Cours 10- Les approches théoriques en politique comparée: l'approche culturelle Flashcards

1
Q

En quoi l’approche culturelle est une approche structurelle?

A
  • Une approche considérant que les variables explicatives principales sont à rechercher dans la culture.

Cf. David Landes : «Culture makes almost all the difference », manuel p. 285

+ les comportements politiques, les différences de développement, les institutions politiques …sont déterminés par les cultures locales

  • Idée que le « développement » est une idée occidentale
  • Le développement n’est pas nécessairement valorisé de la même façon par tous

Les culturalistes pensent qu’il faut mettre l’accent sur les cultures et ce qui est valorisé par une culture

*Une approche longtemps dominée par une vision rigide:
+ la culture (variable explicative) :
- extérieur à nous, mais qui s’impose à nous—facteurs sur lesquelles on ne peut pas jouer
- est souvent définie sur la base de facteurs objectifs : religions, coutumes, mœurs, autres aspects identitaires…

Aspect essentielle caractéristiques de l’essence d’individus

*Une approche qui s’est ensuite assouplie et diversifiée
Approche bien présente chez les pères fondateurs de la politique comparée

Définition plus large des institutions

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2
Q

En quoi l’approche culturelle est ancrée dans les travaux des pères fondateurs?

A
  • Chez Weber : Cf. L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme
    + corrélation protestantisme et capitalisme
    + ascétisme protestant; absence de goût de luxe, de surconsommation
    + valorisation de l’épargne
    + valorisation divine de l’auto réalisation
  • Correspond à une attente divine l’amassement d’argent est bien vue et recommandée
  • L’investissement, l’épargne et ne pas vivre avec exubérance
  • Chez Tocqueville : Cf. De la démocratie en Amérique
    +L’importance des mœurs puritaines américaines, notamment
    ++l’esprit de liberté : « ils ont un goût naturel pour la liberté »
    ++l’esprit de religion « croyance profonde en Dieu »

Les différences entre les Américains et les autres (notamment les Français) viendraient de là.

La culture est présente chez ces auteurs, mais son utilisation est délicate

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3
Q

En quoi il s’agit d’une approche controversée?

A

Une approche controversée et un temps éclipsé en politique comparée

a) Approche controversée car une utilisation imprudente de la culture

  • Par l’ethnologie et l’anthropologie raciales du 19ème siècle
    + approche essentialiste de la culture
    + hiérarchisation des « races » et cultures
    + déduction des liens de causalité selon les cultures
  • Par des auteurs privilégiant un usage rigide (thick) et peu dynamique de la culture vue comme
  • Primordiale on ne peut s’en défaire
  • Facteur exogène, contraignant et collectif  aucun contrôle, caractérise un groupe
  • Facteur durable, difficilement changeable
  • Homogène et étanche par rapport aux autres cultures vision séparée
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4
Q

Que sous-entend l’expression culture rigide (thick)?

A

« Au début des années 1990, il m’est arrivé de lire des données économiques sur le Ghana et la Corée du Sud du début des années 1960 et j’ai été surpris de constater à quel point leurs économies respectives étaient alors similaires […].
Trente ans plus tard, la Corée du Sud est devenue la quatorzième économie mondiale. Elle possède des firmes multinationales, un secteur d’exportation d’automobiles […] et un revenu par habitant comparable à celui de la Grèce. Mieux encore, elle est sur la voie de la consolidation démocratique.

Aucun changement de ce genre n’est survenu au Ghana, dont le PNB par habitant représente maintenant le quinzième de celui de la Corée du Sud.

Comment cet écart extraordinaire en matière de développement peut-elle s’expliquer ? Sans doute, plusieurs facteurs ont joué, mais il m’a semblé que c’est dans la culture qu’il faut chercher l’essentiel de l’explication. Les Coréens valorisent l’épargne, l’investissement, le dur labeur, l’éducation, l’organisation et la discipline. Les Ghanéens ont des valeurs différentes. Bref, la culture compte ».
Le développement serait une affaire culturelle.
+ Il ne dépend pas simplement de bonnes politiques économiques
+ Il ne dépend pas de l’habileté de quelques leaders politiques…

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5
Q

Pourquoi l’instauration de la démocratie exigerait un ‘‘ajustement culturel’’ ?

A

+ elle ne se fait pas simplement en créant des institutions

+certaines configurations culturelles seraient réfractaires à la démocratie

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6
Q

Pourquoi l’approche culturelle est éclipsée par les autres approches?

