirment ne pas utiliser ce matériel. Toutefois, des chercheurs avancent que toute forme de pornographie comporte des éléments latents ou implicites de violence ce qui augmente les associations des fantaisies sexuelles déviantes et de violence chez des hommes enclins à la violence et particulièrement chez les agresseurs sexuels à risque de récidive. Il faut toutefois garder en tête que l’effet peut être différencié chez les adolescents de la jeune génération qui sont fortement exposés aux images pornographiques et aux nouvelles technologies (sites de clavardage, sites divers, jeux vidéo, etc.).

Bien que les résultats suggèrent qu’une proportion d’AAS se soient engagés dans une trajectoire délictuelle d’abus sexuel, les données actuelles sur la prévalence de la récidive nous laissent croire que cette proportion serait moins importante que celle anticipée. Toutefois, les facteurs présumément associés à la récidive sexuelle chez les AAS concernent la présence de fantaisies et d’excitation sexuelle déviantes, de fortes préoccupations sexuelles et une hypersexualisation. Ces composantes sont vues comme le noyau du comportement sexuel déviant. Bien que ces indices puissent être repris pour expliquer la mise en acte d’abus sexuels pendant l’adolescence, il s’agit de facteurs qui n’ont pas été définis de façon opérationnelle ni validés empiriquement. Les difficultés à cerner la présence d’indices de déviance stable chez les AAS suggèrent que pour la majorité des cas, la motivation sexuelle déviante et le pattern d’excitation sexuelle ne seraient pas de même nature. À cet égard, Rich (2011) avance que pour plusieurs AAS, le contenu de l’idéation sexuelle n’est pas problématique en soi, il s’agit plutôt de l’âge de la victime et des moyens mis en place pour parvenir à engager un comportement d’abus sexuel. Pour sa part, Ryan (1999) met l’accent sur la nature de la relation et de l’interaction qui définit l’abus sexuel plutôt que sur le comportement en soi.

19
Q

Quelles peuvent être les conséquences de la victimisation sexuelle, soit le cycle de transformation de l’enfant agressé en agresseur selon Ryan?

A
  1. Le déni et la minimisation
    • peut être à l’origine d’une exploitation future et d’une non-reconnaissance du mal infligé aux victimes
    • Les agresseurs utilisent des mécanismes de défense (ex. : négation, rationalisation) et les enfants victimes minimisent à leur tour l’agression ou font parfois des efforts pour rendre l’exploitation irréelle.
    • Toutefois, le déni et la minimisation de l’exploitation sexuelle subie, c’est-à-dire la répression des aspects traumatiques et la seule acceptation des aspects agréables, peuvent être à l’origine d’une exploitation future et d’une non-reconnaissance du mal infligé aux victimes.
  2. La culpabilité et la responsabilité
    • l’agresseur se sent coupable, pas par empathie, mais car il a peur de se faire prendre
    • la victime ressent de la culpabilité à divulger, sachant tout les problèmes que cela peut engendrer
    • ainsi, la victime et l’agresseur ont la certitude que le mal n’arrive qu’à la condition de dévoiler le secret
    • Les jeunes agresseurs, au début de leur cycle d’agression, se disent souvent injustement persécutés.
    • Leur sentiment d’impuissance est tellement important qu’il semble naturel de rejeter la responsabilité de leur agression.
    • La culpabilité ressentie par le jeune qui agresse n’est pas motivée par un sentiment d’empathie envers la victime ou par le regret d’avoir agressé, mais plutôt par la peur de se faire prendre et d’avoir perdu le contrôle.
    • Chez la victime, la culpabilité ressentie concerne surtout les problèmes causés par la divulgation.
  3. La puissance et le contrôle
    • Le cycle de l’exploitation sexuelle se manifeste dans des comportements de recherche de contrôle.
    • Les idées de vengeance de l’agresseur reflètent sa perception d’être victime d’un monde hostile.
    • C’est souvent la perte ou le manque de contrôle qui déclenche le cycle de la victimisation.
    • La victime est réduite à l’impuissance pendant la victimisation, alors que l’agresseur est, au même moment, en train de reprendre le contrôle.
  4. La colère et la vengeance
    • Les sensations d’avoir été trahi et d’être réduit à l’impuissance donnent naissance à de forts sentiments de colère.
    • Le passage à l’acte renforce le comportement sexuel agressif plutôt qu’il l’inhibe ou le liquide.
  5. L’utilisation de fantasmes et autres renforcements
    • Les fantasmes sexuels du jeune agresseur font souvent le pont entre la colère ressentie lors de la victimisation et la planification d’une agression sexuelle.
    • À travers la nature de renforcement des comportements sexuels, les actes déviants se font répétitifs, les modèles de déviance deviennent habituels.
    • Ce renforcement provient de l’excitation liée au secret; l’anticipation de l’agression se joue à travers les fantasmes, la planification et la recherche de victimes.
    • Une dépendance aux comportements déviants grandit par la recherche de plus en plus frénétique de plus hauts degrés d’exaltation lors des agressions.
    • En même temps, les erreurs de jugement supportent et justifient les comportements déviants (distorsions cognitives).
    • Finalement, les renforcements de ce comportement surviennent à travers l’excitation ressentie lors des masturbations et des agressions.
  6. Modélisation de la transformation de l’enfant agressé en agresseur
20
Q

Quelles sont les étapes de la transformation de l’enfant agressé en agresseur?

