Module 5 : Étiologie des comportements sexuels agressifs Flashcards

1
Q

Quelles sont les différentes théories biopsychosociales pour expliquer les comportements sexuels problématiques?

A

THÉORIE PHYSIOLOGIQUE

  • Les comportements sont animés par des besoins physiologiques, incluant l’intérêt sexuel et le désir et requièrent une satisfaction

THÉORIE DE LA RELATION OBJECTALE

  • L’attachement social ou le détachement se développe tôt dans la relation parent-enfant. L’impact de l’attachement précoce va influencer les pensées, les émotions, les relations, l’identité personnelle et les comportements tout au long de la vie.

THÉORIE DU TRAUMA

  • Le traumatisme d’un abus sexuel et de la victimisation physique créent de graves handicaps émotionnels, cognitifs et possiblement des changements neurologiques qui font en sorte que le trauma est réactivé par l’agression sexuelle.

THÉORIE PSYCHODYNAMIQUE

  • Les attitudes, les relations interpersonnelles, les perceptions sont façonnées par des forces inconscientes et primitives qui ont un effet puissant sur l’évolution et le fonctionnement actuel.

THÉORIE DES SYSTÈMES

  • Les individus sont en constante interaction avec un plus vaste système de personnes et de structures dont ils font partie; ils sont influencés par les réactions, les interactions et les comportements des autres parties incluant les conditions pathologiques dans ce système.

THÉORIE DE LA PSYCHOPATHIE

  • Les individus sont influencés par des demandes narcissiques incessantes pour satisfaire leurs besoins, ils ne reconnaissent pas ou ils ne se soucient pas des besoins des autres. Ils ont peu ou pas de remords. Ils ont peu de relations affectives avec autrui et ils sont guidés uniquement par des besoins personnels, qui ne sont pas en harmonie avec les besoins d’autrui ou de la société.

THÉORIE DÉVELOPPEMENTALE

  • Le succès ou l’échec d’obtenir l’appui nécessaire pour accomplir les premières tâches développementales au niveau physique, cognitif et affectif va influencer le développement de l’identité personnelle et l’image de soi, les compétences, les relations et les comportements à travers toutes les étapes du développement.

THÉORIE COGNITIVE

  • Les croyances et les attitudes antisociales supportent les comportements sexuels agressifs et la victimisation des autres.

THÉORIE COMPORTEMENTALE

  • Les comportements sont conditionnés par un stimuli, incluant les comportements sexuels non agressifs et la satisfaction des intérêts et des désirs sexuels.

THÉORIE DE L’APPRENTISSAGE SOCIAL

  • Les individus découvrent les rôles à partir des modèles et des comportements observés dans leur environnement, leurs idées, leurs pensées et leurs comportements imitent ceux appris dans leur environnement.
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2
Q

En essayant de comprendre ce qui amène à des comportements déviants qui sont nuisibles dans la vie et qui sont socialement répugnants, nous devons comprendre plusieurs notions connexes qui se combinent pour transformer l’intention d’agir dans l’action. Quelles sont ces notions?

A

But utilitaire

il décrit l’objectif immédiat ou à la surface du comportement, ou de sa fonction immédiate — la chose ou les résultats qu’il vise à atteindre. Dans le cas de délinquance sexuelle, par exemple, le but peut être de se sentir socialement compétents et capables, ou d’expérimenter ce que c’est que d’avoir des rapports sexuels.

L’intention (d’agir)

Elle décrit l’acte nécessaire pour répondre aux fins utilitaires et atteindre cet objectif. Ainsi, dans la délinquance sexuelle l’action envisagée est de se livrer à une certaine forme d’acte sexuel, avec ou sans consentement.

L’intention sous-jacente

elle décrit ce qui se cache derrière, l’objectif à accomplir, même si cela n’est pas connu de l’acteur. Dans la délinquance sexuelle, alors que le point de départ est de vivre une expérience sexuelle, l’intention sous-jacente peut être de faire l’expérience du pouvoir sur une autre, d’éprouver un sentiment de maîtrise sociale ou autre forme de réalisation, ou encore de vivre un acte sexuel sadique (sadisme sexuel).

La motivation suffisante

Cela fait référence à la quantité requise de la pression interne de l’individu pour se livrer à l’acte et pour surmonter d’autres forces ou des pressions qui pourraient autrement empêcher ou d’interdire le comportement (pressions externes).

Les inhibiteurs

Ce sont différentes forces internes et externes qui agissent pour prévenir ou réduire la motivation suffisante et contribuent ainsi à empêcher l’action de se produire.

Les opportunités

Elles doivent exister, et les conditions environnementales doivent permettre l’accès à la conduite, dans le cas de délinquance sexuelle, cela signifie un accès à la victime et la capacité d’agresser sexuellement la victime.

David Finkelhor (1984) repris par Rich (2003) a décrit quatre conditions préalables à l’apparition d’agression sexuelle :

  1. le délinquant doit être motivé pour commettre l’agression,
  2. de surmonter les inhibitions internes,
  3. de surmonter les inhibitions externes,
  4. de surmonter la résistance des victimes.
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3
Q

Quelles peuvent être les motivations derrière l’agression sexuelle chez l’enfant et l’adolescent?

A

Si nous supposons que tout comportement est délibéré, alors quel est le but vers lequel le comportement est dirigé?

Dans le cas de la délinquance juvénile sexuelle, quelle idée ou quel but le mineur tente-t-il de répondre quand il se livre à un tel comportement pour la première fois, et les fois subséquentes? En d’autres termes, qu’est-ce qui alimente le comportement dans l’immédiat?

Considérant que depuis plusieurs années déjà le pouvoir et la domination ont été considérés comme les principaux motifs derrière la délinquance sexuelle, nous reconnaissons aujourd’hui que ce phénomène en est un des plus complexes et comprend de multiples facettes. En bref, quatre avenues évidentes qui pourraient expliquer les raisons qui amènent le comportement sexuel agressif à se manifester chez l’adolescent agresseur sexuel :

  1. L’expérience de l’activité sexuelle elle-même est l’objectif prioritaire, avec l’utilisation de la force ou de la coercition comme un moyen pour y parvenir;
  2. La coercition ou la violence comme moyen en lui-même et dans lequel le comportement sexuel est secondaire à un trouble de comportement plus vaste (la route de la puissance et du contrôle);
  3. L’expérimentation et l’exploration, avec une reconnaissance naïve ou inexistante des conséquences plus grandes;
  4. Une maladie mentale ou déficience cognitive dans laquelle l’individu n’est pas compétent pour prendre des décisions ou pour porter des jugements sur les actions bonnes ou mauvaises.

Ces pistes peuvent être élargies pour obtenir un portrait plus large afin de comprendre pourquoi certains jeunes deviennent délinquants sexuels.

1. La recherche du pouvoir

Dans cette perspective, le pouvoir est le principal facteur de motivation pour le comportement des délinquants sexuels. La gratification sexuelle est considérée comme un gain secondaire qui renforce le comportement primaire.

2. La reprise du contrôle sur sa vie

Le comportement et l’attitude du délinquant sexuel qui le mènent à croire qu’il peut s’exprimer ainsi : « Je prends ce que je veux » et « J’ai le droit », peut indiquer qu’il en vient à voir le monde sous l’angle de : victimes et d’agresseurs. Un bon nombre de délinquants sexuels ont eux-mêmes été victimes de violence à un moment donné dans le passé, le comportement d’agression sexuelle peut se révéler un moyen pour établir un contrôle et veiller à ce qu’il ne soit plus confiné à nouveau dans le rôle de la victime.

3. Les erreurs de pensée (distorsion)

L’infraction d’ordre sexuel est considérée comme un exemple de comportement criminel, et tous les comportements criminels sont considérés comme le résultat d’un trouble de la pensée.

4. Vengeance

5. Frustration et réalité émotionnelle

S’engager dans la violence sexuelle soulage les rejets et les émotions.

6. Apprentissage social

Le délinquant a été exposé à des expériences ou des apprentissages flous ou irrationnels concernant les relations sexuelles et il a intégré ces expériences et ses croyances dans ses pensées, ses comportements et ses interactions.

7. Limitation cognitive ou maladie mentale

Le délinquant est aux prises d’une maladie mentale ou d’un déficit cognitif qui influencent de manière considérable ses perceptions, ses croyances, ses interactions et ses comportements.

8. Compulsivité sexuelle

Ici, l’auteur d’agression se sent obligé d’agir ses envies sexuelles et il peut ne pas se sentir en mesure de les contrôler physiquement ou mentalement.

9. Expérimentation

Dans certains cas, chez les jeunes délinquants ou en retard de développement, les comportements sexuels délinquants sont le résultat de la curiosité, de la naïveté, et l’expérimentation classique. Dans ces circonstances, le comportement délictuel peut être situationnel et ne pas être le résultat de ce qui pourrait sembler être une déviance sexuelle.

10. Répétition d’un cycle délictuel

Le comportement sexuel est le résultat d’un cycle répétitif et dysfonctionnel dont l’histoire personnelle, le déclenchement des événements, les pensées et les sentiments, les erreurs de pensées (distorsions cognitives) et les comportements sexuels servent de conditions préalables pour justifier que les mêmes pensées, les mêmes émotions et les mêmes comportements puissent se produire à nouveau, dans un cycle de violence sexuelle. Il s’agit d’un modèle typique utilisé pour traiter les adultes et les mineurs délinquants sexuels, et il est parfois appelé le cycle d’agression sexuelle.

11. Mécanisme d’adaptation

Le sexe utilisé au service des besoins non sexuels, comme un antidote à un état de trouble émotionnel dans lequel l’auteur se sent impuissant, sans défense, frustré, en colère, ou encore comme une victime de la société.

Dans ce contexte, la délinquance sexuelle peut être le seul moyen par lequel le délinquant peut lutter contre des sentiments de dépression, de colère, et ainsi être considérée comme un antidote à ces états négatifs.

En plus des raisons, il y a aussi les besoins psychoaffectifs auxquels les AAS tentent de répondre en posant des gestes sexuels agressifs.

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4
Q

Quels sont les besoins auxquels les jeunes tentent de répondre lorsqu’ils commettent leurs agressions sexuelles?

