Cours 8 Les paraphilies et dysfonctions sexuelles Flashcards
Les caractéristiques du trouble de l’identité sexuelle
Le trouble de l’identité sexuelle, ou transsexualisme, ne fit plus partie du DSM-5, ce qui représente un changement majeur.
Comment le décrivait-on auparavant?
Les personnes qu’il affecte ont le sentiment profond, généralement depuis la petite enfance, d’appartenir au sexe opposé. Elles détestent les vêtements et les activités propres à leur genre de naissance. Malgré leurs caractéristiques anatomiques évidentes - les organes génitaux et les caractères sexuels secondaires normaux, comme la barbe chez l’homme et des seins développés chez la femme -, elles sont convaincues d’appartenir à un autre genre que celui que les autres voient en elles.
Il peut tenter de se faire passer pour un membre du sexe opposé et même subir une opération pour que son corps corresponde au genre auquel il s’identifie.
Levine (2003) a décrit ainsi un homme dont le comportement relevait presque du fétichisme et du transvestisme
Avant la publication du DSM-5, ce trouble aurait été considéré comme un trouble d’identité sexuelle et non comme un trouble transvestisme, l’une des paraphilies que nous étudierons plus loin dans ce chapitre. Bien qu’ils portent souvent des vêtements du genre opposé, les travestis ne s’identifient pas à ce genre.
Pourquoi le trouble d’identité sexuelle a-t-il été abandonné?
Depuis de nombreuses années, des experts affirmaient que certaines personnes ne s’identifiaient tout simplement pas à leur genre de naissance et qu’il ne fallait pas les stigmatiser pour autant ni leur accoler une étiquette de malade.
C’est pourquoi l’American Psychiatric Association (APA) a fondé une nouvelle revue sur la psychologie de l’orientation sexuelle et de la diversité des genres en 2014.
Sur un autre plan, on a procédé à la réévaluation et à la mise à jour des lignes directrices en matière de formation et de pratique clinique. En 2015, lAmerican Psychiatric Association (APA) a publié des lignes directrices touchant les services psychologiques offerts aux personnes transgenres et aux non-conformistes sexuels. L’objectif de ce document est « … de soutenir les psychologues afin qu’ils puissent fournir des services compétents, adaptés et transaffirmatifs aux personnes transgenres et aux non-conformistes sexuels ».
Dernièrement, Singh et Dickey (2016) ont publie un article d’opinion dans lequel ils évaluent l’ampleur des défis actuels, surtout en ce qui touche les lacunes de la formation en psychologie pratique. Ils appellent également les psychologues à devenir des pionniers de l’implantation de politiques progres-sistes. Les auteurs croient que l’objectif ultime est d’adopter une « pratique positive » qui soit pertinente et bien adaptée aux clients et qui prenne en compte le fait que leur vie et leur bienêtre reflètent des identités sociales multiples et qu’une foule d’iniquités sociales et d’obstacles systémiques peut influer sur ceux-ci
Une grande partie de nos connaissances sur les questions liées à l’identité sexuelle provient des travaux réalisés par la clinique de l’identité de genre des enfants et des adolescents (Child and Adolescent Gender Identity Clinic) du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto.
contreverse
La participation de ces spécialistes au comité chargé de fournir de la rétroaction sur les critères diagnostiques du trouble d’identité sexuelle définis dans le DSM-IV démontre bien l’influence qu’ils exercent dans ce domaine.
Toutefois, une controverse a éclaté en 2015 et le CAMH a fermé sa clinique après 30 ans d’opération.
Zucker a été licencié
Ce commentaire semblait faire allusion aux plaintes concernant l’approche préconisée par Zucker, qui consiste à procéder lentement, pendant plusieurs années au besoin, afin de donner le temps à l’enfant d’en venir à accepter son genre de naissance.
Or, les opinions divergent considérablement sur ce qui convient le mieux à l’enfant, et de nombreux experts voient cette approche comme une forme de thérapie de conversion en contradiction avec l’importance accordée à l’heure actuelle dans notre culture au respect immédiat des désirs et des besoins des personnes transgenres.
Le transvestisme est moins problématique pour les femmes
Le transvestisme est moins problématique pour les femmes parce que la mode leur permet de porter des vêtements masculins.