A
  1. Pauvre image de soi (je suis victime)
    • ​​causée par le rejet dans l’enfance, l’abandon, les sentiments d’impuissance, la victimisation sexuelle, divers problèmes familiaux et sociaux.
    • Conduit le jeune à utiliser des stratégies négatives d’adaptation pour contrer cette mauvaise image de soi.​
  2. Anticipation du rejet (ça peut s’arranger)
    • ​​L’adolescent anticipe le rejet par les pairs.
    • Il les rejette en agissant de façon inappropriée.
    • Lorsque le rejet est confirmé, l’adolescent souffre d’isolement même si ses propres actions en sont la cause.
  3. Retrait, isolement (blâme les autres, le monde extérieur)
    • En s’isolant, l’adolescent se tournera vers des fantaisies (sexuelles et se rapportant à une image de soi puissante et désirable) qui lui permettront de mieux se sentir tout en lui donnant une illusion de contrôle.
  4. Colère et comportement de domination (je vais leur montrer que je suis bon)
  5. Fantaisies, masturbation, augmentation des activités sexuelles, planification du délit, choix de la victime (décision d’agir)
    • ​​Chez tous les agresseurs, les fantaisies compensent les sentiments d’impuissance, de victimisation et de perte de contrôle qui ont déclenché le cycle.
    • Ce sont surtout des fantasmes de puissance et de contrôle qui sont associés à des distorsions cognitives supportant la progression du cycle menant à la planification de l’agression.
    • Le processus de planification peut être totalement fantasmé ou peut aussi inclure le choix de la victime et la préparation de l’agression sexuelle.
  6. Agression sexuelle (renforcement : la victime a aimé ça)
    • ​​Elle venge l’agresseur des sentiments de rejet et le rend puissant.
    • À la suite de l’agression, de nombreuses distorsions cognitives vont rationaliser le comportement agressif et minimiser son sens.
    • Une culpabilité transitoire liée à la peur d’être découvert suit généralement l’acte.
    • Cette peur rappelle à l’adolescent son manque de pouvoir et lui fait revivre son sentiment originel d’impuissance.
    • Il se retrouve donc au point de départ et pour reconquérir sa puissance, il enclenche un nouveau cycle.
  7. Culpabilité transitoire basée sur la peur d’être pris (je ne serai pas découvert)
  8. Reconstitution, suppression (je ne le ferai plus, mais cela lui fait reconnaitre son manque de pouvoir et lui rappelle ses sentiments originels d’impuissance, ce qui le ramène à la case départ)
21
Q

Trois faits ont été observés chez les enfants victimisés :

  1. la sexualisation des relations,
  2. les victimisations successives,
  3. la transformation de l’enfant victime en agresseur.

Que veut-on dire pour ce qui est de la sexualisation des relations?

A

Certains enfants apprennent à utiliser le comportement sexuel pour obtenir des gratifications ou éviter des punitions. De plus, la sexualisation prématurée peut désinhiber l’enfant pace à des comportements sexuels.

La victimisation sexuelle peut aussi arrêter le développement d’une morale sexuelle, donc l’enfant ne perçoit pas le comportement comme déviant. Plusieurs de ces enfants se remémorrent leur propre victimisation non comme une agression mais comme une initiation sexuelle.

22
Q

En quoi consiste les victimisations successives?

A

Les victimes d’exploitations sexuelle se retrouvent en grand nombre parmis les personnes :

  • souffrant de désordre alimentaire,
  • pratiquant la prostitution,
  • abusant de drogues ou d’alcool,
  • commettant des tentatives de suicide,
  • souffrant de problèmes psychologiques.

De plus, les femmes ayant été abusées sexuellement pendant l’enfant sont plus nombreuses à avoir un conjoint violent physiquement ou agressant sexuellement leurs enfants.

23
Q

En quoi consiste le cycle de transformation de l’enfant agressé en agresseur?

A

L’agression sexuelle peut être une façon qu’a trouvée l’enfant ou l’adolescent de maitriser l’impuissance vécue pendant l’agression.

D’ailleurs, surtout chez les garçons, une identification à l’agresseur peut être vécue de façon bcp plus confortable qu’une identification à la victime.

24
Q

Quels sont les déterminants d’une vie sexuelle en bonne santé développementale?

A

1. La curiosité

C’est le désir de connaître la nature et le fonctionnement du corps, jusqu’à ses domaines les plus intimes : expériences faites sur lui, comparaisons effectuées sur l’autre, identique ou complémentaire, désir de savoir quelle est cette fameuse sexualité dont parlent tant les « grands » et appropriation progressive du concept, en partant des gros mots et des blagues obscènes – d’abord pas très bien compris – jusqu’aux exercices pratiques.

2. Le désir et le processus d’identification aux grands et aux adultes

Contrairement à ce qui se passait au cours des cent dernières années, les enfants sont témoins de la vie sexuelle des adultes. Pas essentiellement des ébats de papa et maman (ou, pour « faire moderne », d’un de ceux-ci avec son partenaire homo ou hétéro du moment), qu’il faut toujours surprendre par le trou de la serrure mais, de façon plus ouverte, de l’espèce adulte, qu’on voit forniquer à heures fixes à la télévision, ou dont les médias apprennent qu’ils ont un drôle d’usage du cigare : si le Père fait l’amour sur la place publique, ses fils, pour grandir, vont jouer à l’avance les rôles qu’ils devront tenir un jour, puis comme dans toute identification, vont avoir envie de le faire pour de vrai.