A
  1. Démonstration d’affection : pour démontrer de l’affection
  2. Quête d’affection : pour recevoir de l’affection
  3. Colère : pour dissiper sa colère généralisée ou sa colère envers la victime
  4. Antidote : pour se débarrasser des sentiments contradictoires de la vie, pour rehausser l’estime de soi ou pour faire face aux sentiments d’impuissance et de frustrations.
  5. Déficit cognitif/intellectuel : en raison d’un retard mental, d’un fonctionnement intellectuel limite ou d’autres déficits cognitifs
  6. Compulsivité/dépendance : en raison de pressions internes qui ressemblent à des modes de dépendance et à travers lesquelles le jeune se sent rassuré intérieurement.
  7. Compulsivité/sans dépendance : en raison de pressions internes pour soulager les préoccupations sexuelles, un trouble mental tel que : le trouble obsessionnel compulsif, ou pour d’autres raisons qui l’amènent à des pensées et de comportements obsessionnels.
  8. Décharge émotionnelle : pour dissiper et exprimer des émotions qui sont refoulées.
  9. Satisfaction émotionnelle : l’acte est égocentrique et répond à des besoins émotionnels
  10. Curiosité : principalement pour en apprendre davantage sur le sexe, la sexualité et les questions liées à ses croyances, plutôt que de s’engager dans des agressions sexuelles dans son propre intérêt ou dans le cadre d’un trouble de conduite. (Curieux)
  11. Exploration : principalement, pour en apprendre davantage sur le sexe, la sexualité et les questions liées à ses croyances, de façon consciente explorer et profiter de l’autre pour arriver à cette fin. (exploitant)
  12. Naïveté/Ignorance : principalement pour en apprendre davantage sur le sexe, la sexualité et les questions liées à ses croyances, mais parfois l’adolescent peut ne pas être au courant de la nature antisociale et exploitante de ses comportements. (naïf)
  13. Réalisation d’un fantasme déviant
  14. Réalisation d’un fantasme non déviant
  15. Normalité : pour se sentir comme les autres et ainsi se sentir mieux dans sa peau.
  16. Hypersexualité : pour soulager de fortes pulsions sexuelles, qui ne sont pas facilement satisfaites par d’autres moyens.
  17. Incompétence : incapacité de distinguer l’adéquat de l’inadéquat, le bien du mal et ainsi prendre des décisions qui démontrent son incompréhension du monde.
  18. Intimité : pour établir une relation intime et de proximité avec une autre personne
  19. Solitude : le besoin de se connecter et de s’engager avec une autre personne
  20. Santé mentale : même si l’adolescent possède ou non des compétences, l’agression sexuelle peut être le symptôme d’un problème de santé mentale.
  21. Consentement réel : le consentement de l’autre partie est accordé même si pour diverses raisons celle-ci n’est pas en mesure de donner un consentement éclairé, entre autres en raison d’une grande différence d’âge
  22. Consentement présumé : la conviction que la relation est consensuelle malgré le contexte inapproprié ou peu probable
  23. Opportunité/impulsivité : acte impulsif dans un contexte sain
  24. Opportunité/préméditation : une occasion qui a été anticipée, planifiée et même mise en place par l’agresseur
  25. Opportunité situationnelle : aucune planification, mais la réponse à une opportunité qui se présente à lui.
  26. Paraphilie : le plaisir sexuel ne peut être atteint que dans certaines circonstances, avec une certaine catégorie de personnes ou d’objets ou certains actes sexuels ou une combinaison de facteurs déviants.
  27. Pression extérieure : pression directe ou influence indirecte ou l’impact des pairs ou d’un groupe
  28. Pouvoir/contrôle/domination : pour exercer un contrôle direct ou indirect envers une autre personne, sur la victime elle-même ou sur une autre personne sur qui il exerce un contrôle par le biais de la victime.
  29. Psychose : épisode psychotique dans lequel le jeune est motivé par des raisons qui ne sont pas rationnelles et sur lequel il ne semble pas avoir de contrôle
  30. Reconstitution de la pornographie : agir un scénario ou une image puisés dans la pornographie
  31. Établissement d’une relation : pour créer une relation avec quelqu’un, mais dans un contexte inapproprié
  32. Vengeance : pour obtenir une vengeance de façon directe ou indirecte en conséquence d’une injustice perçue, cette vengeance peut être dirigée vers la victime ou une autre personne proche de la victime
  33. Modélisation : pour imiter une personne significative dans l’entourage du jeune, qui a déjà commis des agressions sexuelles, afin de connaître l’impact et les effets ressentis
  34. Cruauté/sadisme : pour obtenir un plaisir sexuel en faisant preuve de cruauté intentionnelle et infliger des dommages à la victime
  35. Excitation sexuelle déviante : l’excitation sexuelle paraphilique spécifique qui concerne la victime ou encore la violence sexuelle
  36. Excitation sexuelle non déviante : excitation sexuelle physique qui n’est pas de nature sexuelle ou de la déviance. L’agression devient un moyen d’obtenir une satisfaction de cette pulsion sexuelle où il peut.
  37. Gratification sexuelle : pour satisfaire une pulsion sexuelle
  38. Exploration de l’identité sexuelle : l’agression devient un lieu pour explorer son identité sexuelle ou son orientation sexuelle parce qu’il n’est pas en mesure de le faire dans un autre contexte par manque d’habiletés sociales
  39. Impulsivité sexuelle : pulsions sexuelles sur lesquelles l’adolescent a peu de capacité ou de volonté à exercer un contrôle
  40. Obsession sexuelle : des pensées récurrentes et répétées que l’adolescent se doit d’agir pour obtenir un soulagement
  41. Préoccupation sexuelle : pensées, idées, fantasmes sexuels fréquents que l’adolescent se sent obliger d’agir.
  42. Contrôle au niveau social : une zone dans laquelle le jeune peut sentir qu’il peut avoir du contrôle, il estime être capable d’avoir un contrôle sur son environnement comme le font les autres jeunes de son âge et même les plus vieux, même s’il faut utiliser la force ou la coercition.
  43. Attentes sociales : l’adolescent a la conviction qu’il doit avoir des comportements sexuels et qu’ils ne peuvent être accomplis autrement.
  44. Messages sociaux : l’influence des messages sociaux que le jeune a mal perçus ou mal compris rendant l’expérience attrayante et normative.
  45. Utilisation de substances : L’influence active de l’alcool ou des drogues qui agissent comme un stimulant ou un désinhibiteur peuvent aussi avoir pour effet de se sentir mieux dans sa peau
  46. Réaction traumatique/récapitulation : l’agression sur autrui sert à réparer l’impact de sa propre victimisation physique ou sexuel en répétant les mêmes comportements.
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5
Q

Qu’est-ce qu’un facteur de risque?

A

Un facteur de risque se définit comme un événement, une situation, un état, un contexte ou une condition qui, par sa présence et en juxtaposition avec d’autres facteurs, peuvent augmenter les probabilités qu’une personne agresse sexuellement une autre personne.

Un facteur de risque ne cause donc pas une agression à caractère sexuel, mais il peut en précipiter l’occurrence ou les circonstances.

L’état actuel de la recherche ne permet pas d’identifier ou de prédire avec certitude, les individus susceptibles de commettre une agression sexuelle. C’est plutôt l’interaction de certains facteurs qui pourraient engendrer l’agression sexuelle. De plus, chacun de ces facteurs comporte des variables qui, elles aussi, interagissent entre elles.

Ce qui complique notre compréhension des facteurs de risque c’est qu’ils ne sont pas nécessairement particuliers aux délinquants sexuels

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6
Q

Quelles sont les 4 sous-catégories de facteurs de risque?

A

Facteur fragilisant ou prédisposant

Événements traumatisants ou marquants au cours du développement de la personne, et qui continuent d’influencer sa vie actuelle. Ces facteurs peuvent être personnels, familiaux, environnementaux, sociaux, sexuels, etc.

Facteur précipitant

Surviennent peu de temps avant l’agression et tendent à déterminer le type de délit qui sera perpétré.

Facteur de maintien

Facteurs qui maintiennent l’individu dans une dynamique agressive en augmentant les probabilités que le comportement déviant continuera à l’avenir. C’est un facteur qui est encore présent au moment de l’évaluation.

Facteur de vulnérabilité

Représente une variable ou une condition qui augmente la probabilité que l’individu en vienne à faire face à un résultat négatif lorsqu’il est confronté à un risque donné.

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7
Q

Qu’est-ce qu’un facteur de protection?

A

Ils peuvent contrebalancer l’impact des facteurs de risque en diminuant la probabilité que ces derniers évoluent vers l’aboutissement d’une mésadaptation ou d’une psychopathologie en raison d’un développement concomitant de compétences.

Il faut se rappeler que les facteurs associés à l’émergence d’une problématique peuvent être différents de ceux associés à la cessation du trouble ou à sa récurrence.

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8
Q

Quelles sont les différentes classes de facteurs de risque?

A
  1. Facteurs de risque environnementaux
    • facteurs qui ne sont pas liés au jeune, mais qui peuvent affecter et influencer ses pensées et ses comportements.
  2. Facteurs de risque caractérologiques
    • facteurs qui sont déjà ou en cours de devenir intégrés à la personnalité du jeune.
  3. Facteurs de risque comportementaux
    • facteurs qui sont englobés dans le comportement du jeune ou aggravés par le comportement du jeune.
  4. Facteurs de risque cognitifs
    • comprenant les idées, les attitudes, les croyances et autres schèmes de pensée qui influencent et façonnent les comportements du jeune.
  5. Facteurs de risque développementaux
    • contribuent et influencent la personnalité, les comportements et les réponses aux stimuli.
  6. Facteurs de risque sexuels
    • les préférences et les expériences sexuelles qui contribuent au passage à l’acte.
  7. Facteurs de risque psychiatriques (comorbidité)
    • ces facteurs peuvent entraver la capacité du jeune à participer ou à bénéficier d’un traitement spécifique concernant sa problématique sexuelle.
  8. Facteurs de risque intellectuels
    • réfèrent à des déficits cognitifs ou des capacités qui peuvent contribuer à expliquer les comportements du jeune ou entraver le traitement.
  9. Facteurs de risque familiaux
    • les conditions à l’intérieur de la structure familiale qui ont permis de définir et de façonner le comportement du jeune et qui continuent de servir les facteurs de risque.
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9
Q

Quels sont des facteurs pouvant favoriser l’apparition de comportements sexuels agressifs chez l’enfant et l’adolescent?

A
  1. Facteurs externes
    • Croyances incongrues en rapport à la sexualité
    • Renforcement de l’acte agressif à travers la masturbation et les fantaisies
    • Peu d’habiletés sociales
    • Manque de connaissances sexuelles
  2. Variables individuelles
    • Difficulté à gérer ses pulsions
    • Problèmes de comportement
    • Habiletés cognitives limitées
    • Histoire d’agression physique ou sexuelle
  3. Variable familiale
    • Parents qui encouragent les enfants à avoir des comportements sexuels coercitifs entre eux
    • Parents qui ont des comportements sexuels coercitifs
    • Parents qui manquent d’empathie
    • Négligence émotive ou physique à l’intérieur de la famille
  4. Variable sociale
    • Société qui supporte les comportements sexuels coercitifs et la sexualisation des enfants
    • Groupe de pairs engagés dans des comportements antisociaux

À titre informatif, une étude comparative entre les adolescents agresseurs sexuels et les autres adolescents révèle que :

  1. Les AAS vivent davantage de crises familiales (divorce, période de chômage, etc.) et leur attachement à leur milieu est faible;
  2. Les AAS sont également plus nombreux à vivre des difficultés scolaires;
  3. L’agression sexuelle est fortement reliée à la fréquentation de pairs qui approuvent la coercition sexuelle;
  4. Les AAS sont davantage impliqués dans des activités délinquantes (agression physique, usage de drogues, etc.).
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10
Q

Quels sont des exemples de facteurs de risque dans le développement de comportements antisociaux ou dysfonctionels?

A
  • Statut socio-économique bas
  • Manque d’intérêt de la part des parents
  • Pauvreté ou absence de supervision parentale
  • Relation parent-enfant lacunaire
  • Parents antisociaux
  • Abus de substance chez les parents
  • Discipline sévère, laxiste ou inconsistante
  • Parents agressifs ou négligents
  • Conflits familiaux
  • Séparation
  • Soins primaires perturbés
  • Déficit d’attention et hyperactivité
  • Attitudes et comportements antisociaux
  • Agressivité et violence
  • Difficultés scolaires
  • Expériences et attitudes négatives par rapport à l’école
  • Liens sociaux faibles
  • Pairs antisociaux
  • Usage de substances
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11
Q

Quels sont des exemples de facteurs de protection dans le développement de comportements antisociaux ou dysfonctionels?

A
  • Intérêt actif des parents
  • Contrôle parental
  • Relation familiale étroite
  • Valeurs parentales prosociales
  • Parents équilibrés
  • Sanctions appropriées en cas de mauvais comportements
  • Parents respectueux
  • Relation familiale supportante
  • Relation familiale intacte
  • Stabilité dans les soins
  • Relation positive avec les adultes
  • Relation positive avec les pairs
  • Relation positive avec les frères et soeurs
  • Modélisation des comportements prosociaux
  • Modélisation des valeurs et attitudes prosociales
  • Engagement dans des activités conventionnelles
  • Succès relatif dans les études
  • Orientation sociale positive
  • Groupe de pairs prosociaux
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12
Q

Quel est le cycle de dysfonctionnement comportemental?

A
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13
Q

Que peuvent être des signes précurseurs d’une agression sexuelle?

A

La plupart des agresseurs sexuels affirment avoir agi de façon imprévisible ou impulsive. Mais lorsque nous procédons à l’évaluation d’un AAS, on constate que dans la grande majorité des cas, l’agression sexuelle ne s’est pas produite de façon spontanée.

Dans cette perspective, il est possible d’identifier la présence d’indices facilement repérables que l’on nomme également signes précurseurs. Il s’avère impératif d’identifier ces signaux d’alarme puisque cela peut aider les parents, enseignants ou toute autre personne présente dans la vie du jeune à dépister la possibilité d’un comportement agressif à survenir ou en cours.