Les personnes touchées par le trouble d’identité sexuelle souffrent souvent d’anxiété et de dépression, ce qui n’est pas étonnant étant donné leur situation psychologique difficile et l’attitude negative de la plupart des gens à leur égard. Dans l’enfance, le trouble d’identité sexuelle est associé à l’anxiété de séparation
Bien que le transsexualisme ne soit plus considéré comme un trouble, il vaut quand même la peine d’étudier les facteurs qui contribuent à son développement étant donné la détresse qu’il peut provoquer. (DSM)
(La décision de conserver la dysphorie de genre dans le DSM-5 et de supprimer le trouble d’identité sexuelle)
En fait, le DSM-5 a conservé une section sur la dysphorie de genre afin de tenir compte des personnes qui éprouvent un sentiment de détresse lié à leur identité de genre.
Ce critère met davantage l’accent sur le sentiment de « non-congruence» entre le genre vécu ou exprimé et le genre de naissance que sur l’identification au genre opposé. (bref juste ne pas être confortable)
On reconnaît aujourd’hui que la dysphorie de genre peut revêtir plusieurs formes et s’exprimer de multiples façons, notamment selon l’âge de la personne atteinte.
De ce fait, un diagnostic de dysphorie est justifié uniquement dans la mesure où le trouble s’accompagne d’une détresse ou d’une altération du fonctionnement cliniquement significatives
La décision de conserver la dysphorie de genre dans le DSM-5 et de supprimer le trouble d’identité sexuelle est largement attribuable à un article clé publié par une équipe de chercheurs canadiens. Bartlett et ses collaborateurs (2000) ont effectué une analyse conceptuelle des données existantes sur ce trouble afin de déterminer s’il devait être considéré comme un trouble mental lorsqu’il touche des enfants
Ils ont conclu que le diagnostic de trouble d’identité sexuelle ne devrait pas s’appliquer aux enfants qui se sentent mal à l’aise dans le rôle social assigne à leur genre tout en étant à l’aise avec leur sexe biologique. lis ont suggéré de retirer ce trouble chez l’enfant du DSM.
De plus, ils se sont dits gravement préoccupés par le fait que l’association du trouble de l’identité sexuelle avec un trouble mental risquait de contribuer à l’étiquetage et à la stigmatisation des enfants atteints de ce trouble qui expriment leur homosexualité.
Certaines données issues des recherches sur l’étiologie des troubles liés à l’identité de genre ont révélé que ceux-ci pourraient avoir une cause biologique.
Plus précisément, une étude menée auprès des membres d’une famille étendue de la République dominicaine a démontré l’influence des hormones sur l’identité sexuelle
Les sujets de sexe masculin n’avaient pas sécrété l’hormone responsable de la formation du pénis et du scrotum pendant leur développement fœtal.
Ils étaient nés avec un minuscule pénis et un scrotum ressemblant aux plis labiaux féminins.
Les deux tiers d’entre eux avaient été élevés comme des filles, mais à la puberté, leurs organes sexuels s’étaient transformés sous l’effet de la testostérone.
Leur pénis avait grossi et leurs testicules étaient descendus dans le scrotum. Dix-sept des 18 sujets avaient alors développé une identité sexuelle masculine.
D’autres recherches montrent que les enfants de mères humaines et les petits d’autres primates qui ont reçu des hormones sexuelles pendant la grossesse adoptent souvent les comportements propres au sexe opposé et présentent des anomalies anatomiques.
Ainsi, les chercheurs ont découvert que les filles dont la mere avait pris des progestatifs synthétiques, soit des précurseurs des hormones sexuelles mäles, pour prévenir les saignements utérins pendant la grossesse, se conduisaient comme des « garçons manqués » pendant leurs années préscolaires
De même, les petits garçons dont la mère avait pris des hormones féminines pendant la grossesse étaient moins sportifs et dédaignaient souvent les jeux robustes prisés par leurs camarades du même sexe
Même si leur identité de genre n’était pas nécessairement anormale, ces enfants semblaient avoir développé plus de centres d’intérêt et de comportements transgenres du fait que leur mère avait pris des hormones sexuelles avant leur naissance.
Le traitement des problèmes liés à l’identité sexuelle
Deux types d’interventions destinées à aider les personnes aux prises avec des problèmes liés à l’identité de genre:
- Modifier la physiologie pour l’adapter à la psyché
- Modifier la psyché pour l’adapter à la physiologie.
Les changements physiologiques
En général, une personne qui adhère à un programme visant à modifier ses caractéristiques physiques doit suivre une psychothérapie d’une durée de 6 à 12 mois.
