La politique, l'histoire, la mémoire Flashcards
Rapport Les Questions mémorielles portant sur la colonisation et la Guerre d’Algérie, Benjamin Stora
(remis au président de la Rép. en 2021) : L’historien insiste sur « l’impossible oubli » qui caractérise la décolonisation. Soixante-dix ans après l’indépendance de l’Algérie, les relations avec la France restent tumultueuses. Si, au début de son mandat, Emmanuel Macron affichait une volonté de réconciliation mémorielle – qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » et commandant le rapport Stora –, les tensions diplomatiques ont perduré. Depuis 2021, l’ambassadeur algérien en France a été rappelé trois fois, notamment après des propos du président français évoquant un « système politico-militaire » en Algérie.
L’expression « L’ère de la commémoration » par Pierre Nora
Engouement d’une partie de l’opinion pour la défense et mise en valeur du patrimoine, goût du public pour les émissions historiques, discussion récurrente autour des programmes scolaires, etc. C’est le signe que les sociétés contemporaines, soumises à des changements rapides et sommées en permanence de s’y adapter, craignent de perdre leur passé.
Thucydide, La guerre du Péloponnèse
Il est conduit à réfléchir sur l’enchaînement des causes et des conséquences afin de comprendre la « raison véritable » du conflit. C’est grâce à ce travail de vérité que son ouvrage passera à la postérité. L’histoire est ainsi considérée comme une école de vérité. De fait, il n’a cessé d’être lu et de recevoir des interprétations. Aujourd’hui, ses analyses sont utilisées par les spécialistes pour penser l’antagonisme entre les États-Unis et la Chine.
Destined for war, Graham Allison
l reprend l’analyse de Thucydide, qui lors des guerres du Péloponnèse remarquait que le guerre entre Sparte et Athène était devenue inevitable. À partir du moment où Sparte, puissance dominante, mais en déclin, voulait empêcher d’être dépassée par Athènes, puissance dominée, mais en pleine ascenssion. Il a examiné 16 cas de ce type, 12 d’entre eux ont mené à la guerre. Toutefois, les exemples datent d’une époque où la dissuasion nucléaire n’existait pas.
PGM : Angleterre / Allemagne. L’Angleterre n’a pas voulu accepter la montée en puissance de l’Allemagne, dont le PIB a dépassé le sien en 1910.
États-Unis / Chine : Le fait qu’ils développent de fortes relations commerciales n’est pas suffisant pour évacuer toute perspective de conflit. L’Allemagne et la Grance Bretagne étaient les principaux partenaires réciproques avant la PGM. La Chine pourrait dépasser le PIB américain d’ici une décennie.
Poème « Oublieuse mémoire », Jules Supervielle, 1948
a parfaitement saisi les ambiguïtés de la mémoire. De retour en France après 7 ans passés en Uruguay, il tente de se réhabituer à un monde qui beaucoup changé. Dans cet effort, la mémoire est à la fois une source de douleur et un outil indispensable pour jeter un pont à travers le temps et se construire un avenir.
Dans les pays anglo-saxons, un puissant courant d’opinion affirme sa volonté de « décoloniser l’espace public »
en éliminant tous les symboles, notamment les statues et noms de rues, liés à l’esclavage et à la traite négrière.
En 2020, E. Macron affirme à l’inverse que « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire (…) Elle ne déboulonnera pas de statues ». Au contraire, son objectif semble plutôt d’ajouter de nouveaux symboles aux anciens afin de rassembler les différentes mémoires coexistant dans la communité nationale.
Actualité :
Les dernières personnes panthéonisées :
- Joséphine Baker (2021) : chanteuse et danseuse d’origine américaine. Première femme noire à entrer au Panthéon. Raisons : 1) engagement dans la Résistance pendant la 2GM. 2) Symbole de l’antiracisme, ayant fui la ségrégation aux EU. 3) Une icône culturelle ayant marquée les années folles.
- Missak Manouchian et sa femme (2024). Raisons : 1) Héros de la Résistance. 2) Symbole de l’engagement des étrangers en France. 3) Son exécution et son dernier message.