  1. Jeune fréquentant des enfants d’âge et de niveau de développement différent du sien
  2. Jeune qui est méfiant envers les pairs de son âge et qui idéalise le monde des enfants
  3. Jeune évitant les interactions positives avec les pairs de sexe opposé
  4. Jeune ayant des activités sociales limitées à l’extérieur de la maison
  5. Jeune présentant des comportements antisociaux pour capter l’attention des autres
  6. Jeune supprimant la plupart de ses émotions et plus particulièrement la colère
  7. Jeune démontrant une préoccupation excessive relativement à la sexualité
  8. Jeune qui privilégie la manipulation lorsqu’il entre en relation avec les autres
  9. Jeune qui agit très souvent avec impulsivité
  10. Jeune qui est peu responsable et autonome
  11. Jeune qui ne respecte pas les règles d’intimité
  12. Jeune qui présente d’autres troubles de comportement.
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14
Q

Les agresseurs sexuels juvéniles ont-ils ce problème “isolé” ou ont-ils des comorbidités?

A

Les chercheurs s’intéressant aux caractéristiques des agresseurs sexuels juvéniles se demandent pourquoi certains adolescents commettent des délits sexuels alors que d’autres ne le font pas. Comme nous venons de le voir, une cause unique ne peut évidemment pas être pointée du doigt. C’est plutôt un ensemble d’éléments qui contribuent à la commission d’un délit sexuel.

La comorbidité est un phénomène fréquent. Plusieurs adolescents présentent divers types de pathologies comme le déficit d’attention, l’hyperactivité, les troubles de la conduite, les difficultés d’apprentissage, le trouble d’opposition, le syndrome Gilles de la Tourette, etc., ce qui accentue et favorise leur mésadaptation sociale.

Dans le but de mieux comprendre ce qui incite un adolescent à commettre un délit sexuel, plusieurs chercheurs ont tenté de déterminer certaines caractéristiques propres aux agresseurs sexuels juvéniles en comparant entre autres celles-ci à des groupes de délinquants ayant commis des délits qui ne sont pas de nature sexuelle. Bien que les adolescents agresseurs ne forment pas un groupe homogène, un certain nombre de problèmes sont fréquemment identifiés chez cette clientèle en plus de la problématique sexuelle.

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15
Q

La délinquance non sexuelle est un des problèmes fréquemment associées aux agresseurs sexuels juvéniles. Quelles sont les principales caractéristiques de la délinquance non sexuelle des AAS?

A

Tout d’abord, mentionnons que pour évaluer l’histoire criminelle des adolescents agresseurs sexuels, plusieurs études se limitent aux données officielles sur la criminalité.

Donc, si l’on considère qu’une proportion importante des délits commis n’est pas dénoncée, les statistiques sur la criminalité des adolescents agresseurs ne reflètent pas l’ampleur réelle de la situation. C’est ainsi qu’entre 40 et 60 % des adolescents agresseurs sexuels ont une histoire de délinquance non sexuelle antérieure au délit sexuel pour lequel ils ont été référés. Cependant, il semblerait que ces derniers commettraient moins de délits que les délinquants non sexuels.

La majorité des délits sont des crimes peu violents tels que la violation de la propriété, les vols mineurs, etc. Toutefois, une minorité d’adolescents agresseurs commettent des crimes plus violents par exemple les vols à main armée, les agressions, etc.

Le type de délit sexuel peut également être mis en relation avec la délinquance non sexuelle. Ainsi, les adolescents ayant commis des délits sexuels violents (ex. : tentative de viol, viol, sodomie) représentent le groupe de délinquants sexuels ayant le plus haut taux de délits non sexuels. Ils sont impliqués dans une variété de comportements antisociaux violents depuis leur enfance et c’est ainsi qu’ils s’apparentent davantage aux adolescents antisociaux qu’aux autres sous-groupes d’adolescents agresseurs sexuels. Ces jeunes auraient, pour la plupart, déjà proféré des menaces de violence envers leur famille, leurs amis et leurs professeurs.

Quant aux adolescents ayant commis des agressions sexuelles sans contact (ex. : exhibitionnisme, voyeurisme), la majorité d’entre eux ne seraient pas engagés dans d’autres comportements antisociaux.

Retenons que le problème majeur lorsque l’on tente d’établir le lien entre la délinquance sexuelle et la délinquance non sexuelle réside dans le manque d’études permettant de différencier les agresseurs sexuels juvéniles ayant commis d’autres types de délits de ceux qui ont commis uniquement des délits de nature sexuelle. Par rapport aux délinquants sexuels juvéniles qui commettent d’autres types de délits, il importe de se demander s’il s’agit d’une paraphilie, c’est-à-dire s’ils ont des fantaisies déviantes et s’ils préfèrent l’activité sexuelle déviante à toute autre activité sexuelle ou encore, si l’agression sexuelle est un comportement délinquant parmi tant d’autres.

Plusieurs adolescents ont une histoire de délinquance plus ou moins violente. Les AAS posent moins de gestes délinquants non sexuels.

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16
Q

Les difficultés d’apprentissage sont aussi souvent associées à la délinquance sexuelle juvénile. Quelles en sont les caractéristiques chez ce groupe de personne?

A

Selon les différentes études portant sur la question, il semblerait qu’entre 10 et 50 % des adolescents agresseurs sexuels présenteraient des difficultés d’apprentissage. En effet, Fehrenbach et coll. (1986) ont constaté que seulement 55 % des adolescents de leur étude étaient classés à un niveau scolaire approprié à leur âge.

À cela, nous pouvons également ajouter les problèmes de comportement à l’école qui sont fréquemment rapportés chez les adolescents agresseurs sexuels. Selon une recherche portant sur la question, 53 % des sujets ont été soit suspendus, soit expulsés pour troubles de comportement.

Les difficultés d’apprentissage sont fréquentes chez les AAS, variant dans des proportions de 10 % à 50 %. La fréquence d’un quotient intellectuel bas (inférieur à 80) est plus grande chez les AAS de pairs ou d’adultes que chez l’ensemble des AAS. Les troubles de comportement à l’école (suspension, expulsion) sont fréquents chez les AAS.

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17
Q

Les problèmes de consommation sont aussi fréquent chez les AAS. Quelles en sont les caractéristiques?

A

L’alcool et les différentes drogues ont de puissants effets psychologiques et physiologiques qui augmentent les comportements sexuels agressifs. Dans cette perspective, l’utilisation d’une substance peut être considérée comme un facteur pouvant contribuer à la commission de délits sexuels par les adolescents. Toutefois, lorsque l’on consulte les recherches portant sur la question, nous pouvons constater qu’il y a de grandes divergences quant aux taux de prévalence des problèmes de consommation chez les adolescents agresseurs sexuels.

Ainsi, l’abus d’alcool et/ou de drogue est probablement un facteur important dans la commission de délits sexuels de certains adolescents. D’après les études effectuées sur le sujet, nous retrouvons des taux allant de 8 à 34 % d’adolescents agresseurs sexuels ayant un diagnostic d’abus d’alcool ou de drogue.

Par contre, mentionnons que la nature de la relation (consommation et délit sexuel) n’est pas claire mis à part son rôle désinhibiteur. Donc, au moment de l’évaluation, il faut se demander s’il s’agit véritablement d’un problème de consommation. Mais ce qui est encore plus important, c’est de déterminer si la consommation est un facteur de risque dans la perpétration de l’agression. En d’autres mots, il faut se demander si l’alcool et la drogue sont utilisés avant l’agression seulement, ou encore si la consommation fait partie d’un problème chronique.

Si l’individu consomme avant de perpétrer son délit, la consommation fait partie du cycle délictuel et c’est ainsi qu’elle doit être ciblée dans le traitement. D’un autre côté, s’il y a des évidences d’un abus chronique, il importe de mettre l’accent sur le traitement du problème de consommation avant d’admettre le jeune à un programme de traitement pour agresseurs sexuels.

Un diagnostic d’abus de substances peut être posé chez certains AAS.

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18
Q

Les compétences sociales sont aussi souvent moins développées chez les AAS. Quelles sont les caractéristiques de cette problématique?

A

L’une des variables étiologiques les plus souvent citées concernant la délinquance sexuelle est sans aucun doute l’isolement social. Ainsi, selon plusieurs auteurs, les carences dans les habiletés sociales jouent un rôle de première importance dans le développement des comportements d’agression sexuelle. En effet, les adolescents agresseurs sexuels présentent des déficits importants sur le plan des habiletés sociales (plus de 80 %) et ce phénomène est en rapport leurs comportements déviants.

L’incapacité à initier de même qu’à maintenir des relations intimes, l’absence de comportements appropriés, l’inaptitude à gérer ses conduites hostiles sont autant de carences possibles résultant bien souvent d’une socialisation inadéquate.

À l’adolescence, les échanges avec les pairs deviennent de plus en plus nombreux et importants. Cependant, pour un grand nombre d’adolescents agresseurs sexuels, ces échanges sont rares et/ou conflictuels. C’est ainsi que les délinquants sexuels juvéniles ont peu d’habiletés à initier de même qu’à maintenir des relations d’amitié. Le manque de contacts sociaux prive l’adolescent d’occasions lui permettant d’expérimenter les conduites sociales appropriées. Par conséquent, cette situation amène certains individus à créer des liens avec des enfants plus jeunes qu’eux et à sexualiser ces relations. D’autres, au contraire, s’associent à des groupes de jeunes délinquants qui renforcent les conduites agressives et les relations de pouvoir.

Ces déficits ont généralement pris racine dans le passé et sont fonction des liens inadaptés, inadéquats établis avec les parents. Il s’agit souvent d’adolescents qui ont vécu un abandon parental précoce ou qui ont grandi dans une famille, dont les relations se caractérisent par d’importants conflits, de la désorganisation et par une communication difficile. Un grand nombre de ces adolescents ont subi une rupture importante des liens d’attachement. Ils sont aux prises avec des problèmes à établir, mais surtout à maintenir des relations plus intimes avec les autres. Les expériences relationnelles vécues avec les pairs durant la période de latence ont été, pour plusieurs d’entre eux, particulièrement difficiles puisqu’ils étaient rejetés, mis à l’écart, ridiculisés, etc. Un certain nombre parmi ces garçons changent de position sur le plan relationnel à l’adolescence en devenant eux-mêmes des agresseurs.

Précisons que l’isolement social s’observe plus particulièrement chez les agresseurs sexuels d’enfants souvent décrits comme extrêmement isolés, n’ayant pas ou peu d’amis de leur âge et peu habiles socialement. C’est ainsi que ces adolescents sont incapables d’établir et/ou de maintenir des relations privilégiées avec les pairs alors qu’ils rapportent se sentir bien avec les enfants qui sont bien souvent de 4 à 5 ans plus jeunes qu’eux (une méfiance par rapport aux pairs combinée à une idéalisation du monde des enfants).

Si l’on compare les adolescents agresseurs sexuels avec d’autres types de délinquants, on constate que près de la moitié des adolescents agresseurs sont décrits comme étant solitaires et présentent des déficits au niveau des habiletés sociales comparativement à une minorité de délinquants non sexuels. Ces déficits se manifesteraient de différentes façons (ex. : plus de gêne, de retrait, moins de relations intimes, moins d’amis). De plus, les adolescents agresseurs avaient moins tendance à faire partie d’un groupe de pairs que les adolescents qui avaient commis une autre forme de délit.

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19
Q

Les AAS ont aussi des difficultés au niveau des habiletés hétérosociales (habiletés sociales spécifiques aux interactions avec l’autre sexe). Quelles en sont les caractéristiques?

A

Plusieurs adolescents agresseurs semblent avoir connu une sexualité saine. Les adolescents agresseurs sexuels ont cependant de la difficulté à répondre à leurs besoins sexuels et affectifs à l’intérieur d’une relation égalitaire. Ils ont appris, bien souvent en bas âge à entrer en relation avec les autres sur un mode de domination, et ce, particulièrement lors de leurs rapports avec les filles.

Les adolescents agresseurs ayant commis des délits sexuels sur des enfants se montrent plus craintifs lors de situations sociales et particulièrement, lors de situations d’intimité (ex. : demander à une fille pour sortir, avoir des relations sexuelles) comparativement à un groupe de délinquants non sexuels.

