Cours 3 - Partie 2 Flashcards
Les troubles de la dénomination
Le manque du mot;
Les paraphasies, deux types
1)Phonémiques ou littérales
2)Verbales
Le manque du mot
- Quand isolé, on parle alors d’aphasie amnésique
- L’ébauche orale (ou « clé » phonémique) a ou non un effet facilitateur : le fait
de dire la première syllabe du mot peut faire surgir le mot recherché - Soit la facilitation n’entraîne aucune réponse ou provoque une réponse erronée
soit d’un mot commençant par la même syllabe, soit d’un mot ne contenant
même pas la syllabe prononcée - Au manque du mot peut s’ajouter : en dénomination avec ou sans facilitation,
comme dans le langage spontané, la production, au lieu du mot attendu, d’une
autre production verbale : telle est la définition des paraphasies
Les paraphasies phonémiques ou littérales
réalisent des distorsions de mots en rapport non
avec des difficultés de la réalisation phonétique mais avec des perturbations de
l’agencement phonémique par omissions, adjonctions, inversions,
déplacements de phonèmes (locomotive → colotomive ; thermomètre →
terbomètre, termonètre ; crayon → credon, crason)
- L’examinateur peut parfois, dans le langage spontané ou dans la conversation,
grâce à la parenté phonologique et au contexte, détecter le mot cible ; toutefois,
quand la structure du mot est trop bouleversée, sa valeur informative est
perdue et l’on parle alors de néologisme
- Les paraphasies phonémiques correspondent à la désorganisation de la
deuxième articulation du langage
Les paraphasies verbales
désignent la substitution d’un mot par un autre mot du lexique.
Plusieurs possibilités :
• paraphasies verbales morphologiques (ou paraphonies) : quand le mot émis est
phonétiquement proche du mot cible (tulipe : tuile ; constitution : consultation ;
échelle : échine ; cravate : cravache) et qui peuvent être interprétées, à l’instar
des paraphasies phonémiques, comme un désordre de la deuxième articulation
• paraphasies verbales sémantiques : quand le mot émis a un lien conceptuel
avec le mot recherché (table : chaise ; clé : fer) ; elles peuvent s’interpréter
comme un désordre de la première articulation du langage, c’est-à-dire du choix
des mots ; elles peuvent témoigner de deux types de relation avec le mot cible :
classificatoire et propositionnelle
- Certaines sont de classification difficile (buvard : poulain) de même que la
genèse de néologismes très éloignés du mot cible (manteau : apur)
- Un petit nombre de paraphasies verbales (mots de prédilection) reviennent à
plusieurs reprises dans le discours
- Lors de l’épreuve de dénomination d’objets, le malade émet des paraphasies
verbales qui sont la reprise d’un mot précédemment énoncé par le sujet ou
l’examinateur : il s’agit alors de persévérations ou d’intoxication par le mot
- La profusion des transformations paraphasiques peut aboutir à un jargon (désintégration des valeurs sémantiques du langage)
Variétés de jargons
jargon indifférencié fait d’une suite de
phonèmes, jargon asémantique fait de néologismes, jargon paraphasique fait
de paraphasies verbales
Les troubles du maniement de la grammaire et de la syntaxe
L’agrammatisme : réduction des monèmes grammaticaux et l’emploi de verbes
à l’infinitif donnant au langage un style télégraphique (« Nice : non !… trois
semaines… à côté… des paniers… euh, il y a du monde… casino aus-si… à Noël…
et puis avant aussi… mais maintenant ma femme… à moi… avant non… 6 ans
maintenant »)
- L’agrammatisme, parfois appelé agrammatisme expressif, accompagne les
aphasies non fluentes
La dyssyntaxie : radicalement différente, se caractérise par l’emploi de mots
grammaticaux nombreux mais inappropriés qui sont l’équivalent de
paraphasies sémantiques (« la route dont je repars » ; « l’enfant que je tendais
un bonbon vient par la prendre »)
- Accompagnent le langage paraphasique et s’associent à une incapacité de
reconnaissance des erreurs grammaticales, d’où l’appellation d‘agrammatisme
impressif
Les troubles de la lecture
- La lecture à haute voix permet d’apprécier les perturbations des transpositions
visuophonatoires - S’il est rare qu’un texte parfaitement lu ne soit pas compris, des perturbations
de la lecture n’impliquent pas obligatoirement l’existence de troubles majeurs
de la compréhension - Les alexies aphasiques se caractérisent par la production de paralexies qui
procèdent des mêmes transformations de mots que celles observées dans les
paraphasies ; accompagnent l’aphasie de Wernicke ; associées à une agraphie - Des paralexies phonémiques et verbales morphologiques avec troubles
parallèles de l’écriture, tentatives réitérées d’autocorrections et une bonne
qualité de la compréhension peuvent être observées dans les aphasies de
conduction - Une alexie particulière, dite antérieure, peut accompagner l’aphasie de Broca (certaines alexies « sans agraphie » ou pures ne s’accompagnent d’aucun autre
trouble du langage écrit)
Les troubles de l’écriture
Les agraphies aphasiques réalisent des distorsions du langage écrit
superposables aux désordres de la production verbale :
Sur le plan quantitatif (aphasies fluentes vs aphasies non fluentes)
Sur le plan qualitatif avec la production de paragraphies voire d’une
jargonagraphie
Aphasie
Définie comme un trouble du langage acquis secondaire à une affection cérébrale
Se distingue des retards de langage chez l’enfant (appelés dysphasies) et des
perturbations linguistiques observées dans certaines maladies psychiatriques (par
exemple la schizophrénie)
La classification qui suit est fondée, de façon très pragmatique, sur la nosographie
clinique héritée de la littérature scientifique
Les terminologies qui en sont issues ont été consacrées par l’usage et ne sont plus
remises en cause (aphasie de Broca, aphasie de Wernicke, aphasie de conduction,
etc.)