La débaptisation massive des rues célébrant le prêtre l’abbé Pierre, accusé d’agressions sexuelles.
Les régimes totalitaires asservissent l’histoire pour servir leur idéologie
C’est contre cette volonté d’occultation que s’élève le devoir de mémoire, qui cherche à la fois à priver les criminels de leur victoire posthume et à éviter la réitération de leurs crimes.
La réécriture de l’histoire par l’URSS
Détenteurs de la Vérité, ils ne peuvent jamais se tromper, ce qui les conduit à sans cesse réécrire l’histoire, pour réinterpréter leurs actions et les inscrire dans une continuité fictive. D’où la pratique bien connue de la retouche des photographies en URSS : à mesure qu’ils tombent en disgrâce, les dirigeants sont éliminés physiquement, mais disparaissent aussi rétroactivement. Une plaisanterie qui circulait dans l’Union soviétique des années 1930 affirmait d’ailleurs : « On ne sait jamais de quoi le passé sera fait ». Dans 1984 de George Orwell, le travail de son héros, Winston Smith, fonctionnaire au ministère de la Vérité, est de détruire et de réécrire les documents de telle manière qu’ils correspondent à la ligne du Parti.
Les Naufragés et les rescapés, Primo Lévi, 1986
« L’histoire entière du Reich peut être relue comme une guerre contre la mémoire, une falsification de la mémoire à la Orwell ». Lorsqu’en 1943, le chef des SS Heinrich Himmler évoque lors de son discours la Solution finale, il soutient « C’est une page glorieuse de notre histoire, qui n’a jamais été écrite et qui ne le sera jamais ». Les nazis ont la certitude que l’histoire est écrite par les vainqueurs et comme ils n’imaginent pas perdre la guerre, ils sont persuadés que leurs crimes seront oubliés.
Le devoir de mémoire donne lieu à des manifestations très diverses
Discours de Jacques Chirac en 1995 : lors des commémorations de la Rafle du Vel’d’Hiv qui reconnaît, pour la première fois, la responsabilité de la France dans la déportation des juifs de France.
Mémorial de la Déportation des juifs de France, Serge Klarsfeld, 1978 : où sont recensés, convoi par convoi, les noms, prénoms, dates et lieux de naissance des déportés. Alors que les nazis avaient voulu annihiler leurs victimes sans laisser de traces, un tel document les rétablit dans leur dignité humaine. Comme l’écrit dans L’Irréversible et la nostalgie (1974) V. Jankélévitch, qui a beaucoup travaillé sur ces questions, « celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été ».
Les lois mémorielles visent à accorder une réparation symbolique aux victimes dans l’espace public
Elles ne peuvent se comprendre que dans le contexte de l’après SGM et de l’essor du devoir de mémoire. Avant il existait déjà des textes, mais il s’agissait de textes de commémoration, de célébration ou d’indemnisation qui ne se plaçaient pas sur le plan du jugement historique. Cependant, il convient d’y renoncer pour diverses raisons : (1) elles font surgir des besoins concurrents de reconnaissance exprimés les communautés ; (2) elles sont alimentées par le clientélisme électoral (Lois peu coûteuses apportant de la popularité). (3) Les historiens sont inquiets que le pouvoir politique ne finisse par édicter une version officielle du passé.
Pétition « Liberté pour l’histoire » parue dans le quotidien Libération en 2005
Rappelant que l’histoire n’est ni une religion, ni la morale, ni l’esclave de l’actualité, ni la mémoire, ni un objet juridique. Ses auteurs soulignent que « dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement, ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. » et demandent l’abrogation immédiate de toutes les lois mémorielles.
Le recul de la mémoire individuelle
La prolifération des mémoires électroniques externes, dont la capacité de stockage est illimitée et qu’il est de plus en plus aisé d’interroger, nous dispense de nombreux apprentissages. Le phénomène n’est pas nouveau, dans un passage du Phèdre où il relate le mythe de l’invention de l’écriture par le dieu égyptien Theuth, Platon dénonce cette technique nouvelle, au motif qu’elle risque de faire reculer la mémoire individuelle.