Les autres types de délinquants, quant à eux, font souvent partie de bandes d’adolescents et, dans la plupart des cas, ont une petite amie régulière avec laquelle ils ont des relations sexuelles. Ces pairs sont habituellement loin d’être les agents de socialisation appropriés au développement d’habiletés hétéros sociales adéquates. Une étude effectuée par Ageton (1983) montre clairement que l’appartenance à un groupe de délinquants qui accorde de l’importance aux comportements jugés masculins (ex. : dominant, brutal, froid) et qui renforce l’agression sexuelle est un déterminant important des agressions sexuelles commises par les adolescents.

Ce qu’il importe de se rappeler c’est que même s’il est évident que les jeunes agresseurs sexuels éprouvent, quel que soit le type de délits sexuels commis, des difficultés importantes dans leurs relations interpersonnelles, il est difficile, à l’heure actuelle, de déterminer quels sont les déficits propres aux jeunes délinquants sexuels et ceux qui sont partagés avec les autres types de délinquants et la population des adolescents non délinquants.

Les AAS présentent des déficits sur le plan des habiletés sociales. De tels déficits chez les AAS sont supérieurs à ceux constatés chez les délinquants et les membres d’un groupe normatif. Les AAS d’enfants et les agresseurs de pairs ou d’adultes montrent moins des caractéristiques sociales distinctes : les premiers vivraient un isolement important et les seconds, les mauvaises influences de leur groupe de pairs.

20
Q

Une autre problématique commune aux AAS est la victimisation sexuelle. En quoi consiste-t-elle?

A

Une recension des recherches portant sur la victimisation sexuelle des adolescents agresseurs nous renvoie à des fréquences variant de 30 à 70 %. De son côté, Lafortune (1996) a observé une fréquence moyenne de victimisation sexuelle chez les adolescents agresseurs sexuels de 30 % lors de la consultation de 14 recherches portant sur la question. Une étude québécoise démontre que les adolescents agresseurs sexuels sont, de façon significative, plus souvent victimes d’agression sexuelle et psychologique dans leur enfance que les adolescents de la population normale. Une autre recherche québécoise qui, cette fois-ci, s’intéresse à la victimisation sexuelle des adolescents agresseurs versus les délinquants non sexuels arrive à la conclusion qu’il existe une différence significative entre les deux groupes. En effet, 70 % des adolescents agresseurs sexuels ont été sexuellement agressés avant l’âge de 12 ans alors que 17 % des délinquants ont été agressés pendant cette période ou au début de l’adolescence.

Cette grande diversité des pourcentages obtenus dans les études portant sur la victimisation sexuelle des adolescents agresseurs peut s’expliquer de différentes façons.

Premièrement, le moment auquel on questionne l’adolescent agresseur concernant les traumatismes du passé peut contribuer à faire en sorte qu’il en parlera ou non. En effet, certains adolescents sont davantage portés à parler des agressions subies en cours ou encore, à la fin du traitement, plutôt que lors de l’évaluation ou au début du processus thérapeutique. De plus, les mots utilisés pour questionner l’adolescent peuvent influencer la réponse.

Des études se sont penchées sur la fréquence de victimisation sexuelle chez différents types d’adolescents agresseurs sexuels. C’est ainsi que certaines recherches en arrivent à la conclusion que les fréquences de victimisation sont plus élevées chez ceux qui ont agressé d’enfants que chez ceux qui agressent des victimes plus âgées. D’autre part, on observerait des fréquences de victimisation plus élevées chez les adolescents agresseurs sexuels ayant commis des agressions avec contacts physiques (20,2 %), que chez ceux ayant perpétré des agressions sans contact avec la victime (7,5 %). Par ailleurs, les adolescents agresseurs sexuels qui commettent des agressions intrafamiliales seraient plus souvent victimes d’agressions sexuelles dans l’enfance que ceux qui commettent leur délit à l’extérieur de la fratrie.

En conclusion, nous pouvons dire qu’une victimisation sexuelle ou physique n’est pas une condition nécessaire ou suffisante pour agresser quelqu’un. Toutefois, ceux qui ont été agressés agressent à un plus jeune âge, font plus de victimes, sont moins portés à avoir des victimes uniquement féminines, et finalement, présentent plus de signes psychopathologiques et de problèmes interpersonnels. Retenons également que plusieurs intervenants cherchent uniquement au niveau de la victimisation antérieure une explication aux agressions sexuelles commises par l’adolescent. Pourtant, un grand nombre d’adolescents victimisés rapportent pour la première fois avoir été victimes d’agression sexuelle après avoir eux-mêmes commis des agressions sexuelles. Il s’agit aussi pour les adolescents de la réponse la plus facile pour expliquer à leur entourage pourquoi ils ont adopté ce type de comportement.

Les fréquences de victimisation sexuelle dans l’enfance chez les AAS varient grandement (de 30 % à 70 %) d’une étude à l’autre, mais demeurent plus élevées que celles qui sont observées dans la population générale. Il est difficile de savoir si les fréquences de victimisation sexuelle chez les AAS diffèrent de celles des autres délinquants. Bien que d’autres études soient nécessaires, les premiers travaux suggèrent que les fréquences de victimisation sexuelle sont plus élevées chez certains types d’AAS : les agresseurs d’enfants, les agresseurs qui commettent des agressions avec contacts physiques et les agresseurs qui commettent des agressions intrafamiliales. Les AAS qui ont été agressés sexuellement semblent avoir un profil différent de ceux ne l’ayant pas été, notamment en ce qui concerne les caractéristiques liées aux agressions : les premiers agresseraient à un plus jeune âge, feraient plus de victimes, seraient moins portés à n’avoir que des victimes féminines.

21
Q

Quelles sont d’autres caractéristiques problématiques qu’on voit souvent chez les AAS?

A

On y retrouve tout d’abord, le manque de contrôle des pulsions qui serait plus présent chez les adolescents agresseurs de pairs ou d’adultes que chez ceux qui agressent des enfants. Mentionnons également que nous retrouvons moins ce diagnostic chez les adolescents qui font des délits sans contact physique.

Certains adolescents qui commettent des agressions sexuelles ont du mal à identifier les émotions qu’ils vivent puisqu’ils ont davantage l’habitude de les nier, de les rationaliser ou de les fuir. Leur registre émotif est souvent très pauvre, se limitant à se sentir bien ou mal ou, au mieux, en colère. Cette négation demeure aussi présente lors des passages à l’acte. Chez d’autres, nous remarquons un débordement de l’agressivité, la moindre remise en question ou déception génère une colère difficile à contenir. Les agressions sexuelles ont souvent pour fonction d’exprimer de la colère et de l’hostilité. C’est ainsi que le passage à l’acte peut être interprété en partie comme étant une sexualisation des conflits.

D’autres auteurs ont identifié la dépression comme étant une caractéristique partagée par les adolescents agresseurs sexuels. Leur étude a révélé un score moyen significativement plus élevé que les normes habituelles, avec une proportion de 42 % des sujets ayant rapporté des symptômes indiquant une dépression sérieuse. Quant à Vizard et coll. (1995), ils constatent que les adolescents ayant été sexuellement ou physiquement agressés ont fourni des scores significativement plus élevés que ceux ne l’ayant pas été. Dans cette perspective, nous pouvons nous questionner à savoir si les symptômes dépressifs sont en lien avec l’agression subie plutôt qu’en lien avec l’agression commise.

Par ailleurs, plusieurs adolescents agresseurs sexuels ont de la difficulté à s’intéresser à ce que vivent les autres. Leur préoccupation est d’abord égocentrique et il est ardu de les amener à se soucier des autres, même des personnes plus significatives dans leur vie par exemple, leurs parents. L’empathie pour la victime est donc généralement faible et elle ne devrait pas être le critère en fonction duquel on évalue la possibilité d’entreprendre ou non une démarche thérapeutique. Cela devrait plutôt être considéré comme un objectif thérapeutique.

Il est difficile de tirer des conclusions des données relatives à la symptomatologie dépressive, bien qu’on observe chez certains AAS quelques symptômes dépressifs. Le diagnostic le plus fréquemment rencontré semble être celui du trouble de conduite et du manque de contrôle au niveau des pulsions, et ce, plus chez les AAS de pairs ou d’adultes que chez les AAS d’enfants. Ce diagnostic serait moins présent chez les AAS qui commettent des agressions sans contacts physiques. Malgré les limites rencontrées dans ce secteur, un diagnostic d’agressions de substances peut être posé chez certains AAS.

22
Q

Les AAS sont-ils influencés par leur milieu familial?

A

Quel que soit le comportement problématique du jeune, dans la très grande majorité des cas, il se manifeste dans le contexte des relations interpersonnelles. Généralement, ce sont les relations familiales qui ont le plus d’influence.

Que le comportement se produise dans la famille ou à l’extérieur de celle-ci, les relations familiales demeurent extrêmement importantes. Elles sont le contexte dans lequel s’inscrit le comportement problématique de même que l’endroit où il est interprété et où il provoque une série de réactions qui le conditionneront désormais. C’est donc dire que l’influence de la famille dans le façonnement des comportements et des croyances du jeune est particulièrement importante.

En ce qui concerne les adolescents agresseurs sexuels, une proportion significative d’entre eux proviendrait de milieux familiaux dans lesquels, certaines dysfonctions familiales sont présentes. Parmi les facteurs de risque se rapportant à la famille qui sont fréquemment mentionnés dans le développement des comportements sexuels agressifs, nous retrouvons :

  • une famille nombreuse;
  • des antécédents psychiatriques, criminels et de toxicomanie;
  • un environnement sexuel non conforme;
  • des modèles sexuels inappropriés;
  • une expérience de victimisation sexuelle, d’humiliation et de traumatismes;
  • une inconsistance quant aux soins;
  • la perte précoce d’un parent;
  • une absence de confident durant l’enfance.

Donc, comme nous pouvons le constater, plusieurs éléments de la dynamique familiale sont cités dans la genèse des comportements sexuels déviants.

23
Q

Quelles sont des caractéristiques psychologiques communes aux parents d’enfants AAS?

A

Même si cette variable demeure complexe à estimer, plusieurs auteurs s’entendent pour dire que les parents des adolescents agresseurs sexuels éprouvent fréquemment des difficultés d’ordre psychologique dont la nature n’est pas toujours spécifiée.

Par contre, lorsqu’un diagnostic psychiatrique est posé, c’est celui de la dépression qui est le plus souvent rapporté. Graves et coll. (1996) soutiennent que 20 % des mères et 12 % des pères sont identifiés comme ayant des troubles psychiatriques. Toutefois, retenons que lors de l’évaluation de l’adolescent agresseur sexuel, cette dimension demeure difficile à déterminer.

24
Q

Les parents d’AAS ont-ils des problèmes de consommation?

A

Plusieurs parents d’adolescents agresseurs sexuels ont déjà connu ou connaissent des problèmes d’agressions de substance et l’étude de Graves et coll. (1996) corrobore cette observation. En effet, leur étude indique que 55 % des pères et 36 % des mères admettent avoir usé ou abusé d’alcool. Quant aux substances psychoactives, 62 % des pères et 43 % des mères reconnaissent en avoir déjà abusé.

25
Q

Les parents d’AAS sont-ils d’anciennes victimes?

A

D’après l’étude de Kaplan et coll. (1988), les parents d’adolescents ayant commis des agressions sexuelles intrafamiliales ont connu de haut niveau de victimisation de différentes formes au cours de leur enfance, ce qui pourrait soutenir la théorie selon laquelle l’environnement familial est un élément significatif dans la perpétration de l’agression.

En effet, une recherche menée par Kaplan et coll. (1990) stipule que, de façon générale, les mères des adolescents ayant commis des agressions intrafamiliales étaient significativement plus enclines à rapporter une histoire personnelle de victimisation sexuelle antérieure que ne l’étaient les mères des adolescents ayant perpétré des agressions en dehors du contexte familial.

Bon nombre de parents des AAS semblent éprouver des difficultés psychologiques, dont la nature demeure à clarifier. De plus, plusieurs parents des AAS ont une histoire personnelle de consommation de substances et de victimisations antérieures de toutes formes.

26
Q

À quoi ressemble la structure familiale des AAS?

A

Peu d’adolescents agresseurs sexuels ont évolué dans un milieu familial où les deux parents naturels étaient présents, dans la mesure où plusieurs d’entre eux ont connu la séparation, le divorce ou encore, la perte d’un parent. Cette observation est corroborée par les travaux de Graves et coll. (1996) menant à la conclusion que 45 % des adolescents agresseurs sexuels proviennent de familles monoparentales.

