La conviction Flashcards
Discours du 2 septembre 1792, Danton
▪ Eloquence = Catalyseur
↳ Galvanise Auditoire + apporte enthousiasme foi facteur de succès
▪ Danton, ministre Justice au Conseil exécutif de 1792, initiateur de la défense nationale contre l’Autriche pendant la Révolution française :
∙ 2 septembre 1792 : Paris paniquée car arrivée Armée Autrichienne
∙ Harangue brève et énergique de Danton à l’Assemblée : « Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
∙ Commune : Appel des citoyens aux armes, convoqués au Champ-de-Mars
↳ 20 septembre : Victoire de Valmy : Fin de l’Invasion du Territoire
Véritable incarnation d’éloquence, comme le montre la statue D’augustin Paris du métro Odéon, qui le dépeint debout, le geste ample et le regard braqué sur l’horizon (symbole de la vision exprimée par le discours), Danton a donné la preuve que la parole éloquente peut être un puissant adjuvant.
Un homme dans la foule - Film
Elia Kazan
▪ Eloquence dangereuse : parole doté d’un certain pouvoir sur auditoire notamment
▪ Parleur Habile contrôle la foule par Emotion, Désirs, Pulsions des individus - effet de contagion
↳Débusque Identité Collective qui annule Rationalité Individuelle
▪ Elia Kazan - Un homme dans la foule : « dangerosité » de l’éloquence amplifiée par les médias de masse :
∙ Larry Rhodes - détenu qui s’exprime à la radio contre remise de peine - avec éloquence exceptionnelle ⇒ Repérage par Producteurs TV ⇒ Grande Célébrité
∙ Mais Rhodes est égocentrique + vaniteux malgré sympathie qu’il affiche pour son public
∙ En réalité, méprise public + collaborateurs, se croit capable de manipuler quiconque
∙ Attire attention Hommes Politiques : Moyen de séduire l’électorat
⇒ Médias de masse permet à Eloquence de toucher foules et de modeler Opinion Publique en fonction de buts inavouables qui ne relèvent pas toujours du Bien Commun
De l’Orateur, Cicéron
L’éloquence peut apparaître comme l’expression authentique de l’intelligence humaine. Parfois décriée, dans les sociétés contemporaines, comme l’apanage du manipulateur et du démagogue, elle ne serait toutefois pas indépendante de qualités d’esprit vertueuses. Dans cette perspective, elle présupposerait une certaine relation entre le fond et la forme : être éloquent requerrait par exemple de la culture et de l’intelligence, c’est à dire une certaine compréhension des problèmes humains. Pour Cicéron, « Personne ne saurait devenir un orateur accompli, s’il ne possède tout ce que l’esprit humain a conçu de grand et d’élevé » (De l’Orateur). Dès lors, les véritables orateurs seraient rares, et ils sont probablement à chercher parmi les hommes qui occupent les plus hautes fonctions et qui ont reçu une éducation approfondie élitiste. En effet, « c’est tout l’ensemble de connaissances que possèdent les hommes les plus instruits… qui constitue l’éloquence », définit le magistrat romain. Dès lors, la véritable éloquence ignore la rhétorique, car elle trouve sa puissance dans la profondeur du savoir pour exprimer la raison, laquelle se viderait de son sens sans elle. D’un point de vue politique, l’éloquence ne doit donc pas être vue comme l’instrument du démagogue, la catalyseur de la bêtise du peuple, mais au contraire comme utilisé à la Cité – tout particulièrement démocratique – où elle permet au débat de mettre en évidence les directions possibles du destin collectif.
Les Fausses Confidences, Marivaux
La parole apparaît comme un instrument de manipulation très puissant de l’interlocuteur. En effet, tout acte de communication peut s’interpréter comme un rapport fiduciaire, dans la mesure où il repose sur la nécessité de croire à la parole d’autrui. La parole présuppose donc une relation de confiance entre le locuteur et son destinataire, une dimension qui renvoie à l’extrême complexité des rapports entre l’être et le paraître C’est dans cette perspective que le critique littéraire Jean Rousset écrit à propos des Fausses Confidences de Marivaux : « Le masque par excellence, c’est la parole ». Dans cette pièce, ainsi le mécanisme de la fausse confidence fait la parole le cheval du paraître. C’est tout particulièrement Dubois, chargé par son ancien maître Dorante de conquérir pour lui la riche veuve Araminte, qui prend bien soin de mettre en scène, de manière calculée, ses révélations, d’employer la curiosité, la jalousie et l’amour-propre de son interlocutrice pour parvenir à ses fins. Si le dramaturge dépeint cet exercice du pouvoir du langage sous l’apparence d’un jeu, celui-ci n’est pourtant pas dénué d’une certaine ambiguïté. Jean Rousset voit là un « double registre » propre aux personnages marivaudiens, lesquels fonctionnent selon deux niveaux de réalité, celui du paraître (qui les conduit à endosser un masque) et celui de l’être (la vérité du cœur, au delà des apparences). La parole incarne donc ici plus précisément l’insécable fusion, en l’homme, de la rouerie et de la sincérité, de l’abandon et du calcul.