3. Le défi face aux règles

Même si les interdits sont moins cruels, le langage des adultes continue largement à situer la pratique de la sexualité comme étant de leur domaine réservé : « Tu peux – sinon : tu dois ! – savoir… la sexualité, c’est chouette… mais tu es trop petit pour la pratiquer (et si je t’y prends, je crie sur toi : ainsi fut puni Prométhée pour avoir voulu voler le feu des dieux ; un aigle lui rongea le foie pour l’éternité). » De fait, ce qui reste un interdit, beaucoup d’enfants ont envie de le transgresser à l’occasion, précisément parce que c’est… interdit.

  • Ce désir de transgresser présent chez le petit humain, pour se sentir vivre et être fort, connaît néanmoins des limites spontanées ; même des petits enfants sont « retenus de l’intérieur » quand la transgression est repérée par eux comme ayant un effet trop destructeur. Par contre, ils s’en prennent régulièrement aux symboles, rites et insignes des adultes.
  • Une belle illustration, qui porte cette fois sur la connaissance de la mort, en est donnée dans le dessin animé Le Roi Lion : Simba et Nala s’en vont joyeusement explorer le territoire interdit par le Père, le territoire noir, à l’ombre…

4. L’affirmation d’une puissance ressentie en soi

S’intéresser au sexe, c’est être grand, se le prouver à soi-même, et le montrer aux autres. Dans le cadre de cette affirmation de puissance, se situent les enfants dominants qui prennent l’initiative d’entraîner les autres à l’aventure, ici sexuelle, tout en finissant par respecter leur éventuel refus. Ce ne sont donc pas des enfants abuseurs, même si, au moment de la découverte des faits, les autres ont tendance à les lâcher et à prétendre qu’ils ont été entraînés contre leur gré.

  • Une trop grande différence d’âge (4-5 ans et au-delà) est plus préoccupante et renvoie souvent davantage à de la perversité ou de la perversion sexuelle, à un comportement post-traumatique, ou à une carence affective.

5. Un enfant qui se développe bien n’est pas exempt d’angoisses, ni même de légers sentiments de culpabilité irrationnelle

Ces sentiments pénibles font partie de toute vie. Mais, paradoxalement, leur existence n’inhibe pas systématiquement la réalisation des désirs et des comportements même si leur mise en oeuvre les accroîtra encore. On est dans un véritable cercle vicieux : pour être quitte de son angoisse, pour savoir, pour vérifier, pour vaincre l’ennemi, l’enfant va poser un acte, mais cet acte ne soulage rien à long terme. Au contraire, il amplifie la crainte de l’agression en retour.

Il en est de même pour la culpabilité : pour en savoir plus sur les intentions punitives prêtées à l’adulte et sur le pouvoir de discernement de celui-ci, l’enfant va poser le comportement interdit, et en laisser des traces qui mènent à lui. La punition précise qui suivra est censée être préférable à un vécu diffus de culpabilité, mais l’acte réveille de nouvelles culpabilités.

Parmi les angoisses « normales » à l’âge de l’école primaire, on peut citer :

  1. surtout chez les plus jeunes, des angoisses liées au simple jeu de l’imagination qui pallie énormément les lacunes momentanées de l’intelligence et d’un bagage informatif correct: pas encore de certitude tranquille quant à la permanence de l’objet, et partant, quant à l’inéluctabilité et à la stabilité des différences sexuelles, etc. ; il existe donc des vérifications anxieuses, scientifiques, de ce qu’il en est.
  2. surtout chez les plus âgés, l’existence structurante d’une phase de névrose infantile (« pas trop serrée ») : avant que l’enfant ne trouve ses solutions mentales rapidement et spontanément – via les identifications, les sublimations et la simple mise en veilleuse spontanée de son Sur-Moi le plus archaïque –, certains de ses désirs lui apparaissent momentanément conflictuels comme les désirs oedipiens et les désirs masturbatoires (c’est-à-dire désirs de pratiquer déjà une sexualité, comme les grands).

6. La camaraderie ou l’amitié, et les partages qu’elle induit

« Pour faire plaisir » au copain ou à la copine qu’on aime bien, on lui montre, le coeur un peu battant, l’image pornographique acquise de dure lutte, voire une partie intime du corps propre, comme un secret précieux, qu’on portera ensuite ensemble… On procède avec lui aux premières explorations et activités vraiment sexuelles, à la découverte des mystères et plaisirs qui y sont liés, etc.

  • Il arrive que, une fois découverte la nudité de celui (celle) qu’on aime bien, on ne sache pas très bien qu’en faire… et qu’il s’installe une gène un peu triste, puis que l’on n’y revienne plus.

7. Une satisfaction érotique

En effet, le plaisir de la manipulation sexuelle , le plaisir de (se) toucher ou d’être touché, constitue également un déterminant partiel de l’activité sexuelle infantile. Et cela, même s’il n’a encore que peu à voir avec l’intensité des plaisirs et orgasmes éprouvés autour de et après la puberté. S’ajoutent à ce plaisir strictement physique et local, d’autres plaisirs plus spirituels liés aux déterminants déjà évoqués : plaisir de savoir, d’expérimenter, de grandir, de défier, etc.

La recherche du plaisir n’est cependant ici qu’un but parmi d’autres ; il n’existe pas, comme dans la perversion, un culte raffiné et quasi exclusif de l’érotisme.