Quant à la recherche de Awad et coll. (1984) comparant le milieu familial des adolescents agresseurs et des délinquants non sexuels, elle met en relief une incidence élevée d’instabilité familiale chez les deux populations. C’est ainsi que 79 % des adolescents agresseurs sexuels et 58 % des délinquants non sexuels ont été séparés d’un des parents pendant une période prolongée. Il est à noter qu’environ la moitié de ces séparations ont eu lieu lorsque les jeunes étaient d’âge préscolaire.

27
Q

À quoi ressemble le climat familial dans les familles d’AAS?

A

On émet fréquemment l’hypothèse que le fait d’avoir été agressé physiquement et d’avoir vécu dans un environnement familial violent contribue au développement de la violence sexuelle à l’adolescence. En effet, plusieurs études en arrivent à la conclusion que des antécédents familiaux instables et une histoire de violence familiale vécue par les adolescents, soit en tant que témoin, ou encore en étant impliqués dans de la violence physique et de la négligence, joueraient un rôle prépondérant dans le développement de la délinquance sexuelle. C’est ainsi que plusieurs adolescents agresseurs rapportent avoir été agressés physiquement et/ou sexuellement en plus d’avoir été négligés au cours de leur enfance.

De plus, une proportion significative d’adolescents agresseurs auraient été exposés à de la sexualité non conforme à leur stade de développement ou encore, à de la sexualité déviante à la maison. D’autres adolescents ont grandi dans un milieu où la promiscuité et les pratiques sexuelles non conformes étaient chose courante.

Par ailleurs, les familles des adolescents agresseurs sexuels ont généralement peu d’affects positifs et beaucoup d’affects négatifs. En effet, nous observons fréquemment un appauvrissement sur le plan émotif, une absence d’affects appropriés, une objectivation des membres de la famille (traiter les individus comme des objets sexuels et les utiliser pour gratifier ses propres besoins), un souci de préserver les secrets dans la famille, le renversement des rôles de même que la sexualisation des conflits. Dans cette perspective, le rôle de l’adolescent agresseur sexuel au sein de la famille est souvent celui du réceptacle des sentiments négatifs, particulièrement la honte, la culpabilité et l’anxiété.

Autour de 45 % des familles des AAS seraient monoparentales. Plusieurs AAS semblent grandir au sein d’un climat familial difficile et souvent pathologique. Il n’est pas clair si le fonctionnement familial (qui peut être défini par diverses dimensions : par la cohésion, l’adaptabilité et le maintien du système) des AAS se rapproche davantage de celui des délinquants ou d’un groupe normatif, notamment en matière de cohésion familiale. Le climat familial des familles des AAS de type intrafamilial semble plus difficile que celui des AAS de type extrafamilial.

En conclusion, même s’il a été clairement démontré que l’adolescent agresseur sexuel a souvent été exposé à un environnement familial instable et violent, incluant une longue séparation d’avec un parent, être témoin de violence familiale ou encore, d’avoir été victime de violence physique ou de négligence, la question reste à savoir de quelle façon l’environnement familial dysfonctionnel de ces jeunes contribue à l’émergence des comportements sexuels agressifs.

Nous pouvons émettre l’hypothèse que lorsque l’agression physique et la violence conjugale servent de modèle, l’adolescent apprend tout simplement que ceux-ci sont des comportements acceptables. Il se peut également que la négligence et l’agression puissent faire en sorte que l’adolescent a le sentiment d’avoir le droit de chercher à se venger sur quelqu’un d’autre.

Une autre piste de réflexion concerne l’estime personnelle. En effet, le rejet parental peut contribuer à diminuer l’estime de soi de l’adolescent et ainsi, la commission d’un délit sexuel deviendrait une façon de tenter d’améliorer son estime personnelle. Ce ne sont là que quelques pistes de réflexion qui doivent être davantage étudiées. En terminant, soulignons que tous les jeunes qui entrent en thérapie ont une histoire familiale. Qu’elle soit absente, distante, fonctionnelle ou dysfonctionnelle, la famille fait partie des dimensions qui doivent être considérées dans le traitement et c’est pourquoi le thérapeute doit évaluer soigneusement le potentiel de la famille et le degré d’implication de cette dernière dans le processus de changement du jeune.

28
Q

Quelles sont les différentes typologies familiales présentées dans le cours?

A
  1. La famille exploitante
  2. La famille rigide
  3. La famille chaotique et désengagée
  4. La famille pseudo-parfaite
  5. La famille qui fut déjà adéquate
29
Q

Quelles sont les caractéristiques de la famille exploitante?

A

Au sein de la famille exploitante, il n’y a pas d’amour inconditionnel. Les parents considèrent que les enfants sont leur propriété et c’est ainsi qu’ils les utilisent pour répondre à leurs propres besoins.

D’autre part, ils peuvent avoir des attentes très irréalistes par rapport à ceux-ci. Ces attentes peuvent être négatives (dans le cas où l’on s’attend à ce que l’enfant vive des échecs) ou encore, trop élevées.

Les enfants évoluant au sein de ce type de famille ont souvent l’impression que l’on s’intéresse à eux seulement lorsqu’ils sont en mesure de répondre aux besoins de leurs parents.

C’est donc dire que le renforcement est externe et que dans ces conditions, ces enfants ont de la difficulté à développer un sentiment de valorisation personnelle.

Malheureusement, ce type de relation amène le jeune à développer uniquement des rapports utilitaires où les besoins ne sont pas comblés à travers la communication, mais plutôt à partir de la manipulation des autres.

30
Q

Quelles sont les caractéristiques de la famille rigide?

A

Cette famille est souvent la plus secrète et la plus isolée socialement dans la mesure où ils entretiennent très peu de contacts avec le monde extérieur.

Les membres de la famille se convainquent mutuellement qu’ils n’ont pas besoin d’entretenir des contacts extrafamilials puisque la famille est autosuffisante. On remarque également que la famille rigide a souvent plusieurs secrets et tabous qui servent à protéger le système familial.

La relation parent/enfant peut être symbiotique. C’est ainsi que les enfants ont de la difficulté à se séparer des parents et à s’individualiser. Le fil conducteur d’une telle cohésion entre les membres de la famille semble être une insécurité extrême. Chacun a peur de l’abandon et croit que les changements pouvant survenir à l’intérieur du système de même que les divulgations possibles peuvent être catastrophiques pour la famille.

31
Q

Quelles sont les caractéristiques de la famille chaotique et désengagée?

A

Il s’agit d’une famille à problèmes multiples, qui présente des dysfonctions à plusieurs niveaux et qui est en crises perpétuelles.

Ce qui caractérise cette famille c’est une extrême immaturité et de pauvres habiletés dans toutes les sphères de vie. Les relations affectives tendent à être superficielles et sans discernement. La supervision des enfants est souvent pauvre dans ce type de famille et c’est ainsi que les intervenants doivent avoir peu d’attentes au niveau du contrôle externe.

Il est à noter, la majorité des adolescents agresseurs sexuels évoluent au sein de ce type de famille.

32
Q

Quelles sont les caractéristiques de la famille pseudo-parfaite?

A

La famille « parfaite » semble à première vue très fonctionnelle et appropriée. Les agressions sexuelles commises par le jeune sont perçues par les parents comme une aberration au sein d’une famille idéale. Le père a souvent une carrière bien en vue et la mère est une femme qui s’occupe de ses enfants et qui s’implique dans la communauté. L’adolescent agresseur démontre habituellement du succès à l’école même si, à l’occasion, des problèmes d’apprentissage peuvent être identifiés.

Les parents semblent très concernés par les problèmes de leur enfant et donnent l’impression d’être coopératifs et d’être en mesure d’avoir du contrôle sur ce dernier. Toutefois, au moment de l’évaluation, on s’aperçoit que la qualité de la relation entre les parents et l’enfant est faible et sans profondeur.

Les membres de la famille s’investissent plutôt dans la préservation de l’image de la famille « parfaite ». L’expression des sentiments est supprimée et les problèmes sont résolus de façon superficielle, par exemple, en s’attardant seulement au comportement problématique de leur enfant.

Il importe de spécifier que sous cette apparence de coopération et de conformité, les thérapeutes se heurtent à plusieurs résistances au cours du traitement.

33
Q

Quelles sont les caractéristiques de la famille qui fut déjà adéquate?

A

Ce type de famille est devenue dysfonctionnelle à la suite d’une nouvelle dynamique qui s’est installée (ex. : adoption, famille recomposée avec des enfants dans les deux familles).

C’est ainsi que l’aîné des enfants peut avoir le sentiment d’avoir perdu son statut et c’est la jalousie ou encore la colère qui peut amener le passage à l’acte sur des enfants plus jeunes.

Enfin, il importe de préciser que ces familles sont parfois les plus difficiles à impliquer dans le processus thérapeutique puisque, souvent, elles refusent de voir leur rôle contributif et l’impact que peut avoir la problématique du jeune sur les autres membres de la famille.

34
Q

Quel est le lien de la transmission familiale dans l’agression sexuelle commise par un adolescent?

A

Dans une recherche clinique portant sur les délinquants sexuels juvéniles, nous avons constaté que près de 40 % de ces adolescents avaient un parent ou un grand-parent ayant été, non pas agresseur, mais plutôt victime d’agression sexuelle dans sa propre histoire infantile ou juvénile. Cette statistique étonnante nous a amenés à étudier plus à fond les liens familiaux pouvant se tisser entre parents et adolescents auteurs d’agression sexuelle.

Après avoir été maintes fois dénoncée puis oubliée au fil des siècles, l’agression sexuelle juvénile est aujourd’hui redevenue une priorité scientifique et sociale. Depuis les conclusions de Doshay en 1943, les travaux sur le sujet ne cessent de se multiplier en Amérique du Nord, qu’ils portent sur l’évaluation de la personnalité des auteurs, l’élaboration de nouveaux instruments d’évaluation, les modalités d’intervention précoces ou les études de suivi et de prédiction de la récidive.

À première vue, la trajectoire de vie des jeunes auteurs d’agression sexuelle recoupe sous plusieurs aspects celle de jeunes délinquants violents : jeunesse des parents, rupture du couple parental, abandons précoces par le père, difficultés d’apprentissage en bas âge, négligence, sévices physiques, manque de supervision, etc. Il n’en demeure pas moins qu’à partir de ce tronc commun, une grande variété des fonctionnements intrapsychiques et interpersonnels est en cause. Un seul type d’organisation familiale ou de fonctionnement psychopathologique ne saurait rendre compte d’actes aussi variés que l’inceste dans la fratrie, l’attouchement sexuel d’enfants ou le viol brutal d’une adolescente, chacun de ces actes pouvant être accompagné d’une violence plus ou moins grande. Derrière le modus operandi des conduites agressives, les différences individuelles sont importantes et les histoires familiales diverses.

Pour cerner les dimensions traumatiques, familiales et transgénérationnelles de l’agression sexuelle commise par un adolescent, nous nous inspirons de six ensembles de travaux :

  1. les études empiriques américaines du milieu familial de jeunes auteurs d’agression sexuelle;
  2. celles portant plus spécifiquement sur les situations d’inceste dans la fratrie;
  3. les travaux sur le traumatisme et l’identification à l’agresseur;
  4. ceux portant sur les défaillances de la fonction paternelle;
  5. les hypothèses sur la « sociopathie », une notion qui désigne la délinquance s’inscrivant dans une sous-culture;
  6. celles plus récentes sur les secrets, les non-dits et leur force attractive sur l’adolescent par une transmission psychique dite « inconsciente ».
35
Q

Quelles sont les caractéristiques les plus importantes chez les familles pour ce qui est des interventions de type familial?

A

D’un rapport de recherche à l’autre, les caractéristiques identifiées ne se recoupent que partiellement, ce qui témoigne sans doute d’écarts significatifs entre les échantillons de familles recrutées et les méthodologies retenues. Parfois, c’est la relation mère-adolescente qui est caractérisée par des tensions et conflits; le plus souvent, c’est la relation père-fils qui est qualifiée de distante et difficile. Dans un cas comme dans l’autre, le degré de désorganisation familiale serait en lien étroit avec la gravité de la délinquance sexuelle manifestée par l’adolescent. Quelques données relatives à des événements biographiques précis et repérables permettent de situer des balises un peu plus claires et quantifiables :

La discontinuité des relations précoces et l’instabilité du lien au père.

