Cours 5b - Approche clinique des hémoragies digestives Flashcards
Hémorragie digestive haute (HDH): Définition
- Saignement digestif proximal à l’angle de Treitz, soit en amont du jéjunum.
Hémorragie digestive haute (HDH): Présentation clinique - Sx, leur définition, symptômes en fonction du volume de perte sanguine
- Méléna (selles noires le plus souvent molles constituées de sang digéré, odeur fétide caractéristique). 150 mL de sang sont nécessaires pour colorer les selles en noir.
- Hématémèse (vomissement de sang)
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Rectorragie (aussi appelée hématochézie) : si hémorragie digestive haute sévère (grandes quantités de sang).
- En effet, l’HDH ne se présente pas toujours avec méléna.
- Symptômes d’hypovolémie : hypotension, tachycardie, étourdissements, choc hypovolémique, extrémités froides, altération de l’état de conscience, etc.
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Symptômes en fonction du volume de perte sanguine :
- Perte de 20 % du volume sanguin (1 L) : Orthostatisme (hypotension orthostatique)
- Perte 20-40 % du volume sanguin (1,5 L) : Tachycardie ± hypotension
- Perte > 40 % du volume sanguin (2 L) : Choc hypovolémique (hypotension, tachycardie, pâleur, sueurs, extrémités froides, état de conscience altéré, etc.)
Hémorragie digestive haute (HDH): Symptômes en fonction du volume de perte sanguine
- Perte de 20 % du volume sanguin (1 L) : Orthostatisme (hypotension orthostatique)
- Perte 20-40 % du volume sanguin (1,5 L) : Tachycardie ± hypotension
- Perte > 40 % du volume sanguin (2 L) : Choc hypovolémique (hypotension, tachycardie, pâleur, sueurs, extrémités froides, état de conscience altéré, etc.)
Hémorragie digestive haute (HDH): Laboratoires
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Hémoglobine (Hb) : la réponse physiologique consiste en un appel d’eau de l’espace extravasculaire à l’espace intravasculaire pour maintenir le volume circulatoire.
- Ce mécanisme entraine une chute de l’hémoglobine par dilution.
- Initialement l’hémoglobine peut être normale due à l’hémoconcentration.
- Il ne faut donc pas se laisser prendre et donc poursuivre la surveillance de l’hémoglobine.
- Urée : élevée due à la digestion des protéines du sang présent dans le tube digestif.
- Créatinine : peut s’élever si déshydratation importante et hypoperfusion rénale évoluant vers une insuffisance pré-rénale
Hémorragie digestive haute (HDH): Complications - chez qui?, sx, mortalité
- Des complications sont particulièrement à redouter chez les patients ayant des comorbidités médicales (MCAS, insuffisance cardiaque, MVAS, diabète, âge, insuffisance rénale, cirrhose du foie).
- Choc hypovolémique : entraine une dysfonction multiorganique par hypoperfusion et ischémie.
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Atteinte multiorganique :
- Système nerveux central : altération de l’état de conscience
- Cœur : ischémie cardiaque (angine à infarctus du myocarde)
- Rein : insuffisance rénale
- Foie : “Foie de choc” ou hépatite ischémique
- Mortalité 5-10%
Hémorragie digestive haute (HDH): Étiologies - Classes et exemples
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Varicielles
- Varices œsophagiennes (fréquentes)
- Varices gastriques (moins fréquentes que varices œsophagiennes)
- Varices ectopiques (plus rares)
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Non-varicielles (85-90 %)
- Ulcère peptique (50 %)
- Érosions muqueuses (40 %)
- Malformations vasculaires
- Mallory-Weiss
- Tumeur oesophagienne, gastrique, duodénale
- Dieulafoy
- Oesophagite
- GAVE, GPHTP
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - ÉTAPES
- Stabilisation (TRÈS IMPORTANT)
- Évaluation
- Thérapie médicamenteuse
- Endoscopie
- En cas d’échec
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - Étape STABILISATION
- TRÈS IMPORTANT
- Vérification et monitoring continu des signes vitaux
- Administrer de l’oxygène au patient
- Installation de voies d’accès veineux (2 grosses voies d’accès au minimum, au besoin poser une voie d’accès centrale), canule artérielle si nécessaire
- Intubation au besoin si altération de l’état de conscience et non-protection des voies respiratoires
- Réanimation volémique (solutés cristalloïdes isotoniques en bolus pour corriger l’hypotension : Normal Salin ou Lactate Ringer)
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Transfusions sanguines au besoin.
- Si hémorragie massive : activer le protocole de transfusions massives.
- Correction d’anomalies de la coagulation (ex. patient anticoagulé en hémorragie) au besoin et selon la coagulopathie : vitamine K, plasma frais congelé, bériplex, concentrés plaquettaires, cryoprécipités, etc.
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Installation d’un tube nasogastrique (TNG) pour drainer et confirmer la présence d’une HDH.
- Toutefois, il est possible que le TNG n’aspire pas de sang même en présence d’une HDH (ex. saignement dans duodénum alors que TNG dans l’estomac).
- Ainsi, un TNG qui ne draine pas de sang n’exclue pas une HDH.
- Installation d’une sonde urinaire pour monitorer le débit urinaire
- Penser à transférer le patient immédiatement en salle de réanimation s’il est à l’urgence.
- S’il est hospitalisé, stabiliser le patient, appeler l’intensiviste ou l’équipe de réanimation au besoin et transférer aux soins intensifs dès que possible.
