Parole et action Flashcards
Quand dire c’est faire, John Austin
Parole peut équivaloir à un geste
↳ Situations particulières : parler transforme la réalité par effectivité d’un acte
▪ Discours performatif : constitué par un signe linguistique (énoncé, phrase, verbe,) possède la faculté de réaliser lui-même ce qu’il énonce
Exemple :
∙ Promesse - énoncé performatif : dire « je promets » suffit à donner naissance à une promesse. Le philosophe anglais John Langshaw Austin montre dans
∙ Institutions : recours à ce genre de phrases pour produire du droit, en vertu de quoi un acte de langage peut donc équivaloir à un acte juridique : Mariage scellé en prononçant la phrase « Je vous déclare mari et femme ». : ce faisant, le maire constitue les fiancés comme mari et femme, ceux ci passent de l’état de fiancés à celui de marié, c’est-à-dire que la réalité a été modifié par le rôle
∙ Assemblée nationale ouvre la séance en la déclarant ouverte.
Le queuillisme, du nom du ministre Henri Queuille
▪ Parole peut être facteur d’inaction : Parole facile et mielleuse ⇒ son propre épanouissement comme seule finalité ⇒ substitution à l’action
Expression : « s’écouter parler » alors que l’auditeur souhaite la fin du discours, comme le préconise un proverbe togolais, « qu’ils aient pitié de ceux qui les écoutent »
↳ Interminables discours de Fidel Castro + longs débats parlementaires.
▪ Pour l’Auditeur : Profusion de Parole = signe de stérilité du geste
Exemple : Naissance Vème République française :
∙ Recherche de remède au « Queuillisme », du nom d’Henri Cueille - symbole inefficacité et discrédit de la IVème République. Quelle résume passivité de l’époque d’une formule lapidaire : « Il n’est aucun problème assez urgent en politique qu’une absence de décision en puisse résoudre. »
↳ Joutes verbales des partis coupables selon de Gaulle de l’apathie général du système politique ⇒ protection du décideur suprême de la versatilité parlementaire ⇒ rétablissement équilibre entre la délibération et l’action.
Essais de linguistique générale, Roman Jakobson
Parole = Action de communication : Parole crée/interrompt/maintien lien avec interlocuteur
▪ Roman Jakobson - Essais de linguistique générale : fonction « phatique » (du grec phatikos : « discursif ») de la parole - capacité à mobiliser l’attention tout au long de la conversation pour confirmer la transmission physique du message
▪ Peut donner lieu à échange profus de formules ritualisées, voire dialogues entiers dont seul but est de prolonger la conversation
↳Seule compte la relation entre deux individus, suscitée et entretenue par la parole elle même
▪ Autres fonctions de la parole :
∙ Expressive - expression des sentiments
∙ Conative - message pour influencer le récepteur)
∙ Métalinguistique - message renvoie à lui-même
∙ Référentielle - message renvoie au monde extérieur
∙ Poétique - Forme prime sur Contenue
⇒ Diversité de fonctions la parole constitue action de communication à part entière.
Le serment du Jeu de paume, Jacques-Louis David
Parole peut avoir Valeur d’Engagement - fait naître obligation morale voire juridique, entre deux interlocuteurs
▪ Convention mise en place par Emetteur et Récepteur
Jacques-Louis David dans tableau inachevé Le Serment du Jeu de paume : illustre dimension sacrée des serments collectifs pendant la Révolution Française
↳ ∙ Peinture représente la réunion du tiers état en assemblée, le 20 juin 1789, dans la salle du Jeu de paume, pour contourner la fermeture par Louis XVI de la salle des députés. Ces derniers y prêtèrent serment de ne jamais se séparer avant d’avoir rédigé une Constitution - événement fondateur de la Révolution.