Aux situations de monoparentalité et d’abandons précoces par le père, s’ajoutent de fréquents placements hors de la famille. Une recension des écrits publiés entre 1970 et 2000 révèle que de 53 % à 97 % des jeunes auteurs d’agression perdent la continuité du lien avec au moins un parent. Ces ruptures n’étant pas toutes aussi précoces, les plus dommageables sont probablement celles survenues en deçà de l’âge de 36 mois et n’ayant pas été comblées par une figure substitutive stable.

Sévices physiques.

Environ le quart des adolescents auteurs d’agression, soit la moyenne pondérée de résultats allant de 14 % à 76 %, prétendent avoir été exposés à la violence physique dans leur milieu familial. Cette association entre sévices physiques et agression sexuelle est souvent mentionnée dans les écrits, mais elle est rarement interprétée par les auteurs.

Consommation d’alcool ou drogues chez un parent.

Dans plus de 50 % de ces familles (résultats de recherche se situant entre 24 % et 73 %), l’un des parents a un problème de consommation régulière d’alcool ou drogues au moment de l’entretien avec l’équipe de recherche.

Autres manifestations de délinquance sexuelle dans la fratrie.

Dans une recherche doctorale, nous avons trouvé que 20% des familles de jeunes auteurs d’agression sexuelle comptent un autre enfant qui s’est reconnu coupable d’une agression sexuelle.

Attitude souvent défensive des parents.

Plusieurs cliniciens observent que la famille du jeune délinquant peut réagir de manière évasive, défensive et ambivalente au moment du dévoilement. La minimisation, le déni, le manque d’empathie à l’égard de la victime sont des phénomènes courants.

36
Q

Quelles sont des conditions où l’on peut voir un peu plus d’inceste?

A

L’inceste dans la fratrie, qu’il soit fraternel ou sororal, a maintes fois été identifié comme la forme la plus fréquente des sexualités intrafamiliales. La situation d’agressions dans une famille reconstituée serait encore plus fréquente. Dans les échantillons de jeunes auteurs d’agression sexuelle, les situations d’inceste dans la fratrie comptent pour environ 25 % du total des passages à l’acte.

L’inceste intragénérationnel et l’inceste intergénérationnel sont deux phénomènes très différents. N’étant pas toujours défini comme un acte agressif, l’inceste intra générationnel est moins associé aux notions de traumatisme, de préjudice ou de relation de pouvoir que l’inceste père-fille. Divers critères ont été proposés par Laredo et De Jong , afin d’évaluer la dimension agressive de telles situations. Ainsi, il importe de savoir :

  1. si la relation incestueuse est consentante ou si, au contraire, elle comporte une forme d’intimidation ou de manipulation;
  2. si les activités sexuelles sont synchrones à l’âge et adaptées au niveau de maturité des participants (ex : voyeurisme ou attouchement versus pénétration génitale);
  3. quelles étaient les motivations de chaque partenaire (expérimentation, tendresse, vengeance ou cruauté)?
  4. quel était l’écart d’âge entre les participants (cinq ans étant un point charnière)?
    • Aux dires de certains, il arrive que les deux participants se rapprochent de manière consentante dans des jeux sexuels, dont le motif se situe au niveau de la curiosité infantile ou de l’excitation oedipienne. Pour d’autres, tels Rouyer et Drouet, les jeux érotiques dans la fratrie ne sont pas si anodins. Ces cas « d’inceste avec consentement » seraient plus susceptibles de survenir au sein de familles marquées par la négligence et l’abandon des parents.

Par ailleurs, il se produit des formes plus violentes d’inceste, où l’aîné agresse véritablement d’un enfant plus jeune. Finkelhor estime que 30 % des cas d’inceste dans la fratrie se caractérisent par une agression violente. De Jong avance des chiffres plus inquiétants selon lesquels 74 % des cas d’inceste sont agressifs ou coercitifs. L’inceste intra générationnel brutal apparaîtrait souvent au sein de familles caractérisées par l’absence de figures parentales fortes, en particulier du côté du père. Meiselman rapporte que le frère incestueux est souvent l’aîné d’une famille marquée par l’absence de supervision parentale. Meiselman insiste sur cette « absence du père comme représentant de l’interdit lorsque l’aîné atteint l’adolescence ».

L’inceste dans la fratrie a des effets certains sur la famille, lors du dévoilement des faits, habituellement par l’enfant plus jeune. Il n’est pas rare que les parents réagissent avec incrédulité, stupéfaction et panique. Derrière ces premières réactions, les parents peuvent ressentir un mélange de colère et de culpabilité, vivre un conflit de loyauté par rapport aux deux enfants et anticiper une décision cruelle à prendre, en ce qui a trait à la séparation éventuelle de la famille. Des critères de sécurité et de soutien émotif aux enfants sont alors pris en considération. Dans une enquête portant sur les intervenants, Henderson et coll. trouvent, qu’entre 59 % et 73 % des interventions socio juridique américaine, mènent vers le placement d’un enfant.

L’inceste peut avoir plusieur motivations:

  1. Les 2 participants consentants dans des jeux sexuels dont le motif se situe au niveau de la curiosité infantile ou de l’excitation œdipienne. (Friedlander)
  2. Les jeux érotiques consensuels dans la fratrie ne sont pas si anodins. Souvent présents dans les familles marquées par la négligence et l’abandon des parents. (Rouyer et Drouet)
  3. Les formes plus violentes de l’inceste où l’aîné agresse un enfant beaucoup plus jeune. 30 % des cas d’inceste se caractérisent par une agression violente (Finkelhor). De Jong avancent pour sa part des chiffres plus alarmants, soit 74 % des incestes sont abusifs ou coercitifs.
  4. L’inceste intra générationnel brutal apparaît souvent au sein des familles caractérisées par l’absence de figures parentales fortes, plus spécifiquement le père. (De Jong)
37
Q

Kevin, un adolescent de 17 ans, se présente à nous, arborant fièrement une petite pierre précieuse à l’oreille. Vêtu de noir, les ongles très rongés, il s’identifie au monde « heavy métal ». Il habite avec sa mère séparée et vient de reconnaître avoir agressé sexuellement de sa soeur naturelle, âgée de onze ans, et ce, au domicile familial. Il n’est, au moment de l’entretien, sous la juridiction d’aucune loi pour mineurs. C’est la mère qui, exerçant son autorité, exige cette consultation afin que le jeune homme « n’agresse plus d’autres enfants ».

Kevin est le quatrième d’une famille de six enfants, nés de deux pères différents. Le père de l’adolescent est présenté comme un homme dur, violent et agressif. Il revoit très peu ses enfants depuis la séparation, survenue lorsque Kevin avait cinq ans. Quatre des six enfants vivent en appartement ou sont placés en famille d’accueil. Les deux qui restent sont sous la garde de la mère, sont Kevin et sa victime. L’adolescent garde des liens étroits et exclusifs avec sa mère. Spontanément, il nous dit de sa mère qu’elle est de « l’or » pour lui. Il utilise toujours le «nous» pour parler indistinctement de lui et d’elle. Il déteste les conjoints de madame, qu’il qualifie « d’hommes ramassés dans les brasseries » et préfère grandement que madame reste seule.

En effet, il affirme que sa mère change totalement d’attitude lorsqu’elle a un homme dans sa vie. Madame a elle-même été victime d’inceste en bas âge et, plus tard, de violence conjugale de la part de ses deux conjoints. Elle a de plus longtemps présenté un problème de consommation d’alcool, problème qui serait actuellement en rémission.

Kevin se décrit comme un jeune homme nerveux, craintif, qui aurait très souvent eu peur dans sa vie. Il croit habiter un quartier dangereux et il aurait été quelques fois battu par des hommes de passage dans la vie de la mère. Entre les âges de sept et huit ans, il a été agressé régulièrement par son demi-frère aîné, né de l’autre union de la mère. Celui-ci résidait alors en centre d’accueil, mais revenait à la maison toutes les fins de semaine. Il aurait rapporté des vidéos pornographiques à la maison et aurait agressé plus d’un enfant dans la famille. Le sujet lui-même aurait été victime d’attouchements et de sodomie par son frère.

L’adolescent prétend que ce passé traumatique l’a laissé sur deux impressions. La première est un sentiment que les passages à l’acte incestueux étaient plus ou moins tolérés dans sa famille. Le second est une peur d’être homosexuel, qu’il aurait maintes fois ressentie dans les gymnases de son école. C’est par ces impressions et ces peurs qu’il explique en partie son geste agressif. Il croyait qu’une soeur avait moins de chance de le dénoncer aux autorités qu’une pure étrangère, une question de loyauté familiale.

Pendant dix mois, il a commis des attouchements sexuels répétés sur elle. Pour obtenir son silence, il l’a tantôt intimidée avec un couteau, tantôt lui a promis des récompenses. Kevin conclut l’entretien d’accueil en disant que les intervenants « ne peuvent rien faire » contre lui puisqu’il se « tient tranquille ». Entre-temps, il entraîne bénévolement une équipe de jeunes joueurs de football.

Que pensez-vous de cette situation?

A

Dans cet exemple, l’utilisation d’un couteau a fortement fait réagir la mère puisqu’elle avait été elle-même menacée avec une arme blanche durant son enfance. Elle n’avait pourtant jamais parlé de ces incidents avec ses enfants jusqu’à ce que Kevin passe à l’acte. Le détail du couteau fut donc l’occasion pour elle de raconter ses mauvais souvenirs et de réagir promptement.

Les investigations sur les adolescents placés ou en conflit avec la loi pour diverses raisons mettent régulièrement en évidence l’importance de la répétition dans les histoires familiales. Rouyer parle à ce propos, d’une «pseudo hérédité» liée en fait, à une incapacité d’intérioriser la référence à des images parentales sécurisantes et stables. Dans une recherche antérieure, nous avons trouvé que 40 % des parents (28 % des mères et 12 % des pères) de délinquants sexuels ont subi une agression sexuelle durant leur propre enfance ou adolescence. Selon les études américaines entre 21 % et 67 % des jeunes auteurs d’agression ont un parent ou un grand parent victime d’agression sexuelle durant sa propre enfance. Cette histoire traumatique se retrouve plus souvent chez les mères et elle serait d’une incidence élevée dans les situations d’inceste entre frères et soeurs.

La répétition est d’autant plus troublante que plusieurs de ces parents n’ont jamais parlé de leur passé traumatique jusqu’au jour où ils ont appris que leur fils était passé à l’acte. Plusieurs avaient même oublié ces événements jusqu’au jour où ils ont été confrontés aux agissements du fils.

Partant de ces répétitions, phénomènes de chassé-croisé et agression sexuelle «de deuxième génération», les questions que nous posons sont les suivantes :

  1. des transmissions familiales traumatiques ou aliénantes interviennent-elles dans le passage à l’acte sexuel?
  2. quels peuvent en être les types? les mécanismes d’action?
38
Q

Un des modèles de transmission pathologique est celui des traumatismes sexuels repérables. En quoi consiste-t-il?

A

Un premier modèle de transmission pathologique, bien connu, s’intéresse aux traumatismes sexuels repérables. Plusieurs travaux ont traité de ce « cycle de la violence sexuelle » selon lequel un enfant ayant été sexuellement agressé ou séduit en bas âge est plus à risque de devenir délinquant à son tour. Dans la population générale, l’incidence d’agression sexuelle chez les garçons est estimée entre 7 et 9%. La proportion d’auteurs d’agression ayant eux-mêmes subi en bas âge un traumatisme sexuel se situe, selon les échantillons, entre 0 % et 93 %. La moyenne pondérée des résultats présentés par une quinzaine d’équipes de recherche est de 30 %, soit trois à quatre fois plus que l’incidence trouvée dans la population générale.

Le traumatisme occupe depuis toujours une grande place dans les théorisations psychanalytiques, Freud le premier ne cessant d’y revenir tout au long de son oeuvre. Rappelons que la théorie de la séduction originale supposait un traumatisme en deux temps, séparés l’un de l’autre par la puberté.