Régimes d’historicité, Présentisme et expérience du temps, François Hartog, 2003
L’individualisme contribue à raccourcir l’horizon temporel et à relativiser les liens qui unissent les différentes générations. Notre société se vit au présent, à la rigueur, elle est tournée vers un futur immédiat que l’on espère meilleur et que l’on redoute pire.
Discours de Zurich, de Churchill en 1946
« La seule leçon à tirer de l’histoire est-elle que l’humanité ne peut rien apprendre ? ». En effet, elle semble répéter toujours les mêmes erreurs. Charles XII de Suède, N. Bonaparte et A. Hitler envahissent successivement la Russie pour y trouver la défaire, alors que le second avait étudié l’échec du premier et que le troisième était au courant des difficultés de ses devanciers. Cette formule de Churchill semble faire écho à la pensée de Hegel, qui dans La Raison dans l’Histoire.
La Raison dans l’Histoire, Hegel
pour qui « ce qu’enseignent l’expérience et l’histoire, c’est que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire ». Pourtant, Hegel pense que l’histoire a un sens, c’est-à-dire qu’elle est orientée vers une fin : La réalisation de la liberté. Néanmoins, si les hommes font l’Histoire, ils ne savent pas l’Histoire qu’ils font. En poursuivant leurs intérêts égoïstes, ils servent un but bien plus grand qu’ils ignorent. Par exemple, Jules César au 1er siècle av. notre ère cherche à assouvir sa soif de pouvoir, mais il est en réalité le vecteur du passage de Rome de la République à l’empire, transformation qui permettra à terme l’extension de la citoyenneté romaine. Chez Hegel, la répétition est l’expression de la nécessité historique, les grands évènements arrivant toujours deux mois. Marx ajoutera, de façon sarcastique, « la première fois comme tragédie et la seconde comme farce ».
Regards sur le monde actuel, Paul Valéry, 1931
Ce n’est pas l’histoire qui enseignerait aux hommes, mais les hommes qui se serviraient de l’histoire pour enseigner quelque chose. « L’histoire justifie ce que l’on veut, n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient des exemples de tout et donne des exemples de tout ».
Funes ou la mémoire, Jorge Luis Borges, 1942
Le récit raconte comment le jeune irénée Funès, après avoir été violemment heurté par un cheval, a perdu toute faculté de locomotion, mais acquis une mémoire infaillible. Cependant, il est incapable d’accéder au concept, qui suppose la généralité, donc l’oubli des particularités. Il lui était difficile de comprendre que le terme que « chien » embrasse tant d’individus dissemblables et de formes diverses. Sa mémoire excessive paralyse l’action du narrateur qui pense chacune de ses attitudes et donc craint de multiplier les gestes inutiles car il sait qu’ils resteront dans son implacable mémoire.
Il arrive un moment où la mémoire doit cesser pour permettre le rétablissement de la concorde sociale
L’oubli apparaît comme l’armistice des mémoires. L’Édit de Nantes de 1598 : célèbre cas d’amnistie, qui s’efforce d’éteindre le souvenir des guerres de Religion.
Lieux de mémoire, Pierre Nora
dénonce « la tyrannie de la mémoire » qui s’exerce sur les historiens. Selon lui, l’historien a besoin de prendre du recul par rapport aux faits, et trop de mémoire l’empêche de faire correctement son travail. En effet, l’histoire vise une forme de neutralité et d’objectivité que la mémoire ne peut espérer du fait de son caractère affectif. La mémoire est spontanée, quand l’Histoire est construite : La mémoire isole les évènements de leur contexte et cherche à les tirer vers l’oubli, quand l’Histoire vise à les insérer dans un récit cohérent créateur de sens, dans lequel une omission sélective a nécessairement sa place.
Les reproches formulés contre le devoir de mémoire
(1) Il abolit la distance entre les morts et les vivants : Le passé pesant excessivement sur le présent, il conditionne les actions des générations actuelles.
(2) Il concerne toujours des massacres : ce qui est l’inverse de la conception qui prévalait dans l’Antiquité. Pour les Anciens, le devoir de mémoire s’appliquait aux actions glorieuses et aux personnages vertueux.