∙ Regroupées sur la composition au delà d’une ligne fictive comme sur la scène d’un théâtre, leurs représentations donnent au public l’illusion d’appartenir à l’autre moitié (invisible) des spectateurs de la scène. Tous les regards convergent vers le personnage central, Bailly, maire de Paris. Monté sur une table, il lève la main droite en lisant le serment, une gestuelle visant à renforcer la portée exceptionnelle de la parole
∙ La théâtralité de la scène et la ferveur collective confèrent au serment du Jeu de paume la force symbolique de l’engagement de la nation dans son unité indestructible. Ainsi, les circonstances peuvent donner à la parole valeur d’engagement.
La République, Platon
Parole ne suit pas nécessairement l’action à laquelle elle engage
▪ Par la Parole, Homme étend la sphère du possible - donne à voir, à rêver, décrit les accomplissements futurs avec le plus grand réalisme, comme s’ils étaient déjà là
▪ Cependant répugne aux actes lieu de difficulté et d’effort.
Figure emblématique : Homme politique démocratique
↳ Dépend de l’assentiment du peuple ⇒ conquérir foule par éloquence et promesses.
▪ Platon - la République : Démocratie étend le domaine de la Démagogie :
∙ Parole politique pour flatter bas instincts du peuple, soumis à apparence + préjugé + passion
∙ Démagogue = Sophiste - expert dans la connaissance de l’apparence
∙ Soumis à la masse, Démocratie rend impossible toute parole évoquant juste les actes relevant du souhaitable et du possible (à l’inverse : concurrence donne lieu à surenchère de promesse)
La Genèse, La Bible
Parole : faculté de création
▪ Acte Créateur de la Parole : Modification de réalité (naissance à de nouveaux êtres-mondes),
La Genèse présente par exemple le monde des gommes comme une création verbales (La Bible) Dieu est directement assimilé au « Verbe » parce qu’il a crée le monde par la parole : « Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut ». la lumière, le firmament, les eaux, la végétation, les luminaires, les êtres vivants, etc. sont ainsi successivement créés par le même ordre divin ; puis ils sont nommées : « Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. ». Alors que l’homme, lui crée forcément à partir de la matière préexistante, grâce à ses mains ou à des outils Le Dieu de l’Ancien Testament crée le monde ex nihilo ; il lui suffit de « dire » une chose pour la faire exister. Il s’agit néanmoins là d’un anthropomorphisme (le Dieu biblique n’a ni bouche, ni voix, ni ne parle une langue particulière) dont le sens est que la volonté divine est créatrice. Le monde n’existerait que par la simple volonté de Dieu. La parole est donc parfois conçue comme le canal symbolique de la création divine.
Fragments d’un discours amoureux, Roland Barthes
▪ Parole convient à la concrétisation des Sentiments
↳ Primordiale en Amour
Si la conversation est un aspect fondamental de la relation sentimentale elle-même, l’amour est aussi l’objet des paroles extérieures, celles qui ne servent pas à véhiculer le sentiment ; il est en effet probablement le thème le plus rebattu de la littérature, de la musique, voire de l’art en général. Ainsi, comme l’affirme
▪ Roland Barthes : l’amour paraît inséparable du discours de l’amour (Fragments d’un discours amoureux). Il s’agit tout d’abord d’un discours intérieur : l’amoureux spécule sans fin, sans soumettre ses spéculations à la raison ni à la réalité. Il « ne cesse en effet de courir dans sa tête, d’entreprendre de nouvelles démarches et d’intriguer contre lui même. Son discours n’existe jamais que par bouffées de langage, qui lui viennent au gré de circonstance infimes, aléatoires ». Alors qu’il croit éprouver un sentiment unique et inédit, il vit en réalité une expérience on en peut plus universelle, qui passe par des figures imposées de la parole, où la passion se raconte, se déclame, se questionne, De fait, la folie de l’amour et la logique chaotique des sentiments se concrétisent toujours à travers le discours, montre le sémiologue. Dans cette optique, aimer demande donc de parler, sans quoi l’on n’aiment vraiment, ou mal.