À côté de ces dynamismes psychiques principaux, et sans prétendre d’ailleurs en avoir dressé une liste exhaustive, il faut évoquer des facteurs d’un autre ordre, comme :

  1. le corps : son équipement n’est pas le même d’un enfant à l’autre ; certains ont des besoins, une excitabilité et une sensibilité sexuels plus forts que d’autres ;
  2. la vitesse du développement général et pulsionnel est variable elle aussi. Elle est déterminée en partie, et en partie seulement, par les attitudes de l’environnement. Certains enfants quittent plus vite et plus radicalement que d’autres leurs investissements oraux, sphinctériens, génitaux solitaires…, d’autres s’y attardent ou ne les abandonnent que partiellement.
  • Lamb (1993), dans une vaste recherche rétrospective, note que la recherche d’excitation érotique n’est citée que 14 fois sur 100, parmi les grandes catégories de buts recherchés. Les autres grands buts fréquemment évoqués sont :
    • l’imitation de la manière d’être des adultes (30%),
    • la satisfaction de la curiosité,
    • la maîtrise de l’angoisse, via les « jeux de docteur » (16 %).
25
Q

Quelles sont les formes d’une activité sexuelle qui se développe bien?

A

Nous décrirons successivement : la forme stricto sensu , l’ambiance affective générale qui accompagne l’activité, quelques critères caractéristiques du contexte et du déroulement, l’un ou l’autre critère lié à la présence éventuelle de partenaire(s).

La forme stricto sensu

S’installe progressivement une primauté des pulsions, désirs et activités génitales, en même temps que prennent corps les fantasmes organisateurs de la sexualité, pour la suite de la vie.

Corollairement, on assiste au déclin de la primauté des pulsions prégénitales , le plus souvent en quête d’objet partiel. Déclin veut dire que l’intérêt pour celles-ci et le plaisir qu’elles procurent s’amenuisent spontanément : elles deviennent largement inutilisées, plutôt que refoulées.

Déclin n’est pas disparition : elles persistent comme centres d’intérêt occasionnels. Par exemple, lorsque le hasard ramène des stimuli, qu’il s’ennuie et/ou qu’il a peur, l’enfant se livre à nouveau à des jeux urinaires. Quand il a été malmené, il peut passer par une brève phase de sadisme sur des petits animaux, etc.

En outre, la vitesse du développement n’est pas la même selon les enfants, pas plus que ne l’est la radicalité avec laquelle ils passent d’une étape à l’autre. Certains enfants, davantage fixés à l’âge nourrisson de leur vie, verront leur génitalité infiltrée d’un très grand désir de caresses, voire d’activités buccales. D’autres, plus fixés à l’âge tout-puissant ou sphinctérien, auront une sexualité plus brutale, parfois proche du sadisme, et/ou garderont de grands intérêts scatologiques.

La primauté du génital progresse indubitablement, mais elle connaît elle-même un certain nombre de tâtonnements d’objet et de mode. Quant à l’objet, il y a des allers et retours entre :

  • des phases d’investissement auto-érotique :
    • masturbations sans fantasmes ou avec fantasmes centrés sur soi, ou mettant vaguement en scène l’autre comme faire-valoir de la jouissance ou de l’emprise recherchées ;
  • d’autres, où la masturbation est la seule conduite sexuelle réalistement accessible, mais où, fantasmatiquement, est intensément désirée une relation physique avec le parent oedipien et/ou avec ses déplacements les plus lisibles ; il est beaucoup plus rare que ce soit avec un partenaire de la même génération d’âge ;
  • des jeux sexuels, homo ou hétérosexuels, avec un (des) partenaire(s) du même groupe d’âge ;
  • bien plus rares sont les activités sexuelles qui s’accompagneraient d’un réel vécu amoureux.
    • Un peu moins rare est le vécu amoureux réciproque mais sans activité sexuelle ; s’il se développe intensément et durablement entre frères et soeurs, avec ou sans activité sexuelle, ce pourrait être bien préoccupant.

​Quant au mode, l’inspection, la manipulation et les caresses des zones et organes génitaux deviennent de plus en plus centrales ; elles s’accompagnent éventuellement d’un rien de scénario, d’histoire racontée (« On disait que tu es le papa. »), mais rapidement, l’enfant sain va au but, et ne s’invente pas de scénarios très compliqués qui retarderaient longuement l’ultime « découverte ». Coexistent avec ces manipulations :

  • des moments d’exhibitionnisme : à travers eux, vérifier son pouvoir (de séduire, d’effrayer, d’oser) est au moins aussi important que le plaisir érotique rencontré ; la toute première étape sur la voie de cet exhibitionnisme, c’est le maniement de gros mots, de blagues salaces ou du folklore obscène des comptines ;
  • d’autres, de voyeurisme, mais où, là aussi, le plaisir de satisfaire sa curiosité, de faire comme les grands, est au moins aussi grand que la satisfaction érotique.

« Enculer » et « sucer » passant de plus en plus dans le vocabulaire quotidien, certains enfants voudront voir de plus près de quoi il s’agit, surtout s’ils ont des fixations anales ou orales. On n’est plus à l’époque où la vie rurale était vide de stimulations, à part l’arrière train accueillant des ânes et des brebis ; en revanche, il y a davantage d’enfants laissés à eux-mêmes, curieux, sans beaucoup de retenue sur-moïque et qui, entre autres explorations, dans l’appartement où ils s’ennuient, peuvent se souvenir que le berger allemand femelle de la maison, après tout, pourrait être à usages multiples, etc.