(3) Il peut détourner l’attention des crimes et problèmes du présent : par exemple, certains estiment que la mémoire de la Shoah est parfois utilisée pour justifier des actions militaires ou politiques contestables ou disproportionnées.
(4) Il risque d’entraîner une forme de captation de la parole des victimes, qui sont par définition absentes, ouvrant la voie aux manipulations en tous genres : Si personne ne souhaite être victime, il peut être intéressant de l’avoir été ou de se présenter comme descendant de victime, car cela revient à bénéficier des avantages moraux sans en subir la souffrance.
(5) Il est susceptible de dégénérer en « guerres des mémoires » qui fragilisent la société tout entière : Aujourd’hui, par exemple, certaines associations noires veulent faire reconnaître la traite négrière comme un génocide, ce qu’elle n’était pas en toute rigueur. Leur objectif est clairement de hisser ce drame au niveau de la shoah. Chaque communauté s’envoyant à la tête des chiffres de victimes.
(6) Il peut entraîner un effet déresponsabilisant : et conduire certaines sociétés à s’exonérer de toute responsabilité dans leurs retards sociaux-économiques et à s’enfermer dans la posture de victime. Le danger est que l’identité ne devienne un destin.
La finalité du « travail de mémoire », tel qu’il a été pensé par Paul Ricoeur
Il s’agit de créer, grâce au travail des historiens, une sorte de tombeau où seront logés les évènements douloureux, pour fixer et honorer le passé tout en lui retirant son caractère douloureux.
Freud sur la névrose
Pour lui, elle est provoquée par ce trouble particulier du rapport au passé qu’est le refoulement. Le sujet a écarté de sa conscience certains faits insupportables pour lui survenus pendant l’enfance. La cure psychanalytique lui permet de retrouver les souvenirs refoulés, donc de guérir. Mais une fois qu’il a retrouvé ces souvenirs, le sujet ne leur donne pas une place dominante, car l’adulte ne saurait guider sa vie d’après ses souvenirs d’enfance. Tant qu’ils étaient refoulés, les souvenirs restaient paradoxalement actifs et empêchaient le sujet de vivre. Une fois qu’ils ont été recouvrés, ils peuvent être, sinon oubliés, du moins mis à l’écart.
Les Abus de la mémoire, Todorov
Selon lui, les événements douloureux du passé peuvent être lu soit de manière littérale, soit de manière exemplaire. L’usage exemplaire permet d’utiliser le passé en vue du présent, de se servir des leçons des injustices subies pour combattre celles qui ont cours aujourd’hui, de quitter le soi pour aller vers l’autre. Il cite le cas des anciens dépotés des camps nazis qui surent mettre leur expérience à profit pour dénoncer les camps soviétiques, tandis que d’autres, à l’inverse, devenus staliniens, niaient l’existence du Goulag.
H(h)istoire (définition)
Histoire : somme des faits ou événements passés.
histoire : science qui traite des faits passés, ou encore discipline visant à produire un discours de vérité sur le passé.
Mémoire (définition)
Objectivement, stockage de l’information. Subjectivement, souvenir individuel.
Devoir de mémoire
Le paiement d’une dette vis-à-vis des victimes des barbaries du XXe siècle.
Devoir moral attribué à des États d’entretenir le souvenir des souffrances subies dans le passé par certaines catégories de la population, surtout s’ils en portent en tout ou partie la responsabilité, à cause de l’énormité des crimes qui ont été commis.
Loi Gayssot de 1990
Pénalisation des crimes c/ l’humanité commis par le nazisme.
Large soutien et critiqué par de rares historiens. Intervient peu après les propos de J-M Le Pen sur les chambres à gaz comme « point de détail de l’histoire de la SGM ».
Loi de janvier 2001
Reconnaissance du génocide arménien.
Particularité : Notre pays n’a pas été impliqué dans le crime en question.
Loi de mai 2001
Reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crimes contre l’humanité.
Problème : Injonction donnée au gouvernement d’accorder, au sein du programme scolaire, la place conséquente qu’ils méritent. Transgression de la séparation entre le législatif et l’exécutif.
