Cours 7 Troubles de la personnalité Flashcards
Lorsqu’on examine les troubles de la personnalité, il peut sembler que certains d’entre eux expliquent le comportement de personnes qu’on connaît, voire de soi-même!
Il est vrai que les symptômes des troubles de la personnalité peuvent décrire des traits qui se manifestent parfois, à des degrés divers, chez tout un chacun, mais un véritable trouble de personnalité se définit par la très forte acuité et l’expression inflexible de plusieurs traits. Les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité adoptent souvent un comportement rigide et sont incapables de le modifier, peu importe les situations auxquelles elles sont confrontées. Cette rigidité du comportement concorde avec la notion selon laquelle il existe des différences cles entre les individus, notamment quant à la capacité d’être souple dans les interactions sociales. Les personnes avec une personnalité dysfonctionnelle ne parviennent généralement pas à adapter leurs pensées, leurs sentiments et leurs comportements aux liverses circonstances et aux personnes qu’elles rencontrent.
La plus grande partie du champ d’études des troubles de la personnalité est axée Sur une perspective fondée sur les traits (c’est à-dire ce qu’ une personne fait habituellement),
mais il est aussi possible de conceptualiser encore plus utilement un dysfonctionnement de la personnalité en se basant sur une perspective centrée sur les capacités (c’est-à-dire sur ce qu’une personne peut faire ou est capable de faire).
La personnalité que chacun se forge au fil des ans reflète un moyen persistant de relever les défis qui se présentent dans la vie, un certain style de relation avec autrui.
Une personne est exagérément dépendante, une autre est provocatrice et agressive, une autre est timide et évite tout contact social et une autre encore se soucie davantage des apparences et de la valorisation de son ego vulnérable que de l’établissement de relations avec autrui. On ne diagnostiquerait aucun trouble de la personnalité chez toutes ces personnes, sauf si leur mode de comportement respectif était durable, envahissant et dysfonctionnel. Par exemple, en entendant des éclats de rire au moment d’entrer dans une pièce bondée, une personne pourrait avoir l’impression qu’elle est l’objet d’une blague et qu’on parle d’elle. De telles préoccupations deviennent des symptômes d’un trouble de la personnalité paranoïaque seulement si elles surgissent fréquemment et avec intensité et qu’elles empêchent l’établissement de relations personnelles étroites.
Le présent chapitre va d’abord décrire la classification des troubles de la personnalité et les difficultés inhérentes à toute classification et à toute évaluation. Il explicitera ensuite les troubles de la personnalité eux-mêmes, la théorie et la recherche concernant leur étiologie ainsi que les thérapies employées pour leur traitement.
La classification des troubles de la personnalité: groupes, catégories et problèmes
La notion selon laquelle un trouble peut affecter la personnalité remonte au moins à l’époque d’Hippocrate et de sa théorie des humeurs, dont il a été question au chapitre 1. Des troubles de la personnalité figuraient dans les premières versions du DSM, mais les diagnostics étaient alors très peu fiables. Un clinicien pouvait porter un diagnostic de narcissisme pour un patient flamboyant, tandis qu’un autre pouvait le considérer comme un psychopathe.
La catégorisation des troubles de la personnalité au fil des DSM
Comme pour d’autres diagnostics, la publication du DSM-III a marqué le début d’une tendance à l’amélioration de la fiabilité (Coolidge et Segal, 1998). A partir du DSM-II1, les troubles de la personnalité ont été placés sur un axe distinct, l’axe II, pour faire en sorte que les cliniciens soient attentifs à leur éventuelle pré-sence. L’axe Il décrivait de nombreuses catégories de troubles de la personnalité qui s’appliquaient ou non à des personnes affectées par un dysfonctionnement clinique. L’axe est disparu du DSM-5, mais il est désormais généralement reconnu que des troubles plus épisodiques peuvent être assortis d’un trouble de la personnalité de longue durée, tandis que, chez certaines personnes, c’est le trouble de la personnalité qui constitue le principal problème d’adaptation.
Les signes d’un trouble de la personnalité
Dans l’ensemble, quels sont les signes indiquant la présence d’un trouble de la personnalité? L’éminent théoricien Theo-dore Millon, décédé en 2014, a apporté plusieurs contributions importantes dans le domaine des troubles de la personnalité.