Si, un peu par hasard ou parce que le développement est plus lent dans certains domaines, il existe parfois des satisfactions non-génitales, on peut parier qu’elles sont accessoires et que l’enfant ne s’y cramponnera pas : dans le film Padre Padrone , le pré-adolescent qui connaît bibliquement son âne ne restera très probablement pas fixé à ce mode de satisfaction, et ne s’y est adonné que faute de mieux.

L’ambiance affective qui entoure l’activité sexuelle « normale » est largement détendue, paisible, plaisante, sans centration exclusive et intense sur la seule jouissance physique. Il peut s’y mêler éventuellement un peu d’angoisse et de culpabilité : c’est parfois « le coeur battant » que les enfants explorent cet univers encore largement inconnu et qui leur semble être réservé aux adultes.

Quant à son déroulement.

L’activité sexuelle est bien moins souvent l’aboutissement d’une planification contraignante et longuement concoctée à l’avance que déclenchée par le hasard : ennui, insomnie, besoin de faire pipi à deux au même moment, stimulus externe imprévu et excitant, tension corporelle, etc. Elle peut donc apparaître comme impulsive ou exécutée avec maîtrise et intelligence, mais dans les deux éventualités, l’enfant la reconnaît comme sienne ; du moins le reconnaît-il dans son for intérieur, pour lui-même (« C’était gai », entendez : « C’est moi qui ai planifié quelque chose de gai ») ; néanmoins, si les adultes l’interpellent et lui font des reproches, il se défendra souvent de l’avoir voulu vraiment, pour ne pas s’attirer des ennuis.

L’activité a également lieu discrètement, loin de la génération des parents et elle n’est jamais surprise par eux que par un malheureux hasard.

Si l’on examine les choses dans la durée, on constate aussi que :

  • l’activité ne se répète pas à haute fréquence : l’enfant ne passe pas sa vie à se masturber. Dans un petit groupe de copains, les jeux sexuels constituent un hasard occasionnel : ils se réunissent surtout pour jouer, faire du sport et, à l’occasion un peu de sexe ;
  • il y a une progression dans la « technique et la compétence » en matière sexuelle, et aussi, une certaine diversification : l’enfant ne reproduit pas indéfiniment le même scénario.

Si des pairs sont engagés dans l’activité, ils sont respectés.

Les enfants se parlent : il s’agit bien d’un « jeu » qui engage le sexe et le dépasse à la fois ; on y discute donc des sciences du corps et du sexe, on y joue des rôles sexués et sexuels. Les pairs engagés sont plus ou moins du même âge ; les plus grands (10-12 ans) ignorent les petits (par exemple, en dessous de 7 ans), objets de dédain et non objets sexuels à initier.

Quant au conflit avec l’ordre adulte , il est fréquent. Pour l’adulte du XXIe siècle, l’enfant est souvent assez grand pour savoir, et trop petit pour faire. Mais ce paradoxe n’arrête pas l’enfant, qui conquiert sa sexualité.

26
Q

Que pourrait être un accompagnement éducatif idéal pour le développement de la sexualité de l’enfant?

A

Supposons que nous – parents, éducateurs, thérapeutes – soyons en mesure de réagir immédiatement « en connaissance de cause », c’est-à-dire en ayant correctement appréhendé la signification saine de la question, de la préoccupation ou/et de l’activité sexuelle à laquelle nous sommes confrontés. Supposons par ailleurs que nous soyons sereins. Alors, dans les grandes lignes, voici une proposition d’accompagnement qui me semble contribuer à la maturation de l’enfant :

S’il nous arrive de « tomber par hasard » sur une activité sexuelle saine ou d’en être informés, une des attitudes les plus structurantes, c’est notre discrétion, qui renvoie l’enfant à sa génération d’âge.

Dans une large mesure, le meilleur accompagnement de la sexualité d’un enfant d’âge scolaire consiste à lui laisser largement la paix, sans beaucoup se mêler de ses tâtonnements, le plus souvent discrets.

Réfléchissons plutôt à notre témoignage de vie spontané, comme adultes investis par lui, autour de l’identité sexuée et sexuelle et de la sexualité : c’est celui-ci surtout qui sera à l’origine des identifications les plus stables de l’enfant, et de la mise en place progressive de ses désirs et de leur socialisation, avec la part qu’il réserve à l’amour, au plaisir et aux sublimations.

Pour peu que nous soyons investis d’une mission d’éducation, cette sobriété peut nous paraître quelque peu frustrante (nous avons parfois besoin de nous rassurer) ou angoissante pour l’enfant. Faut-il y ajouter un commentaire ? Peut-être, mais de préférence pas sur le coup du réflexe émotionnel généré par la scène surprise ou apprise. Plus tard, à tête reposée, ce qu’on a vu ou appris peut être l’occasion d’un petit échange verbal sur la sexualité, son sens, la place que nous lui donnons dans notre vie et celle que nous proposons à l’enfant.

Éventuellement, c’est l’occasion de lui (ré)énoncer deux lois (qui nous semblent transcender le relatif culturel), de les lui expliquer et de vérifier s’il a suffisamment veillé à les observer:

  1. A-t-il veillé à exercer son activité sexuelle discrètement, hors du regard de ceux qui n’y étaient pas invités ?
  2. S’il y avait un ou des partenaires, celui-ci (ceux-ci) était-il (étaient-ils) consentant(s) ? En particulier, si la différence d’âge était assez importante (par exemple, implication d’un petit d’âge préscolaire), on doit lui rappeler combien les tout-petits sont suggestibles ; leur consentement est donc souvent des plus fragiles et l’on fait mieux de les laisser en dehors de ces jeux-là.