Durant celle-ci, on aborde non seulement les sentiments probables d’anxiété et de dépression de la personne, mais aussi les diverses options qui s’offrent à elle pour transformer son corps.
Certains clients s’en tiennent à la chirurgie plastique.
Ainsi, un transsexuel masculin peut recevoir des traitements d’électrolyse pour supprimer ses poils faciaux et subir une chirurgie pour rapetisser son menton et sa pomme d’Adam.
De nombreux transsexuels prennent aussi des hormones pour donner à leur corps une apparence qui correspond davantage au genre auquel ils s’identifient.
Certaines vont plus loin et ont recours à l’inversion sexuelle chirurgicale.
L’inversion sexuelle chirurgicale est une opération qui consiste à modifier les organes génitaux pour qu’ils ressemblent davantage à ceux du sexe opposé.
La première opération du genre a eu lieu en Europe en 1930, mais celle qui a attiré l’attention du monde entier a été pratiquée à Copenhague, au Danemark, sur un ex-soldat, George, devenu Christine Jorgensen en 1952.
Les hommes ont beaucoup plus souvent recours à l’inversion sexuelle chirurgicale que les femmes.
Dans quelle mesure cette intervention est-elle bénéfique? Cette question fait débat depuis plusieurs décennies. L’une des études les plus controversées sur les résultats de cette intervention n’a révélé aucun avantage pour la personne «sur le plan de la réadaptation sociale »
Les conclusions de cette étude ont entraîné l’abolition du programme de réassignation sexuelle chirurgicale de la faculté de médecine de l’Université John Hopkins, le plus important de l’époque aux États-Unis.
Par la suite, Green et Fleming ont tiré des conclusions plus favorables après avoir réalisé une revue critique des études relativement contrôlées publiées de 1979 à 1989 et assorties d’un suivi d’au moins une année. Sur 130 femmes ayant subi une phalloplastie, 97% ont exprimé leur satisfaction, et ce pourcentage s’élevait à 87% chez les hommes qui avaient subi une vaginoplastie.
Les facteurs préopératoires qui semblaient présager une bonne adaptation post-chirurgicale comprenaient une relative stabilite émotionnelle; une adaptation reussie au nouveau role pendant au moins un an avant l’opération; une connaissance adéquate des limitations et des conséquences réelles de la chirurgie et une psychothérapie dans le cadre d’un programme établi sur l’identité de genre.
Une étude subséquente menée auprès de 232 transsexuels ayant subi une inversion sexuelle chirurgicale (vaginoplastiel a révélé qu’aucun ne regrettait son geste, même si certains d’entre eux n’aimaient pas l’apparence de leurs organes génitaux
Une étude longitudinale menée auprès de transsexuels danois a révélé peu de changement global après l’inversion sexuelle chirurgicale et les résultats étaient comparables, quel que soit le sexe de naissance des sujets. Le résultat le plus remarquable avait trait au fait qu’environ 1 sujet sur 4 présentait encore un taux important de morbidité psychiatrique
diagnosticable
Les paraphilies et les troubles paraphiliques
limites du trouble
prévalence
Les paraphilies sont des troubles caractérisés par un intérêt sexuel pour des objets ou des activités sexuelles inusités.
Autrement dit, il y a une déviation dans les préférences sexuelles de la personne (philia, «amour»).
Les fantasmes, les désirs ou les comportements doivent durer au moins six mois et provoquer une détresse ou une altération du fonctionnement considérables.
En fait, des enquêtes ont démontré que beaucoup de gens fantasment à l’occasion sur certaines activités que nous décrirons ici. Une enquête canadienne a révélé que 50% des hommes ont des fantasmes voyeuristes dans lesquels ils regardent des femmes nues à leur insu
Les critères diagnostiques de la détresse et de l’altération du fonctionnement définis dans le DSM sont problématiques parce qu’un grand nombre de personnes qui adoptent les comportements typiques d’une paraphilie ne souffrent pas et fonctionnent normalement. Ainsi, selon les critères du DSM, un individu qui a eu des contacts sexuel recurrents avec de jeunes enfants, mais qui ne présente aucun signe de détresse ou de dysfonctionnement, ne peut recevoir un diagnostic de pédophilie.
D’une manière plus générale, on ne considère pas certaines paraphilies comme des troubles en tant que tels parce qu’elles sont atypiques et ne causent aucune souffrance apparente.