Millon (1986) a formulé trois critères fondamentaux qui permettent de faire la distinction entre une personnalité normale et une personnalité souffrant d’un trouble.
Un comportement rigide et inflexible, autopunitif et une instabilité structurelle
D’abord, une personnalité affectée d’un trouble se caractérise par un comportement rigide et inflexible. Ainsi, cette personne a de la difficulté à changer son comportement en fonction des situations dans laquelle elle se trouve. Ensuite, elle adopte un comportement autopunitif qui favorise l’instauration de cercles vicieux. En d’autres termes, les comportements et la cognition ne font que perpétuer et exacerber les conditions existantes. Un comportement autopunitif éloigne la personne affectée de ses objectifs, plutôt que de l’aider à les atteindre. Enfin, il y a une «instabilité structurelle». Millon employait cette expression pour désigner la fragilité du soi qui «craque » dans une situation de stress. Ce serait le cas d’un étudiant qui se débrouille raisonnablement bien au début d’une session, mais qui perd sa capacité d’être à la hauteur de la situation en raison de la pression croissante découlant des multiples échéances imparties.
Une incapacité à trouver des solutions adaptées
De leur côté, Livesley, Schroeder, Jackson et Jang (1994) considèrent tout trouble de la personnalité comme un échec ou une incapacite a trouver des solutions adaptées aux tâches de la vie.
Livesley (1998) a defini trois types de tâches de la vie et a avance lidée qu’un echec dans lexecution de l’une ou l’autre de ces tâches était suffisante pour établir un diagnostic de trouble de la personnalité. Ces trois tâches sont les suivantes: établir des représentations stables, intégrées et cohérentes de soi et d’autrui;
acquérir la capacité d’instaurer une intimité et des affiliations positives avec autrui et bien s’adapter à la vie en société en adoptant des comportements marqués par la sociabilité et la coopération.
Les valeurs des approches dimensionnelle et catégorielle
L’analyse qui suit porte sur la valeur que revêt une approche dimensionnelle des troubles de la personnalite. Initialement, On croyait et on prévoyait que la section du DSM-5 traitant des troubles de la personnalité ferait l’objet d’un changement radical et que l’accent serait désormais mis sur les dimensions plutôt que sur les catégories, mais une réorientation s’est produite à la toute fin du processus de mise à jour. Le résultat, c’est que l’approche par catégories du DSM-IV prévaut toujours dans le DSM-5. Comme le montre l’encadré 13.1, une description du trouble général de la personnalité, qui esquisse les critères dont la présence permet de conclure à l’existence d’un tel trouble, est toujours présente dans le DSM-5. Après quoi, une évaluation plus pointue peut déterminer si une personne présente un trouble de la personnalité spécifique. Cet encadré 13.1 permet de constater qu’un certain chevauchement caractérise les éléments constitutifs d’un trouble de la personnalité qu’ont proposés Millon, d’une part, Livesley et ses collaborateurs, d’autre part.
L’approche dimensionnelle qui devait être retenue n’en a pas pour autant été abandonnée.
Elle a en fait été introduite dans la section II du DSM-5 (American Psychiatric Association [APA),
2013), laquelle présente les grandes lignes du modèle qualifié de «modèle alternatif» des troubles de la personnalité. Ce modèle comporte deux critères. Le critère A sert à évaluer les « niveaux de fonctionnement de la personnalité» à l’un des deux thèmes: le soi (identité et autodétermination) et les relations interpersonnelles (empathie et intimité). Quant au critère B, il sert à qualifier une personne selon cinq grandes dimensions de traits: l’affectivité négative, le détachement, l’antagonisme, la désinhibition et le
psychotisme. Pincus, Dowgwillo et Greenberg (2016) ont montré, à partir des cas de trois personnes souffrant d’un narcissisme pathologique modéré ou grave, que le cadre offert par ce modèle alternatif est cliniquement plus utile que les approches diagnostiques antérieures et qu’il rend possible une meilleure représentation des différences entre ces trois personnes. Une autre indication de l’utilité des critères du modèle alternatif a surgi sous la forme d’un rapport montrant que ces traits annoncent une variation unique des niveaux de dysfonctionnement psychosocial chez plus de 600 patients en établissement psychiatrique, compte tenu ega-lement de divers autres critères, dont les types de troubles de la personnalité, d’autres symptômes psychiatriques et d’autres dimensions des traits de personnalité
Questions et problèmes
Ily a maintenant plus de 25 ans que d’aucuns préconisent une approche dimensionnelle des troubles de la personnalité.
