Médecines complémentaires et médecine intégrative Flashcards
Quelle est la popularité des approches complémentaires?
Les approches complémentaires sont de plus en plus appréciées de la population qui les utilise pour différentes raisons : maintenir la santé, amener un bienêtre, mais aussi trouver une solution lorsque la médecine ne donne pas les résultats escomptés.
Pour le médecin, le recours à ces pratiques par les patients peut être difficile à gérer pour plusieurs raisons. La réaction première du praticien en est souvent une de scepticisme concernant l’efficacité et l’innocuité de ces méthodes. Des inquiétudes surviennent aussi quant à l’exploitation de l’espoir de guérir chez des personnes gravement malades et à l’abandon de traitements nécessaires.
Cette réserve du corps médical par rapport à certaines approches parallèles peut mettre les patients mal à l’aise. Par conséquent, ces derniers ne diront pas toujours à leur médecin qu’ils y ont recours. Pour accepter d’en parler, ils doivent sentir que le médecin ne les jugera pas. Selon une étude effectuée en 2005 à l’Université McMaster2, 41 % des personnes prenant des produits naturels ne le mentionnent pas à leur médecin. Pourquoi ? Quinze pour cent indiquent que leur médecin ne comprendrait pas et 12 % qu’il n’approuverait pas tandis que 10 % se sentent mal à l’aise d’en discuter avec leur clinicien. Toujours selon la même étude, 70% des patients disent que leur médecin ne leur demande pas s’ils consomment des produits de santé naturels.
Selon un sondage mené auprès de la population sherbrookoise en 2006, environ 80% des répondants avaient déjà utilisé une « médecine alternative » ou complémentaire et 66 % l’avaient fait au cours de la dernière année. Parmi les répondants, 85 % étaient d’avis que leur médecin devrait faire preuve d’ouverture au sujet des approches complémentaires et 96% souhaitaient que ce dernier soit informé sur le sujet.
Devant cette réalité, comment réagir ? La profession médicale doit-elle suivre la tendance et s’informer sur les différentes approches complémentaires? Nous pensons que oui ! Les personnes souhaitent employer tous les moyens à leur disposition pour être en bonne santé. Elles cherchent souvent à combiner les approches complémentaires aux soins médicaux usuels de façon harmonieuse. Pour mieux les conseiller, les médecins doivent donc savoir de quoi il en retourne !
Que sont les approches complémentaires et parallèles ?
Les expressions changent. Dans les décennies 1970 et 1980, on parlait de médecines douces ou d’approches holistiques. Depuis le tournant du millénaire, on utilise souvent le terme «MAC» qui signifie médecines alternatives et complémentaires, une traduction de l’acronyme anglais «CAM» pour complementary and alternative medicine. La dénomination « approches » serait plus appropriée, car ces avenues ne sont pas nécessairement des médecines. De plus, selon le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, le terme « médecine alternative » est fautif, car l’emploi de l’adjectif « alternatif » dans le sens de « qui constitue un choix, une solution de remplacement » est critiqué en français.
L’expression « approches parallèles » serait donc plus exacte pour décrire les pratiques de soins substitutives, donc susceptibles de remplacer une démarche thérapeutique médicale classique. Par approches complémentaires, on privilégie plutôt l’association de traitements dont les philosophies thérapeutiques différentes peuvent agir en synergie dans l’intérêt du malade.
Quant au terme « médecine traditionnelle », il est souvent employé pour parler de la médecine scientifique occidentale. Or, il existe d’autres traditions en médecine que celles de l’Occident : pensons à la médecine traditionnelle chinoise, à la médecine ayurvédique et à la médecine autochtone. Ces dernières sont d’ailleurs beaucoup plus anciennes que la médecine scientifique qui a vu le jour au XVIIe siècle et qui s’est épanouie au XXe siècle. On utilise aussi le terme « médecine conventionnelle », un anglicisme, ou biomédecine pour parler de la médecine occidentale scientifique.
Quant à la médecine intégrée, elle vise entre autres l’harmonisation de la médecine occidentale scientifique et des éléments les plus efficaces des approches complémentaires.
Quelles sont les statistiques d’utilisation des médecines alternatives et complémentaires?
Pour mieux comprendre le phénomène, l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, effectuée en 2003, a cherché à cerner les consultations auprès d’intervenants en médecines douces.
En 1997, 2,4 milliards de dollars ont été dépensés au Canada pour de telles médecines, dont de 200 à 400 millions au Québec. Un sondage, effectué en 2005 auprès de la population canadienne, établit que 71% des Canadiens ont déjà eu recours à un produit de santé naturel, dont 38 % de façon régulière. Les produits les plus utilisés sont les vitamines (57%) et l’échinacée (15 %).
Quelle classification peut être faire des MAC?