Le Corbeau et le Renard, La Fontaine
La maîtrise de la parole peut se révéler bénéfique. Le parleur développe en effet la faculté d’amener autrui à lui procurer des avantages. Bien maniée, la parole est effectivement un instrument, une arme ; elle confère un pouvoir sur celui qui écoute, qui est par exemple susceptible de «boire les paroles » et de « croire sur parole ». Le beau parleur est donc naturellement tenté d’exploiter la fébrilité de l’auditeur sous l’emprise de son charisme oratoire – la parole est assurément un aspect de la domination charismatique au sens de Max Weber. La fable Le Corbeau et le Renard de la Fontaine illustre bien ce phénomène. Alléché par le fromage, Maître Renard adresse à Maître Corbeau une parole intéressée, caricaturalement louangeuse : « Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! », et l’efficacité de sa flatterie lui épargne de chercher lui même sa nourriture, sa « proie » tombant à ses pieds. Ainsi, la parole a le pouvoir de satisfaire le besoin de reconnaissance de l’homme, permettant au sophiste d’en tirer profit. « Apprenez que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute » conclut Maître Renard. Sûr de son pouvoir de persuasion, le bon flatteur essaie en effet systématiquement d’activer la générosité naïve de ses interlocuteurs. Sa maîtrise de la parole peut donc lui être très bénéfique.
Jacques Pilhan, le sorcier de l’Élysée, François Bazin
La conviction semble reposer sur la justesse de la parole. Pour avoir un effet et atteindre leur objectif, les mots devraient donc être le produit d’un calcul : leur sens doit avoir été méticuleusement élaboré, les circonstances de leur délivrance (temps, lieu, etc.) anticipées avec soin. Ce travail préparatoire demande notamment de s’appesantir sur la dimension symbolique de la parole, car celle-ci charrie avec elle bien plus que son sens explicité – de l’histoire, de la culture, des préjugés, etc. – autant d’aspects qui mettent en branle toute une mécanique inconsciente chez les destinataires. C’est ainsi que Jacques Pilhan, le fameux conseiller en communication de François Mitterrand, insistait sur la nécessité pour tout homme politique de conformer sa parole à un positionnement symbolique. Il avait par exemple recommandé au quatrième président de la Vème République de se muer en une figure de sagesse. Cette stratégie le placerait sur un axe symbolique vertical, celui de la distance et de l’autorité, tandis que le Premier Ministre occuperait lui un axe horizontal, celui de la proximité. Elle permettrait surtout, en rendant à la parole présidentielle une rareté organisée, de susciter le désir des électeurs. Pour être entendu, pensait Pilhan, il faut être attendu. Une parole efficace est donc avant tout une parole juste, dont les effets ont été calculés avec précision.
Storytelling, Christian Salmon
Parole narrative très efficace
Raconter Histoire : pédagogique - propos plus accessible - argumentatif - cela sensibilise l’auditeur à la dimension humaine et émotionnelle de l’argumentation
Importance du récit pour les liens sociaux dans les contemporaines - Christian Salmon dans Storytelling
Storytelling, « l’art de raconter des histoires », a investi les imaginaires collectifs en devenant la technique de communication des États et des centres de pouvoir économique du capitalisme. Le chercheur identifie cette technique comme une injonction née de l’économie de marché dans les pratiques de marketing, qui s’est ensuite diffusée aux instances de pouvoir et du politique. Cet art du récit n’a pas simplement pour objectif de convaincre le consommateur, ou l’électeur, mais aussi de le plonger dans une histoire dont il pourrait être le héros. Plus profondément, il correspond en fait à la construction consciente de croyances destinées à des individus en manque de repères. En politique, dénonce Salmon, le storytelling sert non seulement à créer une opinion favorable à un candidat, mais plus largement comme arme de ralliement et de soutien aux décisions politiques aux conséquences les plus meurtrières. L’efficacité de cette forme de parole explique l’usage généralisé qui en est fait.