L’adulte éducateur se donne en outre naturellement le droit d’inviter l’enfant à se conformer à une attente familiale et culturelle (par exemple : «Avec ton copain X [avec qui il y a eu le jeu sexuel], j’espère que vous passez beaucoup de temps à vous amuser autrement, et à faire d’autres choses. Qu’est-ce qui vous intéresse surtout ? »).

Mais, redisons-le, c’est d’abord le témoignage de vie des adultes qui est susceptible d’avoir l’effet éducatif le plus radical.

Si nous sommes interpellés en tant que psychothérapeutes à ce propos, nous pouvons discuter avec les parents dans les termes décrits ci-dessus ; il nous revient également de les aider à comprendre le retentissement en eux de cette sexualité perçue chez leur enfant, et l’inscription de ce retentissement dans leur histoire. Après quoi, ils feront mieux la part des choses entre ce qui est vraiment au service de son épanouissement et ce qui est pur remous de leurs réminiscences subjectives.

27
Q

Quelle est la place du thérapeute dans l’accompagnement éducatif d’un jeune ayant une sexualité pathologique?

A

« Momentanément » c’est-à-dire se limitant parfois à une très brève période ou se prolongeant dans la durée, jusqu’à la « chronification ». À notre sens, les quatre pathologies les plus fréquentes sont :

  • une sexualité anxieuse-compulsive (névrotique ou post-traumatique);
  • une sexualité excessive et/ou précoce (« hypersexualité »);
  • une sexualité liée à l’abus de pouvoir ;
  • et une sexualité perverse.

Les grandes lignes de la prise en charge de chacune de ces formes procèdent de grandes catégories d’intention identiques, avec chaque fois des applications particulières.

«Travailler» nos émotions.

Il est rare que nous demeurions suffisamment sereins face aux manifestations sexuelles des enfants, surtout quand elles sont porteuses de caractéristiques pathologiques à même de nous déstabiliser. Les réactions émotionnelles les plus habituelles conduisent à la dramatisation (« C’est un futur Dutroux ») ou, à l’inverse, à la banalisation- minimisation, qui n’est souvent qu’une dénégation de l’angoisse que nous éprouvons (« Ils jouent tous à touche-pipi » ou, en plus distingué : « Les enfants sont des pervers polymorphes »).

La sollicitude pour l’ensemble de la personne de l’enfant

Schématiquement, cette intention se décompose en trois axes:

  1. Il s’est produit un (des) fait(s) sexuel(s) problématique(s) . Il faut donc pouvoir en parler avec l’enfant délicatement et clairement, en insistant au besoin : il est souhaitable qu’il puisse le(s) décrire, en le(s) plaçant dans leur contexte ; il devrait également pouvoir donner ses propres idées sur leurs causes : comment s’explique-t-il qu’il a fait cela ? Il devrait également évoquer son vécu à leur sujet, la «place», le «sens» qu’il attribue à sa jeune sexualité dans sa vie, actuelle et future.
  2. À travers l’écoute de l’enfant, à travers ce qu’il dit de lui de façon plus générale, à travers l’observation de son comportement et l’écoute de son entourage, l’adulte devrait, lui aussi, se faire une idée, souvent plus large, sur « les causes » : quels sont les facteurs individuels, familiaux, sociaux, probablement à l’origine de la pathologie sexuelle. Reste alors à y remédier (guidance parentale, psychothérapie, changement de fréquentations, etc.).
  3. L’enfant n’est évidemment pas réductible à sa sexualité . Il s’agit de s’intéresser à d’autres dimensions de son être, estimées positives, et amplifier ses ressources, pour l’amener à désinvestir «naturellement» une sexualité déviante devenue inutile. Il en va de même si on s’intéresse à d’autres dimensions de son mal-être et si on les soigne. Pensons par exemple à la valorisation des projets et à la mise en confiance en soi des enfants névrosés. Pensons aussi aux issues « sublimées » que l’on peut proposer aux enfants en recherche de pouvoir.

Notre témoignage de vie en matière d’identité sexuée, de rapport à l’autre, de sexualité est, rappelons-le, un axe éducatif de toute première importance, et il convient d’y réfléchir au moins autant s’il y a sexualité pathologique que si elle est estimée saine.

Nos commentaires explicites autour de la sexualité

Pour peu que ces commentaires ne soient pas en contradiction avec notre témoignage spontané, et pour peu que nous soyons « signifiants » aux yeux de l’enfant, il peut être important que nous discutions explicitement avec lui de ce que peut représenter la sexualité dans une vie, à ses yeux et aux nôtres. À nous alors de veiller à ne pas être écrasants (mieux vaut l’écoute et le partage des idées), ni moralisateurs, type discours d’ancien combattant. Cet échange verbal comporte éventuellement des éléments informatifs (fonctionnement, finalités biologiques, comportements sexuels habituels, etc.) ; il comporte surtout un partage d’idées sur les valeurs (place de l’autre, du plaisir, de l’affection, etc.). Il évoque enfin l’inscription de la sexualité dans les Lois humaines et les normes culturelles et sociales. L’échange sur les valeurs est particulièrement important avec les enfants hypersexualisés, abusifs et pervers, qui, précisément, remettent en question « le sens ».