Quand on recense les approches complémentaires et parallèles, on constate qu’il en existe une grande variété. En effet, plus de 4000 pratiques ou disciplines ont été répertoriées. Pour s’y retrouver, la classification la plus courante est présentée dans le tableau I. Elle a été élaborée par le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) des États-Unis, une agence des National Institutes of Health (NIH) créée en 1999. Cet organisme subventionne la recherche sur les approches complémentaires et parallèles.
Les sommes accordées sont passées de 48 millions de dollars américains en 1999 à 123 millions en 2005. Les études effectuées ont permis d’obtenir des données probantes sur ces approches. Parmi les approches qui sont présentées dans le tableau I, certaines sont utilisées dans les hôpitaux et sont « près » de la médecine scientifique occidentale, comme la massothérapie, la musicothérapie ou l’emploi de suppléments alimentaires. D’autres en sont plus éloignées. Certaines approches constituent des systèmes complets de soins allant du diagnostic au traitement (comme la médecine traditionnelle chinoise) alors que d’autres sont des modalités de traitement ou de prévention (comme l’utilisation de produits de santé naturels).
Selon Santé Canada, « la plupart des thérapies des approches complémentaires et parallèles en santé ne sont pas conformes au modèle biomédical des soins de santé. Elles reposent plutôt sur des paradigmes de santé et de guérison jugés “hors norme” dans les pays développés. À quoi fait-on référence par “pragmadime de santé hors norme”?
Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, qui s’applique ici à la conception de la santé et de la maladie. Plusieurs des approches complémentaires reposent sur des façons différentes de représenter la maladie.
La classification des différentes approches complémentaires et parallèles est d’ailleurs construite en partie en fonction des différents paradigmes sur lesquels ces dernières reposent : corps, corps-esprit, corps-énergie, corps-spiritualité, selon la description de Tataryn dans un document de Santé Canada. L’auteur y décrit la santé et le bien-être comme un état d’équilibre et de communication entre les différents niveaux : le corps, l’esprit, l’énergie et le spirituel (figure 2).
Quels sont les paradigmes de la médecine scientifique ?
La médecine occidentale scientifique repose principalement sur le paradigme du corps. Elle s’est bâtie sur l’importance accordée aux faits, sur l’exploration de la réalité par des expériences scientifiques. Les premières découvertes médicales sont issues de l’anatomopathologie: en disséquant des corps humains, les médecins du XVIIe siècle ont vu des organes malades. La maladie était alors considérée comme une entité distincte localisée dans le corps et conceptuellement séparée de la personne malade (figure 3a), comme un processus somatique précis associé à une lésion organique.
Dans cette vision plus mécanistique de la maladie, une solution extérieure au problème, comme un médicament ou une opération, permet de revenir à une santé « intacte ». Le modèle biomédical occidental est approprié en présence de problèmes de santé aigus, comme les infections ou les traumatismes. Il permet une représentation simplifiée de la réalité, utile pour guider le diagnostic et le traitement. Toutefois, la réalité est complexe et mouvante. Une perspective globale est nécessaire pour appréhender la nature interactive de la santé. Selon une conception, la maladie provient d’interactions entre le corps et l’environnement. Une telle conception aide à comprendre les maladies associées au mode de vie, comme le diabète ou l’hypertension.
Pour prévenir ou traiter ces maladies, en favorisant l’adoption de saines habitudes de vie, les valeurs du patient et son environnement sont plus importants que le « diagnostic » qu’il a reçu. Les relations entre la personne et son milieu vont influer sur ses comportements et, par conséquent, sur sa santé. Plusieurs approches complémentaires se situent aussi dans cette perspective holistique.
On se situe dans le courant constructiviste selon lequel la réalité n’est pas unique, mais plutôt construite par la personne qui l’observe. Il amène une conception pluraliste de la réalité. Pour chaque être humain, il existe une réalité propre. Les expériences passées, les valeurs et la culture se répercutent sur l’idée que se fait la personne de son existence. La perspective constructiviste aide à comprendre pourquoi le médecin et le patient ont des visions différentes, par exemple, concernant l’observance d’un traitement.
Peut-on harmoniser les approches complémentaires et la médecine scientifique occidentale ?
La différence de paradigmes entre certaines approches complémentaires et la médecine scientifique se traduit souvent par une lutte pour savoir quelle vision est la bonne. Il y a une incompréhension de part et d’autre. Il est aussi possible de s’entendre, malgré le fait que nous n’avons pas la même perspective de la réalité. Nos visions différentes peuvent se compléter pour aider la personne malade à recouvrer la santé.
Ainsi, dans le cabinet du médecin, deux visions de la santé se rencontrent : celle du patient, issue de ses expériences passées et de sa culture, et celle du médecin formé à la pensée scientifique. Comme médecins, nous devons agir de façon objective selon la science médicale et les données probantes. Le paradigme de la médecine occidentale et de l’approche scientifique ne colle pas toujours à l’expérience personnelle et subjective des patients. Est-ce là une explication possible de la popularité des approches complémentaires auprès de la population ?