Alors, pourquoi le modèle catégoriel des troubles de la personnalité figure-t-il dans la section II (Critères diagnostiques et codes) du DSM-5, alors que le modèle dimensionnel ne figure qu’à la section III (Mesures et modèles émergents) ?
Des tests comparant l’approche catégorielle reflétée dans le
DSM-5 et l’approche dimensionnelle apportent pourtant un appui vigoureux à cette dernière. Si des chercheurs canadiens ont établi des faits qui laissent entrevoir que la psychopathie sous-tendant la personnalité antisociale peut représenter une catégorie distincte (Skilling, Harris, Rice et Quinsey, 2002), une analyse a indiqué que même la psychopathie devrait être considérée comme dimensionnelle (Edens, Marcus, Lilienfeld et Poythress, 2006). Dans l’ensemble, une approche dimensionnelle semble concorder davantage avec les données recueillies. John Livesley, de l’Université de la Colombie-Britannique, et ses collaborateurs ont réalisé un travail de recherche qui montre que, lorsque des personnes souffrant d’un trouble de la personnalité dressent un inventaire général de leur personnalité, on constate que leur structure de personnalité ressemble à celle de personnes normales, mais simplement plus prononcée (Clark et collab., 1996; Livesley, Jang et Vernon, 1998). Une recherche similaire effectuée à l’Université Lakehead, à Thunder Bay, en Ontario, a révélé l’existence de différences dimensionnelles quand on veut catégoriser la personnalité normale et la personnalité anor-male: les troubles de la personnalité reflètent des tendances à manifester des réactions extrêmes et rigides à des degrés variables, mais non différentes dans leur nature, par rapport aux réactions de personnes qui ne souffrent pas de troubles de la personnalité (O’Connor, 2002; O’Connor et Dyce, 2001).
Ainsi, on peut considérer les troubles de la personnalité comme les cas extrêmes de caractéristiques présentes chez toutes les personnes.
Les critères du trouble général de la personnalité selon le DSM-5
A. Modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu. Cette déviation est manifeste dans au moins deux des domaines suivants
- La cognition (c.-à-d. la perception et la vision de soi-même, d’autrui et des événements).
- L’affectivité (c.-à-d. la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation de la réponse émotionnelle).
- Le fonctionnement interpersonnel.
- Le contrôle des impulsions.
- Ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses.
- Ce mode durable entraine une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, protession nel ou dans d’autres domaines importants.
- Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
- Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences d’un autre trouble mental.
- Ce mode durable n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. une drogue donnant lieu à abus ou un médicament) ou d’une autre affection médicale (p. ex. un traumatisme cranien).