À propos des lois et des normes culturelles

  1. Certains actes sexuels pathologiques constituent aussi des transgressions intentionnelles des lois humaines les plus fondamentales : essentiellement via la violence faite sur le partenaire et/ou le non- respect des statuts générationnels (des activités sexuelles avec des tout-petits constituent plus une violence – même d’apparence douce – qu’une activité transgénérationnelle).

Certaines violences exercées sans le consentement du partenaire sont très délibérées : c’est toujours le cas, par définition, quand l’enfant recherche essentiellement la jouissance de son pouvoir via sa sexualité (« abus de pouvoir sexuel »). Par ailleurs, plus occasionnellement, les enfants hypersexualisés ou pervers peuvent, eux aussi, ne pas respecter le consentement de leurs partenaires. Dans la sexualité anxieuse-compulsive, il peut également exister une violence faite au partenaire, mais elle est en partie involontaire (et souvent, en partie non-inéluctable : la responsabilité est atténuée, mais pas nulle).

Dans certains actes sexuels transgénérationnels (pédophilie ou inceste), il peut également exister une demande active émanant de l’enfant (le plus souvent hypersexualisé ou pervers). Même si l’adulte qui dit « oui » reste le principal responsable de ce qui suit (il n’a pas assuré sa mission d’éducateur), l’enfant ici incriminé a également des comptes à rendre sur sa part de responsabilité.

Nous avons décrit ailleurs ce qu’il en était de la réponse éducative à ces actes transgressifs ou pseudo-transgressifs. Rappelons seulement que :

  • pour tous ces enfants, quelle que soit leur intentionnalité, l’interdiction de transgresser la loi doit être redite et, s’il y a eu abus physique ou/et moral sur autrui, des dédommagements doivent être demandés ;
  • plus il y a eu intentionnalité gratuite, plus on peut signifier à l’enfant que ce qu’il a fait était mal, et plus on peut envisager des punitions;
  • tous peuvent être invités à « se réparer de l’intérieur » et voir leurs efforts de meilleure socialisation récompensés par la suite.

2.En deçà des lois naturelles, fondamentales, les normes culturelles et sociales disent quelles formes peut prendre la sexualité en général, et celle des enfants en particulier, pour respecter les attentes d’un groupe social déterminé. Aux éducateurs donc de réfléchir jusqu’à quel point ils veulent représenter la norme culturelle en cette matière.

En ce qui nous concerne, face à certaines formes perverses de la sexualité, ou face à une sexualité vraiment excessive, il ne nous choquerait pas d’entendre les adultes rappeler sobrement à l’enfant la norme culturelle, sans l’insulter ni le culpabiliser : « Chez nous, on ne pratique pas ce genre de sexualité-là… Ce n’est pas comme ça qu’on a l’habitude de se faire plaisir… de vivre sa sexualité avec autrui. » Ensuite, on lui interdit de recommencer.

Autres composantes importantes des attitudes quotidiennes

Des plaisirs davantage socialisés peuvent être proposés en remplacement, surtout face aux enfants hypersexualisés et soupçonnés de perversion : on peut veiller à leur proposer une ambiance et un programme de vie gais, attractifs, bien remplis. On définira avec eux des activités qui leur plaisent, où ils se sentent utiles, où ils ont l’impression de se réaliser, et on les encouragera à s’y investir. On essaiera particulièrement de mettre en place celles de ces activités qui connotent de vraies relations à autrui.

Cette invitation à vivre autrement ne sera pas faite grossièrement. Il ne s’agit donc pas de leur dire : « Fais du football pour ne plus penser à telle manière de pratiquer ta sexualité. » Le message à ce propos doit être dissocié : d’une part, le rappel de la norme culturelle ou de la loi (« ta sexualité peut s’exercer dans tel créneau et pas dans tel autre »), d’autre part, et en d’autres moments, des invitations à « bien remplir sa vie ».

La présence de l’adulte dans la vie de l’enfant est essentielle : la sexualité déviante naît assez souvent en partie du vide, vide de présence matérielle, et vide d’un investissement relationnel de qualité. À nous d’en tirer les leçons et de redevenir davantage présents dans la vie de nos enfants, avec vigilance mais sans paranoïa, avec amitié, en les entraînant vers un monde social.

28
Q

Quelle est la fonction du thérapeute dans l’accompagnement d’un enfant avec une sexualité problématique?

A

Il est rare que l’adulte fasse preuve tout de suite de la sérénité et de la lucidité qui permettraient totalement un accompagnement tel que nous venons de l’esquisser. Pour beaucoup, il demeure une gêne à dialoguer clairement autour de la sexualité ; c’est un héritage de l’ambiance répressive dans laquelle ont baigné l’éducation sexuelle et l’accès à la sexualité de beaucoup d’adultes. C’est lié également au flou contemporain qui entoure les normes. Enfin, la culture prescrit que la sexualité doit être privée, intime et monogénérationnelle : cette valeur d’intimité pèse déjà sur la fluidité du dialogue.

Au-delà de cette gêne de base, des émotions excessives peuvent surgir, tant du côté de la dramatisation et de la tendance à culpabiliser l’enfant, que du côté inverse de « l’excitation érotique à ses côtes » et du clin d’oeil de principe. Sous l’emprise de ces émotions, l’adulte peut se taire trop… ou parler inconsidérément.