Quelles sont les responsabilités des médecins face aux MAC?
Devant un patient qui utilise des approches complémentaires ou parallèles, quelle attitude adopter? Quelles sont les responsabilités déontologiques du médecin ?
En 2006, le Collège des médecins du Québec a publié un énoncé de position sur les traitements non reconnus (tableau II), dont plusieurs approches complémentaires ou parallèles font partie. Un des aspects importants présentés dans le document du Collège des médecins du Québec concerne les données probantes.
En effet, pour informer les patients des différents traitements complémentaires existants, de leurs bienfaits, de leurs limites et de leurs risques, il faut les connaître. Les sources d’information habituelles des médecins sont peu élaborées sur les approches complémentaires, et les résultats des études scientifiques sur le sujet sont moins diffusés auprès des médecins que ceux qui traitent des nouveaux médicaments.
Où trouver des données probantes sur les approches complémentaires ?
Plusieurs banques de données incluent des études sur les approches complémentaires. UpToDate comporte des recommandations sur certaines méthodes dont l’efficacité a été prouvée scientifiquement. Notre boîte à outils comporte des références reconnues sur le sujet et s’appuyant sur des données probantes.
On y retrouve des livres, des sites Web et des banques de données pour ordinateur de poche. Pour le grand public, le site québécois www.passeportsante.net offre de l’information en français sur les approches complémentaires: les thérapies, les produits de santé naturels et les aliments fonctionnels. Les informations sont classées en fonction des données probantes.
Ce n’est pas tout de connaître les méthodes complémentaires pour mieux conseiller ses patients. Établir un climat de confiance peut amener le patient à parler librement de son utilisation des approches complémentaires. Comment peut-on créer ce climat de confiance?
Le principal facteur qui incitera ce dernier à mentionner qu’il utilise des produits de santé naturels est une question directe du médecin à ce sujet.
Au cours de l’anamnèse, il est possible d’intégrer certaines questions qui permettront d’ouvrir la discussion: s’informer de l’utilisation de suppléments et de vitamines, des expériences avec les approches complémentaires et des consultations en chiropratique ou en massothérapie, par exemple. D’autres questions sur les préoccupations du patient, ses activités de détente et de loisirs et son mode de gestion du stress amènent une perspective plus large et permettent de discuter des moyens que prend la personne pour rester en santé. S’informer de la conception qu’a le patient de sa santé et de ce qui l’influence permet d’adapter les soins aux besoins de ce dernier. Ce n’est pas plus long ! Le temps investi permet des interventions ciblées et efficaces ainsi qu’une meilleure satisfaction mutuelle.
Que comprend la médecine conventionnelle?
- Médecine occidentale;
- Médecine la plus répandue;
- Système de soins canadien;
- Données probantes uniquement.
Qu’est-ce que la médecine alternative?
- Substitue d’autres voies thérapeutiques à la médecine conventionnelle.
- Moyens thérapeutiques:
- Naturopathie;
- Chiropractique;
- Phytothérapie;
- Herboristerie;
- Homéopathie;
- Aromathérapie.
Qu’est-ce que la médecine complémentaire?
- Usage thérapeutique non conventionnelle.
- Moyens thérapeutiques:
- Acupuncture;
- Tai - chi;
- Yoga;
- Médecine Ayurvédique;
- Médecine Amérindienne;
- Hypnose.
Qu’est-ce que la médecine intégrée?
- Intègre les meilleurs soins de la médecine scientifique occidentale et ceux des approches complémentaires;
- Repose sur des données probantes;
- S’attarde à la prévention et au maintien de la santé;
- Patient comme un être unique et entier;
- Patient est un acteur important;
- Met l’accent sur la relation thérapeutique.
Quelle est la place de la médecine alternative en clinique?
Il y a plus de 400 pratiques de médecines dites alternatives.
- Près de 50% des canadiens atteints de cancer se tourne vers les médecines alternatives.
- 71% des canadiens considèrent que les produits de santé naturels (PSN) sont meilleurs pour eux que les produits chimiques ou les médicaments.
- 70,000 de PSN sont autorisés par Santé Canada depuis 2004.
Pourquoi utilise-t-on les produits naturels?
- Maintenir un bon état de santé (85%)
- Prévention des maladies, fortifier le système immunitaire (79%)
- Souci d’être en bonne santé (76%)
À quoi ressemble la consommation de PSN au Canada?
La Direction des produits de santé naturels (DPSN) est maintenant connue sous le nom Direction des produits de santé naturels et sans ordonnance (DPSNSO) suite à l’élargissement de son mandat afin d’inclure la surveillance des médicaments sans ordonnance et des désinfectants en plus des produits de santé naturels (PSN). Veuillez noter que nous sommes en train de modifier nos documents afin de refléter ce changement.
On voit surtout une utilisation chez:
- Femmes
- Universitaires
- Maladies chroniques
Quel est le niveau de consultation de praticien alternatif selon la scolarité et le sexe?