Ce n’est qu’après-coup et durant l’adolescence que le premier incident, infantile, prendrait sa pleine valeur traumatique. Dans la confusion de langue entre les adultes et l’enfant, Ferenczi reprend ces questions et introduit pour la première fois la notion d’identification à l’agresseur. Deux ans plus tard, Anna Freud redéfinit à sa façon l’identification à l’agresseur pour désigner la situation du sujet qui, confronté à un danger extérieur (représenté typiquement par une critique émanant d’une autorité), s’identifie et reprend à son compte l’agression telle quelle, imite physiquement ou moralement la personne de l’agresseur, adopte certains symboles de puissance qui le désignent.

Le comportement observé par le délinquant y est le résultat d’un renversement de rôles : l’agressé se fait l’agresseur. La relation est renversée, la personne attaquée, critiquée, coupable, étant projetée vers l’extérieur.

Dans les écrits américains récents portant sur le jeune auteur d’agression sexuelle, les conceptions de Freud, d’Anna Freud et de Ferenczi sur le traumatisme sont rarement citées, mais elles inspirent définitivement plusieurs auteurs. Ainsi, Longo dit des délinquants sexuels qu’ils furent initiés prématurément à la sexualité adulte, ce qui peut influencer leur vision générale de la sexualité.

Des traumatismes non résolus peuvent mener à une reprise (re-enactment) compulsive de l’expérience, dans un effort pour la maîtriser et la contrôler. Showers ou Lombardo et DiGiorgio-Miller affirment que la victime masculine peut devenir un auteur d’agressions pour se libérer de sa propre histoire d’impuissance et se trouver de nouveau en position de maîtrise et de pouvoir.

Le modèle linéaire du cycle de la délinquance sexuelle voudrait donc que l’auteur d’agression soit une ancienne victime qui répète la scène originaire. En s’identifiant à l’agresseur, le jeune sujet vengerait sa propre blessure narcissique et chercherait à maîtriser activement une excitation sexuelle débordante, subie la première fois sur un mode passif. Toutefois, ce modèle linéaire ne saurait rendre compte de toute la problématique agressive. En effet, tous les auteurs d’agressions ne sont pas d’anciennes victimes et toutes les victimes ne deviennent pas auteurs d’agressions.

Une étude longitudinale de 143 victimes d’agression sexuelle a révélé que seulement 10 % d’entre eux devenaient agresseurs à leur tour. De même, une étude de Burgess a pu montrer que les garçons sexuellement agressés entre les âges de six et huit ans manifestaient, lors de leur adolescence, de multiples troubles du comportement et pas seulement des troubles sexuels. Les questions qui se posent dès lors sont celles-ci : qu’est-ce qui fait que de jeunes victimes d’agressions agressent à leur tour et d’autres pas? Et qu’est-ce qui fait que des adolescents ayant vécu dans des environnements précoces instables et traumatiques privilégient l’agir sexuel comme solution pathologique à leurs conflits?

Le facteur décisif, dans l’apparition de la délinquance sexuelle, doit provenir de la conjonction ou de l’intrication de plusieurs vulnérabilités. Nous avançons l’hypothèse qu’un traumatisme sexuel réel subi pendant l’enfance ne joue souvent qu’un rôle déclencheur, au terme d’un processus impliquant d’autres facteurs, parmi lesquels figurent par exemple l’abandon précoce par le père, les pertes traumatiques précoces, le manque de supervision et d’encadrement, la cohabitation avec des enfants plus jeunes (et vulnérables), l’accès à du matériel pornographique, etc.

Lorsque les premières relations parents-enfants ont été difficiles, que la présence paternelle a été insuffisante, que les pertes ont été nombreuses, que l’enfant a été exposé à la violence, il existe un grand nombre d’issues possibles : décrochage scolaire, toxicomanie, violence et autres formes de passage à l’acte. Il arrive d’ailleurs très souvent que des sujets manifestent un polymorphisme des symptômes et conduites.

Rappelons que Flavigny a regroupé un ensemble de conduites sous l’appellation « d’organisation psychique intermédiaire avec expression comportementale » pour traduire le fait qu’à l’adolescence, les limites diagnostiques entre les différents troubles de l’agir sont difficilesà établir. Dans ces conditions, le trauma sexuel subi par le futur auteur d’agressions risque de raviver des angoisses plus anciennes et des sentiments de perte de sécurité intérieure. L’érotisation précoce tendrait à colmater une brèche impossible à reconnaître et à combler, liée à l’insuffisance ou l’instabilité de l’investissement maternel ou paternel.

D’autres facteurs, plus subtils qu’un événement traumatique repérable, pourraient d’ailleurs contribuer à cette érotisation précoce et défensive des liens. En effet, en l’absence de toute agression réelle, l’on peut se demander ce qu’il en est des climats familiaux excitants ou intrusifs, des liaisons extraconjugales des parents au vu et au su des enfants, des agressions sexuelles du père sur l’une des soeurs de l’enfant ou des agressions sexuelles commises par les frères aînés.

39
Q

La transmission peut aussi être en lien à une défaillance de la fonction paternelle dans la famille. Comment?

A

Un deuxième mode de transmission familiale aliénante s’articule autour des aléas du processus d’identification aux figures paternelles et masculines dans la constellation familiale. Pour Lemay , l’absence d’un parent peut avoir des répercussions sérieuses sur le développement de l’enfant, surtout si ce parent est du même sexe que l’enfant (donc absence du père pour le garçon).

Ce trouble d’identification sexuée n’a pas toujours pour cause essentielle l’absence réelle de l’un ou l’autre des parents. En effet, un enfant se révèle parfois capable de s’identifier et d’intérioriser l’image d’un père disparu, si le souvenir ce celui-ci est entretenu par la famille, les grands-parents, la mère en particulier.

Voici quelques situations qui nous paraissent typiques :

  1. L’adolescent ne parvient pas à consolider son identité masculine parce que la figure maternelle est menacée par le mouvement conduisant à la figure paternelle. Dans cette éventualité, tout se passe comme si l’un des parents ne supportait pas que l’adolescent puisse s’éloigner et se tourner vers l’autre image du couple. Ainsi, il arrive que pour une mère, les mouvements du fils vers le père soient ressentis comme des abandons possibles et des trahisons dirigées contre elle.
  2. Le même processus peut se retrouver de manière bidirectionnelle, chez un couple profondément détérioré dans sa relation conjugale. Chaque parent risque alors de fixer toute son affection sur l’un des enfants, généralement sur l’enfant de sexe opposé. Une double relation binaire garçon mère, fille-père, se trouve alors instituée au sein de la famille. L’enfant se trouve à nouveau captif du giron maternel, chaque parent craignant de perdre son enfant privilégié dès que le processus normal de séparation et d’identification sexuée s’amorce.
  3. Une mère trompée ou abandonnée peut entretenir dans son discours l’image dévalorisée d’un père investi de haine et très « présent » malgré son absence réelle. Lorsque le fruit d’une telle union est un garçon, il risque d’être vécu comme le prolongement direct du père. Ces sentiments conduisent souvent la mère à écarter inconsciemment de son fils toute image masculine et à redouter toute expression virile qui rappelle de manière insupportable la situation primitive.
  4. L’adolescent peut craindre, détester ou refuser de s’identifier au père qui reste physiquement présent dans la famille. Un père criard, brutal ou dénigrant représente pour le fils une image menaçante. Le refus de s’identifier à cette image inquiétante risque d’être d’autant plus marqué que l’autre parent, malheureux dans sa relation conjugale cherche auprès de l’adolescent des satisfactions affectives qui lui sont interdites dans le couple. Ainsi, un adolescent de 17 ans, qui a agressé d’une fillette de neuf ans, considère avoir entretenu avec sa mère des rapports harmonieux. En revanche, il a souvent eu peur de son père, père qu’il a souvent trouvé violent, intolérant et autoritaire. Monsieur est un ancien gardien de prison et son fils le présente comme un homme conservateur, qui serait porté à éduquer ses enfants en fonction de l’éducation brutale qu’il aurait lui-même reçue. Le patient se souvient de ses parents qui se disputaient souvent à propos de discipline, la mère se faisant alors ouvertement l’alliée de son fils. Le jeune homme a vu ses parents se séparer lorsqu’il était âgé de 13 ans. À ce moment, le père entretenait depuis six mois une relation avec une jeune femme de 24 ans, faisant preuve d’un manque de discrétion et d’empathie pour sa famille en partant presque tous les soirs pour ne rentrer que le lendemain.
  5. L’interdiction de s’identifier et de se rapprocher est posée par la figure paternelle. Un adolescent peut être entravé dans le processus d’identification sexuée par un père qui ne supporte pas, pour des causes diverses, le mouvement de l’adolescent vers lui. Le refus de servir de modèle d’identification se retrouve chez certains parents qui ressentent les mouvements affectueux à leur égard comme des expressions d’amour interdit. Il peut s’agir, par exemple, de personnalités réprimant des tendances incestueuses homosexuelles. Telle est la situation de cet adolescent de 14 ans, auteur de l’agression violente d’une fillette de cinq ans, qui a vu ses parents se séparer lorsqu’il avait deux ans. Il est toujours demeuré sous la garde de sa mère, le père ayant rapidement déménagé dans une autre ville. Le fils a maintenu un lien avec son père, le visitant environ une fois tous les deux mois, mais il le décrit aujourd’hui comme très froid et distant. La mère est amère par rapport à son ex-mari, qu’elle présente comme un homme autoritaire, méprisant et peu généreux malgré sa fortune personnelle. Madame nous révèle sur le ton du secret que monsieur est homosexuel et qu’il l’a caché à ses enfants jusqu’à tout récemment.

Dans tous ces cas de figure, le lien à la figure maternelle est hypertrophié. Si l’adolescent risque de demeurer collé à sa mère, la crainte de la femme comme objet sexuel est néanmoins manifeste. Il est fréquent qu’existent alors des tendances homosexuelles plus ou moins latentes, une hypersensibilité aux refus dans les jeux de séduction hétérosexuelle, ainsi qu’une agressivité sourde dirigée contre les femmes. Ces réactions hostiles semblent avoir une double signification, traduisant un désir d’indépendance ou d’affirmation maladroite d’une masculinité qui n’a jamais pu s’exprimer et révélant l’état de manque de l’adolescent qui perçoit confusément sa position marginale et l’absence de l’image paternelle.

La transmission opère ici dans le fait que l’un des parents supporte mal de retrouver certains traits chez son fils, traits associés au masculin. Plus un père a échoué avec les femmes, plus il désire que son fils prenne la relève. Plus une mère est déçue de l’infidélité et du manque de maturité de son conjoint, plus elle est incapable d’admettre de tels comportements infantiles ou macho de son fils. Plusieurs des parents que nous avons rencontrés nous ont dit avoir bien pris soin de ne pas inculquer à leur fils (devenu agresseur) des attitudes sexistes, dominatrices ou misogynes. Les choses se passent comme si les parents avaient été sollicités trop directement par le sexe masculin de leur adolescent, sexe qui en faisait un agresseur potentiel devant être éduqué avec prudence. Un enfant à « manipuler avec soin ».

40
Q

Un troisième mode de transmission repose sur la présence dans l’entourage de figures sociopates. En quoi consiste ce model?

A

Le troisième mode de transmission ici proposé repose sur la présence, dans l’entourage de l’adolescent, de plusieurs figures d’identification séductrices, en collusion les unes avec les autres. Lemay nomme ce phénomène «sociopathie».

Si l’adolescent vit dans un milieu où la manière d’être des parents se révèle déphasée et insolite par rapport à la collectivité, il peut être exposé à des attitudes, conduites et fantasmes pervers exempts de toute culpabilité. Nudité devant des enfants d’âge avancé, douches prises ensembles ou visionnement de films pornos ne sont alors que le début d’un continuum pouvant mener aux attouchements, fellations et aux relations sexuelles en bonne et due forme.

Ainsi, cet adolescent de 16 ans qui nous a été amené en consultation externe à la suite du dévoilement de relations incestueuses entre lui et sa soeur jumelle. Ce jeune homme a bénéficié d’une grande liberté chez ses parents, ayant des revues et films pornos sous la main depuis l’âge de sept ans. Il était par ailleurs fort bien informé des aventures extraconjugales qu’auraient connues ses deux parents. Il a été lui-même sexuellement agressé par deux adultes différents : à l’âge de neuf ans, il a été agressé par un voisin, ami de la famille (fellations réciproques dans une voiture), quatre ans plus tard, il a entretenu une relation de quelques mois avec le frère de sa mère (attouchements et fellations réciproques).