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - Étape ÉVALUATION
- Questionnaire avec le patient ou l’accompagnant si le patient ne peut répondre
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Rechercher les facteurs de risque d’ulcère peptique
- Antiplaquettaire (aspirine, clopidogrel)
- AINS
- Antécédent d’ulcère peptique
- Helicobacter pylori
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Rechercher les facteurs de risque de maladie hépatique chronique :
- Prise d’alcool excessive
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Cirrhose connue.
- On peut aussi rechercher à l’examen physique les stigmates associés à la cirrhose hépatique (ascite, ictère, hépatosplénomégalie, angiomes stellaires, caput medusae, etc.).
- Hépatites virales chroniques (VHB et VHC)
- Syndrome métabolique et obésité, etc.
- Évaluation des comorbidités (neurologiques, cardiaques, pulmonaires, prise d’anticoagulants)
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Bilans sanguins :
- Formule sanguine complète (FSC)
- INR (International Normalized Ratio) et TCA (Temps de céphaline activée)
- Urée et créatinine
- Ions
- Bilan hépatique
- Glycémie
- ECG
- CK-troponines (enzymes cardiaques)
- Radiographie pulmonaire au besoin
- Gaz capillaire ou veineux
- Lactates au besoin (si choc hypovolémique).
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - Étape THÉRAPIE MÉDICAMENTEUSE
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Inhibiteur de la pompe à proton (IPP) intraveineux : pantoprazole IV
- En bolus et perfusion
- Pour les pathologies ulcéreuses peptiques, mais aussi d’emblée lors d’une HDH dont on ne connait pas encore l’étiologie (avec ajustement du traitement en post-endoscopie).
- Diminution du pH gastrique qui favorise la formation d’un clou plaquettaire, diminue ensuite les risques de reprise du saignement post-traitement endoscopique.
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Somatostatine intraveineuse : ocréotide IV
- En bolus et perfusion
- Pour un saignement variciel ou à la moindre suspicion de saignement variciel (ex. patient se présentant avec HDH et qui a histoire d’alcoolisme).
- On ajuste ensuite le traitement médicamenteux en postendoscopie selon les trouvailles.
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Réduction de la pression splanchnique donc aussi de la pression dans les varices.
- Ceci diminue ou arrête le saignement et réduit les risques de reprise du saignement en post-traitement endoscopique.
- On commence généralement ces deux médicaments empiriquement lorsque la cause de l’hémorragie est incertaine.
- Ils sont réévalués suite à l’endoscopie.
- Par exemple, si on trouve un u_lcère gastrique_ à l’endoscopie, on gardera uniquement le pantoprazole IV et on cessera l’ocréotide IV.
- Si au contraire on retrouve un saignement variciel, mais aucun ulcère, on ne gardera que l’ocréotide et on cessera le pantoprazole.
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - Étape ENDOSCOPIE
- Permet de rechercher la lésion expliquant l’hémorragie (trouvée dans 90 % cas)
- Permet la réalisation d’un traitement endoscopique s’il y a lieu
- Ulcère : injection d’adrénaline, cautérisation au heat probe, HemoClip, traitement à l’argon, Hemospray au besoin
- Varices œsophagiennes : ligature élastique (“banding”)
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Varices gastriques : injection de cyanoacrylate (“colle”) au besoin.
- Si saignement massif, envisager TIPS (shunt porto-systémique avec stent couvert réalisé en radiologie d’intervention et qui permet la réduction immédiate de l’hypertension portale).
Hémorragie digestive haute (HDH): Prise en charge - Étape EN CAS D’ÉCHEC
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Saignement variciel
- Varices œsophagiennes : tube de Blakemore (ballonnet gastrique et ballonnet œsophagien). Il permet la mise en place d’une pression par ballon sur les varices qui interrompt le saignement. Il s’agit d’une intervention temporaire.
- Varices gastriques : tube de Linton (ballonnet gastrique). Il s’agit du même principe que le tube de Blakemore et est lui aussi temporaire.
- TIPS (voir ci-haut)
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Saignement non-variciel
- Angio-TDM puis embolisation du vaisseau hémorragique.
- L’angioTDM permet, grâce à l’injection d’un produit de contraste, de visualiser, en phase artérielle, la présence et la source d’un saignement.
- Ensuite, le radiologiste d’intervention, sous guidage fluoroscopique, pourra intervenir sur le vaisseau fautif et procéder à une embolisation afin d’interrompre le saignement.
- Chirurgie si hémorragie massive incontrôlable (recherche et traitement de la source de saignement en salle d’opération).
Hémorragie digestive basse (HDB): définition, description, mortalité
- Passage de sang rouge via le rectum en grande quantité, de façon subite et soutenue.
- À distinguer de la rectorragie d’allure anorectale où l’écoulement de sang accompagne les selles (sang “sur” les selles, “goutte à goutte” dans la cuvette, sang sur le papier de toilette, etc.)
- Mortalité : environ 5 %
- Peut cesser spontanément
Hémorragie digestive basse (HDB) vs Rectorragie d’allure anorectale
- HDB: À distinguer de la rectorragie d’allure anorectale où l’écoulement de sang accompagne les selles (sang “sur” les selles, “goutte à goutte” dans la cuvette, sang sur le papier de toilette, etc.)
Hémorragie digestive basse (HDB): Évolution, FDR de mauvaise évolution
- Peut cesser spontanément
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Facteurs de risque de mauvaise évolution :
- Comorbidités médicales
- Persistance du saignement pendant plus de 24 h ou nécessité de transfusions
- Instabilité hémodynamique (tachycardie, hypotension)