Loi « Mékachéra » de 2005
Reconnaissance par les manuels scolaires du rôle positif de la présence française en outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accorder à l’histoire et aux sacrifices des combattants français issus de ces territoires une place imminente.
Problème : idem, injonction au gouvernement, cette fois-ci qualitative et non quantitative.
Loi de 1964
Constate l’imprescriptibilité des crimes c/ l’humanité, tels qu’ils avaient été définis par le Tribunal de Nuremberg.
Le Prince, Nicolas Machiavel (citation)
« Le prince doit lire les livres d’histoire et y considérer les actions des grands hommes ».
L’Étrange défaite, Marc Bloch, 1940 (citation)
« Le passé a beau ne pas commander le présent tout entier, sans lui, le présent demeure inintelligible ».
René Rémond (citation)
Historien et président de la Fondation nationale des sciences politiques aimait à dire que la fréquentation de l’histoire apporte au décideur une sorte de « sixième sens ».
Paul Valéry, Cahiers (citation)
« La mémoire est l’avenir du passé ».
Missak Manouchian (citation)
Dans sa dernière lettre à sa femme, 21 février 1944 : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement ».
Paul Éluard (citation)
« Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons ».
Le Pardon, V. Jankélévitch (citation)
« L’oubli n’a pas tellement besoin qu’on le prêche, il est inutile de le recommander aux hommes : il y a aura toujours beaucoup de baigneurs dans les eaux du Léthé (le fleuve de l’oubli dans la mythologie grecque) ; les hommes n’ont déjà que trop tendance à oublier, ils ne demandent même que cela ».
Lettre à l’Académie, Fénelon (citation)
« Le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays ».
Dictionnaire de la France coloniale, article « Sortir de la guerre des mémoires », Benjamin Stora, 2007 (citation)
« La visite perpétuelle et ressassée du temps colonial et des guerres de décolonisation devient (…) une activité de fabrication d’identités ».
Chroniques algériennes, Albert Camus, 1958 (citation)
« Il est bon qu’une nation soit assez forte de tradition et d’honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu’elle peut encore avoir de s’estimer elle-même ».
D’où nous venons. Ce qui nous unit, ce qui nous divise, Géraldine Schwartz
L’Allemagne, miroir des tensions démocratiques en Europe.
- Un effacement progressif de la mémoire fondatrice de l’Europe : Plus le passé s’éloigne, plus l’intérêt pour celui-ci décline. Les partis populistes ont instrumentalisé ce travail de mémoire comme un fardeau. Il y une lassitude face à une Europe dont l’identité semble réduite à un simple rempart préventif contre la répétition des crimes du passé.
- La mémoire, un enjeu central : Il règne une confusion de nos valeurs organisée par des autocrates comme Poutine ou des partis populistes en Europe, qui s’emparent des idéaux de leurs adversaires pour se présenter ensuite comme les défenseurs (Ex : Les nazis ont donné une vitrine légale à toutes leurs mesures alors qu’ils ont démantelé l’Etat de droit). En 2017, un parti d’extrême droite entre pour la première fois au parlement allemand. Poutine instrumentalise les partis populistes européens pour pouvoir imposer une nouvelle vision du monde (règne du plus fort).
- L’Allemagne est fondée sur deux piliers, la mémoire et l’économie : Le travail de mémoire est indissociable de la démocratie allemande car elle s’est construite dessus. Ainsi, si la mémoire est fragilisée, la démocratie aussi. Or, le travail de mémoire n’est jamais acquis, il faut le nourrir et le repenser.
Musée Picasso à Paris, exposition « l’art dégénéré »
Dès 1933, des expositions infamantes sont mises en place dans plusieurs musées, destinées à provoquer le dégoût du visiteur, pour dénoncer l’art moderne comme une menace à la « pureté » allemande (Van Gogh, Picasso). Aujourd’hui, l’AfD soutient que l’Holocauste est un mémorial de la honte et se présente comme le parti qui libérera l’Allemagne du poids de la mémoire nazi, qui pèse aujourd’hui sur les jeunes générations.