Ces situations sont rares, mais non exceptionnelles. Il existe partout de ces îlots aux valeurs incestueuses émanant directement des parents et de la famille élargie. Sur une toile de fond relativement fusionnelle et indifférenciée, l’expression anarchique de la sexualité s’accompagne alors d’une incapacité à intégrer un travail professionnel stable, d’un refus de l’effort soutenu, de liens sous le signe du rapport de forces, de valorisation du plaisir immédiat et de méfiance à l’égard de tout adulte extérieur à l’environnement habituel.

41
Q

Un autre mode de transmission est «en creux», quand le sexuel brille par son absence. Qu’est-ce que cela veut dire?

A

Le problème ici posé est clairement illustré par la situation de Kevin. Il s’agit de la question du non-dit, du non su et néanmoins transmis. Le père ou la mère cache à son fils un fait bien précis, qui le concerne lui ou elle, ou qui concerne son propre père ou sa propre mère. Le parent sait et ne dit rien. Le fils ne sait rien, mais il semble avoir un pressentiment. Puis il passe à l’acte. Y a-t-il un lien? Certains le croient.

Fraiberg ainsi qu’Abraham et Torok, par exemple, se sont attachés à décrire la construction fantasmatique par laquelle les parents prédéterminent l’identité qu’ils assigneront à l’enfant, l’inscrivant dans la généalogie de la famille et fondant ainsi les rudiments d’identifications précoces et inconscientes. Choix du prénom, conviction de lui trouver des ressemblances avec telle ou telle personne et projections de « fantômes » sur l’enfant, c’est ainsi que les parents relient l’enfant à eux, aux grands-parents et l’inscrivent dans une véritable « généalogie psychique ».

Pour Cournut, la transmission intergénérationnelle inconsciente est induite pas tant par le désir de transmettre que par des exigences qui dépassent le sujet. La transmission serait forcée et aliénante, comme si le message expulsé par une génération venait hanter la suivante. Un événement historique, daté, mais secret ou oublié aurait ainsi des effets bien vivaces chez les enfants de la génération suivante.

Ces hypothèses théorico-cliniques viennent dessiner les contours d’une transmission « en creux », opérant via un secret, une lacune ou un manque. En de tels cas, le message réside dans l’absence de message, dans ce qui ne s’est pas dit, ni même représenté. Ce « trou » n’en serait pas moins agissant, exerçant sur la génération suivante une étrange fascination au point d’aimanter ses constructions fantasmatiques. Ce modèle nous conduit à représenter la répétition comme une construction polarisée par une sorte « d’attraction étrange ». Tel est le secret, dont on peut dire qu’il définit ce qui brille par son absence. Difficile de ne pas évoquer les idées de Laplanche sur les signifiants énigmatiques que l’adulte enverrait à l’enfant.

Dans les Nouveaux Fondements pour la psychanalyse, Laplanche écrit que l’adulte propose à l’enfant des signifiants non verbaux, verbaux, voire des comportements, tous imprégnés de signification sexuelle inconsciente. Ces signifiants sont pour l’enfant énigmatique et deviennent la source d’un obscur questionnement et d’une intense curiosité.

Ce quatrième et dernier modèle de transmission aliénante pourrait, selon nous, éclairer un peu ces étranges coïncidences et phénomènes de chassé-croisé où une mère ayant été agressée dans son enfance choisit de parler précisément au moment où le fils passe à l’acte. Se pourrait-il que le passage à l’acte agressif de « deuxième génération » soit un moment critique dans la vie familiale qui, dans le pire des cas, mobilise d’importantes défenses pouvant se rendre jusqu’au déni tandis que, dans le meilleur des cas, il réanime l’activité de représentation non seulement de l’adolescent, mais aussi de parents jusque-là silencieux?

Dans ces quelques lignes, nous avons tenté de définir une problématique, celle de l’agression sexuelle de « deuxième génération », et proposé ce qui pourrait être quatre modèles de transmission familiale aliénante intervenant dans le champ de la délinquance sexuelle juvénile.

42
Q

Y a-t-il vraiment plus de comorbidité chez les AAS que chez les autres délinquants?

A

Environ 9-13% des adolescent entre 9-17 ans montrent des signes et sx de troubles psychiatriques qui ont entrainer une détérioration significative du fonctionnement.

Cette prévalence s’élève à 27% chez les jeunes connus du système de justice. Les jeunes étant dans une institution pour jeunes délinquants ont une prévalence entre 58-69%.

En ce qui concerne les AAS, le taux de prévalence d’ATCD psychiatrique oscille entre 70-87%! Le taux est entre 40-50% si on exclu les problèmes de comportements et d’abus de substance.

Les troubles les plus répertorié chez les AAS sont:

  • trouble de la conduite (45-94%)
  • trouble de l’humeur (35-82%)
  • trouble d’anxiété (30-55%)
  • abus de substance (20-50%)
  • TDAH (10-55%)
  • TSPT (12%)
43
Q

Quels sont les syndromes neurocognitifs qu’on retrouve le plus chez les AAS?

A

1. Retard mental et intelligence lente

Il se définit comme un fonctionnement intellectuel général défini par un QI < 70, un début avant l’âge de 18 ans, et la présence de déficits et d’altérations du fonctionnement adaptatif.

De façon générale, ces jeunes ont souvent vécu plusieurs situations d’échecs; et ils présentent de faibles habiletés sociales.

Les individus ayant un QI limite ou faible ne sont pas plus à risque de commettre des abus sexuels. Toutefois, ceux qui ont expérimenté la sexualité d’une façon ou d’une autre ne disposent pas tjrs de capacités intellectuelles leur permettant de connaitre les facteurs impliqués dans leurs décisions.

2. Les troubles envahissants du développement

Ils se caractérisent par un fonctionnement anormal de l’interaction sociale et de la communication, ainsi que par un répertoire très restreint d’activités et d’inrérêts, qui s’exercent sur un mode répétitif et stéréotypé. On voit ici surtout des troubles autistiques.

Les AAS ont ici surtout un déficit important des habiletés sociales, de composantes émotionnelles et sociales des relations et de l’habileté à reconnaitre et comprendre le point de vue des autres, leur manière de penser et de percevoir le monde.

À l’adolescence, ils peuvent vivre des frustrations dans leur tentatives de contact avec les autres, parce qu’ils sont tenus à l’écart. L’agression peut alors être “déclenchée” par l’isolement social et un sentiment d’inaptitude.

Ces jeunes, étant plus préoccupé par leurs propres intérêt peuvent présenter un fort risque de récidive, encore plus s’il y a eu des circonstances ou expériences qui ont sexualisé l’adolescent, ce qui peut avoir engendré des préoccupation sexuelles persistantes.

3. Le trouble déficitaire de l’attention

C’est un mode de fonctionnement persistant d’inattention avec ou sans hyperactivité/impulsivité. Les sx interfèrent avec un fonctionnement social, scolaire ou professionnel. L’impulsivité peut pousser les jeunes à avoir des accidents par négligence, ou à prendre des risques sans se soucier des conséquences, elle facilite donc le passage à l’acte.

Près de 20% des enfants ayant un syndrome de Gilles de la Tourette sévère ou accompagné d’un TDAH auraient des comportements exhibitionnistes (vs 8% ds pop général)

La prévalence de TDA(H) chez les AAS est entre 35-77%.

44
Q

Quels sont les syndromes externalisés qu’on retrouve le plus chez les AAS?

A

1. Trouble de la conduite et désordre oppositionnel

Émergence dans l’enfance ou adolescence d’un patron comportemental persistant, répétitif et autonome comportant l’expression de l’agressivité envers des personnes, animaux, des dommages aux biens d’autrui et la transgresssion sérieuse de règles ou de normes sociales.

La prévalence est estimée de 50-80% chez les adolescents délinquants (pas juste sexuels).

L’âge au premier délit et la présence d’ATCD délictueux constituent des variables prédictives de la récidive. La présence comorbide d’un trouble de la conduite, de traits antisociaux et d’abus de substance est fréquente chez les AAS, particulièrement les adolescent ayant abusé de pairs ou de femmes plus âgées.

2. Les paraphilies et les comportements sexuels déviants

On ne peut pas poser de dx de pédophilie avant l’âge de 16 ans (avec différence de 5 ans entre les deux individus). La plupart des AAS ont plus d’une paraphilie. Toutefois, le cumul de celles-ci n’assombrit pas proportionnellement le pronostic.

45
Q

Quels sont les syndromes internalisés qu’on voit le plus souvent chez les AAS?

A

1. Les désordres affectifs et anxieux

Comme la maladie affective-bipolaire, la dépression, la dysthymie, l’état de stress post-traumatique et la phobie sociale.

Selon des études, les jeunes AAS auraient vécu 2-5 x plus de traumatismes que les autres adolescents hospitalisés en psychiatrie. Toutefois, le trouble de stress post-traumatique est clairement surdiagnostiqué en pédiatrie.

2. Les troubles de la pensée

Ils sont plutôt rare chez les jeunes délinquants, mais si présents doivent être identifiés et traités. Chez les délinquants, une forte proportion des psychoses sont induites par des substances toxiques.

Les désordres de types dissociatifs sont plus fréquents et se présentent par de l’amnésie ou des pertes de mémoire, de la dépersonnalisation et de la déréalisation. Des études ont montré que 14.3% des AAS répondaient au trouble de dissociation du DSM-V (vs 4.2% des adolescents hospitalisés en psychiatrie). Les abuseurs qui présentent de la dissociation ont vécu davantage de violence physique. Il a été démontré que le trauma est un élément essentiel, mais non suffisant pour développer des comportements dissociatifs. Une intelligence lente est également facteur de risque.

46
Q

Quels sont les syndromes liés aux relations qu’on voit le plus souvent chez les AAS?

A

1. Les troubles de l’attachement

2. Les troubles de personnalité

On considère encore qu’on ne peut pas poser un dx de ce trouble aux adolescents, car on conçoit l’adolescent comme un adulte en devenir qui n’a pas une personnalité suffisamment définie et stable.

Le trouble de personnalité antisociale est clairement présent chez certains adolescents, bien qu’on ne puisse le diagnostiquer qu’à leur 18 ans. On verrait une plus grande prévalence de troubles de personnalité du cluster B (personnalité dramatique) et C (personnalité anxieuse).

La comorbidité possible de la délinquance sexuelle aux troubles de la personnalité est préoccupante, surtout les aspects impliquant de l’égocentrisme et une nature antisociale.

Les syndromes cliniques atypiques

On verra chez plusieurs jeunes des sx de critères diagnostiques de tels ou tel trouble, mais sans que l’on puisse dégager un dx principal franc.

47
Q

Qu’est-ce qui fait que les adolescents ayant vécu dans des environnements instables et traumatiques privilégient l’agir sexuel comme solution pathologique à leurs conflits?

A

Le facteur décisif dans l’apparition de la délinquance sexuelle doit provenir de la conjonction ou de l’intrication de plusieurs vulnérabilités.

Lafortune avance l’hypothèse que le traumatisme sexuel réel subi durant l’enfant ne joue qu’un rôle déclencheur, au terme d’un processus impliquant d’autres facteurs :

  • abandon précoce du père,
  • les pertes traumatiques précoces,
  • le manque de supervision et d’encadrement,
  • la cohabitation avec des enfants plus jeunes et vulnérables,
  • l’accès à du matériel pornographique.

Organisation psychique intermédiaire avec expression comportementale (Flavigny)

  • Le trauma sexuel subi par le futur auteur d’agression sexuelle risque de raviver des angoisses plus anciennes et des sentiments de perte de sécurité intérieure.
  • L’érotisation précoce tendrait à colmater une brèche impossible à reconnaître et à combler, liée à l’insuffisance ou l’instabilité de l’investissement parental (père ou mère).

En l’absence de toute agression réelle, on peut se demander ce qu’il en est :

  • Des climats familiaux excitants et intrusifs
  • Des liaisons extra maritales des parents au vue et au su des enfants
  • Des agressions sexuelles du père sur l’une des sœurs de l’enfant
  • Des agressions sexuelles commises par les frères aînés.