Classification et surtout description des aphasies s’appuient également sur une
modélisation cognitive. Cette double lecture est particulièrement marquée dans
les pathologies du langage, même si on l’observe également dans d’autres
syndromes
L’aphasie de Broca
Appelée aphasie motrice ou aphasie d’expression, présente deux traits
sémiologiques majeurs:
- Discours non fluent
- Productions caractérisées par des troubles articulatoires
Difficultés sont les plus marquées lors de l’expression spontanée
Réduction du discours est toutefois variable selon les patients, mais l’expression
peut être limitée à une stéréotypie comme chez le célèbre malade de Broca qui
ne produisait qu’une syllabe, «tan»
Elocution toujours laborieuse et souvent dysprosodique (les difficultés de
contrôle de certains paramètres comme la hauteur et l’intensité du son
perturbent le contour mélodique et la place des accentuations dans la phrase)
Transformations phonétiques très importantes, pouvant masquer des
paraphasies phonémiques qui se révéleront au cours de l’évolution
Un autre mode évolutif : l’agrammatisme
Troubles de la compréhension de la syntaxe et des morphèmes grammaticaux
Réduction lexicale et l’agrammatisme retrouvés dans l’écriture, parfois même de
façon plus marquée
Troubles neurologiques associés à l’aphasie de Broca
Une hémiplégie sensitivo-motrice droite, une apraxie idéomotrice de la main
gauche et une apraxie bucco-faciale (impossibilité d’exécuter volontairement
certains gestes bucco-faciaux qui peuvent cependant être produits de façon
automatique ou réflexe)
Les lésions responsables de l’aphasie de Broca concernent classiquement la
partie postérieure de la troisième circonvolution frontale gauche et les régions
voisines. Le plus souvent, il s’agit de vastes infarctus frontopariétaux avec une
extension sous-corticale constante
L’aphasie de Wernicke
Appelée aphasie sensorielle : caractérisée par un discours fluent et parfois
logorrhéique, l’absence de troubles de l’articulation, la production de
nombreuses paraphasies et d’importantes perturbations de la compréhension
Une production abondante et riche en néologismes est appelée
«jargonaphasie». Ce jargon peut être à prédominance phonémique, sémantique
ou mixte
Ces troubles de la compréhension du langage parlé constituent l’une des
caractéristiques de l’aphasie de Wernicke (la surdité verbale pure en est la
forme extrême)
Dans de nombreux cas, la lecture et la production écrite sont aussi perturbées.
Les lettres sont bien formées mais les mots sont émaillés de nombreuses
paragraphies
Différentes formes d’aphasies de Wernicke, selon la domination :
- Des troubles de la compréhension orale
- Des troubles du langage écrit
Dans la « grande aphasie de Wernicke » : association de l’ensemble des
perturbations décrites, le patient est anosognosique et difficilement canalisable
Déficits neurologiques associés à l’aire de Wernicke
(troubles de la sensibilité, hémianopsie
latérale homonyme) souvent peu marqués
- Plus fréquent chez la personne âgée, elle peut être prise à tort pour un épisode
confusionnel ou même un état psychotique
- Les lésions responsables de l’aphasie de Wernicke concernent les parties postérieures des première et deuxième circonvolutions temporales ainsi que les gyri
angulaire (aire 39 de Brodmann) et supramarginal (aire 40) de l’hémisphère
gauche. Ces deux dernières localisations concernent les formes d’aphasie de
Wernicke avec d’importants troubles du langage écrit
L’aphasie de conduction
Caractérisé par un discours fluent (mais la fluence n’est pas «exagérée» comme
dans les aphasies de Wernicke) et par de nombreuses paraphasies
phonémiques que le patient, conscient de ses troubles, tente de corriger
Peut s’installer au décours d’une aphasie de Wernicke
Une répétition très perturbée contraste avec une compréhension correcte
Comme la dénomination, la lecture à haute voix donne lieu à de nombreuses
paraphasies phonémiques mais la compréhension du message écrit est correcte
Le graphisme est bien préservé mais les troubles de l’expression écrite sont
constants et dominés par les paragraphies phonémiques (Les difficultés
concernent surtout l’écriture des non-mots)
Les troubles neurologiques associés à l’aphasie de conduction
Variés. Le plus souvent peu marqués (troubles sensitifs, amputation du champ
visuel)
L’aphasie de conduction a souvent été attribuée à une interruption du faisceau
arqué, qui relie le cortex temporopariétal au cortex de la troisième
circonvolution frontale (l’aire de Wernicke à l’aire de Broca), mais d’autres
lésions ont été décrites, notamment dans la partie postérieure du gyrus
temporal supérieur (aire 20) et/ou du gyrus supramarginalx