A

La relation ne va pas de la culture aux les institutions, mais l’inverse

Ce sont des processus historiques de long terme

  • les anciens institutionnalistes
    + ce sont les institutions qui produisent la culture politique
  • les adeptes de l’approche historique
    + intérêt pour la longue durée, donc les transformations culturelles
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7
Q

Comment l’approche culturelle en politique comparée a-t-elle eu un renouveau?

A

Une expérience parmi d’autre, mais qui peut changer partagé par les membres d’un groupe

2.1. Une acceptation de la culture souple (thin) mieux adaptée à la comparaison
+prise de distance avec la conception rigide de la culture
+nouvelle définition de la culture qui est :

-une « toile de significations» (ddéfinition dite sémiotique de Clifford Geertz ) : « un système de significations que les membres d’un groupe connaissent et utilisent dans leurs interactions»

-plus diversifiée que les seuls éléments objectifs
-subjective : intériorisée différemment par les membres du groupe
 Comment les individus reflètent différemment l’intériorisation de ces valeurs

Voir la culture selon un spectre, du thin au thick
+ Elle est endogène (donc influencée par les acteurs, les institutions…,)
+ Elle est dynamique et non rigide
+ Elle s’observe au niveau individuel, et pas de tout le groupe

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8
Q

Quelle est l’hypothèse reliée au changement de la culture politique en Afrique? Par quelle méthode cela est-il mesuré?

A

Hypothèse : légitimité croissante de l’idée démocratique en Afrique malgré les différences culturelles

Méthode : sondage portant sur une centaine de questions (enquêtes depuis 1999)
Les prémisses culturelles sur l’Afrique sont-elles fondées ?
Permet des observations plus spécifiques et intéressantes

  • la connaissance de la démocratie ?
  • la valorisation de la démocratie?
  • la préférence pour la démocratie?
  • l’attachement aux libertés d’expression et d’association ?
  • le pouvoir des électeurs sur les élus ?
  • la limitation du pouvoir ?
  • la liberté de la presse ?

Grand attachement des Africains à la démocratie

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9
Q

Comment l’approche culturelle passe d’une culture tain à un néoculturalisme?

A
  • La culture peut ou non jouer sur les phénomènes politiques selon les contextes et les périodes
  • Elle est malléable et ne détermine pas nécessairement les attitudes
  • Quand elle joue, la culture nourrit la culture politique qui est un ensemble de connaissances,
    croyances et pratiques balisant le rapport au politique

+ ces balises encadrent plus ou moins les comportements et expliquent, selon les néo-culturslistes:
++les formes variées d’institutions politiques dans le monde
++ les attitudes politiques des individus
++ les formes de participation politique
++ etc…

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10
Q

Qu’est-ce que la perspective fondatrice comme variante de l’approche culturelle?

A

Objectif : cerner les fondements culturels de la démocratie
la culture politique : « ensemble d’attitudes face aux phénomènes politiques dans une société… qui offre une matrice de comportement politique» explique les variations de régimes selon les pays en offrant ou non des bases à la démocratie

-Méthode : Comparaison de variation (USA, Grande Bretagne, Italie, RFA, Mexique)
+En behavioralime, ils s’intéressent aux attitudes individuelles culturellement fondées
+Ils mesurent les différences entre pays selon trois types d’attitudes culturelles:

Cognitive  affective  évaluative

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11
Q

Quels résultats apportent la perspective fondatrice?

A

Trois types idéaux de cultures politiques
* Culture paroissiale (Mexique)
+faibles capacités cognitives, affectives et évaluatives des individus
- Peu de scolarisation, plus faibles connaissances sur la démocratie et donc peu en mesure d’évaluer les performances politiques
+systèmes traditionnels peu différentiés, peu sécularisés
- Confusion entre les pouvoirs
- Peu de sécularisation

  • Culture de sujétion (Italie)
    + capacités cognitives, mais faible capacité évaluative (individus passifs)
    + systèmes centralisés, autoritaires et relativement différentiés
  • Culture de participation (RFA et USA)
    +grandes capacités cognitives, affective et évaluatives.
    +systèmes modernes, non autoritaires et accessibles aux individus
    +système politique différentié et obéissant à la spécialisation des fonctions

Les différentes cultures peuvent se trouver dans un même État

La démocratie nécessite une culture civique = type mixte de différentes cultures, à dominante participative

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12
Q

Comment se fait le renouvellement de l’approche culturelle via la « thin culture »?

A

la perspective du capital social de Robert Putnam :

  • renouvelle l’analyse culturelle en y adjoignant l’histoire et les institutions
  • s’inspire de pères fondateurs comme Tocqueville
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13
Q

Qu’identifie Putnam par rapport à la culture, au capital social et au développement?