C’est pourquoi une recommandation du DSM-5 consistant à différencier les paraphilies des troubles paraphiliques qui entraînent de la détresse ou un préjudice a fini par être approuvée.
Le DSM-5 fait désormais la distinction entre les comportements paraphiliques (les paraphilies) et les troubles paraphiliques.
Un trouble paraphilique est « une paraphilie qui cause d’une façon concomitante une détresse ou une altération du fonctionnement chez l’individu ou une paraphilie dont la satisfaction a entraîné un préjudice personnel ou un risque de préjudice pour d’autres personnes »
Les paraphilies coexistent souvent chez une même personne, et elles peuvent refléter d’autres troubles mentaux, comme la schizophrénie, la dépression ou un trouble de la personnalité.
Il n’existe pas de statistiques précises sur la prévalence de la plupart des paraphilies.
Les statistiques sur les arrestations sont probablement sous-estimées, car de nombreux crimes ne sont pas dénoncés, et certaines paraphilies (comme le voyeurisme) s’exercent aux dépens d’une victime qui ne se doute de rien.
Toutefois, les données indiquent que les paraphilies affectent surtout des hommes, peu importe leur orientation sexuelle; même dans le cas du masochisme, qui touche pourtant un nombre important de femmes, les hommes l’emportent largement sur celles-ci. Comme certaines personnes présentant une paraphilie recherchent des partenaires non consentants, ces troubles entraînent souvent des conséquences judiciaires.
Le fétichisme
Le fétichisme est la recherche de l’excitation sexuelle par le contact avec des objets.
Les personnes qui reçoivent un diagnostic de trouble «fétichisme», presque toujours des hommes, éprouvent une excitation sexuelle intense et récurrente liée à des objets appelés « fétiches » (p. ex., des chaussures de femme) et la présence du fétiche est fortement préférée ou même essentielle pour que l’excitation sexuelle se produise.
Les pieds et les chaussures, les collants transparents, les articles en latex comme les imperméables et les gants, les articles de toilette, les vêtements en fourrure, et plus particulièrement les sous-vêtements féminins, sont des sources courantes d’excitation pour les fétichistes.
Certains portent le fétiche sur eux, le caressent, l’embrassent, le sentent, le sucent, l’introduisent dans leur rectum ou contemplent simplement l’objet adoré en se masturbant.
D’autres préfèrent que leur partenaire porte l’objet fétiche pendant les rapports sexuels.
Certains individus peuvent constituer de vastes collections d’objets fétiches et commettre des cambriolages hebdomadaires pour enrichir leur collection.
L’attirance que le fétichiste éprouve envers l’objet est de nature compulsive et ressentie comme involontaire et irrésistible.
C’est le degré de focalisation érotique - la place exclusive et très spéciale de l’objet fétiche en tant que stimulant sexuel - qui distingue le fétichisme de l’attrait ordinaire que provoquent, par exemple, les talons aiguilles et les collants transparents chez les hommes hétérosexuels dans les cultures occidentales.
En effet, le fétichiste qui se focalise sur les bottes, par exemple, doit voir ou toucher une botte pour ressentir une excitation sexuelle, laquelle est très intense en présence du fétiche.
Ce trouble apparaît généralement à l’adolescence, mais le fétiche peut avoir acquis une signification spéciale dès l’enfance. Le trouble fétichisme coexiste souvent avec d’autres paraphilies, comme la pédophilie, le sadisme et le masochisme
Le trouble transvestisme
Le diagnostic de trouble transvestisme, ou travestisme, s’applique aux hommes qui éprouvent une excitation sexuelle intense du fait de s’habiller en femmes tout en continuant de s’identifier au genre masculin.
Le transvestisme peut varier et reposer sur le fait de porter seulement des sous-vêtements féminins sous des vêtements masculins traditionnels jusqu’au travestissement complet.
Certains travestis aiment se montrer en public sous l’apparence d’une femme; d’autres se produisent dans des boîtes de nuit pour le plus grand plaisir de nombreux clients, qui pratiquent une sexualité conventionnelle, mais n’en apprécient pas moins les travestissements réussis.
Toutefois, ces « usurpateurs d’identité » ne sont pas considérés comme souffrant du trouble transvestisme, sauf si le travestisme provoque une excitation sexuelle.
Ray Blanchard (1989), de l’Institut Clarke à Toronto, a inventé le terme «autogynéphilie» pour désigner la …
la tendance d’un homme à être sexuellement excité par la pensée ou l’image de soi en femme. Blanchard (1992) a souligné que l’autogynéphilie est généralement associée au transvestisme, mais pas toujours.