Mais une première réaction n’est pas forcément la réaction définitive! L’adulte peut, s’il le veut, réfléchir à l’opportunité de ce qu’il a commencé par dire ou faire ; il peut se faire conseiller quelque peu, il peut « revenir », avec l’enfant, sur une première réaction maladroite et s’expliquer à ce propos, tranquillement : un nouveau commentaire et, aussi, quelques mots échangés sur la raison d’être du premier, peuvent s’avérer bien apaisants.

La signification saine ou pathologique de certains comportements sexuels n’apparaît pas toujours en une fois : tel acte sadique, est-ce un tâtonnement accidentel, ou un plaisir plus structural ? Il faut se méfier, ici, de la tendance à faire de l’enfant un ange, de la difficulté que l’on peut ressentir à admettre que quelque chose ne va pas chez lui, surtout dans le domaine sexuel… Une volonté de le « normaliser » envers et contre tout a déjà conduit à des désastres, c’est-à-dire à priver l’enfant de l’aide dont il avait besoin ! Si un enfant a fait quelque chose qui apparaît comme préoccupant dans le champ sexuel, il faut le rencontrer, essayer d’en parler avec lui et de savoir si ce n’est pas déjà une habitude qui s’installe.

Pour terminer, rappelons une idée difficile déjà émise dans cet article : nous ne sommes pas choqués par l’existence d’une dynamique de conquête de la sexualité par l’enfant, face à des aînés et des adultes qui ne lui lâchent pas tout d’un coup. Nous n’avons jamais été partisans de l’hyper-information sexuelle, ni des parents qui font des clins d’oeil réjouis à leurs enfants qui se masturbent ou collectionnent de la pornographie jusque sous leurs yeux. La pratique sexuelle doit vraiment rester du privé monogénérationnel.

Plus radicalement, énoncer « Tu feras ça plus tard… Tu es trop petit pour t’occuper de ça… », en situant le « plus tard » dans un flou mystérieux ou précis (« Je ne veux pas que vous ayez des relations sexuelles avant tel âge »), peut être structurant pour l’enfant à la double condition que l’adulte ne joue pas avec lui et pense vraiment ce qu’il dit et qu’il ne cherche pas à savoir à tout prix si l’enfant a transgressé. S’il tombe par hasard sur une transgression, qu’il cherche à en comprendre la signification. Si celle-ci est « saine » (simple défi, l’enfant qui conquiert son grandissement), l’adulte devrait pouvoir accepter que l’enfant soit occupé à gagner sa place tout seul, dans le monde des grands.

29
Q

Dans quelle situation peut-on dire que l’enfant a des comportements réactionnels à l’abus?

A

Les enfants ont des comportements réactionnels à l’abus quand :

  • Ils ont été victimes d’abus sexuels et qu’ils passent à l’acte en adoptant un comportement sexualisé;
  • De tels comportements diminuent quand les enfants reçoivent un traitement centré sur la victimisation.

Les enfants ont des comportements sexuels problématiques quand :

  • Ils adoptent prématurément un comportement sexualisé;
  • Ils ont reçu un traitement centré sur la victime, ou un autre traitement, qui n’a pas entraîné de diminution du comportement.
  • Ce comportement sexuel problématique pourra être agressif, coercitif et répété et pourra conduire à des dommages physiques ou psychologiques chez la victime.
30
Q

Il existe deux catégories de comportements sexuels problématiques. Que sont-elles?

A

Groupe 1 : Comportements sexuels problématiques (non abusifs)

  • Jeux sexuels réciproques fréquents;
  • Échange de sexe contre de l’affection pour établir une relation avec les gens;
  • Affect restreint (pas d’émotion apparente) relatif au comportement et au plaisir sexuel limité;
  • Absence de lien solide et bénéfique avec un adulte;
  • Recherche d’enfants similaires, souvent la fratrie ou d’autres enfants sous garde;
  • Sentiment de surprise lorsqu’il constate l’inquiétude de l’adulte à la découverte de son comportement.

Groupe 2 : Comportements sexuels problématiques (abusifs)

  • Coercition, manipulation ou agression pour obtenir un contact sexuel
  • Utilisation de tous les moyens possibles pour atteindre ses buts sexuels
  • Planification continue
  • Absence d’empathie
  • Comportement impulsif et compulsif
  • Comportements parallèles possibles : incendiaire, incontinence
  • Maintien ou augmentation des comportements sexuels problématiques avec le temps
  • Adoption possible de formes déviantes d’excitation sexuelle
  • Déni ou transfert du blâme lorsqu’on découvre son comportement.

Les comportements sexualisés (groupe1) et les comportements sexuels agressifs (groupe 2) ont généralement 4 caractéristiques communes. Les voici :

  1. Persistance : Malgré les efforts soutenus et manifestes des adultes pour mettre fin, l’enfant persiste dans son comportement.
  2. Préoccupation : Pensées à caractère sexuel; l’imagination et la planification des activités sexuelles et le sentiment de culpabilité qui s’ensuit occupent principalement les pensées de l’enfant.
  3. Interruption des tâches développementales : L’existence de ce problème fait obstacle à l’habileté de l’enfant à trouver le temps, l’énergie ou l’occasion de poursuivre les tâches habituelles de l’enfance. Se manifeste surtout dans la rupture de ses rapports avec les pairs et l’interruption du développement de la sociabilité.
  4. Stigmatisation : La nature de ce problème et nos réactions vis-à-vis l’enfant entraînent généralement l’isolement de ce dernier, une catégorisation négative et l’intériorisation du sentiment d’être mauvais.