Les dimensions de la personnalité prises en compte dans le modèle dimensionnel
Les dimensions de la personnalité prises en considération pour ce modèle dimensionnel ont été fortement influencées par d’autres facteurs généraux figurant dans la littérature à ce sujet. La rubrique Découverte 13.1, à la page suivante, décrit le modèle dimensionnel dominant et les autres modèles. S’il existe une tendance à mettre l’accent sur des modèles multi-traits comme ceux mentionnés dans la rubrique Découverte 13.1, un important débat se poursuit néanmoins à propos des dimensions qu’il faudrait inclure lorsqu’on passe d’une approche catégorielle à une approche dimensionnelle. Parmi celles-ci, le perfectionnisme est un construit de la personnalité qui mérite manifestement de recevoir une plus grande attention quant à son rôle dans le dysfonctionnement de la personnalité. À l’heure actuelle, le DSM-5 considère seulement le perfectionnisme comme un symptôme d’un trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive (TPOC), mais les perfectionnistes extrêmes présentent parfois une forme de dépendance au travail et une difficulté à s’arrêter de travailler qui peut être une source de grande détresse pour eux ou leurs proches, mais qui ne correspond pas bien à la description du TPOC. Selon, Ayearst, Flett et Hewitt (2012), il importe de prendre en considération le perfectionnisme multidimensionnel pour plusieurs raisons. Parmi leurs arguments, ils avancent notamment le fait qu’il s’agit d’un style de personnalité relativement unique et que ce trait rend compte d’une variation significative du dysfonctionnement de la personna-lité, au-delà de la variation qu’expliquent les autres dimensions des traits de la personnalité présentes dans les modèles multitraits. Par ailleurs, la recherche en matière de traitement va dans le même sens d’une considération conséquente du perfectionnisme puisqu’il est assez persistant et invétéré, et que des interventions s’appuyant sur la thérapie comportementale dialectique atténuent généralement le perfectionnisme problématique, mais sans l’éliminer (Handley, Egan, Kane et Rees, 2015). La nécessité d’une approche complexe se reflète dans une approche psychodynamique interpersonnelle qui interprète le perfectionnisme comme le reflet d’expériences interpersonnelles et de besoins interpersonnels non satisfaits (Hewitt, Flett et Mikail, 2017 ; Hewitt et collab., 2015).
Comme nous l’avons vu précédemment, l’axe Il et les autres axes ne figurent pas dans le DSM-5. Les divers troubles de la personnalité sont plutôt énumérés dans la section des troubles et le nouveau modèle alternatif a été placé dans la section III du DSM-5, où sont décrites des propositions méritant de recevoir une attention plus soutenue.
Malgré ce recul pour les partisans du modèle dimension-nel, une étude menée auprès de 337 clients qui ont reçu, de la part de cliniciens qui les connaissaient bien, un diagnostic en vertu du système dimensionnel ou du système catégoriel a abouti à la conclusion qu’il y avait une étroite correspondance entre les deux approches diagnostiques (Morey et Skodol,
2013). Ces chercheurs chevronnés ont mis l’accent sur la définition de règles de décision qui serviraient de seuils diagnostiques permettant au clinicien de recourir à des données dimensionnelles pour prendre des décisions catégorielles. Après l’établissement de ces seuils diagnostiques, le nouveau modèle diagnostique a été appliqué avec succès à bon nombre des troubles de la personnalité spécifiques.
Les faiblesses de l’approche catégorielle
La faible stabilité des diagnostics d’un trouble de la personnalité est un problème qui afflige l’approche catégorielle. Étant donné que les troubles de la personnalité sont présumés être plus stables dans le temps que certains troubles épisodiques (comme la dépression), la fiabilité de test-retest - soit la question de savoir si des patients reçoivent le même diagnostic lorsqu’ils font l’objet de deux évaluations séparées par un certain intervalle de temps - constitue également un important facteur de leur évaluation. Durbin et Klein (2006) ont évalué la stabilité des troubles de la personnalité chez des patients souffrant d’un trouble de l’humeur. Ils ont constaté que la stabilité sur 10 ans des diagnostics catégoriels était « relativement faible » (p. 82). Les coefficients de stabilité étaient plus élevés lorsqu’on avait adopté une approche dimensionnelle des troubles de la personnalité et que les intervalles de temps étaient plus courts. En concordance avec la stabilité plus prononcée des troubles antisociaux, les troubles du groupe B (voir la section 13.4) présentaient la plus grande stabilité dans
le temps.
Plus récemment, Morey et Hopwood (2013) ont réexaminé cette question et relevé maints facteurs qui influencent sur l’évaluation de la stabilité, y compris les types de construits mesurés et l’incidence de la technique d’échantillonnage des Participants choisie. Ils ont conclu que, à l’heure actuelle, il est presque impossible d’obtenir une réponse claire et unique à la question suivante: «Quel est le degré de stabilité des troubles de la personnalité? » Quoi qu’il en soit, on estime tout de même que les troubles de la personnalité font partie des troubles les plus persistants observés.