Les premiers signes du trouble transvestisme apparaissent souvent sous forme de…
sous forme de travestisme partiel pendant l’enfance ou l’adolescence.
Les travestis sont hétérosexuels, toujours de sexe masculin, et la plupart se travestissent de façon épisodique plutôt que régulière. Par ailleurs, leur apparence, leurs comportements et leur orientation sexuelle sont typiquement masculins. Beaucoup sont mariés. Le travestissement a généralement lieu dans l’intimité et en secret et n’est connu que de quelques proches. Il s’agit d’une des paraphilies auxquelles les critères de la détresse et de l’altération du fonctionnement définis dans le DSM ne s’appliquent pas du tout.
Le désir de se travestir peut s’intensifier avec le temps et évoluer vers la dysphorie de genre, définie comme une détresse face à son sexe de naissance, mais pas dans la même mesure que le trouble de l’identité sexuelle. Le trouble transvestisme peut coexister avec d’autres paraphilies, en particulier le masochisme
La pédophilie
Selon le DSM, la pédophilie (du grec pedos, «enfant») (appe. lée « trouble pédophilie » dans le DSM-5) affecte les adultes qui sont sexuellement excités par les contacts physiques et souvent sexuels avec des enfants prépubères sans lien de parenté avec eux.
Le DSM-5 indique que l’individu doit être âgé d’au moins 16 ans et avoir au moins 5 ans de plus que l’enfant.
Les études ne semblent pas appuyer le principe énoncé dans les DSM précédents selon lequel tous les pédophiles préfèrent les enfants prépubères.
Certains pédophiles s’en prennent à des enfants pubères qui n’ont pas l’âge légal pour consentir à des relations sexuelles avec un adulte.
Le trouble pédophilie touche beaucoup plus d’hommes que de femmes, bien qu’il existe des études de cas sur des pédophiles de sexe féminin
Ce trouble coexiste souvent avec des troubles anxieux et de l’humeur, des troubles liés à l’usage de substances et d’autres paraphiles
Le pédophile peut être hétérosexuel ou homosexuel.
Une enquête menée par le Boston Globe a contribué à sensibiliser encore davantage l’opinion publique à la pédophilie. En janvier 2002, les journalistes de la cellule Spotlight ont publié les résultats de leur enquête sur des prêtres de la région de Boston, des pédophiles présumés qui avaient agressé sexuellement des garçons et des fillettes et dont les crimes avaient été dissimulés.
En tout, 249 prêtres et frères de l’Archidiocèse de Boston ont été accusés publiquement d’exploitation sexuelle.
L’aspect le plus remarquable de cette enquête est qu’elle documente le fait que les prêtres pédophiles étaient souvent mutés dans d’autres paroisses une fois leurs méfaits mis au jour et démontre que certains prêtres continuaient de commettre des délits.
Les détails du travail des journalistes et leurs conclusions ont été résumés dans un ouvrage
l’Institut Southdown, au nord de Toronto, est bien connu pour les services psychologiques qu’il fournit aux membres du clergé.
Hélas, le Canada ne manque pas de pédophiles inculpés pour exploitation sexuelle d’enfants.
Le générique du film Spotlight
Pendant de nombreuses années, des rumeurs ont circulé à propos d’un vaste réseau de pédophiles opérant à Cornwall, en Ontario.
L’enquête a débuté lorsqu’un ancien enfant de chœur aujourd’hui âgé de 35 ans a affirmé qu’il avait été agressé sexuellement quand il était plus jeune.
Une longue enquête commandée par la Province de l’Ontario et dont le coût a été estimé à 53 millions de dollars n’a pas permis de confirmer ou d’infirmer l’existence de ce réseau de pédophiles, mais on a identifié 34 victimes.
Le rapport du commissaire Glaude contenait plus de 200 recommandations et décrivait de larges failles dans le système, l’insensibilité à l’égard des plaintes des victimes et la réticence à agir de plusieurs entités, notamment l’Église, les écoles et la société d’aide à l’enfance.
Aujourd’hui, en Ontario, quiconque exerce des fonctions professionnelles ou officielles auprès des enfants est tenu de dénoncer toute agression ou négligence suspectée à leur endroit.