A

Pourquoi les mêmes institutions régionales implantées en Italie dans les années 1970 ont produit la démocratie et le développement au Nord et pas au Sud?

Réponse dans les ressorts culturels des vingt gouvernements régionaux

Ressorts culturels réunis sous le terme de capital social  \+ capital social : « les aspects de la vie collective qui rendent la communauté plus productive, soit la participation, la confiance et la réciprocité ». \+ le niveau de capital social se mesure par l’importance de la confiance entre les individus, la densité du réseau associatif et des lieux de loisirs

Capital social rend la société plus productive, les gens se font plus confiance

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14
Q

Qu’est-ce que la perspective symbolique de l’approche culturelle?

A

la culture pour comprendre les ressorts du pouvoir et de la domination

Plusieurs sous perspectives :

a) culture et mécanismes de séduction politique
Relation mise en lumière par l’anthropologie et l’anthropologie politique

ces travaux montrent :

+les différences des sens attribués à l’État et au politique selon les contextes culturels (Clifford Geertz : Bali, interprétation d’une culture (manuel p. 271))
+comment le pouvoir fonctionne moins à la force que grâce à la congruence culturelle entre gouvernants et gouvernés (lire Étienne de la Boétie : Discours de la servitude volontaire)
+ comment une campagne électorale peut fonctionner ou non selon la culture de l’auditoire (lire Philippe Braud, l’émotion en politique ; Murray Edelman : Pièces et règles du jeu politique, p. 272)
Exemple : David Frum : Trumpocracy; Steven Levitsky et Daniel Ziblatt: How democracies die

b) Les fondements culturels du pouvoir et du changement politique chez les néo marxistes

  • Chez Marx et les marxistes orthodoxes,
    + ce sont les relations économiques qui sont déterminantes.
    + le politique (la superstructure politique) simple reflet de l’économique
  • Antonio Gramsci inverse le sens de la relation :
    + la superstructure n’est pas un simple reflet :
    + c’est là que résident le ressort de la domination : l’hégémonie culturelle
  • Moyen le plus sûr d’assurer une démocratie autant localement que dans le monde

L’approche culturelle d’inspiration marxiste est née de cette vision :
+ la superstructure (les institutions, l’école, l’église…), lieu où les classes dominantes distillent leur culture et la légitiment aux yeux des dominés

+ le pouvoir n’est pas que dans la possession des moyens de production, mais surtout dans les moyens culturels de la domination

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15
Q

Qu’entend le changement de valeurs culturelles, le post matérialisme (occidental) chez Ingelhart?

A
  • Hypothèse : phénomène de transition culturelle à deux dimensions (comment ces éléments sont explicatifs) :
    • culturelle : il y aurait un changement des valeurs dans les sociétés
      * historique : ce changement (générationnel) va de pair avec l’évolution des sociétés
  • Théorie : combinaison de:
    • la théorie de la hiérarchie des besoins
    • la théorie de la socialisation
  • Méthode : sondages dans les enquêtes de l’eurobaromètre dès1970
    • ensemble de questions portant sur des valeurs matérielles
      * ensemble de questions portant sur des valeurs non matérielles

Résultats ? Trois types de cultures : matérialiste, mixte et post-matérialiste
selon deux axes :
- valeurs traditionnelles ou séculaires ?
- générationnelle
- besoins matériels ou post-matériels ?
Le postmatérialisme explique l’émergence de nouveaux enjeux et types d’engagement politiques en Occident

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16
Q

Quels sont les apports de l’approche culturelle en politique comparée?

A
  • permet de prendre en compte les spécificités contextuelles et leur impact sur les processus politiques
  • nuance certains excès de l’approche économique : tout ne peut être ramené simplement à des rapports marchands et financiers
  • nuance certains excès de l’approche institutionnelle : reconnaissance que les institutions fonctionnent difficilement si elles n’ont aucun rapport avec les valeurs locales
17
Q

Quels sont les limites de l’approche culturelle en politique comparée?

A
  • la culture, variable explicative à part entière ou simple variable intervenante?
  • tendance à concevoir la culture en termes d’hérédité sociale ou d’essence immuable des groupes sociaux
  • difficulté à aborder la culture en termes dynamiques, donc autrement que comme un frein
  • risques d’occidentalocentrisme : les autres cultures jugées à l’aune des valeurs occidentales seraient anti-démocratiques, anti-développemement…
  • difficulté de mesurer l’impact de la culture et donc d’en vérifier le poids explicatif