De la difficulté d’évaluer un seul et unique trouble de la personnalité
L’étude des troubles de la personnalité se heurte à un autre problème irritant: il est souvent difficile de diagnostiquer un seul et unique trouble de la personnalité, car un grand nombre de personnes présentant un trouble de la personnalité manifestent un large éventail de traits, ce qui rend possibles plusieurs diagnostics différents (Marshall et Serin, 1997). Dans le cas décrit au début du chapitre, le comportement de Marie correspond aux critères du diagnostic non seulement du trouble de la personnalité limite (bor-derline), mais aussi du trouble de la personnalité paranoïaque, en plus d’être très près de correspondre aussi aux critères du trouble de la personnalité histrionique. Une étude a révélé que, chez un groupe de patients souffrant d’un trouble de la personnalité limite (borderline), 55% satisfaisaient aussi aux critères de diagnostic du trouble de la personnalité schizotypique, 47%, aux critères de diagnostic du trouble de la personnalité antisociale, et 57%, aux critères de diagnostic du trouble de la personnalité histrionique (Widiger, Frances et Trull, 1987). Ces données sont particulièrement décourageantes et elles ont différentes conséquences sur les tentatives d’interprétation des résultats des travaux de recherche axés sur la comparaison entre des patients souffrant d’un trouble de la personnalité spécifique et un groupe témoin quelconque. Si, par exemple, on constate que des personnes avec un trouble de la personnalité limite (borderline) sont différentes des personnes ne présentant aucun trouble, les conclusions qu’on en a tirées valent-elles spécifiquement pour le trouble de la personnalité limite (borderline) ou généralement pour les troubles de la personnalité dans leur ensemble?
Enfin, il semble encore que certains problèmes demeurent entiers lorsqu’on examine les critères relatifs aux troubles de la personnalité dans l’optique de leur utilité clinique. De récentes communications de la part de cliniciens semblent indiquer la nécessité d’élargir la description d’au moins quatre troubles de la personnalité: les troubles de la personnalité évitante, nar-
cissique, obsessionnelle-compulsive et schizoïde (Crego, Sleep et Widiger, 2016). Il s’agit là de communications importantes, compte tenu de l’objectif consistant à maximiser l’utilisation clinique du DSM-5.
Les troubles de la
personnalité: le groupe étrange/excentrique
Le groupe étrange/excentrique englobe trois diagnos-tics: troubles de la personnalité paranoïaque, la personnalité schizoïde et la personnalité schizotypique. Les symptômes de ces troubles sont quelque peu semblables à ceux de la schizo-phrénie, notamment en ce qui concerne les symptômes moins aigus de ses phases prodromale et résiduelle.
Le trouble de la personnalité paranoïaque
La personne avant un trouble de la personnalité paranoïaque
(TPP) est soupçonneuse envers autrui. Elle s’attend à être maltraitée ou exploitée par d’autres, si bien qu’elle a une attitude très réservée et elle est toujours à l’affût d’éventuels signes de tromperie et d’abus. Elle est réticente à se confier aux autres et tend à les blâmer même lorsque c’est elle qui a tort.
Elle peut être extrêmement ialouse et remettre en question sans la moindre justification la fidélité de son conjoint ou de son amant.
Elle nourrit également des doutes injustifiés au sujet de la fiabilité ou de la loyauté d’autrui. Elle peut voir des messages négatifs ou menaçants cachés dans certains événements (p. ex., elle peut croire que le chien d’un voisin jappe délibérément à l’aube pour la déranger). Ce diagnostic est différent de celui de la schizophrénie de type paranoide, parce que des symptômes tels que des hallucinations ne sont pas présents et que la vie sociale et professionnelle est moins altérée. Il diffère aussi de celui du trouble délirant, en raison de l’absence de délires caractérisés.
Le TPP apparaît le plus souvent chez les hommes et s’accompagne le plus fréquemment d’un trouble de la personnalité schizotypique, limite (borderline) ou évitante (Morey,
1988). Les données recueillies semblent indiquer qu’il s’agit là d’un des troubles de la personnalité les plus couramment diagnostiqués dans des échantillons issus de la commu-nauté. La meilleure représentation du trouble de la personnalité paranoïaque consiste à le voir comme un état constant plutôt que comme une catégorie discrète