L’Internet joue un rôle de plus en plus important dans le trouble pédophilie
les pédophiles l’utilisent pour se procurer de la pornographie juvénile et communiquer avec des victimes potentielles
La police a découvert et démantelé de vastes réseaux internationaux d’internautes qui consomment de la pornographie juvénile.
Un délit lié à pornographie juvénile est un indicateur diagnostique de la pédophilie plus solide que des antécédents réels de sévices sexuels commis sur des enfants!
Utilisation plus fréquente de la pornographie était un prédicteur fiable de la récidive, surtout parmi les délinquants sexuels déjà considérés comme étant à plus haut risque.
De plus, l’utilisation de matériel pornographique au contenu plus pervers constituait un facteur de risque de récidive éventuelle
Lors d’une enquête plus récente menée auprès de 2 000 jeunes Suédois, 84 d’entre eux (4,2%) ont admis qu’ils regardaient des sites de pornographie juvénile sur Internet
Ces jeunes hommes se détachaient du lot parce qu’ils présentaient une probabilité plus forte d’avoir des contacts sexuels avec des enfants et aimaient regarder un matériel pornographique extrêmement violent.
Il n’est pas étonnant que l’utilisation massive et aberrante d’internet ait mené à la création de programmes de thérapie destinés aux delinauants sexuels en ligne
Une méta-analyse a mis au jour des similarités remarquables entre les délinquants sexuels « hors ligne », qui commettent leurs crimes dans le monde réel, et les délinquants « en ligne», qui sévissent sur Internet. Par exemple, ces deux types de délinquants avaient subi davantage de sévices physiques et sexuels par rapport à la population générale. Toutefois, ils se distinguaient aussi par plusieurs éléments. Les délinquants sexuels en ligne sont légèrement plus jeunes et éprouvent plus d’empathie pour leurs victimes, mais ils sont aussi moins habiles dans la conduite stratégique des relations et leurs tendances sexuelles sont plus perverses. Les auteurs ont conclu que, contrairement aux délinquants sexuels hors ligne, les délinquants en ligne se dominent probablement mieux et qu’ils se heurtent à de plus nombreux obstacles lorsqu’ils veulent actualiser leurs déviances extrêmes
La libération conditionnelle des pédophiles est souvent assortie d’une restriction de l’accès à Internet.
violence (violeur) et agression sexuelle sur des enfants
Les agressions sexuelles sont rarement accompagnées de violence
Or, même si la plupart des pédophiles ne blessent pas leurs victimes physiquement, certains les effraient volontairement, en tuant leur animal familier, par exemple, ou en les menaçant d’autres sévices s’ils s’avisaient d’informer leurs parents.
Le pédophile se contente parfois de caresser les cheveux de l’enfant, mais il peut aussi manipuler ses organes génitaux, encourager l’enfant à manipuler les siens et, plus rarement, tenter une pénétration.
Les agressions peuvent se reproduire pendant des semaines, des mois ou des années si elles ne sont pas découvertes par d’autres adultes ou dénoncées par l’enfant.
Qu’ils soient psychopathes ou non, ces individus seraient plutôt des violeurs d’enfant, qui se distinguent des pédophiles du fait que leur désir de faire souffrir l’enfant physiquement est au moins aussi grand que celui d’obtenir une gratification sexuelle
même s’il est souvent difficile de distinguer les délinquants pédosexuels meurtriers des non meurtriers, il n’empêche que les premiers ont une réaction physiologique plus marquée aux descriptions d’agressions commises sur des enfants et une préférence pour celles-ci.
Bien que le niveau de psychopathie soit plus élevé chez ces hommes que chez les délinquants incestueux, Firestone et ses collaborateurs ont constaté que les violeurs d’enfants obtiennent généralement un score plus élevé sur l’Échelle de psychopathie révisée (PCL-R) de Hare et sont plus susceptibles d’adopter des comportements antisociaux
inceste
- type le plus fréquent
- prévalence
- pédophilie VS inceste
L’inceste se définit comme des relations sexuelles entre des parents proches ou alliés à un degré qui entraîne la prohibition du mariage.
L’inceste frère-sœur est le plus fréquent, suivi de l’inceste père-fille.
Bien que cette dernière forme d’inceste soit considérée comme plus pathologique, les résultats d’une étude québécoise remettent cette conclusion en question, car des chercheurs ont constaté que l’inceste entre frère et sœur était associé à une détresse aussi importante chez les victimes que l’inceste commis par un père ou un beau-père. En outre, on a montré l’existence d’une corrélation entre l’inceste frère-sœur et une fréquence beaucoup plus élevée de pénétration sexuelle
L’inceste est tabou dans presque toutes les sociétés humaines, sauf dans l’Égypte ancienne où les pharaons égyptiens épousaient leurs sœurs ou d’autres femmes de leur famille proche. En effet, les Égyptiens estimaient que le sang royal ne devait pas être contaminé par du sang étranger.
Le tabou de l’inceste est sensé au regard des connaissances scientifiques actuelles. En effet, les enfants d’une union père-fille ou frère-sœur ont de plus fortes chances d’hériter d’une paire de gènes récessifs provenant de chaque parent.
Or, les gènes récessifs entraînent surtout des effets biologiques négatifs tels que de graves déficiences congénitales.
Ce tabou représente donc une adaptation évolutive.
Des données indiquent que la structure des familles touchées par l’inceste est excessivement patriarcale et traditionnelle, surtout en ce qui touche la position subalterne des femmes
Dans ce type de famille, les parents ont aussi tendance à négliger leurs enfants et à maintenir une distance affective à leur égard
De plus, on croit que la prévalence de l’inceste est plus élevée quand la mère est absente ou handicapée, puisque les mères ont tendance à protéger leurs filles de l’exploitation sexuelle intrafamiliale.
Dans le DSM, l’inceste est présenté comme un sous-type de pédophilie. Par contre, plusieurs éléments importants distinguent l’inceste et la pédophilie. En premier lieu, l’inceste a lieu entre des membres d’une même famille. En second lieu, les victimes d’inceste sont souvent plus âgées que les victimes des pédophiles.
Les résultats d’une étude menée par Studer et ses collaborateurs (2000) au Alberta Hospital Edmonton indiquent que les évaluations du risque concernant les délinquants incestueux sous-estiment considérablement la menace que représentent ces individus.
pléthysmographe
Tout d’abord, on croit généralement qu’ils présentent un faible risque de récidive (de 4 à 10%).
Or, Studer et ses collaborateurs (2000) ont découvert que 22% des sujets avaient déjà commis un inceste et étaient, en fait, des récidivistes.
De plus, près des deux tiers des auteurs d’actes incestueux ont affirmé avoir commis des agressions non incestueuses, ce qui laisse croire qu’ils sont aussi pédophiles.
Les chercheurs ont conclu que, dans le cas de ces hommes, la pédophilie est surtout une question de circonstance opportune: ils sont attirés par les enfants en général et peuvent effectivement mettre leurs pulsions en actes au-delà du cercle familial si l’occasion se présente
D’autres études empiriques menées par Rice et Harris
(2002) indiquent que les pères incestueux qui agressent seulement leur fille présentent un niveau de psychopathie plus faible que les pères qui commettent aussi des agressions extrafamiliales.
Bien que les agresseurs intrafamiliaux manifestent des préférences sexuelles moins déviantes et présentent des taux de récidive plus faibles que les délinquants incestueux qui opèrent à l’intérieur et à l’extérieur de la famille, leurs préférences sexuelles n’en sont pas moins globalement déviantes et le risque absolu de récidive demeure élevé.
Les résultats d’études canadiennes basées sur la pléthysmographie pénienne confirment que les hommes qui agressent des enfants sans lien de parenté avec eux sont excités sexuellement à la vue de photographies d’enfants nus. Par contre, les agresseurs intrafamiliaux éprouvent une excitation sexuelle plus forte lorsqu’on leur présente des images d’activités hétérosexuelles entre adultes
L’une des premières versions rudimentaires du pléthys-mographe pénien a été inventée par Kurt Freund, qui a fabriqué le premier appareil en Tchécoslovaquie avant de travailler pendant plusieurs décennies à l’Institut de psychiatrie Clarke de Toronto
Le pléthysmographe permet de faire des «tests phallométriques» et sert à identifier les hommes - tant adultes qu’adolescents - qui ont des intérêts pédophiles. Une fois établis, les résultats de ces tests présentent une faible variance, ce qui indique qu’il est très difficile de modifier ses préférences sexuelles
Bien que les délinquants sexuels soient régulièrement soumis à des tests phallométriques, certains chercheurs ont mis en doute la fiabilité et la validité de ces tests.
Marshall et Fernandez (2000), en particulier, ont exprimé leur inquiétude à propos de la capacité démontrée de certaines personnes à contrôler leurs réactions physiologiques pendant le test.
On croit souvent qu’une exposition antérieure à la pornographie constitue une cause de l’exploitation sexuelle. Toutefois, dans un article de synthèse, une équipe de chercheurs canadiens a conclu que la pornographie joue un rôle uniquement chez les hommes prédisposés à commettre des agressions sexuelles
ceux qui ne le sont pas sont très peu influencés par la pornographie.
On prétend parfois que la pornographie juvénile joue un rôle critique en motivant les personnes prédisposées à agresser sexuellement des enfants, mais…
mais une étude clinique menée auprès d’hommes pédophiles indique que ce matériel n’est pas toujours essentiel. En effet, les sujets pouvaient être excités par du matériel déjà largement diffusé, comme des publicités télévisuelles et des catalogues de vêtements montrant de jeunes enfants en sous-vêtements. Autrement dit, au lieu d’utiliser du matériel pornographique explicite, ces hommes semblaient créer en imagination leur propre matériel érotique à partir de sources considérées comme anodines par la plupart des gens
Comme pour la majorité des paraphilies, les comportements pédophiliques sont déclenchés par
une forte attirance subjective
les pédophiles connaissent généralement les enfants qu’ils agressent: ce sont des voisins ou des amis de la famille.
La consommation d’alcool et le stress augmentent la probabilité qu’un pédophile passe à l’acte
Les délinquants pédosexuels ont des fantasmes sexuels liés aux enfants quand ils sont de mauvaise humeur, peut-être parce que cela les aide à mieux affronter leur mal-être; toutefois, il semblerait aussi que les fantasmes pédophiles accentuent les affects négatifs.
Contrairement aux délinquants violents non sexuels, les délinquants sexuels sont plus nombreux à avouer qu’ils ont recours au sexe consensuel et non consensuel comme stratégie d’adaptation
D’autres données laissent croire également que les pédophiles possèdent de faibles niveaux de maturité sociale, d’estime de soi, de contrôle des impulsions et d’aptitudes sociales
La plupart des pédophiles hétérosexuels plus âgés sont mariés ou l’ont déjà été.
Des adolescents de sexe masculin commettent la moitié de toutes les agressions sexuelles perpétrées sur des enfants, y compris les agressions intrafamiliales
Environ 50% des délinquants sexuels adultes ont adopté ces comportements illicites pour la première fois au début de l’adolescence. Ces adolescents ont pour la plupart connu une vie familiale chaotique et troublée dans un foyer dépourvu de structure et de soutien positif
Un grand nombre de ces adolescents pédosexuels avaient eux-mêmes été agressés sexuellement dans l’enfance. Ces données confirme l’hypothèse du cycle de l’abus, ou de l’abuseur.
39% des sujets de son échantillon avaient été victimisés sexuellement dans l’enfance et que 45 % avaient été maltraités par leurs parents.
Contrairement aux délinquants non sexuels, les délinquants sexuels sont plus susceptibles d’avoir été eux-mêmes victimes d’abus sexuels, mais non de mauvais traitements
Dans l’ensemble, les délinguants pédosexuels adolescents sont plus isolés socialement et possèdent moins d’aptitudes sociales que les délinquants non sexuels du même âge qui ont des démêlés avec la justice
L’isolement social est très caractéristique des adolescents du sous-groupe « bizarre-isolé » défini par Worling (2001), qui croit que ces derniers pourraient bénéficier d’une formation en compétences sociales de base, comme apprendre à écouter, amorcer une conversation et se présenter. Un bon nombre d’entre eux éprouvent aussi des difficultés scolaires
En général, ces jeunes hommes (les femmes sont beaucoup plus rares parmi les délinquants sexuels) sont ce qu’on appellerait de jeunes contrevenants, qui ont souvent des ennuis avec la police pour avoir commis toutes sortes d’infractions.
**Le fait qu’on diagnostique souvent chez ces jeunes un trouble des conduites et des troubles liés à l’usage de substances n’a rien d’étonnant.
Ils souffrent souvent aussi de troubles dépressifs et anxieux **
Comme l’inceste ou la pédophilie s’accompagnent rarement de violence physique ouverte, le délinquant pédosexuel nie souvent avoir forcé sa victime.
Parfois, il se convainc qu’il agit pour le bien de l’enfant, malgré l’abus de confiance inhérent à l’exploitation sexuelle des enfants et les graves conséquences psychologiques qu’elle peut avoir sur eux des années plus tard.